Homélie sur le retour de l’évêque Flavien/Notice


Traduction par Édouard Sommer.
Librairie de L. Hachette et Cie (p. 1-2).

NOTICE

SUR SAINT JEAN CHRYSOSTOME.




Saint Jean Chrysostome naquit à Antioche, vers l’an 344. Élevé par sa mère, veuve à l’âge de vingt ans, qui l’initia de bonne heure à la pratique des vertus chrétiennes, il fréquenta l’école du rhéteur païen Libanius. Celui-ci pressentit la gloire future de son élève ; il s’attacha à lui, et, plus tard, à son lit de mort, il regrettait de ne pouvoir léguer le soin de son école au jeune Chrysostome, déjà célèbre par son éloquence : « Hélas, s’écriait-il avec douleur, les chrétiens nous l’ont ravi par un sacrilége ! »

Chrysostome débuta d’abord au barreau d’Antioche ; mais bientôt, ravi de la lecture des livres saints, il se voua à la prédication évangélique. Nommé lecteur de l’église d’Antioche, il en remplit quelque temps les fonctions. Mais cette vie paisible ne suffisant point à son âme ardente, il forma le projet de se retirer au désert ; les prières de sa mère purent seules l’en détourner. Plus tard, pour se dérober à sa popularité croissante et aux instances des chrétiens d’Antioche qui voulaient le faire évêque, il se réfugia dans une solitude voisine de cette ville, et y passa quelques années. Ce fut là qu’il écrivit son Traité du sacerdoce, où, en insistant sur la gravité des fonctions épiscopales, il s’excuse de ne les avoir pas acceptées.

Après être rentré dans Antioche, il remplit bientôt cette ville et l’Orient entier de la renommée de son éloquence et de ses vertus. Il protégea contre la colère de Théodose ses concitoyens qui, dans une émeute, avaient renversé les statues de l’empereur et maltraité les officiers impériaux. En 397, le siége patriarcal de Constantinople étant devenu vacant, Eutrope, ministre de l’empereur Arcadius, lui conféra cette importante dignité. Cependant, n’ayant pu faire de Chrysostome un instrument de son ambition, il s’éloigna de lui.

Mais, bientôt, disgracié par l’empereur et poursuivi par le peuple qui demandait sa mort, Eutrope ne trouva d’asile que dans l’église de Sainte-Sophie, au pied même de la chaire pontificale, du haut de laquelle Chrysostome défendit de sa parole le ministre proscrit.

Cependant l’éloquence hardie de Chrysostome, la liberté de ses censures déplurent à l’impératrice Eudoxie, femme avide et corrompue. Elle le fit exiler près du mont Taurus, et ensuite sur les bords du Pont-Euxin. Ce fut là qu’affaibli par l’âge et par les fatigues, il mourut à Comane, bourgade du Pont, en 407.

« L’éloquence de Chrysostome, dit M. Villemain, a sans doute, pour des modernes, une sorte de diffusion asiatique. Les grandes images empruntées à la nature y reviennent souvent. Son style est plus éclatant que varié ; c’est la splendeur de cette lumière éblouissante et toujours égale, qui brille sur les campagnes de la Syrie. Toutefois, en lisant ses ouvrages, on ne peut se croire si près de la barbarie du moyen âge. On se dit : la société va-t-elle renaître sous un culte nouveau, et remonter vers une époque supérieure à l’antiquité sans lui ressembler ? Le génie d’un grand homme vous a fait cette illusion. Vous regardez encore, et vous voyez tomber l’empire démantelé de toutes parts. »