Hokousaï (Goncourt)/Chapitre 6

Charpentier (p. 16-35).
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VI

Les sourimonos, les impressions moelleuses, où la couleur et le dessin semblent tendrement bus par la soie du papier japonais, et qui sont ces images à la tonalité si joliment adoucie, si artistement perdue, si délavée, de colorations pareilles aux nuages à peine teintés, que fait le barbotage d’un pinceau, chargé de couleur, dans l’eau d’un verre, ces images qui, par le soyeux du papier, la qualité des couleurs, le soin du tirage, et des rehauts d’or et d’argent, et encore par ce complément du gaufrage — obtenu, le croirait-on, par l’appuiement du coude nu de l’ouvrier sur le papier — ces images n’ayant rien de similaire dans la gravure d’aucun peuple de la terre, font une grande partie de l’œuvre d’Hokousaï.

Ces impressions, dont le nom vient de souri (empreinte prise au moyen d’un frottement), et mono (chose), ne sont point faites pour le commerce. C’est une carte du Jour de l’An, qu’on offrait à un petit nombre d’amis, c’est un programme de concert, c’est la commémoration d’une fête en l’honneur d’un lettré, d’un artiste mort ou vivant.


1793

Le premier sourimono qu’on connaît d’Hokousaï, est à la date de 1793, avec la signature de Mougoura Shunrô. Il représente un jeune marchand d’eau fraîche, assis sur le bâton qui lui sert à porter ses deux barillets, à côté d’un petit dressoir, où sont des pots de sucre, des bols de porcelaine, des bols de métal.

Ce sourimono porte, au dos, le programme d’un concert organisé au mois de juillet, pour faire connaître le changement de nom d’un musicien, avec les noms des exécutants, et avec l’invitation suivante qu’il est peut-être bon de donner :

« Malgré la grande chaleur, j’espère que vous êtes en bonne santé, et je viens vous informer que mon nom est changé, grâce à mon succès près du public, et que pour célébrer l’inauguration de mon nouveau nom, le quatrième jour du mois prochain, j’organise un concert chez Kiôya de Riôgokou, avec le concours de tous mes élèves, un concert de dix heures du matin jusqu’à quatre heures du soir, et qu’il fasse beau ou pluie, je compte sur l’honneur de votre visite.

« Tokiwazou Mozitayu. »


1794


En 1794, on connaît de Hokousaï quelques petites feuilles pour le Jour de l’An, de la grandeur de nos cartes à jouer.

1795


En 1795, des sourimonos de femmes mêlés à des sourimonos d’objets intimes, comme celui-ci, où se voient accrochés à une grille, une serviette brodée, un sac de son, un parapluie, objets indiquant, que la maîtresse de la maison vient de prendre un bain.

Ces sourimonos sont signés Hishikawa Sôri, ou simplement Sôri.

1796


En 1796, un assez grand nombre de sourimonos, dont les plus remarquables, deux longues bandes, sont une réunion d’hommes et de femmes sur ces tables-lits, aux pieds plongeant dans la rivière, et sur lesquelles on prend le frais, le soir.

1797


En 1797, des sourimonos tirés de la reproduction d’objets de la vie familière, comme des enveloppes de paquets de parfums avec une branche fleurie de prunier ; des sourimonos, où il y a une femme riant du kami Fokorokou auquel elle a mis une cocotte en papier sur le crâne ; ce sourimono où se voit un bateau dans lequel il y a un montreur de singe ; et toute une série de sourimonos d’ironies contre les dieux de là-bas, sur papier jaune, avec coloration des sujets en violet et en vert.

En cette année qui, dans l’almanach japonais, est une année sous le signe du serpent, un joli petit sourimono représentant une femme, que la vue d’un serpent a fait tomber sur le dos, une jambe en l’air.

Puis des bandes de grands sourimonos, où se voient des promenades de femmes dans la campagne.

1798


En 1798, de nombreux sourimonos, où, particularité curieuse, le cheval revenant avec l’élément de la terre dans le calendrier japonais, beaucoup des sourimonos représentent un cheval, et cette représentation du cheval va dans les sourimonos, jusqu’à la figuration d’une tête de cheval, faite par les doigts d’un enfant à travers un châssis.

Ce sont : un vendeur d’un joujou marchant sur une natte, et que regardent des Japonais ; deux enfants dont l’un fait danser, par-dessus un paravent, un pantin, que l’autre accroupi à terre contemple, les deux mains sous le menton ; un marchand de thé devant le temple d’Ouyéno à Yédo, avec un groupe de femmes et d’enfants ; des hommes et des femmes, se déguisant en dieux et en déesses de l’Olympe japonais ; une course de chevaux ; un grand paysage au bord de la Soumida, avec de tout petits personnages. Puis des sourimonos de femmes : la cérémonie du thé Tchanoyu entre femmes ; deux femmes lisant couchées à terre, l’une la tête penchée sur le papier, l’autre lisant avec un joli mouvement de tête de côté ; deux femmes roulées l’une sur l’autre sur le plancher, s’arrachant une lettre.

Et, dans ces grands sourimonos de femmes de cette année, et des années qui vont suivre, Hokousaï échappe à la grâce mignarde, poupine, conventionnelle de ses premières années ; il arrive dans des créatures plus amples, plus en vraie chair, à la véritable grâce féminine, donnée par l’étude d’après la nature.

1799


En 1798, est apparu pour la première fois, le nom d’Hokousaï joint à celui de Sôri. Mais ce n’est qu’au jour de l’an 1799, qu’il annonce officiellement son changement de nom, Sôri, changé de nom en Hokousaï. Il a cédé son nom de Sôri à son élève Sôji, et avec le nom d’Hokousaï, il prend le prénom de Tokimasa. Et l’année suivante, en 1800, il signe dans les premiers mois Hokousaï précédemment Sôri, et dans les derniers mois Hokousaï fou de dessin, en japonais, Gwakiojin Hokousaï.


L’année 1799 est une année, où le mouton du zodiaque est revenu dans le calendrier japonais, et où nombre de sourimonos ont, dans quelque coin de la composition, cet animal. Un de ces sourimonos même représente un Japonais tenant en ses bras un mouton, et c’est peut-être une allusion à ceci. Le Japonais d’autrefois, me disait le docteur Michaut, étonné de voir les Hollandais faire la traversée du Japon sans femmes, s’était persuadé que les moutons qu’ils avaient à bord, les remplaçaient, et se l’était si bien persuadé, qu’à l’heure présente, les Japonaises qui ont commerce avec les étrangers, sont appelées par leurs compatriotes moutons.

Des sourimonos curieux d’industries : la marchande de poudre dentifrice en train de façonner un bout de bois de camphrier noir pour en faire une brosse à dents ; la fabricante de perruques et de nattes ; la rouleuse de la soie et sa fabrication à la campagne.

Une série de femmes en buste.

Une série de petites femmes, à la grâce tortillarde : une femme qui balaie la neige ; une femme qui debout plie une étoffe de sa hauteur, avec une retraite du corps du plus joli contournement.

Un sourimono représentant le plus pustuleux de tous les crapauds.

Un grand sourimono d’une facture surprenante : un store à moitié relevé sur une branche en fleur, dont une partie se voit obombrée, à travers le tissage du store.

1800


Une série de quinze sourimonos : L’enfance des personnages.

Une série de sept sourimonos : Les sages des bambous, de vieux sages représentés par des femmes modernes.

Une série de vingt-quatre sourimonos, intitulée : Piété filiale, parmi lesquels un charmant dessin d’une femme lavant, le haut du corps nu, et dont le torse est tout étoilé des pétales d’un prunier en fleurs, secoué par le vent au-dessus de la laveuse.

Une série des douze mois de l’année, représentés par des femmes, où est un gracieux dessin de fillette japonaise frottant un plancher, et que regarde paresseusement sa maîtresse.

Trois musiques représentées par trois musiciennes.

Une série intitulée : Huit chambres, qui sont huit figurations de petites femmes, dont l’une, le torse nu, fait sa toilette devant un singe sur lequel elle a jeté sa robe ; le singe étant cette année le dénominateur de l’année, et revenant dans un certain nombre de planches.

Une jolie petite impression représentant un miroitier repassant sur une pierre un miroir de métal, à côté d’une femme dont le visage est reflété dans le miroir, qu’elle tient à la main.

Une série un peu caricaturale de sourimonos, dans le genre des Otsouyé : cette imagerie industrielle d’Épinal du Japon, se fabriquant à Otsou près de Kiôto.

Parmi les grandes pièces, qui sont en général des bandes ayant une hauteur de 19 centimètres, sur une largeur de 51 :

Tortues en marche avec leurs petits sur la carapace.

Une enceinte de lutteurs, formée de sacs de sable dans des enveloppes historiées, avec au milieu, sur une petite table deux bouteilles de saké, destinées à être offertes aux génies du Japon, aux Kami, dans une cérémonie religieuse précédant la lutte.

L’entrée du temple Hatiman Foukagawa.

La récolte du thé dans un jardin.

La visite chez un horticulteur.

Des femmes regardant du pont Yeitaï, l’île Tsoukouda.

Trois femmes, dont l’une, à l’occasion du Jour de l’An, écrit sur un paravent une pensée, dont l’autre peint un éventail, dont une troisième illustre une poésie.

Trois femmes, en train de plier et de repasser une robe en plumes de paon, avec le fer japonais, qui ressemble à une petite bassinoire, dans laquelle est un charbon incandescent.

1801


Une série de douze petites pièces en hauteur, intitulée : Une paire de paravents.

Une série de petites femmes modernes ayant à leurs pieds des vieillards historiques d’autres siècles.

Quelques planches représentant des femmes, faisant jouer des marionnettes sur un petit théâtre.

Parmi les pièces séparées, des acteurs et des scènes théâtrales, dont l’une représente Daïkokou faisant pleuvoir des pièces d’or sur une femme, puisant de l’eau.

Cette année, commencent à paraître des sourimonos de natures mortes, qui vont fournir à Hokousaï de si originales compositions et de si admirables impressions. Ce sont, dans les petites pièces, un canard mort et un bol de porcelaine sur un plateau de laque ; une cage où est un oiseau et un vase de fleurs.

Dans les grandes planches :

L’arrivée des manzaï dans un palais, où éclate la joie d’un groupe d’enfants qui les acclament, et où, derrière des stores, s’aperçoivent les ombres chinoises des princesses prises de curiosité, mais ne se montrant pas.

Des femmes dans un jardin, l’une s’éventant avec un écran, l’autre poursuivant des papillons avec un filet.

Des femmes donnant la liberté à des grues, le jour de l’anniversaire d’une mort, qui leur a été à cœur.

Et parmi ces grandes pièces, deux très beaux sourimonos :

Une énorme et noueuse branche d’un de ces vieux pruniers, appelés là-bas : dragon couché, toute fleurie de rose et de blanc.

Un chapeau de femme en paille, au fond de crêpe rouge, laissé au milieu d’une allée de jardin, et dans lequel sont tombées de feuilles d’arbres.

1802


Une petite série de trois planches représentant un jeu japonais par gestes, où il y a un juge, un chasseur, un renard, et où, dans une des planches, la femme fait le renard avec ses mains rapprochées de sa figure et recourbées devant elle.

Une série de douze planches, donnant un simulacre des scènes des rônins par des femmes et des enfants.

Une série en l’honneur de la Lune, représentée par des femmes, et dans laquelle rien de plus gracieux que cette petite femme, la tête renversée en arrière et d’une main, retenant sur sa gorge un fichu-fanchon de crêpe noir, un bôshi, tout envolé autour d’elle, et de l’autre main, tenant contre son côté un parasol fermé.

Une série sur Yédo, représentée par des industries et de petits paysages.

Une série intitulée : Les douze animaux du zodiaque, qui y figurent en général sous la forme de jouets, entre des mains d’élégantes petites femmes.

Parmi les grandes planches :

Une promenade de femmes près d’un cours d’eau où sont entrés des enfants, dont l’un élève en l’air une petite tortue qu’il vient de prendre.

Une grande langouste à la teinte rougeâtre, du savant dessin d’un naturaliste, un sourimono fait pour le Jour de l’An, aux frais d’une société de vingt personnes.

Des passants dans la brume : des hommes porteurs d’instruments de travail, des femmes, des enfants.

1803


Une série de trente-six planches : Les trente-six occupations de la vie. Parmi ces compositions, une charmante impression : un petit Japonais qui apprend à écrire, et dont la mère guide la main armée du pinceau.

Une autre série de cinq planches : Les cinq forces, figurées par des femmes.

Une autre série de dix planches : Les cinq chevaliers élégants : les cinq chevaliers élégants, toujours représentés par des femmes.

Une série de sept planches : Les sept Komati, les sept périodes de la vie de la poétesse. Cette poétesse à la vie accidentée, et si populaire au Japon, eut un moment l’ambition de devenir la maîtresse de l’Empereur, en même temps qu’un sentiment tendre pour un seigneur lettré de la cour, nommé Foukakousa-no-Shôshô, avec lequel on raconte qu’elle fit le pacte suivant. Il viendrait causer avec elle, amour et poésie, quatre-vingt-dix-neuf nuits, et à la centième nuit, elle lui appartiendrait. L’amoureux remplit les conditions imposées par la poétesse mais, à sa sortie de chez elle, la quatre-vingt-dix-neuvième nuit, — c’était par un hiver très froid, — il fut gelé. Au Japon, une femme et un homme ont la réputation d’être morts vierges : la femme c’est Komati, l’homme c’est Bénkéi.

Parmi les grandes planches :

La danse d’une jeune fille avec un double parasol, dans un palais où, derrière un store, est l’orchestre, et derrière un autre store, sont les princesses.

Des scènes de théâtre, entre autres Kintoki et sa mère.

Quelques sourimonos, dans la facture un peu brutale des sourimonos de Kiôto, parmi lesquels une cantine en laque sur son tapis rouge, surmontée d’une branche de cerisier en fleurs.

1804


Une série intitulée : Les douze mois de l’année. Rappelons une fois pour toutes que, sous tous ces titres, ce sont toujours de petits dessins de femmes.

Une série sans titre, et sans doute de dix, représentant les femmes de différentes classes : la femme de la noblesse, la grande courtisane, la yotaka, l’oiseau de nuit, raccrochant autour des chantiers et des entrepôts.

Une série d’une dizaine de planches : Contemplations des belles vues de Yédo.

Une série de dix planches ayant pour titre : Les dix Éléments.

Dans les planches parues séparément, un jeu de jeune fille, où l’on prononce des noms d’animaux, et où l’on pince le dessus de la main de celle qui se trompe, — et des branches d’arbustes fleuris sur un papier ressemblant à notre basin, — et une curieuse nature morte, rappelant un peu la simplicité des sujets traités par Chardin : sur des feuilles de bambou, une tranche de saumon et une tranche de katsouô, un autre poisson très estimé des Japonais.

Parmi les grandes planches :

La cour du temple Ohji, avec son concours de monde.

La maison de thé d’été, provisoirement établie sur une route, où la mousmé remplit la tasse de thé d’un voyageur sur un banc ; à la porte, une femme à cheval et un garçonnet se rafraîchissant.

La coulisse d’une représentation dans un palais : l’ouverture du manuscrit de la pièce, les apprêts de la toilette des acteurs, les essais des instruments.

Cette année, étant sous le signe zodiacal du rat, un sourimono du Jour de l’An représente un énorme rat en neige, auquel un peintre peint l’œil, dans un attroupement d’hommes et de femmes.

L’année 1804 est l’année, où Hokousaï a publié un nombre de sourimonos tel, que Hayashi dit, que personne ne pourrait en publier le catalogue complet.

À ce catalogue de sourimonos, qui me sont presque entièrement fournis par la collection de Hayashi, et un rien par la mienne, je voudrais joindre quelques-uns des plus beaux, des plus originaux parmi les grands, parmi ceux qui mesurent comme largeur 50 centimètres sur 18 de hauteur, et qui se trouvent dans les autres collections.

Et tout d’abord, je citerai parmi ceux de la collection Manzi, qui sont en grandissime nombre, et tous hors ligne, comme beauté d’épreuves :

Un vol de sept grues sur le rouge d’un soleil couchant.

Un prunier en fleurs, au pied duquel sont deux faisans, et dont les rameaux s’étendant sur une rivière, laissent voir sous la verdure fleurie la perspective de deux bateaux.

Trois femmes agenouillées au bord d’une baie, le regard à la mer, pendant qu’une servante souffle avec le vent d’un écran le feu d’un réchaud, sur lequel chauffe le saké.

Au-dessus de la neige d’un cerisier tout fleuri, le vol de deux hirondelles au col rouge. Rien ne peut donner une idée de la douceur de cette planche, et dans le nuage de l’impression, le charme effacé de ces fleurs, où presque un imperceptible gaufrage détache les pistils.

Je citerai parmi les sourimonos de la collection de M. Gonse :

Un bouquet d’arbres sur une rivière, et la devanture d’un intérieur de maison, où deux hommes travaillent à la fabrication de poupées. Ce serait l’habitation de Toyokouni, le voisin d’Hokousaï, dans le Katsoushika, en le temps, où Toyokouni n’était pas encore peintre, mais fabricateur de poupées.

Un paysage tout blanc, tout rose, qui par la floraison des arbres fruitiers, est comme le jaillissement du printemps dans un paysage d’hiver.

Je citerai parmi les sourimonos de M. Vever :

La promenade dans un temple, de Japonais et de Japonaises examinant les tableaux accrochés au mur, et où est représenté un groupe de deux Japonais, arrêtés devant un kakémono, dont l’un regarde la peinture et l’autre regarde les femmes.

Un Japonais dans une « Maison Verte » en train de fumer. Sa maîtresse, à côté de lui, fait essayer, pour l’amusement de son amant, un pas de danse à sa kamouro, à sa fillette de service, dont un maître de danse, agenouillé devant elle, guide les mouvements.

Je citerai, dans le format moyen, parmi les sourimonos de M. Haviland :

Un dieu du tonnerre, se précipitant au milieu des éclairs, dans le bain d’une femme à moitié déshabillée ; un lutteur ou un kami, dont une femme remplit de saké la coupe, une coupe grande comme un plat, tandis que deux autres femmes accroupies à ses pieds rient de sa grosse bedaine poilue, prenant l’air.

Dans les grandes bandes :

Une vue de la Soumida couverte de bateaux.

Des tisseuses de soie, au métier établi en pleine campagne, et dont l’une se voit à travers les fils d’un compartiment du métier.

De petits Japonais jouant auprès d’un pont. Impression signée : Gwakiôjin Hokousaï, en état d’ivresse.

Citons en dernier lieu, dans la collection de M. Chialiva :

Un sourimono unique, le plus grand sourimono qu’on connaisse (L. 100) et qui représente un pont, dans le genre du grand pont de la Soumida d’Outamaro, et où, dans un personnage de profil, au petit bonnet noir, à la robe bleuâtre, on croit reconnaître Hokousaï. C’est sur ce pont, des promeneurs et des promeneuses dans une halte de repos et de contemplation. Il y a un groupe de trois femmes, dont la tête penchée de l’une en dehors de la balustrade, regarde dans la rivière ; un autre groupe d’hommes est en train de disserter ; un Japonais qui a accroché à une traverse une branche d’arbuste fleuri, est à demi couché sur la barrière, tandis qu’au bout du pont, une femme cause avec une amie, les deux mains appuyées contre la rampe, dans une attitude charmante de vérité. Ce sourimono qui est la réunion de deux grands sourimonos est signé : Hokousaï Sôri.