Hokousaï (Goncourt)/Chapitre 47

Charpentier (p. 236-237).
◄  XLVI
XLVIII  ►

XLVII

À la suite de trois mauvaises récoltes du riz, pendant les années 1836, 1837, 1838, l’année 1839 fut une année de disette, pendant laquelle les Japonais restreignant leurs dépenses n’achetaient plus d’images, et où les éditeurs se refusaient à faire les frais de publication d’un livre, d’une planche séparée. En cette grève des éditeurs, Hokousaï comptant sur la popularité de son nom, eut l’idée de composer des albums au bout de son pinceau, et il trouva à vivre à peu près cette année, de la vente de ces dessins originaux, vendus sans doute très bon marché.

Un de ces albums, composé de douze dessins, existe dans la collection de M. Hayashi. Un demi-quarteron de lavis rapides, au coloriage brutal, lavis, où sous le barbouillage hâtif, se sent le maître, dans la silhouette des êtres et des choses. C’est Foukorokou déroulant un makimono, sur lequel une tortue vient se promener, c’est le diable, déguisé en prêtre, faisant sa prière. Et ce sont aussi bon nombre de motifs déjà publiés par lui, et qu’il répète sans pudeur : ainsi le hoche-queue sur un rocher, qui revient si souvent dans ses dessins, ainsi le Japonais regardant s’envoler des papillons, du Shashin gwafou.

L’album est signé : Gwakiô rôjin manji (vieillard fou de dessin à l’âge de 80 ans).