Hokousaï (Goncourt)/Chapitre 13

Charpentier (p. 52-54).
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XIII

En 1800, Hokousaï publie encore un petit livre jaune, avec son titre bien japonais, Kamado Shôgoun, La tactique du général Fourneau, un petit livre, dont les dessins et le texte sont fournis par le peintre.

Il est curieux ce petit livre, par la figuration de l’auteur présentant son livre à l’éditeur, agenouillé, les deux mains posées à terre, dans une attitude de supplication, curieux par la modestie de la préface de l’écrivain-dessinateur.

Voici à peu près la préface de ce volume, qui va être un des derniers volumes, dont Hokousaï écrira le texte :

Je viens de faire un travail maladroit, si cependant après examen, ça faisait votre affaire ? Et comme je ne suis pas habitué à écrire, pour les passages non réussis, faites-les retoucher par le maître Bakin. Or, si j’ai la chance d’avoir le moindre succès cette année, je travaillerai mieux l’année prochaine.

Maintenant si l’on veut avoir une idée de la littérature du peintre, voici un bout de traduction du livre jaune :

Dans une lointaine province de l’Ouest, il y avait un grand seigneur, nommé « le grand cœur » ayant un revenu d’un million de tonnes de riz. On le surnomma Dadara Daïjin, le Seigneur Désordonné, comme grand amateur de voluptés, et fort buveur de saké. Et non content du plaisir de la chasse dans les montagnes, de la pêche dans la mer, il s’amusait à faire nager les gens avec de lourdes pierres attachées à leurs corps, ou à les faire courir, pieds nus, sur la glace ; et le monde de son entourage, il voulait qu’il fût habillé de chaude ouate, en été, et de toile claire, en hiver. Enfin il aurait fallu, pour la distraction de ce seigneur, que les poules chantassent et les roues tournassent de côté. C’est dire, que l’argent et l’or étaient entre ses mains, comme l’eau de la rivière.

Or, il se trouvait dans la province voisine, un autre seigneur appelé « l’Eau de riz », habitant le chateau des Créanciers…

Mais ici, le traducteur s’est arrêté, déclarant que le texte se composant, d’un bout à l’autre, de jeux de mots, et d’allusions seulement compréhensibles pour des Japonais, est intraduisible en français.