CHAP. XXII.

Dédale (1).

On a dit de Dédale qu’il faisait des statues qui marchaient. Pour moi, je pense qu’il est impossible qu’une statue marche toute seule. Mais voici ce qu’il y a de vrai là-dedans : les sculpteurs et les statuaires (2) de ce temps-là laissaient à toutes leurs statues les deux jambes réunies d’une seule pièce ; Dédale s’avisa de faire avancer un pied qu’il détacha, et l’on dit des statues qu’il faisait, qu’elles marchaient, au lieu d’être immobiles ; comme nous disons encore aujourd’hui, en voyant des tableaux : « Ces guerriers combattent, ces chevaux courent, ce vaisseau est agité par la tempête. »

(1) Diodore de Sicile (liv. IV, chap. 76, p. 215-217 du tom. 3 de l’édition de Deux-Ponts) donne des détails curieux et analogues à l’explication de Paléphate sur l’habileté de Dédale dans les arts et particulièrement dans la statuaire. Wesseling, dans ses notes sur Diodore (ibid. p. 539) cite des passages de Platon, de Pausanias et de Thémiste qui ont rapport à cette tradition. Voyez au surplus le chap. 13 ci-dessus et les notes qui l’accompagnent.

L’auteur du petit traité intitulé : de l’Astrologie, qu’on attribue à Lucien, envisage les prétendues inventions de Dédale, comme des allégories qui désignent des découvertes astronomiques. (Tom. 5, p. 211 du Lucien de Lehman). M. Roulez a inséré au tom. X des mémoires de l’Académie de Bruxelles, une dissertation très-intéressante sur le Mythe de Dédale considéré par rapport à l’origine de l’art grec. J’en ai rendu compte dans la Revue Belge, année 1836, tom. IV, p. 599 et suiv.

(2) Les deux mots grecs désignent simplement ceux qui faisaient des statues d’hommes et ceux qui faisaient des statues des Dieux.