Histoire socialiste/La République de 1848/P1-15

Jules Rouff (Tome IX : La République de 1848 (1848-1852)p. 214-227).
PREMIÈRE PARTIE. HISTOIRE POLITIQUE.



CHAPITRE XV


LA FIN DE LA REPUBLIQUE. LE COUP d’ÉTAT DU 2 DÉCEMBRE 1851


Durant l’année 1851 bien des choses annoncèrent un prochain changement de régime. Une nouvelle crise économique frappa la France, atteignit Paris où les affaires avaient repris, et la province où le capital boudait encore. Le blé plus cher rendit la vie plus difficile. Beaucoup de fabriques étaient arrêtées, beaucoup d’ouvriers sans travail et sans pain. Une panique industrielle se faisait sentir en Angleterre comme sur le continent. Le commerce, qui s’était lancé dans la spéculation avec une furie téméraire, était enrayé pour plusieurs mois. Cet état de malaise, compliqué par l’incertitude de la situation politique, était propice à tout acte décisif qui installerait un gouvernement fort et solide, quel qu’il pût être.

Restait à savoir au profit de qui et de quelle manière s’accomplirait le changement. Cela fut l’objet d’un conflit permanent et de plus en plus aigu entre le Président et l’Assemblée. L’Assemblée procède par taquineries, marchande ou refuse au Président l’argent dont il a besoin pour ses maîtresses, ses voyages, ses largesses intéressées, l’oblige à dissoudre sur le papier ses bandes d’assommeurs, mais recule devant toute mesure de défense efficace, parce qu’elle se sent impopulaire, parce qu’elle est incurablement divisée en deux fractions qui se suspectent et s’épient avec une jalouse obstination.

Le prince procède par une alternance affolante de protestations d’honnêteté et de paroles menaçantes ; il forme et renvoie des ministères qui sont toujours autres et toujours les mêmes, comme une compagnie dont on changerait sciemment le capitaine ; par une savante politique de bascule, il s’arrange de façon à avoir pour lui, tantôt la droite réactionnaire, tantôt la gauche républicaine. Un de ses premiers soucis fut de désarmer l’Assemblée. C’est d’abord le commissaire spécial chargé de veiller à la sécurité de celle-ci qui fut compromis, ridiculisé, obligé de se démettre pour avoir dénoncé une trouble affaire de complot bonapartiste. Puis on s’en prit à Changarnier. Il était l’homme du parti de l’ordre. Louis Bonaparte avait bien essayé de le gagner en lui offrant le bâton de maréchal, voire l’épée de connétable. Mais Changarnier préférait travailler pour le roi, peut-être pour lui-même, et il avait laissé entendre que, si le Président venait à tenter un coup de force, il l’expédierait à Vincennes dans un panier à salade. Il interdisait le cri de : Vive Napoléon ! Il se croyait assuré contre toute disgrâce par l’appui de la majorité royaliste. Brusquement il était destitué (10 janvier 1851) ; la majorité impuissante laissait faire et la minorité qu’il avait maltraitée, bravée, bafouée mainte et mainte fois, ne savait si elle devait être satisfaite ou mécontente, « L’Empire est fait », s’écriait Thiers, épouvanté de la puissance qu’il avait tant contribué à grandir.

Allait-il s’établir légalement ? L’article 45 de la Constitution décidait que le Président n’était rééligible qu’après un intervalle de quatre années. La date de 1852 était suspendue sur la tête de Louis Bonaparte comme une épée de Damoclès. Il fallait, ou qu’il partît, ou que la Constitution fût révisée. Dès l’année 1850 une campagne fut entamée en faveur de la révision. Elle réussit mal d’abord. Mais elle fut reprise avec énergie par Léon Faucher, de nouveau ministre depuis le 10 avril. Tout était perdu, si le prince quittait la Présidence. Ce serait le signal des pires catastrophes. Dans l’espèce d’ébranlement nerveux dont souffrait alors la France, il n’en fallait pas davantage pour susciter des vœux de Conseils généraux et des pétitions nombreuses, qui, sollicitées par les agents du pouvoir arrivèrent souvent avec des demandes de secours, de places, de décorations. La question de la révision, ainsi posée devant le pays, le fut aussi devant l’Assemblée, dès qu’elle put l’être, c’est-à-dire dès le 28 mai 1851, commencement de la dernière année où devait siéger la Chambre. La révision pouvait être partielle, se borner à la prorogation des pouvoirs présidentiels ; elle pouvait être totale, mettre en discussion la forme même du gouvernement. Les républicains, très sagement, s’opposaient à cette refonte complète. Avec eux marchait un certain nombre d’Orléanistes, qui trouvaient qu’une République pourvue d’institutions monarchistes et censitaires se prêtait admirablement à la domination de la classe bourgeoise ; ceux-là se seraient fort bien accommodés de la présidence de Thiers, de Changarnier ou du prince de Joinville. Mais les partisans de « la fusion », légitimistes purs et orléanistes ralliés au Roy, avec eux les bonapartistes et quelques catholiques, dont Montalembert, voulaient effacer du sol l’œuvre de la Constituante ; et ils étaient assez nombreux pour que l’Assemblée consentît à discuter la révision intégrale.

Mais autre chose était de lui faire accepter cette discussion (il suffisait pour cela de la moitié des représentants plus un), autre chose était de lui faire voter la révision elle-même. (La Constitution exigeait les trois quarts des voix pour que la décision fût valable). Le rapport de Tocqueville fut favorable sans enthousiasme. Les divers partis profitèrent de l’arène ouverte à leurs ambitions rivales pour déployer chacun leur drapeau. Les « blancs », par la bouche de Falloux et de Berryer, vantèrent les mérites de la monarchie ; Michel de Bourges et Cavaignac leur opposèrent ceux de la République. Ce fut aussi, en dehors de l’Assemblée, une occasion pour les théoriciens de scruter à fond le problème politique et il se produisit des courants d’idées dont nous parlerons plus tard. Mais parmi les représentants la crainte de créer un consul et un futur empereur, d’avoir, suivant l’expression de Victor Hugo, Napoléon le Petit après Napoléon le Grand, l’emporta. La révision recueillit 463 voix contre 270. C’était moins que le chiffre voulu ; elle était rejetée (19 Juillet 1851).

La situation ainsi créée était révolutionnaire : toute issue légale était fermée aux prétentions du Président. De plus, une minorité de parlementaires faisait échec à la volonté de la majorité, et, qui pis est, à ce qui paraissait être aussi le vœu de la majeure partie de la nation. Le coup d’État, dont on parlait depuis si longtemps, devenait imminent et acquérait un semblant de raison d’être. Il était immédiatement décidé. On pensait profiter des vacances de l’Assemblée pour la dissoudre et en appeler au peuple. Dès le 11 août, plusieurs des décrets qui devaient tranformer la Constitution étaient rédigés. Puis l’opération, fixée en septembre, était encore ajournée. Il fallait des complices sûrs au chef de l’entreprise. Il lui fallait aussi une préparation de l’opinion publique, une combinaison qui lui permît à la fois de se poser auprès de la bourgeoisie en sauveur de la société menacée par le socialisme et auprès du peuple en ami de la démocratie, mis de moitié par l’Assemblée dans toutes les mesures de compression, mais empêché par elle, ainsi qu’il l’avait dit le ler juin à Dijon avec une imprudence peut-être calculée, quand il voulait venir en aide aux classes populaires.

Comme exécuteur de coup de main, il a tâté Castellane qui aime mieux rester à Lyon, en réserve. Il fait alors venir d’Algérie des généraux et des colonels habitués par la guerre coloniale au mépris du droit et de tout ce qui n’est pas militaire, Canrobert, Magnan, Fleury, Espinasse, etc. Parmi eux il a jeté les yeux sur un soldat de fortune, Leroy de Saint-Arnaud plus, riche d’ambition que de scrupules et qui a déjà offert ses services contre les Parisiens, en février 1848. On lui a ménagé un facile triomphe en Kabylie, puis confié le commandement d’une division à Paris. Magnan, qu’on tient par ses besoins d’argent, a été nommé commandant en chef de l’armée de Paris. Parmi les civils, le prince est en correspondance avec Maupas, préfet de la Haute-Garonne, qui s’est distingué en réclamant des mandats d’amener contre plusieurs membres du Conseil général, suspects à titre de « rouges ». Comme l’avocat-général Daguilhon-Pujol refusait d’ordonner des arrestations sans preuves : « Des preuves ! Des preuves ! s’était exclamé Maupas. Les preuves sont inutiles contre des ennemis notoires. Les sentiments suffisent. » Et comme le procureur-général Dufresne réclamait à son tour des pièces : « Mes agents, avaient répliqué Maupas, les introduiront eux-mêmes au domicile des intéressés. » Blâmé de cette désinvolture par son ministre, consolé par Louis Bonaparte, un pareil homme offrait toutes les garanties possibles de conscience légère. Un autre, élégant et viveur, homme de plaisir et homme d’affaires, légitimiste hier, bonapartiste le lendemain, grand seigneur de la main gauche et gentilhomme de Bourse, apporte dans la partie qui va s’engager la froide audace et l’air détaché du joueur qui risque une fortune sur un coup de dés, et Morny devient pour Louis-Napoléon un allié d’autant plus dévoué qu’étant son demi-frère il a tout intérêt à le voir maître de la France. Pour compléter la mise de fonds nécessaire, il sera son intermédiaire avec les banquiers de France, comme Persigny, l’ami de l’exil, l’est avec les prêteurs de Londres.

En même temps que l’aventurier de Strasbourg et de Boulogne s’assure ainsi des auxiliaires et des ressources, Léon Faucher, dupe, mais non complice, aveuglé par sa peur du socialisme, travaille pour l’Empire sans le savoir, en poursuivant à outrance les sociétés et les journaux démocratiques, en proscrivant les ceintures et les cravates rouges, en expulsant les réfugiés, en étendant l’état de siège au Cher et à la Nièvre, en révoquant des centaines de maires et d’adjoints, en harcelant par ses préfets les magistrats qu’il trouve trop mous. Mais, pour ramener à lui les masses populaires, Louis-Napoléon ordonne de grands travaux comme le prolongement de la rue de Rivoli, la construction des Halles, l’achèvement du Louvre ; et surtout il imagine un coup de maître : proposer le rappel de la loi mutilant le suffrage universel. Léon Faucher, fidèle aux rancunes du parti de l’ordre, disait qu’il aimerait mieux se faire couper un bras que de consentir qu’on touchât à cette arche de salut. C’était aussi l’avis de Thiers et de la plupart des monarchistes. La majorité vit le piège, mais ne sut pas l’éviter.

Grand fut l’émoi, lorsqu’à la rentrée de la Chambre, le 4 novembre 1851, le message du Président à l’Assemblée annonça que ses ministres étaient congédiés et que le nouveau ministère avait mission de proposer le rétablissement du suffrage universel. La haute bourgeoisie en manifestait une inquiétude prévue qui était un atout de plus dans le jeu du Président. Mais le peuple des faubourgs et des campagnes en éprouvait une satisfaction réelle. Les républicains de l’Assemblée ne pouvaient qu’appuyer la proposition dont le prince prenait l’initiative. Si les réactionnaires ne se fussent pas opiniâtres dans leur haine aveugle de l’égalité politique, l’appel à la violence pouvait encore être évité. La lutte fut émouvante. A la majorité de sept voix, l’Assemblée refusa de rendre le droit de vote à ceux qu’elle en avait privés (14 novembre 1851). Quelques jours plus tard, une majorité d’une voix seulement refusait encore de réduire le domicile électoral de trois ans à un an pour le vote en matière municipale. C’est la voix unique, qui, en mainte circonstance, est la voix du destin. Ce jour-là elle prononçait la condamnation à mort de l’Assemblée.

Les signes précurseurs ne manquaient pas. Lamoricière avait dit : « Quand vous verrez Saint-Arnaud ministre de la guerre, dites : Voilà le coup d’État ! » Or, Saint-Arnaud était ministre de la guerre, tandis que Maupas était préfet de police ; dans ses instructions à ses subordonnés, le général d’Afrique oubliait de mentionner l’obéissance due aux lois ; et, tout en se déclarant prêt à mourir pour la Constitution, il reconnaissait un jour et déniait le lendemain toute autorité au décret de 1848 qui permettait au président de l’Assemblée de requérir directement les troupes nécessaires à la sûreté de ses membres ; il le faisait même arracher des casernes où il était affiché. Les trois questeurs proposèrent d’investir ce décret d’une nouvelle force par un vote formel. Mais les deux fractions irréconciliables de l’Assemblée firent tour à tour preuve d’une imprudence singulière. Quelques mois plus tôt, Changarnier, convaincu que son épée déjà brisée valait une armée, laissait tomber ces paroles emphatiques : « Mandataires du pays, délibérez en paix. » Cette fois, c’est Michel de Bourges qui croit la Constitution à l’abri du danger sous la protection d’une sentinelle invisible, qui est le peuple. Pauvre sentinelle, qui n’avait point d’armes et ne pouvait rien ! La gauche a peur de Changarnier, d’un coup d’État royaliste qui maintiendra la suppression du suffrage universel. La droite laisse entendre qu’elle veut être armée, non seulement contre le pouvoir exécutif, mais contre une insurrection possible du peuple. La proposition des questeurs est repoussée et il est ainsi décidé qu’il n’y aura pas un général de l’Assemblée contre le général de l’Élysée.

Cependant on riait, on plaisantait de ce péril toujours annoncé, toujours ajourné. On se moquait des « patrouilles » qu’avaient faites certains parlementaires. A force d’avoir crié : Au loup ! on cessait d’être sur ses gardes, alors que le loup était prêt à sortir du bois. Charras déchargeait ses pistolets. Changarnier disait : « Nous avons au moins un mois devant nous ; il comptait sur la trêve de fin d’année.

Un représentant disait gaiment à Granier de Cassagnac dans une réception présidentielle : « Quand est-ce que vous nous mettez à la porte ? » Et l’autre répondait : « J’espère, mon cher ami, que cela ne tardera pas. » Le même Granier écrivait des chefs de la majorité : « Ils ont la main de la justice suspendue à un pouce de leur collet. » Persigny disait en badinant à des collègues qui retenaient leur place à la diligence pour partir en province : « Vous feriez mieux de retenir vos places au Sénat…  » C’est ce que faisait l’ex-roi Jérôme Napoléon, dont le fils avait jusqu’alors siégé à la Montagne : « Avant huit jours, disait-il, mon neveu aura fait son Coup d’État, et il s’y ralliait par avance. Des officiers dans un banquet se donnaient rendez-vous « sur le premier champ de bataille qui leur offrirait l’occasion de venger l’honneur de l’armée. » Une dame, à l’Opéra-Comique, interrogeait Morny : « On prétend qu’il va y avoir un coup de balai. Que ferez-vous ? » Et il répliquait : « Oh ! je tâcherai d’être du côté du manche. » Malgré tous ces symptômes, beaucoup de gens se rassuraient en se disant du Président : Il n’osera pas.

Il osa. La date fut renvoyée encore plusieurs fois dans les derniers jours de Novembre. Enfin tout fut décidé pour la nuit du 2 Décembre. C’était l’anniversaire d’Austerlitz et du couronnement de Napoléon Ier ; il est probable que ce fut une circonstance déterminante pour le superstitieux qu’était Louis Bonaparte. Et l’attentat commença. Avant le jour, l’Imprimerie Nationale était occupée par un bataillon ; les commissaires de police partaient dans toutes les directions avec des ordres secrets ; Vieyra, un ex-tenancier de maison louche, qui s’était distingué au 13 juin 1849 en saccageant des bureaux de feuilles démocratiques et qui venait d’être promu chef d ’État-major de la garde nationale, faisait crever les tambours déposés dans les mairies, pour qu’on ne pût battre le rappel ; les clochers étaient gardés, pour qu’on ne sonnât pas le tocsin. Morny, ministre de l’Intérieur, était maître des communications avec la province ; la garnison de Paris, sous les ordres de Magnan, était sur pied, consignée dans les casernes ou occupant tous les points stratégiques. Les imprimeries et les bureaux des journaux, sauf des deux qui étaient favorables, La Patrie et Le Constitutionnel, étaient fermés par la force armée. Le Palais-Bourbon était envahi ; le général Le Flô, questeur, avait, quelques jours auparavant, montré au colonel Espinasse, son ami, un escalier dérobé par lequel on pouvait s’échapper en cas de danger ; c’est par là que les troupes d’Espinasse pénétrèrent jusqu’à lui.

Paris, qui se lève tard, trouva en se réveillant les murs tapissés d’affiches qui annonçaient la dissolution de l’Assemblée et du Conseil d’État, le rétablissement du suffrage universel, la convocation des électeurs du 14 au 21 décembre, la mise en état de siège de Paris et des départements voisins. Ces décisions étaient commentées par deux proclamations signées de Louis Napoléon. L’une, adressée au peuple, déclarait que le Président voulait maintenir la République et la sauver des complots tramés contre elle par les hommes qui avaient « déjà perdu deux monarchies », tout en la protégeant « contre les passions subversives » ; qu’il lui proposait pour cela des institutions calquées sur celles du Consulat. L’autre, adressée aux soldats, élite de la nation et jusqu’ici traités en vaincus, les conviait, non pas à violer les lois, mais à respecter la souveraineté nationale en la personne de son élu, et elle rappelait qu’entre un Napoléon et l’armée il y avait communauté de gloire, de malheur, de destinée. Ainsi effort pour capter la faveur du peuple sans trop effrayer la bourgeoisie, appel à l’obéissance, à la vanité, aux rancunes militaires, tel était le double aspect sous lequel se présentait le nouveau régime.

Paris apprenait encore, mais lentement, par bribes, que, pendant la nuit, une soixantaine de représentants — ceux qui passaient pour les plus actifs — avaient été surpris à domicile. Thiers, l’imprudent apologiste du XVIII Brumaire, véritable chef de la majorité ; puis les généraux Changarnier, Bedeau, Lamoricière, Cavaignac, le colonel Charras ; avec eux les Montagnards les plus énergiques, Greppo, Nadaud, Lagrange etc. Les arrestations s’étaient faites sans bruit, presque sans violence. « Ce fut, écrit ironiquement Odilon Barrot, un des plus brillants exploits de notre police française. » Le premier moment de stupeur passé, les représentants restés libres essaient de s’entendre, de se grouper. Un certain nombre, la plupart de la droite, se rassemblent chez Daru, puis chez Odilon Barrot, et rédigent une accusation de haute trahison, dont plusieurs signataires deviendront bientôt des fonctionnaires du régime impérial. La maison est cernée. Ils tentent de se réunir dans leur salle ordinaire. Dupin, leur Président, est resté paisiblement chez lui, se disant arrêté et s’écriant : « Si j’avais eu quatre hommes et un caporal à mes ordres, je les aurais fait tuer. » On l’amène presque malgré lui ; on lui passe son écharpe ; mais il se contente de dire : « Nous avons pour nous le droit ; mais ces messieurs ont la force ; il faut nous en aller. » Repoussés par les soldats, les membres de l’Assemblée finissent par se concentrer dans la mairie du Xe, située à l’entrée de la rue de Grenelle.

Là ils délibèrent, délibèrent ; sur la proposition de Berryer, ils décrètent la déchéance du Président, ils confèrent à Oudinot le commandement suprême et lui donnent pour chef d’état-major un républicain, Tamisier. Mais la majorité a toujours peur du peuple ; elle recule devant l’appel aux armes que propose Pascal Duprat. Pas de révolution ! Une simple protestation suffira. C’est-à-dire : Des mots ! Point d’actes ! Des soldats paraissent. — « A Mazas ! crient des voix. nombreuses. Qu’on nous emmène tous ! » Après de vains pourparlers avec des sergents, des capitaines, des commandants, les protestataires se rendent, se font faire prisonniers, se laissent conduire sans résistance, au nombre de 218 ou 220, à la caserne du quai d’Orsay. Il semble qu’ils soient heureux d’être débarrassés du fardeau de leur liberté et du danger des résolutions viriles. Plusieurs collègues viennent d’eux-mêmes solliciter l’honneur d’être sous les verrous. Valette, l’un d’eux, s’écrie : « J’ai deux titres pour être arrêté : Je suis représentant du peuple et professeur de droit. » Ce qui est peut-être plus spirituel qu’héroïque. Le soir, on en transporte une partie au Mont-Valérien, en voiture cellulaire comme des malfaiteurs : « Décidément je ne tutoierai plus Morny », dit Falloux qui plaisante. « La plupart d’entre nous ne se croyaient pas appelés au martyre », écrivait-il plus tard. Il est certain que la vocation leur manquait. Ces représentants du peuple, arrachés à leur siége, rient, font des


AUX CHAMPS-ÉLYSÉES.
Ratapoil — Par suite d’une délibération philantropique du Comité du dix Décembre, à deux sous les gourdins, à deux sous…
(D’après une estampe du Musée Carnavalet).


bons mots, se content des anecdotes. « Je n’ai jamais passé de temps si gai », avoue Tocqueville. D’aucuns obtiennent la permission de sortir et reviennent se constituer prisonniers, nouveaux Régulus. Quentin-Bauchart, moins Régulus, ne revient pas, et, au dire d’Odilon Barrot, s’en va négocier à l’Élysée sa nomination de Conseiller d’État. D’autres députés ont été conduits à Mazas, d’autres à Vincennes, et, comme à leur passage dans le faubourg Saint-Antoine, des ouvriers font mine de vouloir les délivrer, ils les supplient de n’en rien faire. On comprend que ces prisonniers amoureux de la prison aient pu, quelques jours après, être ramenés et relâchés dédaigneusement en plein Paris. D’autres représentants encore, et parmi eux Montalembert, Billaut, Baroche, se laissent mettre de la Commission consultative par laquelle le prince remplace provisoirement l’Assemblée. Le Conseil d’État proteste. La Haute Cour se réunit, nomme un président, un procureur, puis, comme des soldats pénètrent dans la salle où elle siège, elle s’ajourne à une date indéterminée.

Telle fut la résistance légale. Cependant des représentants, moins gais que ceux de la majorité, essaient d’organiser la résistance par les armes. Ce sont des Montagnards mêlés de quelques modérés : Baudin, De Flotte, Schœlcher, Victor Hugo, Eugène Sue, Madier de Montjau, Mathieu de la Drôme, Esquiros, Carnot, Jules Bastide, etc. Ils courent les faubourgs, impriment et affichent des proclamations, poussent à construire des barricades. Ils rencontrent des sympathies, mais inertes. « Que voulez-vous que nous fassions ? disent les ouvriers du faubourg Saint-Antoine ; on nous a désarmés après juin 1848. Il n’y a pas un fusil dans le faubourg. » D’autres ont ricané en voyant coffrer les députés royalistes, leurs vieux ennemis. Reprenant à l’adresse des membres de l’Assemblée les lazzi qu’ils ont appris de la presse bourgeoise, ils disent aux représentants, qui, dans la matinée du 3, les invitent à la révolte : « Croyez-vous que nous allons nous faire trouer la peau pour les vingt cinq francs ? » — « Vous allez voir comme on meurt pour vingt-cinq francs », réplique Baudin, et il tient parole, tué sur la première barricade à côté de Schœlcher et de Madier de Montjau blessés. Plus tard Denis Dussoubs, un revenant de Belle-Isle, frère d’un représentant malade, usurpera son écharpe et le droit de mourir à sa place. Parmi ceux qui tomberont ça et là, les deux tiers seront quand même des ouvriers.

La journée du 3 fut la journée critique. Saint-Arnaud a fait afficher une proclamation où il accuse les ennemis de l’ordre de vouloir « le pillage et la destruction. » Ce sont presque les expressions textuelles de Senart et de Marrast aux journées de juin. Maupas annonce que les attroupements seront dispersés sans sommation et il publie cet arrêté laconique : « Tout individu pris, construisant ou défendant une barricade, ou les armes à la main, sera fusillé. » C’est la pratique des journées de Juin généralisée, et Saint-Arnaud se plaint qu’on fasse des prisonniers malgré ses ordres. En dépit ou à cause de ces menaces, la population fermente. Si les délégués des Associations coopératives, dupes du décret qui restitue le droit de vote au peuple, se contentent d’appeler les travailleurs aux urnes, le Comité central des Corporations les appelle vigoureusement aux armes. Les bruits les plus troublants circulent par la ville. Les proscrits ont débarqué. Les prétendants sont aux portes. Des régiments soulevés marchent contre le dictateur. Les habitants de Reims sont en pleine insurrection. Les adhésions viennent et s’en vont, suivant la fluctuation des nouvelles. La classe aisée, qui jusqu’alors a salué de ses applaudissements toutes les compressions, se divise, Une partie — la plus intellectuelle — voit avec peine et inquiétude la disparition du régime parlementaire, le naufrage total de la liberté politique. Non seulement les « écoles » s’agitent ; mais tous les récits s’accordent à signaler une opposition en gants jaunes. Les quartiers riches ont des velléités de fraterniser avec les faubourgs, comme les monarchistes avec les républicains. Maupas, affolé, demande, et tout de suite, « le bruit et l’effet du canon. » Mais le plan de Morny et de Magnan, renouvelé de celui qu’a suivi Cavaignac, consiste à laisser grossir l’insurrection pour opérer contre elle par grandes masses et frapper un coup qui terrifie. Il est vraisemblable que du côté du prince on désire une émeute qui soit prétexte à sauver la société. Odilon Barrot dit que sur le bureau du Président a été vu et lu un billet de Maupas ainsi conçu : « Tout va bien. À ce soir les barricades ! Du canon, du canon ! »

Le matin du 4, Morny dit en riant à son entourage qui s’effare : « Hier vous vouliez des barricades. On vous en fait et vous n’êtes pas contents ». Aussi, ce jour-là, grand déploiement des troupes copieusement nourries et abreuvées ; enlèvement des barricades qu’on a laissé ou fait construire au centre de Paris ; puis, à trois heures, sur le boulevard Montmartre, où une foule élégante et hostile siffle et crie : A bas les prétoriens ! des charges soudaines de lanciers sans aucune sommation, une fusillade d’un quart d’heure qui frappe sur les trottoirs, aux fenêtres, dans leurs appartements les spectateurs inoffensifs, une canonnade qui défonce l’hôtel Sallandrouze, une chasse aux passants où périssent des vieillards, des femmes, des enfants ; bref un massacre où les victimes sont au nombre de 380, suivant l’aveu du Moniteur, de 1.200 selon les chiffres du Times. Jusqu’ici les hommes du Deux Décembre n’avaient été que les copistes des procédés employés par le parti de l’ordre et même par ceux des républicains qui avaient fait cause commune avec lui. Cette fois ils faisaient mieux ; ils passaient par les armes, non plus les combattants, mais la foule sans armes et la foule bourgeoise.

Paris terrorisé se tait. Mais alors surprise intense, sauf pour la police. Pendant que la capitale émasculée, lassée se défend à peine, voici que la province se soulève, sinon dans les grandes villes étouffées par l’armée, du moins dans les petites et même dans les villages. La démocratie paysanne, éveillée à la vie politique par la Révolution de 1848, entre dans la bataille. Dans la Sarthe, la Nièvre, l’Yonne, l’Hérault, la Drôme, le Var, les Basses-Alpes, dans plusieurs autres départements du Centre, de l’Est, du Sud-Ouest et du Midi, il y a des ébauches d’insurrection au cri de : Vive la République ! Vive la Constitution ! Y prennent part des ouvriers, des paysans, voire des négociants, ça et là un gros propriétaire, un officier ministériel, un banquier. Elles sont vite écrasées et utilisées par les fauteurs du coup d’État. La voilà bien, la Jacquerie annoncée ! Et l’on réédite les histoires inventées contre les insurgés de Juin : gendarmes éventrés, femmes violées, soldats aux poignets sciés. Des témoins, parmi lesquels d’honnêtes curés, démentent ces atrocités ; les démentis ne peuvent paraître, parce qu’il n’y a plus de journaux indépendants pour les publier. C’est du reste un système chez les vainqueurs : Léon Faucher, Falloux, enrôlés malgré eux parmi les approbateurs du fait accompli, lancent de vaines protestations qui n’arrivent pas au public. Pour les insurgés des campagnes, comme en deux ou trois endroits il s’est produit quelques actes de violence inséparables de tout mouvement désordonné, on va répétant, après M. de la Guéronnière, que c’est de la barbarie, du « cannibalisme » ; comme le drapeau rouge a été arboré ça et là, on met au compte du communisme, du socialisme, tous les méfaits commis ou imaginés.

Puis les vengeances suivent les calomnies. C’est la France mise en coupe réglée. Trente-deux départements sont en état de siège. Les documents officiels, les rapports de Maupas avouent 26,642 personnes poursuivies et plus de 15,000 déportés. Des modérés, Jules Simon, Lanjuinais portent le total des condamnés à 100,000 et le chiffre n’est sans doute pas exagéré, si l’on pense qu’un seul département la Nièvre, en aurait fourni plus de 20,000, un autre, l’Hérault, 30,000. Mais les archives des départements sont loin d’avoir livré tous leurs secrets et les chiffres sont encore problématiques. Ce qui ne l’est pas, ce sont les procédés appliqués à ces martyrs obscurs. Après les fusillades hâtives des premiers jours, où l’on a tué à l’aventure, vient l’élimination méthodique des républicains. Dès le 7 décembre, Morny réclame des préfets des listes de suspects : chefs et principaux affidés des sociétés, meneurs du parti socialiste. Nous savons pour un département, celui de la Sarthe[1], comment sont dressées ces listes. Brigadiers de gendarmerie, sous-préfets, juges de paix, sans compter les mouchards volontaires, se hâtent d’envoyer tous les renseignements requis. Le brigadier du canton de Ballon fournit quarante-huit noms sur un papier ainsi libellé : « État des individus de la circonscription… reconnus par les hommes d’ordre comme ayant des idées anarchiques, mais non subversives, et qui ne se réunissent ni en clubs ni en sociétés secrètes ; un ou deux auraient pu être dangereux, si l’anarchie s’était montrée à Ballon ou dans quelques commune du canton… » A côté de ce brigadier dénonçant des gens qui n’ont rien fait, mais qui auraient pu faire quelque chose, un autre avoue qu’il est le porte-parole d’honorables délateurs qui préfèrent garder l’anonyme. Un troisième rédige ce chef-d’œuvre :

« Mon capitaine, j’ai l’honneur de vous adresser ci-joint, la liste par commune des principaux démagogues du ressort de mon arrondissement de brigade, dont, d’après mon opinion et des informations prises secrètement auprès des gens d’ordre, je crois avoir été juste en y apposant, en regard de leurs noms, les notes qu’ils méritent de ce qu’ils auraient été capables de faire, si malheureusement la démagogie s’était soulevée dans les environs ; mais aucun n’a bougé… »


Suivent les noms, avec des annotations où revient comme un refrain :

Un tel. cultivateur. La famille, qui est fort étendue, est aisée et a beaucoup d’entrain.

Un tel. cabaretier, sabotier. Socialiste. A beaucoup d’entrain par l’effet de sa profession.

Un tel. maire de la commune. On lui croit de l’entrain dans le parti démagogique.

Ces fonctionnaires zélés ont parfois des collaborateurs bénévoles. Un témoin écrit :


« Je rencontrai le vicaire-général de l’évèché allant à la préfeclure. Il m’avoua, croyant sans doute m’effrayer, qu’il portait au préfet le nom de nombreux socialistes dénoncés par leurs propres curés. »


Quelques-uns de ces auxiliaires de la police furent faits chevaliers de la Légion d’honneur, avec cette mention : « Services distingués en décembre 1851 ».

Les listes ainsi établies, que va-t-on faire des individus qu’on y a inscrits à leur insu ? Les juger ? Ils sont trop ; et puis le jury est lent, peu sûr ; une discussion compromettrait les grands principes au nom desquels on a sauvé la société. Le préfet de la Sarthe, Migneret, suggère des façons d’agir plus expéditives et Morny, conformément à son avis, divise les « coupables » en trois catégories. La première comprend ceux qui sont convaincus d’avoir pris part aux insurrections récentes ; pour ceux-là la déportation à Cayenne ou a Lambessa, où ils rencontreront les insurgés de Lyon ; des femmes héroïques, comme Pauline Roland, et cinq représentants sont joints à cette charrette qui mène à la guillotine sèche. La deuxième embrasse « les chefs reconnus du socialisme » ; pour eux l’exil, où ils iront rejoindre le gros des Montagnards. La troisième se compose des hommes politiques qui se sont fait remarquer par leur violente hostilité au pouvoir ; on se borne à les éloigner momentanément de France, comme Quinet, Pascal Duprat, etc.. On laisse du reste aux préfets la latitude d’ajouter à ces derniers ceux qu’ils estimeront utile de traiter pareillement, et pour ces victimes subalternes de nouvelles peines sont prévues : l’internement hors du département, la mise sous la surveillance de la police. Du reste point de jugement. Répression gouvernementale ; justice administrative, disent ceux qui recourent à ces retranchements arbitraires. — Justice d’abattoir, — réplique le proscrit Ribeyrolles. Un peu plus tard, pour associer la magistrature et l’armée aux responsabilités de l’administration, on instituait une « sorte de tribunal mixte », qui, formé du préfet, d’un officier et du procureur, devait, sans enquête au grand jour, sans débat contradictoire, prononcer sur le sort de ces adversaires transformés d’un trait de plume en criminels.

Pendant que la France républicaine et même simplement libérale s’éparpillait sur le reste du monde, que les prisons, suivant un mot ancien de Musset, s’en allaient en colonie, que les bagnes se remplissaient de « politiques », que les pays voisins regorgeaient de proscrits poursuivis encore dans leur asile par la haine des vainqueurs, les complices recevaient leurs récompenses. Le clergé obtenait des faveurs notables : le Panthéon, enlevé aux grands hommes, était rendu au culte catholique ; le repos du dimanche devenait obligatoire dans les travaux publics ; derrière Montalembert et Veuillot, les catholiques apportaient leur adhésion ; Falloux laissait percer une satisfaction discrète ; les évêques bénissaient le nouveau maître de la France ; l’archevêque de Paris célébrait un Te Deum en son honneur. L’armée n’était point oubliée. Ses opérations contre les républicains de Paris et de province lui étaient comptées comme services de campagne ; sur elle et sur la gendarmerie pleuvaient les décorations ; les anciens militaires du premier Empire obtenaient des pensions. On se défiait quand même des soldats ; on avait décidé de les faire voter sur un registre ouvert ; mais, sur les conseils de Jérôme Napoléon devenu prince, on avait rapporté le décret maladroit. Deux généraux passaient maréchaux ; Magnan devenait grand-croix de la Légion d’honneur ; Castellane allait être sénateur. Des grades ou même des sommes d’argent payaient le zèle des officiers qui avaient trempé dans l’affaire. Le peuple avait pour sa part de belles promesses et le rétablissement du suffrage universel qu’on se bornait à frelater. Le 20 Décembre, 7,439,216 oui, contre 640,737 non, acceptaient le régime nouveau. Que valait une votation faite sous la pression de l’état de siège et de la terreur organisée par les préfets, les généraux, les magistrats et les délateurs ? Peu importait. La comédie était jouée après la tragédie. La Bourse montait. La bourgeoisie, non toute entière, mais dans sa majorité, se reprenait à vivre, honteuse et satisfaite, et elle se consolait de la liberté perdue en se ruant dans les plaisirs et les spéculations.

Le mot de République était encore conservé en tête des papiers officiels. Mais l’effigie du prince figurait déjà sur les monnaies et l’aigle impériale en haut des drapeaux. La République était bien morte.

Tuée par le crime d’un homme ? Oui, sans doute. Louis Bonaparte, menteur et parjure, devenu maître de la France par la tromperie et par un guet-apens, a dès lors, quoi qu’il fasse, une tache de sang aux mains et une tache de boue au front. Mais tuée aussi par le crime d’une classe qui, plutôt que de consentir à la réduction de ses privilèges économiques, préféra sacrifier une à une toutes les libertés, le régime parlementaire y compris ; tuée par l’implacable égoïsme d’une bourgeoisie qui, plutôt que de faire sa part à la réforme sociale, aima mieux laisser peser sur la pensée française l’autoritarisme catholique et sur la vie de la nation le despotisme militaire. Tuée encore par la nécessité où la nation se trouva, sans préparation sérieuse, avec un prolétariat très inégalement développé dans les campagnes et dans les villes, au milieu de systèmes exclusifs et contradictoires, obligée de résoudre d’urgence le problème du paupérisme, alors que la solution du problème politique eût été pour elle une tâche suffisante. À ne considérer que ce dernier, les républicains avancés, par tradition centralisatrice, les républicains modérés, par peur du socialisme, firent à l’envi le lit de la monarchie, et les monarchistes continuèrent en faisant celui du pouvoir absolu. Mais ce pouvoir personnel s’installait dans une situation paradoxale et contradictoire, dans des conditions d’équilibre instable entre la bourgeoisie et la classe prolétarienne. Celle-ci, si naïve et ignorante qu’elle fût encore, demeurait une puissance qu’il fallait ménager ; elle gardait, en effet, le suffrage universel, instrument de ses progrès futurs et organe de sa souveraineté. Ainsi une épave échappait au grand naufrage politique ; et dans l’œuvre économique et sociale accomplie ou tentée, il restait aussi, malgré les insuffisances ou les fautes que nous allons voir maintenant, des promesses et des germes d’avenir.


  1. Les martyrs du droit et de la liberté dans la Sarthe, par Léon Guyon, — in-32. — Paris, 1883. — Charavay frères.