Histoire maccaronique/9
estoit la feste de sainct Brancat et sainct Ombre[1], lesquels, à la priere et requeste de Buffamalque et de Nole, Beltrazze, Evesque de Cipade, avoit canonisez, lors
que les paysans s’assembloient desjà au quarroi. Il n’y
avoit aucun qui se souciast de sa besche : chacun avoit
quitté la charrue, et tous ne songeoient qu’à complaire
à leurs amoureuses. Ils prennent leurs beaux chapeaux
de paille, s’accoustrent proprement, se peignent, se bandent
le front d’une bande bien blanche, chaussent des
chausses, ou des braies bien faites, lesquelles, espargnées,
pouvoient durer mille ans. Les jeunes gens plus et grands
du village, qui se sentoient plus fiers à cause de leur
bien, et plus audacieux pour l’abondance de la recolte
ordinaire de leurs fruicts, portoient, à tels jours de feste,
de belles chausses attachées tout autour d’esguillettes, y
pouvans ranger commodement leurs chemises delicates,
lesquelles leurs maistresses et amoureuses ont faites et
cousues. Mais, avant, on sonne la cloche pour chauter la
Messe ; et maistre Jacob s’appreste pour la dire. Cingar
avoit prins le gaviot d’un mouton, et l’ayant remply de
sang, l’avoit accommodé subtilement contre la gorge de
Berthe, le couvrant si proprement de son collet blanc,
selon la coustume, que vous eussiez juré qu’il n’y avoit
aucune pipperie, et font leur complot ensemble de s’entendre
l’un l’autre avec leurs parolles.
Cependant maistre Jacob, après avoir amassé tous les autres prebstres de la paroisse, commençoit à gorge desployée à chanter la Messe, et les autres le suivoient, et à grands cris ; ils despeschent incontinent l’Introit, tellement quellement, et viennent aux Kyrie, lesquels, avec un bon ordre, ils contre-pointent autant, et aussi dextrement que si Adrian[2], Constans[3], et Jacquet y estoient. Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/216 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/217 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/218 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/219 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/220 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/221 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/222 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/223 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/224 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/225 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/226 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/227 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/228 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/229 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/230 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/231
- ↑ Ces deux saints sont de la famille de saint Gobelin, de saint Quenet et autres bienheureux dont les noms se trouvent dans les écrits de Rabelais et d’autres écrivains facétieux, mais qu’on chercherait en vain sur le calendrier.
- ↑ Serait-ce Adrian Villart, mentionné parmi les musiciens dont parle Rabelais (nouveau prologue du livre IV) ?
- ↑ Constantio Testi, nommé dans Rabelais ainsi que Jacquet Bercan.