(sous le pseudonyme de Merlin Coccaie)
Adolphe Delahays (p. 60-77).

LIVRE QUATRIEME.


Desja la corpulence de Balde commençoit fort à s’accroistre, et ses membres s’estendoyent grandement, tellement qu’il avoit cinq brasses de haut, les espaules larges, et la poitrine relevée, le foye du corps serré, les jambes nerveuses, le pied petit, les reins fermes, et estoit droit au marcher ; le pas si legier, qu’il n’eust pas esté bien aisé d’en remarquer le vestige sur du sablon. Il avoit l’œil vif, et tousjours prompt à regarder çà et là, brillant comme fait le soleil quand il donne sur un miroir. Il n’avoit encores gueres de barbe, et n’en avoit le poil rude ; mais seulement avoit une moustache sur la levre de dessus d’environ trente petits poils ressemblant à de la laine, ayant ceste levre un peu plus eslevée que celle de dessoubs, qui le denotoit devoir estre quelque jour plus sage. Or, parce qu’il n’avoit point en cet aage aucun maistre pour l’instruire, il n’avoit pour compagnons que des ruffiens, des bravaches, des coureurs, des guetteurs de chemins, et certains bons vautneans, qu’on appelloit fendeurs de nazeaux, et machefers. Avec telles gens Balde vivoit plus aise qu’un pourceau à l’auge, l’aage transportant ceste jeunesse hors les bornes de raison, comme un poulain qui n’a encore gousté en l’estable que c’est d’un licol. Car ces poulains-cy desbauchez, pendant Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/123 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/124 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/125 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/126 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/127 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/128 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/129 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/130 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/131 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/132 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/133 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/134 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/135 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/136 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/137 Page:Folengo - Histoire maccaronique de Merlin Coccaie, 1859.djvu/138 leur fierté domptée par le chartier. Tousjours seroit indompté le poulain, s’il n’avoit un escuyer, qui le domptast. L’espervier s’apprend à revenir sur le poing, avec un petit poulet. Ainsi seroit de Balde, lequel est venu d’une très-noble lignée. Mais j’en voy plusieurs de vous autres secouer la teste, et tourner le nez de costé. Je cognois bien maintenant les pensées, qui sont en vostre courage. Je ne veux point jetter davantage mes paroles au vent. Ha ! que suis marry de ce que comme à vieil bœuf le pennon me pend si bas maintenant pour l’aage que j’ay ! Je n’ay point faute de courage, je le confesse : mais ma force s’en est volée. Ayant mis fin ainsi à son dire, il se retira tout furieux en sa maison, et au bout de trois jours, estant outré de trop ennuy, rendit l’esprit. Aucuns ont eu soupçon que, par menée de Gaioffe, il fut empoisonné par le Médecin, qui le medicamentoit. Or reposons-nous un peu, ma Gose, avant que ce qui s’ensuit me fasse suer. en chemise.