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NOTES HISTORIQUES.


Egbert avait tenu son armée prête à marcher à la première nouvelle qu’il aurait des Danois. Dès qu’il eut appris qu’ils avaient mis pied à terre du côté de l’ouest, il y accourut avec toutes ses forces pour les combattre. Il les rencontra tout proche d’Henges-Down, appelé depuis Hengston, dans le pays de Cornwall, où il remporta sur eux une bataille signalée.

Histoire d’Angleterre, par Rapin Thoyras.

Ce prince avait toutes les qualités nécessaires à un conquérant.

Idem.

Il était l’idole du peuple.                 Hume.


HENGES-DOWN.


PRÉLUDE.


Eye no more from eye retreating,

Heart with heart in concert beating,

Lip with lip in rapture meeting…
Bernal.


« Qui vient de passer ? — C’est le messager de guerre. — L’as-tu vu, Genevière ? — Je l’ai vu sur son cheval noir ; dans ses mains il porte une flèche et une épée nue. C’est un soldat vieilli, dit-on, en faisant toutes les guerres de notre grand roi Egbert. La preuve, elle en est dans les cicatrices de son visage qu’il montre en tenant la visière levée, plus fier de ces cicatrices qu’une jeune fille de sa beauté. — Le roi va donc se battre encore ? — Sans doute, puisque le messager publie dans les bourgs la proclamation nationale. Allons l’entendre sur la grande place. »

C’était Sardick, le Saxon, à qui Genevière sa fiancée parlait ainsi.

II.

Et ils arrivèrent sur la place. La foule s’y pressait. Deux hérauts en avant du messager firent par trois fois retentir leurs trompettes. Ces trompettes, d’un cuivre luisant, avaient une origine glorieuse. À la bataille d’Andred’s-Walt, leurs accens se mêlèrent aux cris des Saxons vainqueurs sous Ella. Pendant la paix on les suspend aux piliers de la salle des festins dans le palais d’Egbert. Leur voix est d’un bon augure ; elle appelle sous les drapeaux le peuple, et, à cet appel, la victoire comme le peuple ne manque jamais d’accourir. Voilà que les trompettes se taisent, voilà que les habitans de Tavestock font silence, et voilà que le messager, gonflant sa voix pour la rendre plus forte, prononce les paroles consacrées : « Que quiconque n’est pas un homme de rien, soit dans les bourgs, soit hors des bourgs, sorte de sa maison et se présente avec ses armes. Le roi d’Angleterre, Egbert le courageux, a déployé la bannière saxonne. »

III.

Il a dit. La foule émue se brise pour se reformer en une multitude de groupes. Le messager les traverse, retenant par la bride son cheval, pour qu’il ne blesse personne. Le messager se rend au bourg voisin. Il doit ainsi parcourir tout le royaume de Wessex, où Egbert a placé le siège de son empire. Dans les autres royaumes soumis à sa brave épée, ce sont les chieftans qui, frappant du bout de leur lance un bouclier attaché aux branches d’un arbre, rassemblent le peuple pour le faire soldat.

IV.

« Mais contre qui marchera-t-il avec ses escadrons, notre roi ? disait-on dans les groupes, sur la place. Il n’a plus d’ennemis. — À moins que les mers lui en amènent des extrémités du monde, vous dites vrai, il n’en a plus. » C’était un vieillard qui parlait ainsi ; il fut bientôt entouré, et tous les groupes se fondirent dans un seul pour l’écouter, « Oui, mes amis, Egbert a tout vaincu, tout soumis, tout pacifié. J’ai été, moi, vieillard, témoin de ces grands événemens. Dans ma jeunesse, la patrie était divisée en sept royaumes qui, sous le nom d’heptarchie, se dévoraient entre eux. Tantôt vainqueur, tantôt vaincu, chacun de ces États n’imposait le joug aux autres que pour le subir à son tour. Cela durait depuis quatre siècles, depuis l’époque où nos ancêtres, sous la conduite de deux frères, Hengist et Horsa, fils de Witisile, partis de la Zélande avec neuf mille soldats, abordèrent à l’orient de Kent. Les Bretons de la plaine, qui les avaient appelés pour avoir secours de leurs lances contre les habitans des montagnes, leur cédèrent l’île de Thanet. Puis après la victoire ils reçurent en récompense le territoire de Lincoln ; mais comme chaque jour la guerre se rallumait, comme il leur fallait dès lors un plus grand nombre de champs de bataille, des champs larges comme des royaumes, ils prirent ce qu’ils n’avaient plus besoin qu’on leur donnât. N’était-il pas juste que la terre où ils venaient de vaincre, où fumait encore le sang de leurs frères, leur appartînt ? Les Bretons avaient renoncé à leur patrie du jour où ils ne surent plus la défendre.

V.

« Horsa périt à Eglesfort. Hengist, demeuré seul, s’endormit soldat le soir de cette bataille ; le lendemain, il se réveilla roi. L’épée est le véritable marteau qui forge les couronnes. Ainsi se fonda le royaume de Kent. Bientôt d’autres Saxons arrivèrent sur quarante vaisseaux commandés par Cerdick ; de ce grand capitaine, si l’on en croit une vieille prophétie, descendront tous les rois destinés dans la chaîne des siècles à régner sur notre île. Plusieurs royaumes se formèrent encore. Chaque flotte semblait en apporter un nouveau. Les mers peuplaient la terre. Quand il y en eut sept, rivaux en puissance, quand les Bretons exterminés ou soumis se furent effacés devant un peuple et plus jeune et plus viril, il fallut que la parole du glaive, ce grand discoureur des rois, décidât enfin lequel des sept lèverait au-dessus des autres sa tête sans, égale.

VI.

« La gloire en était réservée au royaume de Wessex. Ses peuples appelèrent au trône Egbert qui était à Rome avec Charlemagne, où ce prince se faisait sacrer empereur d’Occident. Charlemagne estimait Egbert : les grandes âmes se comprennent. Egbert parut parmi nous l’épée à la main. Pour célébrer son avènement, il battit le peuple de Cornwall ; ensuite il tourna son cheval vers le pays de Galles qu’il conquit. Egbert savait que les diadèmes tiennent bien au front quand on les y attache avec des victoires. C’est alors que promenant sa pensée autour de lui, il la poussa aussi loin que son génie pouvait s’étendre.

VII.

« Chacun des États de l’heptarchie, excepté celui de Wessex où régnait Egbert, était déchiré par les factions toujours prêtes à sortir du tombeau des rois massacrés. À force de meurtres, toutes les races royales, ce vrai ciment des nations, avaient été précipitées du trône. Partout le trône était vide, partout l’autorité était tombée. Egbert la ramassa. Couvert de la poudre de vingt batailles, nous le vîmes rentrer un jour dans sa capitale avec sept noms de royaume inscrits sur sept boules d’or qui formaient son diadème. De ce jour notre patrie, rangée sous une seule loi, s’est appelée l’Angleterre. C’était d’abord dans les anciens temps l’île de Miel, plus tard Albion, puis la Bretagne. Maintenant la conquête l’a nommée. Egbert, politique non moins habile que guerrier valeureux, a voulu, par ce titre, gagner, en flattant leur orgueil, les Angles qui, venus comme nous sur le dos des mers, habitaient trois royaumes de l’heptarchie : Northumberland, Mercie, Estangle ; les quatre autres, Essex, Sussex, Kent et Wessex, appartenaient à la race saxonne. Egbert a cédé aux Angles l’honneur de donner leur nom à l’île ; mais il s’est réservé pour lui la gloire plus solide de la gouverner. Partout les lions n’ont qu’une seule manière de partager. Vous le voyez, le roi n’a plus aucun peuple pour ennemi, à moins que l’un des royaumes n’ait cherché à rompre la chaîne dont il est l’un des anneaux, ce qui n’est pas croyable, car si Egbert a conquis par le glaive, il règne par la justice ; à moins encore, comme dès le premier moment je l’ai pensé, que tout ceci soit une affaire à traiter avec l’Océan. »

VIII.

On entendit en ce moment le galop d’un cheval. Un guerrier, couvert d’une armure éclatante et suivi de plusieurs archers, ne tarda pas à paraître. On l’arrêta pour l’interroger. « Je vais au camp dans votre pays de Cornwall, où le roi Egbert a dressé sa tente, dit-il. La patrie est menacée. Furieux comme la tempête qui, les conduisant où ils voulaient aller, les a jetés dans notre île, les Danois, enfans des terres lointaines, les Danois, sous les ordres de Vosbrick, le grand chef des forêts du nord, sont descendus de soixante vaisseaux, après avoir traversé en caravane l’Océan, cet immense désert. Déjà, il vous en souvient, ils ont une première fois, portant pour glaive une torche, ravagé par l’incendie vos moissons et vos bourgs. Maintenant ce n’est plus en pirates, qui pillent et s’en vont, qu’ils fondent sur nous. Ils ont avec eux leurs femmes, leurs enfans. Émigrés volontaires des côtes montagneuses de la Norvège, ils prétendent ne plus quitter les blancs rochers de nos rivages. On les a vus, lorsqu’ils se sont élancés de leur navire, enfoncer une flèche dans le sable en disant : « Ceci est à nous. » Par l’épée d’Egbert, ils en ont menti. Aux armes ! aux armes ! Saxons, levez-vous ! Moi, je pars l’un des premiers ; place à mon cheval ; dût-il expirer en arrivant, il n’ira jamais assez vite. »

IX.

Dès le soir même, près d’un sorbier, sous un ciel que la lune remplissait d’une vapeur mélancolique, Sardick le Saxon, revêtu de ses armes, et Genevière sa fiancée, dépouillée en signe de douleur de toute parure, se tenaient entrelacés. Leurs cœurs l’un contre l’autre battaient ensemble ; leurs yeux ne quittaient pas leurs yeux ; leur bouche sur leur bouche les perdait tous deux dans une immensité d’amour. Enfin, Sardick put prononcer ces mots à demi-étouffés : « Je reviendrai. La patrie seule l’emporte sur toi ; la patrie, vois-tu, est encore plus sacrée que notre amour. La guerre conduite par Egbert sera courte. Il est aimé de la victoire comme je le suis de Genevière. Fais d’avance préparer l’autel. Nous allons moins combattre que rendre aux flots qui les ont vomis ces Danois, ces barbares dont l’approche, si nos bras ne les arrêtaient pas, ferait pâlir et trembler toi et tes compagnes, vous toutes si belles et si pures. Séparons-nous, mais pour peu de jours. » Et la jeune fille tomba à genoux, et la jeune fille suivit des yeux son amant dans la plaine, puis sur la haute colline d’où il se retourna, d’où il lui dit encore un adieu, qu’un nuage tout trempé d’une lumière argentée recueillit en passant sur sa tête pour l’apporter à Genevière, vers laquelle, poussé par les vents, il semblait se presser d’accourir.


HENGES-DOWN.


LA BATAILLE.


When the battle’s lost and won.
Shakespeare.
I.

En vue du cap de Cornwall, dans le pays qu’on appelait autrefois Dammonie, lorque le roi Gorloüs, père du grand Arthur, le gouvernait, Egbert, non moins grand qu’Arthur, a planté, près d’Henges-Down, sur des rochers disposés en amphithéâtre, la noble bannière saxonne, où sur un fond cramoisi se dessine un cheval à la crinière blanche. Ces rochers, dépouillés de verdure, offrent à peine quelques claires broussailles, quelques sapins épars dont les racines se nourrissent sous la pierre stérile, tandis qu’à l’autre extrémité la plaine, arrosée par les eaux vives d’une large rivière, étale toutes les richesses de la plus belle végétation. C’est un tapis de gazon que la nature a préparé pour une fête de jeunes filles, non pour un champ de carnage livré à d’impétueux escadrons. Par une inspiration de son génie militaire, Egbert a choisi ces rochers à cause même de leur aridité. Il veut irriter par la soif le courage de ses soldats ; aussi lui crient-ils : « La soif est un ennemi de plus. » Il répond : « La rivière coule là-bas au pied du camp des Danois. Nous irons payer l’eau avec leur sang. — Donne donc le signal. — Attendez-le. À moi le commandement, à vous l’obéissance. »

II.

On se tait.

III.

Mais on médite la rébellion. Les plus indisciplinés, qui au besoin braveraient pour eux et la soif et la faim, veulent en épargner le supplice à leurs chevaux. Ils les rassemblent en troupes, ils les tiennent par la bride, et à la suite de ce premier détachement, voilà les chevaux de toute l’armée qui se mettent à suivre du côté de la rivière, derrière laquelle les Danois ont déployé leurs tentes, ces maisons de guerre qui par leur nombre présentent l’aspect d’une ville immense. Les guides de cette masse de chevaux hennissans se sont munis de vases d’argiles ; quelques uns ont pris leur courte épée, toujours si redoutable. L’eau sera leur butin. Les Danois, dont les uns se baignent pour échapper à la chaleur du jour, dont les autres, couchés sous l’orme et le chêne, respirent la fraîcheur qui tombe du feuillage, ne sauraient intimider leur cœur de Saxon. Mais voilà qu’à la vue de leurs coursiers aventurés ainsi dans la plaine à la face de l’ennemi, les cavaliers restés sur les rochers auprès des étendards tremblent pour les compagnons de leur vie guerrière.

IV.

Cependant les Danois croient qu’on vient les surprendre. Ils se lèvent. Leurs bataillons noircissent la plaine. On dirait une forêt, mais une forêt mouvante. Leur chef Wosbrick, surnommé brandon de feu, a saisi son large bouclier d’airain, sa lance dont la pointe d’acier poli est fixée par des clous de diamant ; à son cou un baudrier, formé de la peau d’un loup, suspend le cor d’ivoire qui lui sert à sonner la charge ou la retraite ; à son bras est attaché le bracelet d’or consacré à ses dieux, signe distinctif que portent aussi tous ses lieutenans. Les Danois ne courent point en désordre au combat cette fois ; ils ne poussent point d’épouvantables clameurs, ainsi que dans leurs premières excursions. En bon ordre ils s’avancent à pas réglés, faisant tous ensemble bruire leurs armes. Chose étrange ! pour s’exciter, ils s’invoquent eux-mêmes, comme si ce peuple, se prenant pour une divinité, se rendait un culte et se priait ; ou peut-être, avant de porter le fer dans les rangs ennemis, envoyait-il devant lui l’épouvante de son nom.

V.

À ces cris une partie du camp d’Egbert quitte ses rochers. Ce sont les Northumbres, ensuite les Estangles, les Merciens ; les Saxons viennent après, non en grand nombre, mais quelques bataillons plus formidables à eux seuls qu’une armée entière. Ils sont les dignes fils de ces compagnons d’Hengist qui les premiers parurent à Ebfleet, qui lavèrent leurs blessures dans la Severn, qui triomphèrent à Crécanford. Ils s’avancent en appelant Woden, source divine de tous leurs princes, Thor avec son char de feu d’où part le tonnerre. Ils semblent les avertir qu’on va combattre, qu’ils se hâtent. La guerre étant pour ce peuple une religion, il y mêle ses dieux[1]. À mesure que les Saxons arrivent dans la plaine, ils s’y déploient en ailes étincelantes. Les Danois, au contraire, ayant à traverser la rivière dans leurs bateaux d’osier recouverts de cuirs, sont obligés de rompre l’ordre de leur marche, et, après leur passage, avant qu’ils puissent se ranger en batailles, les Estangles les chargent avec fureur. Aussitôt les Saxons, pour secourir les Estangles, s’élancent et accablent les Danois de leurs poids, de leurs armes, de leur discipline.

VI.

Ceux-ci fuient : ils regagnent les bateaux, ils en coupent les cordes ; ils glissent au large pour gagner l’autre rive. Quelques uns n’ayant pu trouver place dans ces bateaux étroits et fragiles, les suivent à la nage. Bientôt entraînés par le courant, ils roulent comme dans un orage les pins déracinés sont emportés par les flots. La plaine une fois balayée, les vainqueurs arrivent en foule aux bords de la rivière. Les plus téméraires s’y précipitent ; acharnés sur les malheureux qui se noient, ils descendent avec eux dans la nuit éternelle, comme pour les y poursuivre. Egbert, témoin de ce désordre, suspend le carnage. Une seule parole arrête toute une armée.

VII.

Elle allait, cette armée, revenir vers ses rochers, non sans frémir, au fond de son courage, de lâcher sa proie, lorsque d’une forêt voisine tout à coup s’élance, à quelques cents pas du lieu où l’on a combattu, et en remontant un peu vers la droite, une biche à la forme élégante, aux pieds agiles, aux jarrets nerveux. Plus légère que la feuille du bouleau roulée par le vent, elle effleure la pointe de l’herbe nouvellement poussée. Il y a du coursier dans sa beauté, de la gazelle dans sa grâce, il y a dans sa blancheur tout l’éclat de l’hermine des rois. Ce n’est point la frayeur qui la chasse, mais un impatient désir de joyeuse indépendance. Aussi, loin de se précipiter dans la rivière, elle sautille sur son bord, s’y plonge, puis après bondit, et, sans perdre pied, la traverse. On devine qu’elle touche le sable du fond, puisque, au lieu de nager, elle court. Dieu ! qu’elle est superbe ! la voyez-vous sur l’autre rive où elle s’ébat, où elle secoue son poil humide, relève sa tête charmante, dresse ses oreilles attentives, écoutant si quelque cerf désespéré d’amour ne rôde pas dans les détours mystérieux de la forêt pour la surprendre, elle, agaçante, mais jalouse de sa virginité coquette. La voilà maintenant qui se cabre, prend son élan, revient, s’éloigne, s’approche encore, trace en se jouant mille cercles divers, fuit tout à coup comme une flèche lancée, et disparaît dans l’horizon. Si c’est un message, il est accompli.

VIII.

On sait maintenant où la rivière offre un gué facile à passer. La biche est aux yeux d’Egbert et de son armée l’instrument de quelque divinité, si ce n’est la divinité elle-même. Pleins d’une ardeur nouvelle, Estangles, Northumbres, Merciens et Saxons entrent dans l’eau à la hauteur de la poitrine pour rejoindre sur la rive opposée les Danois qu’il poursuivent jusqu’auprès de leurs chariots, de leurs tentes, là où les femmes avec des pieux et des haches viennent au-devant d’eux, la rage au cœur, la honte au front, les cheveux dénoués et livrés au vent ; dans leur brûlante fureur, elles veulent s’opposer à la marche des victorieux ; c’est un corps de réserve chargé de ranimer le combat et de le faire changer de face ; leurs faibles mains saisissent par le milieu de la lame la courte épée des Saxons, et, sans pouvoir la retenir, elles la sentent glisser dans leurs doigts qui tombent coupés sur le sable ; puis agitant dans l’air leurs mains sanglantes et mutilées, elles en font un horrible étendard pour rallier cette troupe éparse de fils, de frères et d’époux assez lâches pour vivre.

IX.

Honteux de n’avoir que des femmes à immoler, voyant d’ailleurs les Danois reformer plus loin leurs lignes, les grossir de tous ceux qui, n’ayant point traversé la rivière, étaient demeurés étrangers au carnage, les Saxons, trop épuisés de fatigue pour engager une action générale, se décidèrent à revenir sur leurs pas ; dans un ordre parfait ils regagnent leurs rochers ; mais, quoique la nuit commence à les envelopper, ils n’en gardent pas moins leurs armes. Dérogeant à l’ancienne coutume, ils ne chantent pas le bardit à la louange de leurs héros ; ils ne dressent aucune table pour le festin ; sombres, silencieux, on les croirait défaits. Quelques uns, pour en finir d’un seul coup avec les Danois, proposent de livrer une bataille décisive dès que la nuit sera plus noire. Egbert s’y oppose ; il s’indigne à l’idée d’aller dans les ténèbres voler une victoire.

X.

À l’heure où le soleil baignait ses rayons naissans dans des flots de rosée, l’armée était déjà debout. Dans son impatience du combat, cette armée intrépide avait devancé tout à la fois le signal et le jour. Elle écoutait avec avidité un jeune soldat à l’air martial, aux yeux terribles autant qu’ils étaient doux près de Genevière sa fiancée, car ce soldat, c’était Sardick qui, monté sur un chariot de fer, chantait l’hymne consacrée, parmi les Saxons, pour annoncer une bataille.

SARDICK.

Elle est venue des antres du nord la horde noire, comme le vent lorsque dans sa furie il brise les mille portes de ses mille cavernes. La tempête a tenu lieu de rameurs a leurs barques. Elle a poussé ces farouches sur nos côtes. Là où ils passent les villes tombent, les torrens avec leurs cailloux roulent autant de têtes. Tout frémit à leur passage ; tout se tait jusqu’au souffle de l’air si pur de nos contrées.

Frappez trois fois sur vos boucliers, compagnons ; le dieu Thor, roi du tonnerre, ne veut pas d’autre mélodie.


Qui sont-ils ? le rebut des forêts de sapins de la Scandinavie. À quoi ressemblent-ils ? à des loups affamés. Vous les avez vus, vous les verrez encore ces vagues vivantes qui viendront se briser contre le roc de vos bataillons. Que veulent-ils ? faire jaillir sous la pierre la cervelle de vos enfans ; souiller la couche où leurs mères gardent pour vous seuls de pudiques baisers. Maintenant ils reposent étendus au loin sur la rive. Qu’ils s’y reposent pour jamais lorsque vos glaives les y auront couchés. À votre retour, vos femmes sentiront avec délices sur vos habits l’odeur de leur sang.

Frappez trois fois sur vos boucliers, compagnons ; le dieu Thor, roi du tonnerre, ne veut pas d’autre mélodie.


Viens défendre ton peuple, divinité dont l’haleine brûle au cœur des enfans de la terre des braves ; toi dont le trône est cette belle étoile qui brille au-dessus de la tente d’Egbert. Génie de la guerre, prends ta lance et ton bouclier. Sous la forme gigantesque d’un fantôme, descends sur nos rochers. La foudre marquera ta route en déchirant la nue. Que tes cris jettent le trouble dans les rangs de nos ennemis ; qu’a ces cris se joigne le bruit des fleuves précipitant leur course pour fuir plus vite ; que les arbres des forêts, prenant une âme, murmurent en signe de douleur ; que dans leurs sépulcres les morts gémissent, comme s’ils mouraient une seconde fois. Ces hommes des navires, ces Danois s’imagineront alors voir l’univers crouler sur leurs têtes. Ils voulaient faire de notre patrie un désert, leurs cadavres la rendront plus fertile.

Frappez trois fois sur vos boucliers, compagnons ; le dieu Thor, roi du tonnerre, ne veut pas d’autre mélodie.


XI.

L’hymne achevée, Egbert appelle Therdick aux longs cheveux. La mère de Therdick l’enfanta au bruit de la foudre sur un bouclier de fer. Il reçoit l’ordre d’aller se tenir caché avec trois mille Saxons dans la forêt, vaste muraille de feuilles à l’extrémité de la vallée. De ce poste il fondra tout à coup sur les Danois lorsque la bataille, ainsi qu’une mer débordée, jettera de toute part le ravage et la destruction. Après avoir salué le soleil qui se montrait beau comme un présage de gloire, Egbert fait descendre son armée, mais seulement à moitié des rochers. Il ne lance dans la plaine que ses escadrons, pour attirer les barbares et les contraindre à passer la rivière. Ceux-ci tombent dans le piège, ils s’avancent armés du glaive et de la colère. Les Saxons sur leurs chevaux se replient à droite et à gauche pour les laisser passer. Les Danois, se croyant déjà vainqueurs par l’effroi de leur seule présence, marchent droit aux rochers qu’ils gravissent en se tenant aux broussailles. On les laisse avancer, Egbert commande à ses soldats la patience. « Lorsqu’ils ne seront plus séparés de vous, leur dit-il, que de la longueur d’une lance, vous vous précipiterez. Ces bataillons ne sont que des flots de neige, vous êtes l’ouragan. Ils rouleront comme l’avalanche. »

XII.

Tel est le plan d’Egbert. Nul ne l’égalait en prudence ; et quand il le fallait, nul n’avait plus de hardiesse. « Les voilà, les voilà », c’est le cri de toute l’armée ; si le Beins-Nevis se brisait, s’il croulait de toute sa hauteur, il ébranlerait moins la terre et les échos que ce cri terrible des Saxons : « Les voilà ! » Egbert, voyant les barbares parvenus à l’endroit qu’il leur a marqué dans son plan, donne le signal. Il n’a qu’à remuer les lèvres pour que soixante mille combattans frémissent, pour que tous, d’un pas réglé, marchent à la rencontre de l’ennemi ; alors celui-ci reculant, s’embarrasse dans sa retraite, alors il tombe plutôt qu’il ne descend dans la plaine, où ses chefs pourtant le rallient. Les Danois dirigent leur plus grande force contre les Estangles placés à la pointe de l’aile droite. Aussitôt s’engage une mêlée horrible. Chaque soldat Estangle porte d’avance la victoire dans ses yeux ; dans leurs milliers de glaives sont les destins d’un grand empire. Un succès tardif semblerait une défaite à ces braves. Tous élèvent leurs boucliers au-dessus de leur tête, pour combattre sous un toit de fer. Les trompettes, ces voix bruyantes du carnage, sonnent de toutes parts. Que de drapeaux éclatans traînent dans la poussière ! que de débris de casques, de lances et d’épées ! que de bataillons disparaissent tout entiers ! Renfermés dans un étroit espace, deux peuples se disputent la gloire, la vie et la domination.

XIII.

À l’aile gauche, les Saxons de pure race marchent sous le feu des regards d’Egbert. Armés d’un léger javelot, ils le jettent avec force dans les rangs danois comme pour préluder au combat ; ensuite la mêlée s’engage ; l’épée se croise avec l’épée ; le bouclier se joint au bouclier, le soldat au soldat, et sur les cimiers couverts d’épaisses crinières, se confondent les ondulations des aigrettes brillantes, tant les rangs sont pressés. En même temps, Egbert court aux Estangles sur qui pèse toute la bataille. Leurs membres étaient brisés de meurtrissures, leur poitrine haletante, leur front couvert de sueur ; mais la présence du roi répare tout, fait tout oublier, un feu nouveau circule dans leurs veines. Egbert est vraiment l’âme de son armée.

XIV.

La fortune indécise contemple cette grande lutte, ignorant encore de quel côté elle fera pencher la balance ; un caprice peut-être en décidera. Quel que soit ce caprice, son résultat sera terrible. La terre britannique sera-t-elle danoise ou saxonne ? C’est alors qu’on entend Therdick et les siens. Il a bien pris son temps pour placer les Danois entre deux glaives. Les malheureux, attaqués sur leur dernier rang, sont obligés de faire face à ces nouveaux ennemis, et combattant à la fois sur deux points opposés, ils s’affaiblissent en se divisant. À cette brusque attaque de Therdick, la fortune, à qui l’audace plaît, le regarde et sourit.

XV.

Fatigué d’agir comme chef, las de montrer la victoire aux autres, Egbert veut en prendre sa part de soldat. Il demande son coursier d’un noir égal à la nuit, son coursier bien-aimé qu’il a plus d’une fois nourri de ses mains ; le voici : comme il était triste et honteux ce fils des vents, attaché par des rênes qui, pour être d’or et de soie, ne le tenaient pas moins captif à l’une des branches d’un pin sauvage ! Maintenant, affranchi du joug, il bondit dans sa liberté. Ses ongles d’airain frappent la terre dont les cavités rendent un bruit sourd. Son haleine est brûlante, son œil étincelle, ses flancs écument. L’air, en se jouant dans les crins de sa longue queue, la soulève et lui donne, à mesure qu’elle se déploie, la forme d’un panache flottant. Il se complaît dans sa beauté. Il regarde, en baissant un peu la tête vers son poitrail, la trace d’une blessure qu’il reçut au combat. Jamais guerrier ne tira plus d’orgueil d’une cicatrice. Incapable de repos, tantôt il marche d’une majesté calme, comme s’il comptait ses pas ; tantôt il semble galoper, mais sur la même place, dressant la tête, paraissant savoir qu’il entrait dans sa destinée de porter la puissance et la gloire. S’il avait la parole, il vous dirait : Je suis un trône vivant. Dès qu’il aperçoit son maître, il remplit les échos de ses hennissemens joyeux. On croirait qu’il va fuir irrité, c’est pour revenir docile. Regardez-le : s’il partait avec la foudre, il la devancerait.

XVI.

Egbert promène son regard de tous côtés. La guerre est dans les traits de son visage ; dans les mouvemens de sa lance est la mort d’une armée : il précipite son coursier dont les pieds font voler les cailloux et les étincelles. Les narines gonflées, bouillant, impétueux, majestueusement animé, fier et beau de la frayeur qu’il inspire, il va sans qu’on ait besoin de le diriger. Egbert ne songe qu’à s’ouvrir une vaste arène pavée de cadavres, et dans laquelle il puisse combattre à l’aise. Qu’on le fuie ou qu’on lui résiste, tout est également exterminé. Ceux-ci attendent la mort, elle va chercher les autres, c’est toute la différence. Les javelots ennemis se brisent sur son bouclier fort comme les murs d’une citadelle ; cependant, tandis que du bouclier il couvre sa tête, un seul de ces javelots le frappe au-dessus du genou. Le trait pénètre, effleure les chairs, le sang coule ; Egbert n’y prend pas garde. Mais un cri de douleur, un cri qui épouvante les deux armées s’échappe de sa large poitrine, lorsqu’une flèche vient atteindre le flanc de son cheval bien-aimé. Le cheval se cabre, furieux il bondit ; mais aussitôt, comme s’il sentait sa blessure mortelle, il raidit ses jarrets pour ne pas tomber, pour que son maître, pour que son roi ne soit pas entraîné dans sa chute. Egbert s’est élancé à terre, il arrache le fer de la plaie ; le fidèle coursier, debout tant que le sang jaillit, chancelle, s’affaiblit, tourne vers son maître un œil de douleur dès que le sang ne coule plus. Il pousse enfin un dernier gémissement, se penche vers Egbert, semble lui dire adieu, et tombe. Egbert en a pâli.

XVII.

« Mon compagnon, te voilà donc, comme un brave guerrier, renversé sur le sable par le vent des batailles. Tu méritais cette mort, toi qui n’étais jamais plus beau qu’enveloppé d’ennemis ; toi, hardi et vaillant. Mais devait-elle être si prompte, mon ami ? Je puis te donner ce nom, car tu n’aimais que moi. Seul, je pouvais t’approcher ; malheur à l’imprudent qui aurait essayé de saisir ta crinière ! tu l’aurais foulé sous tes pieds ; mais à ma vue tu devenais docile. Je ne t’avais point dompté, tu t’étais soumis. Mes travaux guerriers tu les a tous partagés. Agile pour me défendre, tu voyais venir le trait lancé contre moi ; d’un bond tu l’évitais, ou bien tu le recevais pour m’en préserver. Tu étais pour moi une sorte de bouclier plein d’intelligence et de vie. Combien je serai triste lorsque, dans la joie de la victoire, il me faudra rentrer dans ma capitale sur un autre coursier ! Aux acclamations du peuple enivré de ma présence, il ne lèvera pas sa tête superbe ; il ne sentira pas qu’il porte un victorieux. Toi, dans ces solennités, tu semblais dire : « Nous avons combattu ensemble », et tu disais vrai, et le peuple de son côté s’écriait : « Voilà Egbert sur son beau cheval de bataille ! » Pour ta gloire, la postérité du moins recueillera mes larmes. Le misérable qui t’a tué, quel est-il ? Oh ! s’il avait un nom, mon glaive irait le chercher dans la mêlée. En te vengeant, je me vengerais. Que tout tremble ! Pour un qui l’a frappé, mille périront. Que la guerre recommence plus terrible ! En avant, qu’on me suive, pressez vos chevaux. Moi je n’ai plus le mien, je vais combattre à pied ; douleur, douleur, Egbert a perdu son beau cheval ! »

XVIII.

L’épée du roi Egbert voltige dans ses mains comme pour frapper à la fois et de tous côtés. Elle lance des étincelles, on dirait une gerbe de feu. Il désigne à peine une victime qu’elle est déjà frappée, elle est à terre. Jamais héros ne reçut d’un frère d’armes, pour venger sa défaite et sa mort, un sacrifice aussi sanglant que celui offert en ce jour aux mânes d’un coursier par un puissant monarque ; c’est que jamais aussi le cœur d’un roi saxon n’eut à effacer un affront mieux senti.

XIX.

Cependant la nuit descendait vers la terre pour mêler aux horreurs du carnage la terreur de ses ombres ; elle vient avec des nuages qui la rendent plus épaisse et plus noire. C’était l’instant où il fallait en se retirant abandonner la victoire ou bien continuer de la poursuivre ; mais dans le désordre de deux armées confondues qui allaient ne plus se reconnaître, ne plus se voir, comment pourrait-on saisir la fortune ? Le roi saxon frémit indigné. Pourquoi sa volonté, qui met en fuite les armées, ne peut-elle faire reculer la nuit elle-même ! Non, faute d’un peu de jour, Egbert ne rendra pas son épée au repos. Il ordonne d’aller sur les rochers attacher la flamme aux sapins et aux broussailles. Il a dit, et déjà la fumée monte dans les airs en colonne ondoyante. Les arbres pétillent, s’embrasent ; Egbert peut maintenant se passer du soleil. L’incendie, comme un flambeau, va lui prêter ses immenses clartés, flambeau bien digne d’un tel carnage. Mais comme l’incendie va vite, Egbert, pour que la bataille ne soit pas plus lente, sent le besoin de la hâter, de la finir par quelque coup de génie. De soldat qu’il était, redevenu général et roi, il se recueillait dans sa pensée, lorsque Wosbrick, qui craint encore plus la pensée que le glaive d’Egbert, Wosbrick vient droit à lui pour le troubler par une soudaine attaque.

XX.

À cette vue, Egbert prenant à l’un de ses officiers une lourde massue, pousse un cri affreux. Northumbres, Merciens, Saxons et Danois, tous reculent à l’aspect de ces deux chefs d’armée. Ainsi au milieu des mers, par un orage effroyable, les flots, cessant de battre tout à coup les flancs d’un rocher qui frappé de la foudre fume encore, se retirent et forment à l’entour un vaste abîme. Wosbrick, accourant, lance d’un bras nerveux son énorme javelot, comme s’il eût voulu se faire précéder par la mort ; le fer du javelot s’attache au bouclier d’Egbert qui, loin de perdre temps à l’arracher, se débarrasse du bouclier, et prenant à deux mains la massue hérissée de pointes d’acier, la soulève, menace, insulte à son ennemi ; mais soudain Wosbrick, par un mouvement adroit, ayant reculé d’un pas, la massue d’Egbert, après avoir fendu l’air, frappe la terre, et le roi saxon tombe entraîné par sa propre force. Il se redresse avec une agilité inconcevable. Déjà Wosbrick se précipitait sur lui ; Egbert plus prompt le saisit dans ses bras nerveux, le terrasse, et ramassant presque sans effort un roc noir et raboteux si lourd qu’il ferait succomber deux hommes vigoureux, il en écrase le front du chef des Danois. Puis, posant sur le cadavre un pied superbe, il fait entendre par trois fois le cri de victoire. Les différens corps de l’armée le répètent ; les bois, les rochers, la vallée semblent avoir des accens pour ajouter au bruit de cette grande voix des multitudes.

XXI.

Une bataille n’étant aux yeux du roi saxon qu’un sacrifice offert à la divinité terrible qui allume le feu de ses autels au feu des villes embrasées, il pense que plus la victime est grande, plus la divinité devient propice. Cette grande victime est immolée, c’est Wosbrick. Plus de doute dans l’esprit du vainqueur sur le sort de la journée. En effet, le courage des Danois s’éteint avec la vie de leur chef. Ils sentent qu’ils n’ont plus même l’espoir de la fuite ; qu’ils n’auront pas la consolation, en regagnant la patrie, de pleurer sur les flots, qu’ils n’iront pas raconter au foyer domestique leurs exploits malheureux. On se bat encore ; mais non pour le succès de l’entreprise, non pour le triomphe de l’armée : chacun se bat pour son propre salut ; l’œil chercherait en vain des bataillons, c’est un amas de guerriers sur qui les chefs n’ont plus d’autorité. Loin de songer à vaincre, c’est à qui se fera jour pour abandonner plus vite la bataille. On les chasse jusqu’à la rivière où la foule s’encombre : les uns parviennent à la franchir, les autres tombent et sont écrasés par ceux qui les suivent ; le plus grand nombre à genoux demande grâce. Trente mille demeurent captifs. De leurs chariots, de leurs tentes, de leurs armes, de leurs boucliers brisés, fracassés, on en fait un trophée énorme, au milieu même de la plaine fumante de carnage. Au-dessus de cet étrange monument on plante la bannière royale sur laquelle se dessine le coursier blanc des Saxons, non en repos, mais dans toute l’ardeur d’une course précipitée ; et comme la lune éclaire la bannière, comme les vents l’agitent, le coursier blanc semble galoper vers le ciel.

XXII.

Peu de jours après, la plaine était rentrée dans son silence ; à peine était-il troublé par quelques loups qui, pour achever l’ouvrage des hommes, venaient dévorer les cadavres de tant de soldats oubliés, et cependant tous morts en songeant qu’ils laissaient un nom immortel. Un seul, en expirant, l’infortuné Sardick, n’avait rêvé qu’à sa fiancée.


  1. À leur arrivée en Angleterre, les Saxons étaient idolâtres ; le christianisme ne pénétra chez eux que cent cinquante ans après. Il ne put s’y établir ; il disparut même tout-à-fait. Plus tard, quand il revint, ses progrès furent timides. Pendant un siècle et plus il y eut un grand mélange d’idolâtres et de chrétiens.