Histoire et description naturelle de la commune de Meudon/Chapitre VII

CHAPITRE VII.

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MÉTÉOROLOGIE.
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VII.


Météorologie, Maladies et Phénomènes divers.
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L’air passe pour être très pur à Meudon ; je crois même qu’il est trop vif pour les poitrines délicates : il ne serait donc pas prudent d’y envoyer les phtisiques ; celui de Bellevue a, je crois, un inconvénient de plus, celui d’être trop humide et par conséquent ne doit pas convenir aux personnes scrofuleuses. Pour peu qu’il pleuve dès les premiers jours de l’automne, le soleil, ne frappant plus que très obliquement l’ancien parc de Bellevue incliné vers le nord-est, a bien de la peine à dissiper les vapeurs condensées qui, soir et matin, forment de longues traînées blanchâtres à la surface d’un sol frais de sa nature. L’air qu’on respire dans la forêt et même dans son voisinage, est inappréciable ; à une pureté extrême il joint les parfums émanant des arbres et des fleurs. Cependant celui des bois qui environnent les Bruyères de Sèvres et même Bellevue, reçoit aujourd’hui une grave atteinte, depuis qu’on a laissé établir sur ce point un dangereux établissement de poudre fulminante qui saute presque tous les ans ; on ne respire plus dans la promenade la plus agréable de Bellevue, qu’une odeur éthérée, provenant de la dessication des fulminates par l’alcool. Ce gaz est tellement subtil qu’on le reconnaît quelquefois à une distance considérable dans la forêt où, plus d’une fois, j’ai été tenté de l’attribuer aux arbres situés près de moi.

Le choléra morbus n’a presque pas fait de ravages à Meudon.

Par suite de la position élevée du plateau de Meudon et des arbres de haute futaie qui le garnissent d’une myriade de pointes, les orages sont souvent attirés sur la forêt, s’y groupent, s’y engendrent même pour aller fondre en masse et éclater sur Paris. Tout récemment, celui du 18 juillet 1841 s’est converti en trombe à Bellevue ; je l’ai vu briser dans le hameau de la ferme, un magnifique chêne qui avait résisté jusque là à tous les ouragans.

C’est le cas de rapporter ici que, plusieurs jours auparavant, signalés aussi par une grande perturbation de l’atmosphère, on ressentit à Meudon, dans la nuit du 4 au 5, vers 11 heures du soir, une secousse de tremblement de terre ; elle fut surtout sensible aux Montalets où des personnes qui étaient couchées crurent que l’on voulait entrer violemment chez elles.

L’intérêt que l’on porte aujourd’hui à tout ce qui concerne les étoiles filantes, les bolides, comme on est convenu de les appeler maintenant, me fait un devoir de consigner ici que j’ai été singulièrement frappé de la dimension et de l’éclat d’un de ces météores. Quoique je fusse alors très jeune, ce qui m’empêche malheureusement de préciser l’époque, je n’oublierai jamais qu’une masse de feu de la dimension du disque de la lune m’a semblé, dans une belle soirée d’automne, s’être abattue au milieu du bois de Fleury. Etait-ce un aréolithe ?

La construction du viaduc de Fleury a donné lieu à un phénomène géologique assez remarquable pour qu’en terminant cet ouvrage j’entre dans quelques détails à ce sujet : Un beau matin, on vit avec une surprise extrême, un mouvement extraordinaire se passer dans un sol qui n’avait jamais été remué ; des maisons s’élevèrent de plusieurs pieds et tout d’une masse sans se démolir ; le pavé du chemin vicinal subit aussi un exhaussement ; des murs se déplacèrent en se crevassant. A coup sûr, on ne pourra contester aux partisans de la théorie des soulèvements, qu’il n’y en ait eu là un véritable, déterminé par la pression énorme que la culée du viaduc fait en terres rapportées venait d’exercer sur le sol argileux formant la base des parties soulevées et détrempé par des pluies abondantes. Plus tard, quelque chose d’analogue s’est présenté comme on sait, près de Ris, sur la ligne du chemin de fer de Paris à Corbeil, mais là il n’y eut qu’un simple glissement de terrain sur une échelle assez grande cependant pour que les vignobles et les arbres qui se trouvaient au dessus n’aient pas été dérangés de leur position respective.






FIN.