Histoire du moyen âge (395-1270, pour la classe de troisième), par André Grégoire et Henri Gaillard (Dupont-Ferrier)

Histoire du moyen âge (395-1270, pour la classe de troisième), par André Grégoire et Henri Gaillard (Dupont-Ferrier)
Bibliothèque de l’École des chartestome 56 (p. 364-365).
Histoire du moyen âge (395-1270, pour la classe de troisième), par A. Grégoire… et H. Gaillard. Paris, Delagrave, 1895. In-8o, IV-628 pages.


Voilà, depuis quatre ans, — sans parler des Lectures historiques pour la classe de troisième de M. Ch.-V. Langlois (Paris, Hachette, 1890), — le second manuel classique pour l’histoire du moyen âge auquel aient collaboré nos confrères. Pourtant, après l’Histoire de l’Europe et en particulier de la France, de 395 à 1270, rédigée par C. Bémont et G. Monod (Paris, Alcan, 1891), et qui s’adressait surtout aux étudiants, le livre de MM. Grégoire et Gaillard ne fait pas double emploi : il s’adresse surtout aux écoliers. Il ne prétend pas à l’érudition ; il est simple, clair, intéressant, assez bref, malgré ses 628 pages, car les caractères typographiques ne sont pas trop serrés et ne fatiguent pas les yeux. Il est généralement bien au courant des derniers travaux : par exemple, il se garde de dire (p. 56) que la bataille des Champs Catalauniques se livra près de Châlons-sur-Marne, ou bien (p. 95) que le traité d’Andelot fut une victoire des grands sur la royauté ; il signale ce qu’il y a de légendaire dans le rôle souvent prêté à Pierre l’Ermite (p. 382), et de conventionnel dans le chiffre des croisades (p. 394), etc. — Malgré tout, M. Grégoire, qui a rédigé les dix-sept premiers chapitres, écrit encore (p. 94), sur la foi des Gesta (ch. 35), que Frédégonde et Landéric auraient laissé surprendre « le secret de leurs intrigues coupables, » le matin même du jour où Chilpéric fut assassiné : ce récit est depuis longtemps relégué au nombre des fables (cf. Richter, Annalen des fränkischen Reichs im Zeitalter der Merovinger. Halle, 1873). Il croit aussi (p. 215-216) que la bataille de Poitiers fut décisive, bien que M. Mercier, au tome VII de la Revue historique, ait fait justice de cette erreur et montré la véritable cause de la retraite des Arabes. Enfin, dans le chapitre qu’il consacre aux Communes (p. 480-502), peut-être M. Gaillard ne tient-il pas assez de compte des travaux de M. Luchaire et ne montre-t-il pas suffisamment comment la Commune, pour se défendre contre la Féodalité, se constitua personne féodale elle-même.

Mais ce sont là des imperfections qu’il serait aisé, ainsi que quelques autres[1], de faire disparaître dans une seconde édition : nous la souhaitons prochaine aux auteurs.


G. D. F.


  1. Notamment dans le § 12, p. 61-62 : Gouvernement de Théodoric.