Histoire du Privilége de Saint Romain/Liste des prisonniers/Seizième siècle


SEIZIÈME SIÈCLE.


1501. Philippe De Martainville, écuyer, de la paroisse de Soumont, près Falaise, âgé de 18 ans.

Thomas De Martainville, son frère.

Jean De Boissey.

Jean Destin.

Damp Nicolas De Garsalle, religieux dans l’abbaye de Saint-Pierre-sur-Dives.

Me. Pierre De Garsalle.

Jean Levavasseur.

Thomas Legendre.

La femme de Thomas Legendre.

Pierre Le Méry, prêtre.

Guillaume Le Méry, prêtre.

Gouyart Barbier.

Richard Le Prévost.

Michaut Le Prévost.

Girot Billeheu.

Lambert Bardel.


    Jean De Boissey, ami de Philippe et de Thomas De Martainville, désirait épouser Marie De Martainville, leur cousine. La mère de cette dernière aurait consenti à ce mariage ; mais le père s’y refusait absolument. Dans un souper que firent les trois amis, à Saint-Pierre-sur-Dives, dans l’abbaye, avec les sieurs De Garsalle et d’autres jeunes gens, Boissey parla de ses désirs. Alors Damp Nicolle De Garsalle, religieux de l’abbaye de Saint-Pierre-sur-Dives, dit aux sieurs De Martainville frères : « Il ne tendra que à vous se monsieur De Boyssey n’a vostre cousine Marie en mariage. » On lui dit de s’expliquer ; il parla, fut applaudi ; et, dans une abbaye, fut ourdi le complot d’un enlèvement qui fut exécuté le lendemain au soir. Les deux frères, ayant réuni dix ou douze personnes de résolution, ils se rendirent tous ensemble à Boissey, et entrèrent armés dans le manoir qu’habitait Marie De Martainville. Philippe De Martainville, seul, resta à faire le guet sur le pont du château. Bientôt survinrent ses compagnons, emmenant Marie De Martainville. On se rendit à la Caulde, où le sieur De Boissey et Marie De Martainville furent fiancés ; le lendemain, on alla à Cambremer, où le sieur De Boissey « espousa sa fiancée, sans bans. »
    Les sieurs De Martainville, reconnaissans envers le chapitre, lui léguèrent une magnifique turquoise valant cinquante écus d’or, enchâssée en or, pour orner la fierte de Saint-Romain. Cette turquoise fut remise, le 16 juin 1509, au chapitre, qui la fit immédiatement attacher à la châsse du saint.


1502. Marquet Dubosc, de la paroisse de Ratiéville près Clères, âgé de 30 ans.
    Après avoir bu à la taverne du Cauderon, près l’église Saint-Michel, à Rouen, il alla jouer aux dés près de la porte Beauvoisine. Là il gagna quelques gros de Milan (grossos mediolanenses) à un nommé Chouquet, qui, outré de colère, lui donna un coup de poignard à la lèvre. Chouquet avait là beaucoup d’amis, et Dubosc ne put se venger, pour l’heure. Mais le lendemain, qui était un dimanche, il alla, comme pour se promener, à Saint-Georges, accompagné de son frère et de sept ou huit de leurs amis. En revenant le soir, ils rencontrèrent, dans le bois, Chouquet accompagné de quelques camarades. En ce moment, ils se bornèrent à s’injurier, à échanger quelques menaces. Mais plus tard, les deux bandes s’étant retrouvées à Croisset, les épées et les dagues furent tirées de part et d’autre. Marquet Dubosc, atteint d’un coup d’épée dans la cuisse, frappa et tua celui qui l’avait blessé ; son frère alla gagner franchise dans l’église de Saint-Vivien de Rouen ; pour lui, il fut arrêté.
    Étant au service, en Irlande, il avait tué, par mégarde, avec son arbalète, un capitaine irlandais.
    Marquet Dubosc obtint la fierte. Son frère vint, le lendemain de l’Ascension, se présenter au chapitre, qui déclara l’élection commune aux deux frères et à leurs complices.
    Les amis de Chouquet, qui, lors du conflit de Croisset, avaient tué des compagnons de Marquet Dubosc, étaient allés, immédiatement après ce meurtre, gagner franchise dans l’église du Mont-aux-Malades, près de Rouen. Après l’Ascension, ils firent présenter requête au chapitre, pour être nommés dans la pancarte de délivrance accordée à Marquet Dubose. Le chapitre, considérant que les requérans étaient plutôt les adversaires du prisonnier délivré, que ses complices, résolut de ne rien innover, et décida que, conformément à
l’usage, on mettrait dans la pancarte : « et ses complices » en général ; sauf aux magistrats, s’ils regardaient les requérans comme complices, à les laisser jouir du privilége de saint Romain.


1503. Berthelot Lavayne, de Parçay, diocèse du Mans, mercier-porte-balle.
    Vers le commencement du carême, revenant de la foire de Dinan, il fut assailli, dans la forêt de Saint-Aubin, par des brigands qui lui volèrent ses marchandises. Réduit par là à une extrême misère, il commit plusieurs vols au Pont-d’Ouilly, à Villers-Bocage, et, arrêté enfin, fut condamné à être pendu.


1504. Nicolas Raoullet, de Marest-Dampcourt près Chauny, diocèse de Noyon, soldat.
    Comme il allait, à pied, de Louviers à Dieppe, arrivé à Varneville, il pria des chasse-marées de le laisser monter sur un de leurs chevaux qui n’était point chargé. Sur leur refus, il eut une dispute avec eux, et, ayant reçu des coups de fouet, il tira son épée et tua l’un de ces chasse-marées.


1505. Jehan De Brébeuf, du diocèse de Coutances.

Pierre De Brébeuf, son frère.

    Étant allés voir ensemble un héritage qu’ils avaient acheté dans le bailliage de Caen, un nommé Hébert, voisin de cette propriété, vint leur dire : « Vous avez achepté cest héritage ; mais, par le sang Dieu ! vous n’en jouyréz de vostre vye. » De là une dispute entre eux, puis une batterie, dans laquelle Hébert fut tué d’un coup d’épée.


1506. Gillette De La Chapelle, née à Falaise, servante à La Fleu près Séez.
    Étant accouchée clandestinement, un dimanche, elle étouffa son enfant, puis se rendit à la messe paroissiale, afin
de détourner tout soupçon. Mais, pendant son absence, la dame qu’elle servait monta à sa chambre et trouva dans le lit l’enfant étouffé. Gillette de la Chapelle fut arrêtée et conduite à Falaise, où elle fut condamnée à être brûlée vive.


1507. Henri Eudet, dit Lansterlin, né à Dieppe, âgé de 60 ans, marin.
    Il avait commis une multitude de pirateries.
    En 1505, étant en mer, avec plusieurs de ses camarades, sur le navire La Marie-Gallant, ils avaient attaqué un navire d’Autriche, avaient tué une partie de l’équipage, et s’étaient emparés des marchandises. Sur la plainte de l’archiduc, deux des camarades de Henri Eudet avaient été pendus à Rouen. Pour lui, condamné à mort, comme eux, son habileté reconnue dans la profession de marin fut cause que le roi donna l’ordre de ne le point exécuter.
    Dans sa jeunesse, jaloux d’un mousse dont on lui citait la conduite pour exemple, il avait pointé une couleuvrine contre lui, et l’avait tué.
    Il avait pris part à un grand nombre de meurtres commis sur mer.
    Il se disait clerc tonsuré, et se plaignait fort des juges de l’échiquier, qui prétendaient que, par ses pirateries, il avait encouru la déchéance du privilége de cléricature.
    Jacques Hache, son complice, fut délivré aussi.


1508. Guillaume De Martinboz, né à Lyons-la-Forêt, âgé de 27 ans, soldat.
    Des difficultés avaient eu lieu entre ses parens et un nommé Jehan Le Boullenger, relativement à un pré ; le père, la mère et les sœurs de Martinboz avaient été maltraités et frappés. Lui et ses frères en voulaient beaucoup à Le Boullenger. Un jour, Guillaume De Martinboz entend dire que son frère aîné est aux prises avec leur ennemi commun, et que les
épées sont tirées du fourreau. Il y vole, suivi de quelques amis, et armé d’une couleuvrine, dont il frappe si violemment le neveu de Le Boullenger, que l’arme se détache de son manche. Aussi-tôt, il dégaine son épée, et en donne plusieurs coups à Le Boullenger ; ce dernier s’enfuit, mais Martinboz s’acharne à sa poursuite, lui donne plusieurs coups, lui coupe une jambe, et, le voyant terrassé, lui porte encore deux ou trois coups qui l’achèvent. — Après ce meurtre, il se rendit à l’armée de Naples, où il perdit ses deux frères. Bientôt, s’étant mis à rôder par le pays avec quarante de ses camarades, et se trouvant sans ressource, ils vivaient à discrétion. Un hôte qu’ils n’avaient pas payé les dénonça à une bande de gascons qui se mit à leur poursuite. Ils se battirent. Martinboz tua un de ces gascons d’un coup de pique à la gorge.


1509. Thomasse Hanyas, de Saint-Wast-sous-Esquiqueville.
    Elle avait volé, dans le Pré-de-la-Bataille-lez-Rouen, six aunes de toile. Une autre fois, elle avait volé un corset dans une boutique.
    Elle avait commis beaucoup d’autres larcins, pour lesquels elle avait été fouettée par les rues de Rouen, en vertu de trois ou quatre condamnations successives. A la joyeuse entrée de François Ier. à Rouen, elle avait obtenu remise d’une huitième ou neuvième condamnation.
    Une autre fois, et à raison d’un autre vol, elle obtint sa grâce, par l’effet de la joyeuse entrée de la reine.
    Elle avait volé, dans la cour de l’Albane, une tunique appartenant à un chapelain.
    Elle avait été complice d’un meurtre commis près de Saint-Wast, par son mari.
    Condamnée par l’échiquier de Rouen à la peine de mort, son exécution avait été suspendue, vu son état de grossesse.


1510. Robert Hamelin, âgé de 25 ans, né à Saint-Denis-le-Thiboult près de Ry.
    Il était apprenti tondeur de draps chez un nommé Rose, à Saint-Denis-le-Thiboult ; il était marié, et avait une jolie femme qui passait pour avoir des privautés avec Rose, maître de son mari. La femme de ce dernier accusait Hamelin d’une honteuse connivence aux désordres de sa femme, et ne cessait de lui en adresser des reproches. Un jour, fatigué de ces plaintes continuelles, et d’ailleurs pris de vin, il mit le feu, avec un tison, à la maison du sieur Rose, son maître ; cette maison et une autre contiguë furent brûlées.
    Il fut arrêté à Vacœuil, et condamné par le bailli de Ry à être pendu, et à avoir préalablement la main droite coupée. Cette sentence fut confirmée par le bailli de Longueville. Hamelin en appela à l’échiquier de Rouen, et fut amené à la conciergerie. Il allait être jugé, lorsqu’il cbtint la fierte.


1511. Jehan Canu, de la paroisse de Gaillarbois près les Andelys, âgé de 22 ans.

Thomas, du Mesnil-Jourdain.

Le sieur De Rosay, de la suite de M. d’Etouteville.

Jonathas Canu, laquais de M. De Brézé, grand-sénéchal.

Jehan Canu, enfant.

Charles Duvergier, bâtard, valet de l’abbé de Fécamp.

Noël Le Petit.

Gauvet.

Antoine Loiset, verdier à Lyons-la-Forêt.

Antoine Taillefer.

    Ils avaient eu précédemment une querelle à Rouen, pour une fille publique, avec un sergent royal nommé Le Monnier,
et les nommés Robert Langlois et Pierre Martinet ; ils nourrissaient, contre ces derniers, des projets de vengeance. Bientôt avertis qu’ils étaient à Rouen, ils s’y rendirent avec la résolution de leur faire un mauvais parti. Ils allèrent souper dans une taverne, sur l’Eau-de-Robec, à l’enseigne de la Barge, où ils savaient que Le Monnier venait souvent. En effet, ce dernier y survint bientôt avec quelques amis, et se mit dans un cabinet contigu de celui où étaient Jehan Canu et les siens. Du vin ayant été apporté à Le Monnier, un de ses amis s’écria à haute voix : « Sang Dieu ! nous baillés-vous vin à laqués ? » A ce mot, Jehan Canu et les siens, qui étaient des laquais, sortirent furieux du cabinet où ils buvaient avec des filles, et se ruèrent, l’épée à la main, sur Le Monnier et ses camarades ; Le Monnier fut tué par Jehan Canu, et tous ses camarades furent blessés ; Canu et les siens s’enfuirent sains et saufs ; Canu alla gagner franchise dans l’église de Bourg-Achard.


1512. Fleury Pennel, de la paroisse de Montchaton, diocèse de Coutances.
    Il avait violé trois filles, et avait, en outre, commis nombre de larcins, de complicité avec un nommé Pierre Chevalier ; il avait volé des bêtes à laine, des boisseaux de blé, des queues-de-vin, du linge, de l’argent.
    Outre Chevalier, il avait pour complices les nommés Etienne Langlois, Martin Le Vicomte, et Jehan Yver, tous de Montchaton.


1513. Jacques De Folleville (noble homme), de la paroisse de Brionne, âgé de 24 ans.
    Guillaume De Folleville, son oncle, de la paroisse de Franqueville, plaidait depuis long-tems contre lui et contre ses cinq frères et sœurs, qu’il avait entrepris de dépouiller ou de ruiner par ses chicanes. Jacques De Folleville lui avait offert
quinze livres tournois de rente viagère, pour qu’il les laissât désormais en repos. Cette offre avait été rejetée, et Guillaume De Folleville lui avait répondu qu’avant de cesser ses procédures, il saurait bien avoir le meilleur des héritages de lui et de ses frères et sœurs. Ces procès ruinaient Jacques De Folleville et les siens. Un soir, entre neuf et dix heures, il se présenta, sans armes, chez son oncle, et le pressa d’accepter la proposition qu’il lui avait précédemment faite. Celui-ci lui répondit avec humeur qu’il fallait que lui et ses frères et sœurs lui abandonnassent, en pleine propriété, des immeubles qu’il désigna, et qui formaient la meilleure part de leur héritage ; sans quoi il plaiderait toujours. Cette réponse exaspéra Jacques De Folleville, qui « obéissant à l’instigation du malin esprit », se saisit d’une houe qu’il trouva là, en frappa son oncle qu’il terrassa, et lui en donna encore deux coups qui l’achevèrent. Alors, il enveloppa le cadavre dans un linceul, et, au moyen d’une corde, le descendit dans une marnière.


1514. Guillaume Painsec, de la paroisse de Aupenays (aujourd’hui Bourg-Beaudouin), diocèse de Rouen.
    Lui et son fils avaient, dans le bois de Radepont, un atelier pour la préparation du charbon. Les deux frères Maudestour ayant voulu, un jour, y travailler malgré eux, ils leur firent des représentations.
    Mais les Maudestour répondirent que, soit qu’on le voulût ou non, ils continueraient de travailler. Guillaume Painsec crut les intimider par une clameur de haro ; mais ils n’en tinrent aucun compte. De là une querelle qui dégénéra en voies de fait. Dans ce conflit, Robert Painsec fils tua un des Maudestour, d’un coup de bâton à la tête.


1515. Nicolas Dusault, de la paroisse de Beaumont-le-Roger, diocèse d’Evreux.
    Ïl avait fabriqué de fausses oboles, de faux gros milanois,
des écus d’or ; de plus, il avait été convaincu, en jugement, d’avoir blasphémé Dieu et ses saints. Les juges d’Évreux l’avaient condamné à être pendu après avoir eu l’oreille coupée par le bourreau.


1516. Nicolas De La Rue, écuyer, âgé de 25 ans, de l’île de Guernesey.
    Ayant surpris sa sœur, femme mariée, en adultère avec le fils du commandant de l’île de Guernesey, il les tua tous les deux, d’un même coup d’épée. Le commandant, voulant le faire arrêter, mit cent vingt hommes sur pied. De son côté, Delarue, qui avait un vaisseau, fit armer tous les hommes de son équipage, pour sa défense. Un combat eut lieu, dans lequel les soldats du commandant furent mis en déroute ; Delarue en tua deux de sa main. — Depuis, réfugié à Surville-sur-Mer, en Normandie, il devint éperdûment amoureux de la fille du seigneur de Commare ; il alla, accompagné de cent vingt-cinq hommes armés, l’enlever dans le château de Commare, malgré son père, et vécut avec elle pendant quelque tems, sous promesse de mariage ; il lui avait donné 20,000 liv., prises par lui sur les Anglais ; c’était tout ce qu’il possédait.
    Après la conclusion de la paix entre la France et l’Angleterre, il captura un vaisseau anglais, et fut condamné, à raison de ce fait, à deux ans de bannissement. Lorsqu’après avoir subi sa peine il revint à Harfleur, il n’y trouva plus la demoiselle De Commare. Elle était allée rejoindre ses parens, et avait emporté les 20,000 liv. de son amant. Delarue ne craignit pas d’aller au château du père, demander à la demoiselle ce qu’elle avait fait de son argent ; elle lui remit dix écus, en lui disant qu’ils compteraient ensemble pour le reste. Delarue se répandit en injures et en menaces, et resta à Commare, pour les exécuter ; plusieurs gentilshommes, parens et amis de la demoiselle De Commare, avertis de ses desseins, s’efforcèrent de l’arrêter dans un marché ; mais,
aidé de quelques mauvais sujets qui l’accompagnaient, il résista vigoureusement et blessa plusieurs de ses adversaires. Cependant, deux jours après, il fut arrêté ; on instruisit contre lui un procès criminel pour rapt, et il fut condamné à mort par l’échiquier de Rouen.
    Il avait tué, à Harfleur, un individu qui insultait la maitresse d’un de ses camarades.
    A Janval, près Arques, il avait tué, d’un coup de rapière, un nommé Bonnetot, qui maltraitait un de ses camarades.
    Il avait donné un coup de poignard à un officier de l’amiral, dans une querelle pour une femme qu’ils fréquentaient tous les deux.
    Noms des complices de Delarue.
    1°. Dans le combat de l’île de Guernesey : Guillaume Roger ; Colin Corbin ; Thomas Breton ; Jehan Regnault ; Pierre Aubert ; Thomas Simon ; Nicolas Cloet ; Nicolas Pallièvre ; Nicolas Allays ; Hilaire Vidamours ; Lubin Nicole ; Nicolas Bély ; Nicolas Duval.
    2°. A Janval, près Arques : Jacques Malo ; Nicolas De Bruges, et Guillemet Ricques.
    3°. Lors de la capture du navire anglais : Jean Pierre ; Jean Hutin ; Antoine Le Prouvenceau ; Tabourin ; Simonet et Michel, l’un et l’autre de Honfleur ; Georges, de Prouvence ; Antoine, de Picardie ; Jehan Patris.
    Il avait eu bien d’autres complices ; mais sa mémoire ne lui permit pas de les désigner.


1517. Jehanne, fille de Colin Julien, de la paroisse de Montfort-sur-Risle, âgée de 22 ans.
    A l’age de vingt ans, étant servante chez un bourgeois de la paroisse de Saint-Gervais-lez-Rouen, elle fut séduite par un jeune homme qui lui promit de l’épouser, et qui bientôt l’abandonna. Grosse de ses œuvres, elle accoucha clandestinement, et « à l’instigation du diable », suadente diabolo,
elle étouffa son enfant, qui mourut sans baptême. Elle alla enfouir le corps dans une étable à vaches.


1518. Pierre Jouyse, de la paroisse de Saint-Laurent de Rouen, vitrier.
    Revenant d’un jeu de paume, avec ses frères et ses amis, il trouva son neveu, enfant de douze ans, assailli par dix ou douze enfans qui le maltraitaient, lui tiraient les cheveux, et l’accablaient de coups. Il délivra son neveu, en lui donnant, toutefois, un soufflet pour le punir de s’être battu. Mais les parens de quelques uns des enfans qu’il venait de châtier, se mirent à la poursuite de Jouyse et de ses frères, l’épée à la main, et les blessèrent tous trois fort grièvement. Outré, Pierre Jouyse tira son couteau de sa ceinture, et perça un de ces individus, qui mourut sur l’heure. Ce fait arriva près de Saint-Cande-le-Vieux.


1519. Guillaume Morel, de la paroisse de Gourfaleur, diocèse de Coutances.
    Lui et sa famille, revenant du pélerinage de Saint-Sébastien de Rohart (ou de Raids), ils burent du cidre dans une auberge de la paroisse de Saint-Gilles en Cotentin, et Morel s’enivra. Dans l’ivresse, il tua, d’un coup de bâton, le nommé Bastard, qui était de sa compagnie.


1520. Germain Rou, de la paroisse de Marcilly-la-Campagne, diocèse d’Evreux, tisserand, âgé de 30 ans.
    De complicité avec un prêtre de Marcilly, il avait jeté dans une marnière un enfant nouveau-né, fruit d’un commerce criminel que ce prêtre avait eu avec une jeune personne, sa filleule. Deux jours après, des passans entendirent les cris de l’enfant, l’ôtèrent de la poche dans laquelle on l’avait mis, en eurent soin, et lui sauvèrent la vie. Le prêtre coupable s’enfuit à Rome. Germain Rou avait été condamné par les juges de
Nonancourt à être pendu, après avoir eu la main coupée. Le prêtre lui avait donné deux gros de Milan « duos grossos mediolanenses », pour l’engager à l’assister lors de ce crime.


1521. Robert Robert, sergent royal à Rouen, âgé de 28 ans, demeurant près de Saint-Martin-du-Pont.
    Son crime était bien récent. La veille de l’Ascension, après avoir joué à la paume et au boute-hors, dans un tripot, sur le port, avec le maître et plusieurs membres de la confrérie de Saint-Ouen, il alla boire avec eux, dans une taverne du Vieux-Marché. Là, ils furent injuriés par des marchands de Dieppe qui avaient joué avec eux, au tripot, et avaient eu le dessous.
    Un de ces marchands ayant traité Robert de bedeau, ce dernier prit son verdun (bâton) et en frappa à la jambe le nommé D’Entremont, qui, de son côté, le frappa de son estoc. Mais un second coup de verdun, que Robert donna à D’Entremont, l’étendit mort.


1522. Guillaume De Maistreville, âgé de 22 ans, de la paroisse d’Etrépagny.
    Ayant violé une femme à Etrépagny, et poursuivi par la justice, à raison de ce crime, il ne marcha plus qu’accompagné d’hommes armés, dits adventuriers.
    Peu de tems après, Jacques Aubert, lieutenant du bailli de Rouen, étant venu à Etrépagny, en vertu d’un ordre du roi, acheter des blés pour le besoin de la ville de Rouen, De Maistreville et ses amis soulevèrent le peuple contre lui. Eux et tous les mauvais sujets de l’endroit le poursuivirent, à main armée, en poussant des vociférations, et le menaçant de leurs armes. De Maistreville leva son poignard sur lui, en lui disant : « Qui me vouldroit croyre, jamaiz vous ne retourneriez à Rouen. » Gosset, un des compagnons de Maistreville, tira contre ce lieutenant une flèche qui faillit le tuer. Les lieutenans
du bailli et du vicomte d’Etrépagny avaient été suspendus de leurs charges, à cause de leur inertie lors de cette sédition.
    Voici les noms de quelques uns de ses complices :

Louis Corbet.

Guillaume Gosset.

Philippe Boniface.

Martin Laroce.

Jehan Tyroult.

Jehan Breton.

Etienne Duroys.

Michel Ponetou.

Jehan Mossadet.

Pierre Nazet.


    Mais toute la populace d’Etrépagny avait trempé dans cette sédition.
    Le chapitre eut du mal à obtenir du parlement que les lieutenans du bailli et du vicomte fussent autorisés à reprendre l’exercice de leurs fonctions. Il fit présenter deux galons de vin à M. De Mallemains, conseiller en cette cour, qui avait appuyé ses démarches.


1523. Jehan Le Landoys (noble homme), sieur d’Hérouville près Caen.
    Pour homicide. Ni les registres du chapitre, ni ceux du parlement ne donnent de détails sur son crime.


1524. Estienne Le Monnier (noble homme), écuyer, sieur du Mesnil, âgé de 28 ans, demeurant à Escos près Falaise, diocèse dé Séez.
    Antoine De La Morissière, sieur de la Carbonnet, avait insulté et frappé la damoiselle D’Ailly, qui, en cette occasion,
ayant eu cinq côtes rompues, mourut, peu de mois après, de ses blessures. Le Monnier, parent de cette dame, résolut de venger sa mort. Il obtint un décret de prise de corps, que le prévôt des maréchaux fut chargé d’exécuter. Lui et une cinquantaine de gentilshommes armés accompagnèrent le prévôt qui allait arrêter La Morissière, dans une maison où le dict La Morissière estoit lors couché avec une femme mariée, autre que la sienne. Il était minuit ; ils appelèrent La Morissière, qui ne répondit pas. Alors, Le Monnier ayant mis le feu aux quatre coins de la couverture de la maison, La Morissière cria qu’il se rendait à justice. Mais, comme il se cuydoit rendre, Le Monnier le frappa d’une javeline de barde par la poiteryne. Le sieur De Saint-Christophle, fils de la dame D’Ailly, et le sieur De Beauchesne le frappèrent aussi de leurs bastons, et le navrèrent tellement, qu’il tomba à terre comme mort. Mais Le Monnier, voyant qu’il mouvoyt encores ung peu la teste, le frappa de rechief d’ung pougnart, du quel coup mourut à l’eure. Colas Du Chesnay et le bâtard De Beauvais furent pendus pour ce crime. Le Monnier, après avoir composé avec la famille du sieur De La Morissière, par le prix de 1,200 liv., ne pouvant obtenir sa grâce du roi, recourut au privilége de saint Romain.
    La confession de ce prisonnier est la première qui ait été rédigée en français. Jusqu’alors, elles l’avaient toujours été en latin.


    Complices :

Les sieurs De Saint-christophle.

Jehan De Mailloc, écuyer, sieur de la Grue.

Guillaume Ballargent, sieur de Saint-Benyn.

Patris, sieur de Beauchesne.

Patris, sieur de Grayes.

Arthur Duchesnay, écuyer.

Le sieur De Cantepie.

Jehan De Mailloc.

Le batard De La Grue.

Le batard d’Ailly.

Alain De Tommyères.

Guillaume De Héretot.

Jehan Hurel.

Jehan Auvray.

Gervais Le Tenneur.

Guillaume Guymont et autres.

Pierre (laquais).


1525. Nicolas Courtil, barbier, né à Dijon, demeurant sur la paroisse de Saint-Jean, à Rouen.
    Apprenti chez un maître barbier, près la boucherie de Saint-Ouen, un boucher nommé Clément lui dit des injures parce qu’il lui avait coupé les cheveux trop courts, et le menaça de le souffleter quand il le rencontrerait. Dès le lendemain, ce boucher l’ayant rencontré le soir près de la fontaine de la boucherie, lui donna un coup sur la tête, « et s’enfouyt aussi tost dedans le cymitiere de Sainct-Ouën. Courtil l’y poursuivit, tyra ses chyseaulx de sa gibechière, et frappa icelluy Clément ung coup par la gorge, du quel coup tantost il mourust. »


1526. Gilles Baignart, écuyer, sieur de Juéz, diocèse de Lisieux, âgé de 24 ans.
    Il avait servi le roi, parmy les advanturiers, tant au pays de Picardie que par de là les monts et aillieurs. (Voir l’histoire.)


1527. Damoiselle Tassine Bellain, veuve de Robert De Tallus, demeurant en la paroisse de Lillebonne, née à Allouville, âgée de 19 ans, nièce de Me. Bellain, official de Coutances.
    Avant son mariage, elle avait été séduite par maître Pierre Bloc, clerc, demeurant à Allouville, qui luy monstroit à luyre, à escripre, et à jouer du manicordion. Après son mariage, leurs relations criminelles continuèrent ; et, enfin, l’amant adultère assassina le mari, pendant une absence de la femme, qui fut accusée de complicité, et condamnée, par les officiers de Harcourt, à avoir la tête tranchée.
    Maître Bloc avait placé sa sœur en qualité de chambrière chez la dame De Tallus ; cette chambrière, nommée Collette, favorisa les amours adultères de son frère et de sa maîtresse, et fut complice de l’assassinat du sieur De Tallus, son maître.


1528. Jehan Auvray, écuyer, sieur de la Poterie, âgé de 31 ans, demeurant en la paroisse de la Poterie, près Harfleur, servant dans la gendarmerie.
    1°. Il avait tué, de cinq ou six coups d’épée, Martin Davy, qui estoit à genoulx devant luy et luy crioit mercy ; il prétendait que Davy lui avait volé une malle.
    2°. Étant à Sainte-Marie-au-Bosc, près la Poterie, il avait tué, de quatre ou cinq coups d’épée, un nommé Ducrocq, qui lui avait donné (disait-il) un coup d’épieu.
    3°. Il avait tué, de deux coups d’arbalète, le bâtard De Montad, d’Auvergne ; et un de ses domestiques avait, par son ordre, tué le valet de ce gentilhomme.
    4°. Sachant que le sieur De La Rougemaison avait mal parlé de lui, il estoit allé, de nuyt, accompaigné de son frère bastard et de Pierre Aubery, assaillir le sieur De La Rougemaison ; il avait forcé les portes de sa demeure ; et son frère bâtard avait
frappé ce gentilhomme d’une javelyne, par la cuysse, à playe et sang.
    5°. A Saint-Clair-sur-Étretat, il avait frappé, à playe et sang deux mariniers.
    6°. Accompagné de cinq ou six autres, armez d’arbalestres et de bastons, il était allé assaillir la maison d’un nommé Aubery Rogeron. Un de ses compagnons, apercevant Rogeron par un trou de la maison, lascha son arbalestre, et frappa le dict Rogeron par le bras.


1529. Gobert De Brucy, né à Reims en Champagne, âgé de 32 ans.
    Il était allé se fixer en Portugal, d’où il apporta à Rouen de la Marchandise, tant d’espicerye que des orenges. Étant dans cette ville, il alla souper, avec le maistre de son navire, en la maison de une nommée la petite Jehanne, dame d’un mauvais lieu, demourant aux Camps-Mahietz ; ainsy qu’ils souppoient là, avec deux filles nommées l’une Katarine et l’autre Robine, vinrent des sergens, qui « commenchèrent à crier : Cha, p…, venez en prison. Vous estes trop dises avec ces Portugalloys. Et prindrent les dictes filles, et les menèrent en prison. Gobert De Brucy, mal content, se mit à la poursuite des sergens, avec plusieurs jeunes gens, et, à la porte de la geole, il tua un des sergens, de deux coups de courte-dague. Puis « il s’en alla au cimetière de Saint-Laurens, pour tenir franchise ; du quel lieu il sortist, à l’assurance d’un sergent qui luy jura et promit, par la foy qu’il debvoit à Dieu et au roy, qu’il le méneroit en son logis ; mais, néantmoins, le mena en prison en la Maison de pierre. »
    Sa femme, nommée Cornille, « estoyt servante de la royne de Portugal. »


    Complices :

Guillaume Delestre.

Vincent Jourdain.

Robert Hardel.

Ung laquais.

Joachin Auber.

Jehan Marguerite.

Guillaume Dupont.

Thomas Maucomble, barbier : tous jeunes compaignons.


1530. Pierre Croise, né à Erigny-en-Bray, âgé de 30 ans.
    Il avait tué un nommé Blanchemain d’un coup d’épée dans le ventre, dans une querelle qu’ils eurent pour une fille. Ceci s’était passé à Saumont-la-Poterie.
    Au Vivier-en-Bray, il avait blessé plusieurs personnes, dans une dispute. Le parlement venait de le condamner à avoir la tête tranchée.


1531. Jehan De La Boullaye, écuyer, de la paroisse de Morainville-sur-Danville, diocèse d’Evreux, âgé de 21 ans.
    Étant allé à Guichainville, où demeurait un sieur Palamyde qui lui devait de l’argent, il s’empara de la cappe de cet individu, comme d’un gage. Guillaume Le Franc, sieur de la Gatyne, oncle de Jehan De la Boullaye, lui ayant dit « que ce n’estoit honneur à luy, de despouiller ung gentilhomme », une dispute s’éleva entre l’oncle et le neveu ; l’oncle dégaina sa dague, mais, pour l’heure, il n’en arriva rien. Le lendemain, De la Boullaye et ses cousins, armés de hallebardes et d’arbalestres bandées, rencontrèrent les sieurs De la Gatyne et Palamyde ; Jehan De la Boullaye, voyant son oncle venir à lui, avec son épée, « lascha son arbalestre, et luy donna et un garrot dedens le ventre, dont il mourut le lendemain. »

Jehan Le Franc.

Jacques Le Franc, ses cousins et complices.


1532. Marie, femme de Robert Duchesne, orfèvre à Rouen, demeurant sur la paroisse de Saint-Herbland, âgée de 33 ans.
    « Son mary maintenoit (entretenait) une femme nommée Marion Passemer, avec la quelle il dissipoit et consummoit beaucoup de son bien. » Avertie, elle les épia et les surprit ensemble ; « lors elle eust plusieurs paroles rigoureuses avec icelle Marion, tellement qu’elle la menaça, si elle la trouvoit à son advantage, qu’elle luy feroit desplaisir. Quoy voyant, la dicte Marion la feist citer devant monsieur l’official de Rouen, pour luy donner trefves ; elle les luy donna ; et il luy fust faict deffense qu’elle ne luy meffist. Et, ce néantmoins, icelle femme Duchesne conçeult en son courage telle indignation contre la dicte Marion, que, de l’eure, elle proposa que si elle la povoit rencontrer à son advantage, elle luy feroit desplaisir.
    « Par plusieurs nuytz ensuyvantes, desguisée en habit d’homme, elle chercha sa rivale ; enfin, un jour, encore en habit d’homme, et accompagnée de quelques amis, ayant descouvert la retraite de cette femme, ils rompirent l’huys, entrèrent par force en la dicte maison, où ilz trouvèrent la dicte Marion couchée en son lyt ; ilz la feirent lever, et l’emmenèrent hors par les rues. Et comme Marie, femme Duchesne, marchoit devant ainsi vestue en habit d’homme, la dicte Marion ayant demandé qui estoit cest homme (cuydant que la dicte déposante fust ung homme), quoy oyant, la femme Duchesne se retourna vers la dicte Marion, et, d’une courte-dague qu’elle portoit, la frappa par la poicterine, du quel coup elle mourust le lendemain ». — La femme Duchesne se retira ès Augustins de Rouen, en franchise ; du quel lieu elle sortist nuytamment, et s’en alla au Mans, puis à Orléans où elle servit le bailli de
cette ville. Plus tard, lors de l’entrée de la reine à Paris, elle obtint, sur un faux exposé, un brevet de rémission qui ne lui profita point, les juges ayant refusé de l’entériner. Enfin, en 1532, elle obtint la fierte.


1533. Herbland Auberée, fabricant de peignes, demeurant en la paroisse de Saint-Michel de Rouen, âgé de 35 ans, clerc.
    Étant à Dieppedalle, et voulant séparer deux hommes qui se battaient, « l’un d’eux luy osta ung sang de dey[1] qu'il portoit pendu en sa chainture, et d’icelluy le voulut frapper par le costé. » Auberée, secondé par quelques amis, finit par ravoir son sang de dey, mais, « obligé de l’empougner par le taillant, il se coupa aux doys à sang : de quoi esmeu, il tua cet homme, de deux coups d’espée. Ne pouvoit le dict Auberée, user de son prévilége de cléricature, pour ce que autres foys il avoit reçeu la souldaye soubz monsieur De la Mailleraye. »


1534. Maître Pierre Letellier, clerc, avocat en cour laie, demeurant en la ville de Caudebec, âgé de 35 ans.
    Il avait épousé la fille de maître Pierre Houël, procureur du roi à Caudebec, et les deux époux demeuraient chez ce dernier, qui s’était obligé, par une clause du contrat de mariage, à les loger et nourrir pendant trois ans. Maître Pierre Houël avait deux chambrières, et vivait en concubinage avec l’une d’elles, dont il eut un enfant ; son gendre fut contraint de tenir cet enfant sur les fons de baptesme. Dans Caudebec, on
voyait de mauvais œil ce concubinage, et la connivence de Pierre Letellier et de sa femme. Les deux époux « en estoient fort scandalisez (blâmés), et n’osoient, souventes foys, fréquenter en aucunes compaignies, pour les reprouches que on leur en faisoit. » De là une grande mésintelligence entre le beau-père et le gendre. Ce dernier soupait souvent en ville, et rentrait assez tard ; plusieurs fois, le beau-père avait fait fermer sa porte, pour qu’il ne pût rentrer. Un soir qu’il avait frappé long-tems à la porte, sa femme vint lui ouvrir ; en entrant il adressa des reproches à la chambrière, qui avait fermé la porte et refusé de la lui ouvrir. Mais, au même instant, survint maître Pierre Houël « ayant seullement ses chausses, sans son pourpoinct, le quel, tenant ung baston appellé ung marcus, rua troys ou quatre coups sur son gendre, tant sur la teste que sur les bras, à playe et sang. » Outré de ces mauvais traitemens, Letellier frappa son beau — père plusieurs coups d’un sang de dey ou pougnart qu’il portoit, tellement qu’il tumba à terre ; et tantost fust porté en la salle par ses chambérières, en la quelle salle tantost aprèz décéda. »


1535. Jehan Tilleren, demeurant à Ocqueville-en-Caux, âgé de 28 ans.
    Louis De Houdetot, sous-diacre, fils de monseigneur de Houdetot, avait séduit la femme de Tilleren, ce qui avait forcé ce dernier de quitter Cleuville et d’aller demeurer à Ocqueville, à trois lieues de là, chez le sieur De Catheville, son beau-père. Louis De Houdetot vint y poursuivre la femme qu’il avait séduite, « et il y fréquentoit souventes foys, avec plusieurs mauvais garchons, tant de nuyt que de jour. » A quelque tems de là, Tilleren étant à Rouen, on vint l’avertir que Louis De Houdetot avait battu les domestiques de la dame De Catheville. « Lors, il prinst ung hallecrest (corselet de fer battu) et une arbalestre, avec ung garrot, et bailla à ung
nommé Justin, qui l’accompagnoit, unes brigandines et une hallebarde. Accompaigné de cinq ou six autres, il rencontra Louis De Houdetot dans une rue de Rouen, lascha son arbalestre, et luy transversa le dict garrot tout à travers du corps, du quel coup il mourust peu d’heures après. » Tilleren alla tenir franchise au convent des Jacobins d’Amyens.


1536. Nicolas Vynement, âgé de 26 ans, demeurant à Caudebec-en-Caux.
    Me. Jehan Gautier, greffier du vicomte de Caudebec, avait été destitué et remplacé par Me. Nicole Simon. Vynement, parent de Simon, demeurait avec lui, était son collaborateur, et signait pour lui en son absence. Gautier, greffier destitué, et son fils, manifestaient, en toutes rencontres, leur haine pour Simon et Vynement. Le 27 avril de cette année, Simon, Vynement et d’autres, ayant soupé chez un ami, rentraient chez eux, le soir, reconduits par leurs amphytrions « qui les convoyoient, une torche allumée devant eulx » ; le fils de Gautier insulta Vynement. Celui-ci, étant rentré chez lui, « prinst sa rondelle (son bouclier) et son espée, et, accompagné de Noël Simon, de Montfreulles, de maistre François Alexandre, sieur d’Esquimbosc, escuyer, et autres, « saisiz chascun d’une espée », alla chercher, par les rues, le fils Gautier, qu’à la fin ils rencontrèrent. Les épées furent tirées. Vynement donna à Gautier « ung coup d’espée sur la teste, à grant playe, et lors le dit Gautier getta son espée par terre, disant ces paroles : « Je suys mort. » Mais, ce néant moins, Vynement le frappa encores de son espée ung coup ou deux, tellement qu’il décéda quelques jours aprèz. »


1537. Pierre De Thiboutot, écuyer, fils de Jehan De Thiboutot, sieur de Myreville, et de Marie, bâtarde d’Etouteville, âgé de 40 ans.
    Il était écuyer de madame la duchesse d’Étouteville.
    Il avait gagné 26 livres tournois au jeu de paume, à François De Mareuil, écuyer, âgé de 18 ans ; et ce dernier différait toujours de payer sa dette contractée sous sa foy de gentilhomme. Enfin un jour, en la rue, Thiboutot le vinst tyrer par la cappe, luy disant qu’il ne monstroit pas estre gentilhomme, comme il luy avoit dist, et que s’il l’estoit de nom, il ne l’estoit pas de faict. Sur les quelles paroles, ilz se desmentirent ; et sembla à Thiboutot que De Mareuil voullust tyrer son espée ; à raison de quoy il tyra la sienne, de la quelle il frappa le dict De Mareuil par le manton, et ung autre coup dedans le corps ; du quel coup il mourust peu de temps aprèz en la rue. » Ainsi périt « le seul filz de la maison de Mareuil, fort ancienne et de grans biens, et de gros parens. »
    Thiboutot, malgré la protection de monseigneur de Saint-Pol, de monseigneur le cardinal de Bourbon et autres princes, ne put obtenir sa grâce ; il avait été condamné à avoir la tête tranchée. « Adverty que Nicolas De Thiboutot, son frère puîné, luy voulloit faire fascherie, et soy porter héritier de leur père décédé depuys un moys, il estoit venu solliciter la fierte, estant hors d’espoir de povoir éviter la mort sans la bonté divine et la grâce de monsieur sainct Rommain. »


1538. Jehan De Biville, écuyer, sieur d’Yencourt, âgé de 26 ans, fils du sieur De Saint-Lucien, des environs de Gournay.
    1°. Nicolas De Corval, écuyer, lui ayant cherché querelle, parce qu’autrefois il avait battu son frère, et lui ayant, d’un coup d’estoc, « couppé robe, pourpoinct et chemyse au bras senestre, il rua sur le dict De Corval plusieurs coups, et l’attaingnist d’un coup de taille par la main senestre et d’un autre coup sur le col, dont le sieur De Corval mourust peu de jours après. »
    Poursuivi sans cesse par la famille De Corval, à raison de ce meurtre, « il s’accompaigna de advanturiers et d’autres
gens mal vivant… avec les quelz il aprinst et continua à mal faire, qui fut la principalle cause de son meschant gouvernement, avec les quelz advanturiers il fist plusieurs bateries, ravissements et débatz. »
    Il enleva la maîtresse du receveur du sieur De Compainville, de complicité avec trois advanturiers, et après avoir brisé les portes de la maison.
    Il viola une fille.
    Étant ivre, il tua une ancienne servante de son père, qui avait tenu des propos sur son compte.
    On l’avait accusé d’avoir tourné la religion en ridicule, avec des aventuriers ses compagnons, « qu’il faisait tenir à genoulx chantans la messe. » Il répondit que ung nommé Vyot, advanturier, troublé de son sens, étant à table, y avoit chanté, tenant du pain et ung voirre plain de vin, avoit dist plusieurs choses de la messe ; Jehan De Biville, à qui cela ne plaisoit guères, dist au dict Vyot qu’il n’estoit que ung fol.
    Il avait frappé de l’épée plusieurs de ses fermiers « à raison de quoy, la femme de l’un d’eux, grosse d’enfant, eust si grant paour que, quatre ou cinq jours après, elle se deschargea de son enfant (avorta). »
    Il avait battu le portier de Gournay, et lui avait pris ses clés parce qu’il ne voulait point lui ouvrir, la nuit.
    Il avait battu et blessé des archers.
    Enfin, il avait fait plusieurs autres bateries et excèz.

Complices :

Ung sien frère bastard.

Le sieur De La Poterie.

Nicolas De Folleville.

Jevenet Maheult.

Philipot Hubert.

Thomas Persel.

Benest Perquier.

Pierre Malhenée.

Hildevert Malhenée.

Hildevert Le Cauchois, et beaucoup d’autres qu’il ne nomma point.


1539. Pierre Leclerc (noble homme), sieur de Croisset, demeurant à Rouen, paroisse de Saint-Vincent, âgé de 28 ans, marié.
    Il menait une vie très-déréglée, et s’était signalé, dans la ville, par de fréquens excès.
    Un soir, après avoir soupé chez la dame Des Marettes, sa belle-mère, « il s’en alla passer temps parmy la ville, accompaigné de son serviteur. » Un sergent, nommé Du Tronquay, chargé de l’arrêter pour quelque prouesse, l’ayant rencontré au pont de Robec, luy mist la main sur le bras, en luy disant : « Demeure. » Marest, domestique du sieur De Croisset, « desguayna son espée, et fit fuyr Du Tronquay. » Mais « tost après, ce dernier revint, accompaigné de troys ou quatre hommes a tout (avec) leurs espees, et, de rechef, assaillist le sieur De Croisset, criant : tue, tue, et gettants, sur luy et son domestique, grans coups de pierres et d’espées. Le sieur De Croisset fut frappé d’un coup d’espée par la gorge et d’un coup de taille sur le dos, à playe et sang. Il se fit panser chez lui ; puis alla à sa maison de Croisset. Mais il revint à Rouen, huit ou dix jours après, avec la résolution de se venger, et accompagné de Jehan Garin, son beau-frère, et de quelques amis et domestiques. Après avoir soupé au Mouton d’argent, en la paroisse Sainct-Candre-le-Vieil, ils cherchèrent, par la ville, le sergent Du Tronquay, et le rencontrèrent enfin, à la boucherie de Beauvoisine, saisy d’une rondelle et d’une espée, et accompagné de quelques gens ; Croisset et les siens desgaynèrent ainsi que Du Tronquay
et ses gens ; dans ce conflit, Du Tronquay reçut un coup mortel. »


1540. Charles, Antoine, Guy et N, fils de noble homme Jehan Des Essars, baron d’Aulnay, en Normandie.
    Pour plusieurs crimes, dont les principaux sont indiqués dans l’histoire, sous l’année 1540.
    En voici d’autres, qui sont moindres : Charles, accompagné de deux valets, alla chez un nommé Andrieu, de la paroisse d’Estry, le battit et lui enleva une arbalète.
    Ayant rencontré, à Burcy, un sergent qui avait cherché précédemment, à l’arrêter, en vertu d’un mandement de justice, il le feist mettre à genoulx en la fange, pour luy cryer mercy.
    Il avait donné deux coups d’épée, sur les épaules, à un nommé Besongnet qui avait sauve-garde de lui.
    Un nommé Le Bigot, laboureur à Chaultlieu, ayant refusé de le loger, il lui fit donner, par son domestique, des coups de bâton sur le dos. Plusieurs fois, il avait logé « cheulx des laboureurs et autres gens des champs, sans payer aucune chose, et prins leurs chevaulx, malgré eulx. »


1541. François De Fontenay, écuyer, sieur de Saint-Remy, homme-d’armes de la compagnie du comte de Brienne, âgé de 29 ans, demeurant à Fontaines-les-Rouges, vicomté de Falaise.
    Il servait depuis l’âge de seize ou dix-sept ans ; il avait fait toutes les campagnes d’Italie.
    1°. A l’âge de quinze ans, il avait tué, de complicité avec quelques parens et amis, un sergent dont tout le crime était d’avoir signifié un exploit à sa mère.
    2°. Charles De Mailloc, son ami, lui ayant dit que Yves De Martainville l’avait menacé de le tuer, Fontenay répondit que « mieulx estoyt au dict Mailloc de tuer Martainville, que le dict Martainville le tuast. » — « Et lors s’en partit le dict Mailloc, et s’en alla en la paroisse de Bons, au quel lieu, tua le dict Martainville. » Fontenay, ne croyant pas que l’exécution dût suivre de sitôt le conseil, s’acheminait vers Bons « à l’intention de ayder au dict De Mailloc pour tuer Martainville. » En route, il rencontra Mailloc, qui lui dit que c’était fait. « Et, pour ceste cause, Fontenay conduysit et mena le dict Mailloc en franchise en l’abbaye du Plessis. »
    3°. Fontenay conduisant, un jour, la compagnie de M. De Boisy, quelques soldats brûlèrent, par son ordre, une des maisons d’un village près de Gisors.
    4°. A Barneville-sur-mer, en Cotentin, lui et un nommé Trenchemont emmenèrent « une femme scandalisée vivante en lubricité, l’admenèrent par force en ung village prèz de là ; la quelle fut congnue charnellement par plusieurs de la compaignie, et spécialement par le frère du sieur De Fontenay et par Jehan De Thieuville sieur de Guéhébert. »
    5°. « Y avoit vyron sept ou huit ans, estant serviteur honneste ou amoureux d’une damoiselle de Costentin, qu’il ne vouldroit nommer pour tous les biens de ce monde, pour luy faire service, il se retiroit souvent devers Jehan De Teuville qui luy faisoit compaignie. Dont Charles Des Monstiers, sieur de Touille, s’avança parler en deshonneur d’icelle damoiselle et des sieurs De Fontenay et De Thieuville. Dont advint que, en la maison et présence de la dicte damoiselle, Thieuville donna ung soufflet au sieur Des Monstiers. La damoiselle dict à Thieuville, et par luy, manda à Fontenay que s’ilz ne la vengeoient de Des Monstiers, jà mais ne diroyt qu’ilz fûssent gentilzhommes. Dès lors Fontenay et Thieuville conspirèrent et machinèrent la mort de Des Monstiers, deslibéréz le tuer
ou faire tuer. Ils prirent complot que Theuville yroit en la maison de Des Monstiers, soubz coulleur d’amytié, et chercheroit occasion de querelle avec luy ; et que, sur icelle, bonne ou mauvaise, Fontenay ne failleroit à luy donner de la dague au travers du corps, au premier lieu où il le trouverait. » Theuville, accompagné d’un bâtard du comte de Créances, alla chez Des Monstiers ; et lui chercha querelle. Les épées furent tirées, et on se battit. Le bâtard de Créances fut tué ; Theuville et Des Monstiers furent fort blessés. Depuis, Theuville, à raison de ce guet-à-pens, fut condamné, aux grands jours de Bayeux, à avoir la tête coupée.
    6°. Prié par le sieur Daumesnil de donner deux ou trois coups d’épée à un appelé Paris, de Secqueville-la-Campaigne, il n’y manqua pas, et ataignist le dict Paris par le jarret, et n’en est mort.
    7°. A Saint-Germain-le-Vasson, il avait fait forcer une grange dépendante de l’abbaye d’Aunay, et fait emporter deux mille gerbes de tout grain.
    8°. Etant en la maison de Montgardon, avec sa mère et quelques personnes, « arryvèrent devant la dicte maison quarante hommes arméz et embastonnéz, accompagnéz de deux sergeans, envoyéz par auctorité de justice pour les prendre et appréhender luy et son frère. Au quel assault, Fontenay feist tyrer ung coup de garot, duquel fut tué ung arquebusier nommé Leclerc, qui mourust la mesme heure. Cette troupe assiégeait toujours le château, et avait envoyé chercher le canon. Fontenay fit avertir ses amis, qui accoururent en armes, entre autres, le seigneur du Mont de la Vigne, les barons de la Ferrière ; Gilles Du Breuil ; Carpiquet ; Canisy ; le bâtard d’Aussy, et autres ; mais, en arrivant au château de Montgardon, ilz ne trouvèrent les dictz sergeans et assaillans.
    9°. De complicité avec trois des barons d’Aunay (que nous avons vus lever la fierte, l’année précédente), et avec Jean et
Antoine De Sarcilly, seigneurs de Ernes, il avait tué un nommé Boullart, dans la paroisse du Fresney ou de Jurques, bailliage de Caen.
    10°. Passant par la campagne du Neufbourg, avec sa compagnie, pour aller à la monstre, les habitans d’un village ayant voulu s’opposer à son passage, un de ces villageois fut tué par son domestique aidé de quelques soldats.
    11°. Passant à la Ferté-Macé avec quelques gentilshommes, « les paysans de la Ferté se meurent à l’encontre de luy et de ses amys, et eulx à l’encontre des dictz paysans ; et lors fut tué, par Fontenay et les siens, ung homme pour le moins, et autres qui furent blécéz.
    12°. Sa compagnie étant logée aux faubourgs de Dun-le-Roy, lors de la dernière expédition en Piémont, « les paysans et gens de guerre de dedans la ville se meurent contre ses compaignons et sortirent sur eulx. De ce adverty, Fontenay monta à cheval, et se trouva au lieu où estoit la dicte esmotion, frappant de son espée, à tort et à travers, et ses gens en firent autant ; croira-t-on qu’il n’y eut, en cette occasion, que ung ou deux hommes tuéz ?
    13°. Un jour, lui et le sieur De Vaudoire, voulant secourir le sieur De la Montaigne, écuyer du comte de Braisne, que douze ou quinze aventuriers venaient d’assaillir, ils tirèrent leurs épées, et en tuèrent deux.
    14°. Lui et Jehan De Fontenay son frère en voulaient beaucoup à Saint-Germain, vicomte du bailliage de Cotentin. Étant à Lyon, et ayant appris que leur ennemi y était aussi, ils se mirent à le chercher pour le tuer. « Ilz le trouvèrent sur le pont de la Sône, au quel lieu, soudainement, ilz meisrent la main aux espées, en donnèrent quatre ou cinq coups à SaintGermain, et le tuèrent sur la place. Ce faict, François De Fontenay print Jehan son frère, et le mena en franchise dedans l’esglise de Notre-Dame-de-Montfort, de Lyon. »
    15°. De complicité avec Charles De Mailloc dit Saint-Denis,
sans sergeant ne autre homme de justice avec luy, il alla, au château de Montgardon, en Cotentin, prendre par force Guillaume De Martainville contre qui il avait un mandement de prise de corps, et le fit écrouer aux prisons du roi, à Caen.
    16°. Comme il revenait du Piémont avec sa compagnie, les habitans d’un village à six lieues de Bourges se meurent contre luy et ses compaignons, et eulx contre les paysans, à propos d’une femme de la campagne qu’un soldat avait battue. Dans ce conflit, à en croire Fontenay, deux villageois, seulement, furent blessés.
    17°. et 18°. Les sieurs De la Perrière soupçonnaient un nommé Le Moyne, cultivateur à Baron (bailliage de Caen), d’avoir soustrait de l’argent à une damoiselle leur tante, qu’il avait soignée lors de sa mort. Sur ce soupçon, deux jours différens, assistés de Fontenay, ils allèrent piller ce cultivateur. La première fois, ils enlevèrent quatre chevaux de harnais, six ou sept bœufs ou vaches, et un grand nombre de moutons. Le second jour, ils enlevèrent encore des chevaux, des vaches et des moutons. Tout ce bétail fut conduit chez Fontenay, qui eut sa part du butin.
    19°. Porteur d’un décret de prise de corps contre Guillaume De Martainville, il alla à Ezy, bailliage de Caen, avec un sergent et dix ou douze de ses amis, pour arrêter ce gentilhomme. Mais la maison était fermée ; alors, quoique son mandement ne lui en donnât point le droit, il fit effraction à la maison, par le gâble et par une tourelle, et parvint à entrer avec sa suite. Martainville s’étant rendu, ils l’emmenèrent dans la maison de Saint-Denis-Mailloc, où il fut prisonnier trois jours, et d’où il ne sortit qu’après avoir apointé avec les deux frères De Fontenay, de quelque différend qui estoyt entre eulx.
    20°. Accompagné de quelques gentilshommes et de valets, il était allé à Varaville, chez un sieur Giffard, son débiteur, et
avait enlevé « par voye de faict et auctorité de justice, plusieurs beufz appartenantz au dict Giffard. »
    21°. « Par plusieurs foys et en divers jours, il avoit faict plusieurs portz d’armes, accompagné de gentilzhommes, tant durant la foyre de Guybray que en autres lieux. »
    22°. A la foire de Guibray, en 1540, lui et quelques gentilshommes ayant mené aux prisons de Falaise un des varletz de Michel De Saint-Germain, il s’en suivit une querelle entre eux et ce gentilhomme, qui reçut un coup d"épée, d’estoc, à un bras.
    23°. Il avait maltraité et tenu, quelque tems, en chartre privée un sergent qui venait de saisir un cheval appartenant à sa mère.
    24°. Dans une rue de Falaise, il tira son épée pour tuer un cordonnier qui tardait à lui livrer deux paires de souliers qu’il lui avait commandées. Puis il alla prendre, dans la boutique de cet artisan, les deux paires de souliers, qu’il ne paya jamais.
    25°. Lui et son frère avaient souffleté, dans une rue de Falaise, deux personnes, un prêtre entre autres, « à raison de quoy se feist esmotion de peuple. »
    26°. Lui et son valet avaient, une autre fois, encore à Falaise, excité par leurs insolences, une émeute populaire ; ils avaient tiré leurs épées contre le peuple.
    27°. Lui et ses amis donnèrent un coup d’épée à un sergent qui était venu l’ajourner à donner trêves à un nommé Les Fossés.
    28°. Deux fois lui, ses amis et ses gens, étaient allés loger dans un prieuré, près de Bayeux, y avoient faict grand despence des biens du dict prieuré, et s’étaient retirés sans payer. Ses domestiques y avaient volé des poules. Fontenay avoua « que depuis qu’il estoit en l’estat de la gendarmerie, il avoit tenu les champs avec plusieurs autres gens d’armes, et en
plusieurs lieux du royaume de France, sans payer aucune chose, luy ne ses gens. »
    29°. Lui et plusieurs gentilshommes de ses amis avaient « battu d’espées les habitans de Lisieux, et y en eust de blessez ès bras et cuisses,… et advint, à raison de ce, grand émocion à la dicte ville. Depuis, plusieurs fois, ils épièrent sur les chemins, les habitans de Lisieux qui alloient et venaient à leurs affaires et marchandises, et les battirent et oultragèrent de plats d’espées et de bastons de boys. »
    30°. Lui, son frère et leurs amis « avoyent, par plusieurs foys et à port d’armes, charché le sieur De Saint-Contest, pour le batre et oultrager, à raison des haynes et rancunes qu’ilz avoyent pour parolles scandaleuses qui avoyent esté proférées d’une part et d’autre. »
    31°. Comme il conduisait la compagnie du comte de Brienne, passant par Boisy-le-Sec, deux de ses hommes ayant éprouvé de la résistance de la part des habitans d’une maison où les fourriers avaient marqué leur logement, Fontenay fit forcer les portes ; lui et beaucoup de ses gens d’armes y entrèrent l’épée à la main, et frappèrent de l’épée « plusieurs des gens du pays qui estoyent dedans la dicte maison. »
    32°. De complicité avec Guillaume De Grosparmy, écuyer, il avait fait enlever des moutons appartenant au sieur De Grosparmy père, et qui paissaient dans les paroisses de Biéville, Banneville et Périers.
    33°. De complicité avec le même, il avait volé un cheval chez un cultivateur.
    34°. Une autre fois, ils allèrent chez un cultivateur nommé Ymar, « où ils prindrent et admenèrent, oultre le vouloir du dict Ymar, deux chevaulx de valleur. »
    35°. Ces deux gentilshommes allèrent à Bierville, forcèrent une grange, et en enlevèrent grand nombre de bled.
    36°. Lui et quelques gentilshommes ses amis, allèrent ensemble à Saint-Lô, rue de Tortreau, forcèrent une maison,
enlevèrent une femme « et plusieurs de la bande oulrent la compaignye charnelle de ceste femme, oultre le vouloir d’icelle, et on donna deux ou trois coups d’épée au mari, qui vouloit résister. »
    37°. De complicité avec d’autres de la compagnie du sieur De Brienne, il avait blessé et fait fouetter avec des ceintures de cuir deux aventuriers « qui vyvoient en grande prodigalité en ung logis, et voulloient battre leur hoste. »
    38°. De complicité avec le sieur De Grosparmy « il avoit despouillé, par le chemyn, un homme qu’ils haïssoient, l’avoit mis nud, et, subitement, des estrivières de sa selle, l’avoit batu et luy avoit faict grant violence. »
    39°. Lui et son frère avaient souvent épié, par les chemins, le baron de Tournebu, pour lui mal faire, en haine de ce qu’un des valets de ce gentilhomme avait tué leur oncle. A Bretteville-sur-l’Aize, ils faillirent tuer un serviteur du baron.
    40°. De complicité avec Jehan De Ferrière, écuyer, sieur de Baron, il avait, sur la route de Fierville, insulté et frappé Guillaume De Burgueville.
    41°. « Y avoit vyron trois ans, ung nommé Maillot-. Saint-Aubin luy ayant dict qu’il avoit esté merveilleusement oultragé par les paysans de Malleville-sur-le-Bec, prèz Evreulx, il luy donna conseil soy en vengier, luy offrant confort et ayde à ce faire. Du quel conseil et oblacion de ayde, Mailloc fort enhardy alla à Malleville et en tua ung ou deux. »
    Le 17 juin, le chapitre remit à Jean De Theuville, complice du sieur De Fontenay, une pancarte de délivrance.
    Le 26 juillet, on en donna une à Charles De Mailloc. Le 27, on en donna autant à Jean De Fontenay, frère de François, et à Guillaume De Grosparmy.
    Le 27 août, à Jean De Mailloc.
    Le 31 octobre, on en accorda autant à nobles hommes 1°. René, 2°. Jean, et 3°. François De Fontenay, aussi complices.
    Le 19 novembre, à un gentilhomme dont le nom est en blanc.
    Le 11 mai 1542, à noble homme Guillaume Lecoq, sieur de Lingreville.
    Le 12 mars suivant, autant à noble homme Robert Gohier.
    Le parlement s’efforçait toujours de porter atteinte au privilége de saint Romain. Me. Guillaume Le Rat, chanoine, alla s’en plaindre à la cour de François Ier. Les cardinaux du Belley et de Lorraine lui promirent d’employer tous leurs efforts à maintenir le privilége dans son intégrité.
    N. B. En mai 1542, François De Fontenay, averti que ses nombreux ennemis lui tendaient des embûches à Rouen, n’osa y venir, pour assister, une torche à la main, à la procession du jour de l’Ascension. Le chapitre lui permit de se faire remplacer.


1542. Jehan Onffroy, sieur de Saint-Laurent-sur-mer, près de Bayeux, âgé de 40 ans.
    En 1539, « par auctorité de justice, luy avoit esté baillée en garde damoiselle Jacqueline Lévesque, mineure, nièce de feue sa première femme. » Anne De Vérigny, son épouse en secondes noces, vivait encore ; mais elle mourut bientôt, et alors, quoiqu’en justice, en lui baillant en garde damoiselle Jacqueline Lévesque, on lui eût recommandé, aux termes d’une ordonnance de François Ier., toute récente, qu’il eust à la garder comme son propre corps, « il eut la compaignye charnelle de la dicte Jacqueline, par plusieurs et diverses foys, tellement qu’enfin il en sortist lignée. » Voulant épouser cette demoiselle, il sollicita des dispenses en cour de Rome, mais ne put les obtenir, néant moins qu’il eust offert grant argent. Alors il sollicita des lettres de rémission, « Le chancelier refusa, par trois foys, bailler les dictes lettres. » Son filz présenta requeste au roi, le jour du vendredy sainct,
pour avoir des lettres de rémission ; le quel roi nostre sire, finablement, les dénya (refusa).
    Il obtint la fierte. Le lendemain de l’Ascension, reconnaissant de la grâce qui lui avait été accordée, il offrit et remit actuellement au chapitre un anneau d’or, de la valeur de 15 ducats, pour être attaché à la châsse de saint Romain, en mémoire du bienfait reçu par lui.
    Le dauphin, le duc d’Orléans et l’amiral d’Annebaut avaient écrit au chapitre, dans les termes les plus pressans, en faveur du sieur De la Boissière, homme d’armes.
    Le 14 juin 1543, le sieur Onffroy de Saint-Laurent envoya au chapitre deux chiens dont il lui faisait présent, pour garder l’église cathédrale pendant la nuit. Le chapitre fit donner deux testons au valet qui les avait amenés.


1543. Jehan De Mussy, escuyer (noble homme), seigneur temporel de Goberville (diocèse de Coutances), âgé de 21 ans, archer de la compagnie du comte de Saint-Pol.
    1°. Il devait 600 liv. à un sieur Boullard, en vertu d’un arrêt rendu aux hauts jours de Bayeux. Un jour, ayant rencontré son créancier, celui-ci le pressa de le payer. « Par le sang Dieu ! je ne vous doib rien », lui répondit Gouberville. « Je vous feray payer comme ung asnier (répartit Boullard), et ne demourera en vostre maison vache ne veau ne autres biens que je ne face vendre, jusques ad ce que je soye paié. » Gouberville ayant répété qu’il ne devait rien, Boullard lui dit : Vous avez menty. Alors Goberville, tirant son épée, lui dit : « Par le sang Dieu ! je vous pairay maintenant à coup d’espée. »
    Boullard, effrayé, piqua des deux et gagna un petit bois qui était voisin. Mais Goberville et son oncle, qui était survenu pendant la querelle, le poursuivirent « ayans chascun une espée au poing. » Le neveu lui donna par derrière, comme il s’enfuyait, un coup d’épée qui le fit tomber de cheval. Alors,
l’oncle et le neveu, voyant Boullard par terre, lui donnèrent trois ou quatre coups d’épée par la gorge et dans le corps ; de quoy mourust alors le dict Boulart en la place.
    Guillaume De Goberville, oncle de Jehan De Mussy, sollicita du roi sa grâce et celle de son neveu ; mais, trois fois, le roi la refusa, malgré toutes les instances du comte de Saint-Pol et d’autres seigneurs qui protégeaient les sieurs De Goberville.
    2°. Etant récemment entré dans la compagnie du comte de Saint-Pol, et se trouvant à Vivain, dans le Mans, comme ils voulaient, lui et un sieur de Quéteville, loger chez un bourgeois, ce dernier résista, « et, pour ce que, d’icelle maison lut jecté, par ceux qui y estoient, plusieurs pots plains de terre et de pierres, avec ung coup de traict qui fut lâché de la dicte maison sur eux, dont ung laquais fut atteint. Goberville lâcha ung coup de trait de arbalestre qui blessa le maistre à l’épaule ; et, à l'instant, un de ses camarades tira ung coup de haquebuste et en donna par la gorge du dict bourgeois, du quel coup il mourut en la place.
    3°. A seize ans, étant page et se trouvant en garnison à Montmorillon, en Poitou, il rencontra, à un quart de lieue de la ville, un homme qui portait un lièvre et qui tenait l’arbalète avec laquelle il venait de le tuer. Goberville lui enjoignit de lui donner et le lièvre et l’arbalète ; sur son refus, Goberville et son domestique lui adressèrent des menaces ; effrayé, il s’enfuit ; alors le valet de Goberville tira son épée et luy en donna au travers du corps, en sorte qu’il mourut deux jours après.
    En sollicitant la fierte, il montra l’intention d’aller se mettre en une religion (un couvent) pour user le reste de sa vie, disant qu’il estoit mort si messieurs de chapitre n’avoient pitié de luy.
    Nota. Ce fut lui qui, le premier, leva la fierte dans la nouvelle chapelle de Saint-Romain, qui venait (de 1542 à 1543) d’être élevée dans la place de la Vieille-Tour, et qui existe encore.
    Complices :

Gullaume De Mussy, son oncle.

Guy Georgin, son valet.

De Quéteville (noble homme le sieur), vicomte d’Auge.

De Moyaux (le sieur), frère du sieur De Quéteville.


1544. Jehanne Fossart, fille de Guillaume Fossart, de la paroisse de Quiébourg, près Saint-Lô, en Cotentin, âgée de 20 ans.
    Étant en service, à Saint-Lô, chez un tabellion, l’aide de ce tabellion la séduisit sous promesse de mariage ; elle devint grosse de ses œuvres, accoucha, et jeta l’enfant dans un privé.


1545. Georges De Prestreval, écuyer (noble homme), âgé de 22 ou 23 ans, fils du sieur De Prestreval, du pays de Caux.
    Il avait, de son propre aveu, « faict et perpétré beaucoup de cas dignes de punition de mort. »
    1°. « Ung jour, feste de la Trinité, pendant que son père et sa mère estoient à la messe, il avoit rompu ung bahut, en la chambre de son père, et avoit robbé (volé) sept à huict cens livres tournoys qui y estoient, puis avoit prins, en l'enstable de son père, la haquenée de poil grix et ung courtaut, et estoit party de la maison, avec le palefrenier. »
    Quant il eut dépensé cet argent, en joant à la paulme, il alla forcer, ung pougnart appuié sur la gorge, le receveur de son père, de lui donner l’argent qu’il avait dans les mains.
    « Plusieurs foys, il avoyt contrefaict lettres soubz le faict et nom de son père, pour se procurer de l’argent. »
    Son père lui refusant de l’argent, il alla, avec une bande de mauvais sujets et de filles, s’établir, malgré lui, au manoir de Mesmoulins, « lequel il munyt et fortiffia de busches et de foin, comme un fort, par dedens, et de hacquebustes à crochet, pour résister à son dict père, qui le menaçoit luy amener artillerye pour le desloger. »
    Il se tint six ou sept mois dans ce manoir, vivant du revenu de la terre et des vivres qu’il contraignait les fermiers à lui donner. Souvent, accompagné de ses bandits, il allait chez son père, à Prestreval, où il prenoit et roboit par force du bestial, comme beufz, porcz graz, moutons, détroussoit les serviteurs de son père, qui portoient la farine et les provisions de la maison ; et, quand il pouvoit entrer dans la maison, roboit et prenoit linge, voiselle, et tout ce qu’il trouvoit, oultre le gré de sa mère qui n’y pouvoit donner ordre. Pendant ce temps-là, il envoyoit des gens de sa compaignye aux villaiges et maisons des laboureux voisins, pour enlever de la poulaille par force et outre le gré des dictz voisins ; les quieux le dict déposant et ses compaignons avoient assubjectis tellement qu’ilz n’eussent ozé refuzer ce qu’on leur demandoit ; des quelles poulailles et autres biens mal prins ilz vivoyent et entretenoient des femmes en lubricité.
    Indigné de tous ces excès, le père de Georges De Prestreval dénonça son fils au bailli de Montivilliers, qui envoya des enquesteurs et des sergents à Prestreval, pour recevoir en détail les déclarations du père, et informer sur tous les crimes de Georges De Prestreval et de ses affidés. Mais Georges De Prestreval, qui en fut averti, arriva la nuit, chez son père, accompagné de bandits, armés, comme lui, d'espées à deux mains et de hacquebutes, et là, ils effrayèrent tellement ces enquesteurs, en les frappant et les menaçant, que ces officiers s’enfuirent, sans avoir fait aucune procédure.
    Décrété de prise corps, Georges De Prestreval fortifia et renforça le fort de Mesmoulins, s’associa de nouveaux bandits,
fit mettre aux meurtrières du fort quatre ou cinq arquebuses à crochet. Ces précautions n’étaient pas inutiles, car le lieutenant du prévôt des maréchaux, et grand nombre de genz jusques à cent ou six vingtz, qu’accompagnait le sieur De Prestreval père, vinrent assaillir le manoir de Mesmoulins. Ils gectèrent une grenade brûlante, et tirèrent ung coup de hacquebute au lieu où étoit Georges De Prestreval. Ce dernier et ses camarades répondirent par plusieurs coups de hacquebutes à crochet et de arbalestres, dont fut tué un des hommes du prévôt.
    Il roua de coups un paysan qui avait mal parlé d’une fille qu’il entretenait à Mesmoulins, « il luy mit ung gros os en la bouche, et sy print de l’huille en un grasset, qu’il luy voulust faire avaller, en jurant et blasphémant qu’il avaleroit le dict os et huille, et dont le dict Auzout fut grandement malade. »
    « Esprins de folle amour de la femme d’un nommé Coquelin, il l’obséda tellement qu’elle et son mari quittèrent la paroisse de Annouville, et allèrent demeurer ailleurs. Quelques jours après, comme on lui montrait « ung cheval estant en la charrue, qui estoit celluy qui avoit porté la femme de Coquelin, il tira son espée, de laquelle il donna au travers le ventre du dict cheval, et le tua. ».
    Il obtint la fierte, quoiqu’il ne se fût constitué prisonnier que le jour de l’Ascension.
    « Plusieurs et diverses foys, il avoit couroucé son père et sa mère, leur désobéissant en toutes choses, sans leur porter honneur ni révérence, estymant que, à cause de ce, Dieu l’avoit du tout délaissé. »


1546. Antoine Du Bosc, écuyer (noble homme), sieur de Pampou, de la paroisse de Septeuil, diocèse de Chartres, âgé de 35 ans, homme d’armes de la compagnie de M. l’amiral.
    « Estant pour oïr vespres, en l’église de Septeuil, le
deuxième dimence de caresme, et apercevant le sieur De Quincheux, escuier, apoyé sur les fons de la dicte esglize, pour oïr vespres », il se promit de se venger, après vêpres, de ce gentilhomme qui l’avait maltraité, il y avait quatorze ou quinze ans, dans le bois de Ernouville, ou de Souville, près Mantes. Au sortir de l’église, il donna ung grand coup de taille au sieur De Quincheux, et lui coupa le bras dextre, et quoique ce malheureux fût tombé à terre, criant mercy, Du Bosc luy bailla un coup d’espée par le travers du corps, duquel coup il mourut en la place, sans confession.
    Le sieur De Pampou était frère de noble homme maître Jehan Du Bosc, sieur D’Ementreville, conseiller au parlement de Rouen, qui fut décapité à Rouen, en 1562, pour s’être signalé parmi les religionnaires qui avaient désolé la ville et dévasté les églises.
    La famille de l’homicidé chercha à faire casser, par le conseil, l’arrêt du parlement de Rouen, qui avait admis le sieur Du Bosc à lever la fierté ; elle se fondait sur ce que ce gentilhomme n’était pas de la province de Normandie, et que le privilége n’était que pour les Normands. En octobre 1552, Du Bosc obtint au conseil un arrêt confirmatif de l’élection faite de lui par le chapitre de Rouen.
    En 1690, la fierte fut accordée à Roger Du Bosc, écuyer, sieur de Pampou.


1547. Jehan Le Forestier, écuyer (noble homme), âgé de 30 ans, de la paroisse de Saint-Marceau, près Vernon.
    Sa femme venant d’accoucher, il avait entendu une voisine lui reprocher que « ung nommé frère Nicolle Baillehache, religieux de Sausseuse, l’entretenoit et maintenoit en lubricité » ; cette voisine, injuriant la femme de Forestier, lui avait prodigué les épithètes que l’on donne aux femmes perdues.
    Outré de voir sa femme ainsi déshonorée, « de faict apens
et propos délibéré, ayant prins son espée en la salle de bas, il monta dans la chambre où sa femme était couchée, desgayna sur sa dicte femme, et, sans lui donner oisir de parler à luy, l’appellant meschante p… », et lui disant : « Par le sang Dieu ! tu m’as faict ung tel deshonneur, tu en mourras à ceste heure », il luy donna d’estoc, par le costé gauche, ung coup d’espée du quel elle décéda ung cart d’heure aprèz. »


1548. Jacques Sore, âgé de 27 ou 28 ans, de la paroisse de Notre-Dame d’Eu.
    Pour avoir figuré, en première ligne, dans un mouvement populaire qui eut lieu dans la ville d’Eu, contre les officiers de la duchesse de Nevers, comtesse d’Eu ; avoir blessé et tué plusieurs de ces officiers. (Voir l’histoire.)


1549. Jacques Vallée, valet d’étable, à Léry.
    Pour homicide sur la personne de Simon Vallet.


1550. Charles Baudren, âgé de 30 ans, laboureur à Pissy, diocèse de Rouen.
    Dans une querelle qu’il eut à Pavilly, avec Richart Varnier, de la paroisse de Groffy, il luy bailla par le flanc un coup de dague, dont il mourut dans les vingt-quatre heures.


1551. Jehan Mondely, porteur de sel, de la paroisse Saint-Nicaise de Rouen, âgé de 38 ans.
    Ayant eu une querelle avec un nommé Le Blond, paroissien de Saint-Godard, à l’occasion d’une fille publique que ce dernier battait, le lendemain la dispute recommença, et des injures on en vint aux coups. Mondely, blessé, à la mamelle, d’un coup d’une fourche que tenait Le Blond, le poursuivit l’épée à la main, et voulant l’en frapper, tua la femme Le Blond, qui faisait à son mari un rempart de son corps.

Jehan Daré, son complice.


1552. Jehan Lemarié, teinturier, âgé de 20 ans, demeurant en la paroisse de Saint-Maclou de Rouen.
    Une nuit, ayant rencontré, au Petit-Ruissel, les nommés Bellenger et Sainte-Adresse, chacun saizis de deux pièces de draps qu’ils avaient robées, ces deux hommes, qu’il connaissait, lui dirent de prendre sa part des objets volés. Il y consentit, et, « d’un commun accord, s’en allairent passer par la muraille et fosséz de Bouvreuil », saisis des draps volés ; ils allèrent « en ung certain jardin, en la rue de l’Espinette, au quel jardin n’y a aucune maison, manants, ou habitans. » Mais on les avait suivis, et ils furent arrêtés.
    Le 7 mai, Bellenger et Sainte-Adresse furent pendus à la Vieille-Tour. Le bourreau se saisissait de Lemarié, pour le pendre à son tour, lorsque, de l’avis de plusieurs assistans, ce jeune homme déclara qu’il était clerc tonsuré. Ramené aux prisons, on ne tarda guères à déconvir qu’il avait menti. Mais le privilége de Saint-Romain ayant été insinué, l’exécution fut suspendue, et, le jour de l’Ascension, Lemarié fut élu par le chapitre, délivré par le parlement, et leva la fierte.


1553. Antoine D’Imbleval, écuyer (noble homme), de Neslette près Blangy, en Picardie, âgé de 22 ans, de l’estat de la guerre, sous le capitaine Saint-Aubin.
    Son père, Nicolas D’Imbleval, écuyer, lieutenant du capitaine de Dieppe, avait été tué par le sieur Du Clocher d’Incourt. Antoine D’Imbleval, âgé de 16 ans, page du sieur De Nerpont, conçut le projet de venger son père. Mais, « pour raison que le sieur Du Clocher estoit homme fort et puissant, accompaigné ordinairement de grand nombre de soudars et serviteurs portans arbalestres et bastons invasibles, ne l’osoit assaillir. » Enfin, un jour, averti que son ennemi devait
passer par Grébaumesnil, il se cacha dans une maison du bourg, et y attendit le passage de ce gentilhomme. Par un trou qu’il avait pratiqué, avec sa dague, dans le mur de la maison, il décocha une flèche sur le sieur Du Clocher, et le voyant blessé et prêt à s’enfuir, il sortit de sa cachette, lui porta un coup d’épieu qui le renversa, et lui donna huit coups der dague en plusieurs parties de son corps, à cause de quoy demoura mort en la place. Antoine D’Imbleval avait huit ou dix complices, dont deux furent pendus à raison de ce fait.
    2°. Il avait tué, à Blangy, un cordonnier qui s’opposait à ce qu’il entrât dans sa maison pour y voir une fille scandaleuse nommée Péronne.
    3°. Il avait blessé, de deux coups de dague, un sergent royal, qui, commis par justice pour saisir et vendre les biens d’un sieur D’Imbleval son parent, n’avait point obtempéré à la prière qu’il lui avait faite de différer cette saisie.


1554. Jacques Beixot, âgé de 40 ans, demeurant en la paroisse de Saint-Sever-lez-Rouen, né à Sauvelon, près Meaux en Brie, tailleur de pierre de meule.
    Criblé de dettes, il avait eu, dans Rouen, un grand nombre de querelles avec les sergens de ville, qui voulaient l’arrêter. Il leur avait toujours résisté, et en avait blessé plusieurs, avec une dague sans laquelle il ne sortait jamais.


1555. Charles Vauquelin, sieur des Yveteaux (noble homme), demeurant aux Yveteaux, en la vicomté de Falaise, diocèse de Séez, âgé de 32 ans.
    En 1551, lui, son frère Guillaume Vauquelin, sieur de Boissay, et plusieurs autres gentilshommes, se rendirent de Taillebois à la foire de Guibray, afin d’y rencontrer les sieurs
Des Rotours, leurs ennemys capitaulx ; y étant arrivés, ils partirent de l’hôtellerie du Griffon, accompagnés de seize ou dix-huit individus « ayant espées, halebardes, dagues, jaques de maille, boucliers, bercelonnoys et pistolletz. » Avertis que les sieurs Des Rotours étaient au marché aux chevaux, ils y allèrent. Aussi-tôt que Guillaume Vauquelin, sieur de Boissay, les aperçut, il cria à ses amis et à ses gens : « Sus, que personne ne se faingne, et que ceulx qui n’ont des espées prendent des pierres ; alors, tous ensemble, d’une mesme force et volonté, commencèrent à frapper, de leurs halebardes et de leurs espées, sur les sieurs Des Rotours, le sieur De Boissay, criant : « Tue, tue. » Dans cette mêlée, un des valets des sieurs Des Rotours fut tué, et deux ou trois autres, blessés.
    Le sieur De Boissay, le plus coupable de tous ces meurtriers, mourut peu de tems après le crime.
    Dans sa confession, Vauquelin des Yveteaux dit « qu’il ayoit femme et enffans en grandz fraiz entretenus aux escoles. » Le précepteur de Louis XIII était un Vauquelin des Yveteaux ; je ne doute pas que ce ne fût un des descendans de Charles Vauquelin des Yveteaux, dont il est ici question.
    Complices :

Jehan De Ronnay.

René Leverrier.

Guillaume Leverrier.


1556. Pierre Piton (noble homme), verdier de la forêt de Montfort, âgé de 35 ans.
    Jean Travers, son cousin, l’avait souvent insulté ; un jour que Piton était à cheval dans la forêt de Montfort, ayant, à l’archon de sa selle, une arbalestre bandée, le garot dessus, apercevant Travers dans la forêt, il le poursuivit, à la course de son cheval. Travers se jeta dans la rivière, à la nage,
criant à Piton de ne point le tuer ; mais celui-ci, prenant son arbalète, lui lança le garrot qui estoit dessus ; Travers, atteint et percé d’outre en outre, mourut dedans la rivière.
    Piton était un homme d’une extrême violence ; et il avouait beaucoup d’autres faits moins graves que celui qui précède, mais qui accusaient son caractère emporté et sa vie désordonnée.
    Poursuivi en vertu de décrets de prise de corps, il était en fuite depuis six ans. « Puys le dict tems, ses terres estoyent demouréez en friche et en ruyne. — Les six filz de Richard De la Houssaie, sieur de Flancourt, ses cousins et ses ennemis capitaux, puissans et redoubtéz au pays, l’avoient poursuivi à outrance, pour le tuer avec haquebustes et pistolets. »
    Lui et ses amis « avoient eu querelle contre des gentilshommes du pays, ses parens ; îlz s’estoient charché les ungs les autres par amas de gens, soudartz et porte d’armes. »


1557. Le sieur D’Auzebosc (noble homme), neveu de Diane de Poitiers, duchesse de Valentinois »

Martin Mignot, écuyer (noble homme), seigneur de Biévredent, de la paroisse de Fry, non loin d’Argueil, entre Neufchâtel et Gournay.

    « Ilz s’estoient trouvéz ensemble à quelques jeunesses… » C’est tout ce que dit le registre du chapitre.


1558. Loys Lesens, écuyer (noble homme), de la paroisse de Reviers, diocèse de Bayeux, demeurant à Vassy, près de Vire.
    Il avait, de complicité avec plusieurs, assassiné, à Caen, l’enquesteur Godes.
    Il avait mis le feu à la maison de ses belles-sœurs. ( Voir l’histoire.)


1559. Robert Lesage, âgé de 20 ans, né au Bosc-le-Hard, diocèse de Rouen.
    Lui et deux de ses amis, armés d’épées, de dagues et de pertuisanes, étant allés dans la garenne du sieur De Mailloc tendre filets pour prendre des connins (lapins), ils eurent une querelle avec trois ou quatre individus qui étaient venus là, avant eux, pour le même motif. Ils se battirent. Robert Lesage et son ami tuèrent les nommés Antoine Huillart, Jehan Mallemaison et Guillaume Mallemaison.


1560. Guillaume Quibel, de la paroisse du Mesnil-sous-Saint-Georges, âgé de 25 ans, laboureur.
    Pour lui et tous les habitans du Mesnil-sous-Saint-Georges, près la Vaupalière.
    Dans une mêlée entre eux et les gens du sieur De Radepont, un de ces derniers avait été tué, deux autres blessés.
    Les registres du chapitre indiquent les noms de quelques uns de ces habitans :

Collasse Vasse.

Jehan et Guillaume, ses fils.

Pierre Avisart dit Morue.

Jehan Du Perron, aîné.

Jehan Du Perron, cadet.

Nicolas Du Perron.

Collas Quibel.

Michel Quibel.

Jehanne, femme de Michel Quibel.

Anne Quibel, leur fille.

Estienne Marays.

Madeleine, sa femme.

Pierre Lerron.

Villain Leroux.

Pierre Leroux, son frère.

Jacques Cavelier.

Sa sœur.

Nicolas Cavelier.

Marin Lefort.

Sa femme.

Pierre Guignon.

Sa fille.

Guillaume Mallet.

Gervais Vasse.

Sa fille unique.

Jehan Piquefeu.

Marguerite Vasse, veuve.

Jehan Le Roux.

Martin Durusc.

Pierre Mauroue.

Robert Vasse.

Sa femme.

Jehan Chandelier.

    Et beaucoup d’autres, dont Quibel ne put se rappeler les noms.


1561. Guillaume Delacourt, écuyer, sieur du Maresc et de Grainville.
    A sa persuasion, et de complicité avec des hommes soldés par lui, le sieur De Saint-Remy avait assassiné les sieurs De la Mare et Raguenel, au Pont-de-Lande, sur la route de Caen.

Michel Mérie dit Saugrenée,

Et Orlando De Courseulles, assistaient le sieur De Saint-Remy, en cette occasion.

Jehan De Pellevé, sieur de Tracy, Henri et Richard De Pellevé, ses frères, étaient impliqués dans cette affaire. (Voir l’histoire.)


1562. La fierte ne fut point levée. Les religionnaires étaient, alors, maîtres de la ville de Rouen ; le chapitre était dispersé, le parlement retiré à Louviers, et le culte catholique avait cessé dans Rouen.


1563. Guillaume Duchesne, natif des faubourgz de Saint-Gervais-lez-Rouen, âgé de 24 ans, papetier, et précédemment soldat.
    Du tems qu’il était soldat, lui et ses camarades avaient acheté un cheval à des soldats qui l’avaient volé à Varengéville, à un nommé Cornillot qu’ils avaient tué. Maître Jehan Cornillot, prêtre, fils de l’homicide, étant venu à Houppeville, pour reprendre le cheval de son père, Duchesne « lascha ung coup de sa harquebuse, et frappa le dict Cornillot, prebtre, par l’ayne, dont décéda la nuyt suivante. » Lui et ses camarades, disait-il, l’avaient pris pour un huguenot, « et, à la vérité, le dict prebtre homicidé estoit non en habit de son estat d’église, mais, selon que le temps l’ordonnoit pour les troubles, vestu seullement d’une chemise de drap bleu sur ses chausses et pourpoint. »
    Étant ouvrier papetier à Maromme, il avait eu une querelle avec deux ou trois villageois qui lui avaient jeté des pierres. Se voyant assailly, il tira son espée et en frappa et couppa le garet de Guillaume Delarue, l’un d’eux.
    « Et a, le dict jour et an, le chapitre, après l’élection du dict Duchesne, procédé à l’élection d’un second prisonnier. Du quel le nom et surnom, avec sa confession, et déposition, sont demeuréz au secret du chapitre, au lieu de celuy que l’on avoit esleu l’année précédente, 1562, et le quel ne fut nommé pour obvier à l’esmotion et sédition du peuple, avec protestation de s’en pourvoir en temps et lieu. »


1564. Balthasar Desprez, de la paroisse de Frettemeule en Caux, âgé de 27 ans, soldat de la compagnie du capitaine Mesnil-Vassé.
    Le jour de Saint-Mathias 1563, lui, et plusieurs soldats, un prêtre et deux moines, se rendirent, de compagnie, à la foire d’Ouville-l’Abbaye, armés d’épées, de dagues et d’arquebuses.
    Ils aperçurent, dans la foire, Remy Le Doyen et Nicolas Le Boucher, domestiques du sieur De Lindebœuf, aussi armés. « En indignacion de ce qu’ils estoient, chacun jour, pilléz par ces deux hommes, et aultres de la nouvelle religion dont ilz tenoient le party », Despréz et un de ses camarades, apostrophant les deux valets de Lindebœuf, leur dirent : « Boute les armes bas, ce as tu esté qui m’as pillé tant de foiz. » En parlant ainsi, et « sans donner aulcun loisir à ces deux valets de tirer leurs armes, ou de les mectre bas », Delamare, un des camarades de Despréz, « lascha ung coup de harquebuse, du quel Remy Le Doyen fut attainct, de sorte que, tost aprèz, il rendit l’espérit. » Despréz, de son côté, aidé de ses camarades, tua Nicolas Le Boucher, à coups de dague. Quelque tems après, Despréz fut descouvert par le sieur De Lindebœuf, accompagné de dix ou douze hommes de cheval, et autant de pied, en la paroisse de Hugleville, prins, et par luy mené prisonnyer
en son chasteau de Lindebœuf, de là à Longueville, puis à Cany, et enfin à Rouen.
    Complices :

Nicolas Machon, soldat, né à Yvecrique.

Jacques Delamarre, d’Ouville-l’Abbaye, soldat.

Frère Christophe Lemonnyer, religieux à Mortemer.

Frère Jacques Lemonnyer, religieux à Fécamp.

Jacques et Guillaume Lemonnyer, écuyers, frères du sieur De Bermonville et Des Moulins.

Herbonnières, serviteur du sieur Des Moulins.

Me. Jacques Bélart, ancien vicaire de Frettemeule.

Adrien De Biville.


1565. Pierre Larchevesque, né à Neufchâtel-en-Bray, clerc tonsuré, demeurant à Rouen, rue de l’Espiceryre.
    C’était un catholique ardent. Le sergent Guillaume Carier lui ayant adressé des reproches, parce qu’il portait une épée au côté, malgré les édits du roi, le peuple prit parti contre ce sergent qui était un religionnaire exalté ; on lui jeta des pierres, il fut terrassé, et enfin Larchevesque le tua d’un coup de dague. La scène commença au Port-Morant, près la cathédrale, et finit à la Grande-Crosse. (Voir l’histoire.)


1566. NicolaS De Maduel (noble homme), sieur de Chus, né à Coupesarte, diocèse de Lisieux.
    Il en voulait à Me. Pierre Le Sauvage, avocat à Pont-l’Evëque, qui lui avait intenté des procès devant les baillis de
Caen, de Rouen, le prevôt des maréchaux, et le parlement de Rouen, procèz dans les quelz il avoit consummé sa jeunesse et la pluspart de ses biens. Cet avocat avait fait tuer un laquais du sieur De Chus, et volé la haquenée sur laquelle ce laquais était monté. Le sieur De Chus l’épia, sur le grand chemin, et lui adressa des injures. Me. Le Sauvage avoit ung javelot au poing, du quel il blessa le sieur De Chus. Alors, ce dernier luy donna trois ou quatre coups d’espée dedens le corps, pour raison des quelz il mourust en la place.
    Condamné à mort, par contumace, il fut exécuté par effigie.
    En 1562, lorque l’armée de Charles IX assiégait Rouen, qu’occupaient alors les religionnaires rebelles, le sieur De Chus, qui était de service au camp du roi, « se présenta à ce monarque, et demanda sa rémission et pardon, qui luy fut accordée, au rapport de M. De Guise, qui attesta au roy les bons services que ce gentilhomme luy avoit faictz au faict de ses guerres. Mais ne luy fust oncques possible de faire passer les lettres au sceau, ains furent tousiours rompues en queue par monseigneur le chancelier de L’Hospital. »
    2°. Me. Bastien De Villette, curé de la Motte-de-Druges, avait été assassiné par Pierre Bisson, secrétaire du comte de Montgommery. Un mandement de prise de corps ayant été obtenu contre Bisson, le sieur De Chus et plusieurs autres gentilshommes accompagnèrent le sergent qui en était porteur, afin de lui prêter main-forte. Ils épièrent Bisson dans le village de l’Épinay, et lorsqu’ils l’aperçurent, crièrent tous : A l’ayde du Roy. Comme Bisson se mettait en défense, François De Pescan, sieur des Bouillons, « le mira d’une arquebuse qu’il portait, et luy en bailla ung coup de balle au travers du corps, du quel il mourust à la place. » Arrêtés à raison de ce faict, De Chus et ses complices furent menés flans les prisons de la conciergerie, à Rouen. « Dont adverty le sieur De Montgommery, et pour empescher que la court de parlement n’en
prinst plus avant congnoissance, icelluy sieur De Montgommery, accompaigné de trente ou quarante hommes de cheval, vint les tirer de la conciergerie, les mena aux prisons de Séez, et les livra ès mains du sieur De Rabodenges, bailly d’Alençon, afin de faire leur procèz comme juge souverain au païs. Par sentence de ce magistrat, Chéverie et Putot furent décapités. » Le sieur De Chus et ses autres complices s’enfuirent, et évitèrent ainsi le supplice.


1567. Perrette Legrand, née au Mesnil-Guillaume, diocèse de Lisieux, âgée de 22 ans, ci-devant chambrière du sieur De Caliége.
    Pour crime d’infanticide, Les détails de crime n’offrent rien d’intéressant.


1568. Charles Vallée, âgé de 23 à 24 ans, né à Pavilly, ci-devant soldat, en garnison à Neufchâtel, sous le capitaine Montuyt.
    1°. Étant au Bosc-Bérenger, avec sa fiancée, sept soldats italiens voulurent lui enlever cette femme. Aidé d’un nommé Nicolas Allaire, soldat comme lui, il en tua deux, et mit les cinq autres en fuite.
    Ces sept italiens appartenaient à une compagnie de gens de guerre de leur nation, logée alors au Bosc-Bérenger et dans les environs, et qui était sous les ordres du baron d’Esneval.
    2°. En 1568, après l’édit de pacification, « ung huguenot de Rouen, ayant envoyé son enffant pour estre baptisé à la presche, plusieurs soldars et grand nombre de populace estant à la porte du Bac, voullurent donner empeschement au passage dudict enffant » ; ils y réussirent, et l’enfant fut rapporté à la maison de son père, près l’église Notre-Dame-de-la-Ronde. Le peuple voulait entrer de force en ceste maison. Vallée fut arrêté comme instigateur de ce mouvement populaire, qu’à l’en croire, il avait, au contraire, voulu comprimer.


1569. Ambroise Néz, de Rouen, âgé de 24 ans ou environ.
    Georges Godefroy, son intime ami, avait été assassiné dans Rouen, par plusieurs espagnols ; et, en expirant, lui avait dit : Ha ! mon grand amy, je suys mort ; je vous prye bien fort de les faire mectre en prison, car ilz m’ont faict une acte malheureuse. »
    Néz et ses camarades allèrent dans la grand'rue du Pont, où demeurait Castro, un de ces espagnols, afin, dit-il depuis, de le faire arrêter. Comme il frappait à la porte, survinrent Castro et quatre autres espagnols venans de devers le Pont, qui chargèrent Néz, l’épée à la main, et lui donnèrent des coups d’épée dont, toutefois, il ne fut point blessé ; Ambroise Néz, se voyant ainsi chargé, « mect l’espée au poing, poursuyt les dictz hommes, et donne à l’ung d’eulx plusieurs coupz d’espée dont il alla mourir ung peu plus bas que la fonteyne du Grand-Cimetière de l’esglise Nostre-Dame. » Il tua aussi, d’un coup d’épée au travers du corps, un autre espagnol nommé De Lerme, qui lui avait donné un coup de dague par derrière.


1570. Claude Gourert, dit Filleul, né à Anceaumeville.

Loys De Braque, sieur de Byénetz, écuyer, homme d’armes sous les ordres du duc d’Anjou, frère du roi.

Jehan Le Chevalier (noble homme), sieur des Ifs, de la paroisse de Montville, près Rouen, archer de la compagnie de M. De Balzac d’Entraigues[2].

Benoit Leroux, veneur du baron de Clères.

Raullin Genault, varlet de chiens du baron.

Louis Hastereau, laquais du sieur De Braque.

Loys De Largille, de la paroisse de Saint-Remy-des-Lettes.

Georges Pinel.

Lejeune.

Loys Du Glan.

Robert Pellecoq (ces trois derniers de Heugleville).

    Un lundi de juin 1569, les sieurs De Braque et De Dranville s’étant mêlés aux danses des habitans de Préaux, village voisin de Rouen, l’un d’eux avait donné un soufflet à un soldat qui se moquait de sa manière de danser. Il en était résulté une dispute ; puis, on s’était battu ; les nommés Morel (ou Moreau) avaient désarmé le sieur De Dranville, et l’avaient contraint de se retirer avec le sieur De Braque, dans le château de Préaux, après avoir été frappés et menacés. Résolus à se venger de cet affront, mérité peut-être, les sieurs De Braque et De Dranville allèrent à Montville prier les sieurs Des Ifs et Goubert dit Filleul de les accompagner, le lendemain, à Préaux, et de les aider à punir les paysans qui les avaient insultés. Ces deux gentilshommes y ayant consenti, ils partirent tous quatre, le lendemain, accompagnés de Louis De Largille, de Louis Du Glan, de Robert Pellecoq, Georget Pynel, du veneur du baron de Clères, de son meneur de chiens, et de trois ou quatre laquais, « tous garniz d’armes, comme arquebouzes, pistoletz, espées et dagues. » Quand ils arrivèrent à Préaux, vers midi, « estoient les dictz Moreaulx (accompagnez de plusieurs personnes), en table, prenantz leur réfection en un racroq d’une nopce. » Les sieurs De Dranville et Des Ifs, qui, les premiers, le pistolet à la main,
attaquèrent ces villageois, furent bientôt terrassés et blessés. Goubert-Filleul « atteint d’ung coup d’espée par la teste, dont le sang luy couloit sur le visaige, pensant frapper les dictz Moreaulx, frappa d’ung coup d’espée leur mère qui se mettoit au devant d’eulx, dont elle tomba tost après morte, et plusieurs, tant de part que d’aultre, furent fort blécéz. »


1571. Pierre Hubert, cousturier (tailleur), âgé de 28 ans, né à la Prée, non loin de Cailly, diocèse de Rouen.
    Une haine invétérée existait entre la famille Hubert et la famille Quenal ou Queval, l’une et l’autre domiciliées à la Prée.
    Pierre Hubert avait déjà été en prison à Rouen, et fustigé soubz la custode, pour des voies de fait envers Robert Queval, cette haine ne faisant que s’envenimer, ils se battirent un jour dans le cimetière de la Prée, et Pierre Hubert tua Queval d’un coup de dague. Ce dernier paraissait avoir été l’agresseur.


1572. Michel Duval, né à Echauffou, diocèse de Lisieux, âgé de 25 ans.
    Attaché au service de puissant seigneur Félix Legris, baron d’Echauffou, guidon de la compagnie de monseigneur de Renty.
    L’armée royale étant devant Loudun, le maréchal des logis marqua le logement du baron d’Echauffou chez un gentilhomme nommé Hugues La Basselle, sieur de Varennes. Les sieurs De Manton et Des Courtilz entreprirent de déloger le sieur d’Echauffou de cette maison, et menacèrent de mettre dehors ses chevaux et ses bagages. Le baron d’Echauffou étant survenu, le sieur Des Courtilz lui tira un coup de pistolet qui le blessa à la jambe ; le sieur De Manton lui tira aussi un coup de pistolet, mais qui ne l’atteignit pas. Michel Duval
était là, avec le sieur De la Thibauldière, le marquis de Chaussis, écuyer ; Pierre Prévost, Jehan Buisson, Nicolas Morel, et autres officiers du baron d’Echauffou ; voyant leur maître ainsi attaqué, ils se jetèrent sur ses agresseurs, et les terrassèrent ; Buisson, l’un d’eux, donna un coup d’épée dans la gorge au sieur De Manton, et ce dernier mourut à l’heure même. Michel Duval, s’apercevant que le sieur De Varennes favorisait les ennemis de son maître, et venait de tirer l’épée pour les défendre, lui donna deux coups d’épée dont il mourut sur l’heure.


1573. François De Beaufort (noble homme), baron de Montboissier, seigneur de Boissonnelle, d’Aubusson, de Hauterive, de Vaux-Meaude, du Mohteil, chevalier de l’ordre du roi, âgé de 44 ans, du diocèse de Clermont en Auvergne, ancien page d’honneur de Henri II.
    Depuis long-tems, Florie D’Apchier, sa femme, et lui, vivaient en mauvaise intelligence. Ils semblaient, toutefois, réconciliés, et avaient fait leurs pâques ensemble. Mais, dans la nuit du mardi de Pâques au mercredi, étant couchés dans le même lit chez le seigneur de Beauvoir, leur voisin et parent, ils eurent une querelle très-violente, qui finit par la mort de Florie D’Apchier, que son mari tua de deux ou trois coups de dague. (Voyez l’histoire.)


1574. Messire André De Malherbe, sieur du Montier Gathémo, chevalier de l’ordre du roi, capitaine de la ville, château et vicomté de Vire, âgé de 40 ans, né a Gathémo, vicomté de Vire.

Me. Martin Néel, curé de Placy.

Robert Lecordier, sieur du Bur.

Louis Bernard, sieur de la Blancapierre,

Barnané De Saint-Paoul, sieur de Carville.

Jehan De Brénouville, sieur du Lieu.

Le sieur De La Rouauldière.

Pierre Lemière.

Marguerin Lomosnyer.

Gaspar Néel.

Robert Vengerus.

Jean Lemercier, etc.


    Ils se battirent, dans l’église de Vire, avec des gentilshommes protestans qui paraissaient avoir de mauvais desseins sur cette église, naguère dévastée par eux. Dans la mêlée, plusieurs gentilshommes périrent, de part et d’autre. (Voir l’histoire.)


1575. Claude Du Lac, écuyer.

Bertrand Du Lac,

Hector Du Lac, ses frères.

Pierre Delaporte, leur domestique, de la paroisse de Baroche-le-Galsambles, près Orléans.

    Ils avaient assassiné le sieur Delalandre dans son lit. (Voir l’histoire.)


1576. Damoiselle Jacqueline ou Jacquemine Du Boys Rioult, du pays de Bretagne.
    Mariée, malgré elle, dans un âge fort tendre, à Guy De Guite, sieur de Vaucouleurs, près Dinan, en Bretagne, et accablée par lui de mauvais traitemens, elle le fit assassiner par le sieur Briand de Chateaubriand, que, peu après, elle épousa en secondes noces. Mais leur crime fut découvert ; Châteaubriand fut arrêté, mis en jugement, condamné à mort par arrêt du parlement de Bretagne, et décapité à
Rennes. Jacqueline De Boisrioult fut aussi condamnée à mort, mais par contumace, comme complice de cet assassinat. (Voir l’histoire.)


1577. Richard Sottinier, âgé de 24 ans, né à Courson, vicomté de Vire.
    Valet et complice du sieur Lemarchand de Chavoy du Grippon, il avait assassiné, conjointement avec lui, le sieur De Villarmoys, capitaine des légionnaires de Basse-Normandie.
    Le sieur De Chavoy alla avec les nommés Richard Sottinier, Michel Sottinier, Jullian Halley, Pierre Le Goubbe et autres, attendre, près du gros chêne de Surigny, le sieur De Villarmoys, qui revenait d’Avranches ; atteint d’un coup de pistolet, le sieur De Villarmoys succomba le jour même. Sottinier, dans sa confession, dit que, précédemment, le sieur De Villarmoys avait juré qu’il ferait mourir le sieur De Chavoy, à cause de l’empêchement que ce dernier donnait au mariage d’une de ses vassales avec un des vassaux du sieur De Villarmoys. A l’entendre, le sieur De Chavoy ne fit que prévenir un ennemi qui voulait le faire périr.
    Cet assassinat fit beaucoup de bruit. Le sieur Du Grippon fut arrêté et détenu misérablement dans les prisons d’Avranches. M. De Matignon, chef des catholiques en Normandie, voulut le faire enlever de ces prisons par les vibaillis de Caen et de Coutances, et le faire conduire au château de Caen, pour le faire juger à sa dévotion. Il voulait, dit-on, faire périr le sieur Du Grippon, pour s’accommoder de la terre du Grippon, qu’il convoitait.
    Le sieur De Villarmoys subit, pour ainsi dire, en cette occasion, la peine du talion. Car lui-même avait assassiné, en 1562, sur la route de Saint-Lô, le sieur Hermesis qui allait rejoindre Montgommery. (De Thou, Hist. univ., livre xxx.)
    Sottinier est le premier prisonnier délivré par le chapitre, qui n’ait pas été conduit au prieuré de Bonnes-Nouvelles, pour y recevoir, après l’office de la cathédrale, une semonce du prieur. (Voir le cérémonial.)
    En 1643, la fierte fut levée par un sieur Lemarchand De Chavoy.
    Noël Du Fayl, sieur de la Hérissaye, parle de ce sieur Du Grippon, dans ses contes d’Eutrapel, imprimés à Rennes, en 1597.
    « J’ay chanté quand il m’a pleu (dit-il), beu quand j’ay eu soif, resvé et solitairement entretenu mes pensées et souhaits, lors qu’ils se sont présentez ; et, comme disoit le seigneur Du Grippon, de Normandie, me suis tousiours retiré des compagnies, demie heure auparavant qu’il me deust ennuyer ; dit librement et consulté ce qui bon me sembloit, traité révéremment la grandeur du roi et des princes, aus quelz, s’ils le m’ont demandé, je n’ay rien dissimulé. » {Contes d'Eulrapel, édit. de 1597, fol. 153.)


1578. François Du Menez, dit De la Montaigne, écuyer, sieur du Guerrouil, âgé de 25 ans, du pays de Bretagne, lieutenant de son père, qui était gouverneur d’Audierne, petit port de Bretagne.
    Il chercha querelle au nommé François Verdon, qu’il prenait pour un espion des religionnaires vaincus à la Rochelle, et qui avait refusé de quitter Audierne, malgré ses ordres. Un duel eut lieu ; François Verdon fut tué, et son corps jeté à la mer. (Voir l’histoire.)


1579. François Lorier, de la paroisse de Tilly, dans le bailliage de Caen.

Jean Lorier, curé de Tuvigny-sur-Seule, son frère.

    Complices de l’assassinat de Jean De Harcourt, sieur de
Juvigny, dont ils habitaient le château. Ils avaient agi à l’instigation de l’épouse de ce gentilhomme. (Voir l’histoire.)


1580. Jean Bellet, de la paroisse de Sainte-Croix-Saint-Ouen de Rouen, âgé de 23 ans.
    Complice du capitaine Maynet la Vallée et du sieur Jérôme Maynet, qui, dans un combat prémédité, sur le pont de Rouen, avaient tué les sieurs De Lisle et De Vieufossé, en un jour et veille de Saint-Martin d'esté. (Voir l’histoire.)


1581. Jehan Du Plessis, écuyer (noble homme), sieur du Plessis-Malesse, ou Mélesse, en Bretagne.
    « Il avoit esté nourry, une partie de sa jeunesse, avec Sébastien De Luxembourg, seigneur et comte de Martigues, et l’avoit suivy en plusieurs exploictz de guerre », notamment à l’action qui eut lieu en 1568 sur la levée de Saumur, action où D’Andelot, frère de Coligny, et les protestans qui étaient sous ses ordres, furent battus. Martigues, pour le récompenser de sa belle conduite en cette occasion, lui avait donné alors une enseigne de gens de pied. Du Plessis avait aussi assisté à la bataille de Moncontour, à celle de Châteauneuf, à la défaite des Provençaux, aux escarmouches de Jazeneuil et de Pamproux, et enfin, en 1569, au siége de Saint-Jean-d’Angély, où le comte de Martigues, son protecteur, fut tué d’un coup de mousquet.
    Irrité de cette mort, il se retira en Bretagne, le cœur plein de haine contre les protestans et les autres ennemis du roi. Beaucoup de gentilshommes remuaient dans cette province, malgré les édits qui leur avaient ordonné de mettre bas les armes et de se retirer dans leurs maisons. Parmi eux était le sieur Delahaie-Saint-Hilaire qui, rentré chez lui depuis peu de tems, redressoit desjà son esquipage pour retourner trouver ceulx dont il tenoyt le party. Du Plessis-Mélesse, ennemi de ce gentilhomme, se rendit, le lundy des rames 1570, à quatre
heures du matin, avec son frère et plusieurs gentilshommes, à la maison du sieur Delahaie-Saint-Hilaire, « à l’intention de le prendre prisonnier et le rendre entre les mains de justice, comme rebelle à la majesté du Roy. » Le sieur Delahaie-Saint-Hilaire étant descendu en bas, « fut frappé à mort, par aulcuns de la compaignye, de plusieurs coups de pistolle et de poignard, desquelz il mourut incontinent. » (Voir l’histoire.)


1582. Claude D’Aubigny, chevalier de l’ordre du roi, gentilhomme ordinaire de la chambre de sa majesté, seigneur de la Touche, d’Aubigny et de la Jousselinière, baron de la Roche et de la Seicherie, seigneur et châtelain de Sainte-Jeanne et de Brenesche ou Brevesche, âgé de 35 ans, du pays de Bretagne.
    Outre les deux meurtres rapportés par nous dans l’histoire, il confessa les faits suivans :
    Il avait été complice d’un meurtre commis dans les rues d’Angers, par le sieur De Pennentèz, qu’accompagnaient les sieurs De la Bélonnière et De Marsilly, puîné de Serrent.
    Le sieur De Marsilly, puîné de Serrent, ayant été tué dans les rues d’Angers, à quelque tems de là, Claude D’Aubigny allait souvent à Angers, accompagné d’hommes armés, pour venger la mort de ce jeune gentilhomme, son ami.
    Étant capitaine de cent hommes d’armes, sous le comte de Martigues, son parent, et se trouvant à Périgny, en Lorraine, les sieurs De Festal voulurent emporter de force de l’avoine qui était dans son logis ; comme ils s’y opiniâtraient malgré ses défenses, on mit l’épée à la main, et D’Aubigny donna aux deux frères un coup d’épée au travers du corps, dont ils moururent à l’heure même.
    De retour à Paris, il se rendait à cheval de chez l’évêque
de Maillezais, son parent, chez le roi, ayant en croupe le sieur De la Tour, et à sa suite son frère et deux ou trois gentilshommes. Dans la rue, il fut attaqué par un frère des feus sieurs De Festal, accompagné de huit à neuf hommes à cheval. Ce dernier, voulant donner par derrière un coup d’épée à D’Aubigny sur la tête, atteignit le sieur De la Tour, et lui porta un coup mortel. D’Aubigny, avant de pouvoir tirer son épée, reçut deux coups d’épée, l’un au bras, l’autre à la gorge. Enfin, ayant tiré son épée, et appelant son agresseur chien et huguenot, il lui donna deux coups d’épée au travers du corps, dont il mourut la nuit suivante.
    Il leva la fierte, accompagné de plus de trente personnes, ses complices.


1583. Chrestien De Gommer, écuyer, sieur du Breuil, âgé de 28 ans, né au pays de Brie.
    Son père, grand-maître des eaux et forêts à Château-Thierry, avait été assassiné par l’abbé d’Orbais. Plusieurs années après, excité par tous les gentilshommes de son voisinage à venger la mémoire de son père, il tua l’abbé d’Orbais.

François De Gommer, son frère,

Et François De Jouan, sieur de Malherbe, son beau-frère, étaient ses complices. (Voir l’histoire.)


1584. Pierre Gueroult, âgé de 28 ans, né à Frichemesnil.
    Un mardi de Pentecôte, lui et douze de ses camarades étant allés à Bosc-le-Hard pour se divertir, une querelle s’éleva entre un jeune homme de Bosc-le-Hard et un jeune homme de Clères. Les amis des deux combattans prirent parti les uns contre les autres. « Ils s’entremeslèrent, se battant les uns les autres, que de poings, que de pierres, que de coups de
dagues et d’espées. » Gueroult donna un coup de dague au travers du corps d’un nommé Jean Trevet, de la paroisse de Grigneuzeville, et le nommé Auber, de la paroisse de Frichemesnil, l’acheva. Ils pouvaient être deux cents, de trois paroisses, Grigneuzeville, Bosc-le-Hard, Carmesnil. Trois autres que Trevet y moururent. Il y eut des blessés de part et d’autre.


1585. Pierre De Vaussé (noble homme), sieur de Vaugarry, né à Mont-Chevreuil, âgé de 32 ans.
    Étant aux guerres de Flandre, il avait eu une querelle avec le capitaine Julien, bâtard de Médavy, et il nourrissait contre lui des projets de vengeance. De retour en France, il s’attacha au baron de Médavy, ennemi irréconciliable du capitaine Julien, qui avait osé se présenter pendant long-tems comme héritier de Médavy ; il avait même plaidé au parlement de Normandie contre le baron ; mais enfin ce dernier avait obtenu un arrêt qui déclarait Julien bastard et non filz légitime. Le baron haïssait mortellement Julien ; le sieur De Vaugarry n’aspirait qu’à se venger de lui ; ils s’entendirent donc en peu de tems. Vaugarry se rendit à Paris, dans l’unique dessein de se défaire du capitaine Julien ; et, en effet, un italien, nommé Marc Tulle, qu’il avait pris avec lui comme un homme d’exécution, tua, d’un coup de pistolet, dans la rue des Anglais, près la place Maubert, le capitaine Julien, qui rentrait chez lui, et qu’ils avaient épié. Le procureur du baron de Médavy, complice de cet assassinat, fut mis sus la roë à Paris.
    Lui et un gentilhomme, son voisin, nommé Cyprien De Berville, sieur de la Mauguignière, étaient ennemis jurés, et, par défiance l’un de l’autre, ils ne marchaient qu’armés et accompagnés de gens munis d’espées, arquebuses et pistolles. Un dimanche, le sieur De Vaugarry, allant à la messe, fut attaqué par le sieur De la Mauguignière. Un des deux soldats qui accompagnaient Vaugarry riposta par un coup de pistolet, qui tua le sieur De la Mauguignière père.


1586. Raoul Coignet (noble homme), secrétaire du roi, né à Paris, âgé de 25 ans.
    Il était en procès avec François Coignet, son frère aîné, et ce procès les avait brouillés. L’un et l’autre, accompagnés chacun de leurs amis, s’étant rencontrés près de Neaufle, une querelle s’éleva entr’eux à l’occasion de ce que Raoul Coignet avait battu le chien de François. Ils étaient tous armés de pistolets et de poictrinaux[3]. Ils se battirent. François Coignet et le sieur De Florimont, son ami, furent tués. Il paraît certain que François Coignet périt de la main de son frère. (Voir l’histoire.)


1587. Gaspard Des Aubuz, écuyer, sieur de Morton, du pays de Loudunois âgé de 47 ans.
    1°. En 1574, il avait été complice d’un meurtre commis par six gentilshommes du Poitou.
    2°. Un sieur Des Dormants ayant usurpé 120 arpens de marais appartenant à la commune qu’habitait le sieur De Morton, ce dernier prit parti pour la commune. Dès-lors ces deux gentilshommes se vouèrent une haine profonde, et Des Dormants chercha plusieurs fois l’occasion de tuer son ennemi. En diverses rencontres, assistés chacun de quelques amis armés, ils se combattirent par les chemins, et, dans ces combats, il y eut des hommes tués, d’autres faits prisonniers, « comme s’ilz eussent esté en faict de guerre et contre les ennemys. » Le maréchal de Cossé, chargé par la reine-mère d’accommoder leurs différends, mourut avant d’avoir terminé cette affaire. À quelque tems de là, un combat eut lieu dans les rues de Loudun, entre le sieur De Morton et les beaux-fils du sieur Des Dormants. Dans ce combat, le sieur Des
Aubuz, frère de Morton, ayant été tué d’un coup de poictrinal (sorte d’arquebuse), Morton, qui venait de recevoir lui-même un coup d’épée, « voyant son dict frère mort et luy blécé oultrageusement », donna deux coups d’épée à un soldat qu’il étendit mort. Il blessa au même instant celui qui avait tué son frère. Un des beaux-fils du sieur Des Dormants fut tué aussi dans cette rencontre. Enfin, en septembre 1586, lui, et trois cavaliers qui étaient avec lui, ayant été chargés dans un village par quatre frères du nom de Dormants, accompagnés de soldats armés, dans ce combat un des sieurs Des Dormants périt de la main de Morton, qui lui-même vit tomber à ses côtés deux des hommes qui l’accompagnaient.


1588. Nicolas Auger, de la paroisse de Nolleval, militaire.
    Envoyé par les sieurs De Sainte-Catherine et D’Angers, pour dire à Étienne Leclerc, leur voisin, de renvoyer des pestiférés logés chez lui, qui pouvaient infecter tout le hameau, on le reçut mal, et il répondit sur le même ton. Les sieurs De Sainte-Catherine et D’Angers accoururent, et, se voyant aussi injuriés par Étienne Leclerc, qui les menaçait d’une fourchefile, ils résistèrent et tuèrent ledit Leclerc, de complicité avec Nicolas Auger.


1589. Valentin Vallée}, écuyer (noble homme), sieur de Blanc-Fossé, enseigne de la compagnie du capitaine Trésaint, sous le commandement du sieur Du Noyer, âgé de 27 ou 28 ans.
    1°. « Estant aux trouppes du capitaine Thomas, voulant passer par Orbec, les habitantz féirent résistance, où il y en eut quelques-ungs des ditz habitans, jusques au nombre de trois ou quatre, de tuéz. »
    2°. A Neuvi-au-Houlme, près Falaise, il avait eu querelle avec un nommé Villers « pourquoy ils méirent tous deux la
main à l’espée, et Blancfossé donna à Villers ung coup d’estoc dont il mourut en la place. »
    3°. Il avait tué en duel un nommé Vieumonde, parce qu’il portait une bague que le sieur De Blancfossé reconnut pour l’avoir donnée à une fille.
    4°. En juillet 1588, les troupes du sieur Du Noyer, passant par un village nommé la Petite-Haie, quatre ou cinq mille paysans les attaquèrent et les poursuivirent pendant huit ou neuf lieues. Les troupes se mirent en défense, et il y eut beaucoup de ces villageois tués et blessés.
    5°. Les sieurs Du Noyer, De Blancfossé et quelques autres, se trouvant à l’hôtellerie des Trois-Maries, à Argentan, le sieur D’Hémery de Villers se mit à parler des états de Blois où il allait se rendre, puis il se vanta de la rémission qu’il venait d’obtenir du meurtre par lui commis sur la personne du fils de M. De Lisores, président au parlement de Normandie. Les propos imprudens qu’il tint en cette rencontre occasionnèrent une querelle, puis un combat entre lui et le sieur Du Noyer. » L’un et l’autre étaient accompagnés de leurs amis, tous mirent les armes à la main ; Blancfossé voyant le sieur Du Noyer, son maître, en danger, tua le sieur d’Hémery d’un coup de pistolet. Le Sieur De Manneville, ami de D’Hémery, qui voulait tirer sur le sieur Du Noyer, fut lui-même atteint d’un coup mortel. Blancfossé et un valet du sieur Du Noyer, tuèrent un palefrenier du sieur D’Hémery, qui voulait tirer sur leur maître. Ils tuèrent aussi un sieur De Vallonnière et un nommé Lambert, de la suite du sieur D’Hémery. Cette tragédie se passa près de la porte d’Argentan. Le sieur D’Hémery, homicidé, était du parti du roi ; le sieur Du Noyer et les siens servaient pour la ligue, sous M. De Brissac qui les recommanda chaudement au chapitre.
    Blancfossé leva la fierte pour le sieur Du Noyer et ses autres complices.


1590. Antoine Hagues.
    Il avait tué, en a guet de chemin, le sieur De Marchéneuf.

Jean Du Mesniel, sieur du Tot, son complice.

    « Ils estoient prévenus de grand nombre de meurdres et voleries exécrables et crimes atroces. »


1591. Jacques Pollart, ou Poullart, de la paroisse de Saint-Etienne-des-Tonneliers de Rouen, de la compagnie des arquebusiers de ladite ville.
    Son père, lui, le capitaine Leduc et plusieurs autres arquebusiers de Rouen, avaient dîné dans un jardin, du côté de Saint-Sever. Le soir, pour revenir à la ville, cette société nombreuse prit deux barques. Pollart père et François Leduc, capitaine des arquebusiers, étaient dans la même barque ; le fils Pollart était dans une autre. On commença par se jeter de l’eau, d’une barque, à l’autre, avec les avirons. Puis, on se tira des coups d’arquebuse ; Pollart fils, croyant que la sienne n’était, comme les autres, chargée qu’à poudre seulement, coucha en joue les passagers de l’autre barque, fit feu, et eut le malheur de tuer, du même coup, son père et le capitaine Leduc. (Voir l’histoire.)


1592. Thierry Polys, âgé de 28 ans, né à Rouen, sur la paroisse Saint-Vincent, homme d’armes sous la charge du capitaine Perdriel, à Rouen.
    De complicité avec ses six frères, il tua, de guet-à-pens, près de la Harenguerie, à Rouen, le nommé Yvon Gaudissart, qui avait maltraité Thomas Polys, l’un de sesdits frères.


1593. Claude De Pehu, sieur de la Motte, de Longueil, entre Compiègne et Noyon, âgé de 21 ans.
    Complice de l’assassinat commis par le marquis d’Alègre,
sur la personne de Montmorency Du Hallot, lieutenant du roi Henri IV, à Vernon. (Voir l’histoire.)
1594. Nicolas De Coquerel (noble homme), de la ville d’Ardres, comté de Guines, âgé de 22 ans, homme d’armes de la compagnie du sieur Du Boys d’Ennebourg, gouverneur d’Ardres.
    Un sieur De Sailly avait, précédemment, vendu un cheval au sieur D’Espinay du Boys d’Ennebourg (frère du gouverneur d’Ardres), qui lui avait payé une partie du prix. Plus tard, le sieur De Sailly étant à Vernon, se plaignit au sieur D’Espinay de ce qu’il n’avait point de cheval pour courir à la bague ; alors le sieur D’Espinay consentit volontiers à lui prêter celui qu’il lui avait vendu précédemment. Mais le baron d’Oisteville ayant eu envie de ce cheval, le sieur De Sailly, à qui il était prêté, n’eut pas honte de le lui vendre par le prix et somme de 300 escus sol, à payer quand il seroit prestre, mort ou maryé. De là, entre le sieur D’Espinay et le sieur De Sailly, des querelles et une haine qui devaient avoir une issue tragique. A quelque tems de là, les deux frères Du Boys D’Ennebourg, accompagnés de plusieurs gentilshommes, et entre autres, du sieur De Coquerel, se rendaient, à cheval, de Vernon à Mantes, où était alors la cour, lorsqu’entre Géfosse et Bonnières, passaige fort estroict, ils aperçurent deux cavaliers. Dans l’un d’eux le sieur D’Espinay reconnut Du Sailly, et il piqua vers lui, suivi du sieur De Dampierre, gentilhomme du Tronquay-en-Lyons. « Ha ! Sailly, te voilà, s’écria-t-il, il fault maintenant que tu meures. » Sailly se mit en défense ; mais que faire contre trois hommes armés ? (car le sieur De Coquerel s’était réuni aux deux premiers agresseurs). Frappé et blessé à mort par les sieurs D’Espinay, De Dampierre et De Coquerel, Sailly fut emporté dans la
rivière par son cheval, qui nagea et gagna une île en face, laissant son maître noyé dans le fleuve.


1595. Jacques Thorel, écuyer, sieur de la Garenne, né à Etouteville-en-Caux, âgé de ans. Claude De Landes, écuyer, sieur de Beaurepaire, et quatre soldats.
    Ils avaient assassiné, dans le réfectoire de l’abbaye de Valmont, dom Letanneur, religieux de cette abbaye. Le sieur De Beaurepaire lui en voulait, parce qu’il chassait sur les terres de la duchesse de Longueville. (Voir l’histoire.)


1596. Pierre De La Sceaulle, écuyer, sieur de la Motte, né à Hermival, diocèse de Lisieux, homme d’armes de la compagnie du sieur De Longchamp, âgé de 20 ans.
    Le sieur De Longchamp ayant trouvé un valet de Jean De la Masure, écuyer, sieur du Boyssimon, son ennemi, tirant du gibier sur ses terres, lui avait adressé des reproches très-durs, dans lesquels le sieur Du Boyssimon n’avait pas été épargné. Le lendemain, ce dernier, ses deux frères et deux soldats armés de toutes pièces, allèrent chez le sieur De Longchamp, qui était absent, et adressèrent aux domestiques des propos injurieux contre leur maître. A deux jours de là, les sieurs De la Sceaulle et De Saint-Ouen, amis du sieur De Longchamp, chassant ensemble avec deux autres individus de leur suite, et deux soldats qui se joignirent à eux, rencontrèrent le sieur Du Boyssimon, qui, précédemment, avait menacé les deux premiers de les tuer ; ils le provoquèrent ; il leur répondit « qu’il extermineroit la race des Longchamp et les leurs », et il ordonna à son valet de leur tirer un coup d’escopette. Alors le sieur De la Sceaulle tira au sieur Du
Boyssimon un coup de pistolet, qui le blessa à mort. Le sieur De Saint-Ouen l’acheva. (Voir l’histoire.)


1597. Richard Du Vivier écuyer, sieur du lieu, âgé de 22 ans, né à Landes, diocèse de Bayeux.

François De Boissel ou Boussel De Parfouru, âgé de 35 ans, né à Parfouru.

Salomon De Banneville, écuyer, sieur de Langerie, âgé de 30 ans, né à Banneville, diocèse de Bayeux.

Robert Le Bourgeois, écuyer, sieur de Tournay, âgé de 22 ans, né à Tournay, diocèse de Bayeux.

David Le Vicomte, écuyer, sieur de Belletot, âgé de 32 ans, né à Sermentot, diocèse de Bayeux.

Pierre Marguerie.

    Pour l’homicide de Germain De Vernay, fils de Jean De Vernay, sieur de la Rivière. (Voir l’histoire.)


1598. Pierre Maillard, laboureur, à Chandey, dans le Perche, âgé de 55 ans.
    Pour lui et pour la commune de Chandey tout entière, qui avait pris part, ainsi que lui, à l’assassinat du sieur Du Plessis-Longuy, fléau du pays.
    Ce fait se rattache à l’histoire des Gauthiers. (Voir l’histoire.)


1599. Laurent Quinerit, avocat en la vicomté d’Argentan, âgé de 27 à 28 ans.
    Le sieur De Clerfœuille lui en voulait, parce qu’il lui avait, précédemment, disputé la qualité d’écuyer. S’étant rencontrés
à la foire du bourg de Melleraut, Clerfœuille l’apostropha et lui chercha querelle, à propos d’une redevance à laquelle il prétendait que Quinerit était tenu envers lui, comme vassal. Quinerit lui dit : « Si vous ne vous voulléz contenter de la raison, il fault mettre les esperons bas. » À ce mot, le sieur De Clerfœuille, furieux, provoqua Quinerit. Ce dernier refusa le combat, et Clerfœuille monta à cheval et s’en alla. Mais, une heure après, Quinerit, retournant chez lui, rencontra le sieur De Clerfœuille, qui l’attaqua l’épée à la main. Quinerit se défendit et le tua du premier coup d’épée.


1600. François Destut, écuyer, sieur de Tracy et de Saint-Père (de la province de Berry), exempt des gardes-du-corps du roi, âgé de 38 ans.
    Une terre à haute-justice, attenante à celles du sieur De Tracy, ayant été décrétée et mise en vente, ce gentilhomme fit des démarches pour que cette terre ne fût pas adjugée au sieur De Jodon, religionnaire ardent, qui n’aurait pas manqué d’y établir un prêche et d’y tenir des assemblées secrètes. Un autre religionnaire, nommé Guichard dit Rodomont, furieux du succès de ces démarches, insultait, en toutes rencontres, le sieur De Tracy, qui, un jour enfin voyant Rodomont le menacer de l’épée, se défendit et le tua. (Voir l’histoire.)

  1. Sang de dey, épée courte, telle qu’en portaient les nobles vénitiens. (Roquefort).
  2. Un des descendans de ce Jehan Le Chevalier, sieur Des Ifs, leva la fierte en 1780.
  3. Sorte d’arquebuse plus courte que le mousquet.