Histoire des fantômes et des démons/Traitement du Vampirisme

TRAITEMENT DU VAMPIRISME.

Lorsque nous étions en quartier d’hiver, chez les Valaques, (dit M. de l’Isle de St.-Michel, dans ses Lettres), deux cavaliers de la compagnie dont j’étais cornette, moururent de vampirisme ; et plusieurs qui en étaient encore attaqués en seraient morts de même, si un sous-officier de notre compagnie n’avait fait cesser la maladie, en exécutant le remède que les gens du pays emploient pour cela. Il est des plus particuliers ; et quoi que infaillible, je ne l’ai jamais lu dans aucun rituel. Le voici :

On choisit un jeune garçon, qui n’ait pas encore atteint l’âge de puberté ; on le fait monter à poil sur un jeune cheval absolument noir ; on le fait promener dans le cimetière, et passer sur toutes les fosses. Celle où l’animal refuse de passer, malgré les coups de cravache qu’on lui donne sans ménagement, est réputée remplie d’un vampire. On ouvre cette fosse, et l’on y trouve un cadavre, aussi gras et aussi beau que si c’était un homme heureusement et tranquillement endormi. On coupe le cou à ce cadavre d’un coup de bêche ; et le sang coule frais et vermeil. Cela fait, on comble la fosse ; et on peut compter que la maladie cesse, et que tous ceux qui en étaient attaqués recouvrent leurs forces peu à peu.

C’est ce qui arriva à nos cavaliers. Leur guérison fût complète, et le vampirisme ne se montra plus[1].

  1. On sait que l’imagination entrait pour beaucoup dans ces sortes de maladies.