Histoire des fantômes et des démons/Les Funérailles interrompues

LES FUNÉRAILLES INTERROMPUES.

M. de Combles ancien magistrat dans une cour de Lyon, attaqué de la maladie grave à laquelle il a succombé il y a peu d’années, ne cessait de dire en riant à ses parens, amis et domestiques qui l’entouraient : « Ne croyez pas vous débarrasser de moi, en m’enterrant ; au moment où vous y penserez le moins, je reviendrai exprès pour vous épouvanter tous. »

On ne fit pas grande attention à un propos qui ne tenait qu’à l’esprit facétieux dont il avait donné tant de preuves. Cependant il mourut ; et, après sa mort, on porta son corps à l’église. Il y fut accompagné par sa nombreuse famille, beaucoup d’amis, et une grande foule de peuple. Mais, au moment où l’on s’occupait tristement ; et dans : le plus grand silence, des cérémonies funèbres, on entendit distinctement des gémissemens profonds, qui paraissaient sortir de dessous le drap mortuaire, et l’on vit tout-à-coup le cercueil s’agiter assez violemment en différens sens…

Le service fut aussitôt interrompu ; plusieurs spectateurs prirent la fuite, avec la plus grande terreur ; d’autres, se rappelant ce que M. de Combles avait si souvent répété pendant sa maladie, restaient stupéfaits, dans une anxiété très-pénible. Enfin, quelques-uns, plus hardis, soulevèrent le drap, et aperçurent un malheureux homme du peuple qui, ayant eu une attaque d’épilepsie, dans ses convulsions, avait roulé sous le cercueil, et avait excité l’effroi général par ses mouvemens et ses cris plaintifs. (Paris, Versailles et les provinces, etc.)