CHAPITRE NEUVIÈME.

les abénakis en canada et en acadie.

1701-1713.

À peine les Abénakis furent-ils établis à Saint-François, qu’une terrible maladie, la petite vérole, éclata en Canada. Le quart de la population de Québec fut enlevé par cette épidémie[1]. Il en fut à peu près de même pour les Abénakis et pour les autres sauvages du pays. À la suite de cette affreuse épidémie, qui avait jeté partout l’épouvante, les colons et les sauvages se virent dans l’obligation de reprendre les armes, en 1703, après une paix qui n’avait duré que quatre ans.

L’avènement d’un Bourbon, en 1700, sur le trône l’Espagne avait étonné l’Europe et y avait causé des troubles sérieux. En 1701, Louis XIV, après la mort de Guillaume III, avait donné à son fils le titre de roi d’Angleterre, quoiqu’il fût convenu avec son conseil de ne point le faire. Cette démarche du roi de France blessa la nation anglaise, et acheva de décider le cabinet de Londres à déclarer la guerre à la France. La cause de cette guerre était bien étrangère aux intérêts du Canada, mais comme il est fort probable que l’espoir de s’emparer de ce pays fut pour quelque chose dans la décision du cabinet de Londres, les Anglais profitèrent de cette occasion pour porter leurs armes contre la colonie. Mais Dieu veillait sur elle et la protégeait. Ces ennemis furent repoussés et ne purent rompre la digue que M. de Callière avait formée en 1700, par le traité solennel avec les cinq cantons Iroquois. Ainsi, tandis que Marlborough, par ses victoires, immortalisait en Europe le règne de la reine Anne, l’Angleterre vit échouer presque toutes ses entreprises en Amérique, par des défaites et des désastres.

Les principaux théâtres des hostilités furent le Massachusetts, l’Acadie et l’Île Terreneuve.

Aussitôt après le traité de Montréal, M. de Callière avait envoyé des missionnaires chez les Iroquois. Ces missionnaires avaient ordre de travailler activement à dissiper les préjugés que ces sauvages nourrissaient contre les Français, et à s’efforcer de déjouer les intrigues des Anglais. Ils devaient informer le gouverneur du Canada de toutes les démarches de la Nouvelle-York. Les Anglais firent beaucoup d’efforts pour engager les Iroquois à renvoyer ces missionnaires ; mais ils ne purent y réussir. Ils ne gagnèrent à leur cause que quelques Chefs. Comme ils étaient peu redoutables de ce côté, lorsqu’ils n’avaient pas les cantons en leur faveur, le gouverneur tourna alors ses regards vers l’Acadie ; car c’était de ce côté que les coups des ennemis pouvaient devenir fort redoutables.

Ce fut sous ces circonstances que M. de Callière mourut, le 26 Mai 1703. Il fut vivement regretté des Canadiens, qu’il servait depuis vingt ans et qu’il gouvernait depuis cinq ans. Le gouverneur de Montréal, le Marquis Philippe de Rigaud de Vaudreuil, lui succéda[2].

Pendant ce temps, les Abénakis, connaissant l’orage qui s’élevait du côté des Anglais, se préparaient à prendre les armes pour aller à la défense de leurs amis et alliés ; en même temps, ils contribuaient beaucoup à maintenir les Iroquois dans la neutralité, par la grande terreur qu’ils leur inspiraient. Leur avis était devenu d’un grand poids auprès de ceux du Saut Saint-Louis, ce qui les fit réussir à déjouer les intrigues du colonel Schuyler auprès de ces sauvages. Ce colonel, l’homme le plus intrigant et le plus actif de la Nouvelle-York, était parvenu à gagner à sa cause quelques sauvages du Saut. Les Abénakis intervinrent, et purent déjouer ses intrigues. Ainsi, sans les Abénakis, Schuyler eût gagné une partie des Iroquois chrétiens[3].

Les Anglais, voyant que les Abénakis étaient presque toujours un grand obstacle à toutes leurs démarches contre le Canada, résolurent de tenter encore un moyen pour les attirer vers eux. Le gouverneur Dudley fut choisi pour traiter avec les Chefs, de cette affaire importante. Tous les Chefs abénakis, depuis la rivière Merrimack jusqu’à Pentagoët, furent invités à une grande assemblée à Casco[4]. La plupart de ces Chefs ne consentirent pas à se séparer des Français. Cependant quelques uns firent la paix avec les Anglais. « Le soleil » ; dirent-ils, « n’est pas plus éloigné de la terre que nos pensées le sont de la guerre »[5].

Alors, M. de Vaudreuil, pour déconcerter toutes les intrigues des Anglais, se vit dans l’obligation de jeter les Abénakis dans la guerre. C’était, à dire vrai, un recours extrême ; « mais la sûreté, l’existence même de la population française était une raison suprême qui faisait taire toutes les autres »[6]. Il les associa à de braves Canadiens, les mit sous le commandement de M. Beaubassin, et les lança contre la Nouvelle-Angleterre. Pendant presque tout l’été, 1703, ces sauvages ravagèrent les établissements anglais, depuis Casco jusqu’à Wells, dans la province de Massachusetts. « Les sauvages, » dit Bancroft, « divisés. par bandes, assaillirent avec les Français toutes les places fortifiées et toutes les habitations à la fois, n’épargnant, suivant les paroles du fidèle chroniqueur, ni les cheveux blancs, ni l’enfant sur le sein de sa mère. La cruauté devint un art, et les honneurs récompensèrent l’auteur des tortures les plus raffinées. Il semblait qu’à la porte de chaque maison un sauvage caché épiait sa proie. Que de personnes furent massacrées ou entraînées en captivité ! Si des hommes armés, las de leurs attaques, pénétraient dans les retraites de ces barbares insaisissables, ils ne trouvaient que des solitudes. La province de Massachusetts était désolée, et la mort planait sur ses frontières[7].

Cesparoles du célèbre historien américain, quoiqu’un peu assaisonnées de fiel, nous font bien connaître les ravages que les Abénakis firent alors dans la Nouvelle-Angleterre.

À l’automne, les Anglais, pour se venger, attaquèrent à l’improviste les Abénakis de l’Acadie, et massacrèrent impitoyablement tous ceux qui tombèrent entre leurs mains. Ces sauvages demandèrent alors du secours à M. de Vaudreuil, qui leur envoya, pendant l’hiver 1703-1704, 250 hommes, Canadiens, Abénakis et Iroquois du Saut Saint-Louis, sous les ordres de Hertel de Rouville[8].

Hertel avait ordre de se diriger sur Deerfield, premier établissement anglais sur les frontières du Massachusetts. Il partit de Montréal, au commencement de Février, accompagné de ses quatre frères. Il remonta le Richelieu, se rendit à la rivière à l’ognon, sur le lac Champlain, pénétra par là jusqu’à la rivière Connecticut et descendit par cette rivière jusqu’à Deerfield, où il arriva le 29, quelques heures après le coucher du soleil. Il s’arrêta aux environs du village, et envoya prendre quelques connaissances des lieux. Ses éclaireurs rapportèrent que rien n’indiquait des préparatifs de défense, que les sentinelles avaient abandonné leurs postes et qu’elles étaient endormies.

Dans le cours de l’été précédent, le colonel Schuyler, ayant été informé qu’on projetait en Canada d’attaquer Deerfield, avait recommandé aux habitants de ce village de se tenir toujours prêts à la défense ; mais les Canadiens et les sauvages n’ayant point paru en cet endroit, les habitants finirent par croire que c’était une fausse alarme, et les gardes du village demeurèrent sans défiance.

À la nouvelle rapportée par les éclaireurs ; Hertel résolut de marcher de suite à l’attaque. Le village était entouré d’une palissade, qui fut facilement franchie, parceque la neige y était beaucoup amoncelée. Hertel divisa alors ses troupes en plusieurs bandes, et attaqua à la fois presque toutes les habitations. La place fut prise sans combat. Quarante-sept habitants, voulant se mettre en défiance, furent tués ; quelques uns purent s’échapper, et cent-vingt furent faits prisonniers[9] ; puis le feu fut mis au village. Le lendemain, au lever du soleil, Deerfield ne présentait qu’un monceau de cendres. Un petit parti d’Anglais poursuivit les sauvages dans leur retraite, dans le but de délivrer les prisonniers ; mais il fut facilement repoussé et les vainqueurs. continuèrent leur route vers le Canada avec leurs prisonniers.

Parmi ces captifs, on comptait un ministre protestant, du nom de John Williams, et sa famille. Dans le cours du voyage, Madame Williams, malade et trop faible pour suivre les autres, fut tuée par un sauvage[10].

Hertel arriva à Chambly, le 25 Mars, après vingt-cinq jours d’une marche pénible et difficile. Il n’avait alors que cent prisonniers ; les autres avaient succombé aux misères du voyage[11]. Ces cent prisonniers furent conduits à Montréal, où ils furent bien traités par le gouverneur. Peu de temps après, plusieurs furent rachetés, et retournèrent à la Nouvelle-Angleterre. Deux ans plus tard, Samuel Appleton fut envoyé à Québec, par le Gouvernement de Boston, pour racheter les autres. Alors cinquante-huit de ces prisonniers retournèrent à Boston, après avoir été retenus en captivité près de trois ans[12].

Plusieurs de ces prisonniers, s’étant fait catholiques, restèrent en Canada. Parmi ceux-ci était une fille du ministre Williams. Elle demeura chez les Iroquois du Saut Saint-Louis. Elle se maria à un sauvage, et ne songea jamais à retourner vers ses parents[13].

Au printemps suivant, 1704, les Anglais de la Nouvelle-Angleterre résolurent d’attaquer l’Acadie, pour se venger du désastre de Deerfield. Mais l’insuccès de cette entreprise, acheva de convaincre les Abénakis de la supériorité des armes des Français sur celles des Anglais.

M. de Brouillan, qui avait succédé comme gouverneur de l’Acadie à M. de Villebon, mort en 1700, fut informé de ce projet. Il négligea cependant de se préparer à la défense ; aussi fut-il surpris.

Le 2 Juillet, on l’informa que des vaisseaux anglais venaient d’entrer dans le bassin de Port-Royal, que des troupes y étaient débarquées, avaient chassé la garde de cet endroit et fait plusieurs prisonniers. Quelques vaisseaux s’étaient arrêtés aux Mines, y avaient brûlé plusieurs habitations et avaient ensuite rejoint le reste de la flotte à Port-Royal. La flotte anglaise comptait en tout vingt-deux vaisseaux[14].

Le 5, les Anglais envoyèrent sommer les habitants de Port-Royal de se rendre, leur mandant qu’ils étaient au nombre de 1,300 hommes, sans compter 200 sauvages, et qu’ils seraient tous mis à mort s’ils refusaient de se soumettre à cette sommation. M. de Brouillan recommanda alors aux habitants de faire tout leur possible pour empêcher le débarquement de l’ennemi ; puis, il envoya plusieurs détachements, qui arrêtèrent les Anglais partout où ils se présentèrent. Il sortit lui-même du fort pour aller soutenir ces détachements. Il y eut quelques actions assez vives, où les Anglais furent toujours repoussés. Enfin, après plusieurs tentatives, tantôt d’un côté, tantôt d’un autre, les Anglais, voyant que rien ne leur réussissait, renoncèrent à leur projet, et le 20, la flotte sortit du Bassin.

Le 22, seize autres vaisseaux anglais arrivèrent à Beaubassin ; mais ayant trouvé ce poste bien préparé à la défense, ils se retirèrent aussitôt.

Tout le fruit de ces deux expéditions se réduisit à cinquante prisonniers. Ce qui dédommagea bien peu les Anglais des frais d’un si grand armement, et encore moins du mépris que leur manque de courage leur attira de la part des Abénakis[15].

Les années suivantes, 1705 et 1707, les Abénakis firent plusieurs descentes sur les villages du Massachusetts. Ils ramenaient chaque fois en Canada des captifs et un riche butin. Ils se cachaient dans le voisinage des villages anglais ; puis, lorsqu’ils voyaient que la garnison ne veillait plus, ils se jetaient sur les habitations qu’ils pillaient et détruisaient. Ils semaient la terreur partout où ils passaient[16].

Alors, le Gouvernement de Massachusetts crut que le meilleur moyen pour faire cesser ces hostilités était de chasser entièrement les Français de l’Acadie. Des préparatifs de guerre furent faits promptement, et, le 6 Juin 1707, vingt-quatre vaisseaux anglais, sous le commandement du colonel Marck, parurent devant Port-Royal. Le lendemain, 2,000 Anglais débarquèrent, à trois milles du fort, ce qui y causa une si grande alarme que le gouverneur, M. de Subercase, eut peine à rassurer la garnison ; puis, il donna aussitôt l’ordre de retarder l’ennemi dans le bois, afin de lui donner le temps de réparer le fort, d’avertir les habitants et de faire venir à son secours le Baron de Saint-Castin avec ses Abénakis.

Les habitants et la garnison attaquèrent les Anglais en différents endroits pendant deux jours, et tinrent si ferme dans ces escarmouches qu’ils les empêchèrent d’approcher du fort. Les Anglais, voyant qu’ils étaient pressés de tous côtés, demeurèrent plusieurs jours sans rien faire. Le 10, ils avancèrent un peu, et se préparèrent à l’attaque.

Le lendemain, le gouverneur envoya quatre-vingts Abénakis, sous les ordres du Baron de Saint-Castin, se mettre en embuscade dans le bois. Ce détachement arrêta 400 Anglais, qui avaient été envoyés pour détruire les bestiaux. Saint-Castin attaqua ces ennemis avec tant de résolution qu’il les força d’entrer en désordre dans leur camp, après leur avoir tué plusieurs hommes[17].

Les Anglais attaquèrent le fort le 16 ; mais le feu meurtrier de la garnison et des sauvages les força de se retirer bientôt. Dans la nuit suivante, ils se rapprochèrent et investirent le fort de toutes parts ; mais s’apercevant que les Français pouvaient faire une longue résistance, ils se retirèrent, et le lendemain, levèrent le siége.

Port-Royal dut sa conservation, en cette circonstance, principalement à la bravoure du Baron de Saint-Castin et de ses Abénakis. M. de Subercase, écrivant au Ministre à cette occasion, disait « que si le Baron de Saint-Castin ne s’était pas rencontré parmi eux, il ne savait pas trop ce qui en serait arrivé »[18].

Cependant, la Nouvelle Angleterre, loin de renoncer à son projet de s’emparer de Port-Royal, résolut de l’attaquer encore immédiatement. On ajouta trois navires et environ 600 hommes à la première flotte, et le colonel Marck partit aussitôt de Boston pour cette seconde expédition. Il parut le 20 d’Août, à l’entrée du Bassin de Port-Royal.

M. de Subercase ne perdit pas l’espoir de triompher encore cette fois, et sa résolution encouragea ses troupes. Il comptait beaucoup sur le secours des Abénakis, qui venaient d’arriver avec leur courageux Chef, Saint-Castin. Les Anglais, ayant trop de confiance en leur grand nombre, ne se pressèrent pas, et attendirent au lendemain pour débarquer ; ce qui donna au gouverneur le temps de réunir les habitants dans le fort.

Le colonel Marck fit débarquer ses troupes le 21, et alla établir son camp, à environ un mille de Port-Royal, dont il n’était séparé que par une petite rivière. Alors, M. de Subercase envoya quatre-vingts Abénakis et trente habitants, avec ordre de traverser cette rivière et de se mettre en embuscade du côté des Anglais.

Les ennemis restèrent dans leur camp toute la journée du 22, et, le 23, 700 environ en sortirent, sous le commandement d’un lieutenant. Cet officier, s’avançant sans précaution, alla tomber dans l’embuscade des sauvages. Il fut tué avec plusieurs de ses gens ; quelques-uns furent faits prisonniers et conduits au gouverneur ; les autres s’enfuirent et retournèrent à leur camp[19].

Le 25, les Anglais furent forcés d’abandonner leur camp, et allèrent se placer vis-à-vis du fort. Le lendemain, plus pressés encore par le feu de l’artillerie française, ils décampèrent de nouveau, et allèrent se placer à un mille et demi plus bas. Le 27, le gouverneur envoya un détachement d’Abénakis et d’habitants pour les attaquer ; ils furent tellement harcelés par ce détachement qu’ils furent obligés de décamper une troisième fois. Le 30, voyant qu’il leur était difficile de conserver leur position, ils s’embarquèrent pour aller débarquer un peu plus loin. Le gouverneur envoya aussitôt le Baron de Saint-Castin, avec 150 Abénakis, se mettre en embuscade dans l’endroit où il supposait que les ennemis débarqueraient. Les Anglais débarquèrent en effet, le 31, près de l’embuscade des sauvages. Saint-Castin les laissa approcher jusqu’à la portée du fusil ; puis, il fit feu sur eux. Les ennemis soutinrent ce feu avec intrépidité, et parurent décidés à forcer le passage à tout prix. Cependant Saint-Castin, après un combat très-vif, parvint à les repousser.

Alors, le gouverneur sortit du fort avec 250 hommes, et accompagné des sieurs la Boularderie et Saillant, pour aller au secours des Abénakis. Il donna ordre à la Boularderie de suivre les ennemis et de les attaquer, s’ils voulaient s’embarquer. Cet officier, qui brûlait du désir d’en venir aux mains, attaqua l’ennemi trop vite, avec quatre-vingts hommes seulement. Il se précipita sur les Anglais avec impétuosité, en tua un grand nombre, força deux retranchements ; puis, il tomba, grièvement blessé. Saint-Castin et Saillant accoururent avec les Abénakis, et prirent sa place. Le combat fut alors très-vif. On se battit avec acharnement à coups de haches et de crosses de fusils Enfin les ennemis, au nombre d’environ 1,500, reculèrent vers leurs chaloupes[20].

Quelques officiers anglais, honteux de fuir devant un si petit nombre, rallièrent leurs troupes, et marchèrent contre les sauvages, qui se retiraient vers le bois, parceque Saint-Castin et Saillant avaient été blessés. Les sauvages firent alors volte-face, et montrèrent tant de résolution que les Anglais, n’osant les attaquer, se retirèrent, après avoir tiré quelques coups de fusils[21].

Le colonel Marck leva alors le siége et retourna à Boston, honteux de cette seconde défaite.

Après cette victoire mémorable, M. de Subercase : se trouva dans un grand embarras. Il avait invité les Abénakis en leur promettant des récompenses, qu’il avait demandées à la France. Ces courageux et généreux sauvages avaient tout sacrifié et tout abandonné pour venir à son secours. Après cette suite de rudes combats, ils se trouvaient dans un état incroyable de pauvreté et de dénument. Mais la France, alors bien moins occupée à conserver l’Acadie que l’Angleterre à la conquérir, n’envoya rien. Des vaisseaux français arrivèrent à Port-Royal quelque temps après, n’apportant aucune marchandise. Le gouverneur se vit alors dans l’impossibilité de remplir ses promesses, et se trouva dans l’obligation de donner jusqu’à ses chemises et les draps de son lit pour vêtir les sauvages[22].

Les Abénakis, qui combattaient les Anglais plus par motif de religion que dans le but d’avoir des récompenses, comprirent la situation embarrassante du gouverneur. Aussi, ils ne murmurèrent pas et se retirèrent, contents d’avoir fait leur devoir et d’avoir donné une nouvelle preuve de leur courage.

Ces combats furent les derniers faits d’armes du célèbre Baron de Saint-Castin. L’année suivante, il se vit dans l’obligation de quitter l’Acadie, qu’il affectionnait tant, pour repasser en France, où il mourut.



  1. Garneau. Hist. du Canada. Vol. I​I. 24.
  2. Le P. de Charlevoix. Hist. Gén de la N. France. Vol. III 425.
  3. Garneau, Hist. du Canada. Vol. I​I, 29.
  4. Bancroft. Hist. of the U. S. Vol, I​I. 849.
  5. Idem. Vol. I​I. 849.
  6. Garneau. Hist. du Canada. Vol I​I. 31.
  7. Bancroft. Hist. of the U. S. Vol. I​I. 849.
  8. Le P. de Charlevoix. Hist. Gén. de la N. France. Vol. III. 429. — Garneau. Hist. du Canada. Vol I​I. 32.
  9. Bancroft. Hist. of the U. S. Vol. I​I. 840-850 — Garneau. Hist. du Canada. Vol. I​I. 32. — H. Thrumbull. Hist. of the Indian Wars. 122.
  10. J. Frost. The Indian on the battle field. 209.
  11. Idem. 208, 209.
  12. J. Frost. The Indian on the battle field. 210.
  13. Idem. 210 — Bancroft. Hist. of the U. S. Vol. I​I. 850.
  14. Lettre de M. de Brouillan au Ministre.
  15. Le P. de Charlevoix. Hist. Gén. de la N. France. Vol. III. 437-441.
  16. Bancroft. Hist. of the U. S. Vol. I​I. 851.
  17. Le P. de Charlevoix. Hist. Gén. de la N. France. Vol. IV. 17-19.
  18. Le P. de Charlevoix. Hist. Gén. de la N. France. Vol. IV. 21.
  19. Le P. de Charlevoix. Hist, Gén. de la N. France. Vol. IV. 25.
  20. Le P. de Charlevoix. Hist. Gén. de la N. France. Vol. IV. 21.
  21. Idem. IV. 28.
  22. Le P. de Charlevoix. Hist., Gén. de la N. France. Vol. IV. 29, 30.