Histoire des églises et chapelles de Lyon/VIII

H. Lardanchet (tome Ip. 231-267).
L’Immaculée-Conception

CHAPITRE VIII

LA RÉDEMPTION — FRANCISCAINS DE LA GUILLOTIÈRE dits PICPUS NOTRE-DAME-SAINT-LOUIS DE LA GUILLOTIÈRE — SAINT-POTHIN MONUMENT DES BROTTEAUX — L’IMMACULÉE-CONCEPTION SAINTE-MARIE-DES-ANGES — MONTCHAT


À mesure que Lyon a élargi son enceinte, l’administration ecclésiastique a pris soin de subvenir aux besoins des populations chrétiennes en créant de nouvelles paroisses et faisant construire des édifices destinés au culte. De là sont nées les églises paroissiales fondées au xixe siècle, sur la rive gauche du Rhône, et dont on trouvera l’histoire dans ce chapitre. On y a joint naturellement la seule paroisse qui existât avant la Révolution à la Guillotière : Notre-Dame de la Guillotière, aujourd’hui sous le vocable de Notre-Dame-Saint-Louis, emprunté à l’église des religieux du tiers-ordre Franciscain, dont on a également ici retracé l’histoire. À Saint-Pothin il a paru bon de joindre une étude sur l’édifice qui l’avoisine : le monument des Brotteaux, appelé autrefois église des Martyrs et aujourd’hui Monument élevé à la mémoire des victimes du siège de Lyon.

LA RÉDEMPTION

Ce fut en 1856 que le cardinal de Bonald ordonna la création d’une nouvelle circonscription religieuse, qui emprunterait à Saint-Pothin la partie située au nord du cours Morand et du cours Vitton. Le 28 octobre de la même année, M. Xavier Tamain en devenait le curé. Une commission présidée par M. Crozier-Vachon, fut chargée de préparer l’établissement de la nouvelle paroisse et l’érection de l’église. Dans sa première assemblée, le 2 décembre, elle décida de louer, pour l’église provisoire, un hangar mesurant 54 mètres sur 13. M. Dignoscyo fils, architecte, aménagea le bâtiment pour la somme de 10.000 francs. Cette église provisoire, située 28, avenue de Noailles, servit au culte depuis le 22 mars 1857 jusqu’au 4 novembre 1877.

La commission préparatoire s’occupa aussi du nom de la nouvelle paroisse. Mgr Bonald déclara qu’elle serait placée sous le vocable de la Rédemption ; et, à cette occasion, il emprunta à la liturgie Romaine, pour l’insérer dans le Propre lyonnais, la fête du Saint Rédempteur, fixée au 23 octobre. Quant au patronage de Saint-Germain, qui était demandé par M. Germain Crozier, il lui fut accordé sans difficulté ; d’autant plus, disait monseigneur l’archevêque, que saint Germain « ayant opéré des miracles sur le bord du Rhône, il était bon d’en consacrer le souvenir ».

La commission financière s’acquitta activement et consciencieusement de sa tâche ; les membres souscrivirent 21.700 francs, et se déclarèrent solidairement responsables pendant un an. Les dépenses totales d’installation s’élevèrent à 39.410 francs, dont 7.600 pour le mobilier, malgré les dons, et la stricte économie qui avait présidé à tous les achats. Lorsque les préparatifs furent terminés et les formalités accomplies, des affiches furent imprimées, des invitations envoyées aux autorités, et l’inauguration de l’église provisoire eut lieu le dimanche 22 mars 1857, en présence d’une foule émue, et sous la présidence de monseigneur l’archevêque.

M. Tamain, curé, et MM. Michard et Roche, les deux premiers vicaires, logeaient au n° 7 de la rue Sully, dans un presbytère provisoire. En janvier 1858, on leur adjoignit un troisième vicaire, M. Vignon. Le 25 avril 1857, la paroisse fut érigée en succursale, avec le curé de Saint-Louis comme archiprêtre, parce que Saint-Pothin ne reçut qu’en 1865 la dignité d’archiprêtré.

La Fabrique, toujours avec M. Crozier pour président, fut alors régulièrement instituée, en remplacement de la commission qui siégea pour la dernière fois le 25 mars 1858. L’année suivante, la ville prit à sa charge, sur la demande de M. Vaïsse, le loyer de l’église provisoire, et la fabrique se trouva ainsi déchargée d’une somme annuelle de 5.000 francs.

On entrait dans la vieille chapelle de l’avenue de Noailles, de plain-pied, par un grand
la rédemption
portail à double battant, qui s’ouvrait sur un vaste porche, sombre et recouvert d’une tribune. Plus loin, l’édifice s’élargissait sur la gauche, éclairé des deux côtés par de grandes fenêtres à rideaux rouges, et se terminait par un petit chœur demi-circulaire sur la rue Malesherbes. La sacristie était placée à côté du chœur, sur la droite, et au niveau de la rue Malesherbes, où elle prenait jour. Dans l’impasse qui conduisait à la porte latérale, prenait un escalier montant à la tribune.
Rédemption.
Plan de l’église provisoire
1. Entrée principale. — 2. Passage de l’église à l’impasse. 3, 4, 13, 14. Confessionnaux. — 5. Chapelle de la Sainte-Vierge. — 6. chaire. — 7. Porte du passage à la sacristie. — 8. Table de communion. — 9. Porte de sacristie. — 10. Maître-autel. — 11. Porte latérale avec passage sur la rue Malesherbes. — 12. Chapelle du Sacré-Cœur. — 15. Bénitier. — 16. Portail de l’impasse. — 17. Escalier de la tribune. — 18. Sacristie.

À l’intérieur de l’église, une double rangée de trois fausses colonnes, simulaient deux nefs latérales, au fond desquelles on apercevait la chapelle de la Sainte-Vierge à droite, et celle du Sacré-Cœur à gauche. La chaire, adossée au mur de droite, était comme suspendue. L’ornementation se bornait à quelques tableaux conservés dans la sacristie actuelle, c’est-à-dire, au-dessus de la chapelle Notre-Dame, une copie de l’Assomption du Guide, et au-dessus de la chapelle du Sacré-Cœur, une Résurrection. Vis-à-vis la porte de la sacristie, une seconde porte latérale avec un étroit passage conduisait à la rue Malesherbes. Somme toute, 1 espace avait été parfaitement utilisé, et l’église, y compris la tribune, pouvait contenir près de mille personnes. Le long de la muraille, un banc gratuit était réservé aux pauvres. Au fond de la tribune se trouvait le logement du prêtre assistant et du sacristain, éclairé par trois fenêtres.

Au commencement de l’année 1857, l’administration des Hospices concéda gratuitement à la ville 5.000 mètres carrés entre la rue Vendôme et la rue Créqui, pour la construction de l’église définitive. En 1865, le conseil de fabrique s’occupa sérieusement de préparer la construction. Le 4 février 1867, M. Chevreau, préfet du Rhône, annonça que la ville avait approuvé la construction et voté 60.000 francs. Un premier devis de 1.189.000 francs fut dressé par M. Benoît père, architecte. Le conseil municipal, dans sa séance du 14 juin, approuva un second devis de 1.020.000 francs, autorisa l’exécution immédiate de la première partie évaluée à 500.000 fr., et enfin vota un crédit de 300.000 fr. Par ce traité, la fabrique s’engageait à trouver les 200.000 fr. nécessaires pour parfaire la somme.

Par une lettre du 20 juin 1867, le préfet autorisa le conseil à procéder à l’adjudication de la première partie des travaux. Elle comprenait la grande nef, depuis le transept jusqu’aux deux tourelles de la façade. Le 21 août 1867, l’adjudication fut tranchée en faveur de M. Duchez, entrepreneur, les travaux furent commencés dans le dernier trimestre de l’année, et poursuivis régulièrement.

La bénédiction de la première pierre, située à l’angle sud, en face de la maison dite de la République, eut lieu le 28 avril 1868. Dans le courant de cette même année, le conseil décida que les fondations seraient établies sur toute la surface du monument, pour en assurer la solidité. Ce fut alors que M. le curé Tamain fit construire la crypte, une des plus vastes cryptes lyonnaises après celle de Fourvière. Les frais dépassèrent 62.800 fr. En 1870, le conseil de fabrique voulut apporter une nouvelle modification dans les travaux ; il s’agissait d’élever la construction sur toute la surface destinée à l’église.

Sur ces entrefaites, la guerre avec l’Allemagne fut déclarée, et le nouveau conseil municipal, élu en 1871, refusa de payer la cinquième annuité de 60.000 fr., de sorte que les travaux furent suspendus pendant plus d’un an. C’était pitié de voir cette grande bâtisse inachevée, avec ses murailles blanches qui noircissaient sous la pluie, ses trois portes murées, ses échafaudages qui pourrissaient : on estime à 20.000 fr. les dégâts qui se produisirent alors. Mais les fabriciens ne se découragèrent pas, ils obtinrent le paiement de la dernière annuité de la ville, adressèrent un nouvel appel aux paroissiens, encouragés par la reprise des travaux ; et le 21 avril 1874, la commission municipale vota une nouvelle subvention de 300.000 fr., à répartir sur quatre années, et en déclarant formellement que l’église de la Rédemption « sera consacrée exclusivement, à perpétuité, à l’exercice du culte catholique Romain. » Ne dirait-on pas qu’il prévoyait l’avenir !

Le dimanche 4 novembre 1877, la nouvelle église fut solennellement ouverte au public. L’inauguration attira de toute part une foule immense. À neuf heures, le cardinal Caverot transféra solennellement le saint Sacrement de l’ancienne église à la nouvelle. Sur le perron, le maire remit les clefs de l’église à M. le curé Rubal qui avait remplacé M. Tamain le 23 juin. Tout à côté se tenait M. le docteur E. Chappet, président de la fabrique, qui remplit depuis trente ans les mêmes fonctions. La grand’messe fut chantée par Mgr Pagnon, vicaire général ; à vêpres, Mgr Mermillod, évêque de Lausanne et Genève, prononça un de ses plus éloquents discours.

Il s’agissait maintenant de meubler l’église. L’œuvre du mobilier de l’église fournit la chaire et son abat-voix, le maître-autel, la table de communion. Les chapelles de la Sainte Vierge, de sainte Germaine, du Sacré-Cœur, de Notre-Dame des Sept-Douleurs, furent embellies respectivement par les confréries du même nom ; les trois rosaces de la façade payées par les Mères chrétiennes. La seule chapelle de Notre-Dame de Pitié avait coûté plus de 25.000 fr., sans compter les vitraux et le lustre.

Telle qu’elle est, cette église est une des plus vastes et des plus belles de Lyon ; elle mesure 62 mètres, sur 28 au transept, et 32 de hauteur sans voûtes. Quand on l’aura couronné de sa belle flèche de 90 mètres, ce monument sera un vrai chef-d’œuvre d’architecture gothique.

Pénétrons dans l’intérieur pour compléter la description du monument. Le maître-autel de pierre blanche est décoré d’un bas-relief : le Christ, portant une hostie de la main droite, et sa croix de la gauche. À ses côtés, les sacrificateurs de l’Ancien Testament : Abel, Melchisédech, Abraham et Aaron ; sept vitraux éclairent le chœur ; ils sont comme le résumé historique de la Rédemption et ont été donnés, comme la plupart des autres belles verrières de l’église, par la famille Saint-Olive. On voit de gauche à droite : 1° Adam et Ève chassés du paradis terrestre ; 2° l’Annonciation ; 3° l’Adoration des Mages ; 4° la Mort de Jésus et sa Résurrection ; 5° l’Ascension ; 6° saint Jean qui communie la Sainte-Vierge ; 7° la Résurrection des morts et le Jugement dernier. Dans l’abside se trouvent trois chapelles. Celle du milieu est dédiée à Notre-Dame de Pitié. Au-dessous de son autel de marbre blanc est couchée la statue du Christ au tombeau, et, près de là, se trouve une Pietà signée Fontan, 1894. La Vierge de douleur se penche sur le corps de Jésus. À gauche et à droite deux anges agenouillés, aux ailes déployées et aux amples tuniques. Trois vitraux éclairent cette chapelle ; celui du milieu représente l’Agonie, la flagellation, le Portement de croix et le Couronnement d’épines de Notre-Seigneur ; ceux des côtés rappellent les sept principales douleurs de la Sainte-Vierge, savoir : 1° Notre-Dame de Pitié ; 2° l’Apparition de l’Ange à saint Joseph ; la Prophétie du vieillard Siméon ; 3° la Présentation de Jésus au temple ; 4° Jésus est perdu à l’âge de douze ans ; 5° le Sauveur rencontre sa Mère ; 6° Longin perce le cœur de Jésus ; 7" la Mise au tombeau du Sauveur.

Notre-Dame de Compassion, par Fontan.

À droite s’ouvre la chapelle Saint-Louis de Gonzague. L’autel est surmonté de la statue du saint, et sur les côtés sont placées les statues de saint Antoine de Padoue et de saint Germain. Le vitrail du milieu, représente : 1° la première communion de saint Louis ; 2° l’adieu de saint Louis à ses parents ; 3° sa mort ; 4" sa canonisation. Celui de droite rappelle la vie du bienheureux de La Salle : 1° le saint donne sa règle aux Frères ; 2° sa canonisation par Léon XIII ; 3° quatre frères brancardiers soignent un blessé ; 4° une assemblée composée de : Mgr Coullié, MM. Vindry et Nitellon, anciens curés de la Rédemption et trois membres du comité des écoles libres. La verrière de gauche a trait à la vie de saint Vincent de Paul : 1° il assiste au Conseil de conscience présidé par la reine ; 2° il donne la règle aux religieuses ; 3° les sœurs Saint-Vincent de Paul soignent un blessé et apprennent à lire aux enfants ; 4° les religieuses et les dames de Charité visitent un vieillard.

À gauche de la chapelle centrale, s’ouvre celle Saint-Joseph. L’autel est de marbre blanc, avec bas-relief : la Mort de saint Joseph. Au-dessus, une statue du saint, de grandeur naturelle, en marbre blanc, exécutée par E. Brulat en 1901, sur le dessin de M. de Saint-Pulgent, chanoine de Lyon. Cette chapelle est éclairée par trois vitraux, dont le premier représente la vie de Joseph, le patriarche de l’Ancien Testament : 1° il nourrit les Égyptiens ; 2° il est reconnu par ses frères ; 3° il épouse la fille du Pharaon : 4° le patriarche sur son lit de mort bénit ses deux enfants. Le vitrail du milieu rappelle la vie de saint Joseph : 1° son Mariage ; 2° la Naissance de l’Enfant-Jésus ; 3° l’Atelier de Nazareth ; 4° Mort de saint Joseph. La troisième verrière énumère les titres du grand saint : 1° patron de la bonne mort ; 2° protecteur des familles ; 3° patron de l’Église universelle ; 4° Léon XIII institue la fête de la Sainte-Famille.

Le transept de droite ne renferme pas de chapelle, celui de gauche contient les orgues sur une élégante tribune soutenue par deux piliers reliés par des ogives. Ces orgues de Merklin comptèrent d’abord trente-huit jeux, Michel les amena à cinquante-deux ; elles furent bénites, en 1899, par Mgr Déchelette.

En descendant la nef de droite, on rencontre plusieurs chapelles dont voici la description. Chapelle de la Sainte-Vierge. L’autel est décoré d’un bas-relief : Jésus au tombeau, et surmonté d’un grand retable orné de plusieurs bas-reliefs rappelant des scènes de la vie de la Vierge : son Mariage, l’Annonciation, la Visitation, la Naissance, la Présentation au temple. Au milieu de ces sculptures se trouve une belle statue de la Mère de Dieu, œuvre du sculpteur lyonnais Fabisch. La chapelle est éclairée par deux vitraux, œuvre de Georges-Claudius Lavergne, de Paris ; chacun se compose de quatre sujets. La première verrière représente : 1° la Sainte Famille au désert ; 2° la Sainte Famille au travail ; 3° l’Assomption de la Vierge ; 4° son Couronnement. Dans le deuxième se voient les scènes suivantes : 1° sainte Anne montre le ciel à Marie, Joachim joue de la harpe et les anges sont en contemplation ; 2° l’Adoration des bergers ; au loin, les mages guidés par l’étoile ; 3° l’Apparition de Jésus à sa Mère ; 4° la mort de la Sainte-Vierge. La deuxième chapelle n’a pas d’autel, mais seulement une statue de Notre-Dame Toute-Miséricordieuse de Pellevoisin. Le vitrail a été exécuté par M. Bégule, comme d’ailleurs presque tous les vitraux de l’église ; celui-ci date de 1896 et a été fait en mémoire de Mlle Jeanne D. ; il représente : 1° Jeanne d’Arc écoutant les voix ; 2° Jeanne d’Arc à Orléans ; 3° le Sacre de Charles VII ; 4° Jeanne sur le bûcher. Enfin la troisième chapelle est celle des morts : son petit autel provisoire, de bois peint, est surmonté d’un beau crucifix grandeur naturelle. Deux vitraux éclairent cette chapelle, et représentent, l’un : 1° le Festin du mauvais riche ; 2° le pauvre Lazare demandant l’aumône ; 3° Lazare dans le sein de Dieu ; 4° le mauvais riche en enfer ; l’autre : 1° la Mort, les yeux fermés et la faux à la main, prête à frapper des personnes de tout âge et de toute condition parmi lesquelles une tête couronnée ; 2° Jésus ressuscite le fils de la veuve de Naïm ; 3° un malade reçoit l’Extrême-Onction ; 4° le Jugement particulier d’une âme.

Le Sacré-Cœur, par Fontan.
À la Rédemption.)

Cette chapelle contient deux inscriptions : la première a été gravée : « À la pieuse mémoire de M. l’abbé J.-B. Rubat, deuxième curé de cette paroisse, 1878-1891. Seigneur, j’ai prisa cœur la beauté de votre maison. » La seconde porte : « Bienheureux ceux qui meurent dans le Seigneur, leurs œuvres les suivent, 1899. C. R. A., 1901. » Au bas de la nef, une petite chapelle sert d’entrepôt.

Reprenons la suite des chapelles dans le haut de la nef de gauche. On rencontre tout d’abord celle du Sacré-Cœur ; l’autel de pierre est orné d’un bas-relief : le Christ assis dans une gloire portée par deux anges. Au-dessus de l’autel, la statue du Sacré-Cœur est l’œuvre de Fontan. Le retable qui monte jusqu’à la voûte est décoré d’anges et de clochetons. Les deux vitraux sont de L. Bégule. L’un représente des scènes relatives à la dévotion au Sacré-Cœur : 1° aux pieds du Sacré-Cœur, un personnage rappelant la France, lui montre la basilique de Montmartre, avec une inscription latine dont le sens est : « La France contrite et reconnaissante ; » 2° le Sacré-Cœur entre deux anges portant les instruments de la Passion ; au bas, la basilique de Fourvière avec ces mots : « Le plus délicieux des sanctuaires » ; 3° des zouaves pontificaux rangés autour du drapeau du Sacré-Cœur, avec la devise : « Pro Deo et patria » ; 4° le Sacré-Cœur apparaît à la bienheureuse Marguerite-Marie Alacoque. Le second vitrail rappelle : 1° Madeleine aux pieds de Jésus chez Simon le pharisien ; 2° Jésus au milieu des enfants ; 3° Jean repose sur le cœur du Maître pendant la Cène ; 4° Jésus bénit les pains et les poissons pour nourrir la foule. En face de l’autel, un grand tableau cintré signé J. Chaine, 1877, représente l’Apparition de Jésus à Marguerite-Marie Alacoque.

La deuxième chapelle, plus petite que les autres, est sous le vocable de sainte Germaine ; il n’y a pas encore d’autel, mais seulement une statuette de la sainte. Le vitrail représente quatre scènes relatives au même sujet : 1° la vocation de sainte Germaine ; 2° le Miracle des roses ; 3° la bienheureuse mourant étendue sur un fagot de bois, à la porte de la maison ; 4° sa glorification.
Vitrail de Sainte-Germaine
(À la Rédemption.)

Enfin la troisième chapelle est placée sous le vocable de saint Jean-Baptiste ; elle contient les fonts baptismaux. L’autel de pierre est grand et surmonté d’une statue du saint ; le retable est dans le même style que celui des autres chapelles, quoique moins orné. La chapelle est éclairée de deux vitraux. Le plus proche de l’autel représente : 1° saint Jean baptisant la foule ; 2° le Baptême de Notre-Seigneur ; 3° le Baptême de Clovis ; 4° le Massacre des Saints Innocents. Dans la seconde verrière on voit : 1° la Sainte Vierge apparaissant à saint Bernard ; 2° Marie Mère admirable ; 3° le Martyre de sainte Marguerite : la sainte est à genoux, les yeux fixés au ciel tandis que le bourreau s’apprête à lui trancher la tête ; 4° sainte Yvette soigne les malades. Au fond de la nef, une petite chapelle sert de dépôt. La table de communion des chapelles est en pierre blanche, comme celle de l’autel principal, et d’un agréable dessin. La chaire est dégagée, grande et à escalier double ; le pilier qui la supporte est entouré de quatre saints personnages de l’Ancien Testament : Moïse, Aaron, David et Abraham. La cuve de la chaire est ornée de bas-reliefs : sur le devant, le Christ assis tenant en main le livre des évangiles et entouré de quatre docteurs de l’église : saint Augustin, saint Bonaventure, saint Grégoire le Grand et saint François de Sales. Entre ces personnages, quatre anges aux ailes déployées portent des symboles : un glaive, une tour, etc. L’abat-voix est de bois sculpté, il est surmonté d’élégants clochetons dominés par un ange portant une banderole.

FRANCISCAINS DE LA GUILLOTIÈRE, DITS PICPUS

On sait que les communautés de prêtres réguliers du Tiers-Ordre franciscain ne furent pas la moindre efflorescence du vigoureux tronc planté par le patriarche d’Assise. Celle qui habita à la Guillotière durant le xviie et le xviiie siècle fit œuvre féconde : elle fut en effet l’ouvrière de la première heure dans cette banlieue devenue le plus populeux de nos quartiers.

La première pièce connue relative à l’histoire du couvent est la lettre de Henri IV, en date de mai 1606, donnant permission aux religieux du Tiers-Ordre de saint François de construire un couvent à la Guillotière, sur l’emplacement que leur ont accordé le duc et la duchesse de Mayenne. Toute topographie exacte du premier établissement fait défaut. Parmi les nombreuses pièces qui confirment, la même année, cette donation, il faut citer les lettres patentes du roi, la permission donnée par Mgr de Bellièvre, archevêque de Lyon, le consentement des habitants à la construction d’un monastère et d’une église, la requête de Claude Faure, procureur fondé des habitants, une pièce enfin en date du 5 septembre 1606, qui indique, sans autre détail, que la fondation commença par une « mazure et un jardin, siz à la Guillotière dépendans de Loyette, dont donation fut faite par Charles de Lorraine et Henriette de Savoye, duc et duchesse de Mayenne, pour y bâtir un couvent, ou autrement. » Cette donation fut appuyée, le 4 janvier 1607, par une lettre des notables du lieu adressée au parlement de Paris, en vue de faire enregistrer les lettres patentes de Sa Majesté et d’ordonner que les religieux jouissent du don à eux fait par le duc et la duchesse de Mayenne. L’arrêt du parlement ne tarda pas ; dès le 24 mai 1607 les lettres royales étaient enregistrées au greffe de la Cour et le 30 juin à celui du présidial et de la sénéchaussée de Lyon. Le 3 juillet enfin l’autorisation du prévôt des marchands s’accrut d’une généreuse proposition : le consulat s’engageait à contribuer à la construction du couvent et à assister les religieux en tout ce qui serait de leur pouvoir et autorité. Le 14 septembre, un procès-verbal signé du greffier Faure atteste le plantement de la croix, pour l’érection du couvent, en présence du prévôt, des échevins, de Mgr d’Halincourt, gouverneur de Lyon, et de M. de Montholon, intendant. Le père Vincent Mussart prêcha, et une messe solennelle fut célébrée sur un autel improvisé en plein air. Mais les formalités n’étaient point encore épuisées. Une dame Clapisson écrivait, le 25 avril 1607, à Mgr de la Guelfe, procureur général à Paris, pour l’assurer que « la place et mazure » étaient dépendants de la baronnie de Loyette en pays de Bresse, et que le roi n’y avait jamais eu aucun droit.

Deux ans plus tard, le 7 novembre 1609, les religieux embarrassés dans plus d’une difficulté, rappelèrent aux échevins rengagement que ceux-ci avaient pris spontanément de les assister « d’œuvres et de charité », et l’honneur qu’ils leur avaient fait de poser la première pierre de leur église dédiée à saint Louis : ils en obtinrent trois cents francs. Ce subside ne leur suffit pas, non plus que les dons minimes reçus de côté et d’autre. Le 21 mars 1611, M. Chalom, vicaire général, leur permit de quêter dans le diocèse, pour construire leur église. Les débuts, on le voit, étaient laborieux. Mais ce furent là d’excellentes garanties d’avenir. Le 24 août 1612, les Pères de la Guillotière, comme les appelait le peuple, avaient surmonté les embarras : ils songeaient à édifier, non plus l’église dont le gros était fait, mais une muraille qui joindrait le chemin allant du pont de la Guillotière à Vienne, au coin de la maison qu’ils avaient acquise de Claude Dagud. Ils placent, de plus, cinq ou six marches en dehors de cette muraille pour mener au futur portail de l’église, portail qui ne pouvait guère différer d’exister dès que le mur et les marches en auraient précisé le besoin. Leur désir se réalisa : l’alignement octroyé par les consuls hâta la construction du mur, lequel amena la chapelle.

Notre-Dame-saint-Louis de la Guillotière.

Cette même année, le 10 septembre, les Tertiaires Franciscains de la Guillotière se réjouirent d’un événement considérable. Le P. Jérôme de Langres, provincial du tiers-ordre régulier, leur donna une partie d’un os du bras de saint Louis roi, patron de leur église, certifiant selon toutes règles canoniques qu’il l’avait tirée de la châsse du saint conservée dans l’abbaye Saint-Denis, par permission expresse de Sa Majesté. Mais ce ne fut qu’en 1617 que Robert Berthelot, évêque de Damas, suffragant de Lyon, consacra l’autel de la chapelle : il y enferma des reliques des saints Irénée, Georges et Laurent, martyrs. Dès lors, les dons de reliques et de pieuses images affluèrent dans l’église privilégiée.

Citons l’attestation datée du 13 janvier 1626, d’A. Belet, chirurgien major de la cavalerie du roi, portant qu’il a fait présent aux Pères Sébastien et François d’un morceau du véritable bois du chêne dans lequel l’image miraculeuse de Notre-Dame de Montaigu a été trouvée ; ce même jour un acte semblable, certifie qu’André Monrouval, commissaire de Sa Majesté, a donné aux religieux une parcelle provenant du chêne sous lequel l’image miraculeuse de Notre-Dame de Foi, au pays de Liège, a été trouvée.

Pendant les xviie et xviiie siècles, on voit les Franciscains acheter des biens, échanger des objets de culte avec d’autres communautés, instituer des cérémonies populaires, se réjouir des faveurs célestes survenues dans leur chapelle. Parfois, dans le registre, se glissent de brèves mentions des événements publics : le 10 novembre 1628, par exemple, les religieux font vœu d’aller en procession à la chapelle Saint-Roch hors l’enceinte de Lyon, d’y offrir deux cierges d’une livre chacun, d’y célébrer les saints mystères, de chanter les litanies tous les jours, une année durant, dans la chapelle de la Sainte-Vierge en leur église, s’il plaît à Dieu de faire cesser le fléau de la peste. Au xviiie siècle, le nombre des religieux s’était augmenté grâce à leur apostolat et leurs ressources. Le recensement visé par les députés au bureau diocésain de Lyon, relève : vingt prêtres, dix jeunes frères clercs étudiants, et dix frères lais ; il évalue les revenus nets à 2.465 livres. En 1746, les Pères Irénée Quetti, gardien, et Régis Roche, procureur, déclaraient la totalité des biens du couvent à Messieurs de la chambre du clergé ; ils jouissaient de rentes rachetées en espèces sonnantes, de revenus rachetés en billets de banque, d’autres enfin subsistants sans altération : le principal des rentes sonnantes montait à 28.683 livres.

La Révolution interrompit l’aisance matérielle et la prospérité spirituelle. Le 7 mai 1790, à huit heures du matin, le maire de la Guillotière se transporta au monastère, en exécution des décrets de l’Assemblée nationale, et sur la réquisition de François Allard, procureur de la commune. Assisté de son secrétaire greffier Louis Vaudrey, il fit comparaître les Frères en personne, « pour leur rendre leur liberté s’ils la voulaient. » Aucun des six profès que renfermait alors la maison ne voulut cette liberté. C’étaient les Pères Alexis Teraillon, appelé en religion Basile, visiteur, âgé d’environ soixante-deux ans ; le P. Bassy, dit frère Adrien, gardien, âgé de cinquante ans ; le P. Joseph Colombat, dit frère Amédée, vicaire, soixante-et-onze ans ; François Salvan, dit frère Athanase, procureur, quarante-et-un ans ; Antoine Ducreux, surnommé Marc Antoine, cinquante-deux ans ; Jacques Delorme, dit frère Norbert, soixante-dix-huit ans. Un frère lai, Jean Bergognon, dit Aman, âgé de soixante-quatorze ans, résista lui aussi à cette offre. Le magistrat municipal commença l’inventaire. Il ne trouva dans la sacristie que neuf chasubles communes, deux croix dont l’une de cuivre, et deux calices d’argent. La bibliothèque, quoique formée de près de cinq mille volumes, n’excita que son dédain, car il n’y avait ni manuscrits, ni livres précieux, ni aucun ouvrage nouveau. C’était là pourtant que travaillait Henri Marchand, dit le Père Grégoire, auteur d’ouvrages géographiques de mérite et de deux globes terrestre et céleste admirés encore aujourd’hui à la bibliothèque de Lyon. La pharmacie sembla mieux garnie au maire, qui se retira après avoir reconnu que la maison contenait des logements pour trente religieux. Deux pères qui étaient en mission revinrent peu après et gardèrent, comme les autres, la clôture tant qu’ils purent, c’est-à-dire jusqu’aux premiers jours de 1792. Ils se dispersèrent alors. Le couvent des Picpus était mort ; il ne ressuscita pas après le Concordat.

Quant à la chapelle des religieux, dont Crepet a laissé un dessin dans sa notice sur la Guillotière, elle n’avait rien de remarquable. Lourde, étriquée, dénuée de justes proportions, conçue dans la manière de la fausse Renaissance du xviie siècle, prétendue classique, elle ne contentait pas plus l’art que la simplicité franciscaine. En 1802, au moment où l’église paroissiale de la Guillotière à laquelle elle devait succéder était démolie, elle se réduisait à quelques pans de mur. Ce qui en a survécu, en constituait sans doute tout son intérêt historique : par exemple cette pierre de refondation ou de continuation qui porte l’inscription suivante surmontée d’un écusson très naïf : « Le Ve d’août, l’on a continué le bâtiment de l’église fondamentée. Cette pierre a été posée par noble Marin Daussenis, bourgeois de Lyon, 1619. »

On prétend que le cloître et la salle capitulaire du couvent, où se tinrent plusieurs chapitres généraux du tiers-ordre régulier, possédaient un certain caractère architectural : c’est ce qu’assurent quelques écrits laissés par les religieux.


NOTRE-DAME-SAINT-LOUIS

La paroisse Notre-Dame-Saint-Louis ou Notre-Dame de la Guillotière est l’héritière de très anciennes églises qui desservaient le vaste territoire qu’occupent aujourd’hui les populeux quartiers de la Guillotière et des Brotteaux. Cette région s’appelait, au moyen-âge, mandement de Béchevelin, et s’étendait du Grand-Camp au Moulin-à-Vent et de Bron au Rhône. Il avait été prélevé sur le domaine des Allobroges et attribué, comme indemnité, aux colons Viennois réfugiés à Lugdunum. Aussi le Dauphiné réclama-t-il souvent Béchevelin pour sien. En 1725 seulement, un arrêt confirma deux sentences de 1479 et du 9 mars 1701, annexant le mandement à la ville de Lyon. Au spirituel Béchevelin, du diocèse de Lyon, appartint à l’archiprêtré de Meyzieu, jusqu’au xviiie siècle, où il fut réuni à celui des suburbes, dont le sacristain de Saint-Nizier était l’archiprêtré.

Au moyen-âge, la Guillotière dépendait de l’abbaye d’Ainay, et ses églises étaient, pour la plupart, des succursales de Saint-Michel, paroisse de cette abbaye.

Aussi haut qu’on puisse remonter dans l’histoire, ou trouve le mandement partagé entre deux églises paroissiales, celle de Chaussagne ou la Chesnaie, et celle de Béchevelin, Béche-en-velain ou Béchivelain ; la première située sur la route de Lyon en Italie par Bourgoin et le mont Genèvre, la seconde sur le compendium ou chemin abrégé de Lyon à Vienne.

La paroisse de Béchevelin remplaça, au moyen âge, l’église de Champagneu, aujourd’hui hospice Saint-Jean-de-Dieu ; celle-ci était trop loin du gros de la population, qu’un château fort construit à la fin du xiie siècle, à la tête du pont, avait attiré plus près du Rhône. Une cause semblable, l’établissement du pont de la Guillotière, au débouché duquel se portèrent les habitations, fit déserter complètement la paroisse de Chaussagne. Dès lors, toute la partie septentrionale du mandement manquant de secours spirituels, on la rattacha à la paroisse de Villeurbanne. Les choses en étaient là, quand, en 1562, les Protestants privèrent la Guillotière de paroisse, en détruisant l’église de Béchevelin. On sait qu’ils se rendirent maîtres de la ville, le 28 avril, par une surprise, à laquelle aida du reste la trahison. Notre faubourg, dispersé le long de la grande rue que devaient suivre les Huguenots, fut le premier exposé à leur fureur ; ces bandes sacrilèges n’épargnèrent rien ; elles ne se contentèrent pas de détruire l’église de Béchevelin, elles mutilèrent celle de la Madeleine et anéantirent, c’est le mot, celle de Chaussagne ou la Chesnaie, dont l’emplacement semble être la chapelle Saint-Alban à Monplaisir.

Intérieur de Notre-Dame-Saint-Louis

Un an après, Lyon se débarrassait des Vandales, prétendus réformateurs, et s’employait avec ardeur à relever ses sanctuaires. Ainsi naquirent de nouvelles paroisses : le vent de la tempête sème souvent le bon grain. On sait que le vocable Notre-Dame-de-Grâces se répandit beaucoup chez nous après les destructions des Protestants. On baptisa de ce nom la nouvelle église paroissiale érigée au faubourg de la Guillotière, à la bifurcation de la rue de Crémieu et de la route de Grenoble, le long d’un cimetière dont le sol est maintenant occupé par la place de la Croix. On ne possède plus l’acte de fondation de cette église que Steyert ne croit pas antérieur au règne de Henri IV.

De même que l’archevêque Renaud de Forez avait préparé la prospérité de Béchevelin, ainsi Camille de Neuville reconstitua religieusement la Guillotière, si éprouvée. Par son ordonnance du 7 janvier 1678, il sépara tout à fait la paroisse de la Guillotière de celle de Villeurbanne ; donna à la première l’annexe de la Madeleine, 230 âmes, qu’il enleva à celle de Saint-Michel d’Ainay, dont elle était l’annexe trop éloignée ; fit jeter bas la vieille église de la Madeleine qui menaçait ruine et autorisa les habitants à construire sur son emplacement une chapelle, où les grands Augustins, croit-on, célébraient la messe aussi régulièrement que dans leur propre église, aujourd’hui Notre-Dame Intérieur de Notre-Dame-Saint-Louis.

Saint-Louis-Saint-Vincent. Quoiqu’il en soit, cette chapelle exista jusqu’à la fin du siècle dernier, comme simple chapelle de cimetière. Quant à la paroisse, que le vocable de Grâces distinguait seul de l’église de Villeurbanne, dédiée aussi à Notre-Dame, elle était, selon l’usage du temps, entourée d’un cimetière qui occupait remplacement de la place de la Croix, jusqu’à la rue de la Vierge-Blanche, ainsi nommée d’une grande statue qui dominait les tombes des enfants. Le cimetière survécut : en 1820, on y enterrait encore les morts dont les familles possédaient des tombeaux.

Notre-Dame-de-Grâces, construite à la hâte, ne sut résister qu’à l’effort d’un siècle à peine. Il fallut songer à un troisième édifice, et, en l’attendant, installer quelque part le service paroissial. Depuis longtemps, on guettait la chapelle des Pères du Tiers-Ordre de Saint-François, dits religieux Picpus ou Tiercelains, élevée sur un terrain qu’avaient donné à ces religieux le duc et la duchesse de Mayenne, et qui avait fait partie de la succession du maréchal de Trivulce.

Les Picpus ne consentirent point à se laisser évincer ni même à partager. Par la même ordonnance du 7 janvier 1578 citée plus haut, l’archevêque Camille de Neuville transféra provisoirement le service paroissial dans une chapelle voisine, qui était à l’usage des Pénitents du Confalon de la Guillotière, sur l’emplacement qu’occupait autrefois la maison du sieur Forest, au numéro 199 de la grande rue de la Guillotière, maison qui se trouvait au sud de la place de la Croix et n’existe plus aujourd’hui. En 1698, Mgr de Saint-Georges perdant patience, pressa vivement les pères Franciscains de Picpus. Il leur remontra que, vu leur nombre sans cesse décroissant, il y aurait avantage à ce que le service paroissial se fit chez eux, sinon par eux : à quoi ils répondirent par un refus catégorique, et encore insistèrent-ils pour que la nouvelle église, si nouvelle église il y avait, fut construite loin de leur chapelle, dans le bourg du côté de la ville. De plus, ils citaient complaisamment toutes les chapelles situées sur le territoire de Notre-Dame-de-Grâces, propres à devenir, l’une ou l’autre, une très convenable église paroissiale : Saint-Lazare, l’hôpital des Passants, la Madeleine.

L’administration diocésaine se résigna à des essais de construction qui durèrent vingt-cinq ans ; enfin un habile prélat, Mgr de Rochebonne, obtint une transaction : le service paroissial fut transporté, en 1739, dans une salle basse du couvent où il resta jusqu’en 1790. L’édifice était situé rue de Provence, aujourd’hui rue de l’Hospice-des-Meillards. Steyert pense qu’on avait conservé l’ancien clocher de Notre-Dame-de-Grâces sur la place du marché, ou qu’on y avait élevé une simple arcade pour soutenir une cloche. Les traces de ce clocher, au témoignage de Crépet, se voyaient encore en 1826, lors du transfert du cimetière au chemin de Vénissieux. On prétend que la maison qui porte les numéros 131 et 133 de la grande rue de la Guillotière a été construite des démolitions de l’église, ou du moins du clocher de Notre-Dame-de-Grâces, et l’on croit voir encore dans la façade des débris de sculptures. Après le jubilé de 1825, le cimetière fut désaffecté, et la grande croix, tout en laissant son nom à l’ancienne place du marché, fut transportée à l’un des angles de la route d’Heyrieu.

Le 7 mai 1790, les Tertiaires franciscains comparurent par devant la municipalité de la Guillotière. Ils n’étaient plus que neuf, pères et frères, dans leur vaste couvent ; ils le quittèrent moyennant une pension viagère, et se dispersèrent le 8 mai 1791. Dès le 13 mars, une déclaration du district de Lyon accordait au curé de Notre-Dame-de-Grâces l’église des ci-devant religieux Picpus, ainsi que la sacristie et le chœur qui se trouve derrière le sanctuaire ; un autre arrêté mettait à la disposition du curé toutes les chapelles situées sur la paroisse et nécessaires au culte ; enfin le transfert du service paroissial dans la chapelle abandonnée s’opéra, le 20 mars, en vertu d’une ancienne permission octroyée par le vicaire général Navarre, on le fit avec solennité ; on y vit la municipalité en corps, les notables, la garde nationale, une foule nombreuse. Le curé Midor avait d’abord prêté serment à la constitution civile du clergé ; plus tard il se rétracta, et fut remplacé par M. Menu, de Sury-le-Comtal, ancien vicaire de Vaise, qui disparut dans la tourmente. Le couvent fut vendu au citoyen Janvier, qui y établit une fabrique d’acides, tandis que la chapelle servait de grenier à foin.

Vierge de Fabisch (À Notre-Dame-Saint-Louis)

Outré de la résistance opposée par Lyon aux armées de la République, Dubois-Crancé et les représentants du peuple décidèrent de changer l’antique nom de notre cité en celui tout à fait ridicule de Commune-Affranchie ; d’enlever au département du Rhône-et-Loire le territoire de la Loire et d’en faire un département distinct avec Feurs pour chef-lieu ; de donner à l’Isère la commune de la Guillotière et de séparer celle de Cuire de la Croix-Rousse pour la relier à Caluire. La chapelle passa alors entre les mains de Michel Creuzet qui la revendit plus tard à la commune de la Guillotière, non sans avoir fait une donation d’importance pour la paroisse et la cure : la rue Creuzet conserve encore aujourd’hui le nom de ce généreux bienfaiteur. En 1802, M. Midor rentra dans son église, et, le 25 mars 1803, fit reconnaître la cure comme de première classe ; enfin, un décret de Napoléon, daté de Schœnbrun, le 15 octobre 1805, assurait à la commune de la Guillotière le logement du curé et des vicaires dans les bâtiments de l’ancien couvent. La nouvelle paroisse gardant son nom ancien de Notre-Dame, y ajouta, pour ne rien négliger du passé, celui de Saint-Louis, titulaire de la chapelle franciscaine, et ce double titre de Notre-Dame-Saint-Louis lui a été reconnu par décision du cardinal de Ronald, le 14 mars 1860. De nos jours encore, saint Louis est en quelque sorte le patron populaire de l’église ; il a donné son nom à tout le quartier.

Au xixe siècle, la Guillotière a doublé la population de Lyon, et les quartiers de la rive gauche se sont couverts d’églises, postérité spirituelle et temporelle de l’ex-chapelle des Picpus. Il suffira de rappeler des noms et des dates : Saint-Pothin, fondé le 21 juillet 1826 ; Saint-Maurice, à Montplaisir, le 3 juillet 1843 ; Saint-André, le 15 juillet 1846 ; l’Immaculée-Conception, le 1er décembre 1855 ; la Rédemption, le 25 avril 1837 ; Saint-Vincent-de-Paul, le 5 février 1839 ; Sainte-Anne-du-Sacré-Cœur, le 28 juillet 1860 ; Saint-Joseph, le 4 juillet 1873 ; Sainte-Marie-des-Anges, en 1873 ; Notre-Dame-de-Bon-Secours, à Montchat, en 1874 ; le Très-Saint-Sacrement, le 18 octobre 1873 ; Notre-Dame-de-Bellecombe, le 23 mars 1899 ; en tout douze rejetons qui forment une large et belle couronne de jeunesse au vieux tronc assailli par les vents contraires des siècles.

« Il n’y a guère à décrire, dans Notre-Dame-Saint-Louis, notre église ; — dit le père de l’Étoile, l’un des derniers religieux franciscains, — elle n’a pas plus de soixante pieds d’étendue et la plus grande de ses deux chapelles dix-huit. » Sur la place dite des Pères, où se trouvait la bascule, on accédait à Saint-Louis par une porte latérale ; on pénétrait dans trois chapelles, celle de saint Jean-Baptiste, avec fonts baptismaux, celle de la Madeleine et celle de la Sainte-Vierge. Une autre chapelle, avec une porte dans le clocher, avait été convertie en sacristie ; au bas du même clocher se trouvait la mairie qui y demeura jusqu’en 1838. La porte de la façade était à deux battants, décorée d’un fronton, et surmontée de deux fenêtres rectangulaires au-dessus desquelles s’ouvrait une petite rosace ; la grande nef était basse et toute unie. On montait dans la chaire par un escalier percé dans la muraille, de sorte que le prédicateur paraissait toujours à l’improviste. Le 23 septembre 1707, l’évêque de Damas, suffragant de l’archevêque de Lyon, avait consacré le maître-autel et y avait renfermé les reliques des saints Irénée, Laurent et Georges, martyrs : il ne reste plus actuellement de l’ancienne chapelle que ce maître-autel, et, au dehors, que le bas du clocher avec le perron. En 1829, M. Neyrat, quatrième curé, acheva le clocher et y plaça quatre belles cloches.

En 1844, la Guillotière, devenant chef-lieu de canton, il fallait à cette population très accrue, une église moins disproportionnée. Le curé Noailly se mit à l’œuvre, aidé du maire Bernard, qui était protestant, et de l’architecte Crépet. Le 6 mars 1842, le cardinal de Bonald bénissait la première pierre ; on commença par la construction de la nef Saint-Louis, qui servit au culte pendant qu’on élevait la grande nef ; enfin l’ancienne chapelle, complètement transformée, devint l’église qu’on voit aujourd’hui, simple mais pure de style, et remarquable surtout par l’élévation et la hardiesse des voûtes. Ce fut Mgr Plantier, évêque de Nîmes, dont le père habitait la paroisse, qui consacra l’église, le surlendemain même de son sacre, 20 novembre 1855.

La façade de Saint-Louis est d’un aspect assez froid. On l’a pourtant ornée de quatre statues représentant les évangélistes. À l’intérieur, le regard se porte instinctivement vers l’abside. Là, dans la coupole, au-dessus du maître-autel de marbre, se trouve une belle fresque : le Christ assis entre deux anges en adoration. Au-dessous, six agneaux, représentant les fidèles de l’église, adorent le monogramme du Christ.

À l’entrée du transept de droite, se voit une statue du Sacré-Cœur. Tout à côté, s’ouvre la chapelle Saint-Louis, roi de France. L’autel de marbre blanc est orné d’une mosaïque bleue et or, et d’un cœur surmonté d’une croix et entouré de lis. Au-dessus de l’autel, un tableau récent, peint à Paris, représente saint Louis en prière ; c’est un don de M. Louis Guérin, banquier, habitant la paroisse en été. Au transept de gauche, on a placé une statue de saint Joseph, et tout près de là se voit la chapelle Notre-Dame, dont l’autel de marbre blanc est décoré d’une mosaïque bleue et or, et surmonté d’une statue de marbre : Notre-Dame-de-Grâces, un des chefs-d’œuvre du sculpteur Fabisch. Contre le premier pilier, une statue de Notre-Dame des Sept-Douleurs.

Bénitier du xie siècle (À Notre-Dame-Saint-Louis).

L’abside est éclairée par trois vitraux : la sainte Vierge entre sainte Madeleine et saint Louis. Les verrières de la grande nef se composent de dessins géométriques, et au fond, dans une rosace, on voit : l’Assomption. Dans la basse nef de droite, les quatre vitraux se rapportent à la vie de saint Louis ; ils ont été dessinés par Louis Guy (1824-1888), peintre et aquafortiste lyonnais ; ils se composent chacun de trois scènes. En voici la description. Dans le premier : 1° son couronnement ; 2° il porte la sainte couronne d’épines ; 3° son entrée dans le tiers-ordre de Saint-François. Deuxième verrière : 1° malade, il fait vœu de se croiser ; 2° il part pour la croisade ; 3° en échange de l’apostasie on lui promet la couronne de sultan. Troisième vitrail : 1° il favorise la religion ; 2° il est l’arbitre des grands ; 3° il accueille les pauvres et rend la justice sous le chêne de Vincennes. Quatrième verrière : 1° il porte la sainte couronne ; 2° il s’embarque pour la deuxième croisade ; 3° sa mort.

Dans la basse nef de gauche, quatre vitraux se rapportent à la sainte Vierge. Le premier représente : 1° sa Naissance ; 2° sa Présentation au temple ; 3° son Mariage. Le deuxième rappelle : 1° son Annonciation ; 2° la Visitation ; 3° la Présentation de Jésus. Le troisième : 1° Jésus rencontrant sa Mère ; 2° Marie au pied de la Croix ; 3° la Descente de croix. Le quatrième : 1° les apôtres ouvrant le tombeau de la Vierge ; 2° son Assomption ; 3° son Couronnement. Le cinquième vitrail représente de bas en haut l’échelle de Jacob et de nouveau le couronnement de Marie au ciel.

L’église possède quatre toiles qu’il importe de rappeler. 1° l’une représente M. Neyrat, curé de Saint-Louis, plantant la croix de mission en 1818, sur la place de la Croix, et vouant sa paroisse à la sainte Vierge ; 2° et 3° au bas de la grande nef, une Ascension et une Assomption de la même main, mais sans valeur ; 4° près de l’entrée de la nef gauche, une sainte Madeleine mal éclairée. Les fonts baptismaux se composent d’une belle cuve de marbre blanc. Contre la muraille, une artiste, Mlle Nantar, a peint en fresque un ange tenant par la main un enfant. Signalons les deux bénitiers, l’un orné de sculptures en forme d’ornements géométriques ; le second qui fut une cuve baptismale. C’est un bijou archéologique fort apprécié, datant du xie siècle et même plus ancien, d’après certains auteurs. Il fut apporté de la chapelle Saint-Alban par l’architecte Crépet. Cette cuve contient, dit Steyert, des sculptures, d’une composition très heureuse comme allégorie, et comme arrangement artistique, malgré la barbarie du dessin. Les sculptures représentent le néophyte dans la cuve baptismale étranglant, Hercule chrétien, le serpent infernal, tandis que d’autre monstres l’entourent, enlacés contre la vasque ; l’un darde sur lui sa langue venimeuse ; l’autre tient la fatale pomme de l’arbre de la science du bien et du mal.

Enfin, contre le mur du fond, une inscription de marbre noir rappelle les noms et les travaux des sept derniers curés : MM. Midor, 1803-1808, revient de l’exil et rétablit la paroisse qu’il avait dirigée avant la Révolution ; Allégret, 1808-1815, neveu, vicaire et successeur du précédent ; Gruffat, 1815-1818, qui fut autrefois religieux ; Neyrat, 1818-1819, qui commença l’agrandissement de l’église continuée par Noailly, 1819-1861 ; Chapuy, 1801-1881 ; enfin, Courdioux, 1883-1898, qui répara et restaura splendidement l’édifice.


SAINT-POTHIN

Il est inexplicable que saint Pothin ait attendu une église à son nom, dans notre ville, jusqu’au premier tiers du xixe siècle, et qu’alors seulement les Lyonnais aient réparé l’oubli dans lequel leurs ancêtres avaient semblé tenir leur premier évêque. Le lieu même où fut érigée cette tardive paroisse, en fui d’autant mieux choisi, que les Brotteaux, portion notable du nouveau Lyon de la rive gauche, se développaient constamment.

Ce fut dans le quartier Paphos, nom bien singulier, que le conseil archiépiscopal décidait, en 1826, la fondation d’un nouveau temple, où revivraient, après seize siècles écoulés, le souvenir de celui que Lyon honore comme le premier évêque des Gaules, saint Pothin, disciple de saint Polycarpe lui-même fils spirituel de saint Jean, l’apôtre bien-aimé de Jésus. Auparavant, dès le 2 mai 1825, le conseil municipal de la Guillotière avait émis le vœu qu’une paroisse fût créée aux Brotteaux. La demande, ayant été agréée, le 21 juin 1826, Mgr de Pins, administrateur du diocèse, chargea de cette fondation l’abbé Devienne, vicaire de Saint-Louis de la Guillotière. La commission des hospices civils de Lyon s’offrit à céder le terrain nécessaire. Comme l’on ne pouvait construire de suite une église, on célébra provisoirement la messe, le dimanche, dans la maison Fayolle, à l’angle de la rue de Sèze n° 2, et de la rue Madame, aujourd’hui rue Pierre-Corneille, n° 1. Ces débuts modestes rappelaient bien la condition des chrétiens primitifs de Lugdunum et de leur apôtre.

L’année suivante, le conseil de fabrique fut constitué. L’archevêque en nomma membres : MM. Girard, Chardon, Pont, Boissat et Palluy ; le comte de Brosses, préfet du Rhône, choisit : MM. Fournel, Boisson et Gobert. On chercha un local mieux adapté, et on le trouva à gauche du cours Morand, dans une des premières maisons de la rue Malesherbes. Mgr de Pins vint en personne installer le premier curé, auquel il donna pour vicaire M. Bost.

Saint-Pothin.

Les événements de 1831 eurent leur contre-coup jusque dans la pauvre chapelle paroissiale, dont la porte fut brisée dans la nuit du 22 au 23 novembre. Cependant, la population croissait, l’enceinte devenait trop étroite et les hospices avaient enfin cédé à la commune de la Guillotière, le 13 juin 1834, un emplacement de vaste étendue. La fabrique confia à M. Christophe Crépet, architecte et agent voyer de la Guillotière, le soin de dresser le plan d’un édifice convenable ; le 27 mai 1830, elle l’approuva et vota la somme de 15.000 francs. De son côté, Mgr de Pins, administrateur du diocèse, institua un second vicaire dans la personne de M. de Saint-Jean. Les travaux d’appropriation et de construction commencèrent peu après. Un procès-verbal, imprimé sous forme d’inscription, eu fournit la date exacte : 6 mars 1841. Il est probable qu’à ce moment on modifia l’ordonnance du plan primitif, qui comportait une église à trois nefs avec des chapelles latérales placées entre les ouvertures des piliers et atteignant dans leur profondeur l’axe des murs du transept. Ces chapelles n’ont pas été exécutées, et, sans doute, ne le seront jamais.

M. Richoud, vicaire général puis curé de Saint-Pothin.

Saint-Pothin demeure un monument de style grec, avec chapelles seulement aux deux extrémités du transept. Le 20 juin 1811, la première fut posée devant une assistance nombreuse, et la nouvelle église bénite, le 24 décembre 1843, par l’abbé Devienne, qu’avait délégué le cardinal de Bonald. La construction rapidement achevée n’avait coûté que 312.000 francs, chiffre qui montre avec quelle sévère économie on avait procédé. Les curés qui succédèrent à M. Devienne tinrent à l’honneur d’embellir la construction primitive. Il nous suffira de nommer MM. Boulachon, Metton, Aguiraud, pupier, Belmont et Richoud. C’est à M. Aguiraud que l’on doit le carillon si remarquable par la justesse et l’accord de ses quatre cloches, formant trois tons et un demi-ton. M. Belmont, aujourd’hui évêque de Clermont, disposa le rez-de-chaussée du clocher en sacristie et l’ex-sacristie du midi en parloir vitré ; il établit un étage à mi-hauteur des fenêtres de la sacristie, construisit un escalier en pierre, perça des portes d’entrée au bas de l’escalier et près de la chapelle Saint-Joseph. Quant à M. Richoud, il travailla surtout à des constructions intellectuelles et morales. Il voulut que la chaire chrétienne devint une école de théologie, de philosophie et d’apologétique à l’usage des gens du monde, et ses conférences furent des plus fréquentées. Il prenait soin d’inviter des prédicateurs de renom. Parmi ceux dont le nom est conservé au registre paroissial, il faut mentionner : en 1888, le P. Fontaine, Jésuite de la province de Paris, écrivain de talent, auteur de traités de rhétorique et d’ouvrages d’histoire et d’éloquence sacrée ; en 1891, l’abbé de Pascal, ancien Dominicain et professeur à l’Institut catholique de Paris, connu pour son apostolat social et populaire ; en 1894, le P Clavère, Dominicain, dont la prédication fut remarquable par la solidité de la doctrine. Le registre indique également que, longtemps auparavant, la chaire de Saint-Pothin avait vu le trop fameux Père Hyacinthe Loyson, alors religieux carme, devenu aujourd’hui ce que l’on sait.

Mentionnons enfin quelques-unes des œuvres nombreuses que les curés de Saint-Pothin, dont on a rappelé le nom, ont fait germer et fructifier : la confrérie du Saint-Sacrement, celle du Sacré-Cœur, l’œuvre du Saint-Sacrifice, la confrérie du Rosaire, le cercle catholique des Brotteaux, la persévérance des jeunes filles, l’œuvre de Sainte-Marthe et surtout le patronage des jeunes gens, fondé en 1870, par un homme de bien dont tout Lyon a connu et admiré le dévouement, M. Paul Giraud. C’était son œuvre de prédilection, celle à laquelle il consacra trente ans de sa vie. Ce patronage a vu passer des milliers d’enfants et de jeunes gens devenus aujourd’hui pères de famille, officiers, prêtres même : tous ont conservé le plus grand attachement pour cette œuvre, à qui ils doivent la persévérance de leur foi et de leurs pratiques chrétiennes.

Saint Paul, peinture de Couvert. (Église Saint-Pothin).

Dans l’église, que nous décrirons rapidement, l’autel majeur de marbre blanc est décoré d’un bas-relief : la Cène. Derrière l’autel se trouvent les orgues. Neuf lustres et deux grands candélabres encadrent l’autel et meublent le chœur. Au-dessus, s’élève une coupole éclairée par une rosace représentant le Saint-Esprit au milieu d’une gloire. Tout autour, dans une belle fresque, M. Couvert a peint la Sainte Vierge et les apôtres.

Le transept de droite renferme deux chapelles. La première est placée sous le vocable du Sacré-Cœur ; son autel est de marbre blanc et gris décoré d’un cœur en bas-relief et dominé par une statue du Sacré-Cœur. La seconde chapelle, située au fond du transept, est sous le vocable de Marie Consolatrice des affligés. Deux colonnes y supportent un entablement couronné d’un fronton ; l’autel de marbre blanc est surmonte d’une statue de la Mère de Dieu. Le transept de gauche ne contient que la chapelle Saint-Joseph, qui en occupe le fond. Au-dessus de l’autel de marbre, on a placé la statue du saint patriarche. Au fond de la petite nef de gauche, se trouve un grand tableau malheureusement mal éclairé.

La chaire de marbre blanc, avec escalier double, est ornée d’incrustations de couleur ; le dossier est décoré d’une belle colombe argentée aux ailes déployées. Le chemin de croix est remarquable. Les groupes taillés dans la pierre comprennent chacun six ou sept personnages en relief. Les transepts sont éclairés par deux verrières avec dessins géométriques ; les basses nefs chacune par quatre vitraux.
Premier monument des victimes du siège, 1795-1796.

MONUMENT DES BROTTEAUX

Tout à côté de Saint-Pothin, se trouve le monument des Brotteaux, élevé en mémoire des victimes du siège de Lyon en 1793. Trois édifices se sont succédé sur le même emplacement. Le premier ne dura qu’un an, le second est, en ce moment, en démolition, mais le troisième perpétue le souvenir du grand événement. Avant d’entrer dans la description de ces trois édifices, il importe de rappeler les circonstances historiques qui leur ont donné naissance. Nous raconterons donc brièvement le siège de Lyon, la sortie du général de Précy, enfin les massacres qui suivirent le siège.

S’il est une vérité historique établie aujourd’hui, c’est celle-ci : l’insurrection de Lyon ne fut aucunement un mouvement politique, mais elle fut uniquement suscitée par l’ardent désir de liberté religieuse qui animait les Lyonnais. Après le coup délai du 2 juin où les Montagnards procédèrent à l’arrestation de leurs collègues conventionnels modérés dits de la Plaine, « une partie de la Normandie, Bordeaux et Toulon se prononcèrent en faveur des députés proscrits ». Le 17 septembre, la Convention, dans sa fureur, votait la fameuse loi des suspects dont on ne saurait lire le texte sans frémir :

« Immédiatement après la publication du présent décret, tous les gens suspects qui se trouvent sur le territoire de la République, et qui sont encore en liberté seront mis en état d’arrestation.

« Sont réputés suspects, ceux qui, soit par leurs relations, soit par leurs propos ou écrits se sont montrés les partisans de la tyrannie ou du fédéralisme et ennemis de la liberté ; ceux qui ne pourront justifier de l’acquit de leurs devoirs civiques ; ceux à qui il a été refusé des certificats de civisme ; ceux des ci-devant nobles, ensemble les maris, les femmes, pères, mères, fils ou filles, frères ou sœurs, et agents d’émigrés, qui n’ont pas constamment manifesté leur attachement à la Révolution.

« Les tribunaux civils et criminels pourront, s’il y a lieu, faire retenir en état d’arrestation, comme gens suspects, et envoyer dans les maisons de détention les prévenus de délits, à l’égard desquels il serait déclaré n’y avoir pas lieu à accusation ou qui seraient acquittés de celles portées contre eux ».

Le général de Précy.

Ce texte, n’est-il pas à lui seul la meilleure excuse aux soulèvements multipliés qui se produisirent à cette époque. Lyon avait déjà commencé. Le général de Précy, connu et estimé des Lyonnais, fut revêtu du commandement militaire. À l’assemblée du congrès, dans l’église du grand collège, il jura de consacrer à la cause lyonnaise son épée, son dévouement, son existence, mais il ne voulait aucunement se mêler à ce qui avait rapport soit à la politique, soit à l’administration civile. On mit trop de lenteur dans les résolutions, il y eut des traîtres et des trahisons. L’époque du 14 juillet approchait. Les autorités de Lyon invitèrent les gardes nationales des villes du département de Rhône-et-Loire à se rendre à une fédération générale dans le chef-lieu. Dans la réunion, les partisans de l’insurrection lyonnaise l’emportèrent. Le 14 juillet eut lieu, sur la place Bellecour, l’installation de M. de Précy comme commandant général. Il se tint à l’Hôtel de Ville une sorte de conseil de guerre où se trouvaient nombre d’officiers de la garde nationale et d’officiers départementaux et municipaux. Il y fut décidé qu’on demanderait à Montbrison, Saint-Étienne, Saint-Chamond et Roanne, des détachements de gardes nationaux, pour venir concourir a la défense de Lyon ; et qu’en même temps il partirait de Lyon un corps nombreux, infanterie et cavalerie avec de l’artillerie ; que ce corps, arrivé à Roanne, traverserait le Charollais pour se rendre à Mâcon, associer tout le pays à la fédération lyonnaise, et se rendre maître du cours de la Saône, en assurant par là les approvisionnements de la ville. Le lendemain tout était détruit.

La Convention avait nommé deux représentants du peuple pour diriger les armées de la République qui assiégeaient Lyon, c’était Dubois de Crancé et Gauthier des Orcières, surnommé Gauthier de l’Ain. Ils avaient établi leur quartier général au château de la Pape près de Saint-Clair. Gauthier aurait désiré un accommodement avec les assiégés, et même le 5 septembre 1793, le citoyen Charcol, envoyé par les deux représentants du peuple, se rendit à Lyon comme parlementaire, et s’entretint, à l’Hôtel de Ville, avec le général de Précy ; mais l’affaire ne put aboutir. Le siège dura soixante-trois jours, jusqu’au 8 octobre 1793. La Convention avait envoyé de nouvelles troupes, ce qui faisait monter le chiffre à 50.000 hommes : « Lyon aurait résisté plus longtemps », raconte Précy lui-même, « mais il lui fallut résister à l’ennemi le plus terrible de tous, à la faim. Lyon ne s’est point rendu : ses ennemis n’ont pénétré dans ses murs que lorsque les Lyonnais en sont sortis eux-mêmes, que lorsqu’ils ont fait leur retraite ».

Le 8 octobre « l’ennemi mit le feu au collège de Saint-Irénée, et profita de cet accident pour attaquer la porte de ce nom. Elle avait été presque évacuée, ainsi que celle de Trion et il l’emporta après une légère résistance ». Précy ordonna aux commandants des postes de Perrache, Saint-Georges, Saint-Clair, Brotteaux, Saint-Just, Serin et la Croix-Housse de se rendre à Vaise. On coupa le pont de bateaux sur la Saône. Lorsque toutes les troupes furent centralisées à la Claire, à Vaise, elles ne se montèrent qu’à sept cents hommes, deux cents pour lavant-garde composée de cavalerie sous la conduite de M. de Rimbert. Précy commanda les trois cents hommes du centre, et M. de Virieu l’arrière-garde de deux cents hommes.

Caveau des victimes du siège.

« Je n’avais pour but, dit Précy, que de gagner la Suisse, comme la partie la plus rapprochée de Lyon qui offrit un asile sûr. Je ne le pouvais tenter par les Brotteaux, ce côté était fortifié. Je trouvais les mêmes dangers par les portes de Saint-Clair et de la Croix-Rousse où j’aurais eu les mêmes forces à combattre. Je n’avais vu qu’un seul point, à pouvoir espérer de forcer, celui des villages de Saint-Rambert et de Saint-Cyr. » La sortie eut lieu avec impétuosité, on se dirigea sur Saint-Rambert, où l’arrière-garde fut coupée. On traversa Saint-Cyr-au-Mont-d’Or, Poleymieux, Chasselay, Morancé, où l’on obtint du pain et du vin généreusement payés, et l’on fut à Alix vers neuf heures du soir. Après deux heures de repos, on en repartit pour le Bois-d’Oingt, et de là à Bagnols où l’on fut bien reçu par la municipalité. La troupe se dirigea sur le chemin d’Amplepuis, passa à Saint-Véran, puis à Pontcharra. Là, elle fut entourée par un corps de trois ou quatre mille hommes, à qui elle put heureusement échapper, puis parvint à Ancy où seulement quatre-vingts de ses retraitants arrivèrent. Ils se dispersèrent dans les bois, mais la cavalerie ennemie se précipita sur la vaillante troupe et en massacra la plus grande partie. Précy erra pendant neuf jours avec deux compagnons et gagna les montagnes du Forez, où il se tint caché de côté et d’autre jusqu’au 20 janvier 1793 ; il s’abrita longtemps dans un souterrain, et passa un hiver sans se déshabiller de crainte d’être surpris. Enfin, après mille péripéties, il revint à Thizy, à Bagnols, passa à Bourg, Lons-le-Saulnier, Pont-d’Ain, Morez et enfin gagna la Suisse : il était sauvé.

Qu’était devenu Lyon après l’héroïque, mais vaine sortie de Précy ?

« Lyon rendu, raconte Lemaire dans l’Histoire de la Révolution française, les commissaires de la Convention, Collot d’Herbois, Couthon et Maigret, y entrèrent en vainqueurs impitoyables. « Sur les ruines de cette infâme cité », avait dit Barrère au nom du Comité de salut public, « il sera élevé un monument qui fera l’honneur de la convention, et qui portera pour inscription ce mot qui dit tout : Lyon fit la guerre à la liberté, Lyon n’est plus. » Les commissaires se mirent à exécuter ce décret avec toute la rigueur qui convenait à leur férocité naturelle. Voici de quelle manière Couthon procédait à la démolition. Paralytique, il se faisait porter dans les rues, et frappant successivement d’un petit marteau les maisons de tous ceux qu’il déclarait contre-révolutionnaires, il prononçait ces paroles qu’on croirait à peine sorties de la bouche d’un homme dans un état complet de démence : « Maison rebelle, je te frappe au nom de la loi ». Aussitôt des ouvriers accouraient et se mettaient à démolir.

Monument des Brotteaux dit église des Martyrs ou des Capucins.

« Des torrents de sang inondèrent bientôt les décombres. Collot d’Herbois avait une vengeance particulière à exercer sur les Lyonnais, qui avaient eu le bon goût de le siffler dans le temps de sa carrière théâtrale ; aussi fut-il le plus atroce des brigands acharnés à leur perte. La commission temporaire chargée de juger militairement les contre-révolutionnaires, ou prétendus tels, ne put bientôt plus suffire à ses épouvantables travaux. « Nous expirons de fatigue, dirent-ils à Collot d’Herbois. — Républicains, leur répondit ce dernier, l’excès de vos travaux n’est pas à comparer à mes veilles. Brûlez du même feu que moi pour la patrie et vous recouvrerez de nouvelles forces ». Tout ce qui n’était pas renfermé dans les prisons se voyait forcé d’assister aux exécutions. Une troupe était payée pour crier : Vive la République ! à mesure que l’on frappait les victimes. Quiconque ne s’unissait pas à ses cris, était soudain condamné à mourir à son tour ou à être lié à l’échafaud, pour s’y voir couvert du sang de ceux que l’on exécutait.

« Il vint un moment où l’instrument ordinaire de mort parut à Collot d’Herbois ne pas suffire. Il faisait réunir les victimes sur une place publique, après les avoir attachées deux à deux, on tirait sur elles du canon chargé à mitraille. On essayait ensuite de tuer à coups de fusil ceux qui n’avaient été que blessés, et les infortunés qui avaient échappé à ce second genre de mort, attendaient, dans les tourments de l’agonie, qu’on vînt les achever à coups de sabres ou de baïonnettes. Après cette longue et horrible exécution, on jetait les cadavres dans le Rhône. En cinq mois, près de six mille personnes périrent. » Pendant que s’exécutait l’œuvre de boucherie, qu’un Néron n’eût pas désavouée, la Convention débaptisait la ville qui prenait, dans le sang et les larmes, le nom de « Commune-Affranchie ».

Lemaire commet une erreur : ce n’est point sur une place publique qu’eut lieu cette scène abominable, mais dans les terrains vagues de banlieue.

On conduisit aux Brotteaux plus de deux cents Lyonnais, liés les uns aux autres. Là ils furent massacrés à bout portant, à coups de canons chargés à mitraille, et la mousqueterie et le sabre achevèrent les blessés : cela se passait le 3 décembre 1793. En 1795, lorsque la tempête révolutionnaire commença à s apaiser, on éleva, au lieu même où avaient été immolées tant d’illustres victimes, un cénotaphe magnifique dont nous empruntons à Delandine une description d’autant plus nécessaire, que rien ne subsiste plus de ce premier monument. Cette description minutieuse a beaucoup de prix malgré la pompe démodée du style : c’est ce qui nous engage à en donner de larges extraits, ainsi que la relation, par le même, de la cérémonie d’inauguration.

Intérieur du Monument des Brotteaux.

« Sur une large base, s’élevant en amphithéâtre, reposait un immense cercueil dont la blancheur contrastait avec les draperies lugubres placées à l’entour. Ces draperies étaient suspendues par des festons de lauriers, de chênes et de roses : ils eurent droit à des lauriers puisqu’ils combattirent pour ce pays, à des couronnes de chêne puisqu’ils surent être citoyens, et à des fleurs de rose puisque cette fleur odorante fut, chez tous les peuples, l’emblème des vertus, le symbole de cette vie passagère qui ne brille un instant que pour disparaître pour toujours. Aux quatre coins du monument des larves, génies fixés (sic) par les Égyptiens et ensuite par les Grecs, soulevant avec la tête les assises de pierre de la voûte supérieure, semblaient considérer, avec un douloureux étonnement, quels étaient ceux qui osaient troubler le silence de cette tombe, réveiller les mânes lyonnais et faire pénétrer une faible clarté dans les ténèbres éternels (sic). Au-dessous de ces génies funèbres, des hiboux, oiseaux de nuit, sortaient effrayés du sépulcre et formaient quatre groupes qui soutenaient les thurifères, vases où brûlaient les parfums et l’encens. De la coupole du tombeau s’élevait une pyramide portant l’urne fatale, objet de tous les regrets : au piédestal, deux femmes voilées étaient sculptées, tenant des lacrymatoires et paraissant abîmées dans le désespoir. »

L’inauguration du monument fut très imposante. « Six mille hommes précédés d’une musique funèbre ont fait le tour du monument, l’arme basse et dans le recueillement le plus profond ; un peuple immense, les yeux baignés de larmes les entourait. Pendant cette pompe funèbre, une couronne perlée, par un effet singulier et rare, entoura le soleil resplendit dans les cieux et sembla couronner la fête, les spectateurs et le tombeau. Ce phénomène eût paru à nos aïeux le signe certain de la gloire de nos concitoyens. Des mains, longtemps enchaînées, élevèrent le cénotaphe au souvenir de leurs compagnons d’infortune ; Chinard en sculpta les ornements et les statues ; l’architecte Cochet, plein de génie et d’honneur, dont les dessins obtinrent les prix de Paris et de Parme, donna et fit exécuter celui de ce monument, et à leur demande y fit tracer ces inscriptions :

À l’ouest.

Lyonnais, venez tous sur ce triste rivage
À vos amis répéter vos adieux :
Ils vous ont légué leur courage,
Sachez vivre et mourir comme eux.

Au sud.

Pour eux la mort devient une victoire,
Ils étaient las de voir tant de forfaits :
Dans leur trépas ils ont trouvé la gloire,
Sous ce gazon ils ont trouvé la paix.

À l’est.

Passant, respecte notre cendre,
Couvre-la d’une simple fleur !
À tes neveux nous te chargeons d’apprendre
Que notre mort acheta leur bonheur.

Au nord.

Champ ravagé par une horrible guerre.
Tu porteras un jour d’immortels monuments.
Hélas ! Que de valeur, de vertus, de talents.
Sont cachés sous un peu de terre.

Mais, continue Delandine « au temps que ce cénotaphe fut élevé, les fureurs de la Révolution n’étaient qu’endormies. Ce monument et les larmes des malheureuses familles offensèrent quelques personnes qui n’étaient pas sans reproches : le cénotaphe fut renversé en 1796 ; mais une juste indignation poursuivit les destructeurs du tombeau, et les Brotteaux devinrent déserts. Aussitôt après la Restauration, les Lyonnais s’empressèrent d’élever un monument capable de rappeler à la postérité la mémoire des héros qui étaient morts généreusement pour leur pays. On lit appel aux artistes lyonnais : un grand nombre de plans furent présentés. Celui de Chenavard, architecte, d’un goût et d’un talent distingué, obtint le prix et un suffrage général ; néanmoins celui de Cochet, qui n’avait pas concouru, obtint la préférence et fut exécuté ».

Ce monument, dont le but était de recouvrir les restes mortels de ces généreuses victimes, n’a pu, dans sa construction, remplir les fins qu’on s’était proposées, que par un extérieur lugubre. La réunion des trois ordres, dorique, égyptien et romain, que la pure architecture rejettera toujours, nuit considérablement à son ensemble. On aurait préféré voir, à la place de cette bizarre réunion, se réaliser les dispositions qu’avait offertes Chenavard. Le monument Cochet avait été conçu dès 1814 ; le retour de Napoléon en retarda l’exécution. Les travaux commencèrent en 1817, et la première messe fut célébrée le 29 mai 1819, dans la chapelle ménagée à gauche, et renfermant une urne sur laquelle on lisait ces mots : « Au fidèle Précy ». Tel était le tombeau de Louis-François Perrin, comte de Précy ; ce courageux citoyen né à Semur-en-Brionnais, le 7 janvier 1742, devint, comme on l’a dit, général en chef de l’armée lyonnaise en 1793 ; plus heureux que la plupart de ses compagnons, il avait pu se réfugier en Suisse ; il revint en France dès que les émigrés y eurent libre accès, et mourut à Marcigny-sur-Loire le 25 août 1820.

Monument des Brotteaux, nouvelle chapelle.

La chapelle expiatoire des Brotteaux, desservie jusqu’en ces dernières années par les pères Capucins, est désaffectée. La municipalité en a voté la démolition pour y faire traverser des rues ; aussi la commission des Hospices de Lyon, à qui appartient le terrain, et la commission du monument, pour prévenir l’injuste oubli dont seraient entourés les martyrs, suivant l’expression lyonnaise, ont-elles édifié, tout à côté, une nouvelle chapelle, aujourd’hui terminée, récemment ouverte au public, et sur laquelle il importe de donner quelques détails.

Cet édifice fait le plus grand honneur à M. Pascalon, architecte des hospices ; c’est une église de style romano-byzantin, surmontée d’une coupole du plus gracieux effet. Notre ville ne possède aucun édifice de style semblable, et il marquera dans l’histoire de l’architecture à Lyon.

La façade est ornée d’un porche soutenu par deux énormes piliers et couronné d’un fronton grec, décoré d’une croix de pierre. Plus haut, cinq vitraux éclairent la grande nef ; ils sont placés entre deux anges de vaste dimension tenant des inscriptions. Le haut de la façade est surmonté d’un immense fronton qui encadre le monogramme du Christ, et couronné par une croix de pierre. De chaque côté, une tour carrée termine heureusement la nef. Au-dessus du porche, on a placé l’inscription suivante qui fait connaître la destination du monument : « À la gloire de Dieu, à la mémoire des victimes du siège de Lyon en M.DCC.XCIII ». En entrant dans la chapelle, on est frappé de la simplicité sévère et d’ailleurs voulue qui convient à ce monument, destiné à rappeler des gloires funéraires.

L’autel est de pierre et sa table soutenue par quatre petits piliers ; il est dominé par une statue du Sacré-Cœur ; à la voûte de l’abside on a placé un grand crucifix. Dans le fond du chœur, on remarque la grille derrière laquelle les religieux célébraient leur office.

Le transept est terminé à droite par la chapelle Saint-Joseph, à gauche par celle de la Sainte-Vierge ; sur le devant du chœur, près de l’abside, on a placé les statues de saint Antoine de Padoue et de l’Immaculée-Conception.

La coupole est percée de plusieurs petites ouvertures donnant jour dans le chœur. La nef est également éclairée par six fenêtres dont les baies étroites ne possèdent pas encore leurs vitraux. Par côté de la porte d’entrée, dans de vastes niches, on a placé deux gros piliers cylindriques surmontés d’urnes funéraires. Au pied de la colonne de droite se trouve un lion symbolique accroupi, tenant dans ses griffes un glaive dont la poignée est en forme de croix. Celle de gauche est également ornée d’une épée en relief avec guirlande de lauriers.


IMMACULÉE-CONCEPTION

Immaculée-Conception.

La paroisse de l’Immaculée-Conception fut fondée en 1855, et légalement reconnue le 1er décembre de cette année. Le cardinal de Bonald choisit, pour cette œuvre importante, M. l’abbé Coudour, à qui il donna mission d’organiser la paroisse et de construire l’église. Ce digne prêtre fut installé, le 23 décembre 1833, par M. Beaujolin, vicaire général. Son premier soin fut d’élever une chapelle provisoire, rue Vaudrey, où l’on célébra la messe pour la première fois en décembre 1833. Cet oratoire devint plus tard la chapelle des Frères. La construction de l’église définitive commença l’année suivante, sur les plans de l’éminent architecte de Fourvière, Pierre Bossan. Elle devait porter le nom d’église Saint-Jacques à cause du prénom du cardinal de Bonald, mais, par suite de la définition de l’Immaculée-Conception, en 1834, M. Coudour obtint du cardinal de la mettre sous ce vocable.

On se contenta provisoirement de construire trois travées, c’est-à-dire celles du milieu de l’église actuelle. Mgr de Bonald vint inaugurer le culte, le 28 août 1839, et le discours fut prononcé, à cette occasion, par le P. Hermann, religieux carme, ancien juif converti.

Intérieur de l’Immaculée-Conception.

L’église resta en cet état, c’est-à-dire sans façade, ni chœur, ni abside, pendant de longues années. À M. Coudour succéda, en 1871, l’abbé Richoud, devenu plus tard vicaire général et curé de Saint-Pothin ; puis, en 1876, M. Micollet, enfin, en 1887, M. Binet des Roys, curé actuel, à qui est dû l’achèvement complet de l’édifice. Frappé de l’exiguïté de l’église qui ne pouvait contenir que quelques centaines de fidèles, alors que la population de la paroisse s’élevait à vingt mille habitants, l’abbé Binet s’adressa à M. Franchet, architecte, et lui demanda de mettre à exécution les plans de Bossan. Le 2 février 1891, les travaux étaient repris et poussés dès lors si activement que le chœur, l’abside et les sacristies étaient inaugurées en octobre 1893, par le cardinal Coullié. Restait la façade : les travaux en furent commencés au début de 1897 et continués sans interruption jusqu’en octobre 1898, où ils furent achevés. On se permit, à cette occasion, une légère mais utile modification au plan primitif de Bossan : ce plan ne comportait qu’une seule porte d’entrée sur la façade, M. Binet en exigea deux autres pour aider au dégagement.

Vierge, scupture de Dufraisne (façade de l’Immaculée-Conception).

L’église de l’Immaculée est achevée dans son gros œuvre et n’attend plus que quelques sculptures et mosaïques de détail. L’édifice, vu surtout du chevet, offre un aspect imposant avec sa grande tour qui domine l’entrée et son immense coupole, placée à cent pieds de hauteur au-dessus du chœur. L’église mesure 70 mètres de longueur, 17 seulement de largeur à la nef et 48 au transept. Cette différence caractéristique vient dû plan suivi par l’architecte. L’église, en effet, affecte la forme d’un ostensoir, en sorte que la nef plutôt étroite est couronnée par un chœur et une abside qui se déploient largement. Avant de pénétrer dans l’église, admirons sur la façade, au-dessus du portail central, un splendide bas-relief, œuvre du sculpteur Dufraisne.

L’autel majeur est provisoire ; il est surmonté d’une des plus belles statues de Fabisch : l’Immaculée-Conception. Au-dessus s’élève, comme on l’a dit, la vaste coupole supportée par huit piliers accouplés deux à deux et éclairée par quatre belles rosaces. La chapelle absidiale est dédiée au Sacré-Cœur ; l’autel en est gracieux avec sa table de pierre soutenue par trois colonnettes décorées de colombes aux ailes éployées. La chapelle du transept de droite est consacrée à saint Joseph, et celle du transept de gauche à saint Jude. Elles ne sont pas achevées, il leur manque encore l’ornementation.

Au bas de l’église, sur la tribune, se trouvent les orgues, magnifique instrument de quarante jeux, œuvre MM. Carlen et Abey, facteurs à Brigues (Suisse). Ces orgues furent construites en deux fois. La première partie, comprenant vingt jeux, fut bénite par le cardinal Foulon en 1891, et le sermon, prononcé, à cette occasion, par Mgr Pagis, évêque de Verdun. La transformation en orgues de quarante jeux fut faite par les mêmes facteurs, et inaugurée, le 11 mai 1900, par Mgr Bouvier, évêque de Tarentaise. Le sermon fut donné par Mgr Dadolle, recteur des Facultés catholiques, aujourd’hui évêque de Dijon.

La crypte est une des plus vastes cryptes lyonnaises. On y voit une sainte Anne, œuvre de M. Dufraisne, maquette d’une grande valeur, au témoignage des connaisseurs. Signalons enfin les deux grandes sacristies qui se trouvent près de l’abside, ce sont les plus amples des paroisses de Lyon ; elles mesurent une superficie de cent onze mètres carrés.

Un magnifique chemin de croix a été peint par Giraudon, dans des cadres dessinés par Pierre Bossan. La sacristie possède un ornement remarquable de drap d’argent acheté par M. le curé Coudour : il se compose de l’ornement de la messe, d’une dalmatique, d’une chape et d’un voile huméral. Le trésor de l’église possède un ostensoir magnifique commandé par M. Coudour et exécuté par Armand-Calliat.


SAINTE-MARIE-DES-ANGES

Sainte-Marie-des-Anges ou Notre-Dame-des-Anges est de fondation récente. Ce fut, en effet, en 1873, que l’archevêché chargea M. l’abbé Haour, vicaire à Saint-André de Lyon, de créer cette nouvelle paroisse et d’y établir une église. Ce prêtre zélé installa une chapelle provisoire, devenue maintenant la maison de la cure. Le culte y commença le 1er janvier 1871. Le jour des Rameaux de la même année, M. Gouthe-Soulard, vicaire général, plus tard archevêque d’Aix, bénit la chapelle provisoire.

Quelques années plus tard, le même prêtre, avec ses ressources personnelles, augmentées de généreuses aumônes, entreprit la construction de l’église définitive. Avant sa prêtrise, employé chez son oncle, architecte de renom, il avait déjà dirigé la construction du clocher de Feyzin ; aussi tint-il à honneur de dresser lui-même les plans de la nouvelle église et de veiller à leur exécution. Il en fit un édifice de bon goût, portant néanmoins le cachet personnel de l’architecte. C’est ainsi qu’il remplaça les piliers qui soutiennent ordinairement les voûtes des églises et masquent fréquemment la vue, par de légères et gracieuses colonnettes. Il plaça, moins heureusement peut-être, les contre-forts de l’abside au-dedans de l’église, à l’encontre de la formule classique qui les veut au dehors.

Sainte-Marie-des-Anges.

Quelques années plus tard, épuisé par une vie consacrée à l’amélioration morale et matérielle de sa paroisse, il démissionna, et la paroisse fut confiée aux prêtres du Prado. Ceux-ci ont apporté tous leurs soins au ministère. Le nouveau curé, disposant de plusieurs prêtres, a pu amplifier les œuvres paroissiales, en créer de nouvelles, une surtout pour la protection morale des Italiens qui se trouvent en grand nombre sur la paroisse.

Notre-Dame-des-Anges est une élégante église entièrement dégagée ; son clocher, surmonté d’une flèche élancée, fait un digne pendant à celui de Sainte-Blandine, qui se trouve presque en face, de l’autre côté du Rhône.

Le maître-autel est dominé par trois grandes statues : la Mère de Dieu entourée de saint Gabriel et saint Raphaël. La Vierge a les bras croisés sur la poitrine, les yeux levés au ciel : son pied écrase le serpent tentateur, Gabriel incliné lui présente le sceptre tandis que Raphaël lui offre une couronne. Près de la Vierge, deux anges soutiennent des candélabres.

Dans l’abside se trouvent quatre petits autels dédiés à sainte Anne, saint François d’Assise, saint François de Sales et sainte Clotilde, chacun d’eux est surmonté de la statue. Dans le transept droit s’ouvre la chapelle Saint-Joseph. L’autel est surmonté de trois niches : celle du milieu contient la statue de ce saint patriarche. Les deux autres sont vides, elles attendent les statues de saint Jean-Baptiste et de saint Zacharie. Au-dessous, le rétable est décoré de deux bas-reliefs en terre cuite : l’atelier de Nazareth et la mort de saint Joseph.

Dans le transept de gauche, se trouve la chapelle du Sacré-Cœur. La statue du divin Maître est placée entre celles de la bienheureuse Marguerite-Marie et de sainte Gertrude. Au rétable, deux bas-reliefs : saint Jean, appuyé sur le cœur de Notre-Seigneur, et Marguerite-Marie Alacoque adorant le Sauveur. Au bas de l’autel, trois rosaces encadrent le monogramme du Christ.

L’église n’est pas encore décorée de tous ses vitraux ; ceux qui se trouvent dans l’abside, œuvre de L. Bégule, représentent les mystères du Rosaire. Voici la description de ceux des petites nefs, exécutés par MM. Nicod et Jubin. À gauche : 1° Adam et Ève chassés du paradis terrestre ; 2° Le Sacrifice d’Abraham ; 3° Le Prophète Élie nourri par un ange. À droite : 1° Saint Pierre délivré par un ange ; 2° L’Ange de la Résurrection avec les saintes femmes ; 3° Les Anges servant Notre-Seigneur au désert. Les verrières qui restent à exécuter représenteront des scènes de l’Ancien et du Nouveau Testament, dans lesquelles figurent des anges.

Le chemin de la Croix, œuvre de Giscar de Toulouse, est en terre cuite peinte et a figuré à l’exposition des arts religieux de Lourdes. La chaire, par le même, est également en terre cuite. Les panneaux sont ornés de quatre bas-reliefs représentant les évangélistes, séparés par des anges en prière. Quatre anges, une croix sur la poitrine, soutiennent la chaire posée sur une colonne ; au pied de celle-ci se trouvent les quatre grands docteurs de l’Église et au dossier de la chaire un bas-relief représentant Jésus entouré de ses disciples et prêchant aux foules. Signalons enfin, au fond de l’église, une statue de saint Antoine de Padoue portant l’Enfant Jésus.


MONTCHAT

La paroisse de Montchat fut érigée en 1873. L’administration ecclésiastique confia le soin de cette fondation à M. l’abbé Thévenin, vicaire de Saint-François-de-Sales. On installa d’abord le culte dans une chapelle provisoire située avenue du Château, mais bientôt, lorsque M. l’abbé Michallet eut succédé à M. Thévenin, les vœux unanimes appelèrent la construction de l’église définitive. Sur un terrain donné généreusement par la famille Richard-Vitton, on éleva le bel édifice qu’on voit présentement, œuvre des architectes Morel et Bethenod. L’église fut commencée au printemps de 1874 : on construisit d’abord la nef et deux travées, puis on livra cette partie au culte le 13 juin 1875. Au printemps de 1891, on reprit les travaux et l’église achevée fut consacrée le 1er septembre 1894.

L’église de Montchat, dédiée à Notre-Dame-du-Bon-Secours, est un remarquable spécimen de l’architecture romane. Elle est bien dégagée, ce qui en rend l’ensemble grandiose. La façade est surmontée d’un beau clocher où sont renfermées quatre cloches bénites, les deux premières en 1871, les autres, lors de l’achèvement de l’église en 1893. La base du clocher est accostée de deux pyramides d’un gracieux effet. Au-dessus du porche on a placé une belle statue de Notre-Dame-de-Bon-Secours, œuvre de Bayet-Biot. Dans le tympan du portail, un gracieux bas-relief représente Jésus bénissant les enfants, avec l’inscription du vocable de l’église Notre-Dame-de-Bon-Secours et la date de l’achèvement, 1893.

Notre-Dame-de-Bon-Secours, à Montchat.}}

En pénétrant dans l’intérieur, l’œil saisit de suite le plan général de l’édifice : les cinq travées de la nef principale sont surmontées chacune d’une petite coupole et terminées dans le chœur par une abside voûtée. La nef centrale de style roman est accompagnée de deux petites nefs, où la lumière se répand par de nombreuses verrières.

L’autel majeur, ainsi que les deux autres autels dont nous parlerons, la table de communion, enfin la chaire, sont en pierre de Cruaz, avec reflets rouges, et ont été travaillées par le sculpteur Chenevay de Lyon.

Le maître-autel est décoré des emblèmes du Sacré-Cœur et des quatre évangélistes. Il est surmonté d’une belle statue de la Vierge Mère, œuvre du sculpteur lyonnais Fabisch. L’abside est éclairée par trois verrières, œuvre, comme tous les vitraux de l’église, sauf un, de M. Dufêtre. Chaque verrière, suivant un mode uniforme, est composée de trois médaillons superposés. Celle du milieu représente : 1° sainte Anne instruisant la Sainte Vierge ; 2° Notre-Dame-de-Bon-Secours intercédant auprès de son fils en faveur des fidèles ; 3° enfin le couronnement de Marie dans le ciel. Le vitrail de gauche : trois scènes de la vie de saint Louis : 1° il porte la sainte couronne ; 2° il rend la justice sous le chêne traditionnel ; 3° sa mort. Celui de droite est dédié à saint Ennemond : 1° ce saint pontife est parrain du fils d’un roi de France ; 2° il souffre le martyre ; 3° ses reliques sont transportées à l’Île-Barbe par son compagnon saint Wilfrid.

À droite, chapelle du Sacré-Cœur ; l’autel est surmonté d’une belle statue par Fabisch, et est éclairé par un vitrail représentant : 1° Jésus et la Samaritaine ; 2° saint Jean l’Évangéliste ; 3° le Sacré-Cœur et la bienheureuse Marguerite-Marie. Tout à côté l’on a placé une Pietà.

Intérieur de Notre-Dame-de-Bon-Secours (Montchat).

À gauche, chapelle Saint-Joseph ; au-dessus de l’autel, statue du saint patriarche par Pagny, de Lyon, et vitrail représentant : 1° le Mariage de la Vierge ; 2° la Sainte Famille ; 3° la Mort de saint Joseph. Tout auprès, un édicule dédié à saint Antoine de Padoue, avec sa statue, par Chenevay de Lyon, a été élevé en mémoire de la protection accordée par la Providence, le 10 mai 1896, lors de la chute de la foudre sur l’église, au milieu de la cérémonie des vêpres, sans que personne de la nombreuse assistance en fût atteint.

Les vitraux de l’église de Montchat sont remarquables, ils éclairent les basses nefs et méritent une description détaillée. Commençons par la petite nef de droite. Une première verrière redit la vie de sainte Élisabeth, en trois scènes : 1° les provisions qu’elle porte aux pauvres se changent en roses ; 2° elle nourrit les indigents ; 3° elle est reçue du tiers ordre de saint François. Vitrail de saint Sixte : 1° il encourage son disciple saint Laurent ; 2° il refuse de sacrifier aux idoles ; 3° son martyre. Verrière de la Trinité, décorée d’un grand Christ en bronze. Vitrail de saint Antoine de Padoue : 1" l’Enfant Jésus lui apparaît ; 2° sa prédication ; 3° la translation de son corps. Verrière de sainte Catherine, martyre : 1° elle est consolée par la Sainte Vierge ; 2° elle est emprisonnée ; 3° son martyre. Vitrail de saint Alexandre donné par M. Gourd : 1° sa condamnation ; 2° il est tenaillé par le bourreau ; 3° il est exposé aux lions. Verrière de sainte Mathilde, donnée par Mme Gourd : 1° elle fait l’aumône aux pauvres ; 2° elle est honorée par le peuple ; 3° sa mort.

La petite nef de droite est éclairée par sept verrières dont voici les sujets. Vitrail de saint François de Sales : 1° en priant dans l’église Saint-Étienne-du-Mont à Paris, il surmonte une tentation de désespoir ; 2° sa prédication dans le Chablais ; 3° il donne une règle aux religieuses de la Visitation. Verrière de saint Charles Borromée : 1° il reçoit le chapeau de cardinal ; 2° il donne la communion à saint Louis de Gonzague ; 3° il assiste un pestiféré. Vitrail de sainte Eugénie, œuvre de Victor Honer, de Nancy : 1° le baptême de la sainte ; 2° sa condamnation ; 3° son martyre. Verrière de sainte Chantal : 1° elle instruit ses enfants ; 2° elle donne des statuts aux sœurs de la Visitation ; 3° sa mort. Vitrail de saint Jules, pape : 1° il est couronné de la tiare ; 2" il reçoit la visite d’un saint évêque ; 3° il tient un concile. Verrière de saint Nicolas, évêque de Myre : 1° il dote trois °filles pauvres qui se trouvaient dans l’occasion de se perdre ; 2° il est couronné par les anges ; 3° il est transporté, sur mer, d’Orient en Italie. Vitrail de saint Claude : 1° il quitte le monastère de Saint-Oyend, lorsqu’il est nommé archevêque de Saint-Claude ; 2° il abdique la prélature ; 3° sa mort.

Au milieu de l’église s’élève une chaire fort élégante à double escalier. Elle est l’œuvre du sculpteur Chenevay. Sur les panneaux sont sculptés les quatre grands docteurs de l’église : saint Ambroise, saint Augustin, saint Jérôme et saint Grégoire, pape. Au fond de l’église, sur une vaste tribune, sont placées les orgues, œuvre de M. Aurand-Wirth. On doit signaler également le chemin de croix, en pierre sculptée, œuvre de M. Bayet-Biot.


BIBLIOGRAPHIE DU CHAPITRE VIII

RÉDEMPTION

Le petit paroissial de la Rédemption, Lyon, n° 72 (à 83), février 1905 (à janvier 1906). Imp. A. Reynaud, Lyon, in-8. à 2 col., 4 p.

FRANCISCAINS DU TIERS-ORDRE, DIT PICPUS ET NOTRE-DAME-SAINT-LOUIS DE LA GUILLOTIÈRE

Grande carte de la Guillotière et du mandement de Béchevelin, province du Lyonnois, d’après l’original de 1809, déposé aux archives de la Guillotière. Publiée à 100 ex., en 1884, par la Société de topographie de Lyon.

Grande carte de la Guillotière et du mandement de Béchevelin, province du Lyonnois, d’après l’original de 1809, déposé aux archives de la Guillotière. Publiée à 100 ex., en 1884, par la Société de topographie de Lyon.

Mémoire pour les RR. PP. provincial, supérieurs & religieux du Tiers-Ordre de Saint-François de la province de Lyon, contre les frères Alexis Rupert, Ferréol Girard, Hilarion Gousset, Côme Nicolas, Lazare Villard, Blaize Mazuyer & Clément Clerc, religieux oblats ou servants desdits ordre et province. Lyon, Delaroche, 1760, in-folio, 32 p. — Au sujet du port du capuce.

Confrérie de Saint-Roch et de Saint-Sébastien, érigée dans l’église des religieux du Tiers-Ordre de Saint-François, au faubourg de la Guillotière. Lyon, 1776, in-12.

Mission de la paroisse de la Guillotière, l’un des faubourgs de Lyon, 1818. À Lyon, chez Lambert-Gentot, in-8, 16 p. — Compte rendu historique.

Notice historique et topographique sur la ville de la Guillotière, projet d’embellissement, par Christophe Crépet, ancien élève de l’école royale des Beaux-Arts de Paris, architecte voyer de la ville de la Guillotière. Lyon, Marie, 1815, in-4, 48 p.-2 f., grav.

Histoire de ta Guillotière et des Brotteaux, depuis sa fondation jusqu’à nos jours, 1846, par F. Meifred. Lyon, Giraud, 1846, in-S, viij-112 p.

Vital de Valous, Lettre à M. L. Morel de Voleine, sur l’étymologie de la Guillotière, 1863, grand in-8, 10 p.

Abbé Vachet, Le Tiers-Ordre de Saint-François ou Picpus, dans Revue du Lyonnais (1892), 5e série, XIV, 1. — Tiré à part : Lyon, Mougin-Rusand, 1892, in-8, 43 p.

Marie et la paroisse Notre-Dame-Saint-Louis, rapport de

M. l’abbé H. Lapra, curé-archiprêtre de Notre-Dame-Saint-Louis, présenté au Congrès Mariai de Lyon. Lyon, Vitte, 1900, in-8, 23 p.

SAINT-POTHIN

Notice historique et topographique sur la ville de la Guillotière, projet d’embellissement, par Christophe Crépet, ancien élève de l’école royale des Beaux-Arts de Paris, architecte voyer de la ville de la Guillotière. Lyon, Marle, 1845, in-4, 48 p. -2 f., grav.

Histoire de la Guillotière et des Brotteaux, depuis sa fondation jusqu’à nos jours, 1846, par F. Meifred. Lyon, Giraud, 1846, in-8, viij-112 p.

Confrérie du Sacré-Cœur de Jésus, à Saint-Pothin, Lyon. Lyon, impr. J. Gallet, 9 août 1874. in-32. 2 f.

Le premier évêque de Lugdanum, hommages rendus à la mémoire de saint Pothin par une société d’ecclésiastiques sous la direction de M. le chanoine Richoud, curé-archiprêtre de la paroisse Saint-Pothin. Lyon, Vitte, 1900, in-8, 366 p.

MONUMENT DES BROTTEAUX

Monument élevé aux Brotteaux en 1795 et abattu en 1796, aux malheureuses et innocentes victimes immolées à Lyon après le siège de leur patrie. Grande estampe.

Notice historique sur l’exhumation du corps du lieutenant général comte de Précy et sa translation de Marcigny-sur-Loire, à Lyon, dans le caveau sépulcral du monument religieux des Brotteaux, à la mémoire des victimes du siège de Lyon. Lyon, 1822, in-4, 40 p., vue du monument des Brotteaux par Chometon.

L.-M. Pérenon, Le siège de Lyon, poème historico-didactique en cinq chants, précédé d’un prologue aux muses et d’une préface poétique, et suivi d’un grand nombre de faits inédits, de la lettre du général Précy sur la mémorable sortie des Lyonnais, de chansons de l’époque, d’une notice biographique et historique des personnages des deux partis, etc., orné du portrait du comte de Précy. Lyon, Guyot ; Targe ; Lions, 1825, in-8, 116 p.

Siège de Lyon, sortie des Lyonnais et retraite du général de Précy, racontées par lui-même ; historique de sa retraite dans les montagnes du Forez, après le siège de Lyon, depuis le 12 octobre 1793 jusqu’au 20 janvier 1795, dans : Revue du Lyonnais (1847), xxvi, 181-206 et 285-306. — Tiré à part : Lyon, impr. Léon Boitel. 1847, in-8, 47 p.

Charcot, Souvenirs de 1793, épisode du siège de Lyon, dans Revue du Lyonnais (1847), XXVI. 108-16.

Notes inédites, ou lettre historique de feu M. le général comte de Précy, sur l’histoire de la sortie et de la retraite des Lyonnais après le siège qu’ils avaient soutenu en 1793. Lyon, 1848. — Édité par L.-M. Perenon, de Lyon.

Recueil de compositions exécutées ou projetées sur les dessins de A.-M. Chenavard, architecte. Lyon, Perrin, 1860, in-folio. — Contient notamment un projet de monument à la mémoire des victimes du siège de Lyon.

IMMACULÉE-CONCEPTION

Église paroissiale de l’Immaculée-Conception, à ériger à Lyon, quartier de la Part-Dieu. P. Bossan et Léo architectes, J. Séon sculp., imp. Fugère, Lyon. Gravure, 250 sur 162 millimètres.

De l’architecture religieuse à Lyon, d’après quelques constructions modernes, églises d’Écully, de Caluire, de Vaise et de l’Immaculée-Conception, par M. Ch. Vays. Lyon, imprimerie d’Aimé Vingtrinier, 1859, in-8, 16 p. — Vays est le pseudonyme de Savy.