Histoire des églises et chapelles de Lyon/Immaculée-Conception

H. Lardanchet (tome Ip. 259-261).

IMMACULÉE-CONCEPTION

Immaculée-Conception.

La paroisse de l’Immaculée-Conception fut fondée en 1855, et légalement reconnue le 1er décembre de cette année. Le cardinal de Bonald choisit, pour cette œuvre importante, M. l’abbé Coudour, à qui il donna mission d’organiser la paroisse et de construire l’église. Ce digne prêtre fut installé, le 23 décembre 1833, par M. Beaujolin, vicaire général. Son premier soin fut d’élever une chapelle provisoire, rue Vaudrey, où l’on célébra la messe pour la première fois en décembre 1833. Cet oratoire devint plus tard la chapelle des Frères. La construction de l’église définitive commença l’année suivante, sur les plans de l’éminent architecte de Fourvière, Pierre Bossan. Elle devait porter le nom d’église Saint-Jacques à cause du prénom du cardinal de Bonald, mais, par suite de la définition de l’Immaculée-Conception, en 1834, M. Coudour obtint du cardinal de la mettre sous ce vocable.

On se contenta provisoirement de construire trois travées, c’est-à-dire celles du milieu de l’église actuelle. Mgr de Bonald vint inaugurer le culte, le 28 août 1839, et le discours fut prononcé, à cette occasion, par le P. Hermann, religieux carme, ancien juif converti.

Intérieur de l’Immaculée-Conception.

L’église resta en cet état, c’est-à-dire sans façade, ni chœur, ni abside, pendant de longues années. À M. Coudour succéda, en 1871, l’abbé Richoud, devenu plus tard vicaire général et curé de Saint-Pothin ; puis, en 1876, M. Micollet, enfin, en 1887, M. Binet des Roys, curé actuel, à qui est dû l’achèvement complet de l’édifice. Frappé de l’exiguïté de l’église qui ne pouvait contenir que quelques centaines de fidèles, alors que la population de la paroisse s’élevait à vingt mille habitants, l’abbé Binet s’adressa à M. Franchet, architecte, et lui demanda de mettre à exécution les plans de Bossan. Le 2 février 1891, les travaux étaient repris et poussés dès lors si activement que le chœur, l’abside et les sacristies étaient inaugurées en octobre 1893, par le cardinal Coullié. Restait la façade : les travaux en furent commencés au début de 1897 et continués sans interruption jusqu’en octobre 1898, où ils furent achevés. On se permit, à cette occasion, une légère mais utile modification au plan primitif de Bossan : ce plan ne comportait qu’une seule porte d’entrée sur la façade, M. Binet en exigea deux autres pour aider au dégagement.

Vierge, scupture de Dufraisne (façade de l’Immaculée-Conception).

L’église de l’Immaculée est achevée dans son gros œuvre et n’attend plus que quelques sculptures et mosaïques de détail. L’édifice, vu surtout du chevet, offre un aspect imposant avec sa grande tour qui domine l’entrée et son immense coupole, placée à cent pieds de hauteur au-dessus du chœur. L’église mesure 70 mètres de longueur, 17 seulement de largeur à la nef et 48 au transept. Cette différence caractéristique vient dû plan suivi par l’architecte. L’église, en effet, affecte la forme d’un ostensoir, en sorte que la nef plutôt étroite est couronnée par un chœur et une abside qui se déploient largement. Avant de pénétrer dans l’église, admirons sur la façade, au-dessus du portail central, un splendide bas-relief, œuvre du sculpteur Dufraisne.

L’autel majeur est provisoire ; il est surmonté d’une des plus belles statues de Fabisch : l’Immaculée-Conception. Au-dessus s’élève, comme on l’a dit, la vaste coupole supportée par huit piliers accouplés deux à deux et éclairée par quatre belles rosaces. La chapelle absidiale est dédiée au Sacré-Cœur ; l’autel en est gracieux avec sa table de pierre soutenue par trois colonnettes décorées de colombes aux ailes éployées. La chapelle du transept de droite est consacrée à saint Joseph, et celle du transept de gauche à saint Jude. Elles ne sont pas achevées, il leur manque encore l’ornementation.

Au bas de l’église, sur la tribune, se trouvent les orgues, magnifique instrument de quarante jeux, œuvre MM. Carlen et Abey, facteurs à Brigues (Suisse). Ces orgues furent construites en deux fois. La première partie, comprenant vingt jeux, fut bénite par le cardinal Foulon en 1891, et le sermon, prononcé, à cette occasion, par Mgr Pagis, évêque de Verdun. La transformation en orgues de quarante jeux fut faite par les mêmes facteurs, et inaugurée, le 11 mai 1900, par Mgr Bouvier, évêque de Tarentaise. Le sermon fut donné par Mgr Dadolle, recteur des Facultés catholiques, aujourd’hui évêque de Dijon.

La crypte est une des plus vastes cryptes lyonnaises. On y voit une sainte Anne, œuvre de M. Dufraisne, maquette d’une grande valeur, au témoignage des connaisseurs. Signalons enfin les deux grandes sacristies qui se trouvent près de l’abside, ce sont les plus amples des paroisses de Lyon ; elles mesurent une superficie de cent onze mètres carrés.

Un magnifique chemin de croix a été peint par Giraudon, dans des cadres dessinés par Pierre Bossan. La sacristie possède un ornement remarquable de drap d’argent acheté par M. le curé Coudour : il se compose de l’ornement de la messe, d’une dalmatique, d’une chape et d’un voile huméral. Le trésor de l’église possède un ostensoir magnifique commandé par M. Coudour et exécuté par Armand-Calliat.