Histoire des églises et chapelles de Lyon/Franciscaines de la Tour-Pitrat

H. Lardanchet (tome Ip. 298-300).

SŒURS SAINT-FRANÇOIS-D’ASSISE DE LA TOUR-PITRAT

Le 15 décembre 1837, Anne Rollet, issue d’une honorable famille lyonnaise, qui tirait d’Oullins son origine, et Anne Marillon, sa nièce, prirent l’habit du Tiers-Ordre franciscain des mains de M. Allibert, chanoine et secrétaire général de l’archevêché, qui tenait ses pouvoirs du ministre général des frères Mineurs de l’Observance. Le 1er mai 1838, leur mère et grand’mère, madame veuve Rollet, suivit leur exemple. La première s’appela en religion sœur Agnès de la Conception, la seconde sœur Marie de la Croix, la troisième sœur Marie-Françoise.

Toutes trois, dans leur maison des Chartreux et sous l’habit religieux que leur permit Mgr de Pins, administrateur apostolique du diocèse de Lyon, s’appliquèrent à suivre la règle séraphique et à procurer les vertus qui en sont les fruits. Quelques jeunes personnes au courage éprouvé, se joignirent à elles, en entraînèrent d’autres, et ainsi se forma une modeste communauté, ardente à la prière et aux œuvres. Sœur Marie de la Croix, ancienne élève des religieuses franciscaines de Sainte-Élisabeth, était retournée cependant quelques mois dans ce couvent pour s’y perfectionner dans les usages et pratiques du grand ordre. Elle devint, après ce second noviciat, maîtresse des novices de la communauté naissante, dont sœur Marie-Françoise était supérieure et sœur Agnès assistante.

Chapelle des sœurs Saint-François d’Assise de la Tour-Pitrat.

Trois ans écoulés, M. Chauvet, curé de Juliénas en Beaujolais, demanda à la nouvelle congrégation de pourvoir à la direction de l’école de sa paroisse. Sœur Marie de la Croix, accompagnée de deux religieuses, se rendit à cet appel ; en 1834, elle installa à Juliénas un second noviciat de sœurs enseignantes, et devint ainsi la véritable fondatrice. La maison-mère de Lyon était demeurée sous forme d’atelier ; celui-ci fut dévasté, en 1848, par des ouvriers défiants et jaloux. Plusieurs des sœurs qui en sortirent n’y rentrèrent pas, et le noviciat de Juliénas, devenu désormais unique, s’établit, peu après, à Lyon. Sœur Marie-Françoise mourut paisiblement, en 1853, à l’âge de quatre-vingt-neuf ans ; sa fille, sœur Agnès, succomba deux ans plus tard à des douleurs longues et aiguës. Sœur Marie de la Croix succéda à sa grand’mère dans la charge de supérieure générale : sous son gouvernement, la congrégation prit un essor considérable, et fit de toute part des fondations. La maison-mère des Chartreux ne suffisant plus, on acheta un emplacement assez vaste avec maison connue sous le nom de Tour-Pitrat, dont le premier usage fut consacré, le 31 mai 1856, à abriter cinq cents pauvres inondés du Rhône. En 1870, la supérieure logea dans la même maison quatre cents mobiles.

La congrégation avait alors grandement prospéré, puisqu’elle comptait, en 1860, plus de vingt maisons. La part principale de cet accroissement revient à mère Marie de la Croix. C’était une grande âme, instruite, pieuse, expansive, ne croyant que peu au mal, ce qui est le meilleur moyen de le vaincre ; en revanche, elle avait toute foi au bien et à sa multiplication naturelle. Elle mourut le 27 août 1875, après avoir patiemment enduré de longues souffrances.

Les sœurs Saint-François-d’Assise ont gardé, seules de toutes les Tertiaires régulières, ce nom entier, qu’elles méritent ; elles se dévouent essentiellement à l’éducation des enfants, dans les paroisses et les orphelinats, ainsi qu’au soin des malades. Leur second apostolat consiste dans le service des hôpitaux, séminaires et collèges, et dans celui des vieillards et des nouveaux-nés. Avant la loi de 1901 persécutrice des congrégations, elles possédaient trente-quatre maisons habitées par deux cent vingt religieuses. La maison-mère est située à la Tour-Pitrat, rue Saint-François-d’Assise, sur la colline de la Croix-Rousse, en face de Fourvière, d’où on domine toute la ville. À la suite de la fermeture d’un florissant externat, les religieuses ont installé une clinique et une maison de santé dont la prospérité s’affirme de jour en jour.

La chapelle des Franciscaines, spécialement aménagée pour la communauté, n’est pas destinée au public, aussi est-elle de dimensions réduites ; toutefois sa simplicité même, conforme au style des églises franciscaines, la rend attrayante. Elle ne compte qu’une seule nef, avec deux chapelles au bas du chœur et une abside circulaire. Le maître-autel est de marbre blanc, le chœur est entouré de trois statues représentant le Sacré-Cœur, sainte Anne et saint François. À la voûte, on a peint le monogramme du Christ. La chapelle est éclairée par quatre fenêtres avec vitraux de grisailles. Deux autres baies et une rosace éclairent la tribune située au fond de la nef. La chapelle de droite est dédiée à la Sainte-Vierge : l’autel de marbre blanc est surmonté de la statue de la Mère de Dieu. Celle de gauche est sous le vocable de saint Joseph, et, au-dessus de l’autel, également de marbre blanc, on a placé la statue du saint.