Histoire des églises et chapelles de Lyon/Béchevelin

H. Lardanchet (vol. IIp. 195-197).

NOTRE-DAME DE BÉCHEVELIN

Il exista à la Guillotière, depuis une époque fort ancienne jusqu’en 1834, une Vierge dite de Béchevelin, qui donna lieu à une chapelle et à un pèlerinage très fréquenté. Quelle en est l’origine ?

« À une époque reculée, dit Ogier, un Bénédictin du chapitre d’Ainay, nommé Grillotier, était possesseur d’un terrain situé sur la rive gauche du Rhône, un peu après le pont de
Chapelle de Bèchevelin en 1550 (d’ap. le plan scénographique).

la Guillotière. Cette terre portait le nom de Bèchevelin ; ce religieux y fit construire une chapelle sous l’invocation de la Vierge : on l’appela dès lors Notre-Dame de Bèchevelin ; elle était assez simple, et existait encore au xvie siècle ; on croit qu’elle fut détruite par les Calvinistes. Néanmoins la dévotion à cette chapelle avait laissé des souvenirs, et, pour en perpétuer la mémoire, les habitants de la rive gauche du Rhône élevèrent un petit oratoire qui fut l’objet de continuels pèlerinages. Les troubles de 1834 entraînèrent la destruction de cet oratoire. Nous ne sommes fixés aujourd’hui sur le lieu que la primitive chapelle occupait que par un reste gothique de cet ancien souvenir, réduit à une chétive niche. »

Bas-relief de N.-D. de Bèchevelin (église Saint-André).

Il y a certainement des réserves à faire sur l’étymologie du mot Guillotière, mais les faits qui concernent Bèchevelin concordent avec les documents.

« Il existait, en 1812, raconte Meifred, à l’angle des rues de Bèchevelin et de la Vierge, une chapelle ou bien une armoire renfermant une madone connue sous le nom de Notre-Dame de Bèchevelin, sans doute parce que cette chapelle était située dans l’ancien mandement de ce nom particulièrement en grande vénération parmi les mariniers du Rhône, à cause des nombreux miracles qu’elle faisait en leur faveur. Elle était très ornée et très décorée, exposée sur son autel, entourée de petites jambes, de petits bras, et d’une multitude d’ex-votos. Près de la niche dont on voit encore les traces au lieu désigné, se trouvait toujours une vieille femme qui, moyennant la simple rétribution de cinq centimes par prière, se chargeait des neuvaines qu’on voulait à Notre-Dame de Bèchevelin. » En 1846, la niche était vide, et la statue transportée dans une maison particulière ; elle n’avait pu soutenir la concurrence avec Notre-Dame de Fourvière. Aussi, ajoute le même auteur : « Mme P. a été obligée de renfermer chez elle la Vierge, et elle professe pour cette sainte la plus grande vénération. »