Histoire de mon village, études historiques sur Raucourt et Haraucourt et la région avoisinante, par Sécheret-Cellier (Viard)

Histoire de mon village, études historiques sur Raucourt et Haraucourt et la région avoisinante, par Sécheret-Cellier (Viard)
Bibliothèque de l’École des chartestome 58 (p. 334-335).
Histoire de mon village, études historiques sur Raucourt et Haraucourt et la région avoisinante, par Sécheret-Cellier. Sedan, impr. de Jules Laroche, 1896. In-8o, VIII-493 pages.


Raucourt et Haraucourt sont deux localités importantes du département des Ardennes : la première, chef-lieu du canton de l’arrondissement de Sedan, l’autre, simple commune de ce canton. M. Sécheret-Cellier, directeur de l’école de Mouzon, a réuni en un fort volume de près de cinq cents pages les notes qu’il avait accumulées sur ces deux villages depuis plus de vingt ans et a réussi à donner ainsi une bonne monographie. Les historiens qui désormais voudront s’occuper du département des Ardennes ne devront pas la négliger. On y trouve en effet quantité de renseignements intéressants puisés de tous côtés, soit sur les lieux dits, soit sur les familles, soit sur les personnes, qui serviront souvent à éclairer bien des points d’histoire locale. Seulement, pour ce qui est des textes, il ne faut guère en chercher dans ce travail, car, sauf la charte de franchises accordée à Raucourt par Gaucher, comte de Rethel, en avril 1255, dont le texte est donné avec la traduction en regard, et quelques pièces modernes, l’auteur ne donne que des traductions ou des résumés. En appendice, il analyse un grand nombre d’actes tirés des Archives nationales, de la Bibliothèque nationale, des archives des Ardennes, des minutes de notaires concernant les villages de l’ancienne souveraineté de Raucourt et ceux qui forment la circonscription cantonale actuelle.

Les destinées de Raucourt et de Haraucourt furent intimement liées dans les siècles passés. Aussi, M. Sécheret-Cellier a-t-il pu unir les deux pays dans une même histoire. Après avoir glissé rapidement sur les origines toujours bien problématiques pour des localités de ce genre, l’auteur entre dans des détails plus abondants pour la période du moyen âge après que ces deux villages furent venus en la possession des comtes de Rethel. Ces seigneurs les conservèrent jusqu’au 29 janvier 1549, date à laquelle Claude de Foix, comtesse de Rethel, femme de Charles de Luxembourg, vendit Raucourt et sa seigneurie à Robert IV de la Marck, seigneur de Sedan. Ils restèrent ainsi incorporés à la principauté de Sedan jusqu’au milieu du XVIIe siècle. Le dernier seigneur souverain fut Frédéric-Maurice de la Tour d’Auvergne, et c’est en 1642 qu’il cessa d’être en possession de cette principauté. L’autour donne en passant quelques détails sur la monnaie de Raucourt et Haraucourt avant leur réunion à la couronne, puis, après avoir esquissé leur histoire au moment de l’introduction du protestantisme, à la fin de l’ancien régime, sous la Révolution, il consacre ses derniers chapitres à la population, aux impôts, au service militaire, à l’agriculture, au commerce, à l’industrie, à l’assistance publique, au territoire, aux hameaux situés dans les limites de ces communes et enfin aux terribles épisodes de la guerre de 1870 dont elles furent témoins. En somme, bien que l’on puisse relever plusieurs fautes telles que celle-ci relative à l’origine de Sedan, page 78 : « Sedan avait été, lors de l’invasion franque, une forteresse construite sur la Meuse par Sedanus, fils d’un chef sicambre, » ou encore, page 185, cette autre, que les diocèses correspondent aux anciens pagi, tandis que c’est aux civitates qu’ils correspondent et les archiprêtres ou doyennés aux pagi ; cet ouvrage ne saurait être dédaigné pour l’histoire locale à cause du grand nombre d’indications utiles qu’il renferme.


J. Viard.