Histoire de la Révolution de 1848/Documents historiques (2)
DOCUMENTS HISTORIQUES
I
PROCLAMATION DE M. CABET (VENDREDI 25 FÉVRIER 1848).
aux communistes icariens.
Travailleurs nos frères,
Nous avons toujours dit que nous étions avant tout, Français, patriotes, démocrates ; aussi intrépides qu’humains et modérés : vous venez de le prouver. L’horrible trahison qui a fait couler le sang des citoyens, mercredi soir 23 février, devant l’hôtel du ministère des affaires étrangères, a dû vous faire prendre les armes pour la commune défense ; et, dans l’immortelle journée du 24, vous avez partagé l’héroïque dévouement de la brave et généreuse population de Paris.
Aujourd’hui, c’est l’union seule, l’ordre et la discipline, qui peuvent assurer au peuple le fruit de sa victoire, en garantissant ses droits et ses intérêts.
Rallions-nous donc autour du gouvernement provisoire présidé par Dupont (de l’Eure), remplaçant l’odieux gouvernement qui vient de se rougir du sang des citoyens.
Appuyons ce gouvernement provisoire qui se déclare républicain et démocratique ; qui proclame la souveraineté nationale et l’unité de la nation ; qui adopte la fraternité, l’égalité et la liberté pour principes et le peuple pour devise et mot d’ordre, et qui dissout les Chambres pour convoquer l’Assemblée nationale, qui donnera à la France la Constitution qu’elle demande.
Mais sachons nous-mêmes réclamer constamment toutes les conséquences de ces principes.
Demandons que tous les Français soient déclarés FRÈRES, égaux en devoirs et en droits sans aucune espèce de privilége, tous membres de la garde nationale, tous électeurs et éligibles à toutes les fonctions publiques sans aucune vile condition d’argent.
Demandons le droit naturel et imprescriptible d’association, de réunion et de discussion ; la liberté individuelle, sans l’arbitraire d’aucun homme, la liberté de la presse, sans entraves, sans cautionnement ni timbre.
Demandons surtout la garantie de tous les droits et de tous les intérêts des travailleurs la reconnaissance formelle du droit de vivre en travaillant, afin que le père de famille ne soit plus réduit à l’affreuse nécessité d’abandonner sa femme et ses enfants pour aller mourir en combattant.
Demandons l’organisation du travail et l’assurance du bien-être par le travail.
Demandons la suppression de tous les impôts sur les objets de première nécessité.
Demandons l’abolition des humiliantes vexations et iniques institutions de la douane et de l’octroi.
Demandons, pour le peuple, l’instruction générale, gratuite, commune, réelle et complète.
Demandons des institutions et des garanties pour le bonheur des FEMMES et des ENFANTS, pour que chacun ait la possibilité de se marier, avec la certitude de pouvoir élever sa famille et la rendre heureuse.
Fidèles à nos principes de fraternité, d’humanité et de modération, de justice et de raison, crions toujours et partout : Point de vengeance ! point de désordres, point de violences, point d’oppression pour personne ! Mais fermeté, clairvoyance et prudence, afin d’obtenir justice pour tous !
Point d’atteinte à la propriété ! mais inébranlable persévérance à demander tous les moyens que peut accepter la justice pour supprimer la MISÈRE notamment en adoptant un système démocratique d’inégalité successivement décroissante, et d’égalité successivement croissante.
Gardons-nous de demander l’application immédiate de nos doctrines communistes. Nous avons toujours dit que nous ne voulons leur triomphe que par la discussion, par la conviction, par la puissance de l’opinion publique, par le consentement individuel et par la volonté nationale : restons, fidèles à nos paroles.
Mais beaucoup d’entre nous ont acquis de leur sang le droit d’association, de réunion et de discussion publique ; ayons donc aussi l’inébranlable constance de réclamer ces droits ; et l’expérience, jointe à la discussion, suffira pour persuader et pour convaincre que notre système d’organisation sociale et politique est le seul remède à la misère, le seul qui puisse assurer le bonheur et le salut de l’humanité.
Encore un mot le gouvernement provisoire annonce l’armement de tous les citoyens et l’organisation générale de la garde nationale en assurant l’existence du peuple ; ne déposez donc pas les armes ; ne quittez pas vos glorieuses et immortelles-barricades ! Laissez, au contraire, toutes vos affaires pour vous organiser et vous enrégimenter ! Achevez, complétez et régularisez votre armement, demandez que les bastilles soient désarmées, que tous les canons, toutes les armes et toutes les munitions soient livrés au peuple, et que le peuple parisien soit tout entier sous les armes, organisé, discipliné sous les chefs de son choix : c’est alors qu’on aura réellement la garantie de l’ordre comme de la liberté et de la liberté comme de l’ordre, de même que, quand toute la garde nationale de France sera armée et organisée démocratiquement, c’est alors qu’on aura la garantie réelle de la paix universelle, de l’indépendance des nations et de la fraternité des peuples.
Paris, le 25 février 1848.
II
LISTE DES CLUBS.
Abbaye (Club de l’).
Acacias (Club des).
Agriculture (Club central de l’).
Allemande (Société démocratique).
Allemande-Parisienne (Réunion].
Alliance (Club patriotique et républicain de l’).
Alsaciens, sentinelle avancée des droits de l’homme (Club des).
Amandiers (Club fraternel des).
Amis de la fraternité (Club des).
Amis de la République (Club des) à Vaugirard.
Amis de la République (Club des), rue Saint-Jacques.
Amis de l’ordre (Association des)
Amis de l’ordre (Société des).
Amis des noirs (Club des).
Amis du peuple (Club des).
Amis fraternels (Club des).
Antonins (Club des).
Arc-de-Triomphe (Club de l’).
Arrondissement (Société républicaine démocratique du 1er).
Arrondissement (Club républicain du 2e), rue Lepelletier.
Arrondissement (Club républicain du 2e), Goudchaux, président.
Arrondissement (Club républicain du 3e), rue des Petites-Écuries.
Arrondissement (Club démocratique du 3e).
Arrondissement (Club républicain du 5e).
Arrondissement (Société démocratique du 5e).
Arrondissement (Club républicain socialiste du 6e).
Arrondissement (Club patriotique du 7e).
Arrondissement (Club du 10e).
Arrondissement (Club populaire du 10e).
Arrondissement (Comité électoral du 11e).
Arrondissement (Comité électoral démocratique du 11e).
Arrondissement (Club du 12e).
Arrondissement (Club démocratique du 13e), à Montmartre.
Arsenal (Club de l’).
Artistes dramatiques (Club des).
Assemblée nationale (Club du journal l’).
Association fraternelle médicale (Club de l’).
Atelier (Club patriotique du journal l’).
Ateliers nationaux (Club central des).
Augustins (Club des).
Avenir (Club de l’).
Banquet du 12e arrondissement (Club du).
Barricades du 24 février (Club des).
Barrière du Maine (Club de la).
Batignolles (Club républicain des).
Beaune (Club de la rue de).
Belge (Société patriotique).
Belle Moissonneuse (Club de la).
Bercy (Club républicain de).
Blancs-Manteaux (Club démocratique des).
Blessés de février (Club des).
Blessés et combattants de la barricade Saint-Merry (Club des).
Bureaucrates (Club des).
Butte des Moulins (Club de la).
Central (Club).
Central républicain (Comité).
Chaillot (Club de).
Chaillot (Comité central révolutionnaire de).
Charenton ( Club démocratique de).
Charonne (Club démocratique de).
Cirque national (Club du).
Club des clubs (Comité révolutionnaire pour les élections).
Cluny (Club).
Comité central des élections.
Commerçants-locataires (Club réformiste des).
Commerce (Club du).
Commune de Paris (Club de la).
Compagnons des devoirs réunis (Club des).
Conciliation (Club de la).
Condamnés politiques (Club des).
Colons Algériens (Comité des).
Constituant (Club).
Décorés de juillet (Club républicain des).
Démocrates de Belleville (Club des).
Démocrates fraternels (Club des).
Démocratie militaire (Club de la).
Démocratique (Club).
Démocratique (Comité).
Démocratique (Société centrale).
Deux-Mars (Club du).
Devoirs et droits de l’homme (Club des).
Domestiques et gens de maison (Club des).
Droits civiques (Club des).
Droits de l’homme et du citoyen (Société des).
Droits des travailleurs (Club des).
École de droit (Club de l’).
École de médecine (Club de l’).
Écoles (Comité central des).
Égalité (Club de l’).
Égalité et de la fraternité (Club de l’).
Électoral républicain (Club).
Émancipation des peuples (Club de l’).
Émigration polonaise (Club de l’).
Émigrés italiens (Club des).
Épiciers (Club des).
Équité (Club démocratique de l’).
Espérance (Club de l’).
Etoile (Club de l’).
Faubourg-Saint-Antoine (Club du).
Femmes (Club des).
Février (Club du 27).
Fontaine-Saint-Georges (Club de la).
Français non naturalisés (Comité central des).
Franklin (Club).
Franchise (Club de la).
Francs républicains (Club des).
Fraternel (Club).
Fraternelle centrale (Société).
Fraternité (Club de la), rue du Cherche-Midi.
Fraternité (Club de la), rue des Deux-Boules.
Fraternité (Club de la), à Meudon.
Fraternité des peuples (Club de la).
Fraternité du Faubourg-Saint-Antoine (Club de la).
Fraternité universelle (Club de la).
Garde nationale (Cercle-club de la).
Garde nationale de Paris (Club démocratique central de la).
Garde nationale mobile (Club de la).
Gardes nationaux (Club des).
Gens de lettres (Société républicaine des).
Gentilly (Club de).
Gobelins (Club des).
Gravilliers (Club des).
Gruttly (Société suisse de).
Halles (Club des).
Homme-Armé (Club de l’).
Hommes lettrés (Club des).
Hommes libres (Club des).
Ibérique (Club démocratique).
Incorruptibles (Club des).
Indépendants (Club des).
Industrie et du commerce (Club de l’).
Institut (Club de l’).
Institut oratoire de Paris (Club de l’).
Intérêts communs (Club des).
Intérêts du peuple (Club des).
Intérêts populaires et de la garde mobile (Club des).
Jacobins (Club des).
Jacobins (Club central des).
Jeune-Montagne (Club de la) ou de la Sorbonne.
Jeunes-Étudiants (Club des).
La Chapelle-Saint-Denis (Club républicain de).
Liberté (Cercle-club de la).
Libertés politiques, civiles et religieuses (Comité électoral des).
Libres penseurs (Société démocratique des).
Luxembourg (Club des délégués au).
Maçonnique (Club central).
Maîtres d’études (Association démocratique des).
Maîtres de pension (Club des).
Marais (Club du).
Médical (Club).
Montagnards (Club des), à Belleville.
Montagne (Club républicain de la).
Montagne (Club de la), à Passy.
Montagne (Club de la), à Montmartre.
Montagne (Club de la), rue Frépillon.
Montmartre (Club républicain de).
Montrouge (Club populaire de).
Montrouge (Société populaire de).
Neuilly (Club de).
Neuilly-sur-Seine (Club républicain démocratique de).
Ouvriers allemands (Club des).
Ouvriers de la fraternité (Club des).
Panthéon (Club du).
Passy (Club de).
Patriotes indépendants (Club des).
Popincourt (Club).
Populaire (Club).
Porte-Montmartre (Club central démocratique de la).
Prévoyance (Club de la).
Prévoyants (Club des).
Prévoyants (Club des), rue de Clichy.
Progrès (Club du).
Progrès (Club républicain du).
Progrès (Club républicain du), à Montmartre.
Progrès démocratique (Club du).
Propagande républicaine (Club de la).
Publicistes (Club des).
Quinze-Vingts (Club des).
Quartier du Luxembourg (Club démocratique du).
Quartier Montorgueil (Club démocratique du).
Récollets (Club des).
Réforme (Club de la).
Régénération sociale (Club de la).
Religieux (Club).
Républicain (Club).
Républicain (Comité central).
Républicaine centrale (Société).
Républicain protestant (Club).
Républicains socialistes (Club des).
Républicains socialistes (Conseil central des).
Républicains unis (Club des).
République (Club de la).
République centrale (Club de la).
République nouvelle (Club de la).
Révolution (Club de la).
Révolutionnaire et socialiste du Rhône (Club).
Révolution sociale (Club de la).
Roisin (Club).
Saint-Georges (Club républicain).
Saint-Maur (Club démocratique de).
Servandoni (Club).
Sorbonne (Club populaire de la).
Soufflot (Club).
Temple (Club du).
Travail (Club démocratique du).
Travailleurs et commerçants (Club des).
Travailleurs du Marais (Club des).
Travailleurs du Nord (Club des).
Travailleurs du 11e arrondissement (Club des).
Travailleurs libres (Club des).
Travailleurs républicains (Club des).
Travail social (Club du).
Travailleurs socialistes (Club des).
Travailleurs unis (Société des).
Tribune populaire (Club de la).
Triomphe (Club du).
Union (Club de l’), à la Sorbonne.
Union (Club de l’), rue du Faubourg-Saint-Martin.
Union (Club de l’), rue de Condé.
Union démocratique (Club de l’).
Union des clercs (Club de l’).
Union des travailleurs (Club de l’).
Union fraternelle (Club de l’).
Union polytechnique (Club de l’).
Union républicaine (Club de l’), rue Jacob.
Union républicaine (Club de l’), rue du Bac.
Unité démocratique (Club de l’).
Unité républicaine (Club de l’).
Université républicaine (Club de l’).
Vieux-Augustins (Club des).
Vésuviennes (Club-légion des).
Vigilants (Club des).
24 févr. | La République. |
L’Harmonie universelle. | |
La Voix du peuple. | |
Le Moniteur républicain. | |
27 févr. | Le Salut public (gérant, Loudun). |
Le Salut public (Champfleuri, Baudelaire et Toubin). | |
La République française. | |
Le Peuple constituant. | |
L’Ami du peuple. | |
Le Représentant du peuple. | |
28 févr. | La Voix du peuple. |
29 févr. | L’Assemblée nationale. |
Le Girondin. | |
Le Drapeau républicain. | |
Le Réformateur des abus. | |
La Liberté (L’Herminier). | |
Le Mois. | |
Notre histoire. | |
L’Épilogueur. | |
1er mars. | La Liberté (Lepoitevin-Saint-Alme). |
Le Peuple. | |
Journal de la garde nationale et de l’armée. | |
2 mars. | Les Droits de l’homme. |
5 mars. | La Vérité . |
8 mars. | La Commune de Paris. |
9 mars. | La Tribune de 1848. |
11 mars. | La Voix des clubs. |
12 mars. | Le Garde national. |
Le Père Duchêne, ancien fabricant de fourneaux. | |
13 mars. | L’Étendard des droits du peuple. |
15 mars. | Le Garde national de 1848. |
Les Guêpes hebdomadaires. | |
Le Salut public (A. Esquiros). | |
16 mars. | Le Tribun du peuple. |
La Liberté religieuse. | |
18 mars. | L’Ordre. |
19 mars. | Le Réveil du peuple. |
20 mars. | La Sentinelle du peuple. |
La Voix des femmes. | |
Le Courrier des chemins de fer. | |
21 mars. | Le nouveau Cordelier. |
23 mars. | La Propagande révolutionnaire. |
24 mars. | Les Murs de Paris. |
25 mars. | Le Bon conseil. |
Le Conseil républicain. | |
26 mars. | Le Peuple souverain. |
La Vraie République. | |
28 mars. | Le Bon sens du peuple. |
30 et 31 mars. |
La Voix du peuple (Laudoin, gérant). |
Le Magasin politique. | |
L’Alliance des peuples. | |
L’Avant-Garde. | |
Le Représentant du peuple (Proudhon, Jules Viard, Ch. Fauvety). |
30 et 31 mars. |
L’Esprit du peuple. |
La Souveraineté du peuple. | |
Le Moniteur des postes. | |
Le Monde. | |
L’Organisation du travail (gérant, Amédée Sellier). | |
La Minerve, journal militaire. | |
L’Éventail républicain. | |
Le Petit homme rouge. | |
2 avril. | L’Accusateur révolutionnaire. |
L’Écho du soir. | |
Le Messager. | |
Le Banquet social. | |
6 avril. | La Sentinelle des clubs. (Victor Bouton). |
8 avril. | Le Bonheur public et général. |
9 avril. | La Cause du peuple (George Sand). |
Le Canard. | |
L’Organisation du travail (red.-gér. Letellier). | |
Le Père Duchêne, Gazette de la révolution (Thuillier et Colfavru). | |
13 avril. | Le Messager de la République. |
15 avril. | L’Ère nouvelle (Lacordaire). Nouvelles du soir. |
La Propriété, journal des intérêts de tous. | |
16 avril. | L’Amour de la patrie (directrice : madame Legrand). |
Journal des faubourgs. | |
Le Conservateur de la République ( Charles Marchal). | |
17 avril. | L’Égalité. |
20 avril. | Le Démocrate égalitaire. |
Le Travailleur. | |
La France républicaine. | |
La Tribune populaire. | |
La France libre. | |
29 et 30 avril. |
Le Réveil du peuple. |
La Pologne de 1848. | |
Revue patriotique. | |
Le Nouvelliste. | |
La Tribune des employés. | |
Le Manifeste des provinces. | |
Distractions géographiques, physionomiques, anecdotiques, etc. |
Le Travail, journal du travailleur électeur et éligible.
Charité et Justice.
La Dépêche du 21 mars (c’est le même que le Courrier du soir).
L’Écho du peuple.
Le Fanal républicain.
Franches paroles.
La Garde nationale.
Journal de Démocrite.
Journal des enfants.
Journal des églises de Paris et de la Banlieue.
Le Journal pour rire.
La Lanterne.
La Lanterne ; organe de la jeunesse républicaine démocratique.
L’Omnibus.
L’Ordre public.
La Réforme agricole.
La Revue rétrospective.
Le Tam-Tam républicain.
La Tarentule.
Le Triomphe du peuple.
Les Mystères de la Bourse.
Affiches républicaines.
Agenda parisien.
L’Ami de la religion.
Le Correspondant.
L’Enfer et le paradis du peuple (madame de Beaufort).
La Foudre.
Le Girondin (Leo Lespès).
La Guillotine, par un vieux Jacobin.
La Haute vérité, journal des lumières nécessaires pour l’ère nouvelle.
Journal des couturières et des modistes.
Journal du 5e arrondissement.
Journal officiel des gardes nationales de 1848.
Le Pays, journal politique et littéraire.
Recueil des lois et actes de l’instruction publique.
Recueil général des lois, décrets et arrêtés depuis le 24 février.
La République des arts.
Révolution sociale.
La Sentinelle du peuple.
Les Soirées républicaines.
La Tribune nationale, organe des intérêts de tous les citoyens.
La Tribune parisienne, journal des intérêts populaires.
La véritable République.
La Vérité, journal des intérêts israélistes.
La Vérité, journal des intérêts du peuple.
1er mai. | L’Assemblée constituante. |
La Tribune des réformes. | |
2 mai. | L’Avant-garde (gérants : Lévêque et V. Berger). |
L’Esprit national. | |
3 mai. | Le Flâneur. |
IV
LISTE DES DÉPUTATIONS REÇUES PAR LE GOUVERNEMENT PROVISOIRE.
27 février. | Députation des gardes nationaux de la 1re légion, venant demander que la statue d’Armand Carrel soit portée en tête du convoi qui doit avoir lieu pour les victimes des journées de février. | |
— | — | des Journalistes réclamant contre le rétablissement du timbre. |
3 mars. | — | des Élèves du Val-de-Grâce demandant que les médecins militaires soient à l’avenir régis d’après les lois du 7 août 1793. |
6 mars. | Députation de la ville de Nantes. | |
— | — | des Ouvriers imprimeurs sur étoffes. |
— | — | des Blessés de février. |
— | — | des Chartistes anglais. |
7 mars. | — | des Citoyens des États-Unis. |
— | — | des Ponts et chaussées. |
— | — | des Bâtiments civils. |
— | — | des Courtiers du commerce. |
— | — | des Villes de Beaumont-sur-Oise et Magny. |
— | — | du Grand-Orient de France. |
8 mars. | — | du Club républicain central. |
9 mars. | — | des Démocrates allemands. |
10 mars. | — | des Horticulteurs, Serruriers, Sauveteurs. |
11 mars. | — | des Consistoires. |
— | — | du Club démocratique de la Sorbonne. |
12 mars. | — | des Délégués du Club du Marais. |
— | — | des Démocrates de Londres. |
— | — | des Anglais résidant à Paris. |
— | — | de Saint-Laurent-lès-Mâcon. |
— | — | des Loges de Francs-Maçons de Paris |
— | — | des Gardes du commerce. |
— | — | des Ouvrières en acier. |
13 mars. | — | de deux mille Suisses. |
— | — | des Négociants et Fabricants. |
14 mars. | — | des Israélites. |
— | — | des Commerçants de Paris. |
— | — | des Tailleurs de pierre. |
— | — | des Artistes peintres. |
— | — | des Peintres en bâtiment. |
— | — | du Commerce de la volaille. |
— | — | des Marchandes de poissons. |
15 mars. | — | des Hellènes. |
— | — | de l’arrondissement de Mantes. |
— | — | des Gardes nationaux de la 7e légion. |
16 mars. | — | du Club républicain pour la liberté des élections. |
— | — | de la Garde nationale de Belleville. |
— | — | des Hongrois. |
— | — | des Norvégiens. |
17 mars | — | des Gardes nationaux. |
18 mars. | — | des Irlandais. |
19 mars. | — | du Club de la garde nationale. |
— | — | des Employés et Ouvriers de la Compagnie d’éclairage par le gaz. |
— | — | des Employés de la maison Launay. |
— | — | des jeunes Créoles de l’île de la Réunion. |
— | — | des Fils d’étrangers nés en France. |
20 mars. | — | des Savoisiens. |
20 mars. | Députation des Compagnons charpentiers. | |
— | — | des Ouvriers du chantier de M. Hautry. |
— | — | de la Fraternité. |
— | — | des Instituteurs du département de la Seine. |
21 mars. | — | du Club des Quinze-Vingts. |
— | — | des Gardes du Génie. |
— | — | des Ouvriers de la maison Guillot. |
— | — | des Compagnons de tous les devoirs réunis. |
— | — | des Démocrates belges. |
— | — | des Habitants de la Roumanie. |
22 mars. | — | des Ouvriers imprimeurs sur étoffes. |
— | — | de la Société démocratique du 5e arrondissement. |
— | — | des Porteurs à la vente en gros de la marée et du poisson. |
23 mars. | — | de la Société des Beaux-Arts. |
— | — | de la Loge maçonnique des Émules d’Hiram. |
— | — | du Club de Vaugirard. |
— | — | des Messageries nationales. |
— | — | des Ouvriers des ateliers Bouhoure. |
— | — | du Commerce des huîtres. |
— | — | des Ouvriers de l’atelier national du champ de Mars. |
— | — | des Élèves des écoles. |
— | — | du Conseil municipal de Belleville. |
— | — | de la 2e légion. |
— | — | de la Société générale de l’Unité. |
— | — | des Portugais résidant à Paris. |
— | — | des Porteurs d’eau des fontaines marchandes. |
— | — | des Délégués du poste de la Préfecture de police. |
— | — | du Club du Marais. |
— | — | du Club fraternel de Ménilmontant. |
24 mars. | — | des Délégués de la commune de Belleville. |
— | — | des Instituteurs primaires. |
— | — | du Club des Travailleurs. |
— | — | des Ateliers du chemin de fer d’Orléans. |
— | — | des Étrangers domiciliés à Paris. |
— | — | des Ouvriers de la Villette. |
— | — | des Habitants de la ville de Batignolles. |
— | — | des Fontainiers et Gardes des Eaux de Paris. |
— | — | des Délégués du Club communal électoral de la Chapelle-Saint-Denis. |
— | — | des Garçons bouchers. |
— | — | des Ouvriers de la commune d’Ivry. |
— | — | de la Fabrique de pompes à incendie de MM. Hanch et Ce. |
— | — | des Décorés de Juillet. |
— | — | des Ingénieurs civils. |
— | — | des Invalides. |
25 mars. | — | des Écoles. |
25 mars. | Députation des Délégués des officiers de toutes armes et de tous grades en non-activité, en réforme ou démissionnaires. | |
— | — | des Délégués des ouvriers composant l’atelier national du timbre. |
— | — | des Délégués des fondeurs en caractères. |
— | — | des Délégués des ouvriers de l’établissement de M. de Coster, mécanicien. |
— | — | du Club républicain du Temple. |
— | — | du Club des halles. |
— | — | du Club de la rue Montorgueil. |
— | — | des Ateliers de MM. Chaneroy et Ce, à la Petite-Villette. |
— | — | des Ouvriers du chemin de fer de la rive gauche. |
— | — | des Culottières et Giletières. |
26 mars. | — | de l’Association républicaine pour l’enseignement national. |
— | — | des Selliers. |
— | — | des Ouvriers imprimeurs de M. Boulé. |
— | — | des Charbonniers du 2e arrondissement. |
— | — | des Ateliers Derosne et Cail. |
27 mars. | — | des Polonais. |
— | — | des Enfants de Sarrelouis. |
— | — | des Vésuviennes. |
— | — | des Apprentis bijoutiers, orfèvres-joailliers. |
— | — | du Club démocratique de la Chapelle-Saint-Denis. |
28 mars. | — | de l’Association italienne. |
— | — | des Commerçants de la ville de Paris. |
— | — | des Propriétaires d’hôtels garnis. |
— | — | des Ouvriers marbriers. |
— | — | des Ouvriers des ateliers de la gare d’Ivry. |
— | — | des Ouvriers de la commune de Meudon, de la commune de Montmartre. |
— | — | des Gardes du génie. |
— | — | des Ouvriers typographes de la maison Dupont. |
— | — | des Ouvriers imprimeurs-lithographes des ateliers du citoyen Lemercier. |
— | — | des Paveurs de Paris. |
— | — | des Employés et Ouvriers de la maison Gouin. |
— | — | des Fabricants de machines à vapeur. |
— | — | des Ouvriers de la maison Leclaire. |
— | — | de la Corporation des ouvriers coiffeurs. |
— | — | de la Société mutuelle de Saint-André. |
— | — | des Ouvriers chaudronniers. |
— | — | des Marchands de journaux. |
— | — | des Employés de l’éclairage à l’huile. |
— | — | des Raffineurs de sucre de Bagneux. |
— | — | des Cartonniers. |
29 mars. | Députation du Cercle de la Liberté. | |
— | — | du Département de la Haute-Marne. |
— | — | des Employés destitués de diverses administrations. |
— | — | des Délégués du Club républicain du Temple. |
— | — | des Employés, Ouvriers et Ouvrières de la manufacture des tabacs. |
— | — | des Ouvriers de l’imprimerie Crapelet. |
— | — | Employés et Ouvriers de la fabrique de chaudronnerie de M. Lemaître, de la Chapelle-Saint-Denis. |
— | — | des Ouvriers et Ouvrières de l’établissement du citoyen Bresson, fabricant de coton. |
— | — | des Petites Marchandes du carreau du marché des Innocents. |
— | — | des Habitants de la commune de Gentilly. |
30 mars. | — | du Club républicain des Batignolles-Monceaux. |
— | — | de la Loge maçonnique des commandeurs du mont Liban. |
— | — | des Délégués des ouvriers de MM. Malen et Cie. |
— | — | des Ouvriers pâtissiers. |
— | — | des Ouvriers occupés aux travaux du champ de Mars. |
— | — | des Employés supérieurs et servants de l’hôtel des Invalides. |
— | — | des Sapeurs-pompiers. |
— | — | des Ateliers de la fabrique de produits chimiques du citoyen Berthemat. |
— | — | des Tambours de la 11e légion. |
— | — | des Marins en détachement au ministère de la marine. |
— | — | des Marchandes de fruits du marché des Innocents. |
— | — | des Employés et Travailleurs de la gare des marchandises (chemin d’Orléans). |
— | — | des Colons de l’Algérie. |
31 mars. | — | du Club des blessés de la barricade Saint-Merry. |
— | — | du club républicain national. |
— | — | des Ouvriers attachés aux carrières de grès exploitées par M. Lemoine. |
— | — | des Ouvriers de la papeterie de la Glacière. |
1er avril. | — | du Club démocratique de la Meurthe, à Paris. |
— | — | des Entrepreneurs de voitures de remises. |
— | — | des Porteurs d’eau. |
— | — | du Club militaire. |
— | — | des Cochers de voitures de place (Citadines, Lutéciennes, Désirées). |
2 avril. | — | des Employés de l’ex-chambre des députés. |
4 avril. | — | des Citoyens irlandais habitant Dublin, Manchester et Liverpool. |
— | — | des Suisses résidant à Paris. |
— | — | des Blessés de février. |
4 avril. | Députation des Délégués du 18e bataillon de la garde nationale mobile. | |
— | — | des Commis vendeurs de la Vallée. |
— | — | du Club des ouvriers de la Fraternité. |
— | — | des Élèves de l’école préparatoire d’Alfort. |
— | — | des Délégués de l’atelier du citoyen Piet, mécanicien. |
— | — | des Huissiers, Garçons de bureau de l’Hôtel de Ville. |
— | — | des Délégués des maîtres d’études du lycée Monge. |
— | — | des Ouvriers de la Salpêtrière. |
— | — | des Ouvriers marbriers des trois cimetières. |
— | — | de la Fabrique de crayons du citoyen Guyot (maison Taillefer et Cie). |
5 avril. | — | de Saint-Gaudens. |
— | — | de la Société des hommes lettrés. |
— | — | du faubourg Saint-Antoine. |
— | — | des Militaires de la classe de 1841. |
— | — | des Délégués des commis, ouvriers, ingénieurs des chemins de fer de Saint-Germain et de Versailles. |
— | — | des Ouvriers de la maison Maldant. |
— | — | des Marchands de charbons des divers arrondissements de Paris. |
— | — | des Marchandes des marchés. |
— | — | des Gardiens et Gardeuses des halles et marchés. |
— | — | des Allumeurs au gaz de la compagnie la Carrière. |
6 avril. | — | des Délégués des administrateurs des omnibus spéciaux des chemins de fer du Nord et d’Orléans. |
— | — | du Lycée Charlemagne. |
— | — | des Cochers de la compagnie de l’Union. |
9 avril. | — | du Clergé et des Membres de la fabrique de la paroisse de Saint-Pierre de Chaillot. |
— | — | du 2e escadron de la garde du peuple. |
10 avril. | — | des Délégués des Bons-Cousins Charbonniers. |
— | — | de la 7e compagnie du 2e bataillon de la 2e légion. |
— | — | des Ouvriers distillateurs. |
— | — | des Blanchisseuses du port Saint-Paul. |
— | — | de la Société fraternelle des Mécaniciens français. |
— | — | des Délégués de vidanges de Paris. |
— | — | d’un Bataillon de la Garde mobile. |
— | — | des Lyonnais. |
11 avril. | — | des Délégués des citoyens employés à des services publics et demandant le renvoi des étrangers. |
— | — | des Membres de la fabrique de l’église Saint-Laurent. |
— | — | des Vignerons de la commune de Sèvres. |
— | — | des Communes de Vanves, Issy et Clamart. |
— | — | des Fabricants de sucre des départements du Nord et du Pas-de-Calais. |
— | — | des Délégués des Auvergnats industriels. |
12 avril. | Députation du Club du Bien-Public. | |
— | — | du Club républicain de la Fraternité. |
— | — | des citoyens de Beaugency. |
13 avril. | — | de la Société des Sauveteurs de la Seine. |
— | — | des Ateliers de l’entreprise des messageries Caillard. |
— | — | des Employés et Courtiers des diverses maisons de roulage de Paris et de la banlieue. |
— | — | des Élèves internes des divers lycées de Paris et de Versailles. |
— | — | des Délégués de la Société dijonnaise. |
— | — | de la Corporation des Bonnetiers. |
— | — | des Ouvriers de la maison Taconnet. |
— | — | des Ouvriers bitumiers. |
— | — | des Ouvriers et Employés du commerce des huiles (la Villette). |
— | — | des Ouvriers brasseurs de Paris et de la banlieue. |
— | — | des Ouvriers de l’usine à gaz de la compagnie du Nord. |
— | — | des Ouvriers et Ouvrières de l’imprimerie nationale. |
— | — | des Ouvriers de l’atelier des Pompes funèbres. |
— | — | de 1200 Tonneliers de Bercy. |
— | — | des Délégués de toutes des Écoles militaires, civiles et artistiques de Paris. |
— | — | des Ouvriers du canal Saint-Martin. |
— | — | des Espagnols résidant à Paris. |
— | — | des Piqueurs des 3e, 4e et 5e divisions du pavé de Paris. |
— | — | des Employés et Ouvriers du chemin de fer du Nord. |
— | — | des Ouvriers et Employés de la fonderie en cuivre de la maison Thiébault. |
— | — | des Ouvriers de la Compagnie française pour l’éclairage au gaz. |
— | — | des Commis et Garçons du chantier, de la Rapée. |
— | — | des Ouvriers et Ouvrières composant les ateliers de la capsulerie de guerre. |
— | — | des Ouvriers boutonniers en métal. |
— | — | des Facteurs de la poste aux lettres. |
— | — | des Travailleurs de la fabrique de caoutchouc des Thernes. |
14 avril. | — | de la Corporation des ouvriers boulangers. |
— | — | des Marchands des quatre saisons du 12e arrondissement. |
15 avril. | — | de la 5e compagnie du 2e bataillon de la 1re légion. |
— | — | des Délégués du Club des Vieux-Augustins. |
— | — | des Délégués de l’Association des sciences médicales et naturelles. |
— | — | des Agents du service municipal des eaux de la ville de Paris. |
— | — | des Jardiniers du département de la Seine. |
15 avril. | Députation des Ouvriers, Architecte et Propriétaire de la maison en construction, rue Pigale, 65. | |
— | — | du Commandant, des Officiers et Soldats du 2e bataillon de la Garde mobile. |
16 avril. | — | des anciens Militaires résidant à Paris et dans les arrondissements de Sceaux et de Saint-Denis. |
— | — | du Club des Provençaux. |
— | — | des Pêcheurs de l’île Saint-Denis. |
— | — | des Employés de la Garantie de Paris. |
— | — | des Français résidant à Madrid. |
— | — | du Club des Quinze-Vingts. |
— | — | des Ouvriers tailleurs de pierre. |
— | — | des Ouvriers carriers de Paris et de la banlieue. |
18 avril. | — | des Délégués de toutes les communes qui composent l’arrondissement de Corbeil. |
— | — | des Délégués des ouvriers des corporations de Paris. |
20 avril. | — | du Club démocratique de la 6e légion. |
— | — | des Étaliers et Garçons d’étal de la boucherie de Paris. |
— | — | des Enfants de l’Asile, École Fénelon. |
— | — | du Club de l’Union Fraternelle. |
— | — | des Habitants de Montreuil. |
— | — | des Marchands des quatre saisons. |
— | — | des Ouvriers travaillant à la salle provisoire destinée à l’Assemblée nationale. |
22 avril. | — | de la Garde mobile demandant un drapeau. |
— | — | du 1er bataillon de la Garde nationale mobile. |
— | — | des diverses Sociétés de secours mutuels Israélites de Paris. |
— | — | des Socialistes fraternels de la Grande-Bretagne. |
23 avril. | — | du Club des défenseurs de la liberté. |
— | — | des Entrepreneurs de bâtiments. |
— | — | des Vétérans de la liberté (12e arrondissement). |
28 avril. | — | de la Garde nationale de Melun. |
V
DÉCLARATION DES DROITS DE LA FEMME, PAR OLYMPE DE GOUGES.
La femme naît libre et demeure égale à l’homme en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune.
Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de la femme et de l’homme : ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et surtout la résistance à l’oppression.
Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la nation qui n’est que la réunion de la femme et de l’homme. Nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément.
La liberté et la justice consistent à rendre tout ce qui appartient à autrui. Ainsi, l’exercice des droits naturels de la femme n’a de bornes que la tyrannie perpétuelle que l’homme lui oppose. Ces bornes doivent être réformées par les lois de la nature et de la raison. La loi doit être l’expression de la volonté générale : toutes les citoyennes comme tous les citoyens doivent concourir personnellement, ou par leurs représentants, à sa formation. Elle doit être la même pour tous. Toutes les citoyennes et tous les citoyens, étant égaux à ses yeux, doivent être également admissibles à toutes les dignités, places et emplois publics, selon leurs capacités, et sans autres distinctions que celles de leurs vertus et de leurs talents...
La femme a le droit de monter à l’échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la tribune.
La garantie des droits de la femme est pour l’utilité de tous, et non pour l’avantage particulier de celles à qui elle est accordée. La femme concourt ainsi que l’homme à l’impôt public ; elle a le droit, ainsi que lui, de demander compte à tout agent public de son administration.
Toute société dans laquelle la garantie des droits n’est pas assurée, ni la garantie des pouvoirs déterminée, n’a point de constitution. La constitution est nulle, si la majorité des individus qui composent la nation n’a pas coopéré à sa rédaction.
Femmes, réveillez-vous, le tocsin de la raison se fait entendre dans tout l’univers ! Le puissant empire de la nature n’est plus environné de préjugés, de fanatisme, de superstition et de mensonge. Le flambeau de la vérité a dissipé tous les nuages de la sottise et de l’usurpation. Ô femmes, femmes ! quand cesserez-vous d’être aveugles ? Quels sont les avantages que vous avez recueillis dans la Révolution ? Un mépris plus marqué, un dédain plus signalé. Dans les siècles de corruption, vous n’avez régné que sur la faiblesse des hommes. Votre empire est détruit. Que vous reste-t-il donc ? la conviction des injustices de l’homme… Réunissez-vous sous les étendards de la philosophie ; opposez la force de la raison à la force matérielle, et vous verrez bientôt ces orgueilleux non pas ramper à vos pieds comme de serviles adorateurs, mais fiers de partager avec vous les trésors de l’Être suprême.
Je ne sais vraiment pas où Garnier-Pagès a vu que je soutenais le système des associations forcées. Dans la réunion chez M. Marie, qu’il mentionne (t. IV, p. 89-94), la question ne porta point du tout sur le choix à faire entre les associations forcées et les associations libres ou volontaires. La question était celle-ci : MM. Corbon, Marie, Garnier-Pagès, Marrast étaient d’avis qu’on encourageât les ouvriers qui voudraient se former en associations, mais en ayant grand soin de renfermer l’encouragement dans le cercle des efforts privés et en repoussant toute intervention bienveillante de l’État. Moi, au contraire, je prétendais que si le principe d’association est reconnu salutaire, propre à élever le moral du travailleur et à influer heureusement sur l’activité sociale, il n’y a pas de raison pour que l’État, en tant qu’il représente la société, soit condamné à se croiser les bras là où l’initiative de M. tel ou tel est invoquée. Donc, sans repousser en aucune sorte l’initiative individuelle, je demandais que l’initiative sociale ne fût point exclue.
Autre question : Ces messieurs voulaient que l’appui donné aux associations fût inconditionnel et sans rapport avec un but général à atteindre. Moi, au contraire, je disais : « S’il est bon que l’application du principe d’association soit encouragé, ce n’est point parce qu’il en peut résulter un accroissement de bien-être pour tels ou tels ouvriers en particulier, mais bien parce que l’association est un moyen pour la classe ouvrière en général d’arriver graduellement à s’affranchir. Si tels et tels ouvriers se forment en association, ici ou là, dans l’unique but de grossir leurs petits profits particuliers, sauf, quand ils seront riches, s’ils le deviennent, à prendre eux-mêmes à leur service des ouvriers et à se faire bourgeois, qu’y aura-t-il de gagné ? À côté de certaines associations qui se seront ruinées, quelques autres auront réussi peut-être, comme il y a aujourd’hui des boutiques qui prospèrent à côté d’autres qui succombent. Les plus habiles ou les plus heureux auront trouvé moyen de passer d’une classe dans une classe supérieure, du haut de laquelle ils mépriseront d’autant ceux qui seront restés en bas, selon l’usage presque invariable des parvenus. Et la société n’aura pas fait un pas en avant. La grande question est donc, tout en encourageant les essais partiels d’association, d’aviser à un moyen de rendre général le caractère de ces essais partiels ; la grande question est de faire que chaque association se considère comme partie d’un tout, et ne soit point poussée par l’égoïsme à séparer son intérêt de celui de la masse des travailleurs. Pour cela, que faut-il ? Il faut se garder de donner à telle ou telle réunion d’ouvriers désirant s’associer un appui aveugle et inconditionnel ; il faut leur bien faire entendre qu’il ne s’agit pas de ressusciter les corporations, de revenir au régime des jurandes et des maîtrises ; il faut mettre pour condition, aux secours qu’on leur donnera, l’obligation par eux, de tenir ouvertes à ceux du dehors les portes de leur association, une fois formée, de telle sorte qu’elle aille toujours s’agrandissant : résultat facile à obtenir par la création d’un fonds social au moyen d’une retenue annuelle sur les bénéfices, et par l’application de ce fonds à l’élargissement graduel du cercle primitivement tracé. Ajoutez à cela l’organisation de rapports fraternels entre les diverses associations ; et alors, au lieu d’une société qui ne fait que tourner sur elle-même, vous aurez une société qui avance. Quand l’État donne une concession de chemin de fer, quand il autorise le creusement d’un canal ou l’exploitation d’une mine, est-ce que la concession ou l’autorisation n’est pas toujours conditionnelle ? Est-ce qu’elle n’est pas subordonnée à l’acceptation de certaines clauses stipulées dans l’intérêt général ? Eh bien, il en doit être de même quand l’État offre d’aider par des avances une association d’ouvriers. Comme son motif en cela est, non de favoriser quelques intérêts individuels aux dépens des autres, mais de pousser à la réalisation d’une grande expérience sociale, il doit stipuler aussi dans l’intérêt général ; il doit mettre un prix à la protection qu’il accorde, et ce prix doit se rapporter à l’amélioration morale et physique de la classe ouvrière tout entière, comme dans une concession de chemins de fer, de canaux, de mines, le prix attaché à la concession se rapporte à des considérations d’intérêt général. Ce n’est point du tout là entrer dans un système d’associations forcées, car on ne force personne à accepter le régime d’association si cela ne lui convient pas ; mais c’est mettre à une faveur, une condition qui l’empêche d’être un privilége. Libre à vous de vous associer ou de ne pas vous associer ; mais, si désirant vous associer, vous voulez de notre appui, nous ne le dormons qu’à des conditions calculées de manière à le rendre fructueux pour tous ; car c’est en vue du bien de tous que nous le donnons. Qu’y a-t-il là qui justifie l’emploi du mot association forcée. Autant vaudrait dire qu’une compagnie de chemin de fer est une compagnie forcée parce qu’elle a à se soumettre à un cahier des charges ! »
Telle fut la question débattue. Si MM. Goudchaux, Marie, Corbon, Garnier-Pagès, ne furent pas de mon avis, ce fut précisément à cause de la portée qu’avait ma façon d’envisager les choses. Ils voulaient un petit semblant de palliatif où je voulais un remède ; ils voulaient montrer de la bonne volonté aux classes ouvrières où je voulais travailler en grand à leur émancipation. Voilà le point sur lequel nous ne nous entendîmes pas. Mais, ce que M. Garnier-Pagès a oublié de dire, c’est qu’il y avait dans cette réunion un certain nombre d’ouvriers, et qu’à l’exception de ceux que le National avait enrégimentés par l’atelier et M. Corbon, tous les ouvriers présents furent pour moi.
VII
PROCLAMATION DU GOUVERNEMENT PROVISOIRE.
À tous les grands actes de la vie d’un peuple, le gouvernement a le devoir de faire entendre sa voix à la nation.
Vous allez accomplir le plus grand acte de la vie d’un peuple : élire les représentants du pays, faire sortir de vos consciences et de vos suffrages, non plus un gouvernement seulement, mais un pouvoir social, mais une constitution tout entière ! Vous allez organiser la République.
Nous n’avons fait, nous, que la proclamer ; portés d’acclamation au pouvoir pendant l’interrègne du peuple, nous n’avons voulu et nous ne voulons d’autre dictature que celle de l’absolue nécessité. Si nous avions repoussé le poste du péril, nous aurions été des lâches. Si nous y restions une heure de plus que la nécessité ne le commande, nous serions des usurpateurs.
Vous êtez forts !
Nous comptons les jours. Nous avons hâte de remettre la République à la nation.
La loi électorale provisoire que nous avons faite est la plus large qui, chez aucun peuple de la terre, ait jamais convoqué le peuple à l’exercice du suprême droit de l’homme, sa propre souveraineté.
L’élection appartient à tous sans exception.
À dater de cette loi, il n’y a plus de prolétaires en France.
Tout Français en âge viril est citoyen politique. Tout citoyen est électeur. Tout électeur est souverain. Le droit est égal et absolu pour tous. Il n’y a pas un citoyen qui puisse dire à l’autre : « Tu es plus souverain que moi ! » Contemplez votre puissance, préparez-vous à l’exercer, et soyez dignes d’entrer en possession de votre règne !
Le règne du peuple s’appelle République.
Si vous nous demandez quelle République nous entendons par ce mot, et quels principes, quelle politique, quelle vertu nous souhaitons aux républicains que vous allez élire, nous vous répondrons : « Regardez le peuple de Paris et de la France depuis la proclamation de la République ! »
Le peuple a combattu avec héroïsme.
Le peuple a triomphé avec humanité.
Le peuple a réprimé l’anarchie dès la première heure.
Le peuple a brisé de lui-même, aussitôt après le combat, l’arme de sa juste colère. Il a brûlé l’échafaud. Il a proclamé l’abolition de la peine de mort contre ses ennemis.
Il a respecté la liberté individuelle en ne proscrivant personne.
Il a respecté la conscience dans la religion, qu’il veut libre, mais qu’il veut sans inégalité et sans priviléges.
Il a respecté la propriété.
Il a poussé la probité jusqu’à ces désintéressements sublimes qui font l’admiration et l’attendrissement de l’histoire.
Il a choisi, pour les mettre à sa tête, partout les noms des hommes les plus honnêtes et les plus fermes qui soient tombés sous sa main, il n’a pas poussé un cri de haine ou d’envie contre les fortunes.
Pas un cri de vengeance contre les personnes.
Il a fait, en un mot, du nom de peuple le nom du courage, de la clémence et de la vertu.
Nous n’avons qu’une seule instruction à vous donner : Inspirez-vous du peuple, imitez-le ! Pensez, sentez, votez, agissez comme lui !
Le gouvernement provisoire, lui, n’imitera pas les gouvernements usurpateurs de la souveraineté du peuple, qui corrompaient les électeurs et qui achetaient à prix immoral la conscience du pays.
À quoi bon succéder à ces gouvernements, si c’est pour leur ressembler ! À quoi bon avoir créé et adoré la République, si la République doit entrer dès le premier jour dans les ornières de la royauté abolie ! Il considère comme un de ses devoirs de répandre sur les opérations électorales cette lumière qui éclaire les consciences sans peser sur elles. Il se borne à neutraliser l’influence hostile de l’administration ancienne, qui a perverti et dénaturé l’élection.
Le gouvernement provisoire veut que la conscience publique règne ! Il ne s’inquiète pas des vieux partis : les vieux partis ont vieilli d’un siècle en trois jours ! La République les convaincra, si elle est sûre et juste pour eux. La nécessité est un grand maître. La République, sachez-le bien, a le bonheur d’être un gouvernement de nécessité. La réflexion est pour nous. On ne peut pas remonter aux royautés impossibles ; on ne veut pas descendre aux anarchies inconnues ; on sera républicain par raison. Donnez seulement sûreté, liberté, respect à tous. Assurez aux autres l’indépendance des suffrages que vous voulez pour vous. Ne regardez pas quel nom ceux que vous croyez vos ennemis écrivent sur leur bulletin, et soyez sûrs d’avance qu’ils écrivent le seul nom qui peut les sauver, c’est-à-dire celui d’un républicain capable et probe.
Sûreté, liberté, respect aux consciences de tous les citoyens électeurs ; voilà l’intention du gouvernement républicain, voilà son devoir, voilà le vôtre, voilà le salut du peuple ! Ayez confiance dans le bon sens du pays, il aura confiance en vous ; donnez-lui la liberté, et il vous renverra la République.
Citoyens, la France tente en ce moment, au milieu de quelques difficultés financières léguées par la royauté, mais sous les auspices providentiels, la plus grande œuvre des temps modernes : la fondation du gouvernement du peuple tout entier, l’organisation de la démocratie, la République de tous les droits, de tous les intérêts, de toutes les intelligences et de toutes les vertus !
Les circonstances sont propices. La paix est possible. L’idée nouvelle peut prendre sa place en Europe sans autre perturbation que celle des préjugés qu’on avait contre elle. Il n’y a point de colère dans l’âme du peuple. Si la royauté fugitive n’a pas emporté avec elle tous les ennemis de la République, elle les a laissés impuissants ; et quoiqu’ils soient investis de tous les droits que la République garantit aux minorités, leur intérêt et leur prudence nous assurent qu’ils ne voudront pas eux-mêmes troubler la fondation paisible de la constitution populaire.
En trois jours, cette œuvre, que l’on croyait reléguée dans le lointain du temps, s’est accomplie sans qu’une goutte de sang ait été versée en France, sans qu’un autre cri que celui de l’admiration ait retenti dans nos départements et sur nos frontières. Ne perdons pas cette occasion unique dans l’histoire ; n’abdiquons pas la plus grande force de l’idée nouvelle, la sécurité qu’elle inspire aux citoyens, l’étonnement qu’elle inspire au monde.
Encore quelques jours de magnanimité, de dévouement, de patience, et l’Assemblée nationale recevra de nos mains la République naissante. De ce jour-là tout sera sauvé ! Quand la nation, par les mains de ses représentants, aura saisi la République, la République sera forte et grande comme la nation, sainte comme l’idée du peuple, impérissable comme la patrie.
Dupont (de l’Eure), Lamartine, Marbast, Garnier-Pagès, Albert, Marie, Ledru-Rollin, Flocon, Chémiedx, Louis Blanc, Arago.
Le secrétaire général du gouvernement provisoire,
Louanges à Dieu ! rien n’est durable si ce n’est son règne.
Aux appuis solides de la République.
Après la manifestation de mes sentiments d’admiration pour vos personnes, je vous dirai que j’ai revu le citoyen Ollivier, et que j’ai eu avec lui un long entretien dont il vous fera part.
Je viens vous donner une parole sacrée, et qui ne doit après elle laisser aucun doute dans votre esprit ; savoir :
Que je ne m’occuperai jamais plus de fomenter des troubles contre les Français, ni par moi-même en personne, ni par mes paroles, ni par mes écrits, ni par aucun des miens, et cela pendant toute ma vie.
Je fais le serment devant Dieu, par Muhammed, Abraham, Moïse et Jésus-Christ, par le Tourat, l’Évangile, le Zabour et le Coran, par la Mecque et Médine, par la Terre-Sainte (Kodss) ; je le jure par le Bokhari et le Mosslem et par ce que nous avons de plus cher ; je le jure par le cœur et par la langue ; je renonce entièrement à m’occuper des affaires des Français.
Tous mes compagnons font le même serment, ceux qui signent ci-après, aussi bien que ceux qui ne signent point ne sachant point écrire, tous au nombre d’environ cent. Salut.
En date du 10 Rebïa sani 1264 (15 mars 1848).
Suivent les signatures.
Louanges à Dieu seul et unique ; rien n’est durable si ce n’est son règne.
Aux appuis solides de la République qui gouvernent toute la France, et qui sont à son égard ce que les yeux et les bras sont au corps. Par eux le corps est mis en mouvement, et par eux aussi il reçoit ce qui lui convient, et est garanti de ce qui lui est nuisible.
Salut à ceux que Dieu a rendus honorables, et qui a voulu que leurs actions respirent le bien et le bonheur pour tous, qui les a doués du pouvoir d’être utiles au fort et au faible. Ils empêchent les forts de commettre l’injustice et de faire peser leur grandeur sur les faibles ; c’est un bien qui est tout à l’avantage des forts, et qu’au jour de l’éternité seulement, et devant Dieu, ils pourront reconnaître et apprécier : ils protègent les faibles qui, dans ce monde, n’ont point d’appui, et ils les préservent des injustices des grands.
Le citoyen Ollivier, votre délégué, est venu me voir hier, et m’a informé que les Français sont tous unis pour un seul et même but et qu’ils ont aboli la royauté pour que la France soit gouvernée par la République.
J’ai été réjoui en apprenant cette nouvelle, parce que j’ai lu dans les livres qu’un tel état de choses est convenable aux peuples, puisqu’il anéantit l’injustice et empêche le fort d’opprimer le faible, que par conséquent tous deviennent frères, et que par cette raison nul frère ne peut s’élever sur son frère.
Les anciens juges ont dit : « Quiconque veut s’agrandir s’abaissera. »
Vous avez fait dans ce monde ce qui sera dans l’éternité pour tous les mortels devant le Tout-Puissant. Tous les hommes sont fils d’Adam, et Adam est né du limon. La nation qui est unie, et dont les intérêts sont soumis à l’examen et à l’opinion de tous, est celle qui sans contredit est la plus forte, parce que, par les conseils donnés par tous, il est rare de faillir, tandis que le conseil d’un seul entraîne souvent l’erreur.
Les anciens sages ont dit : « Celui qui ne consulte que son opinion glisse et tombe. »
Dieu, dans le sublime livre du Coran, a chéri les hommes qui sont doués de tels sentiments ; il a dit : « Leurs actions doivent être toujours conformes à leurs opinions prises en masse. »
Aujourd’hui vous êtes des hommes de grand cœur, compatissants ; vous aimez le bien et ne jugez que par la légalité. Dieu vous a placés où vous vous trouvez pour être les protecteurs de l’infortune et des affligés : Je suis un de ceux-ci, et je suis malheureux, et je demande de vous et de votre justice d’arracher l’affliction qui m’oppresse.
Si je n’ai point obtenu justice par le passé, je dois l’obtenir maintenant, puisque vous êtes les auteurs de l’état de choses qui ne veut plus ni injustice ni oppression.
Je n’ai rien fait qui puisse être blâmé par des hommes sages comme vous l’êtes.
J’ai défendu mon pays par tous mes moyens ; j’ai la conviction que par cette raison vous m’estimez. Quand j’ai été vaincu et que Dieu ne m’a pas donné l’avantage, j’ai songé à tranquilliser mon âme en renonçant aux choses de ce monde ; et quoiqu’il me fût possible de me rendre dans le pays des Berabers (Maroc) ou dans le Sahara, j’ai préféré pour mon âme sa remise entre les mains des Français. Je désirai être envoyé par les Français dans le pays que je choisirais ; dans mon esprit, et parmi toutes les nations musulmanes et chrétiennes, j’ai donné à la nation française la préférence pour l’inviolabilité d’une parole donnée.
J’ai demandé au général Lamoricière de me faire transporter à Alexandrie, pour de là me rendre à la Mecque et à Médine ; je l’avais prié de ne pas me faire passer ni par Oran ou Alger, ni par Toulon ou tout autre port de France ; je lui avais demandé de m’embarquer à Djemà Ghazaouat pour me rendre directement à Alexandrie, et, pour l’accomplissement de ces demandes, je demandai une parole française ; c’est ce qu’il a fait en m’adressant un écrit en arabe qu’il a signé en français et revêtu de son cachet écrit de la même langue.
Quand cet écrit m’est parvenu, et dans la conviction que la parole des Français est inviolable, je me suis rendu à lui. S’il m’avait dit : Je ne puis pas vous promettre ce que vous me demandez, je ne me serais point rendu.
J’avais la certitude que la parole française est une parole solide, fût-elle donnée même par un simple soldat, et qu’il était impossible de la violer.
Aujourd’hui, les choses ne sont plus les mêmes pour moi, et cette conviction s’est évanouie en moi : je vous demande et vous supplie de me rendre justice, en rendant plus vaste ce qui est restreint pour moi, et en transformant ma tristesse en joie et bonheur.
Vous avez aujourd’hui opéré et fait une œuvre grande et qui réjouit tout le monde. Si vous réjouissez tout le monde et que vous me laissiez dans l’affliction, je vous en demanderai compte devant le Tout-Puissant !
Vous êtes des Ulémas (savants) et savez bien ce qui nous convient.
Nous ne pouvons pas vivre dans un pays dont les vêtements, le langage, la nourriture et tout, en général, différent entièrement des nôtres.
Je me disais toujours que, quand bien même je serais pris par les Français par la force, je n’aurais que du bien à recevoir chez eux, parce que ce sont des hommes de cœur et d’honneur, et qu’ils savent rendre mérite au vainqueur aussi bien qu’au vaincu.
Je n’ai point été pris les armes à la main ; je suis venu aux Français volontairement et parce que je l’ai bien voulu : si j’avais pensé trouver chez eux quelque chose qui pût me déplaire, je ne serais point venu à eux.
Je crains que quelques-uns de vous puissent dire qu’en retournant aux choses de ce monde et en revenant en Algérie, j’y ferai renaître des troubles ; c’est une chose impossible, et qui ne pourra jamais arriver : n’ayez aucun doute sur moi à cet égard, pas plus que vous n’en auriez en pareille circonstance de la part d’un individu qui est mort, car je me place au nombre des morts : mon seul désir est de me rendre à la Mecque et à Médine pour y étudier et adorer Dieu jusqu’à mon dernier jour.
Salut.
Dé la part de Abd-el-Kader ben Mehheddin, infortuné dans le pays des Français.
En date du 9 Rebïa sani 1264 (15 mars 1848).
Monsieur le président,
Je trouve insérée, au Moniteur officiel de la République, ma nomination au ministère de la guerre. J’ai à regretter que le gouvernement provisoire n’ait pas voulu accueillir la communication si positive qui lui a été faite. J’ai à regretter qu’en ne m’interrogeant pas, le gouvernement m’oblige à décliner un honneur que je n’ai point recherché, au-devant duquel j’aurais été s’il eût été convenable de le faire.
Je n’accepte point le ministère de la guerre.
Il me reste à en faire connaître le motif.
Au jour même d’une révolution lorsqu’il n’est question que d’une chose, de donner au gouvernement nouveau un gage de dévouement absolu, le nom d’un bon citoyen appartient à la nation ; elle en dispose suivant sa volonté. Si donc, le 24 février au soir, mon nom eût figuré au nombre des ministres, j’eusse accepté cette désignation comme j’ai accepté celle qui m’a placé où je suis.
Aujourd’hui, la République n’a pas besoin d’un sacrifice semblable, et pour entrer dans son gouvernement, il devient utile, nécessaire, que celui qui, par exemple, acceptera le ministère de la guerre, connaisse la volonté du gouvernement, soit éclairé sur ses vues. En un mot, les hommes qui sont appelés à composer à l’avenir le ministère de la République, doivent s’être interrogés et rester convaincus qu’ils veulent servir la République de la même manière. Dans les circonstances présentes, si j’avais à entrer au ministère, j’aurais avant tout à savoir quel doit être l’avenir de l’armée dont on me confierait le commandement.
Comme soldat, je serai toujours prêt à verser mon sang pour la République, de quelque manière et en quelque temps qu’elle l’exige.
Comme homme politique, si j’étais condamné à le devenir, je ne sacrifierais jamais mes convictions de soldat déjà avancé dans sa carrière : la République a besoin de son armée. Loin de mon pays, j’ignore aujourd’hui ce qu’est l’armée, où elle est ; mais ce que je sais, c’est que si malheureusement elle était profondément atteinte dans ses conditions d’existence, il faudrait la réorganiser ; si elle était inquiète, il faudrait la rassurer ; si sa tête était inclinée, il faudrait la relever ! Voilà mes convictions.
Comme homme politique, je sais quels sont les hommes avec qui je voudrais seulement marcher ; mais ceux-là mêmes, s’ils veulent atteindre l’armée, s’ils ne veulent lui rendre, ce qui seul la fera vivre, le sentiment de sa dignité, de son rôle dans tout pays vivant entouré de nations armées elles-mêmes, ceux-là mêmes, je le déclare, ne me compteront pas dans leurs rangs.
Ainsi, pour être ministre, j’ai besoin de connaître la pensée, la volonté de la République ; j’ai besoin d’être certain que je n’aurai pas à mutiler l’armée que je connais depuis bientôt trente ans, de la même main qui a soutenu avec elle la même épée.
Rien ne coûte à dire quand on n’a rien à cacher. Je n’éprouve donc point d’embarras à parler nettement ; je ne puis donc être ministre tant que la pensée de la nation ne se sera point fait connaître.
Et, d’ailleurs, au moment où l’Assemblée nationale va se réunir, arriverais à Paris. Pourquoi ? pour y résigner un pouvoir qu’il ne me reste pas le temps d’aller prendre. Je dois donc, je le répète, ne point accepter la désignation dont je suis l’objet.
Citoyens, la réaction lève la tête ; la calomnie, cette arme favorite des hommes sans principes et sans honneur, déverse de tous côtés son venin contagieux sur les véritables amis du peuple. C’est à nous, hommes de la révolution, hommes d’action et de dévouement, qu’il appartient de déclarer au gouvernement provisoire que le peuple veut la République démocratique ; que le peuple veut l’abolition de l’exploitation de l’homme par l’homme ; que le peuple veut l’organisation du travail par l’association.
Vive la République ! vive le Gouvernement provisoire !
Ledru-Rollin.
Louis Blanc.
Albert.
Flocon.
Pierre Leroux.
Vidal, secrétaire de la commission des travailleurs.
Caussidière.
Raspail.
Louis Deplanque, président du Club des clubs.
Napoléon Lebon, ancien détenu politique.
Étienne Arago.
Thoré, journaliste.
Barbès.
Sobrier, du comité révolutionnaire.
Savary, cordonnier.
Montagne, forgeron.
Valério, scieur de long.
Drevet, mécanicien.
Adam, cambreur.
Malarmet, ouvrier en bronze.
Gautier, dessinateur.
Chevassus, doreur passementier.
Flotte, cuisinier.
Dupuis, serrurier.
Bérard (Philippe), tailleur d’habits.
Cartigny, tisseur en châles.
Redou, chapelier.
Guiliaumou, cordonnier.
Charles, compagnon des devoirs réunis.
Lagarde, horloger.
Agricol Perdiguier, menuisier.
Hubert, corroyeur, ancien détenu politique.
Martin Bernard, typographe, ancien détenu politique.
Grimaux, corroyeur.
de l’intérieur
XII
résumé du recensement des ouvriers des ateliers nationaux au 19 mai.
XIV
ÉTAT DES PRINCIPALES ARRESTATIONS POLITIQUES
NOMS des inculpés. |
PRÉNOMS. | ÂGE. | PROFESSION. | PARTI présumé |
ANALYSE des causes d’arrestation |
OBSERVATIONS | ||
Blanqui | Auguste | 43 | Homme de lettres | Communiste |
| |||
Gantaud | François-Louis | 42 | Maître d’armes | Barbès et autres | ||||
Bruère | Michel-Victor | 45 | Employé à la 12e mairie | Id. | ||||
Sorrier | M.-Joseph | 37 | Propriétaire | Id. | ||||
Barbès | Armand | 38 | Représentant | Id. | ||||
Albert | Martin-Alexan. | 33 | Représentant | Id. | ||||
Raspail | Franç.-Eug.-Vin. | » | Chimiste | Id. | ||||
Quentin | Auguste-Franç. | 49 | Propriétaire | Id. | ||||
Desavannière | François | 61 | médecin | Id. | ||||
Laprade | Jules | 28 | Homme de lettres | Id. | ||||
De Courtais | Amable-Gaspard | 52 | Général et représentant | Id. | ||||
Boquet | Jean-Baptiste | 28 | Adjoint au 12e arrondis. | Id. | ||||
Longepied | Amable | 52 | Profess. de belles-lettres | Id. | ||||
Danse | Ch.-Olivier | 40 | Ancien officier | Id. | ||||
Saisset | Pierre-Felix | 51 | Sous-chef d’état-major | Id. | ||||
Baudin de Nantua | Alphose | 36 | Médecin | Id. | ||||
Leroux | Pierre | » | Homme de lettres | Id. | ||||
De Flotte | Paul-Louis | 31 | Lieutenant de vaisseau | Id. | ||||
Rey | J.-Joseph | 43 | Couv. de l’Hôtel de Ville | Id. | ||||
Chertier | Gaëtan | 26 | Propriétaire | Id. | ||||
Polino | Ch.-Antoine | 39 | Militaire | Id. | ||||
Lenseigne | Louis | 42 | Ingénieur | Id. | ||||
Pellotier | Lucien | 31 | Homme de lettres | Id. | ||||
Hibruit | Jean-Pierre | 34 | Négociant | Id. | ||||
Lecomte | Jules-François | 35 | Propriétaire | Id. | ||||
Saisset | Pierre-Joseph | 51 | Colonel | Id. | ||||
De la Madeleine | Henri-Joseph | 27 | Homme de lettres | Id. | ||||
Selle | Franç.-Dominiq. | 41 | Avocat | Id. | ||||
Degré | » | 35 | Artiste, présid. de club | Id. | ||||
Total 30 Avec ces inculpés, il y a eu pour la même affaire d’autres détenus au nombre d’environ. 100 Total pour le complot du 15 mai 130
|
NOMS des inculpés. |
PRÉNOMS. | ÂGE. | PROFESSION. | PARTI présumé |
ANALYSE des causes d’arrestation |
OBSERVATIONS | |||
Bonnel | Napoléon-Louis | 34 | Empl. au j. le Populaire | Barbès et autres | Nanti de munitions de guerre, arrêté le 16 mai | 1 | |||
Lecourt | Jacques-Philippe | 50 | Accordeur | Id. | Insulte aux représentants, à leur sortie de l’Assemblée | Arrêté avec sept autres 8 | |||
Ringeval | Auguste | 28 | Garde mobile | Id. | Propos alarmants sur la voie publique | 1 | |||
Collet | Jean-Charles | 31 | Capit. au 19e inf. légère | Id. | Criant : Vive Barbès ! | 1 | |||
Longchamp | Nicolas-Auguste | 24 | Ciseleur | Id. | Détention de munitions | 1 | |||
Séjournant | François | 48 | Marchand de gâteaux | Id. | Portant un drapeau et criant contre le représentant Thiers, place St-Georges | 1 | |||
Thiot | Pierre | 38 | Ébéniste | Id. | Annonçant vouloir assassiner le représentant Lamartine | 1 | |||
Cottin | Léon-François | 40 | Homme de lettres | Id. | Criant : Vive Barbès ! | 1 | |||
Total 15 Avec ces 15 inculpés il y a eu pour ces divers motifs, du 16 mai au 22 juin, d’autres persones arrêtées au nombre de 30 Total 45 À reporter, le complot du 15 mai 130 Total général, parti Barbès 175 | |||||||||
Cahn | Ernest | 16 | Tailleur | Henri V | Vendant une lettre attribuée à Henri V | Il y a eu 10 crieurs arrêtés p. ce fait 11 | |||
Sauron | Jean | 32 | Cordonnier | Id. | Criant : Vive Henri V ! | Pour fait semblable, 20 personnes à peu près ont été arrêtées, ci 21 | |||
Lumière | Michel-François | 60 | Peintre | Id. | Pérorant dans un groupe pour Henri V | En tout. 3 personnes, ci 3 | |||
Montigny | Alexandre | 27 | Propriétaire | Id. | Agitant un mouchoir blanc en haut du Panthéon | 1 | |||
Parti de Henri V, total 36 | |||||||||
Fecheux | Prosper | 16 | Cuisinier | Louis-Napoléon | Criant : Vive Napoléon ! | Du 16 mai au 22 juin, dans les groupes ou isolément, il y a eu, pour cette inculpation, environ 50 arrestations, ci 50 | |||
Delage | André | 42 | Boutonnier | Id. | Id. | ||||
Benard | Denis | 22 | Artiste | Id. | Aurait offert de l’argent aux soldats pour faire crier : Vive Barbès ! | 1 | |||
Simouillard | Jean-Baptiste | 35 | Menuisier | Id. | Aurait montré un pistolet à un garde mobile en disant que dans quatre jours Paris serait au pouvoir de L. Napoléon | 1 | |||
Sonnier | Alexandre | 51 | Journalier | Id. | Colportant dans les ateliers nationaux une pétition en tête de laquelle était : Napoléon Louis, chef de la république | 1 | |||
Piétry | Camille | 8 | Rentier | Id. |
|
5 | |||
Benvenuti | Fortuné | 28 | Rentier | Id. | |||||
Laity | Franç.-Rappert | 35 | Rentier | Id. | |||||
De Persigny | Jean-Gilbert | 38 | Rentier | Id. | |||||
Falaiseau | Jean-Louis | 33 | Homme de lettres | Id. | |||||
Total pour le parti napoléoniste 58 |
NOMS des inculpés. |
PRÉNOMS. | ÂGE. | PROFESSION. | PARTI présumé |
ANALYSE des causes d’arrestation |
OBSERVATIONS | ||||
Lemoine | Anne-Marie | 38 | Se disant religieux | Philippiste | Colportant une brochure en faveur du comte de Paris ou du prince de Joinville | 1 | ||||
Sauron | Jean | 32 | Cordonnier | Id. | Criant : Vive Louis-Philippe ! et Vive Henri V ! | (Voir plus haut) Mémoire. | ||||
Total pour le parti philippiste 1 Total récapitulatif : Parti Barbès 175 Parti Henriquinquiste 36 Parti napoléoniste 58 Parti philippiste 1 À reporter 270 | ||||||||||
Level | Armand | 27 | Statuaire | Barbès et autres |
|
Il y a eu sur ces deux points, le 8 juin, des arrestations au nombre de 4 | ||||
Leprat | Pierre | 20 | Élève en pharmacie | Id. | ||||||
Millié | Louis-Pierre | 27 | Étudiant en médecine | Id. | ||||||
Bertrand | Alix | 31 | Naturaliste | Id. | ||||||
Maréchal | Louis | 23 | Organiste | Id. | ||||||
Louvel | Hilaire | 20 | Cuisinier | Id. | Criait : Vive Barbès ! | |||||
Leroy | Jean-Louis | 23 | Passementier | Id. | A frappé un gardien | |||||
Vieu | Pierre | 28 | Tambour garde nation. | Id. | Armé d’un bâton | |||||
Protche | Louis | 17 | Bimbelotier | Id. | Arrêté dans la nuit du 8 au 9 juin, place Saint-Georges, criant : À bas Thiers ! Fermez les boutiques ! | Il y a eu sur ce point arrestation de 1 | ||||
Davenne | Alexandre | 22 | Fondeur | Id. | Arrêté, le 9, porte Saint-Denis, après sommation, dans un rassemblement | Il y a eu sur ce point arrestation de 114 | ||||
Leclerc | Nicolas-Lucien | 31 | Officier de santé | Id. | Arrêté le 10, id. id. | Il y a eu sur ce point arrestation de 187 | ||||
Boutet-Michot | Jules | 32 | Représentant du peuple | Id. | Relaxé le 12 juin |
|
Il y a eu sur ce point, les 11 et 12, arrestation de 688 | |||
Fannon | Alexandre | 18 | Toiseur | Id. | On lui a saisi un couteau | |||||
Pepin | Franç.-Marie | 40 | Marchand horloger | Id. | Arrêté le 12 | |||||
Duflot | Prosper | 20 | Horloger | Id. | Arrêté le 12 au soir, sur la place de Bourgogne, dans un rassemblement | Il y a eu sur ce point arrestation de 3 | ||||
Autreux | Franç.-Théodore | 44 | Peintre | Id. | Arrêté le 13, porte Saint-Denis, id. | Il y a eu sur ces trois points, le 13, arrestation de 56 | ||||
Peroux | Paul | 29 | Tambour garde républic. | Id. | — place de la Concorde, id. | |||||
Moreaux | Pierre | 39 | Homme de peine | Id. | — Chaussée d’Antin, id. | |||||
Sabatié | Adolphe | 19 | Dessinateur | Id. | Arrêté le 13, rue Saint-Honoré, résistant à la troupe qui l’invitait à se retirer | Il y a eu sur ce point arrestation du garde mobile Marga 2 | ||||
Froment | Louis-Marie | 28 | Tourneur | Id. | Arrêté le 13, près de la place Saint-Sulpice, criant : Vive Napoléon ! À bas la république ! dans un rassemblement | Il y a eu sur ce point arrestation de 6 | ||||
Barrier | Pierre | 25 | Maçon | Id. | Arrêté le 13 dans les groupes stationnant autour de l’Assemblée nationale | Il y a eu sur ce point arrestation de 9 | ||||
Metet | Claude | 16 | Tapissier | Id. | Arrêté le 13, dans les groupes près du luxembourg | Il y a eu sur ce point arrestation de 3 | ||||
Vessière | Jean | 36 | Postillon | Id. | Arrêté le 14, dans les groupes, proférant des crs séditieux près de l’Assemblée nationale | Il y a eu sur ce point arrestation de 4 | ||||
À reporter 1,114
|
NOMS des inculpés. |
PRÉNOMS. | ÂGE. | PROFESSION. | PARTI présumé |
ANALYSE des causes d’arrestation |
OBSERVATIONS | ||||
Report, parti Barbès 1114 | ||||||||||
Amadieu | Benoît | 40 | Menuisier | Barbès et autres | Arrếté le 19, distribuant dans un groupe de l’Hôtel de Ville des chansons en faveur de Louis Napoléon | Il y a eu sur ce point arrestation de 20 | ||||
Boin | André-Joseph | 16 | Ébéniste | Id. | Arrếté le 18, Porte Saint-Denis, dans un rassemblement, où il criait : Vive Barbès ! et Vive Napoléon ! | Il y a eu sur ce point arrestation de 6 | ||||
Dauphin | Antoine | 27 | Maçon | Id. | Frappant un gardien |
|
Il y a eu sur ce point, le 21, arrestation de 17 | |||
Guérin | Constant | 28 | Tourneur | Id. | Criant aux armes ! | |||||
Gaffet | Prosper | 17 | Pâtissier | Id. | Jetant des pierres | |||||
Total pour les attroupements 1157 | ||||||||||
Récapitulation générale des arrestations faites du 15 mai au 22 Juin
Pour le complot du 15 mai 130 Pour diverses manifestations du parti Barbès 45 Pour le parti d’Henri V 36 Pour le parti napoléoniste 58 Pour le parti philippiste 1 Pour les attroupements sur divers points 1127 Total 1427
|
XV
PROJET DE PROCLAMATION
PRÉSENTÉ PAR V. CONSIDÉRANT.
- Ouvriers nos frères !
Une affreuse collision vient d’ensanglanter les rues de la capitale. Une partie d’entre vous ont contraint le gouvernement, pour sauver la République, de tourner contre eux des armes françaises.
Des républicains, des frères ont versé le sang de leurs frères !
Au nom de la patrie, au nom de la Révolution qui doit vous émanciper, au nom de l’humanité dont nous voulons tous assurer et organiser les droits sacrés, jetez, jetez ces armes fratricides.
Est-ce pour nous entre-déchirer que nous avons conquis la République ? que nous avons proclamé la loi démocratique du Christ, la sainte fraternité ?
Frères, écoutez-nous, écoutez la voix des représentants de la France entière : Vous êtes victimes d’un malentendu fatal !
Pourquoi vous êtes-vous soulevés ? Les souffrances que nous ont léguées dix-huit mois de crise industrielle et dix-sept années de corruption monarchique n’atteignent-elles pas toutes les classes ?
Écoutez-nous : Ici ce sont, des chefs d’industrie qui accusent les ouvriers et les ateliers nationaux de la ruine des affaires ; là, des ouvriers accusent les chefs d’industrie de leur détresse.
Cette accusation réciproque n’est-elle pas une erreur funeste ? Pourquoi accuser les hommes et les classes ? pourquoi nous accuser les uns les autres de souffrances engendrées par la fatalité des choses ; de souffrances, héritage d’un passé que tous nous voulons transformer ?
Est-ce en nous massacrant que nous nous enrichirons ? Est-ce en nous égorgeant que nous fonderons l’ère de la fraternité ? Depuis quand la haine et la guerre civile sont-elles productives et fécondes ? Où sera le travail si l’émeute agite incessamment Paris ? Où sera le pain pour tous, si toutes les industries sont arrêtées par la terreur sanglante de la rue ?
Ouvriers nos frères, nous vous le répétons, vous êtes victimes d’un malentendu fatal !
Ouvriers, on vous trompe, on vous inspire contre nous le doute, la défiance et la haine ! On vous dit que nous n’avons pas au cœur le saint amour du peuple ; que nous n’avons pas de sollicitude pour votre sort ; que nous voulons étouffer les développements légitimes du principe social de la révolution de Février : on vous trompe, frères, on vous trompe !
Sachez-le, sachez-le bien : Dans son âme et dans sa conscience, devant Dieu et devant l’humanité, l’Assemblée nationale vous le déclare : elle veut travailler sans relâche à la constitution définitive de la fraternité sociale.
L’Assemblée nationale veut consacrer et développer par tous les moyens possibles et pratiques le droit légitime du peuple, le droit qu’a tout homme venant au monde de vivre en travaillant.
L’Assemblée nationale veut consacrer et développer, par des subventions et des encouragements de toutes sortes, ce grand principe de l’association destiné à unir librement tous les intérêts, tous les droits.
L’Assemblée nationale veut, comme vous, tout ce qui peut améliorer le sort du peuple dont elle émane ; relever la dignité du travailleur ; rapprocher fraternellement tous les membres du grand corps national.
Frères ! frères ! laissez à vos représentants le temps d’étudier les problèmes, de vaincre les obstacles, de reconstruire démocratiquement tout un ordre politique et social renversé en trois jours par une victoire héroïque ; et cessez, oh ! cessez de déchirer par des collisions sanglantes les entrailles de la patrie !
- Gardes nationaux !
Vous avez donné hier, vous ne cessez de donner des preuves éclatantes de votre dévouement à la République.
Si l’on a pu se demander un moment quelle est la cause de l’émeute qui ensanglante nos rues, et qui tant de fois, depuis huit jours, a changé de prétexte et de drapeau, aucun doute ne peut plus rester aujourd’hui, quand déjà l’incendie désole la cité, quand les formules du communisme et les excitations au pillage se produisent audacieusement sur les barricades.
Sans doute la faim, la misère, le manque de travail sont venus en aide à l’émeute.
Mais, s’il y a dans les insurgés beaucoup de malheureux qu’on égare, le crime de ceux qui les entraînent et le but qu’ils se proposent sont aujourd’hui mis à découvert.
Ils ne demandent pas la République. Elle est proclamée.
Le suffrage universel. Il a été pleinement admis.
Que veulent-ils donc ? On le sait maintenant : ils veulent l’anarchie, l’incendie, le pillage.
Gardes nationaux ! unissons-nous tous pour défendre et sauver notre admirable capitale.
L’Assemblée nationale s’est déclarée en permanence. Elle a concentré dans la main du brave général Cavaignac tous les pouvoirs nécessaires pour la defense de la République.
De nombreux représentants revêtent leurs insignes pour aller se mêler dans vos rangs et combattre avec vous.
L’Assemblée n’a reculé, elle ne reculera devant aucun effort pour remplir la grande mission qui lui a été confiée. Elle fera son devoir comme vous faites le vôtre.
Gardes nationaux ! comptez sur elle comme elle compte sur vous.
Vive la République !
Senard.
Le 24 juin 1848.
- Citoyens !
Vous croyez vous battre dans l’intérêt des ouvriers : c’est contre eux que vous combattez ; c’est sur eux seuls que retombera tant de sang versé. Si une pareille lutte pouvait se prolonger, il faudrait désespérer de la République, dont vous voulez assurer le triomphe irrévocable.
Au nom de la patrie ensanglantée,
Au nom de la République que vous allez perdre,
Au nom du travail que vous demandez et qu’on ne vous a jamais refusé, trompez les espérances de nos ennemis communs, mettez bas vos armes fratricides, et comptez bien que le gouvernement, s’il n’ignore pas que dans vos rangs il y a des instigateurs criminels, sait aussi qu’il s’y trouve des frères qui ne sont qu’égarés et qu’il rappelle dans les bras de la patrie.
- Citoyens !
Votre sang n’aura pas été versé en vain. Redoublez d’efforts, répondez à mon appel, et l’ordre, grâce à vous, grâce au concours de vos frères de l’année, sera rétabli.
Ce n’est pas seulement le présent, c’est l’avenir de la France et de la République que votre héroïque conduite va assurer.
Rien ne se fonde, rien ne s’établit sans douleurs et sans sacrifices ; soldats volontaires de la nation intelligente, vous avez dû le comprendre.
Ayez confiance dans le chef qui vous commande, comptez sur lui comme il peut compter sur vous.
La force unie à la raison, à la sagesse, au bon sens, à l’amour de la pairie, triomphera des ennemis de la République et de l’ordre social.
Ce que vous voulez, ce que nous voulons tous, c’est un gouvernement ferme, sage, honnête, assurant tous les droits, garantissant toutes les libertés ; assez fort pour refouler toutes les ambitions personnelles ; assez calme pour déjouer toutes les intrigues des ennemis de la France.
Ce gouvernement vous l’aurez, car avec vous, car avec votre concours entier, loyal, sympathique, un gouvernement peut tout faire.
XVII
- Aux armes !
Nous voulons la république démocratique et sociale !
Nous voulons la souveraineté du peuple !
Tous les citoyens d’une république ne doivent et ne peuvent vouloir autre chose.
Pour défendre cette république, il faut le concours de tous. Les nombreux démocrates qui ont compris cette nécessité sont déjà descendus dans la rue depuis deux jours.
Cette sainte cause compte déjà beaucoup de victimes ; nous sommes tous résolus à venger ces nobles martyrs ou à mourir.
Alerte, citoyens ! que pas un seul de vous ne manque à cet appel. En défendant la république nous défendons la propriété.
Si une obstination aveugle vous trouvait indifférents devant tant de sang répandu, nous mourrons tous sous les décombres incendiés du faubourg Saint-Antoine !
Pensez à vos femmes, à vos enfants, et vous viendrez à nous !
XVIII
DÉPOSITION DE M. DE GUISE, CHIRURGIEN EN CHEF DE LA GARDE NATIONALE.
« J’ai vu un grand nombre de blessés dont les blessures sont fort graves. Toutes les balles que j’ai extraites ne présentent rien d’anormal, quelques-unes sont déformées, d’autres sont perforées, et au milieu on a introduit des substances blanchâtres. Je n’ai pas vu de balles ayant une forme particulière ou mâchée. »
M. de Guise emporte plusieurs balles et cartouches pour examiner les formes particulières qu’elles pourraient avoir et reconnaître les substances dans lesquelles elles auraient pu être trempées.
M. de Guise reprend :
« J’ai été chargé par M. le général Changarnier d’une mission analogue aux désirs de vos questions, sur l’état ou la forme des balles qui ont été extraites du corps des blessés par mes différents collègues des hôpitaux et des ambulances. Je n’ai pu encore accomplir cette mission, dont je vous rendrai compte dès qu’elle sera terminée.
« J’attribue la gravité des blessures que je vous ai signalée à la proximité des coups de feu. Ainsi, il y a à l’ambulance des Tuileries un insurgé qui a eu la cuisse traversée par un coup de baïonnette, suivi immédiatement du coup de feu.
« J’ai reconnu que les insurgés s’étaient servis de toute espèce de projectiles, tels que billes, aiguilles, pincettes, etc., dont la portée est moins grande.
« J’ai examiné le caveau dans lequel sont placés les insurgés aux Tuileries, et j’ai reconnu les dangers de l’état sanitaire de cette agglomération d’individus et de morts, par suite de l’ordre qu’avaient les gardes nationaux de tirer sur ceux qui ébranleraient les barreaux des fenêtres. J’en ai fait un rapport au général commandant Poncelet, qui en a fait, dès ce soir même, extraire une grande partie.
« C’est à cette occasion qu’il faut rattacher le déplorable événement de la place du Carrousel.
« La mortalité, par suite des blessures reçues en juin, est hors de proportion avec ce qui a lieu ordinairement. Comme je l’ai déjà dit, il faut attribuer cette gravité des blessures qui ont entraîné la mort à la proximité des coups portés, qui cassaient les membres en les traversant.
« Cette mortalité se remarque surtout chez les blessés dont on a différé l’amputation. »
XIX
PROCLAMATION DU PRÉFET DE POLICE AUX HABITANTS DE PARIS.
Le nombre total des citoyens détenus par suite des événements de juin s’élève à cette heure à neuf mille cent soixante-dix-neuf ; c’est le chiffre le plus élevé qui ait été atteint. En ce qui concerne le régime auquel ces citoyens sont soumis et les soins qui leur sont donnés, il suffira, pour répondre à tout ce qui a été avancé d’inexact à cet égard, de dire que, sur ce nombre de prisonniers, on a seulement deux décès à constater.
Enfin, c’est surtout au sujet des bruits alarmants répandus dans le public sur une prochaine tentative d’insurrection que la malveillance s’est donné carrière. Toutes ces rumeurs étaient sans fondement. Ces souterrains dont il a été tant parlé n’ont jamais existé. Ces carrières où se réfugiaient des légions d’ennemis et où se trouvaient d’immenses dépôts d’armes, ont constamment été explorées avec le soin le plus minutieux. Ces catacombes qui devaient être converties en mines pour faire sauter des quartiers de la capitale sont inattaquables par la poudre à canon, tant est épaisse la couche de terrain qui forme le recouvrement de ces excavations. Les bruits nocturnes et mystérieux, les prétendus signaux qui alarmaient les passants, ont été le sujet d’un examen sérieux, d’une surveillance active, et toujours une cause simple est venue donner l’explication de ces effets.
XX
NOTE SUR LES PRINCIPALES CAUSES QUI ONT AMENÉ LES ÉVÉNEMENTS DE JUIN, ET SUR LES DIVERS ÉLÉMENTS DE L’INSURRECTION.
Après la révolution de Février, les riches partaient ; les pauvres de tous les pays arrivaient à Paris.
Les uns avaient peur, les autres avaient faim.
Parmi ces derniers, les uns venaient de la province, les autres de l’Italie et de l’Allemagne.
Ceux qui avaient peur cachaient leur argent.
Les clubs se formaient. La cause du riche y était attaquée et n’y était pas défendue, sinon fort mal. Les absents ont tort.
Dans ces circonstances, qu’il n’était point au pouvoir de l’administration de prévenir ou de modifier, naissaient des haines sociales, la misère et beaucoup de causes prochaines d’une lutte armée. Le gouvernement organisa les ateliers nationaux. Ce fut peut-être un expédient malheureux.
Les ateliers nationaux ont été un des motifs constants de perturbation : les ouvriers y prenaient des habitudes de paresse. Le travail des ateliers nationaux était une fiction. Ce travail était médiocre ou nul. Si le gouvernement, au lieu d’avoir recours à ce moyen, avait songé à soutenir les grandes industries, il n’aurait pas déplacé tous les corps d’état et amené ainsi, à son insu, une des principales causes de la dernière insurrection.
L’ordre, c’est le travail ; mais le travail de chaque ouvrier dans sa spécialité. En dehors de cela, les horlogers, les forgerons, les bijoutiers, les charpentiers, etc., rassemblés sur un point, c’est le désordre, c’est le chaos, c’est le fleuve qui sort de son lit pour inonder les campagnes au lieu de les vivifier.
Dans ma pensée, au lieu de créer les ateliers nationaux, on devait prêter aux grandes usines la moitié de la somme qui a été perdue en travaux infructueux. En agissant ainsi, on laissait chaque travailleur à son atelier ; on utilisait sa spécialité, et l’on obtenait un travail d’une valeur décuple. Les riches, en se rassurant, seraient revenus, et les affaires auraient repris leur cours ordinaire.
1o beaucoup d’ouvriers sans travail qui soutiennent leur famille et qui voient des femmes et des enfants qui ont faim.
2o Des hommes exaltés et probes, mais ignorants et faciles à se laisser tromper. On leur a fait croire que l’Assemblée nationale voulait ramener peu à peu le système suivi par Louis-Philippe.
3o Ces communistes, rêveurs d’utopie, dont chacun a son système, et qui ne sont pas d’accord entre eux.
4o Les légitimistes, qui ont toujours dit qu’il faudrait passer par la république pour arriver à Henri V. Pour eux, le gouvernement républicain n’est qu’une halte d’un moment, mais nécessaire.
5o Les bonapartistes, qui ont joint leur argent à celui des légitimistes pour solder l’émeute.
6o Les partisans de la régence, qui se sont fait remarquer par leur mauvais vouloir lorsqu’il a fallu payer l’impôt.
7o Enfin, l’écume de tous les partis, les forçats et les gens sans aveu ; enfin, les ennemis de toute société, gens voués par instinct aux idées d’insurrection, de vol et de pillage.
Pour ces hommes, les vrais coupables, il faut une répression rigoureuse et énergique : la peine de mort ou la déportation.
Pour les hommes égarés, du pain et la clémence.
Signé Panisse.
XXI
Dans un moment où l’issue de la lutte n’était pas douteuse, et où l’on entendait partout des cris de triomphe, pleins d’emportement et de colère, j’entrai dans le cabinet où se tenaient les réunions du gouvernement. Cavaignac y était avec sa mère. Il avait la tête appuyé sur ses genoux. Il pleurait.
Je dis à Cavaignac : « Je ne vois qu’un moyen pour que les malheurs d’aujourd’hui n’entraînent pas des malheurs plus grands : il faut que tu prennes la dictature. L’Assemblée est toute prête à te la donner. Tu es bien sûr de toi. Tu la déposeras dès qu’elle ne sera plus nécessaire. La majorité de l’Assemblée est trompée aussi bien que la plupart des insurgés. Elle va vouloir proscrire en masse. Tout ce qui s’est mêlé de près ou de loin à la révolte va former un parti irréconciliable. Ce sera là une menace incessante de guerre civile. La réaction commence. Aujourd’hui, elle frappe les insurgés, bientôt, elle viendra jusqu’à nous. Prends la dictature ; fais disparaître les vrais auteurs de l’insurrection. Tu diras aux révoltés, prisonniers ou autres : La République que vous aimez, vous avez failli la tuer en suivant les inspirations de ses ennemis. Ceux-là, nous les punissons. Vous, retournez au travail ; on aura soin qu’il ne vous manque pas ; et prenez garde de retomber dans les mêmes erreurs ; car, vous le voyez, la répression est terrible. » J’ajoutai : « Ce qui importe, c’est d’atteindre les vrais instigateurs de l’émeute, de ne frapper qu’eux, de faire bien sentir au peuple qu’il a été égaré, trompé par eux. »
Cavaignac me répondit : « C’est un coup d’État que tu demandes. Un coup d’État ! Je n’en veux pas, je n’en ferai jamais. La France n’en a vu que trop depuis soixante ans. Nous devons, nous, lui en faire perdre l’habitude, au lieu de lui en imposer un de plus. La dictature ! tu n’y songes pas. La dictature, quand nous avons les pieds dans le sang ! Ce serait autoriser le premier venu à tuer des hommes pour arriver au pouvoir. Ce qui manque surtout à ce malheureux pays, c’est le respect de la légalité. Le seul service que nous puissions rendre à présent, c’est d’inspirer ce respect, en en donnant nous-mêmes l’exemple. Il y a aujourd’hui un souverain légitime ; c’est l’Assemblée. Si elle veut amnistier, elle fera bien, mais ce n’est pas à moi à choisir les coupables. »
La conversation fut longue, et je dois avouer que j’insistai de la manière la plus pressante, à genoux, près du canapé où il était assis, et tenant ses deux mains dans les miennes.
« Mon cher enfant (il avait, comme sa mère, l’habitude de m’appeler ainsi, quoique je fusse plus âgé que lui), mon cher enfant, me disait-il en souriant, ne cherchons pas à copier les hommes de la Révolution. S’ils vivaient de nos jours, ils comprendraient, même les plus ardents, que ce n’est pas de l’audace qu’il faut, mais du respect des lois, et qu’on ne fonde pas la liberté avec des mesures despotiques. »
Je le confesse, dans le moment je ne fus pas convaincu ; mais je fus forcé au silence et à l’admiration devant cet homme qui se révélait à moi avec une grandeur de caractère que nous ne croyions guère possible que chez les héros de Plutarque. D’autres le pressèrent, comme je l’avais fait, et, ainsi que moi, ils le trouvèrent inébranlable. (Mémoires de M. Bastide. Encyclopédie moderne, tome VII, article Juin)