Traduction par Anne Claude de Caylus.
Histoire du vaillant chevalier Tiran le Blanc (p. 55-196).


HISTOIRE
DU VAILLANT CHEVALIER
TIRAN LE BLANC.



PREMIÈRE PARTIE.


L’Angleterre jouissoit d’une profonde paix, lorsque le grand prince par qui elle étoit gouvernée, voulant célébrer avec éclat l’alliance qu’il venoit de contracter avec le Roi de France, fit publier dans son royaume un combat à la barrière à tout venant. Le bruit des fêtes & des magnificences dont ces noces devoient être accompagnées, se répandit bientôt, & tous les braves des cours étrangères ne tardèrent pas à s’y rendre.

Un gentilhomme d’une des plus anciennes maisons de Bretagne s’étoit joint à plusieurs autres, qui, comme lui, alloient à Londres, dans le dessein de prendre part à la fête. Accablé de lassitude, il s’endormit sur son cheval, qui marchant à l’aventure, s’écarta du reste de la troupe & du grand chemin. Un sentier peu fréquenté qu’il suivit, le conduisit dans un lieu solitaire, planté des plus beaux arbres du monde, & où sur l’herbe tendre & fleurie couloit une fontaine délicieuse, à laquelle les animaux sauvages & domestiques venoient chaque jour se désaltérer.

C’étoit dans ce lieu que le fameux comte Guillaume de Warwick avoit choisi sa retraite. Ce chevalier recommandable par sa naissance & par ses vertus, avoit long-tems porté les armes sur terre & sur mer. Il avoit remporté la victoire dans cinq combats particuliers, s’étoit trouvé à sept batailles générales, dont il étoit sorti vainqueur, son nom étoit célebre dans tous les pays. À l’âge de cinquante-cinq ans, un sentiment de religion lui avoit fait quitter le métier de la guerre pour faire le voyage de Jérusalem. Ni les larmes de la comtesse son épouse qu’il chérissoit, ni les pleurs d’un fils unique qu’il laissoit encore au berceau, ne purent l’arrêter. Il fit une donation de toutes ses terres à la comtesse sa femme, & ayant distribué des sommes considérables à ses vassaux, & aux chevaliers qui s’étoient attachés à lui, il partit suivi d’un seul écuyer ; & après avoir visité les saints lieux, il se rendit à Venise. Là, il donna tout ce qui lui restoit d’argent à ce fidele domestique qui l’avoit suivi ; & il exigea de lui, qu’à son retour en Angleterre il répandroit le bruit de sa mort. Pour rendre cette nouvelle plus vraisemblable, le comte engagea quelques négocians Anglois établis à Venise ; à là mander dans leur pays. La comtesse l’apprit avec la douleur la plus vive, & fit faire à ce mari qu’elle avoit aimé tendrement, des obseques dignes de la naissance & de la valeur d’un aussi bon chevalier.

Cependant le comte après avoir laissé croître ses cheveux & fa barbe, prit un habit d’hermite, & vivant d’aumônes, retourna en Angleterre, où il choisit pour fa demeure une solitude située sur une haute montagne, peu éloignée de sa ville de Warwick. Il y vivoit inconnu à tout le monde, & sous son habit d’hermite il alloit une fois la semaine à la ville pour y recevoir les aumônes de ses anciens sujets. Il s’adressoit plus souvent à sa vertueuse épouse qu’a tout autre, parce qu’il ne pouvoit se refuser le plaisir de jouir de la tristesse dans laquelle elle étoit plongée, & de voir combien elle étoit attachée à ses devoirs. De son côté la comtesse, par un sentiment secret dont elle ignoroit la cause, lui donnoit plus souvent, & plus abondamment qu’aux autres pauvres.

Le comte avoit déjà passé quelque tems dans fa solitude, lorsque la fortune l’en retira, pour rendre encore une fois à sa patrie un service signalé. Le grand roi des Canaries, pour se venger des insultes de quelques corsaires chrétiens, qui avoient fait une descente dans ses isles, avoit débarqué fur les côtes d’Angleterre à la tête d’une armée formidable. Il s’étoit même déjà rendu maître d’une partie considérable de l’isle, où ses troupes commettoient les plus grands désordres. En vain le roi Anglais avoit cru pouvoir s’opposer aux progrès du prince infidele. Vaincu dans deux combats, & chassé successivement de Cantorberi, de Londres, & de plusieurs autres de ses meilleures places, il avoit enfin été obligé d’aller chercher un asile dans la ville de Varwick. Là, investi de tous côtés par l’armée des Maures qui l’avoit suivi, ce malheureux prince n’espéroit plus aucun secours, lorsque le ciel lui en offrit un dans le courage & dans l’habileté du comte hermite.

Le lendemain de l’arrivée du roi à Varwick, le comte étant monté dès le matin sur le haut de la montagne qu’il habitoit, dans le dessein d’y ramasser quelques herbes, qui faisaient une partie de sa nourriture, il apperçut l’armée des infideles campée dans la plaine. Il courut à la ville, qu’il trouva dans la consternation, & se rendit d’abord au château. À peine y étoit-il entré, qu’il rencontra le roi qui revenoit d’entendre la messe. Il se jeta à ses genoux, & lui demanda l’aumône ; mais ce prince n’eut pas plutôt arrêté les yeux sur lui, que sa vue lui rappella le souvenir d’un songe qu’il avoit eu la nuit précédente. Il avoit cru voir une grande & belle femme vêtue de blanc, tenant un enfant entre ses bras. Elle étoit suivie de plusieurs demoiselles, qui toutes ensemble chantoient le Magnificat. Dès qu’elles eurent cessé de chanter, celle qui paroissoit commander aux autres s’approchant de lui, & lui mettant la main sur la tête, lui avoit dit ; ne crains rien, roi d’Angleterre, compte sur le secours du fils & de la mere. Remarque bien le premier homme, portant une grande barbe, que tu verras te demander l’aumône ; baise-le sur la bouche, conjure-le de quitter l’habit qu’il porte, & d’accepter le commandement de ton armée ; je ferai le reste. À ces mots le songe s’évanouit, & le roi s’étoit réveillé.

À la vue de l’hermite humilié devant lui, ce prince ne douta point qu’il ne fût cet homme destiné du ciel pour être l’appui de sa couronne. Il le baisa sur la bouche, suivant l’avertissement qu’on lui avoit donné ; le releva, & le prenant par la main, il le conduisit dans une des chambres du château. Là, après lui avoir représenté dans les termes les plus touchans, les malheurs de son royaume ; après l’avoir conjuré de l’aider de ses conseils & de sa personne, il se jeta a ses pieds, & le supplia de ne point lui refuser la grace qu’il lui demandoit.

Les larmes du malheureux roi touchèrent le comte. Il se rendit aux prières de son prince, & à la triste situation de sa patrie. Bientôt, par ses conseils, les chrétiens remportèrent un avantage considérable sur les infidèles, dont ils brûlèrent & pillèrent le camp. Quelques jours après, le roi Maure envoya défier le roi d’Angleterre à un combat particulier qui décideroit la guerre. Le roi Anglais accepta le défi ; mais ses forces ne répondoient pas à son courage, & le conseil ne vouloit pas consentir qu’il s’exposât lui & son royaume à une perte certaine. Le roi des Canaries étoit un des hommes les plus forts & les plus adroits de sa nation. Le roi d’Angleterre se confiant à la promesse qui lui avoit été faite, crut ne devoir choisir d’autre que l’hermite même pour se démettre en sa faveur de la royauté, & le charger d’un combat qui ne pouvoit se faire que de roi à roi. Il ne se trouva point d’armes qui pussent convenir à l’hermite, dans toute la ville ; il fallut avoir recours à celles qu’il avoit laissées à la comtesse de Warwick en partant pour Jérusalem, & dont il indiqua la forme & les couleurs.

Le roi hermite défit & tua le roi Maure dans le combat. Cette mort ne termina cependant pas la guerre ; le nouveau roi que l’on élut à sa place refusa d’exécuter le traité.

Le comte de Warwick donna dans la suite de cette guerre de nouvelles preuves de sa valeur & de son habileté. Il fit prendre les armes à tout le monde , même aux enfans âgés de onze ans. Le fils qu’il avoit laissé en partant le trouva dans ce cas, & les larmes ni les prières de la comtesse ne purent le faire excepter. Le roi vit avec plaisir que cet enfant témoignoit un courage au-dessus de son âge. Il l’arma chevalier à la première bataille. Enfin, après plusieurs combats il vint à bout de ces barbares ; tout fut passé au fil de l’épée, ou réduit en esclavage.

Après avoir ainsi rendu la liberté à sa patrie, il ne restoit plus au comte de Warwick qu’à se faire connoître à sa tendre & vertueuse épouse. Depuis qu’il étoit monté sur le trône, l’aventure des armes & quelques autres de même espece, avoient déja donné de grands soupçons. Elle ne pouvoit comprendre comment, sans être sorcier ou négromant, le nouveau roi étoit instruit, comme elle-même, de tout ce qu’elle avoit de plus caché dans sa maison. À son retour, il crut ne pas devoir différer à la tirer d’inquiétude. Il lui fit remettre la moitié d’un anneau chargé de ses armes, qu’il avoit partagé avec elle à son départ pour la Terre-Sainte, avec ordre de lui dire qu’il venoit d’un homme qui l’avoit aimée tendrement, & qui l’aimoit encore plus que sa propre vie. À ce discours, & à la vue de l’anneau que la comtesse reconnut d’abord, elle tomba évanouie, & ne revint de sa faiblesse que lorsqu’elle se trouva entre les bras de son mari, qui étoit accouru à la nouvelle de cet accident. Cette reconnoissance fut accompagnée de toute la joir & de toute la trendresse que peuvent éprouver, après un longue absence, deux personnes qui s’aiment véritablement.

Au bruit de cet événement, l’ancien roi, & tous les barons, charmés de devoir la liberté de l’Angleterre à un chevalier de si haute réputation, vinrent faire compliment au comte & à la comtesse, qui leur donnèrent une fête magnifique. Mais au milieu des festins & des réjouissance dont elle fut accompagnée, le nouveau roi soupiroit après sa retraite, & il songeoit à y retourner. Il commença donc par quitter les habits royaux, & rendit à l’ancien roi toute l’autorité dont celui-ci s’étoit dépouillé en sa faveur. Ensuite il recommanda sa femme & son fils à ce prince, qui lui promit d’en avoir soin, & fit sur le champ le jeune comte grand connétable d’Angleterre, en lui donnant outre cela une partie du royaume de Cornouailles. Enfin, après les plus tendress adieux, le comte reprit le chemin de son désert, où il s’enferma, uniquement occupé du service de dieu, & du soin de pleurer ses péchés.

Ce saint homme s’occupoit à lire l’arbre des batailles, & cette lecture l’engageoit de plus-en-plus à remercier dieu des graces qu’il lui avoit faites pendant qu’il avoit suivi l’ordre de chevalerie, lorsque Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/67 TIRAN LE BLANC. 63 le gentilhomme etranger arriva a la Fontaine. La vue d’un homme endormi sur son cheval attira 1’at- tention de l'hermite. II doutoit s’il devoit le reveil- ler , mais le cheval pressé de la soif le tira d’em- barras. Comme sa bride étoit attachée a 1’arçon, les mouvemens qu’il se donna pour s’en débarrasser reveillèrent le cavalier. Tiran demeura surpris à cette vue. L’hermite etoit d’une taille haute & ma- jestueufe ; il portoit une longue barbe blanche , & malgre son habit dechire , son vifage pâle & de- charne , & ses yeux presque éteints , un air de di- gnité répandu sur toute sa personne , annonçoit ce qu’il avoit été autrefois. Le cavalier mettant auffi-tôt pied à terre, s’a- vança pour le saluer. L’hermite , de son coté , le requt d’un air doux & civil ; & lui ayant proposé de s’asseoir dans 1’agréable prairie qui bordoit la fontaine , il le conjura , par la politesse qu’il re- marquoit en lui , de lui apprendre son nom , & quel hazard 1’avoit conduit dans ce desert. Alors l'étranger prenant la parole : II m’est aisé , lui dit-il , mon pere , de satisfaire votre curiofité. Je m’ap- pelle Tiran le Blanc , parce que mon pere est sei- gneur de la Marche Tirannie , qui n’est séparée de 1’Angleterre que par un petit trajet de mer. Ma mère, fille du due de Bretagne, se nomme Blanche. Ainsi , pour conferver les deux noms , on m’a donne celui de Tiran le Blanc. Les fêtes que le roi d’Angleterre prépare pour son mariage avec la princesse de France, m’ont attiré en ce pays. Cette princesse est la plus belle de toute la chrétienté. Elle possede tous les charmes & toutes les graces qui sont partagées entre les autres femmes ; rien n’approche de la blancheur & de la finesse de son teint. Je puis vous en donner une idée, mon révérend père, par un fait dont j’ai été témoin. J’étois à la cour de France le jour de la fête de Saint Michel ; ce jour, auquel se faisoit la déclaration du mariage, il y eut beaucoup de réjouissances. Le roi, la reine, & la princesse leur fille, mangeoient à une table séparée ; & je puis assurer, pour l’avoir vu, que la blancheur & la finessec de la peau de cette princesse laissoient voir au passage le vin rouge qu’elle buvoit. Ce fut là que j’appris que le roi d’Angleterre, qui s’y étoit rendu, devoit être à Londres le jour de la Saint Jean ; & qu’à son arrivée il y auroit de grandes fêtes dans cette ville pendant un an & un jour. Sur cette assurance, nous sommes partis trente gentilshommes & moi, pour nous y trouver, & pour y recevoir l’ordre de chevalerie. La lassitude de mon cheval, ajouta l’étranger, m’a fait demeurer derrière. Je me suis endormi, & le hazard m’a conduit ici.

L’hermite entendant parler de l’ordre de chevalerie, & du dessein que ce gentilhomme avoit formé de le recevoir, poussa un grand soupir. Son Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/70 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/71 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/72 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/73 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/74 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/75 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/76 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/77 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/78 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/79 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/80 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/81 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/82 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/83 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/84 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/85 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/86 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/87 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/88 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/89 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/90 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/91 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/92 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/93 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/94 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/95 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/96 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/97 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/98 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/99 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/100 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/101 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/102 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/103 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/104 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/105 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/106 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/107 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/108 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/109 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/110 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/111 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/112 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/113 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/114 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/115 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/116 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/117 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/118 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/119 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/120 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/121 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/122 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/123 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/124 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/125 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/126 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/127 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/128 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/129 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/130 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/131 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/132 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/133 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/134 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/135 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/136 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/137 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/138 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/139 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/140 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/141 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/142 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/143 à tons ; mais un écrivain de la capitaine de la flotte Génoise l’ayant vue , en devint amoureux ; il l’alla trouver , lui déclara sa passion , et lui promit de faire sa fortune si elle voulait y être sensible; en même temps il lui présenta un diamant et un rubis du prix de plus de cinq cent ducats , et tirant une poigne de pièces d’or , il la versa dans son giron : des manières si nobles attendrirent la dame , sa fierté l’abandonna, et elle rendit le Génois heureux.

Cette aventure se passa le jeudi-feint. La dame résolue d’en tirer ce qu’elle pourrait , ne ménageait rien pour le persuader de sa tendresse, Vous me rendez le plus heureux de tous les hommes , lui dit le Génois dans les transports de son amour, je veux vous rendre aussi la plus riche et la plus heureuse femme du monde. Je prétends vous donner dès demain la maison la plus belle et la mieux meublée de la ville. Ah! malheureuse que je suis! s’écria la dame ; parce que ,vous n’avez plus rien à désirer, vous vous moquez maintenant de moi; retirez-vous , et n’insultez pas plus longtemps à ma faiblesse. Madame, lui répondit l’écrivain, je croyais être de tous les hommes le plus heureux ;j’espérais que la mort seule pourrait nous séparer , et que je vous verrais la femme la plus contente de toute l’île. Cependant vous me quitterez ainsi; croyez. que je vous parle sincèrement, et que je vous aime plus que ma propre vie. Le terme que je vous Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/145 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/146 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/147 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/148 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/149 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/150 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/151 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/152 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/153 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/154 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/155 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/156 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/157 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/158 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/159 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/160 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/161 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/162 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/163 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/164 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/165 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/166 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/167 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/168 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/169 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/170 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/171 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/172 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/173 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/174 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/175 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/176 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/177 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/178 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/179 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/180 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/181 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/182 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/183 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/184 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/185 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/186 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/187 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/188 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/189 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/190 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/191 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/192 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/193 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/194 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/195 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/196 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/197 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/198 Page:Caylus - Oeuvres badines complettes T1.djvu/199