Histoire de Servian/Chapitre26

CHAPITRE XXVI



Le rétablissement du Culte

Malgré la persécution contre les prêtres catholiques, le peuple leur demeurait fidèle et réclamait le culte traditionnel. Les politiques avisés de ce temps-là, le comprirent et pacifièrent les esprits en rétablissant le culte.

Le 5 frimaire de l’an 5, le conseil municipal reçoit une lettre du Préfet, datée du 8 brumaire, portant que l’organisation du culte est très prochaine. (Il faut réparer l’église et le presbytère, pourvoir l’église d’objets nécessaires au culte, faire un traitement convenable au curé et au vicaire). On vota donc 1200 fr., pour les divers achats, 800 fr. pour le curé.

On profita des travaux pour transporter le cimetière hors de la ville, 15 thermidor, an 12. Une délibération du 10 février 1807, rétablit le calendrier grégorien, et fixa la foire de Servian au 28 octobre.

La population de Servian avait traversé la révolution sans de grands troubles, comme en bien des lieux, résistant à ce qu’elle considérait comme un abus de pouvoir, s’adaptant aisément aux modifications sociales inspirées par un esprit nouveau.

Cependant, l’abbé Vabre administrait la Paroisse comme pro-curé ; c’est lui qui tint les registres pendant la révolution, de 1797 à 1807.

Le 15 mars 1804, le citoyen Louis Espic, curé dudit lieu, a pris possession de la cure, il y resta jusqu’à sa mort, le 1er avril 1805, à 68 ans. À sa sépulture, assistèrent Bousquet, prêtre de S.-Adrien ; Arnal, curé d’Alignan ; Bellonet, curé de Valros ; Villebrun, curé de Bassan ; Vabre, curé de Puissalicon ; Reypaillade, prêtre ; Aiguesvives, prêtre ; Plauzolles, prêtre, tous de Servian.

L’abbé Bousquet fit le service de la paroisse jusqu’à la nomination de M. Arnal, le 7 septembre 1805. Celui-ci fut le réorganisateur de la paroisse. Cette même année de son installation et le 15 décembre, Nous, curé de Servian, en vertu d’un rescrit de Son Éminence le Cardinal Caprara, archevêque de Milan et Légat de N.N.S. Père le Pape Pie VII, donné à Paris, le 29 septembre de la même année, visé par Mgr l’Évêque de Montpellier, le 16 novembre de la même année, avons solennellement érigé dans l’église paroissiale de Servian, le Chemin de la Croix.

M. Arnal donne le bilan de cette année que nous reproduisons à titre de renseignement : Mariages : 19 ; Baptêmes : 64 ; Sépultures : 42.

À peine l’orage révolutionnaire apaisé, les Pénitents se réunirent dans la bibliothèque des Capucins le jour de la Fête-Dieu de l’an 1801, et firent des élections. Quelques années plus tard, l’abbé Arnal, profitant de cette rénovation, réunissait les Pénitents, presque tous les hommes de Servian étaient accourus à cette réunion. La Confrérie fut rétablie canoniquement et l’abbé Plauzolles, curé de Coulobres en fut nommé aumônier, 1807. Mgr demanda aux Pénitents un impôt annuel de 25 fr., pour les Séminaires, ce qui fut accordé. Un peu plus tard, ce fut l’abbé Louis Falgas, ancien capucin, qui le remplaça et qui mourut en 1821 ; l’abbé Arnal fit l’oraison funèbre qui est écrite tout au long dans les registres de la Confrérie.

Pendant ce temps, les Pénitents consignèrent dans leur Registre, les statuts approuvés par Mgr Rollet, le 15 mai 1804.

La Confrérie, rétablie, l’abbé Arnal bénit la cloche, le 20 septembre 1816, et qui pesait 1 quintal 69 livres et demi. Elle fut appelée Étienne Agathe, elle eut pour parrain, Étienne Bousquet de St-Adrien et pour marraine, Agathe de Barrès.

Quelques années plus tard, on bénissait à la paroisse, la cloche de S.-Julien, pesant 15 quintaux 74 livres ; elle eut pour parrain, Adolphe Amiel, fils du Docteur Amiel, maire de Servian, et pour marraine, Caroline Granal.

En 1830, un rescrit du S.-Père, établissait à Servian, le culte du Sacré-Cœur, qui n’a fait que progresser. Le culte était si bien restauré à Servian qu’à cette cérémonie assistaient un bon nombre d’ecclésiastiques du pays : Louis Conneau, Labry, clerc minoré, Laffare, sous-diacre ; MM. Bournhonet, Estève, Granal, de Barrès, étudiants, élèves du séminaire.

Le bon prêtre qui avait restauré le culte à Servian, mourut le 20 juillet 1840, âgé de 78 ans. Il exerça son ministère pendant 54 ans, et à Servian, pendant 35 ans.

E. Bousquet.


FIN