Histoire de Servian/Chapitre24

CHAPITRE XXIV



Les inventaires : 7 octobre 1792.
Vente des biens ecclésiastiques

D’après la loi supprimant les congrégations séculières et régulières, il fallut faire l’inventaire de la chapelle des Pénitents pour en retirer l’argenterie et l’envoyer au Directoire du district, (y faire transporter toute l’argenterie, fer, cuivre, laiton, étain et généralement toute espèce de métal, faire l’inventaire du linge et autres effets qui pourraient se trouver à la sacristie. Les citoyens Aubagnac et Gros, officiers municipaux, Fabre fils et Grégoire notables se sont rendus à l’église paroissiale et ont apporté une croix d’argent pesant 7 livres et demi ; quant aux ornements consistant en chasubles et chapes garnies en galons or et argent, la loi ne s’expliquant point assez à ce sujet, ils n’ont pas cru devoir les saisir). Registre délibérat.

Le 9 janvier 1793, la société des amis de la liberté et de l’égalité, réunie au ci-devant couvent des ci-devant capucins, demande que soient ôtées de l’église, les marques distinctives qui laissent encore des vestiges de l’ancien régime, les bancs de la municipalité doivent être ôtés, l’homme en place ne doit demander d’autre distinction que celle de ses vertus patriotiques et républicaines. »

On est en droit de conjecturer que les vieux bancs qui se trouvent au fond de la chapelle des Capucins proviennent de la paroisse.

Bientôt après, les biens du clergé furent mis en vente. Ces ventes pour le diocèse de Montpellier se trouvent dans les registres de nos archives départementales Q. Q. On lit au folio 1818, le 21 mars 1791 (à 9 heures du matin furent vendus les biens de la cure consistant en champs, olivettes à Pech du Rouyre).

Un champ d’oliviers au Rouyre, les Bambades, un champ aux Pradels, une aire aux aires de Saint-Julien.

L’abbé Augé, curé de Servian et originaire du lieu, vit vendre ses biens personnels ; c’était la métairie de Mouly avec champs, cuves, moulin, pressoir, sol à dépiquer.

La confrérie des Pénitents vit un champ au mas de Bouran et quelques olivettes.

Les biens de l’hôpital étaient considérables, et figuraient pour un rapport de 2.228 livres.

On dut s’occuper alors de la vente du couvent des Capucins. Il est juste de dire, à la louange de la municipalité, qu’elle avait voulu sauvegarder le couvent en 1789, pour y réunir les Capucins âgés ou infirmes, comme en un lieu de retraite, et tel était bien l’esprit primitif de la loi ; mais depuis cette époque, les idées avaient marché ; les avancés avaient pris le pouvoir et ils prétendaient diriger les événements selon leurs passions. Cependant, mû par un esprit de justice, demeuré dans les délibérations, le conseil eut la pensée d’en faire un hôpital. « Rien ne nous empêche d’acquérir cette maison et de la rendre utile à nos concitoyens et aux municipalités voisines. On pourrait en faire une manufacture, où dans les saisons mortes de l’année le peuple pourrait trouver du travail. »

Il y a encore le projet d’y transporter l’hôpital, « celui qui existe n’est pas logeable. La situation au nord en rend le local sain. Avec un peu d’aménagement on pourrait y loger plus de 10 malades ; vous leur imposerez les fonds de l’hôpital ; vous vous imposerez s’il le faut, une somme pour y entretenir 3 sœurs grises, qui veilleront sur les malades et à l’éducation de vos filles. Vous ne serez pas grevés ; vous pourriez vendre la chapelle des Pénitents et recevoir en échange la chapelle des ci-devant Capucins. Le district de Béziers vous y autorisera. » L’adjudication fut fixée au 4 juillet 1791, le conseil général nomma le maire et Barthélémy d’Estève pour faire cette acquisition avec le procureur de la commune, s’en rapportant à leur sagesse et à leur prudence pour la fixation du prix. Les bâtiments furent évalués à 14.999 frs qu’on jugea exorbitants. Personne ne se présentant, le citoyen Guinard de Pomérols les acquit pour 12.999, le 13 messidor, puis les céda à la commune pour le même prix. Plus tard, ils furent achetés par la famille d’Estève qui les possède encore, après avoir mis la chapelle à la disposition du clergé.

En attendant, les bâtiments et le jardin des capucins avaient été confiés à un fermier, et le cheval du couvent mis en fourrière. Or, ce cheval appartenait à la nation et devait être vendu le vendredi d’après, au marché ; mais au matin on trouva le cheval de la nation, qui ne faisait de mal à personne, saigné avec un couteau à la jugulaire. Le conseil municipal est indigné et dit dans sa délibération, une telle action mérite toute la rigueur des lois. Il paraît que le coupable était entré par le mur du jardin : il demeura introuvable. Après les immeubles, les meubles. Le district de Béziers demande que les cloches des églises supprimées seront mises à la fonte pour le monnayage de billon qui doit être fabriqué. Les trois cloches que nous avons, pour le service de la paroisse sont cassées ; on pourrait les échanger contre trois autres de même poids. J’ai échangé dit le maire, la mandarelle et gardé la cloche des capucins. Les cloches cassées furent portées à la Bégude pour être envoyées au lieu de leur destination.