Imprimerie du Louvre (p. front.-60).
Histoire de Marguerite, fille de Suzon, nièce de D** B*****, suivie de la Cauchoise, avec figures.Figure 1.
HISTOIRE
DE
MARGUERITE,
FILLE DE SUZON,
NIECE DE D** B*****,


Suivie
DE LA
CAUCHOISE.



Avec figures.


À PARIS,
De l’Imprimerie du Louvre.

M.DCC.LXXXIV.

HISTOIRE

DE

MARGUERITE,

FILLE DE SUZON,

NIÈCE DE D** B*****,

Portier des Chartreux.


Cher lecteur. Je vous préſente une nouvelle Hiſtoire de la belle Marguerite, fille de Suzon & niece de D.. B.... portier des Chartreux, &c. Ce manuſcrit m’a été donné par elle-même, pour me remercier des ſoins que je me ſuis donné en écrivant la vie de ſa chere maman Suzon. Toujours notre belle vient-elle nous obliger en nous faiſant un ſi précieux cadeau.

Prévoyant qu’il ſe pourroit trouver des gens aſſez incrédules, pour croire que la vie de Marguerite reſſembleroit à l’Académie des Dames, que l’on vend en deux volumes, par demandes & par réponſes, je me trouve obligé d’avertir les lecteurs qu’ils doivent prendre garde pour ne pas tomber dans de pareilles erreurs : c’eſt réellement ici la vie de Marguerite écrite par Dubois, il n’y a pas un mot de changé dans le caractere ni dans les portraits ; quant aux aventures, elles paroiſſent bien fondées. Mes chers lecteurs, ſi vous voyez critiquer ceci, ce ne pourra être que par des perſonnes mal-intentionnées contre notre Héroïne ; ainſi, lecteurs, ſi vous m’en voulez croire, ne dites point de mal de cet ouvrage : très-ſouvent l’on ne fait devant qui l’on ſe trouve ; ſur-tout je vous prie d’avoir de la conſidération pour l’aimable fille de la défunte Suzon. Elle eſt la plus jolie, la plus accomplie & la plus ſavante dans l’art de donner du plaiſir. J’ai ſouhaité que ceux qui n’approuveront pas ce chef-d’œuvre de notre académicienne ſi bien éduquée, la laiſſent pour ce qu’elle eſt : ceux-là, dis-je, ne ſont propres qu’à aller faire jurer les filles ou les Agnès qui n’ont jamais oui parler d’amour que par leurs peres ou leurs meres. Adieu ; trois bonjours, mes freres fout… toujours en C.. & non en Q..

Portrait de Mademoiſelle Marguerite.

C’est une brune très-bien faite, auſſi belle que touchante, prévenante au dernier point. Tous les agrémens ſont répandus ſur ſa perſonne : ſes défauts, ſi elle en a, ſont cachés ; & quand elle en auroit, ils ne pourroient que plaire. Elle a l’eſprit agréable, avec un joli petit minois, vous m’entendez, mes freres : ſa taille ſwelte & légere ; le tabernacle de l’amour eſt chez elle de la forme la plus parfaite pour cauſer le plus indicible plaiſir aux vits de la plus petite eſpece.

Hiſtoire de Marguerite.

Tous nos Hiſtoriens parlent de la molleſſe où tombent les femmes ; mais ils ne parlent pas du goût avec lequel elles varient les plaiſirs ; & la place que j’occupe auprès d’elles, ne me permet pas de laiſſer plus long-tems ignorer des choſes qui ſont à la gloire de l’amour. Je vais donc raconter l’hiſtoire & la vie de Marguerite. Cette charmante fille a eu en partage tous les dons de la nature : Vénus, de ſes divines mains, forma les traits de ſon viſage ; elle ne peut ouvrir la bouche ſans ſe faire entendre : l’Amour qui le premier anima ſon cœur, y fit couler cette flamme ſubtile qui donne la vie à tous nos plaiſirs. Elle devint en grandiſſant l’objet de mes amours, & dès l’âge de douze ans, elle fit naître chez moi des mouvemens inconnus, & depuis quelques mois je ſentois une langueur extraordinaire. Me trouvant un jour près d’elle, quelques ſoupirs m’échapperent ; pour la premiere fois, je n’oſai rien dire. Comme elle ignoroit le pouvoir de ſa beauté, mon teint changeoit chaque jour. Ah que l’amour donne de longues ſouffrances & de longues douceurs ! Nous ne ſoupirâmes cependant pas long-tems ; l’amour nous inſtruiſit & fit que nous nous dédommageâmes par des plaiſirs & des vifs tranſports. Cependant, innocent à mon âge, j’en apperçus les mêmes ſignes dans ſes geſtes ; l’âge lui vint ; elle ſentit naître dans ſon ſein les mêmes deſirs qu’elle m’avoit inſpiré, & elle connut alors la nature des mouvemens qui avoient agité mon ame. Elle me plaignit, & elle ſe plaignit elle-même de n’avoir encore connu le bonheur. Je vais t’aimer, cher Dubois, diſoit-elle ; je ne le ſens que trop : une néceſſité invincible m’y ſoumet ; daigne, mon cher, daigne m’écouter ; ne me laiſſe pas en proie à mes deſirs. À peine ſes regards tomberent-ils ſur moi, que mes ſens s’agiterent & mes yeux ſe fixerent ſur elle ; c’étoit un cœur tendre & délicat, un cœur dont je fus bientôt poſſeſſeur ; cette charmante harmonie de caractere qui fait jouir deux amans de la tendreſſe la plus délicieuſe. Ah ! pauvre Dubois, quelle eſt donc cette flamme qui te dévore ? Comment trouver, où chercher ce bien ſi deſirable ? Le peu d’eſpoir de le trouver me fit tomber dans une ſombre mélancolie qui expoſa mes jours. Ce fut cette charmante fille qui me rendit la vie, en me procurant un plaiſir qu’elle ne connoiſſoit pas plus que moi ; couchée ſous un arbre touffu & ſort épais, au pied duquel ſes rêveries l’avoient conduite, & cachée ſous ſes ombrageux feuillages, j’apperçus qu’elle avoit relevé ſes juppes pardeſſus ſa ceinture ; elle avoit la main à ce réduit divin, ce boſquet de Cythere qui fait notre bien & nos délices. Auſſi-tôt je volai vers elle ; l’innocence étoit peinte ſur ſon viſage, & ſes yeux inquiets, qui ſe promenoient ſur tous les objets, ſembloient en chercher un qui les fixa. La voilà, m’écriai-je, la voilà ma chere Marguerite ! Averti par un mouvement qu’elle fit pour ſe relever, l’amour, ce puiſſant amour me guida ; je tombai ſur elle, la ſerrant dans mes bras, & à l’inſtant je ſentis une chaleur inconnue qui ſe gliſſa dans mes veines. Elle s’écria : ah, mon cher Dubois, ſi on nous appercevoit dans cet état, que deviendrions-nous ! Non, ma chere, non, l’Amour nous cache ſous ſes ailes. À l’inſtant je lâchai ma culotte, & me gliſſai entre ſes cuiſſes. Je ſentis un chatouillement extatique : la douceur de ſes cuiſſes fermes & blanches comme l’albâtre excitoit ce plaiſir, & j’étois dans une admiration muette en regardant le boſquet de Cythere. Ces deux levres étoient d’un vermeil incarnat : autour un poil brun & doux comme duvet commençoit à naître ; le dieu d’amour, ce directeur de la nature, conduiſit mon v.. au bord de cet abyme de volupté, — Arrête, arrête, mon cher Dubois ! s’ecria la belle. À l’inſtant ma joue ſe repoſa ſur un ſein blanc comme neige. — Ah, dieux ! arrête encore une fois ! arrête ! tu me ſais mal. — Un peu de complaiſance, ma divine ; je ſens un feu qui me conſume. Je pouſſai avec vigueur, & elle répéta : ah, dieux, tu me fais mal ! aie pitié de moi ! — J’étois déjà à moitié chemin, lorſque je lui donnai un dernier coup de reins ; je briſai la porte du plaiſir, en arrachant un cri violent à ma chere Marguerite ; mais bientôt après, elle me dit : courage, mon ami, courage ; je ſens un plaiſir bien grand ! Ah, Dubois ! ah, mon cher ! ah, ah, ah, mon cher ami ! où ſuis-je, où suis-je ? Juſte ciel, quel plaiſir ! quel plai-ai-ai-ai-ſir ! Holà la-la-la. — Comme elle commençoit à s’envoler aux cieux, je commençai auſſi à ſentir les mêmes douceurs. Je reſtois ſans connoiſſance entre ſes bras, & je tombai à demi-mort ſur ſon ſein d’albâtre. Au bout de quelques minutes, ma belle ouvrit les yeux, & en pouſſant de profonds ſoupirs, ah, perfide, s’écria-t-elle, je ſuis perdue ! Pourquoi avoir outragé ma vertu ? Je ſuis déshonorée ! — Elle verſa des larmes, que j’eſſuyai avec mille baiſers. Je ſortis d’entre ſes bras, & m’aſſis à ſes côtés, regardant avec attention l’antre divin tout enſanglanté, ainſi que mon outil virginal. Je pris mon mouchoir & l’eſſuyai le mieux poſſible. Je fis tout pour conſoler la belle. Je t’adore, mon cœur, lui dis-je. — Tu m’as perdue, perfide Dubois ! — Non pas, ma poulette ; tu es toujours la même. Tu ne m’aime donc point, mon bijou ! — Je t’adore, encore une ſois ; mais mon honneur ? … C’eſt donc là ce plaiſir qui va me coûter tant de larmes ! — Non, conſolles-toi, ma chere amie, ſéche tes pleurs… Je, parvins enfin à la conſoler & à l’appaiſer de mon mieux, & nous partîmes dans un ſingulier déſordre qu’il auroit été facile de connoître, ſi Marguerite n’eut prétexté d’avoir une collique, pour laquelle ſa mere la fit mettre au lit.

Amour ! dieu charmant, qui anime l’univers, tels ſont les traits ſous leſquels tu parois, lorſque tu daignes encore te communiquer à nous. Que ma chere Marguerite vienne apprendre de ma bouche que j’ignore encore la nature des mouvemens qui m’agitent ! Mes yeux ſont frappés de tant de charmes ſur le nouvel objet qui vint hier s’offrir à mes regards : je ſuis enchanté de ſa beauté, & l’amour, le puiſſant amour, joint à l’imagination, me prépare encore de nouveaux charmes. Qu’elle voie mon feu s’animer & ma bouche lui ſourire ! qu’elle ſoit témoin de l’idée confuſe dont mon imagination plaît à ſe repaître !

Viens donc, chere pouponne, viens donc animer mes deſirs ! … Dans ce moment, je l’apperçus ſe gliſſer dans le jardin. Je la ſuivis : ah ! lui dis-je, chere amie, tu me fuis, oui, tu me fuis ; viens contempler les traits dont mon cœur eſt bleſſé ; tu es devenue l’objet de tous mes ſoins, j’ai cueilli des fleurs pour parer ton beau ſein. Tu rougis, lui dis-je ! — Dieu de mon ame, s’écria-t-elle, Dubois, retire-toi. — Ah ! non, arrête. O amour ! Quel feu tu répands dans la nature ; tu es par-tout, je te ſens dans mon cœur, & par ta main inviſible tu le fais palpiter. Que faut-il que je faſſe, pour appaiſer la flamme dont tu le fais brûler ? En diſant ces mots, Marguerite, les yeux fixés ſur moi, tombe dans une profonde rêverie.... Je ſuivis avec joie les progrès que l’amour fit pour moi dans ce ſenſible cœur. Vingt fois tenté de découvrir mon trouble, ah, m’écriai-je enfin, que je vais être heureux ! Aſſeyons-nous. Nous nous aſſimes. Marguerite, lui dis-je, ce n’eſt point aſſez que j’arrête mes yeux ſur ton image, il faut encore que tu me promette que je gliſſerai ma main ſur ton petit endroit auquel j’ai fait hier du mal. Voyons s’il ſaigne encore ; voyons, ma chere Marguerite. — Non, Dubois, non ; mais je ſouffre cruellement… Je levai auſſi-tôt ſes juppons, je baiſai mille fois ce réduit divin, enſuite je tirai de ma culotte mon outil naturel : elle l’empoigna ; je paſſai & repaſſai pluſieurs fois ma main deſſus ſon conin : tout-à-coup elle s’écria : tu me chatouille, cher Dubois, tu me chatouille ; tiens, tiens, ce petit endroit… frotte, frotte donc ! Eh bien, vîte, vî-î-îte, cher chee-er ami, tu me fais plaiſir. Va, va, ah ! va donc ! Eh, eh, va-a-a donc, mon amour ; ah ! ah, tu me cha-a-touil-le, ah, ah, ah, la, la, la, je me meurs,… je me meurs… À l’inſtant elle tomba ſur le gazon preſque ſans connoiſſance. J’avois les yeux fixés ſur le boſquet de Cythere, lorſque j’apperçus les bords vermeils de ce précieux bocage inondé d’une liqueur blanche. Je mis ma main au bout de mon priape, enſuite je baiſai & rebaiſai ce réduit charmant, après quoi je me gliſſai ſur la cuiſſe de ma chere Marguerite qui tenoit mon v.. qu’elle conduiſit au bord de l’entrée de la coquille de Vénus, où j’entrai avec bien plus de facilité que la veille. Elle me preſſoit étroitement entre ſes bras, où me demenant de tout mon cœur, je ne tardai pas à arriver au ſouverain plaiſir. Je me pâmai dans ſes bras & elle ne quitta point ſa proie. Étant revenu à moi-même, je recommençai mon manege, où, en très-peu de tems, ma chere & moi, nous goûtâmes de nouveau les plaiſirs de Vénus.

À peine avions-nous fini ce jeu délicieux, que j’apperçus le chevalier de ***, qui ouvroit la porte du jardin ; mais comme il ne nous voyoit pas, je rabatis les jupes de ma chere, je pris ma culotte à ma main & m’alla cacher dans le boſquet voiſin. Le chevalier s’approcha d’elle & s’aſſit à ſes côtés. La pauvre fille étoit encore toute troublée : le chevalier de *** s’en apperçut… Ah ! dit-il, belle enfant, vous avez des couleurs charmantes ! que je vous embraſſe, mon cœur ; ſouffrez, petite mignonne, que je...... Le chevalier étoit de ces guerriers de Vénus ; il ne lui fut pas difficile de faire la conquête de ma maîtreſſe ; je mourrois de rage de voir ce maudit rival à côté de ce que j’avais au monde de plus cher ; mais il fallut paſſer par-là. Voici le diſcours que le chevalier lui tint : chere enfant, depuis bien du tems j’ai pour vous une paſſion ſi violente, il ne m’eſt plus poſſible que je tarde davantage à vous découvrir ce myſtere ; je ſuis charmé de me trouver avec vous tête-à-tête. Daignez, ma mignonne, conſentir que j’éteigne un feu brûlant qui me dévore ; ſouffrez, dit-il, belle pouponne, que je faſſe une offrande aux pieds de votre autel. Vous ſerez contente du ſuccès de ma flamme : ne vous y refuſez pas. — Hélas ! monſieur, que veux dire paſſion, flamme & feu ? Je vous aſſure que je n’entends rien à tout ce langage ; laiſſez-moi partir. — Non, charmante, (en la retenant par la main qu’il baiſa auſſi-tôt.) O, s’écria-t-il, la charmante main ! comme elle eſt potelée ! quels beaux doigts ! quelle blancheur ! que je la baiſe encore… Ah ! ma poulette, que la nature vous a bien partagée ; que vos yeux ſont doux ; vos levres ſont plus belles que des roſes ; vos joues incarnates portent un teint frais & vermeil : tout reſpire chez vous, belle ange, les graces dont vous êtes douée ; votre ſein, plus blanc que l’albâtre, trouble mes ſens, & il y porte atteinte ; vos dents, plus blanches que l’ivoire, vous rendent une beauté des plus accomplie. Sa maudite main qu’elle voulut repouſſer, mais inutilement, lui fit prononcer ces mots : finiſſez, monſieur, de grace, finiſſez, que je m’en aille. — Arrête, mon cœur, mon amour. — Non monſieur, je vais crier. — Crie, lui dit-il, ma chere petite, oui crie. — Vous m’outragez, lui dit-elle… À l’inſtant il tira de ſa poche une petite boîte dans laquelle étoit renfermé un diamant d’un très-grand prix, qu’il mit dans la main de Marguerite. Tenez, dit-il, mon ange, voilà un bijou que je vous met dans votre belle main, acceptez-le, n’en parlez à perſonne. Elle ne voulut l’accepter qu’après une infinité de remerciemens. Acceptez-le, mon ange, lui répliqua-t-il ; & elle ſe laiſſa enfin ſéduire par le chevalier qui pouſſa ſi vivement ſa conquête, qu’il ne fut plus guere de tems à me ravir ma proye. Il porta ſa main lubrique ſur le ſein de la belle, & le dévora des yeux. Elle fit cependant un peu de réſiſtance ; mais voyant ſa marche aſſurée, il leva les juppons de la poulette & la viſita. Ah, dit-il, que de graces ! quel joli lieu ! les dieux n’en ont jamais habité un ſi délicieux. Il y mit le bout de son doigt, le viſita de près : la partie naturelle étoit encore mouillée du fou... de Marguerite & du mien, parce qu’ils n’avoient pas eu le tems de s’évaporer. Ah ! dit-il, petite coquine, je crois que tu déch.... tu as du plaiſir, mon ange, doucement, je vais t’en procurer un bien plus grand. Elle ne lui répondit qu’en proférant quelques finiſſez ; mais l’indigne chevalier ne quitta pas pour cela ſa priſe : il tira de ſa brayette un membre d’une groſſeur prodigieuſe, long pour le moins de quatorze à quinze pouces, ſe gliſſa ſur ma chere & lui enfonça du premier coup ſon maudit v.. dans le c.. Elle jeta des cris perçans ; mais bientôt le plaiſir ſuccéda. Elle dit d’une voix entre-coupée : vous me faites bien du plaiſir. — Oui, ma mie, cou-ra-a-age… J’enrageois pendant ce tems ; oui, j’aurois voulu que le Diable emporta le chevalier & ſon courage ; mais à l’impoſſible nul n’eſt tenu : ce qu’il y a de certain, c’eſt qu’ils ont dû goûter de part & d’autre un plaiſir inexprimable. Ils ſont reſtés collés l’un ſur l’autre au moins trois quarts d’heures, tantôt remuant la charniere, & tantôt le derriere ; ma chere ſe pâma ſix ſois. Il eſt à préſumer que le chevalier lui fit ſix amples décharges. Enfin finit la partie à mon grand déſavantage ; il l’embraſſa pluſieurs fois en lui promettant de la revoir, & ils ſe quitterent.

Je mourrois de dépit contre le chevalier, & je fus rejoindre ma poulette. Hélas ! tu me trahis, cruelle, lui dis-je en l’abordant ; tu n’es pas contente du ſuccès de ma flamme ? Elle ſoupira & s’abandonna aux larmes. Je ne differai pas long-tems à la tranquilliſer. Quoique encore jeune & ſans expérience, je ne pouvois pas trop goûter l’affront qui venoit de m’être fait en ma préſence. Elle m’embraſſa de tout ſon cœur ; en me demandant pardon ſur pardon, & enfin la paix fut faite entre nous.

Quatre jours ſe paſſerent ſans nous voir, lorſque j’appris que ſa mere l’avoit envoyée à deux lieues, dans la maiſon de madame Bernier, ſa tante. Je pris mon vol & y courus ; je prétextai à cette dame que mon pere m’avoit envoyé à Poiſſi pour quelques affaires de famille ; ce qui lui parut aſſez vraiſemblable ; Il ſe faiſoit tard, madame Bernier me propoſa de coucher chez elle ; j’acceptai cette offre ſans me faire beaucoup prier. J’étois néanmoins dans des inquiétudes mortelles, par l’appréhenſion que j’avois de ne pouvoir peut-être trouver un moyen facile pour viſiter la ſainte chapelle de la belle ; ce qui manqua d’arriver, quoique cependant il eſt aſſez rare que l’amour ne nous fourniſſe de ſûrs moyens pour appaiſer les feux dont il nous embraſe. J’étois aſſis dans un fauteuil ; je combattois contre le dieu du ſommeil, & j’étois dans ſes bras lorſque mon amante arriva. Madame Bernier étoit heureuſement en ville, à ce qu’elle m’apprit. Quand on aime & qu’on eſt épris, rien n’eſt plus flatteur ; c’eſt pourquoi Marguerite en m’abordant me lança plus d’un trait qui faillirent me percer le cœur : elle étoit bien éloignée de s’attendre à ma rencontre. Il n’y a que l’amour pour ceux que l’on aime, capable d’apprécier au juſte les mouvemens qui ſe paſſerent alors dans ſon ame : elle approcha, elle s’arrêta : une agitation extraordinaire bouleverſa ſes ſens : dans cette circonſtance elle ne ſavoit ce qu’elle faiſoit, ni ce qu’elle devoit faire ; tantôt elle deſiroit que l’objet de ſon amour la ſatisfît, & tantôt elle trembloit de n’en pas trouver l’occaſion, crainte que le moment heureux s’éloignât. Elle ſe contenta pour lors à me regarder inclinée ; mais bientôt enhardie par ſes deſirs voluptueux, elle s’approcha plus près de moi en s’agenouillant à mon côté. Ah ! lui dis-je, leve-toi, ma chere. Elle ſouleva légérement une de ſes mains, qu’elle appuya ſur ma cuiſſe. Je la prends & y imprime un baiſer : un feu divin s’inſinue dans mes veines ; je ne puis plus quitter ſa belle main que j’avois priſe avec un tranſport dont je n’étois plus le maître ; je preſſai cette main contre mon cœur. O belle enfant, c’eſt ta préſence qui me fait la joie que mon cœur reſſent. Ces paroles firent de vives impreſſions dans ſon eſprit & ſon bon caractere, de ſorte qu’elle étoit dans ce moment interdite & toute tremblante. Elle ſe cacha les yeux avec une de ſes mains, diſant, grand dieu, mon ami Dubois, tu es le fils de Vénus : ne m’accable point du poids de ta colere ; daigne me pardonner une audace dont je n’ai point la force de me repentir. — C’eſt à toi, chere Marguerite, à me pardonner la mienne. Si je m’étois préſenté devant le chevalier de *** & vengé la tyrannie qu’il t’a faite, devois-je craindre la mort pour ſauver ton honneur ? Non, ma chere, je t’ai vu faire cet affront. — Fatal moment ! il faut croire que le chevalier a ſûrement uſé d’une magie noire pour me charmer dans cet inſtant. O cruelle journée ! Je ſuis une mortelle, mais ſi l’hommage d’un cœur pur qui t’aime ſans réſerve peut te ſatisfaire encore, il ne te reſte rien à deſirer. Hélas ! mon cher, je ſens que je ne puis vivre ſans toi ; non, je n’ai jamais rien vu qui t’égale, la joie dont mon ame eſt enivrée en te voyant, me dis que tu es un dieu. — Sans doute que tu rougis de ta foibleſſe pour moi ? — Non, ma chere, non, je ne rougirai jamais d’adorer une beauté comme toi que j’aime ; je te le répete, que j’aimerai toute ma vie. — Eh bien, j’y conſens, même je t’en prie, cher ſoutiens de ma vie, laiſſe-moi te montrer combien je t’aime : hélas ! mon cher ami, ma tante va peut-être venir dans peu m’arracher à tes embraſſemens… J’eus beſoin d’employer les careſſes les plus vives pour la raſſurer ; elle avoit penché ſa tête ſur mes genoux… Releve-toi, chere enfant, de tous les dieux, j’ai été aſſez long-tems privé de ta préſence, pour que tu me permette d’en jouir… Elle vouloit me répondre… mais elle rencontra mes levres, ce qui fut cauſe qu’elle ne dis mot. Peu après elle me dit : quels plaiſirs nouveaux tu fais naître pour moi, mon très-cher ami ! — Ah ! Marguerite, lui dis-je, tu ſais que nous ſommes ſeuls ici, c’eſt, comme tu vois, le vrai moment d’éteindre ou plutôt d’amortir nos feux. En diſant cela, je tirai mon v.., je mis un genouil à terre & ma main ſur le plancher, le bout de mon pied droit contre le mur & ferma la porte à la clef. Ma chere ſe dépêcha de ſon côté : nue en chemiſe, ſe mit à califourchon ſur moi, ſe laiſſant tomber ſur le bout de mon priape qui bandoit d’une force ſans pareille. Je ne fus pas long-tems à pénétrer au fond de l’antre, à cauſe de la grande agilité qu’elle avoit de ſe ployer & relever ſans déranger notre ouvrage. Comme en amour l’on trouve une infinité d’occaſions pour ſe ſatisfaire dans toutes ſortes d’attitudes, elle ſoupira & déchargea ſi amplement, qu’elle m’innonda de ſon délicieux fou... depuis le nombril juſques au milieu des cuiſſes. Je goûtai ce même bonheur, comme vous l’allez voir. Elle m’eſſuya, baiſa l’oiſeau ſorti de ſa cage, le careſſa, fit tant enfin qu’en très-peu de tems elle lui fit reprendre ſa forme naturelle. Nous rebeſognâmes une ſeconde fois à notre grande ſatisfaction. À peine étions-nous rajuſtés, qu’arriva madame Bernier. Elle nous laiſſa cependant le tems de nous entretenir, &c. Je reſtai deux jours chez la tante de la belle : chaque jour voyoit éclorre pour nous de nouveaux plaiſirs ; & quand nous aurions fait une philoſophie chez l’Aretin, nous n’aurions pas mieux varié nos plaiſirs. Cette augmentation de volupté qui ſe faiſoit dans nos ames, ne ſervit qu’à nous faire aimer, mais d’une amitié particuliere ; nous ne pouvions être un inſtant ſans nous voir, elle croyoit me devoir du reſpect ; elle mettoit quelquefois dans ſes careſſes une ſorte de crainte ; je m’en apperçus ; ma délicateſſe en fut un peu attriſtée. Je ne ſuis point heureux comme je pourrois l’être, lui dis-je ; oui, ma chere, c’eſt ce qui manque à notre bonheur qui trouble notre félicité. — Ah ! que peut-il manquer à notre bien-être, me répondit-elle vivement, ſi tu veux m’aimer toujours, & que j’en faſſe de même à ton égard ? Sois certain qu’il ne nous en faut pas davantage pour vivre tous les deux contens. — Crois-tu toujours que ce maudit chevalier me faſſe ceſſer de t’aimer ? Ah ! cette crainte qui m’afflige, eſt celle que tu ne m’abandonne point ton ame toute entiere, & que d’autres ſentimens la partagent. — Non, mon cher Dubois, je veux te détromper, & ton erreur viens de ce que je ſuis l’heureuſe mortelle que tu as adoré. — Oui, cher bijou, je ſuis trop heureux, ſi je ſuis dorénavant le ſeul qui jouiſſe de ton amour. Oui, mon cher, ſi je puis réparer la faute commiſe, je ſerai la plus ſatisfaite du monde. — Cette nuit, mon cher cœur, cette nuit, belle amour, nous la paſſerons enſemble, ſi tu veux ; laiſſe la porte de ta chambre entr’ouverte, j’irai te rejoindre

auſſi-tôt que ta tante ſera couchée. Effectivement elle laiſſa ſa porte demi-fermée ; il m’étoit facile d’y entrer, la chambre où je couchois étoit ſur le même carré. Environ ſur le minuit, je me gliſſai ſans bruit, & me mis à côté de mon amante, où tout auſſi-tôt je me mis à careſſer le réduit de la belle, que je baiſai cent fois. J’attrapai par haſard le centre du plaiſir charmant, & ce, avec mon priape, je parvins en ce même tems à lui faire faire une ample décharge. Elle ne répondait à ce plaiſir que par des tortillemens de reins, des ſoupirs &

Histoire de Marguerite, fille de Suzon, nièce de D** B*****, suivie de la Cauchoise, avec figures.Figure 2.

des hélas. Nous fûmes très-ſatisfaits de cette heureuſe idée, nous fîmes un ſommeil d’environ une heure au bout de laquelle je me réveillai. Ma belle enfant tenoit encore mon v.. qui étoit roide comme une barre ; je l’eus bientôt amollit dans la fontaine du plaiſir : après ſept aſſauts des plus vifs & des mieux combinés, mon amante gagna le champ de bataille. Au point du jour je la quittai & je me fus mettre dans mon lit où je n’eus pas beſoin d’être bercé pour m’endormir.

La peur que j’avois qu’on ne fût inquiet au logis de mon pere, m’obligea de partir & d’en faire confidence à la belle.

À cette nouvelle elle ne put retenir ſes larmes, en apprenant qu’il falloit partir. Ah ! mon cher Dubois, tu vas me quitter, tu vas peut-être voler dans les bras d’une autre : ne m’abandonne pas, mon bijou, je t’aimerai juſqu’à la mort ; les dieux qui m’y engagent ſont témoins de ma fidélité ; & nous nous ſéparâmes. Elle me reconduiſit fondant en larmes. Elle reſta trois jours chez ſa tante, & ces trois jours furent pour elle & pour moi trois ſiecles ; elle arriva enfin ; je trouvai le moyen de parvenir dans ſa chambre. Que penſes-tu, lui dis-je, belle enfant ! — Ce que je penſe, me dit-elle, je penſe à la conſtance de mon amant, & la liberté que nous avons dans ce moment, m’engage de te ſolliciter à paſſer un moment agréable ; profite de ma tendreſſe… Je me déshabillai entiérement, j’appuyai enſuite l’aimable poulette ſur le bord de ſon lit ; je mis ma cuiſſe gauche contre la ſienne ; mon v.. rampant ſur ſa cuiſſe droite, ne reſpiroit qu’après le divin bonheur. Je portai ma main au précieux endroit ; avec mon doigt major, j’émouſſai la languette ; elle étoit prête à déchar... lorſque ſon papa entra bruſquement. Ah, ciel, que vois-je ! Ah, ah, ma fille, vous nous déshonorez ! Et vous, malheureux, qui êtes-vous, & qui vous a rendu ſi hardi de venir ravir la pudeur de mon enfant ? En parlant de la ſorte, il tomba en fureur ſur moi, en me traitant d’importance. Je m’habillai & m’en fut très-mal à mon aiſe, laiſſant la pauvre enfant qui fondoit en larmes. Dès le lendemain elle fut conduite aux Filles-Dieu, rue Saint-Denis. Quelle fatale aventure ! O dieu que vai-je devenir ! — J’ai reſté environ deux mois en proie à ces penſées, lorſqu’il me vint à l’idée de m’habiller en prêtre ; ce que j’exécutai. Je me préſentai au parloir & y demandai à parler à la jeune Marguerite. On la fit venir. À ſon aſpect je faillis de mourir. Elle de ſon côté me reconnut : ſon viſage devint pâle comme la mort. Comme c’eſt bon à faire & à continuer ces jeux de déguiſement, me dit-elle, je ſouhaite qu’ils durent. Nous reſtâmes plus d’un quart-d’heure ſans proférer une ſeule parole ; cependant, reprenant nos ſens, je lui demandai ſi quelque dévote ne nous épioit point ? Non, dit-elle : hélas ! mon cher Dubois, je meurs de ſouci & de peines. Me voyant éloignée de toi, que faut-il devenir ? Je ne paſſe point de nuits ſans penſer à nos plaiſirs ; je ſuis, mon cher, tourmentée d’une paſſion qui me dévore : ſi je n’avois ma ſœur Anne qui eſt ma compagne de nuit, qui appaiſe de tems-en-tems les rapidités de ma brûlante flamme, je ſerois bientôt réduite dans le tombeau : tantôt cette chere bienfaitrice vient coucher avec moi, & tantôt je vais avec elle des ſept ou huit jours. Après que je fus entrée dans cet endroit, elle ſe faufila dans ma chambre & ſe gliſſa par la ruelle de mon lit, en me diſant tout bas : n’ayez point peur, je viens vous conſoler ; oui, mon bijou, j’eſpere que vous ne ſerez point fâchée de me connoître ; en même tems elle ſe gliſſe dans les draps, elle étoit toute nue, même ſans chemiſe. Elle ne fut pas plutôt à mes côtés, qu’elle paſſa ſa main ſur ma moniche, en m’adreſſant ces mots : ne craignez rien ma bonne amie, je vais vous procurer un doux plaiſir qui ſûrement vous a été inconnu juſqu’à ce moment ; ſouffrez, mon cœur, ſouffrez mes careſſes : elle ſe donna elle-même la peine de me défaire ma chemiſe ; elle paſſa ſa cuiſſe gauche entre mes cuiſſes, & me rangea de façon que nos deux moniches ſe trouverent étroitement ſerrées ; elle mit sa main gauche ſur mon épaule droite, & dans cette attitude elle frotta ſon c.. contre le mien, en me diſant : ah ! mon petit mari, quel plaiſir nous allons goûter… Déchar.., déchar.. mon poupon, dé-charge vîte, allons vî-î-îte, ma-a-man… quel plaiſir ! Dans ce moment elle ſe pâma. Je ſentis tout auſſi-tôt ma moniche humectée d’une liqueur chaude. Revenue à elle-même, elle patina mes tetons, & me frotta tant qu’elle parvint à me donner le plaiſir que je deſirois, mais bien différent de celui que j’ai goûté dans tes bras, mon cher Dubois. Ma ſœur m’ayant quitté avec toute la ſatisfaction poſſible, ne manqua pas de venir me joindre le lendemain, & pour couper court, elle me mit dans une attitude aſſez plaiſante pour ne pas dire extraordinaire. Elle paſſa ſa jambe gauche ſur mon épaule droite & ſa droite ſur ma gauche ; mon corps & mes membres ſe trouvoient par cette jolie invention dans la même poſture des ſiens ; enſuite elle me ſerra étroitement de ſa main gauche ; elle prit ma moniche de la droite, & moi je pris la ſienne. Elle mit le doigt ſur ce petit tréſor de la volupté & m’ordonna de faire… J’exécutai ſes leçons à merveille, ſon petit branle fut fini avant le mien, & nous goûtâmes ce même plaiſir de la veille. Qui diroit, mon cher, que dans un ſaint lieu comme celui-ci, il s’y commet pareille choſe ? On a bien raiſon de dire qu’un couvent de religieuſes ne vaut guere mieux qu’un couvent de la Voiſ[illisible]..

Dans ce ſaint lieu, nous banniſſons le chagrin : faute de v.. nous nous ſervons de la main, ou quand les godemichés ſont à notre pouvoir, on ſe l’enfonce dans la moniche, chaque ſœur s’en fait un devoir.

Dubois meurt dans cette entrefaite, & Marguerite languit quelque tems ; elle fait enſuite la conquête d’un milord qui lui a donné bien des guinées : nous en parlerons par la ſuite ; mais il faut auparavant vous donner, ami, la ſatisfaction d’écouter une petite piece de vers de la main de Dubois ; il n’y a ni points, ni virgules, ni échelles aux vers ; mais par ſa ſingularité, cette piece pourra peut-être vous faire rire ; elle paroît une jalouſie qu’il a conçu contre le chevalier de ***, voyant que par ſes jeux il fout ſon agnès, ou pour mieux dire, qu’il pouvoit être maquereau comme ſon oncle, par rapport à Marguerite. Vous allez voir par la piece qui ſuit.

Affreuſe image du trépas,
Marguerite d’un triſte bonheur tu m’as fardé !
Surprenante horreur je ſuis vérolé ;
Eh ! non P.... tu ne le diras pas,
Oui, je t’ai mal enviſagé.
Hélas ! mon peu d’éloignement,
Je te mépriſe bien ſouverainement ;
Mais, mon dieu, je n’ai plus de courage,
Malgré tous les remedes mis en uſage,
J’ai touché à mon dernier moment.
Seul ici & de toute part
À mon deſtin abandonné,

Ici dont je n’ai plus que la vérole & ſuis criblé.
Seigneur ſur moi jetez vos regards
L’attente de la mort de tout mon cœur s’empare ;
Je n’ai plus rien à conſidérer,
Pourtant cette gar.. oſe encore ſe figurer
Qu’elle donne à N. ce qu’elle lui prépare ;
Et je la trouve d’autant plus barbare,
Que je voudrois être le ſeul vérolé.


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