Histoire de Jonvelle/Demangevelle


DEMANGEVELLE


Demangevelle est écrit dans les vieux titres Dominica villa, Diemencheville. Il était compris dans la ligne stratégique qui appuyait Jonvelle, pour couvrir notre province au nord-est, de Passavant à Chauvirey. Son château, bâti sur un plateau rectangulaire de la colline, avait une enceinte de solides murailles, protégées d’un côté par l’escarpement, et couvertes du côté accessible par un fossé large et profond. A ses angles, la forteresse était flanquée de quatre tours massives, dont les créneaux élancés défiaient l’ennemi et maintenaient dans l’humble soumission les serfs établis au pied des redoutables remparts. Un parapet en pierre, crénelé ou percé de meurtrières, couronnait les courtines. Au centre s’élevait le donjon, et contre les murs d’enceinte s’adossaient les autres corps d’habitation. Trois de ces tours étaient rondes ; la quatrième, d’une construction plus antique, avait la forme carrée et six étages. A l’intérieur était la chapelle Sainte-Anne, dont la cloche argentine tantôt appelait à la prière, tantôt sonnait le tocsin des combats. Telle fut, pendant sept siècles, la demeure des seigneurs de Demangevelle, tous vassaux de la châtellenie de Jonvelle, et recrutés tour à tour dans les nobles maisons de Cantecroix-Lomond, de la Chassagne, de Vy, de Cicon, d’Haraucourt, de Gevigney, de Bourbévelle, de Richecourt, de Lénoncourt, du Châtelet, de Livron, de Vienne, de Clermont-Tonnerre, etc. Tel fut aussi l’asile où les habitants d’Hurecourt, de Melincourt et de la Basse-Vaivre venaient se réfugier et monter la garde, en temps d’éminent péril.

Dès l’année 1257, les trois frères Eudes, Henri et Pierre de Demangevelle se font connaître par leur magnificence envers l’abbaye de Clairefontaine. Thomas et sa fille Elisabeth, mariée à Foulques de Melincourt, continuent à l’envi ces pieuses traditions de famille (1258-1270).

Selon l’usage féodal suivi dans la transmission des fiefs par héritage ou autrement, Elisabeth de Jonvelle fit hommage de ses fiefs au comte de Bourgogne en cette manière :

« Je Isabeal, dame de Jonville sur Sone, fais savoir à tuiz que je tiens en fiez et en homage de Mons Hugon, conte de Bourgoigne, et de Madame Alis, contesse de Bourgoigne, sa femme, Jonville, Corre, Ormoy, et ce que l’on tient de moy à Worbévelle, et ce que l’on tient de moy à Raincourt, la garde de Clairefontaine et des granges qui sont de la garde de Jonville ; tout ce que je ay à Vougécourt, et ce que l’on tient de moy à Villers le Patel, et ce que l’on tient de moy à Diemencheville, la garde d’Enfonville, la garde de Saponcour, et ce que l’on tient de moy à Contréglise et la garde d’Eparcé (Epernoux ?). En tesmoignage de laquelle chouse j’ay mis mon seel en ces présentes lettres, et ay fait mettre le seel mons Thiébaud, conte de Bar, et, le seel mons Hugon par la grâce de Dieu abbé de Saint-Vincent, en tésmoignage de vérité, en l’an de l’Incarnation 1263, le mercredi après la Pentecoste (22 mai)[1]. »

La discorde s’étant mise entre Elisabeth et Simon, son fils, sire de Saissefontaine[2], le comte Hugues, la comtesse Alix et Ottenin, leur fils aîné, intervinrent officieusement dans ce démêlé. On décida que les parties s’en rapporteraient à l’arbitrage de Thierry de Montbéliard et de son frère Ame de Montfaucon. L’acte par lequel Elisabeth accepte cette médiation est du 24 juin 1263, et scellé de Hugues, abbé de Saint-Vincent. Reconnaissante pour ce service de la famille souveraine, elle fit don au jeune prince de son fief de Demangevelle, que tenait d’elle Etienne de la Chassagne. « Je Isabey, dit-elle, por mon proffit que je ay prosperez et esgardés, et por la peigne et l’entendue que Othe, filz de noble baron Huguenin, conte palatin de Bourgoigne, et de la noble dame Alix, contesse palatine de Bourgoigne, a miz en mes affaires, ay donné et outtroiez permaignablement à devant dit Othe et à ses hoirs, le fiez de Diemencheville, qui est dou fiez que je tienz dudit conte et de ladite contesse, et vuilz et consens que Estaines, sires de la Chassaigne, entrat en l’homaige à dit Othe, aussi comme il estoit en mien homaige, et que il teigne de luy les chouses devant dites à Diemencheville, et que cil que lesdites chouses tenront, les teignent et repreignent dudit Othe et de ses hoirs, comme l’on les tenoit de moi. Et en tésmoignage, etc. [3]. » La dame de Jonvelle avait encore pour vassaux à Demangevelle, Marie Cornu et Jean de Jussey, qu’elle fit passer également sous la suzeraineté immédiate du jeune Ottenin. Avant cela, cette terre était entre les mains de Guillaume de Cantecroix, seigneur de Lomont, de qui Etienne l’avait obtenue par le mariage de l’un de ses fils avec Alix, fille unique de Guillaume.

En 1290, Demangevelle était possédé par Philippe de Bourguignon (lez Conflans) et par Jean de Blondefontaine, au nom du comte Othon IV. Alix, fille du premier, donna son héritage et sa main à Guy de Vy (1336), qui devint bailli général de Bourgogne (1340-1342).

Un titre curieux de 1384 nous apprend le degré d’esclavage qui pesait sur les populations mainmortables. Les époux Regner et Jeannette, de Demangevelle, sujets des seigneurs de Blondefontaine, s’étaient retirés sur les terres de l’abbaye de Clairefontaine, par dévotion, pour delaisser le monde et faire lour sauvement. Or, Guyot de Blondefontaine, Isabelle, sa sœur, et Marie de Cornot, leur mère, requirent les déserteurs «  de retorner dessoubz lour, au leu de Blondefontenne, en la forme et manière qu’ils estoient par avant lour homes. » Cependant les réclamants finirent par s’adoucir, et ils leur octroyèrent une transaction qui les autorisait, « de grâce espécial, à demourer en ladicte abaye, » et affranchissait, « par bonne et pure quittance, les corps et personnes desdis sujets de la chasce et poursuite qui lour faisoient, devoient et povoient faire[4]. » Ainsi la personne d’un mainmortable, sa famille et même sa descendance, ses biens meubles et immeubles, appartenaient tellement au seigneur, que non seulement il pouvait les donner ou les vendre à son gré, mais encore, en cas de désertion, il avait sur eux le droit de suite, c’est à dire le droit de les faire saisir partout et de les ramener de vive force à leur glèbe malheureuse. « Dans les siècles suivants, dit M. Longchamps[5], les progrès de l’organisation communale emportèrent rapidement les mailles du réseau féodal et contribuèrent à l’amélioration du sort des serfs. Là même où les seigneurs, peu touchés de l’exemple venu du trône, persistaient à refuser à leurs sujets des lettres d’affranchissement, le régime du servage devenait plus tolérable à mesure que les conquêtes de l’esprit de liberté le reléguaient dans un cercle plus restreint. De sorte que les villages tenus en mainmorte n’étaient plus que de rares exceptions au commencement du dix-huitième siècle. »

En 1385, Guy de Vy-Demangevelle fit hommage de sa terre de Demangevelle au comte de Bourgogne. Mais son esprit guerroyeur et aventurier faillit la lui faire perdre, cinq ans après. Sur la fin de 1390, malgré son grand âge, il se mit à la tête d’une troupe de chevaliers comtois, parmi lesquels se trouvaient Jean d’Oiselay, Garnier de Pesmes, Huguenin de Montureux, Jean et Philibert de Raincourt, et il les conduisit en partisans sur les terres du duc de Lorraine. La tentative échoua : un grand nombre des siens furent faits prisonniers, et les autres battirent en retraite avec lui. Le duc de Bourgogne, indigné de la conduite de ses gentilshommes et poussé par les plaintes de son féal et amé cousin Charles de Lorraine, manda auprès de lui le sire de Demangevelle. Après l’avoir rappelé au devoir, il lui fit promettre de s’obliger solidairement avec ses complices à s’abstenir désormais de pareilles entreprises. Tous acceptèrent l’engagement par des lettres revêtues de leurs sceaux et de celui de la cour ducale ; et, pour en assurer l’exécution, Philippe le Hardi délégua Jean de Vergy, gardien général de Bourgogne, dont il connaissait le zèle et la prudence. D’un autre côté, Raoul de Coucy, évêque de Metz, Charles de Lorraine, Robert, comte de Bar, les échevins, les treize jurés et toute la communauté de cette ville, firent entre eux un pacte d’alliance offensive et défensive, pour préserver leurs provinces respectives des courses dévastatrices que des voisins se permettaient ainsi, contre le droit des gens et la foi des traités (1391).

Guy de Demangevelle reçut, en 1395, l’hommage de Geoffroy de Raincourt et de Jean de Jussey, pour ses fiefs de Scye et de Combergeon. L’acte eut pour témoin Pierre de Rupt, prieur de Saint-Marcel. Le seigneur de Demangevelle, presque centenaire, vivait encore en 1405 ; car il figure, à cette date, dans un traité par lequel Antoine de Vergy autorise son épouse, Jeanne de Rigny, à vendre ses droits sur les châteaux de Rigny, Frollois, Richecourt, etc., à qui bon lui semblera.

Philippe de Vy, successeur de Guy, son père, dans la seigneurie de Demangevelle, n’était plus en 1426. Marie, sa fille unique, avait épousé Jean de Cicon, fils de Guyot de Cicon et de Huguette de Gevigney. C’est par ce mariage que Demangevelle passa dans la maison de Cicon, déjà établie, depuis le douzième siècle, à Purgerot, à Augicourt et en d’autres lieux du voisinage. En 1394, Jean de Cicon fut mandé par Jean de Vergy, maréchal de Bourgogne, avec Jean d’Etrabonne et plusieurs autres chevaliers, pour marcher contre le sire de Beaujeu, dont les courses ravageaient le Comté.

Didier de Cicon, fils du précédent, fut l’un des plus illustres chevaliers de son temps. Il débute dans l’histoire par des actes de bienfaisance envers l’abbaye de Cherlieu, en lui cédant ses droits à Betaucourt sur la succession de Liébaud de la Grange (1401). Douze ans plus tard, il fut convié par le bailli d’Amont, avec Jacques de Montigny, abbé de Cherlieu, et Aimé de Vaudrey, prieur de Saint-Marcel, pour juger les délinquants dont se plaignait le bailli de Chaumont. C’étaient des gens du ressort de celui-ci, qui se donnaient licence de porter leurs pénates à Demangevelle et à Magny. L’officier champenois requit son collègue de lui faire payer par les fugitifs son droit de geline, avec promesse de lui rendre au besoin le même service.

En 1413, il était mandé à Montereau par la duchesse de Bourgogne, avec les sires de Chauvirey, de Ray, de Pesmes et autres vassaux du Comté, pour résister aux entreprises des Armagnacs et des Anglais, dans les environs de Paris. En 1414 et 1417, Didier de Cicon servait comme chevalier banneret dans l’armée de Bourgogne, sous les ordres de Jean de Vergy[6]. En 1423, il fait hommage au duc de Bourgogne, et dans son dénombrement il mentionne son château de Demangevelle avec les dépendances, et trente-cinq sujets avec leurs familles et tènements, taillables à merci deux fois l’an, mainmortables, justiciables et grevés de trois corvées et de trois charretées. Il énumère de plus les fiefs ou arrière- fiefs de Bourbévelle, Raincourt, Navenne, Rancenière, Purgerot, Gevigney, Mercey, Bougey, Oigney, Jussey, Argillières, Bourguignon, Montbarrey, Saules, Grenant, etc. Adeline de Faverney relevait aussi de lui pour la huitième partie des bois de Demangevelle et le cours du Coney. Exécuteur testamentaire de Marguerite d’Oiselay (1426), témoin d’une reprise de fief de Philibert de Poinctes-Gevigney envers Etienne, abbé de Cherlieu (1427), témoin du contrat de mariage de Pierre de Beaujeu avec Jeanne de Montot (1436), il fit voir en toutes ces occasions de quelle considération il jouissait parmi ses contemporains. Après la guerre de la succession de Lorraine, René d’Anjou lui paya mille francs d’indemnité (1433), pour les dégâts commis sur ses domaines, pendant la trêve, par Jean de Nancy, seigneur de Lénoncourt et gendre d’Erard du Châtelet[7]. En 1440, Didier de Cicon et Philippe de Vaudrey, bailli d’Amont, furent nommés conservateurs des frontières du Comté en regard de celles de Lorraine[8]. A la fin de sa glorieuse carrière, Didier ordonna par son testament (1458) la fondation d’une chapelle dans l’église de Cherlieu, suivant l’intention de son épouse défunte, Béatrix de Villersexel. Il mourut cinq jours après et fut inhumé dans la salle capitulaire de cette abbaye. Sa tombe le représentait en habit de guerre, avec cette inscription :

« Cy giest noble chevalier messire Didier de Cicons, seigneur de Gevigney et de Demangevelle, qui trespassa le XXV. jour de janvier, l’an Mil CCCCLVIII.  »

L’épitaphe de sa femme, enterrée sous la même pierre, était ainsi conçue :

« Cy giest noble dame dame Bietris de Vilersesels, femme dudit seigneur. Elle trespassa le XXV jour de juillet, l’an Mil CCCCLIIII. Dieu ait leurs âmes. Amen.  »

Didier de Cicon laissait deux fils, Guillaume et Henri. Jean, son aîné, était mort la même année que sa mère, et sa dépouille mortelle avait reçu la même sépulture. Guillaume eut la seigneurie de Demangevelle, Henri, celle de Rancenière, et Guy, leur neveu, celle de Gevigney. Du vivant de leur père, Guillaume et ses frères avaient assisté à l’installation de Ménard de Saint-Quentin, archevêque de Besançon, avec Jean de Lambrey, Jean de Poinctes, Viennot de Buffignécourt et quantité d’autres chevaliers (1440). Le même Guillaume épousa Catherine d’Haraucourl-Chauvirey, dame de Richecourt du chef de Jean, bâtard de Vergy, son premier mari (1458). Quelques années plus tard, pour indemniser ses sujets de Demangevelle des maux que la guerre leur avait causés, en particulier de l’incendie de leurs maisons, il les affranchit de la mainmorte, à condition qu’ils rebâtiraient et maintiendraient leurs habitations auprès du château (1471) [9]. Son épouse mourut en 1489 et fut inhumée dans la chapelle seigneuriale de Demangevelle, avec cette épitaphe :

« Hic jacet nobilis domina Catharina de Haraucour, domina Villœ Dominicœ, quœ obiit XX. novembris, anno M.CCCCLXXXIX.  »

Cependant elle avait d’abord eu l’intention de recevoir la sépulture à Cherlieu, comme le prouve l’inscription suivante, que l’on y voyait :

« Cy gist haulte et puissante dame dame Katerine de Haraucour, à son vivant femme de hault et puissant seigneur messire Guillaume de Cicons, chevalier, dame de Cicons, Demoingevelle, Beaume, Cusey, Richecour, qui trespassa l’an M… »

Guillaume de Cicon-Demangevelle, mort avant son épouse, laissa quatre enfants, entre autres Bonne, qui épousa Nicolas ou Colard du Châtelet, seigneur de Vauvillers (1487), et lui offrit en dot la terre de Demangevelle, avec onze cents livres de rente à prendre sur Corre et en Lorraine, sur les domaines de Serécourt, Tignécourt, Saint-Julien, Ische, Provenchères, Fresne, Ainvelle, Frain, Lamarche, etc. Son mari lui assura de son côté deux mille livres de revenu sur Vauvillers. Erard du Châtelet, leur fils, marié à Nicole de Lénoncourt en 1512, et mort en 1555, repose dans l’église de Vauvillers[10].

Nicolas, fils du précédent, seigneur de Demangevelle, Vauvillers, Montureux-sur-Saône, Ville-sur-Illon, Ische et Magnières, reçut le privilège de battre monnaie. Il avait épousé à Vesoul Elisabeth d’Haraucourt (1543). Il mourut glorieusement à la bataille de Dreux, livrée contre les huguenots (1562), et fut enterré dans le chœur de l’église de Vauvillers, où l’on voyait sa statue équestre. Avant son départ pour la campagne (1560), il avait réglé plusieurs dispositions testamentaires en faveur des églises et des curés de toutes les paroisses de ses propriétés. Les curés de Vauvillers, de Demangevelle et de Montureux reçurent chacun cinquante sous tournois, à charge de chanter le Libéra et de réciter le De profundis pour lui, tous les dimanches. Le don fait à chaque église fut de cent sous.

Nicolas du Châtelet ne laissait pas d’enfants ; il institua pour héritiers Nicolas de Vienne, fils de sa sœur Claude, mariée à Claude de Vienne, et Nicolas de Livron, fils de Bonne, son autre sœur, et de François de Livron-Bourbonne[11]. C’est ainsi que la terre de Demangevelle passa aux maisons de Vienne et de Livron. En 1583, Erard de Livron, seigneur de Bourbonne, et Marc de Vienne, seigneur de Vauvillers, donnent leur dénombrement au roi d’Espagne, comte de Bourgogne, pour le fief de Demangevelle, qu’ils possédaient par indivis. Dans ce titre, ils énumèrent toutes les constructions du manoir : deux grosses tours rondes reliées entre elles par un corps d’habitation, une autre tour carrée à six étages, des galeries en pierre à claire voie, un donjon, des murailles, des fossés larges et profonds, un pont dormant, un pont à planchettes, et un portail en boulevard. Le seigneur possède à Demangevelle, à Hurecourt et à la Basse-Vaivre, la totale justice, les trois quarts des grosses dîmes, dont le reste appartient à Clairefontaine, la dîme entière sur les pois, les lentilles, le millet, le vin, le chanvre et le lin, le droit de couper du bois dans les forêts d’Ormoy et dans celle de la Rièpe de Montdoré, pour l’entretien du château de Demangevelle. Les fiefs relevant de celui-ci étaient alors le château de Menoux, tenu par Antoine de Malains, du chef de son épouse Barbe d’Aubonne, la seigneurie de Montbarrey (Jura), le four banal de Jussey, les terres que Philippe de Bourbévelle avait à Corre, la terre de Jean d’Amance à Chargey, celle de Jean de Boigne à Magny, celle de Nicolas de Montagnon, enfin la pêche du Coney, depuis l’embouchure du ruisseau de Vougécourt jusqu’au ruisseau de Fameuse[12].

En 1629, Demangevelle était tenu par Aymon de Myon et Jean de Lambinet. Celui-ci dut fournir 45 francs au ban de milice pour la présente année, et l’autre 6 francs : c’était le dixième de leur revenu dans cette terre.

Le château de Demangevelle fut rasé par Grancey, en 1641, après la destruction de Jonvelle. Il n’en reste plus que la base d’une tour, ayant encore quinze mètres de hauteur. Au dix-huitième siècle, la terre de Demangevelle passa des seigneurs de Vauvillers et de Bourbonne à la marquise de Viéville. Ce village, qui avait quatre-vingt-deux feux en 1583 et quatre-vingts en 1644, en a deux cent vingt aujourd’hui.

L’église de Demangevelle, dédiée à saint Remi, était autrefois sous le patronage de l’archevêque de Besançon. Elle a été consacrée en 1493 par Odot Tranchet, évêque de Tibériade, de l’ordre des Carmes. Le plein-cintre, orné d’une triple archivolte, qui décore la porte d’entrée, les modillons des corniches et certaines formes architecturales du chœur, indiqueraient assez l’époque romane ; mais le monument a subi des modifications successives qui en ont dénaturé le caractère et l’unité. Outre Catherine d’Haraucourt, cette église reçut encore sous ses dalles funèbres les morts les plus illustres appartenant à la famille des seigneurs du lieu.

  1. Cartulaire de Bourgogne, tome VIII, et chambre des comptes, cote 5, 91
  2. V. page 74
  3. Cartulaire de Bourgogne
  4. Archives de la Haute-Saône, H, 360
  5. Glanures
  6. B. PLANCHER, III, 382 et suiv
  7. V. page 387
  8. V. page 125
  9. Histoire des sires de Salins, 1, 129
  10. Histoire des sires de Salins, I, 134 et suiv.
  11. Histoire de la maison du Châtelet, pag. CLXX et suiv
  12. Chambre des comptes, registre 23, fol. 153