Histoire critique de l’établissement de la monarchie françoise dans les Gaules/Livre 3/Chapitre 6

LIVRE 3 CHAPITRE 6

CHAPITRE VI.

Egidius refuse de reconnoître Severus pour Empereur. Rétablissement de Childéric.


Il est évident par la narration de Priscus Rhetor, qu’Egidius ne voulut jamais reconnoître Severus et qu’il persista toujours dans sa révolte, puisqu’il n’y eut que les affaires que les Visigots donnerent dans les Gaules à ce maître de la milice, qui l’empêcherent de descendre en Italie pour y faire la guerre contre le nouvel empereur. D’ailleurs nous verrons encore qu’Egidius peu de mois avant sa mort, envoya des personnes de confiance traiter avec les vandales d’Afrique, pour lors les ennemis déclarés de Severus et de tout son parti. Mais, dira-t’on, Egidius ne se fit point proclamer empereur ? Il est mort maître de la milice ? Sous les auspices de quel prince commandoit-il les troupes que la république avoit dans les provinces obéissantes de la Gaule ?

Je réponds que la connoissance que nous avons de ce qui s’est passé dans les Gaules sous le regne de Severus est si bornée, qu’on ne doit pas être surpris que nous ignorions de quel prince Egidius s’avoüoit sujet, quoique nous voyons bien qu’il ne reconnoissoit pas l’empereur de Ricimer. Peut-être qu’Egidius aura imité l’exemple de quelques officiers de l’empire servans dans les Gaules, et qui ne voulant pas d’un coté continuer à obéir au prince regnant actuellement, et n’étant point résolus d’un autre côté à proclamer un nouveau souverain, firent prêter à leurs troupes le serment militaire au nom du senat et du peuple romain. Egidius aura protesté ensuite qu’il ne recevroit les ordres de personne jusqu’à ce que le peuple et le senat eussent été mis en liberté, et qu’ils eussent choisi un maître digne de l’être. Le credit que ses emplois, ses grandes qualités et ses alliances lui donnoient dans les provinces obéissantes, joint à l’autorité qu’il y avoit comme généralissime, auront obligé le préfet du prétoire d’Arles et les autres officiers civils, d’adhérer à son parti. Egidius aura donc jusqu’à sa mort continué à commander dans les Gaules, et à les gouverner au nom du senat et du peuple Romain. Il aura pris la qualité de leur lieutenant géneral. C’étoit ainsi qu’en avoit usé Galba. Quand il se révolta contre Neron ; il ne voulut point d’abord prendre d’autre titre que celui de lieutenant du senat et du peuple Romain. Ce ne fut que dans la suite et après la mort de Neron, que Galba prit le nom par lequel on désignoit alors le souverain. Egidius enfin en aura usé comme en usoit Cluvius Rufus gouverneur de l’Espagne, qui dans le tems qu’Othon et Vitellius se disputoient l’empire, ne mettoit le nom d’aucun des deux à la tête de ses édits : peut-être aussi qu’Egidius aura demandé une commission à l’empereur d’Orient.

Dès qu’Egidius se fut déclaré contre Severus, ou plutôt contre Ricimer, ce dernier n’aura pas manqué de lui susciter dans les Gaules le plus grand nombre d’ennemis qu’il lui aura été possible, et il en aura usé comme ses pareils en usent en des conjonctures semblables, c’est-à-dire, qu’il n’aura eu égard qu’à ses interêts presens, et qu’il se sera peu mis en peine des interêts de l’empire. Il aura donc excité les Visigots à faire la guerre contre Egidius, quoique dans la réalité, cette guerre dût se faire contre l’empire même, puisque suivant le cours ordinaire des affaires du monde, nos barbares devoient demeurer les maîtres des cités qu’ils soustrairoient au pouvoir de ce géneral. Peut-être fut-ce alors, que Gunderic roi des Bourguignons aura été fait maître de la milice par Severus, qui vouloit mettre dans son parti cette nation puissante dans les Gaules, et la faire agir contre Egidius. Le pape Hilaire dit dans une de ses lettres écrite en quatre cens soixante et trois, et un an avant la mort d’Egidius : qu’il a été informé par son cher fils Gunderic maître la Milice, de l’intrusion d’un évêque sur le siege de Die. Ainsi Gunderic doit avoir été maître de la milice avant la mort d’Egidius.

Severus et Ricimer auront encore porté l’Agrippinus dont nous allons parler, et les autres officiers Romains employés dans les Gaules, et sur lesquels ils avoient quelque credit, à se ranger du côté des Visigots. La suite de l’histoire fait même croire que la peuplade d’Alains établie sur la Loire et dont les hostilités avoient obligé Majorien à se mettre en chemin pour revenir en-deça des Alpes, prit aussi dans cette conjoncture le parti des Visigots. Ainsi Egidius pour opposer des alliés à ses ennemis aura recherché les autres puissances des Gaules, et il leur aura representé l’interêt qu’elles avoient d’empêcher que les Visigots qui étoient déja plus puissans qu’aucune d’elles en particulier, ne s’agrandîssent encore. Egidius né Gaulois, et pour lors l’honneur de son pays, n’aura point eu de peine à obtenir des Armoriques qu’ils se confédérassent avec lui. La situation où étoit au commencement de l’année quatre cens soixante et deux l’intérieur des Gaules, suffiroit seule donc pour faire paroître vraisemblable le plan que je donne de la ligue et de la contre-ligue qui s’y firent alors, mais j’ose dire que le peu que nous sçavons concernant les évenemens de la guerre dont ces associations furent suivies, et que je rapporterai quand j’aurai raconté le rétablissement de Childéric, persuadera que ce plan est véritable.

Comme le rétablissement de Childéric se fit au plus tard au commencement de l’année quatre cens soixante et trois, ainsi que nous allons le faire voir : ne peut-on point penser qu’il ait été l’un des moyens qu’Egidius crut devoir employer pour s’assurer encore davantage des Francs Saliens dans les conjonctures fâcheuses, où il se trouvoit en quatre cens soixante et deux ? Egidius en donnant les mains ou même en procurant le rétablissement de ce prince, s’attachoit un jeune homme brave, courageux, roi d’une des plus puissantes tribus des Francs, et généralement estimé dans toute sa nation.

Gregoire de Tours immédiatement après le récit de la destitution de Childéric qu’on a lû ci-dessus ; ajoûte : « Il y avoit déja près de huit ans qu’Egidius regnoit sur les Francs, lorsque l’ami fidele de Childeric ayant ramené sans faire aucun éclat, les esprits en faveur de ce Prince, il lui fit tenir la moitié du sol d’or partagé en deux. Childéric ayant appris par là que les Francs souhaitoient son retour, il partit du pays des Turingiens, & il revint dans son Royaume, où il rentra en exercice de son autorité. Tandis qu’Egidius & lui, ils gouvernoient de concert, la Reine Basine, dont il a déja été parlé ci-dessus, abandonna son mari, & s’en vint trouver le Roi des Francs, qui ne put s’empêcher de lui demander, pourquoi elle avoit quitté une Couronne aussi considerable que celle qu’elle venoit d’abandonner. On prétend qu’elle répondit : Parce que je vous connois pour homme d’honneur, de courage & digne enfin de tout mon attachement. S’il y avoit eu au monde un Prince qui l’eût mérité davantage, j’aurois été le chercher au-delà des mers. Childéric flatté par cette réponse, épousa Basıne qui mit au monde Clovis, Roi li vanté pour la valeur & pour ses autres vertus. »

Voilà le récit de Gregoire de Tours qui ne contient rien que de plausible. Il est vrai que les écrivains des siecles postérieurs y ont ajouté plusieurs circonstances difficiles à croire. Ils disent qu’Egidius s’opposa les armes à la main au rétablissement de Childéric, et que ce ne fut qu’après qu’il y eut eu beaucoup de sang de versé que ce rétablissement se fit. Il faut tomber d’accord en premier lieu que tous ces détails paroissent être contre la vraisemblance, lorsqu’on fait attention aux affaires qu’avoit alors Egidius. Aussi je n’en crois rien, et je m’en tiens à la narration du pere de notre histoire, qui fait connoître que Childeric remonta sur le trône sans coup férir. Non-seulement Gregoire de Tours ne dit rien de ces prétendus combats, dont cependant il auroit dû parler s’ils eussent été vrais, mais il dit positivement que Childéric après son rétablissement vêcut en bonne intelligence avec Egidius, et que l’un et l’autre ils gouvernerent de concert. Nous avons dit dans notre discours préliminaire que Frédegaire, de qui nos autres écrivains ont copié les fautes, avoit mal entendu, la premiere fois qu’il avoit lû Grégoire de Tours, le dix-huitiéme chapitre du second livre de son histoire, et que cet abbreviateur avoit crû mal-à-propos que Gregoire de Tours y parlât de Childéric comme d’un prince actuellement en guerre avec les Romains. Nous avons dit aussi que ce qui devoit être arrivé de là, c’est que Frédegaire, lorsqu’il s’étoit mis dans la suite à faire son abregé de Gregoire de Tours, eût, plein qu’il étoit de l’idée qu’il s’étoit faite de Childéric, alteré plusieurs endroits de son original où il est fait mention de Childéric ; et que cet auteur eût contre le sens clair de son original, parlé en toute occasion de Childéric, comme d’un ennemi déclaré des Romains. Ainsi Frédegaire en abregeant à sa maniere le douziéme chapitre de l’histoire de Gregoire de Tours, aura mis dans son abregé tout ce qu’on y lit concernant la guerre prétenduë de Childéric avec Egidius, et qui ne se trouve pas dans le texte de Gregoire de Tours. Frédegaire n’aura pas pû concevoir qu’Egidius eût souffert sans tirer l’épée le rétablissement de Childéric son ennemi. On sera encore plus disposé à croire que j’ai raison, lorsqu’on aura lû ce que je dirai à quelques pages d’ici sur le dix-huitiéme chapitre du second livre de Grégoire de Tours.

Une des additions faites par Frédegaire au récit du rétablissement de ce prince tel qu’il se lit dans Gregoire de Tours, c’est l’histoire d’un prétendu voyage de Childéric à Constantinople, pour y solliciter l’empereur de le rétablir, et celle du retour de Childéric dans les Gaules sur une flotte que lui prêta Maurice qui selon notre auteur, regnoit dans ces tems-là sur le partage d’Orient. Que penser de la capacité de l’abbréviateur et par conséquent des circonstances qu’il a le premier ajoutées à la narration contenuë dans l’histoire ecclesiastique des Francs, quand cet écrivain a ignoré que Maurice ne monta sur le trône de Constantinople, qu’un siécle après la mort de Childéric ? Cette supposition n’est donc propre qu’à montrer, qu’on ne doit aucune croyance aux circonstances que Frédegaire ajoute au récit de Gregoire de Tours. Tout ce qu’elle peut prouver de plus, c’est, comme nous aurons occasion de le dire encore plusieurs fois, qu’on pensoit communément dans les Gaules durant le septiéme siécle, et quand l’abbreviateur a écrit, que pendant le cinquiéme siécle les empereurs d’Orient avoient été en droit de se mêler de ce qui se passoit sur le territoire de l’empire d’Occident, et qu’il étoit d’usage pour lors, que les puissances du partage de Rome qui se croyoient lesées, eussent recours à la protection de Constantinople. Notre auteur n’auroit point écrit ce fait supposé, s’il n’eût pas été vraisemblable, suivant l’opinion générale de ses contemporains.

Quoiqu’il en soit, Gregoire de Tours n’est pas responsable de toutes les erreurs qu’on peut avoir ajoutées à son récit de l’avanture de Childéric. Les visions que les écrivains des siécles postérieurs ont cousuës à ce récit, n’empêchent point qu’il ne soit toujours très-plausible, quand on le lit tel qu’il est dans l’histoire de notre évêque. Ainsi de toutes les objections qu’on a faites pour en affoiblir l’autorité, je n’en vois plus qu’une qui mérite que j’y réponde. La voici.

Grégoire de Tours dit qu’Egidius fut assis durant huit années sur le trône de Childéric. Cela ne sçauroit avoir été. Egidius étoit déja certainement maître de la milice, et Majorien étoit déja reconnu dans les Gaules, lorsque les Francs mirent Egidius à la place de Childéric. Cet auteur le dit. Or Majorien ne fut reconnu dans les Gaules qu’à la fin de l’année quatre cens cinquante-huit. Ainsi Egidius ne peut avoir été choisi pour roi par les sujets de Childéric qu’en l’année quatre cens cinquante-neuf. D’un autre côté, il est certain par Gregoire de Tours, que Childéric fut rétabli avant la mort d’Egidius, et il est constant par un passage de la cronique d’Idace qui va être rapporté, qu’Egidius mourut dès quatre cens soixante et quatre, et par conséquent la cinquiéme année après la déposition de Childéric. Idace marque la mort d’Egidius avant celle de l’empereur Severus, mort suivant les fastes de Cassiodore en quatre cens soixante et cinq. Il est donc impossible qu’Egidius ait regné sur les sujets de Childéric, huit ans révolus, ni même huit ans commencés : et l’erreur où Gregoire de Tours tombe sur ce point-là, fait douter de toute son histoire du détrônement et du rétablissement du roi des Saliens.

Je tombe d’accord de tous ces faits qui se prouvent très-clairement par des témoignages incontestables, et que j’ai déja rapportés, ou que je rapporterai dans la suite. Aussi ma réponse sera-t-elle de dire qu’il y a une faute dans le texte de Gregoire de Tours, et qu’au lieu d’y lire, la huitiéme année qu’Egidius regnoit sur les Francs, il faut y lire, la quatriéme année qu’Egidius regnoit sur les Francs.

De quelle raison vous appuyez-vous, me dira-t-on, pour faire une correction qui n’est pas fondée sur aucun manuscrit. Ils portent tous la même leçon. Qui cum octavo anno, etc.

Je m’appuye, repliquerai-je, sur trois raisons. La premiere est la nécessité de concilier Gregoire de Tours avec lui-même et avec Idace, ce qui ne peut se faire autrement. On vient de le voir. La seconde raison, est la facilité avec laquelle la faute, dont il s’agit, se sera glissée dans le texte de l’historien des Francs. Enfin la troisiéme, c’est qu’il se trouve dans l’histoire de Gregoire de Tours d’autres dates qui de l’aveu des sçavans ont été corrompuës. Nous n’accusons ses copistes, que d’un délit, dont pour ainsi dire, ils ont été déja plusieurs fois convaincus juridiquement.

On sçait que dans plusieurs manuscrits anciens de Gregoire de Tours les nombres sont écrits en chiffres romains. Cet évêque avoit donc pû mettre : Qui cum IIII anno, et un copiste aura changé le premier I en un V qui vaut cinq, ce qui aura fait VIII anno, qu’on lit aujourd’hui dans les manuscrits, et même dans les ouvrages des auteurs anciens qui ont suivi notre historien. J’avouë que ma seconde raison ne seroit pas d’un bien grand poids, sans la troisiéme et si les sçavans ne convenoient point unanimement que les copistes ont réellement alteré quelquefois les chiffres dont Gregoire de Tours s’étoit servi pour marquer le nombre des années. Je pourrois citer beaucoup d’exemples de ces altérations reconnuës de tout le monde, mais je me contenterai d’en alleguer deux.

Il est dit dans le second livre de l’histoire de Gregoire de Tours, qu’Euric roi des Visigots, qui mourut vers l’année quatre cens quatre-vingt-quatre, étoit décedé la vingt-septiéme année de son regne. Cependant il est certain qu’Euric n’a jamais regné qu’environ dix-sept ans. Il succeda à son frere Theodoric II. comme nous le verrons, vers quatre cens quatrevingt-quatre. D’ailleurs Isidore de Seville dit positivement qu’Euric regna dix-sept ans ; et Jornandès qui fait regner ce prince quelques mois de plus, dit en comptant par années courantes, qu’Euric mourut la dix-neuviéme année de son regne. Il faut donc absolument que quelque copiste ait changé XVII en XXVII par l’insertion d’un X et il faut encore que cette faute ait été faite peu de tems après Gregoire de Tours, puisqu’elle se trouve dans tous les manuscrits. Il y a même eu, suivant l’apparence, plus d’un chiffre numeral d’alteré dans le chapitre de Gregoire de Tours, où il est parlé de la mort d’Euric.

Nous lisons encore dans un autre chapitre du même livre de l’histoire de Gregoire de Tours, que Clovis mort certainement en cinq cens onze, déceda la onziéme année de l’épiscopat de Licinius, évêque de Tours. Cependant, comme le remarque très bien Dom Ruinart, il est impossible que l’année de Jesus-Christ cinq cens onze fut la onziéme année de l’épiscopat de Licinius. Il faudroit pour cela que Licinius eut été élû en l’année cinq cens. Or cela ne sçauroit avoir été suivant la cronologie des évêques de Tours que notre historien donne lui-même dans son dixiéme livre. D’ailleurs, il est constant par les actes du concile d’Agde que Verus le prédecesseur de Licinius sur le siége de Tours, remplissoit encore ce siege en cinq cens six. Le diacre Leon souscrivit au nom de Verus les actes de ce concile tenu dans Agde cette année-là. La leçon de ce passage qui est la même dans tous les manuscrits est donc certainement vitieuse, d’autant plus que nous verrons en parlant de l’entrée de Clovis dans la ville de Tours, que Licinius ne fut fait évêque de cette ville là, qu’en cinq cens neuf. Ainsi la faute qui est constante, consiste probablement dans la substitution d’un X à la place de deux II. On aura fait de cette maniere du nombre trois le nombre XI. Si l’on n’a point fait ces fautes, on en aura fait d’autres équivalentes. Le même copiste qui a par mégarde alteré le texte du chapitre vingtiéme et du chapitre quarante-troisiéme du second livre de l’histoire de Gregoire de Tours, peut bien avoir interpolé aussi le douziéme chapitre de ce même livre, en y formant un V pour un I et les mêmes raisons qui ont fait passer dans tous les manuscrits les deux premieres fautes, y auront fait passer encore la derniere, celle qui concerne le nombre des années que dura l’exil de Childeric.

Quelques critiques voudroient justifier Gregoire de Tours sur les huit années de regne que son texte donne à Egidius, en supposant qu’Egidius ne fut mort que long-tems après l’année quatre cens soixante et quatre. Leur opinion me paroît insoutenable, parce qu’elle suppose qu’Idace se soit trompé sur la date de la mort d’Egidius qu’il place avant celle de Severus arrivée en 465. N’est-il pas plus raisonnable de supposer que les copistes de Gregoire de Tours ont fait ici la même faute qu’ils ont fait certainement en d’autres endroits, qu’il ne l’est de croire qu’Idace auteur contemporain se soit trompé en plaçant dans sa cronique la mort d’un homme tel qu’Egidius, avant la mort de l’empereur Severus, au lieu de le placer après la mort de ce prince. Cette supposition n’éclaircit la difficulté qu’aux dépens de la réputation d’Idace, et la mienne l’éclaircit aux dépens de la réputation des copistes de Gregoire de Tours. D’autres critiques ont voulu que Childeric fut monté sur le trône beaucoup plûtôt que l’année quatre cens cinquante-six et vers l’année quatre cens quarante-neuf, de maniere qu’il auroit pû être déposé dès l’année quatre cens cinquante-deux, et rétabli dès l’année quatre cens soixante après un exil de huit ans durant lequel Egidius auroit regné sur les Saliens. Mais cette supposition est démentie par l’auteur des Gestes dont nous avons rapporté le texte en parlant de l’avenement de Childeric au trône. Suivant cet auteur, Childeric n’a pas pû commencer à regner avant l’année quatre cens cinquante-sept, puisqu’il comptoit encore la vingt-quatriéme année de son regne, lorsqu’il mourut en quatre cens quatre-vingt-un.