Histoire amoureuse des Gaules/Tome1/Carte du pays de Braquerie


CARTE DU PAYS DE BRAQUERIE [1].

Le pays des Braques[2] a les Cornutes[3] à l’orient, les Ruffiens[4] au couchant, les Garraubins[5] au midi et la Prudomagne[6] au septentrion. Le pays est de fort grande étendue et fort peuplé par les colonies nouvelles qui s’y font tous les jours. La terre y est si mauvaise que, quelque soin qu’on apporte à la cultiver, elle est presque toujours stérile. Les peuples y sont fainéans et ne songent qu’à leurs plaisirs. Quand ils veulent cultiver leurs terres, ils se servent des Ruffiens, leurs voisins, qui ne sont séparés d’eux que par la fameuse rivière de Carogne[7]. La manière dont ils traitent ceux qui les ont servis est étrange, car, après les avoir fait travailler nuit et jour, des années entières, ils les renvoient dans leur pays bien plus pauvres qu’ils n’en étoient sortis. Et, quoique de temps immémorial l’on sçache qu’ils en usent de la sorte, les Ruffiens ne s’en corrigent pas pour cela, et tous les jours passent la rivière. Vous voyez aujourd’hui ces peuples dans la meilleure intelligence du monde, le commerce établi parmi eux, le lendemain se vouloir couper la gorge. Les Ruffiens menacent les Braques de signer l’union avec les Cornutes, leurs ennemis communs ; les Braques demandent une entrevue, sachant que les Ruffiens ont toujours tort quand ils peuvent une fois les y porter. La paix se fait, chacun s’embrasse. Enfin, ces peuples ne se sçauroient passer les uns des autres en façon du monde.

Dans le pays des Braques il y a plusieurs rivières. Les principales sont : la Carogne et la Coquette ; la Précieuse sépare les Braques de la Prudomagne[8]. La source de toutes ces rivières vient du pays des Cornutes. La plus grosse et la plus marchande est la Carogne, qui va se perdre avec les autres dans la mer de Cocuage ; les meilleures villes du pays sont sur cette rivière. Elle commence à porter bateau à

Guerchy[9], ville assez grande, bâtie à la moderne, à une demi-lieue du grand chemin ; mais la rivière, se jetant toute de ce côté-là, sape la terre en sorte que, dans peu, le grand chemin sera de passer à Guerchy. Il y a quelques années que c’étoit une ville de grand commerce. Elle trafiquoit à Malte et Lorraine ; mais, comme elle s’est ruinée par les banqueroutes que les marchands du pays lui ont faites, elle trafique aujourd’hui en Castille[10], dont les marchands sont de meilleure foi.

Plus bas est un grand bourg appelé

Sourdis[11]. Ses maisons, chacune en détail, sont très belles ; en gros, c’est le lieu du monde le plus désagréable. C’est terre d’Église, de sorte que la ville est fort ruinée du passage des gens de guerre. Le seigneur du lieu est abbé commandataire[12], homme illustre qui a passé par tous les degrés et qui a été long-temps archidiacre en plusieurs grandes villes de cette province.

De là vous venez à

Saint-Loup[13], petite ville assez forte, mais plus par l’infanterie qui la garde[14] que par la force de ses remparts.

À trois lieues de là vous trouvez

La Suze[15], qui change fort souvent de gouverneur et même de religion. Le peuple y aime les belles-lettres, et particulièrement la poésie.

Ensuite se voit

Pont-sur-Carogne[16]. Il y a eu long-temps dans cette place deux gouverneurs de fort différente condition en même temps, et qui cependant vivoient dans la meilleure intelligence du monde. La fonction de l’un[17] étoit de pourvoir à la subsistance de la ville, et celle de l’autre[18] étoit de pourvoir au plaisir. Le premier y a presque ruiné sa maison, et l’autre y a fort altéré sa santé. Cette place a eu depuis grand commerce en Flandre[19], et est maintenant une république.

À une lieue de cette ville vous en trouverez une autre que l’on nomme

Uxelles[20]. Quoique le château n’en soit pas fort élevé, la ville néanmoins est fort belle. Si la symétrie y avoit été observée, la nature en est si riche que ç’auroit été le plus beau séjour du monde. Elle a eu plusieurs gouverneurs. Le dernier est un homme de naissance pauvre, mais de grande réputation[21], et qui en a beaucoup acquis dans une autre place sur la même rivière. Cette ville aime fort son gouverneur, jusqu’à engager tous les jours ses droits pour le faire subsister.

À demi-lieue est

Pommereul[22], autrefois si célèbre pour le séjour qu’y a fait un prince ecclésiastique[23]. Dans ce temps-là il y avoit un évêché ; mais, l’évêque se trouvant mal logé, le siège épiscopal fut transféré à

Lesdiguières[24]. Lesdiguières est une ville assez forte, quoique commandée par une éminence[25]. Elle est hors d’insulte, et on ne la sçauroit prendre que par les formes ; mais elle a pourtant été prise et ruinée, comme tout le monde sçait, ainsi que la manière dont elle fut traitée par un homme[26] à qui elle s’étoit rendue sous des conditions avantageuses ; et, voyant qu’il n’y avoit pas de foi parmi les gens d’épée, elle se jeta entre les bras de l’Église, et a pris son évêque pour gouverneur.

Près de là, entre la Coquette et la Carogne, est la ville d’

Étampes, ou Valançay[27], qui est fort ancienne et des plus grosses du pays. C’est une place fort sale et remplie de marais que l’on dit fort infectés par la nature du terroir, qui est putride. Tout y est en friche présentement. La ville étoit belle en apparence ; le peuple n’y étoit pas fort blanc, mais la demeure en a toujours été fort incommode à cause de son humeur, car il est fort inconstant, et surtout querelleux, malicieux et fantasque, avec lequel on n’a jamais pu prendre de mesures certaines. Il y a eu des gouverneurs sans nombre : on y aimoit fort le changement et la dépense. Celui qui l’a été le plus long-temps est un vieux satrape[28], homme illustre qui mourut dans le gouvernement. La ville en fait un deuil continuel, et, depuis ce temps, elle est demeurée déserte. On n’y va presque plus qu’en pèlerinage : aussi ne lui reste-t-il plus maintenant que de vieux vestiges, qui font remarquer que ç’a été autrefois une grosse ville.

À gauche se trouve la ville de

Brion[29], qui a été fort agréable ; mais le grand nombre des gouverneurs l’a ruinée. Toutes ses défenses sont abattues depuis la première fois qu’elle fut prise. C’est aujourd’hui une place à prendre d’emblée. Les avenues en sont assez belles, hormis du côté de la principale porte où il y a un bois de haute futaie sale et marécageux, que le gouverneur n’a jamais voulu faire couper. J’appelle gouverneur celui qui en a le nom, car l’administration de la ville dépend de tant de gens que c’est à présent une république.

Sévigny. La situation en est fort agréable. Elle a été autrefois marchande. Montmoron[30], proche parent du Cornute, en fut gouverneur ; mais il en fut chassé par un comte angevin[31], qui la gouverna paisiblement long-temps, lequel partageoit le gouvernement avec un autre comte bourguignon[32].

D’Harcourt[33] est une ville de grande réputation. Il y a une célèbre université. Les guerres qu’elle a eues depuis long-temps avec un prince des Cornutes ont bien diminué de sa première splendeur. C’est une situation assez pareille à celle de Brion. Le gouvernement est semblable, et c’est un des plus grands passages de Ruffie, chez les Cornutes.—La ville

Palatine est fort connue. Comme il y a longtemps que l’on y alloit en dévotion et que chacun y portoit sa chandelle, on dit que les pèlerins en revenoient plus mal qu’ils n’y étoient allés. C’est une place qui change souvent de gouverneur, d’autant qu’il faut être jour et nuit sur les remparts, et l’on ne peut long-temps fournir à cette fatigue ; c’est pourquoi l’on n’y demeure guères. On remarque une chose en cette ville, c’est que le peuple y est sujet à une maladie qu’ils nomment chaude-crache, contre laquelle on dit aussi qu’ils se servent de gargarismes[34].

Plus loin, sur la Carogne, est la ville de

Chevreuse[35], qui est une grande place fort ancienne, pour le présent toute délabrée, dont les logemens sont tous découverts. Elle est néanmoins assez forte des dehors, mais de dedans mal gardée. Elle a été autrefois très fameuse et fort marchande ; elle trafiquoit en plusieurs royaumes, et maintenant la citadelle est toute ruinée par la quantité des sièges qu’on y a faits pour la prendre. On dit qu’elle s’est souvent rendue à discrétion. Le peuple y est d’une humeur fort changeante et fort incommode. Elle a eu plusieurs gouverneurs, dont le principal a été celui qui a commandé à Puisieux. Elle en est mal pourvue à présent, car celui qui est en charge n’est plus bon à rien[36].

L’Isle est une petite ville dont la situation paroît d’abord avantageuse à cause qu’elle est au milieu de la Carogne ; mais, cette rivière étant guéable de tous côtés dans cet endroit, la place n’est pas plus forte que si elle étoit dans la plaine. Sitôt que vous en approchez, il vous vient une senteur de chevaux morts si forte qu’il n’est pas possible d’y demeurer. Il n’y a personne qui puisse y coucher plus d’une nuit, encore la trouve-t-on bien longue : aussi le lieu s’en va bientôt devenir désert.

Champré[37] est une des plus grosses villes du pays ; elle a plus de deux[38] lieues de tour. Il y a une place au milieu de la ville de fort grande étendue ; elle est située dans un marais qui ne la rend pas pour cela plus inaccessible ; car, comme l’a fort bien remarqué le géographe de ce pays-là, les habitans de cette ville, qui sont gens de grand commerce, ont fait plusieurs levées qui l’ont bien dégarnie.

Arnault[39] est fort semblable à Champré, tant pour la grandeur de sa place que pour sa situation, hors qu’elle est encore plus marécageuse ; mais elle l’est tellement qu’on ne sçauroit davantage. Le gouverneur[40] a grand soin de cette place, car elle lui vaut beaucoup. Il n’y fait pas un pas que ce ne soit patrouille, et, s’il avoit manqué à coucher une nuit sur le rempart, il n’auroit pas le lendemain de quoi dîner, et le second jour il n’auroit pas de chemise. C’est le lieu du monde où l’on fait le mieux l’exercice ; mais aussi c’est le lieu ou l’on est le mieux payé.

De là vous venez à

Cominges[41], Petite ville dont les maisons sont peintes au dehors, de sorte qu’elle paroît nouvellement bâtie, quoiqu’elle soit assez ancienne. Le gouverneur d’aujourd’hui est un vieux satrape de Ruffie[42] qui ne la gouverne que par commission, et qui, à cause de son âge, est toujours à la veille d’être dépossédé. J’ai ouï dire à des gens qui y ont été que la principale porte de la ville est si proche d’une fausse porte qui conduit à un cul-de-sac que bien souvent on prend l’une pour l’autre.

À deux lieues de là vous rencontrez

Le Tillet[43], grande ville ouverte de tous côtés. Le peuple en est grossier, le terroir gras et assez beau ; cependant on remarque qu’un homme raisonnable n’y a jamais pu demeurer deux jours. Mais, comme il y a dans le monde plus de sots que d’honnêtes gens, le lieu n’est jamais vide.

Près de là vous avez

Saint-Germain-Beaupré[44]. C’est là que la Coquette se joint à la Carogne. C’est une ville fort agréable. Le premier gouverneur qu’elle eut étoit un homme du pays des Cornutes[45]. Il s’empara du gouvernement contre son gré, et s’en fit pourvoir en titre d’office. C’étoit un homme fort extraordinaire et tout à fait bizarre à sa façon d’agir. D’abord il voulut changer les plus anciennes coutumes de la ville, et inventoit toujours quelque chose ; entre autres, il déclara un jour qu’il ne vouloit plus entrer que par la fausse porte, et, pour moi, je crois que ce n’étoit pas sans fondement. Mais la ville, jugeant que si cela avoit lieu elle perdroit tous les droits affectés au passage de la grande porte, s’y opposa avec tant de vigueur qu’il ne put parvenir à son dessein. Il fut assez long-temps interdit de sa charge, et depuis même qu’il y a été remis tout s’est fait dans la ville par commission, le gouverneur ayant bâti un château qu’il habite souvent.

Près de là est

Grimaud[46], située au pied des montagnes et qui a donné le nom au Grimaudan. Elle est fort sale, à cause des torrens qui tombent de toutes parts dans la Carogne en cet endroit, ce qui rend cette rivière si trouble qu’on diroit que ce n’est pas la même qui est à deux lieues de là. Au milieu de la ville, elle se cache sous terre par un grand canal que la nature a fait et qu’on appelle vulgairement le Trou-Grimaud, et ne sort qu’à deux lieues plus loin, à savoir, là où elle se jette dans la Précieuse.

À quatre lieues est

Châtillon, grande et belle ville par dehors et mal bâtie en dedans. Les peuples y aiment l’argent. Elle a été si fort persécutée par deux princes qu’elle a été contrainte de se jeter entre les bras de l’Église. Un abbé commandataire en a été gouverneur, mais depuis chassé pour vouloir trop entreprendre sur les priviléges de la ville ; et maintenant il n’y en a plus, car on veut les obliger à servir jour et nuit et à payer la dépense.

La Vergne[47] est une grande ville fort jolie et si dévote que l’archevêque[48] y a demeuré avec le duc de Brissac, qui en est demeuré principal gouverneur, le prélat ayant quitté.

De là vous venez à

Montausier[49], grande ville qui n’est pas belle, mais agréable. La Précieuse passe au milieu, qui est une rivière de grande réputation. L’eau en est claire et nette ; il n’y a lieu au monde où la terre soit mieux cultivée.

Fienne[50] est une grande ville, presque toute délabrée, qui n’est fameuse que par la Carogne, qui passe au milieu. Le séjour en est désagréable, tant pour ce que les maisons y sont anciennes et mal faites que pour ce qu’il y règne une odeur si mauvaise que, quelque intérêt qu’on ait à y demeurer, on est contraint à la fin d’en sortir pour conserver sa santé. Le gouverneur étant un homme de peu de crédit, à qui on a donné le gouvernement par forme, sans l’intrigue des habitants et le commerce qu’ils font avec les Espagnols, cette ville manqueroit bientôt de subsistance.

À quatre lieues de cette ville vous en trouvez une autre bien différente ; elle est sur la Précieuse. C’est une ville fort considérable pour la beauté de ses édifices ; on l’appelle

Olonne. C’est un chemin fort passant. On y donne le couvert à tous ceux qui le demandent, à la charge d’autant. Il y faut bien payer de sa personne, ou payer de sa bourse.

Beauvais[51], sur la Carogne, est une petite ville dans un fond, où l’on ne voit le jour qu’à demi et dont les bâtimens sont très désagréables. Elle a eu néanmoins des gens de très grande condition pour gouverneurs, entre autres un commandeur de Malte, qui y a laissé une belle infanterie. On ne s’étonnera point que des gens de naissance et de mérite se soient arrêtés à un si méchant logis quand on sçaura que ç’a été le principal passage pour aller à la ville de Donna-Anna[52], où tout le commerce se faisoit durant qu’on bâtissoit le fort Louis[53]. Depuis que ce fort est entré dans ses droits, la ville de Beauvais n’a plus eu de gouverneur de marque, mais des gens de basse étoffe et inconnus, que la ville y entretient, quoiqu’elle ne vaille plus la dépense. Ceux-ci ont toujours eu soin de bien maintenir l’infanterie[54].

Guise[55] est une ville sur la Précieuse, assez grande, et où il se trouve de belles antiquités. Plusieurs ont cru que cette place s’étoit gardée par ses forces mêmes ; mais on assure qu’il y a eu un gouverneur[56] comme en titre d’office, qu’on a tenu caché à cause que ses mérites n’étoient point proportionnés à l’importance de la place, d’où il a été chassé parcequ’il ne visitoit plus que de loin à loin la place d’armes. Il y avoit laissé de l’infanterie ; mais, à cause qu’elle étoit plus nuisible qu’utile pour la conservation de la ville, elle en a été chassée et envoyée en Hollande. Il y en a qui disent que la disgrâce du gouverneur est venue de ce qu’il avoit plus d’attache pour la ville de Chevreuse.

Longueville[57] est sur la même rivière que Guise. C’est une ville grande et assez belle. Il y a eu quatre gouverneurs, dont les uns étoient les premiers princes du pays, les autres des plus qualifiés seigneurs après ceux-là[58], dont l’un a failli perdre sa place pour de l’infanterie qu’il y avoit jetée hors du temps, qui a fort endommagé la ville. Elle se gouverne à présent elle-même, et s’est tellement fortifiée[59] qu’il n’y a point d’ennemis si forts qui osent en faire l’attaque.


FIN DU TOME PREMIER.
  1. À la fin de l’année 1654, Bussy servoit sous Conti en Catalogne ; c’étoit le temps où il étoit l’ami du prince et lui donnoit la primeur de toutes ses jovialités. Conti lui demanda de faire pour lui la revue de la Braquerie, c’est-à-dire du corps des galants et des galantes de la cour. Conti lui-même, à ce que disent les Mémoires de Bussy, avoit fait la carte du pays de Braquerie. Toutes ces gentillesses couroient le monde en manuscrit, comme tant d’autres pièces de ce genre. En 1668 seulement fut imprimée, en Hollande, la Carte géographique de la Cour, que nous réimprimons sous le titre que les Mémoires de Bussy lui donnent. Selon toute apparence, c’est à la fois l’œuvre de Bussy-Rabutin et du prince de Conti. M. Bazin ne devoit pas l’attribuer exclusivement à ce dernier, et M. P. Pâris a eu raison de rectifier là-dessus, en publiant à son tour la Carte du pays de Braquerie, les détails du titre que M. Bazin lui imposoit.

    M. Bazin a fait son édition au moyen de la Carte imprimée en 1668 et de deux copies manuscrites qui, comme toutes les copies manuscrites de pamphlets à la mode, présentent quelques variantes. Nous suivons, à peu de chose près, le texte qu’il a donné, et que M. Paulin Paris a mis à la fin du tome 4 de son Tallemant des Réaux. Je n’ai pas cru devoir transcrire ses notes telles qu’elles.

  2. Dames galantes.
  3. Les Maris.
  4. Galants.
  5. Ou Garsentins.
  6. Le pays de la Pruderie.
  7. La Galanterie éhontée.
  8. Ici M. Bazin avoit adopté une leçon que je n’ai pas cru devoir préférer à l’imprimé.
  9. Mademoiselle de Guerchy, fille de la première comtesse de Fiesque, fut aimée de Châtillon, comme nous l’avons vu. C’est elle qui fut mortellement blessée d’une piqûre dans l’opération d’un avortement, et que Vitry, son amant, tua d’un coup de pistolet (1672). Elle étoit fille d’honneur de la reine-mère.

    Cette Petite Fronde est datée de 1656.

    Guerchy, tu ravis le monde ;
    Pons est celle qui te seconde ;
    Saint Maingrin passe les trente ans ;
    Ségur s’en va vieille et mourante ;
    Pour Neuillant, les moins médisants
    Disent qu’elle est rousse et méchante.

    Mademoiselle de Pons est celle que Guise aima et délaissa ; mademoiselle de Ségur étoit laide et sage ; mademoiselle de Neuillant devint la sévère madame de Navailles ; quant à mademoiselle de Saint-Mesgrin, Loret (1er octobre 1650) en parle, et ce qu’il en dit montre que notre beau financier, Jeannin de Castille, tranchoit du monarque et du coq.

    Saint Maigrin, fille de la reine,
    Avec sa belle gorge pleine
    Et son accueil doux et benin,
    S’est fort acquis monsieur Janin,
    Dont l’on dit qu’elle est adorée,
    Tant le matin que la soirée.
    Je ne croye pas que cet amant,
    Dans son nouvel embrazement,
    Lui fasse faire aussi grand’chère
    Comme Gaston luy faisoit faire.

    Une autre chanson, qui est de Benserade et datée de 1652, ne viendra pas mal maintenant :

    Guerchy, deux cœurs brûlent pour vous.

    Les deux cœurs, disent les clefs, sont le cœur de M. de Jars, commandeur de Malte, et le cœur de M. de Joyeuse (de la maison de Lorraine).

    Guerchy, deux cœurs brûlent pour vous ;
    L’amour qui les assemble
    Les feroit plaindre ensemble
    Sans être jaloux ;
    Malte et la Lorraine
    Sont dessous vos lois ;
    Mais tirez-nous de peine :
    À laquelle des trois
    Donnez-vous votre choix ?

    C’est donc à tort que M. A. Bazin corrige Malte et Lorraine et met Metz en Lorraine, à cause que le chevalier de Lorraine n’est venu au monde qu’en 1643, et parcequ’il suppose que Metz en Lorraine signifieroit le maréchal de Schomberg, gouverneur de la ville et beau galant.

  10. Jeannin de Castille.
  11. Ailleurs Précy.
  12. L’abbé Fouquet, dit la Clef.
  13. Mademoiselle de La Roche Posay, mariée au financier Le Page, qui prit le nom de Saint-Loup. Ce fut, nous l’avons dit, la première maîtresse de Candale.
  14. Candale, colonel général de l’infanterie, en survivance.
  15. Fille du maréchal de Châtillon, sœur de madame de Wurtemberg, bel esprit et poète. Elle avoit abjuré.
  16. Mademoiselle de Pons, dont nous avons parlé.
  17. Le duc de Guise.
  18. Malicorne, écuyer du duc de Guise.
  19. Où mademoiselle de Pons avoit dû se réfugier.
  20. Marie de Bailleul, veuve du marquis de Nangis, et remariée en 1645 à Louis Châlon du Blé, marquis d’Uxelles.
  21. M. de Clérambault, écuyer de Madame (René Gillier, baron de Puygarreau, en Poitou).
  22. Fille de Bordeaux, intendant des finances, femme de Pommereuil, président au grand Conseil.
  23. Retz.
  24. Anne de la Magdelaine de Ragny, mariée en 1632 à François de Bonne, duc de Lesdiguières.
  25. Retz, son cousin-germain.
  26. Roquelaure.
  27. Madame de Puisieux.
  28. Le garde des sceaux Châteauneuf.
  29. Biron. Ce n’est pas madame de Brion, morte en 1651.
  30. Charles de Sévigné seigneur de Montmoron, cousin issu de germain de Henri, marquis de Sévigné.
  31. Du Lude.
  32. Bussy. Mais ceci feroit croire que la carte n’est pas de Bussy, ou que Bussy se vante, ou encore qu’il ne faut pas prendre pour des paroles d’Évangile tout ce que nous rencontrons.
  33. La princesse d’Harcourt.
  34. Hé ! hé ! Cela n’est pas dans l’Oraison funèbre.
  35. Marie de Rohan.
  36. Laigues.
  37. Fille d’un conseiller au Parlement nommé Henry, sœur de Gerniou, veuve du fils du ministre Ferrier, et femme du conseiller Menardeau, seigneur de Champré.
  38. Ailleurs dix.
  39. Veuve du président de la Barre, remariée en 1650 à Isaac Arnauld, mestre de camp général des carabins (carabiniers) et lieutenant général, mort en 1652.
  40. Clérambault, déjà cité.
  41. Sibille-Angélique-Émilie d’Amalby, mariée en 1643 à Cominges, cousin de Guitaut.
  42. Le maréchal du Plessis, dit la Clef.
  43. Fille aînée du président Bailleul, mariée à N. Girard, seigneur du Tillet.
  44. Sœur de la marquise d’Uxelles, belle-sœur du maréchal Foucault.
  45. Son mari.
  46. Femme peu aimable, dont Tallemant a parlé en passant.
  47. Madame de La Fayette, mariée en 1655.
  48. Retz.
  49. Julie-Lucie d’Angennes de Rambouillet, mariée en 1645 à Charles de Sainte-Maure, marquis de Montausier.
  50. Je crois qu’il faut lire Fiennes, comme sur l’imprimé. Ce ne peut être là, en 1654, le portrait de madame de Pienne, c’est-à-dire de la comtesse de Fiesque. Cependant on pourroit reconnoître le petit Guitaut dans le gouverneur.
  51. La mère, « la borgnesse ».
  52. Anne d’Autriche.
  53. Louis XIV.
  54. Les enfants, les filles, mesdemoiselles de Beauvais ?
  55. Mademoiselle de Guise, née en 1615.
  56. Montrésor.
  57. La duchesse, sœur de Condé.
  58. Faut-il voir là Condé, Conti, Nemours et La Roche-Foucauld ? Pour les deux premiers noms, cela répugne. Mais après tout, nous n’avons affaire qu’à un pamphlet.
  59. Par la dévotion.