Histoire Ecclésiastique/Livre 3/Chapitre 18

Traduction par Émile Grapin.
Alphonse Picard et Fils, éditeurs (1 (livres I–IV)p. 281-283).

CHAPITRE XVIII

[jean l’apôtre et l’apocalypse].

On raconte qu’à cette époque l’apôtre et évangéliste Jean vivait encore ; à cause du, témoignage qu’il avait, rendu au Verbe de Dieu, il avait été condamné, par jugement, à habiter l’île de Patmos. [2] Irénée, à propos du nombre produit par l’addition des lettres qui forment le nom de l’Antéchrist d’après l’Apocalypse attribuée à Jean, dit en propres termes ceci de Jean, dans le cinquième livre des Hérésies :

[31] « S’il eût fallu proclamer ouvertement à notre époque le nom de l’Antéchrist, celui qui a vu la révélation l’aurait fait. Car il la contempla il n’y a pas longtemps et presque dans notre génération, vers la fin du règne de Domitien. »

[4] L’enseignement de notre foi brillait à cette époque d’un tel éclat que les écrivains étrangers à notre croyance n’hésitent pas à rapporter dans leurs histoires la persécution et les martyres qu’elle provoqua. Ils en fixent la date avec exactitude ; ils racontent que dans la quinzième année de Domitien, avec beaucoup d’autres, Flavia Domitilla elle-même, fille d’une sœur de Flavius Clémens, alors un des consuls de Rome [95], fut reléguée dans l’île Pontia en punition de ce qu’elle avait rendu témoignage au Christ.