Histoire Ecclésiastique/Livre 2/Chapitre 26

Traduction par Émile Grapin.
Alphonse Picard et Fils, éditeurs (1 (livres I–IV)p. 215-217).

CHAPITRE XXVI

[comment les juifs accablés de maux sans nombre déclarèrent enfin la guerre aux romains]

Josèphe raconte encore les malheurs sans nombre qui fondirent sur tout le peuple juif. Entre beaucoup d’autres choses, il dit en propres termes, qu’un très grand nombre de Juifs distingués eurent à subir la peine déshonorante du fouet et furent mis en croix à Jérusalem même par Florus. Celui-ci était gouverneur de Judée, quand la guerre commença à se rallumer, c’est-à-dire dans la douzième année de règne de Néron [65-66]. [2] L’historien poursuit en disant qu’un désordre épouvantable se produisit dans toute la Syrie après le soulèvement des Juifs : partout ces derniers furent traités sans pitié comme des ennemis par les habitants de chaque cité. Les villes étaient remplies de leurs corps laissés sans sépulture : on voyait, gisant pêle-mêle, des cadavres de vieillards jetés avec ceux des enfants, et des femmes qui n’avaient pas même reçu les vêtements nécessaires à la pudeur. Toute la province était désolée par des calamités indicible ; mais la violence des menaces dépassait les cruautés de chaque jour.

Voilà ce que dit expressément Josèphe : tel était alors l’état des Juifs.