Histoire romaine (Mommsen)/209

Traduction par Charles Alfred Alexandre.
Albert L. Herold (p. 292-326).
CHAPITRE IX


L'ART ET LA SCIENCE


Dans l’antiquité les progrès le l’art et de la poésie sont étroitement liés aux fêtes populaires. Les grands jeux ou jeux romains (I, p. 304) que nous avons vus sous les rois former, à l’iinitation des Grecs, la solennité principale de la fete extraordinaire d’actions de grâces, s’accroissent encore durant la période actuelle, et par le nombre et par la durée des réjouissances. Ils devaient jadis commencer et finir le même jour; mais, après l'heureuse issue des trois grandes réformes de 245, 200 et ?‘67¤*’·l··C·` 387, ils sont allongés chaque fois d’un jour, en sorte qu’à la fin de l’époque ou nous sommes, ils durent quatre jours pleinsl. ’Une autre modification plus importante

1 Les details ·qu’on lit sur·les fetes latines, dans Denys d’Halic., (G, 95). Cf. Niebulxr, 2, 40), et surtout dans Plutarque (ce dernier, il est vrai, se fondant sur un autre passage du meme Denys, Camitt. 42), _ doivent vraisemblablement plutot s`appliquer aux jeux romains. Entre autres motifs de decider, je renvoie ii Tite-Live (6, 42), qui en fait pleine foi. (Cf, Ritsehl, pcwerg. I, p. 313). Denys, persistant, comme il lui arrive souvent, dans une de ces erreurs dont il est coutumier, a interprete tout de travers la dénomination de Ludi Maximi. Une autre tradition, d’ailleurs, rattache l’origine de la grande fete, non pas, suivant l’opinion commune, 5. la défaite des Latins comest—celle·ci : confiée désormais à la surveillance et aux _ ` soins des édtles cttmles (387) (p. 72), qui viennent d’etre 367 ¤~î·1--C ` —expressément institués, la fête des grands jezm; perd son caractère de solennité extraordinaire, elle n’est plus cé-` I I - lébrée pour l’accomplissement d’un vœu émané du ge- _ néral d’armee; et elle prend sa placeidans le caleudrier · parmi les anniversaires réguliers; Mais, comme par le , ·’ passé,’elle se termine officiellement par le spectacle · , I p1·incipal de la course des chars, laquelle n’a lieu qu’une seule fois. Pour les autres jours , le gouvernement laisse . - au peuple le soin ’de ses amusements, bien qu’il ne manque ni de musiciens, ni de danseurs, ni de sauteurs ‘ de corde, escamoteurs ou bouffons gratuits ou à louer. · En 390 , une autre innovation est introduite, qui · ast. concorde avec l’arrangement nouveau de la périodicité L° "‘*‘“"°· fixe et de l’allongement de la fête. Durant ses trois pre- I ~ miers jours, un échafaud en planches est dressé dans’ __ A _ l_’arène aux frais de l’État,_et des représentations scéni- ques y attirent la foule. Comme d’ailleurs il ne faut pas être entraîné au delà a’u¤«£;uSte limite, il est ouvert,_une’ ' fois pour toutes, un crédit de 200,000 as (14,300 tlm- . lcrs, ou 53,625 fr.) sur le trésor pour parfaire les frais : ’ ce crédit n’a pas été dépassé jusqu’au temps des guerres V puniques. Le’ surplus des dépenses est mis à lacharge ·des ediles, chargés de l’emploi de la somme. ’l`out porte- · ` · à croire qu`ils n’ont eu que bien rarement encore à con-` _ tribuer’de leurs propres deniers. Le théâtre ainsi inau- · ` guré, revêt aussitôt la forme grecque : son nom seul _ l’atteste assez (scœmt, qxvprit), Ces tréteaux étaient plus


ma¤des par le premier Tarquin , mais ai leur défaite sur les bords du ` V ’ lao Régille (Cic., de Divin. 1,4 26, 55. Dionys., 7, 71). Les indications, fort importantes d’ailleurs, relatees par ce même auteur it l`endroit (IUC UOIIS VBIIODS de Cilêl", Hô PBUVCHÈ, él] Ftiüiihd, S’2II)I)iiqUCI’ QUYZIUX l grandes fetes annuelles et non it une fête votivc accidentelle. Ce qui le ._ prouve, c’est qu’il y est question de son retour périodique et d’un Ciliiffti de fI’2IiS_ COI’l"êSI)Ol’Idi|IlÈ êX3.Cl.êmêD[ IIVBC Côllli ([ll’Oll LFOUVC énonce dans le l’seudo·Asc01tius (n’. M2, édit. d’0rell.). spécialement affectés aux joueurs d’instruments et aux boulfons de toutes espèces, aux Ilùtistes surtout, dont les plus, renommés et les meilleurs venaient de l’Étrurie. i ’A dater de ce jour,Rome a sa scène publique, désormais ouverte aux oeuvres de ses poètes. Car les poètes sont Cl~=¤¤w¤¤·S déjà nombreux dans le Latium. Les acteurs et chanteurs imbumll ambulants (grassato-1*0.9*, spcitmtorcs) allaient de ville en ville, et de maisons en maisons,`colportant lcurs chansons (saturœ : I, p. 39) accompagnées de danses mimiques au son de la flûte. Le mètre n’était autre que le mètre-saturnien, seul alors connu. (I, p. 30())î Nulle action précise dans ees petits poèmes; nul dialogue obligé: on s’en peut faire une idee par les battante et les tarentelle, tantôt improvisées, tantot debitées sur Ia même note,qui de nos jours encore arrêtent les passants devant la porte des osteric romaines. Les tréteaux de la fête reçurent aussi ces baladins; et de là, je le répète, sortit le théâtre. Ses débuts ne sont pas seulement modestes, comme partout ; ils sont aussi tout d’abord l’objet d'une rigoureuse censure. Voyez les XII Tables; elles s’attaquent à ces chansons mauvaises ou frivoles ; elles infligent des peines sévères à quiconque débite des chants magiques ou même satiriques contre un citoyen, ou va les réciter devant sa porte; elles interdisent aussi les pleureuses dans les funérailles 2. Mais si les restrictions légales demcurèrent sans effet, l’art encore enfant reçut une blessure bien plus profonde sous le coup de la proscription morale, décrétée contre tous ces métiers frivoles et mercenaires par l’austérité inintelligente et dure des vieux Romains: « La profession de poëte était jadis inconnue: » b V ` c,’est Caton qui parle : a Ils méritérent le nom de fainéants

’ * [P0etic¢e artis honos ·n0’n.emt... si qui in ea re stuclebat,. grassalor » wcabatur. — Cat. dans A. Goll. Noct. attic. ll, 2; 7.]

2 [Qui inaluinwrinen iucantasset - nialum venenum. (VIIl° Table). l — Matieres geizas ne radunto, Neve lessum fttncris ergo liabeitte `(X• Table.)] » · - - · · _ ceux qui les premiers s’y adonnèrent, ou allèrent chanter dans les banquets! » Danseurs, musiciens, chanteurs ambulants et à gages se virent donc atteints d’une double tache, et à raison de la nature de leurs exercices et aussi parce que l’opinion publique tint en plus grand mépris, chaque jour, tous ceux qui gagnaient leur vie en faisant payer leurs services. .ladis_on était plus indulgent; on pardonnait à l’ardeur joyeuse de ces jeunes gens qui se mêlaient aux mascarade.; a caractère usitees dans le pays latin (I, p. 299); mais, monter surle théâtre publie pour de l’argent et sans masque , devint chose vile: chanteur et poete, danseur de corde et arlequin, ‘ _ tous furent mis impitoyablement sur la même ligne. " Les censeurs (p. 256) les déclarerent indignes de servir dans_ la~ milice civique, et de vote1· dans l’assemb|ée du. peuple. La direction des représentations scéniques fut placée, chose remarquable, sous la surveillance spéciale de la police urbaine; et de plus, quiconque exerçait la profession d’artiste dramatique se vit à la merci d’un arbitraire sans recours de la part du. magistrat. A la lin de la représentation, celui-ci jugeait les acteurs : le vin coulait à flots pour les habiles , et le bâton jouait sur les épaules de ceux déclarés mauvais. Enfin tous les officiers publics de la cité, quels qu’ils’ fussent, avaient sur eux, e11·tout lieu et·à touterheure, le droit de châtiment corporel et d’arrestation. Quoi d’étonnant des lors, si la danse, la musique et la poésie, celles du moins qui se produisent sur la scène, étaient tombées dans les mains des plus vils parmi le peuple, et surtout dans les mains des étrangers. La poésie n’a encore qu’un 1·ôle intime.: les étrangers n’ont pas intérêt à s’y adonner. On peut sans difficulté reconnaître que , dès _ces temps , -la musique sacrée et profane à Rome est devenue essentiellement étrusque ,,et que l’ancienne flùte latine, si estimée jadis, a cédé le pas à d’autres instruments venus - ’ 296 LlVRE*ll,i_CHAR. IX. · _dudehors (I, p. 296). —- Delittérature poétique, il n’est ` ` évidemment pasquestion. Les jeux des masques, les 1·é- citsscéniques ne se font pas sur un texte rédigé à l’a- vance; l’acteur .les improvise selon les besoins du moment. — Quelques oeuvres écrites ont·elles alors vu le jour? Les temps postérieurs.n’ont rien cité qu’une sorte de catéchisme des OZZLUVBS et des jours, qu’une sorte ' de programme de travaux donné par un paysan ii son ‘ tilsl et que les poésies pythagoriciennes d'A'ppius Clau- ' dius, dont nous avons parlé (p. 290), et qu’il faut ` certainement considérer comme la première imitation . _ latine de la poésie de la Grècei On peut aussi noter une ou deux in`scriptions en vers saturniens, qui seraient de la même époque. (p. 288). — . r·inst»n«. Les commencements de l’art historique, comme ceux _ _ du théâtre, appartiennent à la période actuelle. Lcs'évé-' nements contemporains notables,etl’arrangementsurdes bases tout de conventionide la légende auté-historique ` ,,,,,,,5 ,,,,5 de Home, font la matière de ces premiers travaux. Les ·•·=•¤¤**¤¤· faits contempo1·ains prennent place da11s les listes des · magistratures. La plus ancienne de toutes, celle que les antiquaires romains 'ont eue sous les`yeux, et qui nous est parvenue par leur intermédiaire, provenait, ir , ce qu’il paraît, des archives du temple de Jupiter Capi- ' A tolin. Elle contient les noms consulaires annuels, à dater. _ de Marcus lloratius, qui consacra ce temple le 13 sep- tembre de l'année de sa charge; elle mentionne le vœu lait à l’occasion d'une épidémie sous les consuls Publius 563 =·~··J —C· _Ser·12ilius 'et Lucius JEIJILÈÉLLS (Van 291 dela ville, suivant la computation usitée désormais),. et aux termes duquel i · tillen resté un court fragment: « Aprés sec automne et ;»»·i»lem;».« · mouillé, Camille, belle récolte en blé. ¤ — flliberiio pnlvére,. verno lzilo, grcnidia farm, Camille, meles.] -— Nous ne savons pas sur quoi se fondaient ceux qurregardaient ce poeme comme le plus ancien ' poeme Romain. (Maur. Saturn. 5, 20.,- Fest. ep., 1;. Flamiilius, ` i p. 93.2- M. Serv. sur Viry. Georg, 1, 10l. — Plin.·17, 2, Ur). _ . · un clou devra étre fiché tous les cent ans dans la muraille du sanctuaire. ’Plus tard,`·c’est aux hommes instruits dans la science des mesures etdes écritures, c’est aux pontifes, que fut donnée la mission deltenir ai jour·.les listes des magistrats; et, par suite, d’inscrire les années, comme ils inscrivaient déjà les mois. Leurs livres prennent alors le nom de festes; qui sert aussi plus spécialement à désigner les jours jnattciaires (dies fasti). L’institution des amiates 0/fietettes a dû suivre de près l’expul—sion de la royauté , car il fallut bien alors, pour‘constater la série chronologique des actes publics, constater qu orliciellement aussi là succession des magistrats- annuels. h . . Mais les plus anciennes et les premières de ces listes, si elles ont en eilét existé, ont vraisemblablement péri dans l’incendie des Gaulois, de 364. La liste du collége des pontifes‘s’est complétée, sans doute, en s’aidant ’des , pmtnates capitottnes, et en remontant aussi loin qu’elles-mêmes. Nous possédons une liste de _consuls, complétée après coup, pour les détails accessoires et notamment pour les faits généalogiques, à l'aide des généalogies privées dela noblesse, et s’appuyant dailleurs, pourtout ce qui est essentiel, sur des documents contemporains et dignes de foi; mais elle n’indique qu’imparfaitement et par à peu près les annees selon .le calendrier,Aparce que les chefs de la cité n’entraient.en charge ni au nouvel. an, ni à unjour lixé une fois pour toutes; parce Aque les prises de possession avaient lieu tantôt. à une époque, tantôt à une autre; et que souvent, enfin, les interrègnes entre deuxl consulats se plaçaient tout à fait en dehors de l’érl1éance annale des charges. Lors donc qu’on voulut faire le compte des années du calendrier, en prenant les listes officielles pour base, il fallut préciser d’abord la date exacte de l’entréc en fonctions et de la sortie pour chaque magistrature, les interrègnes y compris; ce qui fut fait de très-bonne , A 298 LIVRE ll, CHAP. IX _ · heure. Du reste, on fit concorderla série des magistrats , annuelsravec la série par années du calendrier: on donna à chacune de ces années son couple de magistrats, et quand il se préscnta des lacunes., on les combla au . moyen d’années supplémentaires; _celles·ci, dans les Tables varonjennes plus récentes, portent les chiffres _ · suivants :379 à 383, 421, 430, 445, 453. A partir- de , wzm J.·c. l’an 291 dela ville, la liste romaine, dans son en- À ' semble, sinon dans les détails, concorde avec le calen- — , drier : élle est donc, au point de vue chronologique, ` , un document aussi sûr que le calendrier lui-même, avec _ toutes ses graves défectuosites, a permis de le dresser. Pour les qua1·ante magistratures annuelles qui précè- tos. dent l‘an 291 ,`bien que tout contrôle nous manque, b )· ` 'les indications semblent également exactes ‘. Mais en

00. . remontant plus haut que l'an 245, la chronologieest ..

perdue. — ll n’y a point eu chezles Romains d’è1·c de . L`•bre crimialiiie. computaiion adoptée parl’usagc commun. Pourtant, en . matiere dechoses sacrées, on calculeà dater de la con- 4 sécration du temple de Jupiter Capitolin, qui sert aussi de point de départ aux listes des magistratures. Cl1•‘<>¤¤î·l¤¤- · llétait naturel de mentionner, ai côté des, noms des i , ' · magistrats, les événements les plus impo1·tants survenus _ · durant leur charge. De telles mentions- furent faiteset ` servirent, plus tard, à écrire la chronique romaine, de . meme qu’au moyen 'age lcs Tables paschalcs avec leurs ` courtes notices, ont `fourni de précieux éléments à l'liis· · . toire. Ces mentions remontaient jusqu'à la plus ancienne _ · 4 série des·'l`ablesaimuelles; etl’on y a retrouvé;parexe1n- ple,·l’indic_ation du partage en vingt—une tribus, en lïan ' Il n‘y a que les premieres années de la liste qui prêtent au soupçon, ·et auraient pu ètre ajoutées dans les temps ultérieurs, pour faire un cliiffrerond de 120 années, a partir de I`expulsion des rois jusqu’à |'inccndie gaulois. [V. au Com. . Insc. Latin. de Mommsen, les Fasli ' consulares, p. 415 a 456, et aussi les Commenlarii ad faslos anni Ju- , liani, ·p. 351 et 39.] · · L·’ART ET LA SCIENCE 290 259 40), etcelle de l’enlèvement du vieux figuier du Awa av. 1.-c. Forum, en 260 (l, p. 254). Un peu plus tard, la chro- . ws. r nique est régulièrement et officiellement ecrite; et le q _ - livre anna! (liber annalis) des pontifes relate désormais I tous les noms des magistrats et tous les faits notables. ` .` `Avant l'éclipso de soleil du·l°' juin 351, qui, peut-étre, 403. _ n’est`autre que celle du 20juin 354, on n’en trouve au~ · ( wo. oune autre indiquée comme ayant été vue à Rome. Ce _ n’est guère non plus qu’au commencement du v“ siècle _ . " q de la ville`. que les ·chiffres du cens peuvent être tenus . pour vrais (1, p. 130; et Il, p`. 245). C’est aussi à par- ` ' tir de la seconde moitié du v°· siècle que sont inscrits . _ dans la chronique toutes les expiations publiques, tous les signes merveilleux pour lesquels il est fait des sacris · . lices propitiatoires. Enfin, danslalpremière moitié de · ' ce siècle encore , suivant toute apparence, le livre des . . annales a été organisé d·'une façon régulière; en même _ temps, cela va de soi, les anciennes listes ont été A e' révisées suivant lescalculs indiqués par nous tout à " l’heure, en se conformant à l’ordre des années, et en y ` _` 4 _ ajoutènt, au cas de besoin, un certain nombre d'annees A · complémentaires. Mais le grand pontife ai beau inscrire _ exactement les courses de guerre et les colonisations, ‘ , les pestes et les temps de clierté, les éclipses et autres , ' ._ prodiges , les décès des prêtres et des hommes considé- l ` - rables, les nouvelles lois, les résultats du cens; il a beau · placer son livre dans sa demeure officielle, pour y perpé- u , - tuer les souvenirs du passé. et les tenir à _la disposition; · J ‘ des citoyens, ce n’est point là encore ·l'histoire,· tant s’en . _ 4 · faut. A la tin de notre période,Ales énonciationsdes an- nales, en·ce qui touche les faits contemporains, étaient · très—insuflisantes, et laissaient le plus ample champ .21 l’arbitraire des annalistes futurs. On en trouve la preuve l`rappante quand ou`compare la mentionqui y estlfaite de- la campagne de 456-avec le texte de ass. I 300 ’ LIVRE II, CHAP. IX l ' _ · · finscription tumulaire du consul`L. Scipion Barbatus 1. S impossible, pour les historiens postérieurs, de tirer des V , notes frustes du livre oiïiciel un récit clair, lisible et ‘ suivi; inipossible pour nous, quand bien même nous le posséderions encore dans sa forme primitive 2, d’y puiser ‘ les matériaux d’un travail régulier et complet sur les événements de cette époque. Au "reste, ce n’étaitpoint‘à ` , , Rome seulement que se tenait le livre annal. Chaque ville - I latine , comme elle a ses pontifes, a aussi son registre ` officiel : on le sait par_ quelques débris venus jusqu’à . . ' nous de ceux d’Ardéc, dütméric,"d’Iutcranmc sur le ' _ Nor (auj. Term 3). Leur perte est chose regrettable: elles ‘ A ' eussent fourni.vraisemblablement, recueillies et compa- q rées ensemble, un trésor de faits pareils à ces chroniques _ · conventuelles ou la critique moderne va chercher avec · succès le tableau historique du moyen age. Malheu- _ ` 1 rcusement, on a mieux aimé a·Rome compléter les la- cunes de l’histoire en donnant droit d’asile aux bril—— _. -~ ` lants mensonges des Grecs, ou à ceux imaginésà l’insta1· ` de la Grèce. , ` ` - En dehors de ces maigres documents, rédigés d’une R main. peu sûre quoique ofticielle, on ne rencontre, du- rant lapériode actuelle, aucun travail réel d’histoire di- ' _r,h,·,,, recte, enregistrant et les dates précises et les faits. De, ?°:“"""*"‘*‘l"”· chroniques privées, nulle trace; seulement, dans quel- ( b ques' maisons considérables, l'usage s’était établi dei -

 r I dresser des tables de famille, dont lïimportance était ,

` · grande au point de vue du droit : l’arbre généalogique à Ãy était peint sur`les murs du vestibule. Assurément on q ' [V. supra, p.·88.] A A . v A I l 2 Suivant les annales, Scipion commanda en Etrurie; son col- e légue, dans le Saxnniuni. Durant cette même année, la Lucanie est _ ztlttéaavoc Rome. — Suivant l’inscription,au contraire, Scipion premi A Jeux villes dans le Samnium, et fait la conquête de toute la Lucanie. I ` Samuio cçpit, subiytt omne Loucanam .... .. * M. Monimsen a donné et commente les fragments qui nous restent . de ces annales et fasœs des villes de l’lntérieur au Corp. Iusc. Lat.] - L’ART, E'l` LA SCIENCE i · 301 . . ·y faisait mention des charges remplies; et les listes, ainsi dressées, constituaient un sérieux point d’àppui` pour les A _ traditions de famille; un peu plus tard, il y fut joint ` \ des indications biographiques. Quantaux omisans com- 4 ` ` ‘ me'm01·atwes [landes] , toujours prononcées aux funé~ _, railles des nobles morts, le plus souvent par un de ses - proches , ellesne renferinaient pas seulement l’Cll|.1!ï1(:ll'I1- j tion de ses vertus et de ses dignités; elles rappelaient ·aussi les exploits et les vertus des ancêtres; et elles se ° transmirent de bonne l1eure de familles en familles pa1· '— la tradition des souvenirs. Source précieuse de rensei- gnements qui autrement, se seraient perdus , elles ont . souvent aussi prêté matière aux falsitications et aux in- terversions de faits les plus audacieuses. — _ ' 'En même temps que l’histoire commence à être ecrite L·mi<>sr«e, à Rome,commence aussi pour les temps ante-historiques _ le travail des arrangements et desrécits mensongers. Leur wma _' source est la même que partout ailleurs. Certains noms,. '“‘ "‘l""‘l"" certains faits. les rois. Numa Pompilius, Ancus Marcius, Tullus Hostilius, la défaite des Romains par le roi Tar- ` , quin, puis l’expulsion des rois Tarquins par le peuple, ' s’étaient vraisemblablement perpétués dans la bouche · de tous,`en conservant, dans l’ensemble, le cachet de · la vérité. Les traditionsdes races nobles; la chronique I Fabienne, par exemple, avaient empêché d'autres faits — de tomber dans l’oubliz Ailleurs ,.les institutions primi- I ' tives , celles juridiques notamment, avaient revêtu l_es formes du symbole ou de l’histoire: témoin , la consé- ` cration de Rome, rattachée à la légende du meurtre de Réinus; la suppression de la vendetm du sang aprèsje U meurtre de Tatius _(I, p. 203, note 2),; les nécessités de · la défense de la ville et les ordonnances relatives au pont · de bois, concordant avec l’aventure d’Horatius Coclès 4; `

  • V. Pline lkmcicn (Hist. nat. 36, 15, 400). Il fait toucher du doigt i `

le sens exact de la tradition. 1- — -— · — ' _ A 302 LlVRE II, CIIAP. lX _, l’origine de l'appel au peuple, et l'exercice du droitde grâce racontés dans le beau récit des Horaces et des Cu- . riaces; témoin encore, l’al`f`ranchissemcnt, ct la collation · j du droit civique aux affranchis, dans l’alï`aire de la con`- · ` juration des Tarquins révélée par l’esclave Vimlew! ll en faut dire autant dela légendcde la fondation de Rome, · à l’aide de laquelle Rome se rattache au Latium, et à l’an- ` · cienne métropole latine d`All3e. D'autres faits encore: ' les surnoms, ar exem ile ortés Jar les rands cito *ens,- P l » l , I ) · _ devinrent l’objet de commentaircs lnstoriqucs. C’est ainsi que Publius Valerius, le serviteur du peuple Qwplicola), · ` donna matière à une multitude d’anecdotes. Le jîguicr sacré du Forum, d’autres lieux ct d'autres particularités ° de la ville eurent, à leur tour, leurs chroniques pieuses nées'en foule sur ce même sol où, mille ans plus tard, germeront les legendes des Illervcilles de la ville (Illim- ' » I)7ll'l.(l urbis 1). En même temps on s’ef`l`orce de relier entre ` eux tous les contes, toutes les traditions; de dresser la . '· liste complète des sept rois, d’arreter les dates de leurs ` règnes; et, calculant par générations communes, de leu1· assigner une durée totale de 240 ans ’. On commence . . même à inscrire ces calculs dans les relations olli- _ cielles. Bientôt les traits principaux du récit, sa chrono- · logic toute vicieuse se fixent, se précisent d'une manière , immuable; et cela, même avant l’ère littéraire des Ro- · 290 av. 1.-0. mains. Quand, en 458, la lotwedcirain, allaitantles deux jumeaux Romulus et Remus, cst fondue et érigée près _ du figuier sacré, déjà les Romains, vainqueurs dcs La-, - ' * [Histoire et description légendaire de Home,·imprimée plusieurs ` fois, _a dater du xv¤ siècle et bien connue de tous les antiquaires. Elle porte aussi le nom de Graphic aureœ urbis Roma:. — V Ozanam, _D0cum, inédits, p. 160.] '

  • On comptait, ce semble, 3 generations pourun siècle, ce qui donnait.

233 ans 1/3 de duree, soit 210 en nombres ronds, 51 la royauté. De même on avait fixe ai 120 ans Vintervalle compris entre l’expulsion des , rois et |’in'cendie de la ville (p. 298 d la note). Ces chiffres s’cxp|iquent · facilement: nous avons dit ailleurs comment, par exemple, pour _|es mesures de surface, on avait ete conduit ii. en accepter d’ana|ogues. I l L’ART ET LA SCIENCE 303 _' _ tins et des Samnites, professent, su1· les origines de leur · · l ville, des croyances populaires identiques à celles qnc · l ' Tite Live adoptera .plus'tard. Dès 465, le Sicilien Callias, 289 av. i.—c. fait mention des Aborigènes: imaginationnaïve et pre- . _ mier essai de l`a critique historique chez les races la- tines. Les chroniques veulent raconter toujours les temps antérieurs à l’histoire,'et, siielles ne remontent pas jus- l qu’à la création du ciel et de la terre, du moins elles ' · s’efforcent d’aller jusqu’à célle des sociétés. ll est un fait certain, c’est que les tables des pontifes portaient · ` inscrite Vannee de la fondation de Rome. Et tout nous U ‘ porte à croire que, quand, ve1·s la première moitié du v° siécle, le collége des pontifes, ne se contentant plus des Vérs 300;, simples listes des magistrats, voulut écrire'un'véritable . · et plus utile annuaire, il plaça tout d'abord en tête l’his- I. toire, inconnue jusque-la, des rois de Rome, et celle de_ l ' leur cl1ute. Puis, comme il reportait la fondation de la Ré- publique au 13 septembre 245, joui· de la consécration du · 309. temple de Jupiter Capitolin, il fit ainsi concorder (mais ` ce n’était là qu’une vaineapparence), et la chronologie U des annales, et les faits sans date antérieurs à.l’.histoire. _ . · L’He_llénisme n`a pas été non plus sans faire sentir aussi .4 · son influence dans ces rédactions primitives. Les rêve- ries relatives aux Aborigènes et à la population qui leur a succédé; les récits de la vie pastorale avant la culture des terres; Romulus métamorphosé.en.un dieu Quirinus _ ' ·(I, p. 225), ont un aspect fortement grec. Numa, cette l _ pieuse et nationale figure, la sage nymphe Egérie, subis- · sent denombreuses retouches 5 leur légende sîaltère par le mélange de traditions pythagoriciennes étrangères., I ’ ` et·n’appartiennent déjà plus à la pure et_primitive épo- que·romaine.·De même que les récitsdes temps préhis- ··toriques·de Rome, les généalogies des grandes familles sont remaniées et complétées : il se fait, à leur occasion, tout untravail héraldique qui, bon gré, mal gré, rattache — _ 304 'LIVRE 11, ctIA`P. IX _' , . ’ ces familles à d’illustres aïemi: ainsi les Àfmiliens, les , . Calpm*>ticns,'les Prnaricns et les Pompaniens descendront · · des quatre fils de Numa, Mamercus, Calpus, Pinus et` · Pompe: ailleurs les JEmiliens veulent avoir pour anà ' cêtres Mdmcrcus, fils de Pythagore, surnommé Aipoltoç, « le persuasif. » En dépit de ces réminiscences grecques, que lon retrouve`partout·, il faut dire pourtant que l'his· L ·· toire de la ville et des génies, à cette époque, conserve son caractère propre et relativement national : elle est vrai- · C _ ment née à Rome, et elletend bien moinsfà jeter un pont _ ` V entre Rome et la Grèce, qu`entre Rome et le Latium. 1.·n1Stan·c . Rattacher l’Italie à la Grèce, tel est, au contraire, le

 but de tous les récits, de toutes les fictions helléniques.

S<**<>¤ trs Gwvs Chez les Grecs, la légende suit pas à pas et partout les con- — _ naissances géographiques, à mesure qu? elles s’étcndent; _ et les romans sans nombre deleurs navigateurs errants A transforment en une sorte de drame les descriptions de ' la terre qu'.ils nous ont laissées. Mais, en même temps, ‘ _ leur légende est `rarement naïve et "originale. Dans le L l · premier livre d’lnstoire ou se trouve mentionné le no1n ·_ , ,cle la Rome ancienne (l’histoire sicilienne d’Anti00h/ns W =**'—J·C· de Syracuse, s’arrôtant en 330), on lit qu’un homme ' appele Sécclns est alle de Rome en Italie, c’est·à-dire · dans la péninsule du Bruttium. Ce récit met simplement · en œuvre Vatïinite cle race deslîomains, des Siculcs et à a des Bruttiens , ou Brettiens: la main des artistes grecs nien a point encore travesti la couleur; mais c’est la A aussi une rare exception. Les Grecs éprouvent avant tout _ le besoin de représenter le 1nonde barbarecomme issu d’eux, ou conquis par eux; et, dès les temps reculés, ils prétendent enlacer les terres de l’Ouest dans le réseau de leurs fables.- En ce qui touche l'ltalie, le mythe d'Herculc, et celui des Argotmntes n’ont qu’une minime ·A m importance; toutefois, Hëcaléc Qmort après 257) connaît déjà les colonnes°d'Hercule : de la mer Noire, il conduit · · 4L’ART ET EA SCIENCE ‘ v 3Cl5 _ le navire Argo dans l’océan Atlantique; et. de ladans le i Nil, _d’ou. il ·le fait.rentrer dans- la Méditerranée.¤Les ` I voyages des héros, au 'retour de la guerre de Troie, sont. ' ` A d’un _tout autre intérêt. Quand se lève l’aurore des con- . ` I naissances géographiques relatives à l`Italie. on voit Diol ` _ · mode errantfdansz l’Adriatique,·et Ulysse égaré dans les '4 L mers 'llyrrhéniennes (I, d89). ·Ces-dernièresirégions, du moins, répondent assei bien aux indications ·de la _ ` légende homérique. Jusque dans le siècle d’Alexandre, \ ` elles passent, chez les Grecs, pour le theatre des hauts _ _ — _i. faits du héros de l'Odyssée; Ep/toro, qui finit d’écrire · en M4, et le prétendu Scylow (vers M8), suivent at peu 3/·0.aasa—·.J.-c; de chose près la même·tradition. Des voyages des Troyens J 4 . · _ _ [ugitils, les anciens poemes ne —disent rien. Homère j _ `_ même fait régner Énée dansla Troade sur· les Troyens ` ' qui ont`survécu_à la chute d’Ilion. C’est Slèsic/toro, ce siasaniin-r. grandremanieur des mythes, qui_le premier (l°2·‘2¥20i)_, G3?-'··*””· dans un récit _de la « destruction cl’II-ion, » a conduit ,` - _ Énéedans l’Ouest 2 enrichissant ainsi la mythologie de ' . . sa patrie et celle de sonpays d’adoption,· la Sicile et , l’Italie méridionale, il y mit de nouveau, en face les — unsjdesautres,-_les héros troyens et les chefs hellènesl ' ` , Le. premier, il esquissà ces fables poétiques adoptées à · aussitôt, et achevées parles poètes _ses successeurs: ‘ · u · .déjà· il montre Enée sortant des ruines fumantes de _

 Troie avec sa' femme et son enfant, et·portant sonlvieux ·

‘.·`,père sur les épaulesït il identitiemême, chose remar- . ' · .quable,' les Romains. avec l€S'A'ltÉOC]LÉ07iCS siciliens et , q' ' italiotes. qllltsène, 'par exemple, le clairon dela flotte, est· _ ' ` · , Véponyme d’u_n promontoire célèbre *.·Le vieux mytho- . ·` ‘ _ * ll fautégalement attribuerà Stèsichore, et à çette identification 4 ' imaginée par -lui des indigènes de l’ltaIie ot _de 'la Sicile' avec les .· · Troyens, les colonies l1·oyennes,, mentionnécS par Thucydidc; par le _ ` ' ` ‘Pseudo-Scylax etlilautres qnqore, et le récit-de la fondation de_Capoué ·` · ·.-par des émigrés troyens. [Sur la légende de Misi`·nr, V. ./Erioid. liv, VI, · . v. 149 etëor] . " -_ ti i _ ` _ 20 _ . , , hIVRiE`lI,·CllAP. IX I l, `_ ` I ' logue entrevoyait vaguement certaines aliinités entre les · 4- Barbares italiotes et les ïGrecs: il s'était imaginé que ·sur la terreitalienne, les premiers se îrattachaient par de — poétiques liens auîn Àchéens et aux Troyens diHomere, · ' A V En effet, la nouvelle fable trçygmng se mêle de plus en · plus avec l`ancienne Odyssée, à mesure qu’elle se ré- — · pand dans la péninsnle.· Selon Hcllanicus (qui écrivaitui /·<»0m·. i.·c. vers 350), Ulysse et Énée seraient venus en Italiepar · la Thrace et le‘pays des Molosses (Épire).; mais une fois A débarquées, les femmes troyennes auraient brûlé les î "vaisseaux; puis Enée aurait fondé Rome, en lui donnant A V asaesz. le nom de lîune d’elles. Aristote (370-432), lui aussi, _ Y . i- raconte, mais avec moins d’absurdes détails, i1u’une -, flotte. achéenne, jetée à la côtelatine', aurait été incen- l . diée par les esclaves troyennes; et que les Latinsudes- - ( I 'cendraientprécisément, et des Hellènes ainsi contraints l . à demeurer sur. le 'sol italien , et de ces femmes venues _' ` ii 4d’llion. Lalégende se compliqua en outre d’éléments ` . indigènes, dont la connaissance avaitîété portée jusqu’en · Sicile évers la fin de —ces siècles, à l’aide des relations ‘ · actives existant entrecette île et la péninsule; etdans la · . , · . version de la fondation de Rome, adoptéepar le.Sicilien· ` , èso. ~ Calliaâ (vers 465), onitrouve mêlés et confondus les ·itmme.' · 4 mythes d’Ulysse, d’Énée et de Bomulush Mais le véri— j table auteur de la légende définitive etpopulaire dej lëémigration des Troyens, ·est~Tiqnc'e de T(Llt1`0’I7l9'Ilt1t;)IL ` ' 962. "[Ta01~ini1w], en Sicile, dont le livre `ymèig en 492. Lee _ premier, il conduit_Énée Et Lavinium`,,que celui··ci fonde [ · U . dabord, et outil asseoitl ses pénates troyens; plus tard, · ' ' _ ·i?l~lui 'fait aussi bâtir llome.iTimée semble avoir enhn - i . ‘ Suivant lerédit de Callias, une femme venue <l’llion ii Home aurait ` — . épousé Latinas, roi des Aborigènes, et lui aurait donne trois (ils, · · ‘Rom0s, Romylos et Telcgonos. Cc dernier, qui, sansnul doute, figuré ~ ’ dans cette fable it titrc de fondateur de Tnsunlum et de Pruenesle, ape ` _, partientévidemment à l’©dyssée. _ _ _ · L · - _' " · 4 · '- A . L’Al\·T'ET 'LA` SCIENCE _` 4 . *-307 Il ` opérérle mariage de la _légende·—diÉnée et _de`celle de , · · l'Élise en Didon; tyriennerà l’entendre, c’est Didon qui · , · . aurait fondé Carthage.; et la même année aurait- vu .· - · naître lesdeux rillesplus tard rivales. Toutesces nou- V U _, ' I _ veautés trouvèrentcréance, soit à_1·aison même du lieu i ` _ "ct duàtemps ou écrivait Timée, alors que se préparaient i_ 1 les~orÉ1ges` des guerres entre Rome et Cartliagefsoit aussi _ ' parce*` que les mœurs et les usages du Latium avaient _ ai .fourii_i unj texte aux nombreux récits col portés en Sicile: .· V .ce qu·’il y a de sûr, ciest que la fable de lTÉuéide n’·a pas , L i ·été_:_inventée dans le Latiu_m, et qu’elle n’a pu `y· venir que . _ c0mme··tant d'aut1·es chiméi·iques romans colportés par · · . la vieille éd faisease deconteslt p Timée avait sansdoute·` _ ' `— oui parler`du templezdes Dieux doinestiqucs érigé à La; _ l " ' viuium—;'i·`mais pour aller y. ret1·ouver les Pénates apportés ` - `_ de Troie par les Éaeades, il lui a fallu, certes, puiser dans i "` · _ ' sa propre fantaisie. .l’en dirai autantdu fameuxlet habile ' .4 . ,parallèle eut1·e ·le cheval romain des sacrifices dïoctobre 2, _ . g etile cheval, instrument funeste de la 1·uine de Troie l J 'en · V _ dirai autant de cet inventaire exact et précis des sanc- . · · tuairesde Lavinium, ou se voyaient, suivant le véridique " i '_aut.eur,_ des bâtons de Izeraut en fer .et—. en airain , et — _ · ` i' jusquîa. un vase d’argile, fab1·iqués à Troie! Par malheur, _ _ _ i nul n’avait vu ces dieux péuates dans les siècles qui sui- ' · ` ' .virent: mais .qu’impo1·tel Timée est bien l'uu de· ces " , · historiensqui ne sont jamais plus sûrs-de leurîfait que I _ · quand ilsparlent`rle l'inconnu. Polybe avait raisou eu _i I _- cqnseillaiit de ne—pas le croire, surtout quand il se van- i` É ` -·`· tait, comme au.cas actuel, de s’appuye1·. exclusivement · _ `— ‘ s les sources, Ce rhéteur. de Sicile n’osa-t-il paskaussi · _ ' i . * [Peut-être faudrait-il emprunter'au titre de la XllI° satire de notre A _ lllathurin Régnier, Vappellation qui nous semble le mieux rendre le nom · ` peu 'respectueux donne par notre auteur, 'à la Grece·(San1nzelue;lel). Il _ _ I y a là comme un ressouvenir des austeres antipathies du' vieux Caton.] i “ [Le sacrifice du cheval, (Equus beltator) avait lieu le 45 octobre. V. Preller, Jllytlzbl., p. 299.] —' · ` _ -· · placer en ltalie le tombeau de Thucydide ? Et la plus grànde gloire’ d’Alexandre, à ses,yeux, ne`consis\a·t· elle‘pasà avoiridompté l’Asie en moins de temps qu’il - n’en fallut à Isocrate pour composer et limer son « Pa- · negyriiqne? ¤’Timée fut réellement -l,llOlIlI’il8 predestiné . à remuer et pétrir toutes ces poésies naïves des anciens . siècles É le jeu duiliasard ai fait uncîétrange et illustre destinée a son œuvre indigeste.

Les fables lielléniques, relatives à l’Italie, sont donc venues de Sicile. Ont-elles déjà trouvé faveui· dans la Péninsule, à`l’lieure ou nous somines‘?`Nous l’l,OS€l’iOllS l’;affirmer. On peut admettre que déjà la légende a pré- pare les fils divers à l’aide desquels, plus tard, on rattachera au cycle Ulysséen la fondation de Tnsculuni, de Prœneste, d’Antiun1, d’Ardée et de Cortoneget qu’à I Rome aussi, du moins dans les derniers temps, le peuple commençait à croire à son origine Troyenne. Les premiers contacts di plomatiqucs entre Rome et les terres de l’Est consistent dans l’intervention du Sénat en faveur des « _jJ£irents’ de rïtcc » de la Troade (en 472). Quoi qu’il en soit, la fable d’Énée est toute neuve en Italie : on le voit bien en comparant sa géographie, si pauvre encore avec`celle non moins pauvre de l’Odyssée f elle n’_a reçu sa rédaction dernière et sa complète concordance avec la légende romaine ancienne, que dans les temps de beaucoup postérieurs.

Pendant, que chez les Grecs, l`histoire ou la légende’ que l’on appelait de ce nom, reconstrnisait à sa manière · les origines de l’Italie, elle laissait absolument de côté le récit des faits contemporains. un tel oubli porte avec soi la condamnation dans l’art liistoriquede ces temps. A la meme époque, et au cours de lcur décadence, les écrit vains helléniques nous ont infligé les plus sensibles pertes, C’est à peine si Théopompe de Chios·(il s’arrête en M8) mentionne en passant la prise de Rome par les ‘ " I IJIAHT E'l‘~LA SCIENCE · _ zine; »>_. GauloisL LA1·istote· (p.' 122), Clitarque (p. 1190), ·Theb`# . · _p/wqstè (p. 234) ,‘·Hdraclide' du Rent, mortvers -450} 3®0¤v·J·-¤· · disent`deuX mots àl peine ·_de certains faits intéressant _ · les Romains. Vienthenlinifliërmtymle de 'Cardie,·l’his· . · , Itoriographe de Pyrrhus. ll· écrit aussi la chronique ` de ses guerres italiennes; et parllui, pour laëpremière V fois, l'a1·t grec ouvre enfin la série de ses monuments l l i relatifs à l’histoire romaine propremenvditef ·>—· · · » Lajurisprudence a été fondée sur une base impéris- iin·asp·~u«ue··«c . sablepar la codification `du·Dr0it civiljen 303`et 30lit /g5|._&5O.4 Le;code en question est bien connu sousle nom delois ~ _ I ' I des XII Tables.- Il est en· même-temps·la‘plus ancienne ._ oeuvre écrite en latin qui puisse ·.s’appeler.u_n livre: — ° ` _ " Dans le fond, les « lois R0yal0s·» elles·mêmes, comme ` on lesïappelait, ne sont pas _d’une date beaucoup plus récente. Elles ne consistaient guère, d’ailleurs, qu’enl · —une série de prescriptions le: plus souvent relatives aux _ rites, fondées sur. la coutume, et vraisemblablement à _ ` portées E1 la connaissance detous, sous forme de soi- ‘ , `. disant ordonnances des rois, par le collége des Pontifes; . · lesquels, s’ils n’avaient pas le pouvoiir de légiférer-, i ‘ ' avaient dutmoins eelui de déclarer les lois. Je suppose _. · `que, dès les premiers temps de notre période, les sé= ` iiatus-consultes les plus importants,sinonlesplébiiscitcs, r , i ont été régulièrement conservés par l`écritu1·e: nous ' i ` ' _ savons que, dans les premières·luttes civiles entreïles _ · elasses,··on s’en disputait aussi -la garde (pp. 43, mt _ 1t0t0,etÃ5(i). Y r n I ·' _· · · · i_ · . En même temps qn’augmentait le nombre des._ textes, i»·as«1csmgasics.- la science du droit voyait- aussi ses fondements se poser p'Éf;;‘[lî'L) et S’3lT€l'lT)ll‘.LBS magistrats, nouveaux el1aqueannée,les, _ —` _ juges jn,rds,'pi·is dans le sein durpeuple, avaient besoin i · de l’avis d’hommesspéciaux (aztctores), sachant la procé- I · dure et les précédents, et pouvant, à défaut de précédents ·fournir`les motifs solides de. la déeisionjuridique. Les I` V ' i 3lO A · ·,Ll`Vllli ll; CHAP. QIIX I ' , · i I Pontifes; consultés sans cesse pour l’in'dication des jours fastcs ou judiciaires, pour les actes du droit sacré; pour ' " toutes les difficultés relatives au cultedes DieuX,' se mi-. · · _ rent‘à_ donner aussi des consultations surnles pointsde, ' . droit-. Ce- fut donc au milieu' d’eux que sc formarla trai j ` _ dition, longtemps prédominante dans- la loi privée des ' ' 'Bomains, d’un système des formules pour toutes les dc- — ,2mnm-.1. c`. tions à porter régulièrement en justice. Vers â·50, Appius _ ° Claztdnts, ou· son greffier Gnœus Flrwius,'publia, avec lc_ _ mwen Calendrier des jours flzstcs, le plus ancien recueildes ' · ·i«§.»«·iao··s. Actions. Mais ce premier essai' d’un· art qui n’avait pas encore conscience de lui-même, demeura longtempsisolé · ‘ . - et incomplet. Déjà, d’ailleurs, les connaissances et la p1·0fession du légiste étaient une puissante. recomman- j dation auprès du peuple; elles ouvraient la voie Vél`S les , ` hautes dignités. Que` si, pourtant, l’on raconte que le · _ premier Pontife plébéien, Puôlius Scmyironi-us 'Sopltus , MQ . (consul en 450) et que le premier Grand Pontife, éga- ·` I `asu. lement plébéien, Tiberi-us Corzmczmius (consulen H4)-, durent leurs succès surtout à leur sciencejuridique,_c’est là plutôt une conjecture émise parles écrivains des i _ _ temps postérieurs,'qu'un"exemple formellement attesté par la tradition. _· _, · ' t _ ·· i.« mmc. ·· _'La' genèse des langues latines et italiotes se place, on _ . le sait, avant lapériode actuelle. Quand s’ouvre 'celle—ci, _ ' le latin est/déjà constituédans ses éléments essentiels. · 'On s’en convainc facilement en lisant les fragments qui . ~ . · `· · nous restent des XII Tablesj fragments dont" l’idiome · _ nous est arrivé, sans doute, modernisé par la tradition . . i oralegmais ou l’on trouve cependant un certain no1n- . · f bre de mots archaïques et de rudes liaisons ;_ ou l’on , remarque, par exemple; _l’abandon _du sîtjct.indc/ini. s ' D’aille`urs,·nulle"dif}iculté d'interprétation,comme il · s'en rencontre dans le chant des Arimlcs. La langue '_ ' ressemble bien plus- a celle de Caton qu’à celle des on` 4 L'ABT ET LA SCIENCE ' 811 ` » _ 'cienncs l·itanies.f Si, aucommencement du \'1l° siècle, ‘ le_s Romains avaient peine à comprendre les écrits du v°, . _ t cela provenait, sans doute, de ce que la critique philo- _ .· logique n’existait pas`enc0re, non plus que l’étude des anciens monuments. Par contre, au moment ou fcom- _· Lalanguai mence la rédaction et l’·interprétation des lois écrites, la ""'? "'l""“’· ·· «langue desjaffairesse fixe et se développe: elle a ses for—_ ’- j mules et ses inflexions déterminées; elle énumère sans ` .fin les 'détails deîsacasuistiqueg et ses périodes a perte · d’haleine, ne ·le cédant en rien »à la phraséologie des · ' . Anglais modernes en ce g€Dl:8,·S8 recommande aux initiés _ · ` pa1· la subtilité précisede ses définitions; tandis·que, · I ` pour le communipublic, selon la nature ou l'liumeur ` " · de chacun, elle est un objet de-respect, d’inipatience ou de colère." ·‘ y — i _ `· . · ' é` Enfin, nous assistons aussi au début dela philologie x>t»a¤«>it>;a«·. Z · rationnelle, appliquéeauxidiomes indigènes. D’ahord, _ -_ comme nous l’avons vu plus haut"(l, p. 293), lesdia- _ I _ lectes latins et sabelliques menaçaient de tomber dans , la barbarie: élision des désinences, assourdissement des voyelles et des consonnes délicates, il se faitilâ unwtra- · , vail pareil E1 celui dont lesfidiornes romlansont subi les` ' ' ° 'effets, au v° et au \’l°SlèCl8 de l’ère moderne.·Mais bien- t · ._ • tot une] réaction`s’opÉere: chez les Qsques, les lettres d _ · U et 0*; chez les Latins, leg etle Lc, un instant confondus, ' I. , se séparent de nouveau, etreprennent leurs signes dis- _ 4 . tincts. L’0 et l’/zo, qui n’ont point eujadis leurs ca1·ac· . tères séparés dans l’osque,.et qui,bien distincts d’abord " · dans le latin,‘avaient` aussi paru_ devoir se_ confondre, V " 'reprennent tous deux leur type propre. L"i osque se dé- V · _· 2 double en deux signes, et'deux sons ;_ enfin l_’écriture se conforme à la p1·ononciation,autant du moins qu’il est i _possible Q pa1· exemple, chez les Romains l’s fait cons- ` A · tamment place à l’o·. Certains i`ndices—chronologiques 1·e· t ' I portentces remaniements au _v° siècle. _Ainsi,._vers lian 300, on ne trouve pas encore le g latin; vers 500, on le rencontre. Le premier consul de la Gens Papiria qui écrive son nom Papirius et non Papisius, a été consul en 418; et l'on attribue généralement l'emploi de l'r au lieu de l's à Appius Claudius, censeur en 442. Nul doute que ces perfectionnements de la langue parlée ne soient concomitants avec les influences croissantes de la civilisation grecque. Ne voit-on pas en effet celle-ci pénétrer partout à la fois dans les mœurs et dans les usages des italiques?. Et de même que les monnaies de Capoue et de Nola sont infiniment plus belles que, les as d'Ardée et de Rome; de même aussi l'écriture et la langue se régularisent et se complètent plus vite dans les régions campaniennes que dans le Latium. Aussi, en dépit des efforts faits par les Romains, leur langue et leur écriture sont encore assez mal fixées. On le voit par les inscriptions qui nous sont restées du ve siècle : les m, les d, les s finales, et les n, dans le corps des mots, y sont placés ou retirés de la façon la plus arbitraire: les voyelles o et u, e et i tantôt se confondent et tantôt se distinguent1. Enfin, très vraisemblablement, les Sabelliens avaient fait plus de progrès sous ce rapport, tandis que les Ombriens n'étaient encore que légèrement entamés par les influences régénératrices de la Grèce.

1 Dans les deux inscriptions tumulaires de Lucius Scipion, consul pour 456, et d'un autre consul du même nom de l'année 495, les m et les d font régulièrement défaut dans les terminaisons des flexions: pourtant on y lit une fois Luciom et Gnaivod; on voit l'un auprès de l'autre, au nominatif tous les deux, Cornelio et Filios; cosol, cesor, à côté de consol, censor; oediles, ledet, ploirume (pour plurimi) hec (nomin. sing.), à côté d'oedilis, cepit, quei, hic. La lettre r (le Rhota) prédomine déjà : On lit duonoro (pour bonorum), ploirume, à la différence des chants des Saliens, qui disent foedesum, plusima. Les débris épigraphiques qui nous restent ne remontent pas en général au delà de l'époque de l'r (rhotacisme). A peine si l'on peut citer quelques traces d'inscriptions plus anciennes. Dans les temps postérieurs, on trouve encore honos, labos, à côté de honor, labor; et de même, parmi les surnoms féminins, on rencontre Maio (maios, maior), et Mino, dans les inscriptions Prénestines récemment découvertes. .‘ ` . I. L’AH’l`_ET LA' SCIENCE 4 _ 313 _ ii " La jurisprudence et la grammaire commençant jà L'iustruetien. fleurir; l’il`1Sl.l`UCl«lOl]'éléfïlfêtlilîlifê, qui remontait déja à _ _ ° l’époque précédente, dut en ·recevoir_une certaine im~ ' pulsion. Le livre d’Homère,· le plus ancien des livres _ _ _ grecs; le Code des XII Tables,·le plus ancien écrit romain, _ · . ont été, chacun dans leur patrie respective, la Base de ' '· ` - ¤ G ! i I ' . renseignement, Les enlants de Rome eurent a apprendre . · pa1· cœur, c`était là leur prineipale étude, le manucl- de ‘ I · droit civil et politique condensé dans les XII Tables; , ()ut1·e__les maîtres de lettres latines flitteratorcs), il y , avait aussi à Rome, depuisque la langue grecque y étai _ devenue l’indispensabIe_ auxiliaire du commercant * · de l’l1omme d’Etat, desïprofesseurs de langue grecque (grammatiei ‘), tantôt esclaves ou illl,€fld3llÈS,(iI1'Cil8i`_dU maison, tantôt instituteurs privés, qui enseiguaieut la _, » . lecture et l’ecriture grecques, soit cliez_ eux, soit au dw- .— _ micile de_ l’elève. Le bâtouavait son rôle dans l’éduç ` cation, comme à l’armée, commedans la police, nous ' · i n’avo_ns pas besoin de le dire?. L’éducation n’avait d’ailleurs_ pas encore franchrles degrés élémentaires; et . . ` nulle distinction sociale ne séparaitcle Romain instruit _· `· ` du·Bomain restéienorant. ‘·•. · ` ' · I U c> _ · http _,

  • Il y a entre'le litteralar et le grmnnwtieits, _la meme différence _- _

_ · que chez nous, entre le maître d‘ecole et le professeur proprementdit. ` Dans l'usage du parler ancien, le granwtaticuà etait le professeur de _ ' ` grec, jamais celui de la lanuue natale. ·Litteratus·est plus moderne; il . Z ` 'ne se dit jamais du maître d'ec0le, et signilie un homme lettre. - · _ *_Plaute nous montre un coin de la vie roznaine quand il dit la , · lionne vieille maniere d'elever les enfants :_ · _ ‘ ' ' _ ` · « [. . . ; . . . _. . Ubi revenisses tI0utum_ ` _ I _ Cincticulo prœcinçtus in setta apud mayistmtm nrlsideres; ` I · _ ‘ _ Quum librum tegeres, imam si peccztrtsses sullabmn,. ' _ ‘ , Fteret corium lztm·nzaeul0su_m, quant est nutrieis pulltmrt. `- · ` · · [Baechid, III, 3, 27 et s.] A ·. _ ' «,.}tevenu ala maison, tu te plaçziis `aupres du maitre sur ton esca- i -» . · _ ¤ beau; et, en courte tunique, tu lisais; et si tu mauquais d'une seule · _ » syllabe, il en cuisait ir tou dosyvergeté sous les coups ài l’égald’un » manteau denourriee! ·· _ . _ · A — _ . ,. , I _' __ 314 'LIMBE ll,·CHAP,·lX 4 —· . U sucjitmmus. _Les Romains n’ont jamais marqué dans les sciences " ' I exactes etdans les arts .méc`à_niques g en ce qui touche ` '· notre époque, la preuve en ressort d'un fait unique qui A ' s’y rapporte sûrement; je__veux parler de la rectitication A '·¤·'¤'¤}?_*l"ð*' du calcmlrier essayéc pa les Décenivirs. Abandonnanti mmm" celui jusqu’alors en usage,` et calculé sur l’autique," I ` — période triétérique,1 que l’on sait si imparfaite (II,,-- ' pp.> 283-`285),` ils clierclièrent à le i~¢mp1acer.»4pai·—i1a · i ` ` V i période attiiqzge huit ans '(ôx·rcœ·r·qpiç>,` qui garde le ' mois lunaire_dIe vingt-neuf·jours et derni; donne à ` l’anuée solaire troiscent soixante-cinq jours et demi, ' ' _ au lieu de trois cent soixante-huit jours trois quarts; et ' qui assignant immuablement ài l’année commune une _ · durée de trois cent soixante-quatre jours, au lieu de I leur ajouter, ainsi`—qu’on l’avait_ fait jusqu’ alors, cin- " , · ·qUante·neul` jours tous les quatreans, en ajoute tous ` ` I les huit ans quatrelvingtldix. Partant de cesbases, les _ ' ' réformateurs actuels,. tout en conservant les autres dis- ° ' positionslen vigueur dans les années intercalaires du cycle quadriennal,_projetèrent d’ab0rd de raccourcir de · ·, sept jours, non pas les mois intercalaires eux-mêmes, mais bien les deux mois de février`; et de leu1· assigner non plus vingt-neuf et vingt-buitjours, mais vingt·deux _ _ A - et vingt-et—un jours seulement. Puis, ignorants qu’ils _ I étaient des sciences mathématiques; inspirés d’aillcurs . 4 ·. lpar des· sc1·upules pieux, et_aya11t—égard plus que de 4 raison à’ la fétedu Dieu Terme, qui précisément tombe· _ dans ces mêmes jours defévrier, ils embrouillèrent tout g , . V ' » en essayant de tout ‘réi`oriner, ·et donnèrent aux deux · i · · ' mois en question vingt;quatrc et vingt-trois jours; por- À ' - I .tant ainsilannée solaire roinaiue'à trois cent soixante-L i _ · ' · I six jours et un qua1·t. _De·là·dans le calendrier nouveau _ ' un. désordre considérable auquel il fallut promptemeiit porter remède. Les mois devenant partrop inégaux, il· A u’était plus possible de compter par mois ducalendrier, i V ` ,· 1,*_.·iix·1‘_ET LA SCl‘ENC|·l êtë - _' §;' . .'ou`pa1··'périodes déca-mensuelles (I. 282, etc.)l ;Quand· j I li ii w donc il futbesoindc préciser les dates, oncalcula pa1·· __ V · périodes de dix mois de l’année solaire de trois cent · · _' soixante-cinq jours, ou ·par.les dix m0is,'comme·on les . _ , · appelait, de trois cent' quatre jours. En outre, les paysans - I ` ` Mitaliens jpratiquèrent spécialement, et cela, de bonne _ · · heure, le calendrier rural d’Ezul00/sus, basésur l’_année A' A I _ · solaire egyptienne de trois cent soixante-cinq jours et ` _ . · '_ _ _· un quart (Eudoxus florissait en ,386) ‘. · _» _ _ -868 Mà J--'?; . i Dansles artsdu dessin en de la construction, arts V 1;in·t<1c1»mn· ' étroitement liés aux sciences mécaniques, lesoenvres des jm; 'âzliîésm ·, Italiques donnentune meilleureidée de leu1·savoir«faire. ` · `* _ · ' _ ·lNon que leur travaux se recommandent par uneorigi- _ _ f . ¤ nalité vraie; loin de là, ils portentîtous l’empréinte de · cet esprit·cl’imitati_on, qui caractérise les créations plas- ` ` ` J _ tiques de l’Italie. Mais si, à ce point de vue, l'intérê_t ' » ‘ '_ artistique leur lit défaut, une haute vàleur liistorique ` ` , ‘ · demeu1·a du inoinsattacliée à tous ces remarquables té- ·_ ' inoins de relationsinternationales appartenant `a une_’_î· ~· _ » u ' époque oubliée et jadis actives, et à tous cescurieux . _ 4 i produits de_l'indust1·ie des diverspeuplesitaliques, pour ` ` ' ' U qui, à l’exception de Rome victorieuse, l’lii_stoire avait ` · V , déjà irremissiblement pris lin.·Bien`de nouveau ii dire ' _ _· ` sur ce·sujet?': —mais.ce que nous avons dit et démontré _``, - - `ailleurs'(I. p. 319) se confirme ici d'_une îfaçon plus I ` _ _` — ` complete et plus saisissante La Grèce cireonvient de tous _ _` ` côtés, et presse à la iois les `Étrusques et les Italiotes; là, · ’ ` les arts qu’elle'vivifiejsont plus riches et plus luxueux`; ‘ _ " ici,»ses succès sont plus grands encore, en ce·qu’ils re- ·- '_ A bvêtent un caractère plusintelligent et PlUS`Sél‘i6_UX. * i ' _` t · Dans toutes les contrées de la Péninsule,»l’arcliitectu1·e, u»«··;i·aic«iii««~. - a`ses;debuts`mên1e, suit leslecons de la Grèce, on ne ‘ · · w saurait trop le repete}. Fortificationsdes villes, aqueducs, _ I. i'j§udoxus,_asti·0l0gue grec, disciple de Platon.] p' · · » · _ I · ` _ i i _LlVBE-ll, CllAR._IX_ · ·` `, tombeaux fermés de forme pyraruidale, temples t0S;' , ‘L.,,.m;m_; pans, toutes les constructions ressemblent en somme ` —

 <=¤~·5¤S?i¤¤·. aux édifices analogues de l Hellade. Nul débris n’est

' V resté d_e_lfarcl1itecture étrusque de cesitemps, `et_l’on _ ne rencontre en Toscane ai lla trace d’un principe nouveau reçu (il.1'd8l}O1‘è,·li_i un monument de concep- '\ _ —.t_ion originale. En vain citerait-on les caveaux fastueux, _ i i, · ln` tombe de Porsena à Clziusi, par exemple, décrite par i Varron`_ plus tard, (Elle ne fait 1·icn que rappeler îles . inagnificencessingulières ct stériles des l’yrmn.i¢les de , ·' "'v;"“‘ A l'Égypte.-——Dans le Latium, ilen est de même. Durant · un siècle et demi àidater de la République, l`a1·t latin se ` traine dans l’anci_enne ornière; et même, il semble quîil ' I ` I ait perdu plutôt que gagné_(p. 279). Le seul édifice, I I ‘· 'important qu’on puisse nommer, est letcmple de Cérès, h ^93 =*~'· J·—C· bâti près du grand cirque, en 264.. ll passcra,_sous les - Y ·Empereurs_, pour un modèle duîstyle toscan. Toutefois, ‘ ~ ' _i·e1·s les clerniers temps de la périocloactuelle, unnou- · ' _ ' _, ` · vel esprit se fait jour dans l’art italique, dans_·l’ai;t· i.«»pmm—«m»n·cQ romain surtout (p, 280). lfere grandiose du plein—cinti·e ` ` · A · · commence. Non que nousnous croyions fondés à le dire ,- . lui_et la Voûte, d’invention purement italienne. S’il est J _ . ' V — bien certain qu’aux premiers tempsde leur architecture, · T, V ~ j les Grecs ne les'ont ni connus ni employés; le_toit de ’ _ ,· I .. lleur temple était de construction plate, ou à deux pans ' · · -__>inclinés,· tout. porte _à`croire `cependant—·qu’ils les ont “ · ' _<lécoui·erîts plus tard dans les applications dela, méca; · · · niquerat.ionuelle; et leur tradition expresse enattribue ` un 251. .; l’_bonneur au physicien Démocrite'(29!1--387). Mais_cette· · ` _ concession faite, et l’antéi·iori_té des'Grecs admise, ilfaut ` aussi reconnaître avec tout_`le monde et' probablement . i nyec la raison', que les voûtes derla cloca maxima de . ' . _ Iiome, que la voûte substituée un jour la" couverture ,_ ` _ pyramidale de la citerne càpiioléne (l, 34 sont assu- ‘ \· — méinentlesplus anciens spécimensexistantsdusysteniedu U . · ixxnr Er tx seiisnen · · · i :ii7 " ` . ·:. Y . . ‘ ' . · . .· t ` .' , ~ _ ple1n:c1ntre, Il faut aussi croire que leur construction _ _ ne remonte point aux Rois, et qu’elle appartient Lt l’è1·e » Q zrepulilicaiiietl. pp; »lâ··(îj_·l47,)._ Au temps des Rois, en ` ` _ ellet, il n’y a eu en Italie que des toituresplates. ou à _ _ 4 vive arête (I. p. 313). Que l’on,attribue ài qui l'on vou- Q.· ‘ 1 tlra. du reste, l’invention dn plein-cintre; en arcliitecture ' . _ plus qu?ailleurs, l application en grand du principe. _ · ' théorique est chose aussi méritoire au moins que_sa clé- J ' ` . * C0U\'Cl‘îe ëlle-lïlêuie _: or; cet honneur revient sans con`- . I _ , · teste à ·l’art romain. Avec le. v“ siècle commencent à _ ' ' sortir` de terre ees portes, ces ponts,·ces aqueducs, ' . bâtis dans le système auquel lefnom romaindemeu-· 1 L _‘ rera indissolublement attaché. Bientot-selèvent aussi, - V enfants du plein-cintre, le temple en rotonzle; et la cou- ` » pole, ces formes que les Grecs n’ont—jainais pratiquées; ` · — _ que les Romains ont_au_ contraire adoptées, et qui eon- · ' _ venaient si bien àplusieurs de leurs cultes exclusivement ' ` 4 nationaux, celui de Vesta, par exemple!. on peut faire , , · la même observation en ce qui touche maint autrefait ' · ~ d’,une_ _ iniportance moindre, bien que' considerable î T ‘ enco1·e. Que l’on conteste aux Romains, dans toutes ces · · _ , circonstances, et le savoir artistique, et l'origii1alité,` . - · * Le temple, circulai_re n’est point; nneimitation de la maison prià 4 initive, comme on l'a cru longtemps: celle-ci, au contraire, a eté _· q _ d’abord carrée. - La théologie romaine rapportait la rolonile ai l’image ' symbolique du globe terrestre, ou a celle de la sphère du monde, en-_ A veloppant le soleil _place au centre.(Fest._.v° rutirnilam', p. 282. — · ` Plutarcli. Numa, ll, — Ovitl.·Fasl. ti, 267 et s ).,Au fond, la rotontle ' · ` · dérive tout simplement de ce principeque la forme ronde a toujours _ ' pnrn.la plus sure et la plus commode, des quil s’agit de construire _. _ . ' ' nn local clos, un 'magasin, etc. C’est aii1si qu’ctaient bâtis les Trésors 1 _ · ' des 'Grecs, ·aussi'bien que` la Chambre aux provisions ou le Temple des I · Penales chez les Romains, Il ctaitnatnrel de bâtir ainsi, et le foyer · · _ ' sacre ou autel de Vesta, et·le sanctuaire du fou ou le temple dela même · · · deesse, toutcomme les'citernes·et les puits (puleal). Pour conclure,.la · rotonde est ereco-italique,,aussi hie_n que le système quadrangulaire; '_ _ `elle· convient aussi bien a la camera ou chambre voûtce qu’a l`l1abita— _ tion prdprement dite: seulement clestaux Latins qu’estdue l’application _ architectonique et religieuse du principe du dôme simple (057.;;, tliolus) - ' _ ou temple en rotondc avec piliers et colonnes. ^ " _ ` _’ 3lS l — LIVRE ll, CIIAP. l·X_ , ’ 4 .

d’accord ; mais les larges et solides pavés de_leurs voles, leurs indestructibles chaussees, leurs tuiles larges, dures et sonores, l’éternel ciment de leur maçonnerie expriment au vrai l’inébranlable solidité et l’activite énergique du peuple de Rome.

Amun mam . .Comme l’architecture, et mieux qu'elle encore, s’il est possible, les arts du dessin et de la statuaire, pour n’avoir pas été dans la réalité fécondés et lertilisés par la Grèce, avaient du moins reçu les premières semences .n·} En·im«·. de la main des l·lellènes.yNous avons vu déjà p.’248) que frères pninés de l’architecture, ils avaient pourtant fait quelques progrès en Étrurie,·dès les temps des rois romains; mais leur développement principal-, _get en Étrurie, et dans·le Latium, appartient àr-la__présente période 1 ce qui le prouve, ·e’est`que dans les provinces conquises au vt° siècle sur les Étrusques par les Gaulois et par les Samnites, on ne rencontre, ·pour··ainsi·dire, aucun vestige de l’art toscan. La plastique étrusque s’adonna tout d’abord et principalement au travail des terres cuites, de l’airain et de ·l’or : les`1·iclies__`coucl1es argileuses, et les- gisements de cuivre :de· l’Étrurie, comme aussi son commerce, oilraient toutes’_l`acili_tës sous ce rapport; Les terres cuites se fabriquaient en quêlirtités enormes, à en juger par·les.innombrables ·ant,élixes· et`A· _`

 ·   figurines, qu’on a retrouvées dans les ruines, et dont, les .

b _ Étrusques chargeaient les murs, les pignons et les " · _` U de leurs temples. llsfen exportaient, aussi beaucoup"dui‘is,— _` ` -4 le Latium. L’art des bronzes ne reste pas 8D,8l`l’lèl‘€â.l»l;a_€È’ - ’_ _ 2 t. ‘ï fondeurs osaient’ couler des statues même colossales, hautes de cinquante pieds, par exemple. A Volsinies, le Delphes de l’Étrurie, on ne comptait, dit-on,`pas moins de deux mille statues de bronze (vers 489). Mais la statuaire de pierre ne commença ses essais que plus tard : c’est ce qui arrive partout. Ici, d’ailleurs, outre les raisons ordinaires, on peut alléguer encore l’absence de matériaux ’coiivenables_;·;car alors, on niavait pas de- · couvertîleslcarriêres deïîniarbre de Luna (Carrara). , _` _ Pour quiconque`_‘est’descendu clansfles splendides · V caveaux i`un_éraires’de l’Étrurielméritlionale, il semblera facilement admissiblequeiles eoupes il’ortyrrl1éuiennes —, aient été _tenues en‘_estin1e°`jusque dans_l’Attique.—, ‘—L’art_du lapidaire,·—quoiq`ueVmoins·ancien,,a aussi fleuri en Étrurie. Imitateursserviles des Grecs, leurs égaux d’ailleurs»par`rl’*habileté_îdemain,- les dessinateurset les peintres toscans ontl-fait des prodiges dans "la ciselure linéaire sur métal, et dans lapeinture murale moochrome.

Que si nous leur comparons les Italiques proprement dits, ils ¤0¤S’_;emi51wV;·_~ç1’;·b«j(1` bien pauvres en face de cette richesse `artistique de»l’EtrurieQ Mais —d’un·eàamen plus attentif illressoijtp1·ompte’me’nt·que les peuples sabelliques_et’.lati_ns étaient untininiment mieux doues que leurs voisins-du_nordQ-(lommençons parle dire, dans les régions sabelliques pures, dans la Sabine, les Abruzzes, le_Samniuin,‘nous Il€_`_l,l‘0U\;©l”lS pas d’œuvres·d’art, pour ainsi dire’_: les monnaies meme manquent. Il en fut autrement chez les tribus `qui touchaient aux rivages des· mers ’Tyrrliénieune et lonienne Là, l’ai·t grec ne s’est pas seulement propagé`, comme en Étrurie_, par ses côtés_lmatériels?;_ il sy, est acclimaté plus ou moins completement-. A Vélit-ras [Vallet-ri], ou, malgré l’introduction d’une colonie romaine, et_’l’admission des habitants au droit passif dde cité, la langueîet les mœurs étaient-`volsques, et 0nt longtemps persisté, on a trouvé des `terres cuites d’un°faire original et plein de vie.·Dans l’Italie inférieuregjl;1’=L;ucmm· n’a’été·qu’à peine effleurée l par les Grecs,·mais dàns la Campanie et le Brztttium, ou les Sabelliens et les Hellènes mêlèrent leurs langues et leurs nationalités,~ ils ont aussi parcouru ensemble tous les; chemins de l’art. Les monnaies campaniennes et , · · $· ` Q . , ‘3‘.Z0` _ · ·i,tv·t:E ll, l}tlAP. IX · · · bruttiennes, sous ce rapport; se placent absolument sur . la_ même ligne que le_s médaillesigreeques contempoi . l‘i1l[ll€S;' et, s’il ii')? avait la_ÃClil`t`é1·ence desinscriptions, · ' il serait ditiicile de les distinguer les unes des autres. _ · ` CW lus I·¤ti¤5· · En ce qui toucl1e les Latins, il n’est·pas moins sur, ' . quoiqu’on suelie moins généralement lelait, que si les

 Etrusques les devançaient beaucoup parla richesse et lâ` `

profusion de leurs objets dîart, ils ne l’emportaient sur , euxni parle S€l·IllI`(1€1ll5,·lll par l’lxabileté de main. La ‘ - taille des pierrespréeieuses, savamment pratiquée dans . la luxueuse Étrurie; était; il est-vrai,·inconnue à Rome; ` . ' , et les ouvriers latins n’exportaient l)3S.C0ïl1l”l1®_l€iUI`S·I _ voisins des pièces d'orfévrerie et des terres cuites.'Les ` ~· l I temples latins tn’étaient pas non plus surchargés de re- ' ' liel`s dezbronze ou (l’3l`gll®§ les tombeauxldu Latium A _ — n’étaieut pas remplis 'd’ornements tl’or;`enlin, l’on n’y _ _ 'voyait pas les murailles `resplendir_de peintures variées. Q l ll_n’impoi·te : dans l’ensemble,' ·-l'avantage ne `demeure ' I pas aux Étrusques. La figure du Janus, aux yeux des La- · ' ‘ ’ tins \`(Ãl`lLI1l)lè`ll]]3g€ de `la divinité, peut-être (I, p. 223), _ v· · l n`,est rien moins qu'une invention` maladroite : l’art - ·· étrusque n`a pas'prod'uit d’œu\·re aussi originale.i Le ,· -· .` · temple ancien de Cérès témoignuit des travaux d?arà ·· ‘ tistesgreeside renom, venus à Home; le sculpteur V ' I .I)am0philc qui, avec Gorgusus, l'orna·de terres cuites _ ` · A peintes, est le même sans doute qttcpiimoptare tl'Himèn:,' igpuft-, i_.c, qui lut le maitre`_de Zeimyis (vers 300). Rien de plus ins;. * " _ 4 I tructil et de_ plus intéressant que les divers monuments A I ` I d’artj qui, parvenus jusqu’à nous, ou mentionnés dans L ` ' les sources, nous permettent encore aujourd`·l1ui de ` ‘ ' ` ·t·¤mpm—tt·» et d_’asseoir noti·ejugemen_t.' Des monuments` " ·· ` de pie1·1·e du Latium, il nereste guère qu’un`sarc0pl1age _ `de styledorique, appartenant à latin de la période L ' ' présente, et connu sous·le nom de sarcopbagedu consul _ romain Lucius Scipion; la simplicité noble de ses lignes — _ L’ART·ET LA SCIENCE . 321 · _ 'ferait honte à toutes les œuvres étrusques du même ‘ genre. Dans les tombeaux toscans on a rencontré bon . · nombre de beaux bronzes d’un style archaïque sévère, ,· · des casque_s, des lampes et autres objets analogues; ` _ mais nul d’entre eux_ne`saurait être comparé à la louve ` (le bronze, -faite du produit des amendes criminelles, et ` placée (l’an 458) près du figuier rumiual, sur le Foruml; i 206 av. J. <1. — i ce morceau d’art fait encore le plus bel ornement du _2g3_· _ . Capitole moderne! —LeS,f0m1w1-S latins ne reculaient L — pas plus que leurs voisins devant de grandes dépenses : . . ` c'_est ainsi que Spurius·Carvillus (consulen 461), avec I - les armures prises sur les Samnites, fit couler pour le _ l i Capitole u11e statue colossale de Jupiter, aux_pieds de ` laquelle se voyait debout la statue du vainqueur, celle ci . ' ` fondue avec les rognures tombées sous le burin du cise— , · ' ` leur. On apercevait le colosse depuis le mont Albain! ` Parmi les_ monnaies coulées en bronze, les plus belles appartiennent certainement au Latium méridional; les monnaies romaines et ombriennes sont médiocresgycelles · s l étrusques sont presque sans etligie, et souvent même ‘ tout a fait barbares. Les peintures muralesqne Guius Fabius tit faire dans le Temple du -Sal-ut, consacré au Ca- l pitole, en l'an 452, enlevaient encore, et pour le dessin · 30ï'·_ et pour la couleur, tous les éloges des artistes grecs, si'- babiles du_ siècle d'Auguste g enfin, les critiques enthou- ` siastes de l'ère impériale _ admirent sans— reserve- et ' \ V `· prisent comme des cliefs-d’œuvre les fresques de Cœré, , ` _ _· et surtout les fresques romaines, celles de Lanuvium ou — ·celles dfArdée. Le dessin au trait sur métal servait en _ Étrurie à l’ornement des mlrolrs"à main; dans le La- · · _ tium il était davantage employé pour les clstesou: cas- l ' · ‘ [(C’est an_ pied de ce figuier que les deux jumeaux Romulus et - Remus avaient ete déposés par les eaux du Tibre_, et qu'ils furent re- cueillis et allaites par-une louve.- Ruines ou Rumœ, vieux mot voulant `dire mamelles :·dl0u le nom de Rumîual.-Varr., de re rust.·Il; 4, 15. 4 ~ · Plin; luis:. mu. 45, tx, 20.] — · · · ` n. ` . · p il _ \ i 322 ` · LIVRE lI,·CHAl). IX · . · settes de toilette. ll est toujours assez 1·are chez les Latins, · i sauf ~à Prénestehoù on- le voit en faveur. Les miroirs · · toscans, comme iles cassettes prénestines, offrent aussi rleprécieux spécimens`: toutefois, ici encore la palme appartientaux travaux de ce dernier genre, à la ciste . ‘ f sortie, sans doute dans ces temps,~de l’atelier d'un maître = — prenestin. L’antiquité_ toutentière ne nous a pas légué. _ _ dlœuvres graphiques d’un caractère plus parfait et plus i ` beau, ·d'un.art plus pur et plus sérieux à la fois que _ ceux qui donnent tant de prix à la ciste fîcoronicimcl. ' ° cmmm _ Le caractère général dcsœuvres d"art étrusques con-

 -siste·dans le luxe barbare, excessif, de la _matière·et du

style, joint à sla pénurie absolue du sentiment. Là ou ·lc . - ` maître grec se contente d’une 1·apide esquisse, son dis- I , ' ciple toscan appcsantit uneattention studieuse, pénible et _ ` I qui sent l'écolier; à la place de la matière légère, et des proportions modestes adoptées par les Grecs, l’Étrusque · affecte la rgrandeur démesurée: ·il lui faut pour son tra- ' vail. Ãun ·objet précieux ou un sujet simplement bizarre. · ll ne ·sait pas imiter sans exagérer : chez lui lasévérité . devient ClUl`€l·é,·l’3gTélH€Ut mollesse; la ter1·eur devient l'·horrible§ la volupté se change en ‘l·uxure; et l’·on y · constate cette décadence croissante à mesure que va I s’·al’faiblissan`t l’impression première venue des Hellènes, et que lïart ·toscan se' voit 1·éduit à ses propres forces. _ Ge quimous frappe encore, c’est la persistance des formes p ' et-dustyle traditionnel.‘Faut—i·l expliquer ce phénomène "' . par·ce fait ·qu'au commencement, les 'relations amicales ‘ s’étant··établies entre les ¢Étrusques et les Grecs, ceux-Ãci · · 4 . au1=aient·d’abord·répan·du'cl1ez·lespremiers·lessemences_ _ · l de ·l’art·; puisque, plusêtard, les hostiïlites ayantsuccédë _ *ïN0v`îus Pl0tius`(p. 277) ~n’a peut-être tendu que les ,pieds et le i groupe du couvercle; la ciste elle-même proviendrait alors·d’un artiste antérieur, mais .prénes|in_ lui-mème., car-ce petit meuble ·nfétait;guère` ` ren usage alors qu'à Préneste, ` p , _ _ Y _ j _ · ` I à la paix, l’Étrurie aurait ferméses portes ii ses "maitres, avant d’avoir pu francliir sous‘leur>conduiteles étapes progressives ’de son éducation artistique? N’y a—t¥il pas plutot’lien de croire que la 11ation étrusque `s’est arrêtée · ` · dans la voie qui s’ouvrait,· par l’elTet même de son im- mobililé intellectuelle`? Toujours est-il que l’art chez elle ` est resté ce qu’il était au, jour ou le secret lui en avait été transmis. ()n‘ vit alors, cliose bizarre, cet enfant mal venu de la civilisation grecque, passer aux yeux de tous pour l’initiatenr et lepëre de celle-ci. Dèsque les ( Toscans ne se sont plusicontentés de conserveriinmuable ` ‘le s_tyle de l’art rudimentaire importé dans leur pays, ils n’ont plus été que `dc pauvres ouvriers dans les branches . nouvelles, la statuairelen pierre, oula fonte des mon11aies r V de bronze, par exemple : nouvelle preuve de lastérilité . ’ rapide de leur génie! Le même enseignement ressortdes ’ peintures des vases, extraits en quantités innombrables ` · ` des caveanx funéraires des âges plus récents., Silinçlus- à · , ’trie des poteries avait été contemporaine de la ciselure · ` r au trait sur les métaux, on de la fabrication des terres . I , cuites coloriées, ilseeussent aussi appris a lesprodnire · _ en grand, et à les fairelrclativement belles; mais quand _ · ` celles·ci devin1·ent un luxe à ‘Ia’mode, les Étrusques laissés à eux-mêmes manquèrent tous leurs essais d’imi- " tation. Il suiïit, pour s’en convaincre, d’examin’er" les ·` ` ` quelques vases que nous possédions, portant des insy ·«  criptions dans leu1· langue. Aussi, bientôt’, au lieu de les · à ’fabriqnerl chez eux, ils ’allèrent les acheter au dehors.

Pour être tout a fait dans le vrai, nous devons néanmoins distinguer entre` l’Etrurie dunord et celle du sud. Les différences y sont en effet remarquables dans les et dans choses de ‘l’art. C’est dans le sud, et notamment dans ne les régions de Caèré, Tnrquinies, et Vulci, que `l’_on V retrouve ces pompeuses décorations des temples, ces peintures murales, ces joyaux d’0r, et ces poteries coloriées. Dans le no1·d`, plus rien, ou presque` rien. Onne connaît pas un seul caveau décoré de peintures au-delà _ de.^Chiusi.1Les villes étrusques du sud-, Véies, Cœré, · Tarquinies passaient, selon la tradition romaine, pour I _ les· berceaux et‘les·capitales de lïart toscau;·tout au — nord au contraire, Vqlaterra, la cité ayant le plus vaste ` territoire, demeu1·e_ aussi- la plus ’étrangère à_l’art. Dans la sm1·Emt»—za, a pénétré une—demi=culture hellénique: , ailleurs la barbarie antique persiste. La raison de cette remarquable divergence tienten partie à rune nationalité · plus mêlée déjà et altérée par les’ contacts étrangers, _ dans le sud (I. p. 167--468). Elle peut aussi s’expliquer par la puissance essentiellement variable, selon les temps et les lieux, des influences helléniques. A Coeré, I par exemple, les Grecs imprimaient un mouvement dé4 cisifà l’art-; ailleurs, il s’en’l`allait qu’il en fut-ainsi. Dans tous les cas, et-qu’on les ekplique comme on le voudra, ces curieuses différences ne sauraient être eontestées. Mais l’Étrurie dusud fut promptement conquise et faite romaine, e_t l’art étrusquey fut frappéà mort par la con- quete; quant au nord, abandonné à lui-même, il ne - pouvait rien pr0du_ire·dans les arts; ses monnaies de bronze sont là, qui l’attesteraient au besoin. ’ ' ·

Tournons encore nos regards vers le Latium : la non plus, ne seunontre pas un monde artistique nouveau. Il faudra des siècles de progrès pour tirer du principe du plein-cintreune architeetureignorée des Grecs,_et’ pour mettre la_ statuaire et la.peinture’en harmonie avec les créations architecturales. ’Donc l’art’ latin n’est point originalgdl est médiocre souvent; mais sentir vivement les beautés de .l’art étranger, les choisir avec tact et savoir se les approprier, c’est déjà faire oeuvre méritoire.

Une fois sortis de la barbarie, les Latins n’y retomberont pas aisément ; et leurs bons ouvrages iront décidément de pair avec ceux des Grecs. Dans les premiers temps, ils s’asservissent, je le reconnais, aux modèles que leur transmettent leurs aînes et voisins, les étrusques ’(I. p. 316-317). Varron a pu affirmer avec. raison,‘que, jusqu’à la venue des artistes grecschargés de la décoration du sanctuaire de Cérès (p. 320), les temples romains n’avaient jamais reçu dautres statues que les statues d’argile « toscanes ». Mais, en somme, l’art grec seul a exercé une influence immédiate et décisive sur les artistes latins; les œuvresmême que nous venons de citer, les monnaies latines et romaines le démontrent. Pendant . que la gravure au trait, chez les Étrusques, se restreint à l'ornementation des miroirs, dans le Latium, on n’en use que pour celle des « cassettes à toilettel ». Les arts importés dans les deux pays suivent aussitot des; voies tout autres. En même temps, Rome nïest point encore la ville privilégiée des arts zyles as et les deniers romains sont de beaucoup surpassés, et pour la finesse , et pour l’élégance du travail, par les monnaies latines de bronze et d’argent. De même les œuvres les plus considérables dela peinture appartiennent à Préneste, à Lanuviuni, à Ardée. Nous avons dépeint ailleurs le génie réaliste et particulièrement sobre de la Cité Républicaine: ces résultats sont donc naturels. Le Latium suivait difficilement la capitale dans l’austérité de sa voie; mais, au cours du v“ siècle, et surtout pendant la seconde moitié, l’art romain prend enfin son essor. Alors on se met à construire les arcs et les chaussées; alors est.f`ondue la louve du Capitole; alors on voit un homme, appartenant à l’une des plus nobles et plus anciennes familles, prendre lui·même le pinceau, et se faire le décorateur d`un temple nouvellement bâti. La posterité l’a honoré du nom de Pictor. Et tout cela n’est point le fait du

Les cislœ myslieœ, déjà citées, supra.]

¤ [L’un des plus anciens annalistes de Rome, et qui fut aussi un bon peintre: p. 321.] hasard. Les grands siècles embrassent l’homme tout entier : quelque raideur que montrent les mœurs à Rome, quelque sévère qu’y soit la police, le noble élan qui pousse le citoyen romain à la conquête de l’Italie, ou, pour mieux dire, qui conduit à la conquête du monde l’Italie pour la première fois réunie, cet élan assure aux Latins et aux Romains la supériorité de l’art. En Étrurie la décadence artistique va du même pas que la décadence politique et morale du peuple. La nationalité puissante des Latins leur a soumis toutes les nationalités plus faibles : elle a laissé de même sur l’airain et le marbre son indestructible empreinte !