E. Fasquelle (p. 35-36).
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VII


Elle n’eut plus d’amies. Dans aucune compagnie, personne n’eut le courage ou la pitié de l’accepter. Les prétendants s’éloignèrent. Ce fut le vide autour d’elle.

Mme Gilquin songeait au bonheur passé, aux joies éphémères de la vie. Les deux femmes ne se quittaient plus, supportant ensemble leur découragement et leur tristesse.

Cependant, malgré tous les souvenirs et tous les présages de malheurs qui pesaient sur les Gilquin, un garçon du pays, nommé François Jarry, se présenta pour épouser Hermine.

— Je n’ai rien… qu’est-ce que je risque ? — dit-il en rigolant à ses camarades qui s’étonnaient de sa démarche.

Il était d’un village voisin. Il revenait de faire son temps de militaire, et n’avait en effet aucun bien, mais sa famille avait réputation d’honnêteté, et Hermine accepta sa demande, pressée par sa mère, qui s’affolait de leur solitude et de leur faiblesse, et qui voyait que la ferme, mal tenue, avait besoin de retrouver un maître.

Sans amour, mais sans répulsion, Hermine se maria donc. La noce fut triste pour elle, et personne, d’ailleurs, n’y apporta d’entrain, tant le deuil pesait sur la maison. Le nouveau patron s’installa.