Harmonies poétiques et religieuses/éd. 1860/Hymne à la Douleur/Commentaire
Œuvres complètes de Lamartine, Chez l’auteur (p. 429).
COMMENTAIRE
DE LA HUITIÈME HARMONIE
Les hommes doués d’une sensibilité excessive jouissent plus et souffrent plus que les natures moyennes et modérées. J’ai participé à ces excès d’impressions dans la mesure de mon organisation. Ceux qui sentent plus expriment plus aussi : ils sont éloquents ou poëtes. Leurs organes paraissent faits d’un métal plus fragile, mais plus sonore que le reste de l’argile humaine. Les coups que la douleur y frappe y résonnent et y prolongent leur vibration dans l’âme des autres. La vie du vulgaire est un vague et sourd murmure du cœur ; la vie des hommes sensibles est un cri ; la vie du poëte est un chant.