Héléna (1822)/Note
On éprouve un grand charme à remonter par
la pensée jusqu’aux temps antiques : c’est peut-être
le même qui entraîne un vieillard à se
rappeler ses premières années d’abord, puis le
cours entier de sa vie. La Poésie, dans les âges
de simplicité, fut toute entière vouée aux
beautés des formes physiques de la nature et
de l’homme ; chaque pas qu’elle a fait ensuite
avec les sociétés, vers nos temps de civilisation
et de douleurs, a semblé la mêler à nos arts
ainsi qu’aux souffrances de nos âmes ; à présent,
enfin, sérieuse comme notre Religion et la Destinée,
elle leur emprunte ses plus grandes
beautés. Sans jamais se décourager, elle a
suivi l’homme dans son grand voyage, comme
une belle et douce compagne.
J’ai tenté dans notre langue quelques-unes de ses couleurs, en suivant aussi sa marche vers nos jours.