Gustave Flaubert (Thibaudet)/Annexes


Gallimard (p. 299-303).

NOTE BIBLIOGRAPHIQUE[1]


La seule édition des Œuvres complètes de Flaubert publiée jusqu’aujourd’hui est l’édition en dix-huit volumes de la librairie Conard, commencée en 1909, terminée en 1912.

Elle n’est pas exempte de fautes, et la Correspondance en particulier y a été fréquemment mal lue et mal datée. René Descharmes, qui avait surveillé l’édition dite du Centenaire (Librairie de France) a rectifié ces erreurs. Mais une nouvelle édition Conard de la Correspondance, en neuf volumes, a commencé à paraître en 1926 et a été terminée en 1933. Elle tient compte de tout le travail de Descharmes, et elle ajoute aux lettres publiées dans les éditions précédentes des centaines de lettres inédites. Les cinq volumes de la Correspondance dans les éditions antérieures sont donc déclassés par les neuf volumes de la dernière, et la bonne édition de Flaubert se compose aujourd’hui de vingt-deux volumes, dont les treize premiers de l’ancienne édition et les neuf de la nouvelle Correspondance.

I. —  Madame Bovary.
II. —  Salammbô.
III. —  La Tentation de saint Antoine (versions de 1849, 1857, 1874).
IV. —  L’éducation sentimentale.
V. —  Trois Contes.
VI. —  Bouvard et Pécuchet.
VII. —  Par les Champs et par les Grèves.
VIII. —  Théâtre.
IX, X, XI, XII, XIII, XIV, XV, XVI, XVII, Correspondance et Index.
XVIII et XIX. — Notes de Voyage.
XX, XXI, XXII. — Œuvres de Jeunesse.

Le dernier volume de la Correspondance est fait, pour sa plus grande partie, d’un index détaillé, guide indispensable de toute étude biographique sur Flaubert.

Cette édition contient les considérables inédits que Mme  Franklin-Groult avait extraits des dossiers de la villa Tanit.

Restent à éditer :

1o Les plans et projets de romans non écrits, en particulier d’un roman sur l’Orient moderne, Harel-Bey, d’un roman sur la Société du Second Empire, Sous Napoléon III, de la Spirale, sur laquelle W. Fischer a donné des indications dans son Flaubert inédit. Cette publication sera malheureusement rendue difficile par la dispersion d’une partie des papiers de Flaubert en vente publique après la mort de Mme  Franklin-Groult.

2o Les plans, parties retranchées ou refondues, etc., des romans publiés par Flaubert. L’édition Conard en offre un choix intéressant, principalement pour Madame Bovary.

3o Un certain nombre d’écrits destinés à l’entourage de Flaubert, et généralement du genre facétieux. Les deux principaux ont figuré à une vente Andrieux du 17 mars 1933. Ce sont 1o La Queue de la poire de la Boule de Monseigneur (24 pages, in-4o), facétie rouennaise et rabelaisienne, accompagnée de dessins de Bouilhet, et qui paraît dater de 1860 ; 2o Vie et Travaux du R. P. Cruchard par le R. P. Cerpet, dédié à Mme  la baronne D. Dev. née A. D. (à George Sand) (6 pages in-4o), biographie d’un curé ridicule, à la manière du Garçon, de Pécuchet, du cheik, avec lequel Flaubert s’identifie plus ou moins, et qui date de l’époque où il se mettait à son troisième Saint Antoine (vers 1872).

4o Les notes et résumés des lectures qui ont été dispersés dans les ventes d’Antibes et de Paris, après la mort de Mme  Franklin-Groult.

5o Des parties nouvelles de la Correspondance sont appelées à sortir. Le paquet des lettres à Laporte a déjà passé en vente publique depuis la nouvelle édition Conard, et n’y figure pas. On sait que d’autres séries importantes existent, que leurs propriétaires ont refusé jusqu’à présent de communiquer.

6o L’édition d’une grande Correspondance n’est vraiment complète que si on y joint les lettres des correspondants. Les lettres de Le Poittevin, de George Sand, de Maupassant, à Flaubert, ont été publiées, mais ne font pas partie des éditions dites complètes. De la vingtaine de liasses conservées par Mme  Franklin-Groult, M. Antoine Albalat a extrait, dans Gustave Flaubert et ses Amis (Plon, 1927), un volume important qui est actuellement un complément indispensable à la Correspondance de Flaubert. Les lettres de Caroline Flaubert à son frère, avec des lettres inédites de celui-ci, seront sans doute publiées prochainement.

Mais restent inédites des centaines de lettres de Bouilhet, de nombreuses lettres de Du Camp (bien que celui-ci ait dit que Flaubert et lui avaient brûlé leurs lettres d’un commun accord). Une abondante correspondance avec Daudet avait disparu des archives de Mme Franklin-Groult. Il y aura toujours, dans cette section des correspondants, une grosse lacune : les correspondantes. Mme Franklin-Groult a détruit toutes les lettres de Louise Colet à Flaubert, sous prétexte qu’il y avait «  des horreurs », et à plus forte raison beaucoup d’autres lettres de femmes.

Ceux qui ont travaillé dans les dossiers de la villa Tanit savent d’ailleurs que la censure de la nièce s’est exercée activement dans la publication des inédits. Bien des pages ont été supprimées. Des lettres que lui adressait son oncle, Mme Franklin-Groult a donné tout un volume, les Lettres à sa nièce Caroline, mais elles ont été imprimées sur une copie faite par ses soins. Enfin, dans la Correspondance publiée, et par exemple dans les lettres à Louise Colet, des lignes de points remplacent de nombreux passages où Flaubert s’abandonne aux « horreurs ». Les lignes de points abondent d’ailleurs dans l’édition Conard.


BIBLIOGRAPHIE


MM. R. Dumesnil et D.-L. Demorest publient actuellement dans le Bulletin du Bibliophile, une Bibliographie des œuvres de Gustave Flaubert, qui apporte beaucoup de nouveau et qui sera définitive.

Quant à la bibliographie des livres et des articles écrits sur Flaubert, on la trouve dans l’Essai bibliographique des principaux ouvrages, articles, documents biographiques et critiques relatifs à Flaubert, qui occupent les pages 177 à 326 du tome II d’Autour de Flaubert, par René Descharmes et René Dumesnil (1912). Après 1912, cette bibliographie est relayée par l’Appendice B du Gustave Flaubert de René Dumesnil (1933).


BIOGRAPHIE


Les deux instruments principaux de la biographie de Flaubert sont : 1° la Biographie chronologique de Gustave Flaubert qui occupe les pages 122 à 176 du tome II d’Autour de Flaubert, de Descharmes et Dumesnil, et qui étant de 1908, exigerait d’être refaite ; 2° l’index qui termine la Correspondance dans la nouvelle édition Conard (1933).

La meilleure et plus récente biographie de Flaubert se trouve dans le Gustave Flaubert de René Dumesnil (1933). Elle ne dispense pas du Flaubert avant 1857 de René Descharmes (1909), ni des Souvenirs Littéraires de Maxime Du Camp (1882-1883) et encore moins du Journal des Goncourt. Entre les innombrables mémoires et correspondances où passe la figure de Flaubert, ces deux derniers sont seuls essentiels.

Plusieurs amis et amies de Flaubert ont été l’objet de monographies. L’Ernest Chevalier de Mignot (1888), le Louis Bouilhet de Léon Letellier (1919). l’Alfred Le Poittevin de René Descharmes, soit l’introduction à ses œuvres (1924), les deux livres de Gérard-Gailly sur Mme  Schlesinger, Flaubert et les Fantômes de Trouville (1930), l’Unique passion de Flaubert (1932) dispensent des autres études sur les mêmes personnages. Les livres de Mestral-Combremont et de Gérard-Gaily sur Louise Colet ne remplacent pas l’étude générale qui manque encore. Un ouvrage — nécessaire — sur Maxime Du Camp ne pourra être écrit que lorsque le délai fixé aux bibliothèques pour la communication de ses papiers, et les droits de sa famille, auront expiré. Sera-ce une réhabilitation ?

Entre les nombreuses études littéraires publiées sur Flaubert, on signalera, comme témoignage d’une génération, les deux livres antithétiques de Zola sur les Romanciers Naturalistes (1881) et de Brunetière sur le Roman Naturaliste (1883), ainsi que le Flaubert des Essais de Psychologie Contemporaine de Paul Bourget (1883), comme livres de disciples l’Étude de Maupassant (1884) et le Gustave Flaubert de Louis Bertrand (1912), comme point de vue d’un critique célèbre le Flaubert de Faguet (1899), comme parti pris de réaction et d’ « éreintement » les articles de Pierre Gilbert dans la Revue Critique des Idées et des Livres de janvier et août 1912.


LES ŒUVRES


On trouvera dans les Fantômes de Trouville de Gérard-Gailly les dessous sentimentaux des Mémoires d’un Fou, et dans Flaubert avant 1857 de Descharmes ceux des œuvres de jeunesse.

Il y a toute une littérature sur la vraie Mme  Bovary, le vrai Yonville, etc… Elle consiste en une centaine d’articles qui figurent dans les bibliographies citées ci-dessus : on les lira avec une certaine défiance.

L’article de Sainte-Beuve sur Madame Bovary (4 mai 1857, Causeries du Lundi, t. XIII) est le plus important qu’on lui ait consacré à l’époque. On en trouve d’autres cités en appendice dans la Madame Bovary de l’édition Conard. Les trois articles de Sainte-Beuve sur Salammbô de décembre 1862 sont reproduits dans les Nouveaux Lundis (t. IV). L’article de Blossom (Revue d’histoire littéraire de la France, mars 1913) sur la Préparation de Salammbô d’après la correspondance de Flaubert dispense d’ouvrages analogues sur le même sujet. Un article d’Armand Weil, Le style de Salammbô, manuscrits et éditions, dans la Revue Universitaire du 15 avril 1902 est fait d’après les papiers de Flaubert.

Les dessous de l’Éducation sentimentale sont encore mal connus. Ils sortiront peu à peu de l’inédit. L’étude de M. Maurice Parturier (Bulletin du Bibliophile, 1932) Autour de Mérimée, apporte des indications précieuses.

Sur Bouvard et Pécuchet sont indispensables : 1° Autour de Bouvard et Pécuchet par René Descharmes (1921) ; 2° À travers les plans, manuscrits et dossiers de Bouvard et Pécuchet par D.-L. Demorest (1931).

Il y a sur Flaubert, d’après sa correspondance, une thèse volumineuse d’Helen Freilich.

Flaubert est de tous les écrivains du XIXe siècle celui dont le style a fait l’objet des études les plus nombreuses. On consultera surtout : 1° les différents ouvrages d’Antoine Albalat (passim) ; 2° les articles nombreux (voir bibliographie dans René Dumesnil) qui se rapportent à une polémique de 1919 : Flaubert savait-il écrire ? déclenchée par un article de Louis de Robert ; 3° le travail considérable de D.-L. Demorest : L’Expression figurée et symbolique dans l’œuvre de Gustave Flaubert (1931).

La dispersion des papiers de Flaubert dans les ventes de 1931 (on en consultera les trois catalogues) gênera les éditeurs futurs. Une Revue Flaubert établirait un centre de coordination et rendrait de nombreux services.

Mme  Franklin-Groult a déposé dans des bibliothèques publiques de Rouen et de Paris (Nationale, Carnavalet, Institut), les manuscrits des six grands ouvrages publiés par Flaubert, ainsi que la plupart des brouillons, et une partie de la Correspondance. Les manuscrits des œuvres de jeunesse ont été acquis par le Dr Lucien Graux, qui possédait déjà le manuscrit de la première Éducation, et doivent entrer un jour à la Bibliothèque de l’Institut. Les brouillons de la deuxième Éducation sentimentale ont été achetés à la vente de 1931 par M. Sacha Guitry. Des épaves de cette vente (brouillons, plans, esquisses, résumés de lecture) se rencontrent fréquemment, depuis plusieurs années, sur les catalogues des marchands.

  1. Afin d’éviter toute confusion sur les sources de l’essai de A. Thibaudet, nous nous sommes interdit une remise à jour de la bibliographie donnée par lui en 1935 [note de l’éditeur].