Guerre d’Espagne

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Guerre d’Espagne
Traduction par Jean-Joseph-Stanislas-Albert Damas-Hinard.
Collection des auteurs latinsFirmin Didot15 (p. 513-531).
COMMENTAIRES SUR LA GUERRE D’ESPAGNE(1).

I. Pharnace étant vaincu et l’Afrique reconquise, ceux qui avaient échappé à ces combats se retirèrent dans l’Espagne ultérieure avec le jeune Cn. Pompée. Tandis que César était occupé à distribuer des récompenses en Italie, Pompée tâcha d’attirer les villes à son parti, pour être plus en état de résister. Il eut ainsi, moitié par les prières, moitié par la force, une armée assez considérable avec laquelle il se mit à ravager la province. Dans ces circonstances, quelques villes le secondaient volontiers ; d’autres lui fermaient leurs portes. Si, dans les places qu’il prenait par force, il se trouvait quelque citoyen qui fût riche, alors même qu’il eût rendu service à Cn. Pompée, on imaginait un prétexte pour le perdre, et lui enlever son bien, qu’on donnait à des brigands. En gagnant ainsi à peu de frais ses ennemis, il augmentait son armée. Aussi les villes qui lui étaient contraires ne cessaient d’envoyer des messages en Italie pour demander du secours.

II. Caius César, dictateur pour la troisième fois, et désigné pour l’année suivante, après tant d’expéditions militaires (2), se rendit en Espagne en toute diligence (3) pour terminer cette guerre. À son arrivée des députés de Cordoue, qui avaient abandonné le parti de Pompée, viennent au-devant de César, et lui disent qu’il serait possible de s’emparer de nuit de leur ville, attendu qu’on ignorait qu’il fût dans le pays et que les messagers que Pompée avait disposés de côté et d’autre pour l’avertir avaient été arrêtés. Ils ajoutaient à cela beaucoup d’autres choses fort vraisemblables. Sur cet avis, César fit savoir son arrivée à Q. Pedius et Q. Fabius Maximus, qu’il avait naguère nommés ses lieutenants, et leur manda de lui envoyer pour escorte toute la cavalerie qu’ils avaient levée dans la province. Mais il les rejoignit plus tôt qu’ils n’avaient pensé, et par conséquent n’eut pas l’escorte qu’il voulait.

III. À la même époque, Sextus Pompée, frère de Cnéius, était avec une garnison dans Cordoue, qui passait pour la capitale de la province (4). Le jeune Cn. Pompée était occupé depuis quelques mois au siège d’Ulia. Les habitants, informés de l’arrivée de César, lui envoyèrent des députés qui, après avoir traversé en secret le camp de Pompée, vinrent à lui et lui demandèrent un prompt secours. César, qui savait que de tout temps cette ville avait bien mérité du peuple romain, fit partir à la seconde veille six cohortes et autant de cavalerie, sous les ordres de L. Vibius Paciécus, homme habile et connu dans la province. Au moment où celui-ci arriva au camp de Pompée, il survint une si furieuse tempête, accompagnée d’un vent si violent qu’on ne se voyait pas et qu’à peine pouvait-on reconnaître son voisin : ce qui lui fut très avantageux et à ses troupes. Car, étant arrivé là, il fit marcher les cavaliers deux à deux droit vers la ville, à travers le camp des assiégeants, et une sentinelle leur ayant demandé qui ils étaient, un des nôtres lui dit de se taire, qu’ils cherchaient à approcher du mur pour surprendre la place ; et les sentinelles, que l’orage empêchait da faire une garde bien exacte, en furent encore détournés par cette réponse. Les nôtres approchèrent de la ville, et ayant fait un signal, furent reçus par les habitants ; puis, laissant quelques hommes dans la place, ces troupes, fantassins et cavaliers, poussant un grand cri, se jetèrent sur le camp ennemi ; et comme ceux-ci ne s’attendaient pas à cette attaque, la plupart se crurent presque perdus.

IV. Après avoir envoyé ce secours à Ulia, César, pour obliger Pompée à en lever le siège, marcha vers Cordoue. Dans le chemin, il fit prendre les devants à de braves légionnaires qui allèrent avec de la cavalerie, et qui, aux environs de la ville, montèrent en croupe derrière les cavaliers sans que ceux de Cordoue eussent pu s’en apercevoir. Lorsqu’ils furent tout près de la ville, les habitants sortirent en foule pour accabler notre cavalerie ; mais aussitôt les légionnaires dont nous venons de parler mirent pied à terre, et les chargèrent si vivement, que de toute cette multitude fort peu rentrèrent dans la ville. Effrayé de cet échec, Sextus Pompée écrivit à son frère de venir promptement à son secours, avant que César ne se fût rendu maître de la place. En conséquence de ces lettres, Cn. Pompée, qui était sur le point de prendre Ulia, quitta le siège de cette ville, et marcha sur Cordoue avec ses troupes.

V. César étant arrivé au fleuve Bétis, et ne pouvant le traverser à cause de sa profondeur, y fit jeter de grandes corbeilles remplies de pierres sur lesquelles on dressa un pont, et l’armée passa en trois corps. Ce pont était formé de deux rangs de poutres qui allaient d’un bord à l’autre, vis-à-vis de la place (5). Pompée étant arrivé avec ses troupes campa de même en face de l’ennemi. César, pour lui couper les vivres et lui ôter la communication avec la ville, fit tirer une ligne de son camp au pont. Pompée fit de même. Ce fut alors entre les deux chefs à qui s’emparerait le premier du pont. De là de légers combats quotidiens, où tantôt les uns, tantôt les autres avaient l’avantage. Enfin, les deux partis s’étant échauffés, on se livra un véritable combat, et comme, des deux côtés, on s’obstinait à emporter le pont, à mesure qu’on en approchait davantage, on se trouvait plus resserré sur les bords de la rivière. On s’y précipitait les uns les autres, on s’y donnait à l’envi la mort, et les cadavres s’entassaient sur les cadavres. Pendant plusieurs jours César essaya tous les moyens d’attirer les ennemis en rase campagne, afin de terminer dès l’abord la guerre.

VI. Voyant qu’il ne pouvait les y engager, quoiqu’il ne les eût détournés vers lui que dans cette intention, il repasse le fleuve avec ses troupes, allume pendant la nuit de grands feux et marche sur Atégua[1], la plus forte place de Pompée. Celui-ci, averti par quelques transfuges, retira le même jour plusieurs de ses chariots et de ses balistes, que la difficulté des chemins lui avait fait abandonner sur la route, et entra dans Cordoue. César, de son côté se retrancha devant Atégua et commença à l’investir. À cette nouvelle, Pompée part le même jour pour aller la secourir. Mais avant qu’il n’arrivât, César s’était assuré des postes fortifiés et y avait établi des troupes, mi-parties de cavalerie et d’infanterie, pour veiller à la sûreté du camp. Pompée arriva un matin par un brouillard très épais. Avec quelques cohortes et quelques escadrons, ils attaquèrent dans l’obscurité les cavaliers de César et laissèrent à peine échapper quelques hommes.

VII. La nuit suivante, Pompée mit le feu à son camp, passa le Salsum[2], et, traversant quelques vallons, alla camper sur une hauteur, entre Atégua et Ucubis[3]. César était alors dans son camp où il faisait disposer les mantelets, les tranchées et toutes les choses nécessaires pour un siège. Ce pays montueux semble fait pour les opérations militaires ; la rivière de Salsum traverse la plaine, environ à deux milles d’Atégua. Pompée était campé vis-à-vis, sur les hauteurs, à la vue des deux villes, sans oser secourir les siens. Il avait treize légions ; mais il ne comptait guère que sur deux, composées de soldats de la province qui avaient quitté Trébonius ; sur une autre qui avait été levée dans les colonies romaines de ce pays ; enfin sur une quatrième, qu’Afranius avait amenée d’Afrique ; le reste des troupes auxiliaires n’était que des fugitifs ; en ce qui concerne la cavalerie et l’infanterie légère, nos forces étaient de beaucoup supérieures en nombre et en valeur.

VIII. Pompée avait d’ailleurs cet avantage pour traîner la guerre en longueur, que tout le pays est montueux et propre aux fortifications d’un camp. En effet, presque toute l’Espagne ultérieure est d’une attaque difficile, en ce que les vivres y sont en abondance et qu’on y a de l’eau à volonté. Outre cela, on a été forcé, à cause des fréquentes incursions des Barbares, de munir de châteaux et de tours tous les lieux éloignés des villes ; ils sont, comme en Afrique, recouverts de ciment et non de tuiles ; et l’on y a placé des guérites qui, grâce à leur élévation, permettent à la vue de s’étendre au loin. La plupart des villes de cette province sont également bâties sur des hauteurs et en des lieux naturellement favorables qui en rendent l’abord difficile ; de sorte que, par la situation seule de ces villes, il est presque impossible de les prendre, comme il parut dans cette guerre. Pompée s’était campé, comme on l’a dit, entre Atégua et Ucubi, à la vue de ces deux villes. À quatre mille pas environ de ses retranchements est une éminence admirablement située, qu’on nomme Castra Postumiana. César y fortifia un poste et y mit garnison.

IX. Pompée, qui était couvert par cette même hauteur assez éloignée du camp de César, avait remarqué l’importance de ce poste, et comme, pour y arriver, il fallait traverser la rivière de Salsum et un terrain fort difficile, il pensait que ces obstacles empêcheraient César de le secourir. Dans cette persuasion, il part à la troisième veille, et commence l’attaque pour faire une diversion utile aux assiégés. À son approche, nos gens poussèrent de grands cris, lancèrent une quantité de traits, et lui blessèrent beaucoup de monde. Ainsi, ceux du fort s’étant mis en défense, César, qui était dans son grand camp, fut averti de ce qui se passait, et y accourut aussitôt avec trois légions. À son arrivée, les ennemis effrayés prirent la fuite ; beaucoup furent tués ; beaucoup d’autres faits prisonniers ; et parmi ces derniers deux centurions (6). Un grand nombre jetèrent leurs armes pour mieux fuir. On rapporta au camp quatre-vingts boucliers.

X. Le jour suivant, Arguétius arriva d’Italie avec de la cavalerie, et apporta cinq drapeaux pris sur les Sagontins. On a omis de dire ailleurs qu’Asprénas avait également amené d’Italie de la cavalerie à César. Cette même nuit Pompée mit le feu à son camp et marcha vers Cordoue. Un roi, nommé Indo, qui nous avait amené des troupes, parmi lesquelles il y avait de la cavalerie, s’étant livré avec trop d’ardeur à la poursuite de l’ennemi, fut pris et tué par des légionnaires de la province.

XI. Le lendemain, notre cavalerie poursuivit fort loin vers Cordoue ceux qui portaient de cette ville des vivres au camp de Pompée. Elle en prit cinquante, qui furent conduits au camp. Le même jour, Q. Marcius, qui servait Pompée en qualité de tribun militaire, passa de notre côté. Vers la troisième veille de la nuit, les assiégés firent une sortie très vive, et nous lancèrent une grande quantité de feux de toute espèce. Quelque temps après, C. Fundanius, chevalier romain, passa du camp ennemi dans le nôtre.

XII. Le lendemain, notre cavalerie prit deux soldats d’une légion du pays. Ils se disaient esclaves ; mais à leur arrivée au camp ils furent reconnus par quelques soldats qui avaient servi dans l’armée de Fabius et Pédius, et qui avaient quitté Trébonius : ils ne purent obtenir grâce ; nos soldats les massacrèrent. Le même jour on prit aussi les messagers qui allaient de Cordoue vers Pompée, et qui, par imprudence, étaient tombés dans notre camp : on les renvoya les mains coupées. À la seconde veille, les assiégés, selon leur coutume, nous lancèrent pendant longtemps une grande quantité de feux et de traits, et ils nous blessèrent beaucoup de monde. À la pointe du jour, ils firent une sortie sur la sixième légion, alors occupée aux travaux, et se battirent d’abord avec acharnement ; mais ils furent repoussés par les nôtres, quoiqu’ils eussent l’avantage du terrain. Malgré la vigueur de leur sortie, et bien que nous fussions obligés de combattre de bas en haut, nos soldats les forcèrent de rentrer dans la ville après les avoir fort maltraités.

XIII. Le jour suivant, Pompée fit tirer un retranchement depuis son camp jusqu’à la rivière de Salsum. Quelques-uns de nos cavaliers, qui étaient de garde, ayant été aperçus par un parti nombreux des ennemis, furent chassés de leur poste et eurent trois hommes de tués. Le même jour A. Valgius, fils de sénateur, qui avait son frère dans le camp de Pompée, monta à cheval et s’enfuit sans rien emporter de son bagage. Un éclaireur de la seconde légion de Pompée fut pris par les soldats et tué. Vers le même temps on lança de la ville une espèce de boulet portant cette inscription : « Le jour où vous devrez prendre la ville, vous verrez un bouclier sur le rempart. » Dans cette confiance, quelques-uns des nôtres, se flattant d’escalader les murs sans risque et de se rendre maîtres de la place, commencèrent le lendemain à les saper, et jetèrent bas une grande partie de l’avant-mur ; mais ayant voulu monter à l’assaut, ils furent pris (7). Alors les habitants leur donnèrent les mêmes soins que s’ils eussent été des leurs, et offrirent de les rendre, si on voulait en même temps laisser sortir les légionnaires de Pompée préposés à la garde de la ville. Mais César répondit que sa coutume était de dicter les conditions et non de les recevoir. Cette réponse leur ayant été rapportée, ils poussèrent de grands cris, se montrèrent armés tout le long du rempart et nous lancèrent une grêle de traits : ce qui fut cause que beaucoup des nôtres crurent que les assiégés feraient ce jour-là une sortie. En conséquence, on donna un assaut général, et, pendant quelque temps, le combat fut très vif. Un coup, parti d’une de nos balistes, renversa une tour avec cinq hommes, et un enfant chargé d’observer notre machine.

XIV. Quelque temps après, Pompée fit construire un fort au-delà de la rivière de Salsum, sans en être empêché par nous. Abusé par ce succès, il se vanta d’avoir placé un poste presque sur notre terrain. Le lendemain, il s’avança, à son ordinaire, jusqu’à notre garde de cavalerie ; et quelques-uns de nos escadrons, soutenus par de l’infanterie légère, l’ayant attaqué, furent repoussés, et cavaliers et fantassins, vu leur petit nombre, écrasés par les chevaux de l’ennemi. L’action se passait à la vue des deux camps, et ceux de Pompée en étaient d’autant plus fiers qu’ils avaient poursuivi les nôtres assez loin ; mais quand ils les virent se rallier avec l’aide de leurs compagnons et revenir à la charge en poussant de grands cris, ils refusèrent le combat.

XV. C’est une chose assez ordinaire dans les mêlées, que lorsque le cavalier met pied à terre pour se battre avec le fantassin, le premier a le dessous : c’est ce qui eut lieu dans cette occasion. Une troupe de l’infanterie légère de l’ennemi étant venue attaquer nos cavaliers à l’improviste, ceux-ci, pour la plupart, mirent pied à terre, et ainsi, en un instant, le cavalier combattit à la manière des fantassins, et le fantassin à la manière des cavaliers. On se battit jusque sous les retranchements de l’ennemi. Il perdit, dans ce combat, cent vingt-trois hommes ; beaucoup jetèrent leurs armes, et un grand nombre furent repoussés dans leur camp tout couverts de blessures. Nous ne perdîmes que trois hommes, et nous n’eûmes que douze fantassins et cinq cavaliers de blessés. Le même jour, à la suite de cette affaire, on donna, comme de coutume, un assaut à la ville. Après avoir lancé sur nous une grande quantité de traits et de feux, les assiégés commirent, à nos yeux, d’exécrables cruautés : ils égorgèrent leurs hôtes et les précipitèrent du haut des murailles, comme auraient fait des Barbares ; ce qui ne s’était jamais vu de mémoire d’homme.

XVI. Sur la fin du même jour, un émissaire de Pompée pénétra jusque dans la ville sans que nous nous en fussions aperçus, et invita de sa part les assiégés à brûler cette nuit même nos tours et nos ouvrages, et à faire une sortie vers la troisième veille. En conséquence, après avoir lancé sur nous quantité de traits et de feux, et avoir détruit une grande partie de notre rempart, ils ouvrirent la porte qui faisait face au camp de Pompée, et sortirent tous ensemble, portant des fascines pour combler nos fossés, et des harpons pour détruire et incendier les huttes de bataille que nos soldats avaient construites, afin de s’y mettre à l’abri du froid. Ils portaient aussi avec eux de l’argent et des habits pour les répandre à terre, tomber sur nos gens tandis qu’ils ramasseraient le butin, et gagner ensuite le camp de Pompée ; car celui-ci, comptant sur le succès, se tint toute la nuit en bataille de l’autre côté de la rivière de Salsum. Quoique surpris, nos soldats, trouvant des forces dans leur courage, repoussèrent les ennemis, en blessèrent plusieurs, s’emparèrent des armes et du butin, et firent quelques prisonniers, que l’on massacra le lendemain. Dans le même temps on apprit, par un transfuge venu de la ville, que Junius, après le massacre des habitants que nous avons rapporté, sortant d’un souterrain où il vivait, s’était écrié : « Qu’on avait commis un crime affreux ; que des hôtes qui les avaient reçus dans leurs foyers, près de leurs dieux pénates, n’avaient en rien mérité un si horrible traitement ; qu’on avait violé, par cet attentat, le droit de l’hospitalité. » Il avait ajouté beaucoup d’autres choses semblables, et, effrayés par ces paroles, les brigands s’étaient arrêtés au milieu du carnage.

XVII. Le lendemain Tullius, député par la garnison, vint avec Caton de Lusitanie, et dit à César : « Plût aux dieux immortels que j’eusse été ton soldat et non celui de Pompée, et, que j’eusse montré la fermeté de mon courage plutôt dans tes victoires que dans ses désastres ! Car ses funestes louanges n’ont servi qu’à forcer des citoyens romains, dénués de secours, à se soumettre en ennemis vaincus, après avoir été témoins de la ruine déplorable de leur patrie. Nous avons essuyé tous les malheurs de sa disgrâce, sans avoir participé aux avantages de ses succès. Enfin, las de soutenir les attaques continuelles de tes légions, d’être nuit et jour exposés aux glaives et aux traits de tes soldats, vaincus, abandonnés par Pompée, soumis par ta valeur, nous avons recours à ta clémence, nous te demandons la vie. » — « Je serai tel, répondit César, envers les citoyens romains qui se rendront à moi, que j’ai été à l’égard des peuples étrangers. »

XVIII. Les députés se retirèrent. Arrivés à la porte de la ville, Tib. Tullius ne suivit pas Antonius qui entrait ; il revint à la porte, et se saisit d’un homme. Antonius, l’ayant remarqué, tira de son sein un poignard, et le blessa à la main. Après cela ils se réfugièrent tous deux au camp de César. Dans le même temps, un enseigne de la première légion vint à nous, et nous apprit que le jour du combat de cavalerie, sa cohorte avait eu trente-cinq hommes de tués ; mais que dans le camp de Pompée il n’était pas permis de le dire, ni même que personne eût péri. Un esclave, dont le maître était passé au camp de César en laissant sa femme et son fils dans la ville, égorgea son maître et s’enfuit dans le camp de Pompée, d’où il nous envoya un boulet avec une inscription qui indiquait les préparatifs faits dans la ville pour la défendre (8). Après la réception de ces lettres, ceux qui avaient coutume de lancer ces boulets portant une inscription, rentrèrent dans la ville. Quelque temps après, deux frères lusitaniens vinrent à nous comme transfuges, et nous apprirent que Pompée, dans une harangue adressée à ses troupes, avait dit que, puisqu’on ne pouvait secourir la place, il fallait se retirer secrètement de nuit vers la mer ; qu’à cela un soldat avait répliqué qu’il valait mieux sortir pour combattre que pour fuir, et que ce soldat avait été massacré. Dans le même temps, des émissaires que Pompée envoyait à la ville ayant été arrêtés, César fit jeter aux assiégés les lettres qu’ils portaient ; et comme l’un d’eux lui demandait la vie, César lui proposa de mettre le feu à une tour de bois appartenant aux ennemis, lui promettant tout s’il réussissait. L’entreprise était difficile et dangereuse ; aussi, à peine celui qui s’en était chargé approcha-t-il de la tour, qu’il fut tué. La même nuit, un transfuge nous apprit que Pompée et Labiénus avaient été indignés du massacre des habitants.

XIX. Vers la seconde veille, une de nos tours fut fendue depuis le pied jusqu’au second étage, par le grand nombre de traits que les ennemis y lancèrent. En même temps on se battit sous les murs avec acharnement ; et les assiégés, profitant d’un vent favorable, mirent le feu à une autre de nos tours. Le lendemain, une mère de famille se jeta du haut des murs, se réfugia vers nous, et nous dit qu’elle avait eu le dessein de passer avec toute sa maison du côté de César ; mais que sa suite avait été arrêtée et égorgée. Dans le même temps on lança du rempart des tablettes, où l’on trouva ces mots écrits : « L. Munatius, à César. Puisque Cn. Pompée m’abandonne, si tu veux m’accorder la vie, je m’engage à te servir avec le même courage et la même fidélité que je l’ai servi. » En ce moment les députés qui étaient déjà venus, reviennent vers César pour lui dire que s’il veut leur accorder la vie, ils lui livreront la place le lendemain. Il leur répondit qu’il était César, et qu’il tiendrait sa parole. Ainsi, avant le onzième jour des calendes de mars, il fut maître de la ville et proclamé Imperator.

XX. Pompée n’eut pas plutôt appris par quelques fuyards la reddition de la place, qu’il leva son camp et marcha vers Ucubi. Il s’y retrancha, et fit bâtir des forts aux environs. César l’y suivit et alla camper près de lui. Le même jour, au matin, un soldat d’une des légions du pays, ayant passé de notre côté, nous apprit que Pompée avait assemblé les habitants d’Ucubi et leur avait ordonné de faire une recherche exacte de ses partisans et de ceux qui favorisaient le parti contraire. Quelque temps après, à la prise de la ville, on saisit, dans un souterrain, l’esclave qui, comme nous l’avons dit, avait égorgé son maître, et il fut brûlé vif. À la même époque, huit centurions d’une légion du pays vinrent se rendre à César. Il y eut aussi une action entre notre cavalerie et celle de l’ennemi : nous y eûmes quelques gens de trait blessés ou tués. La nuit suivante, nous prîmes des espions, trois esclaves et un légionnaire du pays. Les esclaves furent mis en croix, le soldat eut la tête tranchée.

XXI. Le jour suivant, des cavaliers et des soldats d’infanterie légère passèrent du camp ennemi dans le nôtre. Dans le même temps, une douzaine de leurs cavaliers tombèrent sur plusieurs de nos gens qui allaient à l’eau, et en tuèrent ou prirent quelques-uns ; mais huit d’entre eux furent faits prisonniers. Le lendemain Pompée fit trancher la tête à soixante-quatorze personnes qui passaient pour être dans les intérêts de César. Le reste fut par son ordre ramené dans la ville ; cent vingt échappèrent et se réfugièrent vers César.

XXII. Quelque temps après, des Bursaoniens (9), qui avaient été pris dans Atégua, furent députés avec plusieurs des nôtres vers leurs concitoyens pour leur apprendre ce qui s’était passé, et leur représenter ce qu’ils devaient attendre de Pompée, dont les soldats égorgeaient leurs hôtes, et dont les garnisons commettaient toute sorte de crimes dans les villes où elles étaient reçues. Arrivés à la ville, les nôtres, qui étaient tous chevaliers romains ou sénateurs, n’osèrent y entrer avec les autres députés. Après plusieurs conférences, ceux qui étaient entrés se retiraient pour aller rejoindre les nôtres qui étaient restés dehors, lorsque des soldats de la garnison, furieux de leur conduite, les suivirent et les égorgèrent : deux seulement parvinrent à se sauver, et rapportèrent le fait à César. Puis les habitants envoyèrent des espions à Atégua. Ces espions leur ayant confirmé le rapport des députés, tous les habitants s’attroupèrent et voulurent lapider celui qui avait égorgé les députés ; ils le saisirent en disant que c’était lui qui avait perdu la ville. Échappé à grand-peine de ce danger, il leur demanda la permission d’aller trouver César, s’engageant à l’apaiser. Ils la lui accordèrent. Il partit donc, assembla des troupes, et, quand il eut des forces suffisantes, il s’introduisit de nuit dans la ville, massacra ceux des principaux et du peuple qui lui étaient contraires et se rendit maître de la place. Quelque temps après, des esclaves transfuges nous annoncèrent que l’on vendait les biens des habitants ; que personne ne pouvait sortir hors du retranchement avec une ceinture ; et que, depuis la prise d’Atégua, beaucoup de monde effrayé de l’état des affaires et n’ayant aucun espoir de succès, s’enfuyait en Béturie. Si quelqu’un des nôtres désertait vers eux, on le jetait dans l’infanterie légère, où il n’avait que seize as par jour.

XXIII. Plus tard, César rapprocha encore son camp de celui de l’ennemi et fit tirer un retranchement jusqu’à la rivière de Salsum. Pendant que nos troupes étaient occupées à ce travail, les ennemis accoururent d’une hauteur, et comme nos gens ne quittaient pas l’ouvrage, ils les accablèrent de traits et en blessèrent plusieurs. Là, comme parle Ennius, « les nôtres furent obligés de céder ». Donc, contre notre coutume, nous cédions, lorsque deux centurions de la cinquième légion traversèrent la rivière et rétablirent le combat. Tandis que, malgré la supériorité du nombre, ils combattaient avec un admirable courage, l’un d’eux succomba accablé par les traits qu’on leur lançait d’en haut. L’autre, d’abord, soutint seul le combat ; mais, se voyant enveloppé et voulant se retirer, il fit un faux pas et tomba. Au moment de sa chute, les ennemis accoururent en foule autour de lui. Nos cavaliers, de leur côté, passèrent la rivière et repoussèrent l’ennemi jusque dans ses retranchements ; mais les ayant poursuivis avec trop d’ardeur, ils furent enveloppés par la cavalerie et par l’infanterie légère, et, sans leur rare valeur, ils auraient été faits prisonniers ; car ils se trouvaient tellement resserrés par le retranchement que les chevaux pouvaient à peine manœuvrer. Nous eûmes dans ces deux combats plusieurs blessés, entre autres Clodius Aquilius ; mais nous n’y perdîmes que les deux centurions que l’amour de la gloire emporta trop loin.

XXIV. Le lendemain les deux armées se rencontrèrent à Soricaria (10). Nos troupes commencèrent à se retrancher. Pompée voyant que nous lui fermions la communication avec le fort d’Aspavia, qui est à cinq milles d’Ucubi, fut obligé d’en venir à une bataille ; mais pour ne pas se laisser attaquer en plaine, il voulut, de la petite éminence où il était campé, gagner un poste plus élevé. Pour cela il lui fallait de toute nécessité traverser un endroit fort difficile. Les deux armées ayant pris la même direction, l’ennemi fut arrêté et rejeté dans la plaine. Dès lors, nous eûmes l’avantage. De tous côtés les ennemis se mirent à fuir, et l’on en fit un grand carnage. Ce qui les sauva, ce fut la montagne et non leur valeur. Si la nuit ne fût pas survenue, nos gens, quoique inférieurs en nombre, leur eussent ôté toute ressource ; car ils leur tuèrent trois cent vingt-quatre hommes d’infanterie légère, et cent trente-huit légionnaires, sans compter ceux dont nous emportâmes les armes et les dépouilles. Ainsi furent vengés avec éclat sur l’ennemi les deux centurions qu’il nous avait tués la veille.

XXV. Le jour suivant, les troupes de Pompée s’étaient rendues, à leur ordinaire, dans le même lieu, firent la même manœuvre ; car leur cavalerie seule osait s’engager dans la plaine. Tandis que nos soldats étaient occupés aux travaux du camp, la cavalerie ennemie commença à les attaquer ; en même temps, leurs légionnaires poussaient de grands cris comme pour nous défier. Nos soldats les croyant enfin décidés à combattre, sortirent d’un vallon étendu mais profond, et s’arrêtèrent en plaine dans un terrain uni. Mais les ennemis n’osèrent y descendre, si ce n’est un certain Antistius Turpio, qui, comptant sur sa force, s’imagina qu’il ne trouverait pas parmi nous de rival. Là se renouvela le combat d’Achille et de Memnon. Q. Pompéius Niger, chevalier romain d’Italica, sortit de nos rangs pour le combattre. L’air intrépide d’Antistius avait excité l’attention de toutes les troupes ; elles abandonnèrent les travaux pour regarder le combat. La victoire semblait douteuse entre deux champions si vaillants, et l’on eût dit que le succès de l’un ou de l’autre déciderait de la guerre ; les deux partis souhaitant avec ardeur le triomphe de leur combattant, chacun attendait l’événement avec inquiétude. Couverts l’un et l’autre d’un bouclier richement ciselé, ils s’avançaient pleins de courage (11), et certainement le combat eût été bientôt fini si l’infanterie légère de l’ennemi ne se fût postée assez près de notre camp pour soutenir sa cavalerie qui s’était avancée, comme nous l’avons dit plus haut (12). Nos cavaliers reprenaient le chemin du camp. Se voyant poursuivis avec ardeur par l’ennemi, tous se retournèrent soudain poussant de grands cris, et le chargèrent. Celui-ci, épouvanté, prit la fuite, et rentra dans son camp avec une grande perte.

XXXVI. César, pour récompenser le courage de l’armée, donna treize mille sesterces à la cavalerie de Cassius, dix mille à l’infanterie légère, et à Cassius cinq colliers d’or. Ce même jour, A. Bébius, C. Flavius, et A. Trébellius, chevaliers romains d’Asta, vinrent se rendre à César avec un équipage magnifique. Ils nous apprirent que tons les chevaliers romains de l’armée de Pompée avaient voulu venir nous joindre ; mais que sur la dénonciation d’un esclave, ils avaient tous été arrêtés, et qu’eux seuls avaient trouvé moyen de s’enfuir. Le même jour on intercepta une lettre que Pompée envoyait aux habitants d’Urso : « Si votre santé est bonne, disait-il, je m’en réjouis ; pour moi je me porte bien[4]. Quoique nous ayons eu jusqu’ici le bonheur de repousser nos ennemis, j’aurais fini la guerre plus tôt que vous ne pensez, s’ils voulaient descendre en plaine. Mais ils n’osent exposer aux chances d’un combat une armée composée de recrues, et en s’emparant de nos places ils cherchent à traîner les affaires en longueur ; ils tiennent toutes les villes assiégées, et c’est de là qu’ils tirent leurs vivres. C’est pourquoi je mets tous mes soins à conserver celles de notre parti, et au premier jour je terminerai la guerre. Je me propose de vous envoyer quelques cohortes. Il est certain qu’en ôtant à l’ennemi la ressource de nos vivres, nous le forcerons malgré lui à combattre. »

XXXVII. Quelque temps après, comme nos travailleurs étaient peu sur leurs gardes, l’ennemi nous tua quelques cavaliers qui faisaient du bois dans une forêt d’oliviers. Des esclaves transfuges nous apprirent que depuis l’affaire qui s’était passée près de Soricaria, le troisième jour des nones de mars, les ennemis étaient dans une crainte continuelle, et qu’Attius Varus ne cessait de veiller à la sûreté des forts. Ce même jour, Pompée lève son camp et va se poster près d’Hispalis[5], dans un bois d’oliviers. Avant que César eût pris la même route, la lune se montra vers la sixième heure[6]. De là Pompée marcha vers Ucubi. En quittant cette place, il ordonna à ses troupes d’y mettre le feu et de se retirer ensuite dans leur grand camp. De son côté, César assiège et prend la ville de Ventipo, marche sur Carruca et campe vis-à-vis de Pompée. Ce dernier brûla cette ville parce qu’elle avait refusé de lui ouvrir ses portes. Un soldat qui avait égorgé son frère dans le camp fut pris par les nôtres et assommé sous le bâton. De là César continuant sa route, arrive dans la plaine de Munda et campe vis-à-vis de Pompée.

XXVIII. Le jour suivant, comme César se disposait à partir avec ses troupes, ses coureurs vinrent lui dire que Pompée était en bataille depuis la troisième veille. À cette nouvelle, il déploya l’étendard. Pompée n’avait fait cette démarche que parce que peu auparavant il avait mandé à ceux des habitants d’Urso qui étaient dans ses intérêts, que César n’osait exposer aux chances d’une bataille une armée presque toute composée de nouvelles levées. Cette lettre avait beaucoup affermi les habitants de cette ville dans son parti, et cette considération faisait qu’il croyait tout possible. Il était d’ailleurs défendu par la nature du lieu où il était campé, et par les fortifications de la place ; car, comme on l’a dit, toute cette contrée est fort montueuse, et par là excellente pour la défense. Aucune plaine ne sépare les hauteurs.

XXIX. Je ne dois point passer sous silence ce qui arriva alors. Entre les deux camps se trouvait une plaine d’environ cinq mille pas ; de sorte que le camp de Pompée était à la fois défendu par la nature du terrain et par la position élevée de la ville. Du pied de ce camp, la plaine commençait à s’étendre, et elle était d’abord traversée par un ruisseau qui rendait l’accès du camp fort difficile, en ce qu’il formait sur la droite un marais plein de fondrières. César voyant l’ennemi en bataille, ne douta pas qu’il ne s’avançât jusqu’au milieu de la plaine pour en venir aux mains ; et chacun le pensait également. De plus, la plaine offrait un vaste espace aux manœuvres de la cavalerie ; le ciel était pur et serein ; il semblait que les dieux immortels eussent fait cette journée tout exprès pour une bataille. Les nôtres se réjouissaient ; quelques-uns cependant étaient inquiets en songeant qu’ils en étaient venus au point qu’au bout d’une heure le hasard aurait décidé de leur fortune et de leur vie. Nos troupes marchèrent donc au combat pensant que l’ennemi ferait de même ; mais il n’osa jamais s’éloigner à plus d’un mille des remparts de la ville sous lesquels il aurait voulu combattre. Les nôtres marchèrent encore en avant ; mais quoique l’avantage du terrain semblât inviter l’ennemi à s’avancer pour se saisir de la victoire, il persista constamment dans sa résolution de ne pas s’éloigner des hauteurs ni des murs de la ville. Nos soldats poussèrent d’un pas ferme jusqu’au ruisseau : l’ennemi s’obstina à rester dans son poste, où nous ne pouvions l’aller chercher.

XXX. L’armée de Pompée était composée de treize légions couvertes sur les ailes par la cavalerie, et par six mille hommes d’infanterie légère. Les troupes auxiliaires montaient à peu près au même nombre. Nous n’avions que quatre-vingts cohortes et huit mille chevaux. Ainsi, une fois parvenus à l’extrémité de la plaine, il eût été dangereux de se porter plus avant, l’ennemi, qui, avait l’avantage du terrain, se tenant prêt à nous charger d’en haut. César s’en étant aperçu ne voulut pas exposer légèrement ses troupes, et leur commanda de s’arrêter. Quand elles entendirent cet ordre, elles en furent affligées et dépitées, comme si leur général les eût privées par là de la victoire. Ce retardement enhardit l’ennemi ; il crut que les troupes de César craignaient d’en venir aux mains avec lui. S’avançant donc fièrement, il s’engagea dans un mauvais terrain dont l’approche ne laissait pas que d’avoir pour nous aussi des dangers. La dixième légion était à l’aile droite, comme de coutume ; la troisième et la cinquième étaient à la gauche avec les troupes auxiliaires et la cavalerie. On pousse de grands cris, et le combat s’engage (13).

XXXI. Quoique le courage de nos soldats fût supérieur à celui des ennemis, ceux-ci cependant se défendaient vivement de dessus les hauteurs où ils étaient postés. De part et d’autre on poussait de grands cris, et les traits pleuvaient, de sorte que nos gens désespéraient presque de la victoire ; car tout ce qui sert à effrayer l’ennemi, les cris, l’attaque, étaient semblables des deux côtés. L’ardeur était égale, mais un grand nombre d’ennemis tombaient percés par nos javelots. Nous avons dit que la dixième légion occupait l’aile droite. Quoique peu nombreuse, elle épouvantait l’ennemi par son courage, et elle le pressa si vivement que, pour n’être pas pris en flanc, il fut obligé de faire passer une légion vers notre droite. À la vue de ce mouvement la cavalerie de César se mit à charger l’aile gauche. Les combattants se joignent avec tant de valeur qu’il devient impossible de porter nulle part du secours. Aussi le bruit des armes mêlé aux cris et aux gémissements, glaçait de terreur l’âme des jeunes soldats. Là, comme parle Ennius, le pied presse le pied, les armes repoussent les armes ; mais, malgré la vigoureuse résistance des ennemis, les nôtres commencent à les rompre et les forcent à se réfugier vers la ville. S’ils n’eussent pas cherché un asile dans le même lieu d’où ils étaient sortis, le jour même des fêtes de Bacchus les eût vus mis en fuite et détruits. Pompée perdit dans ce combat au moins trente mille hommes. En outre, Labiénus et Attius Varus y furent tués ; on leur fit des obsèques. Il périt encore du côté de l’ennemi environ trois mille chevaliers romains, tant de Rome que de la province. Nous n’eûmes que mille hommes de tués, tant cavaliers que fantassins, et à peu près cinq cents blessés. On enleva à l’ennemi treize aigles avec des enseignes et des faisceaux. De plus, dix-sept chefs furent faits prisonniers. Telle fut l’issue de cette bataille.

XXXII. Comme les débris de l’armée ennemie s’étaient réfugiés dans Munda, les nôtres furent obligés de faire le siège de cette place. La circonvallation fut formée des armes et des cadavres des ennemis ; la palissade, de javelots, de dards de boucliers, d’épées et de piques, surmontées de têtes coupées et tournées vers la place ; de sorte que l’ennemi était de toutes parts entouré des marques formidables de notre valeur, qui nous servaient à l’assiéger. C’est ainsi que les Gaulois, quand ils vont attaquer une ville, plantent à l’entour sur des piques et des javelots les cadavres de leurs ennemis. Le jeune Valérius, après la défaite, s’étant sauvé à Cordoue avec quelques cavaliers, rendit compte à Sextus Pompée, qui se trouvait dans cette ville, de ce qui s’était passé. Sur cette nouvelle, celui-ci distribua tout l’argent qu’il avait aux cavaliers de sa suite, dit aux habitants qu’il allait trouver César pour traiter de la paix, et partit à la deuxième veille. D’autre part, Cn. Pompée, avec quelques cavaliers et fantassins, se dirigea vers sa flotte à Cartéia[7], ville à cent soixante-dix mille pas de Cordoue. Lorsqu’il n’en fut plus qu’à huit milles, P. Caucilius, qui avait été son lieutenant, écrivit en son nom qu’on lui envoyât une litière pour le porter dans la ville parce qu’il était souffrant. Sur la réception de cette lettre, Pompée est transporté à Cartéia. Ceux qui favorisaient son parti vinrent en secret, à ce que l’on croit, le trouver dans la maison où il était descendu, et lui demandèrent ses ordres sur la continuation de la guerre. Quand ils furent assemblés en grand nombre, Pompée, sans sortir de sa litière, se mit sous leur protection.

XXXIII. Après la bataille, César, ayant investi Munda, vint à Cordoue. Il en trouva le pont occupé par ceux qui avaient échappé au massacre de l’armée de Pompée. Quand nous fûmes arrivés là, ils commencèrent à nous insulter, en nous criant que nous n’étions qu’une poignée de gens échappés à la bataille, et en nous demandant où nous allions. Aussi nous attaquèrent-ils au passage du pont. César passa la rivière et campa devant la ville. Scapula, qui avait soulevé les affranchis et les esclaves, s’y était retiré après la bataille ; il les assembla tous, se fit dresser un bûcher, commanda un souper splendide, s’habilla de ses plus riches habits, distribua son argent et sa vaisselle à ses domestiques, soupa de bonne heure, se parfuma de nard et de résine ; puis, sur la fin du repas, il se fit tuer par un de ses esclaves tandis qu’un affranchi, qui servait à ses débauches, mettait le feu au bûcher.

XXXIV. Aussitôt que César eut placé son camp devant la ville, la division se mit si fort parmi les habitants, dont les uns tenaient pour César, les autres pour Pompée, que nous les entendions presque de notre camp. Quelques légions qui étaient dans la ville, composées en partie de fugitifs, en partie d’esclaves des habitants, que Sextus Pompée avait affranchis, s’avancèrent à la rencontre de César ; mais la treizième légion voulut défendre la ville, et malgré les partisans de César elle s’empara des murailles et d’une partie des tours. Ceux-ci députèrent une seconde fois à César, pour le prier d’envoyer à leur aide quelques légions. Voyant cela, les transfuges, qui s’étaient sauvés de la bataille, mirent le feu à la ville. Nos gens y étant entrés, tuèrent jusqu’à vingt-deux mille de ces misérables, sans compter ceux qui furent massacrés hors des murs. Ainsi César demeura maître de la place. Pendant qu’il y séjournait, la garnison de Munda qu’il avait laissée bloquée, comme nous l’avons dit, fit une sortie ; mais elle fut repoussée dans la ville après avoir perdu beaucoup de monde.

XXXV. De là César marcha sur Hispalis. Des députés vinrent pour le fléchir. Il leur promit de conserver la ville ; et, dans cette vue, il y fit entrer Caninius, son lieutenant, avec des troupes. Pour lui, il campa près de la ville. Il y avait là aussi une forte garnison de Pompée, qui, furieuse de ce qu’on avait reçu les troupes de César, fit partir en secret un certain Philon, ardent partisan de Pompée et fort connu en Lusitanie, vers Cécilius Niger, barbare qui commandait à Lennium[8] un grand corps de Lusitaniens. À son retour, Philon est introduit de nuit dans la place, où il entre par-dessus la muraille ; ils égorgent les sentinelles et la garnison de César, ferment les portes, et se mettent de nouveau en défense.

XXXVI. Sur ces entrefaites, les députés de Cartéia vinrent dire à César qu’ils avaient Pompée en leur pouvoir. Ils espéraient par ce service réparer le tort qu’ils avaient eu auparavant de lui fermer leurs portes. Les Lusitaniens enfermés à Hispalis continuaient à se défendre. César, appréhendant que s’il pressait la ville, ces furieux n’y missent le feu et n’en détruisissent les murailles, se décida à les laisser sortir de nuit : ce en quoi ils ne croyaient pas avoir son consentement. En sortant, ils mirent le feu aux vaisseaux qui étaient sur le Bétis, et prirent la fuite pendant que nous étions occupés à l’éteindre. Notre cavalerie les tailla en pièces. Ensuite, César, maître d’Hispalis, marcha sur Asta[9] qui lui envoya des députés pour faire sa soumission. Plusieurs de ceux qui s’étaient retirés dans Munda se rendirent, et l’on en composa une légion. Puis il fut arrêté entre eux et les assiégés que, la nuit, à un signal convenu, ceux de la ville feraient une sortie, tandis qu’eux-mêmes commenceraient le massacre dans notre camp. Le complot ayant été découvert la nuit suivante, à la troisième veille, par le mot d’ordre qui fut livré, ils furent tous conduits hors des retranchements et mis à mort.

XXXVII. Pendant que César soumettait, sur sa route, les autres villes de la province, une discussion s’éleva, au sujet de Pompée, entre les chefs de Cartéia. D’une part, étaient ceux qui avaient député vers César ; de l’autre, les partisans de Pompée. Une sédition a lieu : on s’empare des portes, et un grand carnage commence : Pompée lui-même est blessé, et il prend la fuite avec trente galères. Didius, qui commandait notre flotte à Gadès, en ayant été averti, se mit aussitôt à le poursuivre, et répandit sur la côte de la cavalerie et de l’infanterie pour le saisir. Ils l’atteignirent au quatrième jour de sa navigation. Pompée, étant parti de Cartéia sans se donner le temps de se fournir d’eau, fut obligé de toucher terre pour s’en pourvoir. Pendant ce temps-là, Didius accourut, brûla ses vaisseaux, et en prit même quelques-uns.

XXXVIII. Pompée échappa avec peu de monde, et s’empara d’un poste fortifié par la nature La cavalerie et les cohortes envoyées à sa poursuite, ayant été averties par les éclaireurs, marchèrent nuit et jour. Pompée était grièvement blessé à l’épaule et à la jambe gauche ; en outre, il s’était donné une entorse qui l’empêchait de marcher. Aussi, depuis qu’il avait quitté Cartéia, il se faisait porter dans la même litière dans laquelle il était en y entrant. Un Lusitanien de son escorte l’ayant fait reconnaître en lui rendant les honneurs militaires, aussitôt la cavalerie et les cohortes l’enveloppèrent. Le lieu était de difficile accès. Car Pompée, se voyant découvert par la faute des siens, avait regagné au plus vite un poste fortifié ; mais, quoique l’avantage du terrain lui permît de s’y défendre contre des troupes plus nombreuses, les nôtres ne balancèrent pas à l’attaquer. D’abord repoussés à coups de traits, ils se retirèrent ; ce qui rendit les ennemis plus ardents à les poursuivre, et les approches du poste plus difficiles. La même chose s’étant renouvelée à plusieurs reprises, nos soldats, reconnaissant le péril, se déterminèrent à former un siège. Ils élevèrent à la hâte sur la pente de la colline une terrasse assez haute pour pouvoir y combattre de plain-pied. L’ennemi, s’en étant aperçu, chercha son salut dans la fuite.

XXXIX. Pompée qui, comme nous l’avons dit, était grièvement blessé et avait le pied foulé, était retardé dans sa fuite ; en outre, la difficulté des chemins ne lui permettait pas de se servir d’un cheval ni d’un char. Ses gens, chassés de leur fort, et n’ayant aucun secours, étaient massacrés de tous côtés par nos troupes. Alors Pompée se réfugia dans la vallée et se cacha dans une caverne, où nous aurions eu bien de la peine à le découvrir, si des prisonniers ne nous avaient indiqué sa retraite. Il y fut tué. César, étant allé à Gadès, la veille des ides d’avril, la tête de Pompée fut apportée à Hispalis et exposée aux regards du peuple.

XL. Après la mort du jeune Cn. Pompée, Didius, dont nous avons parlé plus haut, charmé de ce succès, se retira dans un château près de la mer, après avoir fait tirer à terre plusieurs de ses vaisseaux qui avaient besoin de réparations. Les Lusitaniens, qui avaient échappé au massacre des leurs, se rallièrent en assez grand nombre, et se portèrent sur Didius. Quoique celui-ci veillât avec soin à la garde de ses vaisseaux, les fréquentes courses des ennemis l’obligeaient parfois à sortir du château. Ces combats journaliers leur donnèrent lieu de lui dresser une embuscade. Ils se partagèrent en trois corps. Les uns devaient mettre le feu à la flotte et ensuite rejoindre les autres : tous étaient postés de manière à charger l’ennemi sans être aperçus. Didius sort avec ses troupes de la forteresse pour repousser l’ennemi : au signal donné par les Lusitaniens, une partie met le feu aux navires ; les autres, sortant de leur embuscade avec de grands cris, prennent en queue ceux du château qui s’étaient mis à poursuivre les premiers. Didius fut tué avec un grand nombre des siens en se défendant vaillamment ; quelques-uns se sauvèrent dans des chaloupes qu’ils trouvèrent attachées au rivage ; d’autres atteignirent à la nage les galères qui étaient à l’ancre, en coupèrent les câbles, et gagnèrent le large. C’est à cela qu’ils durent leur salut. Les Lusitaniens s’emparèrent du butin. De Gadès César retourna à Hispalis.

XLI. Fabius Maximus, que César avait laissé devant Munda pour continuer le siège, en pressait vivement les travaux ; de sorte que les assiégés, désespérés de se voir enfermés de toutes parts, se battirent entre eux, et, après un horrible massacre, ils firent une sortie. Les nôtres profitèrent de cette occasion pour reprendre la ville, et firent quatorze prisonniers. De là ils marchèrent sur Urso, ville très forte et si bien défendue par l’art et par la nature, que sa situation semblait détourner un ennemi de l’assiéger. En outre, il n’y avait de l’eau que dans la ville de Munda ; et à huit milles à la ronde il eût été impossible d’en trouver ; ce qui était d’un grand avantage pour les habitants. De plus, pour avoir les matériaux nécessaires à la construction des tours et des terrasses, il fallait aller à près de six mille pas. Pompée, pour assurer la défense de la ville, avait fait couper et porter dans la place tout le bois des environs. Ainsi, de toute nécessité, nos gens étaient obligés de tout faire venir de Munda, dont ils s’étaient récemment rendus maîtres.

XLII. Tandis que ces choses se passaient à Munda et à Urso, César, qui de Gadès était retourné à Hispalis, y tint le jour suivant une grande assemblée, et dit qu’au commencement de sa questure, il avait particulièrement affectionné cette province, et lui avait rendu tous les services qu’il avait pu ; qu’ensuite, élevé à la dignité de préteur, il avait obtenu pour elle du sénat la remise des impôts dont Metellus l’avait chargée ; qu’en même temps, l’ayant prise sous son patronage, il avait souvent procuré l’entrée du sénat à ses députés, et encouru bien des haines pour défendre ses intérêts publics ou privés ; que, de même, pendant son consulat, il avait pourvu, quoique absent, au bien de la province ; et que, cependant, oubliant tant de bienfaits, ils s’étaient toujours montrés ingrats envers lui et envers le peuple romain, dans cette guerre comme par le passé, « Quoique vous connussiez bien le droit des gens et celui des citoyens romains, ajouta-t-il, vous avez, comme des Barbares, porté vos mains, et plus d’une fois, sur la personne sacrée des magistrats du peuple romain ; vous avez voulu assassiner Cassius en plein jour sur la place publique. Vous avez été en tout temps si fort ennemis de la paix, que le peuple romain était constamment forcé de tenir des légions dans cette province. Chez vous les bienfaits passent pour des injures, et les injures pour des bienfaits. Jamais vous n’avez pu montrer ni union dans la paix ni courage dans la guerre. Le jeune Pompée, simple particulier, reçu par vous dans sa fuite, s’est arrogé les faisceaux et le souverain pouvoir : après avoir massacré nombre de citoyens, il a levé des troupes contre le peuple romain, et, encouragé par vous, il a dévasté les champs et la province. Comment pouviez-vous espérer de vaincre ? Ne saviez-vous donc pas qu’après moi le peuple romain avait dix légions capables non seulement de vous résister, mais de bouleverser le monde ? que, par leur renommée et par leur valeur… (15) »


NOTES DES COMMENTAIRES SUR LA GUERRE D’ESPAGNE.

(1) Suétone attribue ce livre à l’écrivain auquel nous devons le récit de la guerre d’Alexandrie et de la guerre d’Afrique. Il semble toutefois qu’il y ait aussi loin de cette dernière partie des commentaires au récit de ces deux guerres, que de ce récit à tout ce qui est de la main de César. Si c’est l’ouvrage du même écrivain, il faut convenir qu’il s’est bien relâché dans la guerre d’Espagne. La narration manque d’ordre, de précision, de clarté, outre que le texte est plein de lacunes et d’incorrections.

(2) Le texte est douteux dans ce passage.

(3) En vingt-trois jours, ou dit que César, chemin faisant, composa un poème intitulé le Voyage. « César mit vingt-trois jours pour se rendre, par terre, de Rome à Sierra-Morena ; il y a quatre cent cinquante lieues ; il en faudrait aujourd’hui, en poste, marchant nuit et jour, douze. » Napoléon.

(4) Quel service n’aurait pas rendu Caton, s’il se fût trouvé à Cordoue, au milieu du camp des jeunes Pompée, dont le parti, vaincu à Pharsale. à Thapsus, renaissait de ses cendres, tant il était puissant dans l’opinion des peuples ; la mort de cet homme de bien fut donc un malheur pour le sénat et la république ; il manqua de patience, il ne sut pas attendre le temps et l’occasion. Napoléon.

(5) Le texte est altéré dans ce passage.

(6). Le mot centurions n’est pas dans le texte. Nous l’avons ajouté, à l’exemple des derniers traducteurs, pour compléter le sens de la phrase. Ce pourrait être d’ailleurs deux tribuns aussi bien que deux centurions.

(7) Il y a ici une lacune dans le texte.

(8) Lacune.

(9) Quelques commentateurs pensent qu’il faut lire ici Ursaonenses, ceux d’Ursao, aujourd’hui Ossuna.

(10) C’est la même ville que le narrateur appelle plus bas Soritia, située entre Cordoue, Ucubis et Ategua.

(11) Dans cet endroit le texte est défectueux.

(12) Comme le remarque M. Turpin de Crissé, il manque certainement ici quelque chose au texte. Le narrateur ne peut pas avoir oublié de dire lequel des deux combattants remporta la victoire.

(13) Munda est une des circonstances où César attaqua et donna bataille, malgré la bonne position de son ennemi ; aussi faillit-il y être vaincu. Le mouvement de Labiénus, qui en soi était bien, décida de la journée. Il est un moment, dans les combats, où la plus petite manœuvre décide et donne la supériorité ; c’est la goutte d’eau qui fait le trop plein. Napoléon.

(14) A la bataille de Pharsale, César a perdu deux cents hommes ; à celle de Thapsus, cinquante ; à celle de Munda, mille ; tandis que ses ennemis y avaient perdu leurs armées. Cette grande disproportion de pertes dans des journées si disputées entre le vainqueur et le vaincu n’a pas lieu dans les armées modernes, parce que celles-ci se battent avec des armes de jet, et que le canon, le fusil, tuent également des deux côtés ; au lieu que les anciens se battaient avec l’arme de main jusqu’à la victoire. Il y avait peu de pertes ; les boucliers paraient les traits, et ce n’était qu’au moment de la défaite que le vaincu était massacré ; c’était une multitude de duels où les battus, en tournant le dos, recevaient le coup de mort.

Les généraux en chef des armées anciennes étaient moins exposés que ceux des armées modernes ; ils paraient les traits avec leurs boucliers ; les flèches, les frondes et toutes leurs machines de jet étaient peu meurtrières ; il est des boucliers qui ont paré jusqu’à deux cents flèches. Aujourd’hui, le général en chef est obligé tous les jours d’aller an coup de canon, souvent à portée de mitraille, et, à toutes les batailles, à portée de fusil, pour pouvoir reconnaître, voir et ordonner : la vue n’a pas assez d’étendue pour que les généraux puissent se tenir hors de la portée des balles.

L’opinion est établie quêtes guerres des anciens étaient plus sanglantes que celles des modernes : cela est-il exact ? Les armées modernes se battent tous les jours, parce que les canons et les fusils atteignent de loin ; les avant-gardes, les postes se fusillent et laissent souvent cinq ou six cents hommes, sur le champ de bataille, de chaque côté. Chez les anciens, les combats étaient plus rares et moins sanglants. Dans les batailles modernes, la perte faite par les deux armées, qui est, par rapport aux morts et blessés, à peu prêt égale, est plus forte que la perle des batailles anciennes, qui ne tombait que sur l’année battue.

On dit que César fut sur le point de se donner la mort pendant la bataille de Munda ; ce projet eût été bien funeste à son parti ; il eut été battu comme Brutus et Cassius !…… Un magistrat, un chef de parti, peut-il donc abandonner les siens volontairement ? Cette résolution est-elle vertu, courage et force d’âme ? La mort n’est-elle pas la fin de tous les maux, de toutes contrariétés, de toutes peines, de tous travaux, et l’abandon de la vie ne forme-t-il pas la vertu habituelle de tout soldat ? Peut-on, doit on se donner la mort ? Oui, dit-on, lorsqu’on est sans espérance. Mais qui, quand, comment peut-on être sans espérance sur ce théâtre mobile, où la mort naturelle ou forcée d’un seul homme change sur-le-champ l’état et la face des affaires ? Napoléon.

(15) Le reste de ce livre manque. Voir pour les détails de celte guerre, dont le récit offre tant de lacunes, Plutarque. Vie de César, 56, et surtout Dion Cassius, au livre 43 de son Histoire.


  1. Aujourd’hui Tebula-Vieja.
  2. Aujourd’hui le Guadajoz.
  3. Aujourd’hui Lucus.
  4. Formule épistolaire.
  5. Aujourd’hui Séville.
  6. Vers midi.
  7. Aujourd’hui Tarissa.
  8. Inconnu.
  9. Aujourd’hui Xeros de la Fontera.