Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/sodium s. m.

Administration du grand dictionnaire universel (14, part. 2p. 811).

SODIUM s. m. (so-di-omm — rad. sodn). C biin. Métal dont la soude est l’oxyde.

— Encycl. Chim, Le sodium (Na) est un métal qui a été découvert en 1807 par Davy, qui l’a obtenu en décomposant la soude ou oxyde de sodium par la pile. Ce métal est plus léger que l’euu ; sa densité est de 0, 972 ; il fond à + 90° et bout à la chaleur rouge, lise présente sous l’aspect d’une masse molle comme de la cire, possède un éclat métallique qui rappelle celui du plomb, mais se ternit rapidement à l’air, par suite de la facilité avec laquelle il s’oxyde.

Le sodium fait partie du petit groupe de métaux qui décomposent l’eau à la température ordinaire. Toutefois, la réaction chimique qui se produit lorsqu’on projette sur ce liquide un morceau de sodium ne développe pas autant de chaleur que celle qui a lieu si le métal est du potassium ; car, tandis que, dans ce dernier cas, l’hydrogène de l’eau s’enflamme spontanément et enveloppe le métal d’une flamme assez éclairante, dans le premier l’hydrogène est simplement mis en liberté.

Ajoutons toutefois qu’il suffit d’enflammer cet hydrogène pour qu’il continue à brûler autour du métal tant que le dégagement de gaz continue.

Après ce que nous venons de dire, on comprendra qu’il convient, si l’on veut conserver le sodium, de le mettre à l’abri de l’air ; pour arriver à ce but, on a longtemps employé exclusivement l’huile de naphte ; mais on n’a point tardé à s’apercevoir que cette huile contenait, si bien préparée qu’elle fût, une E élite quantité d’acide sulfurique, qui se désydratait au détriment du métal et en oxydait au moins la surface. On a donc substitué a ce premier liquide les huiles lourdes de pétrole qui conservent mieux le sodium.

On emploie beaucoup aujourd’hui le procédé suivant : on trempe les lingots dans une huile très-dense de schiste, qui recouvre le métal d’un vernis impénétrable à l’air, puis on les enferme dans des vases en zinc, clos par une fermeture hydraulique garnie d’huile.

Jusqu’à l’époque où M. Sainte-Claire Deville a fait ses remarquables travaux sur l’aluminium, le sodium était exclusivement réservé aux usages des laboratoires et, par suite, ne se fabriquait pas industriellement. Aujourd’hui, la fabrication de ce métal se


fait en grand et par des procédés économiques qui ont permis de livrer à 15 francs le kilogramme un métal qui coûtait, il y » trente ans encore, plus de 2, 000 francs le kilogramme.

On l’obtient aujourd’hui en réduisant, au moyen du charbon, le carbonate de soude. Les matières qui constituent le mélange sont :

Carbonate de soude… 40 kilogr. Houille 18 Craie 7 —

Cette dernière substance maintient le mélange à l’état pâteux et en même temps facilite, par le dégagement de son acide carbonique, la sortie des vapeurs de sodium. La réduction est opérée dans des cylindres eu tôle rivés avec soin et fermés à leurs deux extrémités par des bouchons de fonte. L’un des bouchons est percé d’un trou, auquel on adapte un tube court en fer étiré, qui sert de raccord avec le récipient. Cet appareil se compose de deux plaques de tôle épaisse ou de fonte, dont l’une est pourvue de deux rebords dans le sens de la longueur, de telle sorte qu’en appliquant ces deux plaques l’une sur l’autre elles laissent entre elles un intervalle de om, 004 à 0™, 005. L’une des extrémités de cette sorte de boîte plate reste ouverte. À l’autre extrémité, les deux plaques se resserrent en s’allongeant de manière a former une tubulure qui vient s’emboîter sur le petit tube de fer implanté dans le bouchon du cylindre. Les deux plaques sont maintenues l’une contre l’autre au moyen de brides en fer mobiles. On place le récipient dans un plan vertical, mais un peu incliné en avant ; au-dessous de ce récipient, on met un vase plein d’huile de schiste, dans lequel le métal tombe à mesure qu’il se condense ; la température de cette huile ne tarde pas à s’élever, et le sodium, qui fond à + 900, s’y maintient i l’état liquide. Le métal ainsi obtenu subit une seconde refonte dans une casserole en fer battu, dans laquelle on a pris soin de mettre quelque peu d’huile de schiste. Quand il est fondu, on l’écume pour lui enlever les impuretés qui auraient pu passer durant la distillation, puis on le coule dans de petites lingotières. Cette opération rapidement exécutée, on le met en vase clos, comme il a été dit plus haut.