Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/pervers, erse adj.

Administration du grand dictionnaire universel (12, part. 2p. 690).

PERVERS, ERSE adj. (pèr-vèr, èr-se — proprement renversé, tordu, corrompu, participe passé passif de pervertere qui est formé de per et de vertere, tourner, et de la racine sanscrite vart, qui signifie proprement tourner, d’où aussi le gothique wairthan, allemand werden, lithuanien wereziu, russe werezu, etc., tourner. V. version). Méchant, dépravé ; qui se porte volontairement ou naturellement au mal : Un homme pervers. Un enfant pervers. Une âme perverse. Si les âmes honnêtes ne peuvent pas se confédérer contre les hommes faux et pervers, qu’elles se liguent du moins en faveur des gens de bien. (Barthél.) Un cœur vicieux peut revenir à la vertu ; un esprit pervers ne se corrige jamais. (Chateaub.) Les cœurs pervers n’ont jamais ni de belles nuits ni de beaux jours. (J. de Maistre.) Il n’y a pas de tyran aussi artificieux, aussi pervers, aussi cruel que les factions. (Royer-Collard.)

À ces mots, l’animal pervers
(C’est le serpent que je veux dire,
Et non l’homme, on pourrait aisément s’y tromper).

La Fontaine.

|| Qui a un caractère de perversité, de méchanceté : Conduite perverse. Opinions perverses. Conseils pervers. Il faut des expériences répétées pour réduire certains politiques à reconnaître que tout ce qui est pervers n’est pas habite. (Prévost-Paradol.)

— Substantiv, Personne perverse : Quel est le fardeau des pervers ? C’est le besoin. (Boss.)

Le juge prétendait qu’à tort et à travers On ne saurait manquer, condamnant un pervers.

La Fontaine.

Les injustices des pervers
Servent souvent d’excuse aux nôtres ;
Telle est ta loi de l’univers :
Si tu veux qu’on t’épargne, épargne au moins les autres.

La Fontaine.

Syn. Pervers, corrompu, dépravé, etc. V. CORROMPU.