Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/limousin, ine adj.

Administration du grand dictionnaire universel (10, part. 2p. 527-528).

LIMOUSIN, INE adj. (li-mou-zain, i-ne). Géogr. Qui appartient à Limoges, au Limousin ou à leurs habitants : Bœufs LIMOUSINS. La langue limousine. Le paysan limousin est naturellement crédule et curieux, il aime ce qui est spectacle et représentation. (A. Hugo.)

— Substantiv. Habitant de Limoges ou du Limousin : Le bon naturel du Limousin ne sait pas nourrir longtemps un sentiment haineux. (A. Hugo.)

— s. m. Ouvrier maçon, qui fait l’espèce de maçonnerie connue sous le nom de limousinage : J’ai vu, un jour, M. Thiers franchir sur une planche tremblante l’abîme d’une cave profonde, pour aller causer avec ses limousins. (J. Lecointe.)

— Loc. fam. Zest de Limousin, Morceau de pain trempé dans du vin. || Manger du pain comme un Limousin, Être grand mangeur de pain.

— Linguist. Patois parlé dans le Limousin.

— s. f. Agric. Nom donné à des vaches laitières d’une race particulière au Limousin.

— Encycl. Linguist. Le patois limousin est un dialecte de la langue d’oc parlé dans les limites de l’ancien diocèse de Limoges, que l’on peut diviser philologiquement en trois zones : 1° la Creuse, dont une partie est comprise dans la langue d’oil ; 2° la Haute-Vienne ; 3° la Corrèze. Ainsi, en prenant le Midi pour point de départ, !e patois limousin forme une avance considérable sur le territoire de la langue d’oil, entre le poitevin à l’ouest, le français du Berry au nord, le bourguignon à l’est et l’auvergnat au sud-est. On y distingue deux principales variétés ; ce sont : le bas limousin, usité dans le département de la Corrèze, et le haut limousin, parlé dans la Haute-Vienne.

Le bas limousin a sept voyelles simples : a, é ; e, i, o, u, ou, et plusieurs diphthongues inusitées dans le français : ai, aou, ei, éou, eou, iaou, iéou, ioou, oi, oou, ut. Toutes les voyelles se prononcent comme celles du français, à l’exception de l’e dont le son tient le milieu entre l’i et l’é fermé. On trouve cet e dans les mots losuivants : lou fe, le foin ; lo fe, la foi ; obe, oui, etc. La diphthongue ai ne se prononce pas comme dans le verbe haïr, maish comme dans l’interjection hai. Exemple : lou polai, le palais, etc. Le bas limousin met généralement o où le provençal, le languedocien et le quercinois mettent a, et a où ces mêmes dialectes mettent o. Les lettres doubles ts et dz remplacent dans ce patois les sons du ch et du j français. Par exemple : tsodiéiro, chaise ; tsambro, chambre ; dedza, déjà ; dzomai, jamais ; dzoretiéiro, jarretière, etc. Enfin il a conservé le s qui était anciennement dans plusieurs mots français. Ainsi l’on dit : lou bostou, lo testa, lo costo, le bâton, la tête, la côte. Mais, dans quelques communes, on a retranché cette lettre et l’on appuie longuement sur la voyelle en la prononçant : lou bâtou, lo têto, la côto.

Le bas limousin est rapide, doux, énergique et plus laconique que la langue française. Il n’y a presque pas de noms ni d’adjectifs qui n’aient leur augmentatif et leur diminutif dans ce patois. Par exemple : un ome, un homme, un oumar, un oumossar ; uno fenno, une femme, uno fennasso.

La terminaison des diminutifs est variée : vourmosson, petit morveux ; dzoli, dzolio, joli, jolie, dzouliot, dzoulioto ; oousel, oiseau, oouselou, petit oiseau, onuseletou, plus petit oiseau ; tsambro, chambre, tsambretto, tsambrillou ; omilsou, petit homme ; frioudelet, petit friand. Ces diminutifs rendent ce patois très-propre à la poésie légère et badine, à la poésie érotique.

M. Émile Ruben, dans une Étude sur le patois du haut Limousin, trouve ce langage encore vif, énergique et coloré, quoique déjà un peu efféminé au contact de la langue française. À Limoges surtout, depuis un demi-siècle, sa décomposition est rapide : les consonnes finales ont disparu, les vieilles diphthongues sonores font place aux voyelles longues et l’accent tonique est presque perdu. Ce patois, grâce à la position géographique du département de la Haute-Vienne, dans lequel il est à peu près resserré, est un dialecte mixte, à physionomie tout à la fois occitanienne et française.

« Le caractère apathique de nos paysans, dit l’auteur que nous venons de citer, qu’il soit naturel ou calculé, a toujours frappé l’observateur. On dirait que leur langage s’en ressent. Ils parlent comme ils agissent, avec la même lenteur, et semblent ne vouloir pas prendre la peine de s’exprimer. Les monosyllabes abondent dans leur langage. Il n’y a point de ces consonnes finales si originales et si vives dans la bouche des paysans méridionaux. On peut poser en principe que, sauf les liquides l et r, la nasale n, qui encore le plus souvent fait corps avec la voyelle qui précède, let euphonique employé comme liaison et dans quelques cas seulement, les mots de notre patois sont terminés par des voyelles. Les mots ne sont même pas liés entre eux : vous croiriez que l’effort s’arrête à chaque mot et qu’il faut un nouvel effort pour prononcer le mot suivant. Ils ont surtout une telle horreur du s, même employé euphoniquement, qu’ils ne le font presque jamais sentir dans le courant des mots, lorsqu’il précède une consonne. Quant au s final, je ne sais pas s’il existe virtuellement dans leur langage, mais je ne connais pas de cas où il se fasse sentir, même devant un mot commençant par une voyelle, excepté dans les noms de nombre dies-ne, que l’on prononce souvent par corruption dueze, dix-huit, et dies-e-nô, par corruption dueze-nô, dix-neuf. »

Cependant la prosthèse, ou addition d’une consonne euphonique au commencement d’un mot est assez fréquente dans la Haute-Vienne. Les consonnes prosthétiques communément employées sont le d, le n, le u, également en usage dans le Berry, et quelquefois le l. Par exemple : en dun, avec un ; denguero, encore ; nen, en ; li nirait j’irai ; li, y ; vounze, onze, etc.

Mais si la prosthèse n’est pas rare, l’aphérèse ou retranchement de la première voyelle du mot est tellement fréquente que la liste des termes ainsi mutilés formerait un vocabulaire. Le retranchement s’opère principalement sur les mots commençant par a bref ou o bref. Ainsi l’on dit : belio pour obelio, abeille ; bo-jour pour obo-jour, abat-jour ; bouticâri pour abouticâri, apothicaire ; blodâ pour oblodâ, emblaver, etc.

Les autres caractères qui distinguent le patois de la Haute-Vienne de celui de la Corrèze sont : la prononciation un peu à l’italienne du c et du g doux, tch, dj, au lieu de ts et dz ; le remplacement fréquent des diphthongues ai, au, ou par des voyelles longues correspondantes ; le changement de l’a bref en o moins général, et la suppression plus rare du pronom personnel. Enfin la règle de l’accentuation tonique dans le patois du haut Limousin suit à peu près la règle prosodique du français ; la voix porte sur la dernière syllabe ou sur la pénultième, suivant que le mot se termine par une voyelle sonore ou par une voyelle sourde.

La littérature du patois limousin consiste en fables, noëls et chansons. Elle est d’une date relativement récente ; les plus anciennes pièces qui nous soient parvenues ne remontent pas au delà de la fin du XVIIe siècle. Les auteurs dont les poésies ont été réunies sont F. Richard et J. Foucaud. Ce dernier a traduit ou plutôt imité en patois du haut Limousin la plus grande partie des fables de La Fontaine. Ses œuvres ont été l’objet d’une édition philologique publiée, en 1866, par M. Emile Ruben, bibliothécaire de la ville de Limoges. Nous en extrayons la fable de la Mouche du coche, qui peut donner une idée de la couleur et de la forme du patois limousin.

LO MOUCHO E LO DILIGENÇO.

Trei porei de chovau treinan la turgotino
Trois couples de chevaux traînant la turgotine
Ne poudian pâ grimpâ sur uno auto colino.
Ne pouvaient pas grimper sur une haute colline.
      I vian lou soulei sur l’échino,
       Ils avaient le soleil sur l’échine,
Dô sable soû loû pei. Qui chici chovau rendû
Du sable sous les pieds. Ces six chevaux rendus
      Chuovan toù coumo dô perdû.
       Suaient tous comme des perdus.
I bodovan lo lingo e toù chici letejovan ;
Ils sortaient la langue et tous six haletaient ;
En pensan d’ovança, quan lour pei coulenovan.
En croyant avancer, quand leurs pieds glissaient,
     Lâ pobrâ beilia reculovan.
      Les pauvres bêtes reculaient.
     Loû vouyojour s’en-cimojovan.
      Les voyageurs s’en mettaient en émoi.
Fennâ, moucinci, veiliar, tou-t-ério dovola.
Femmes, moines, vieillards, tout était descendu.
No moucho qu’ô vegue ve fâ soun-embrenado.
Une mouche qui le vit vient faire son importante.
«Arri ! se disse-lo, oh hu ! oh he ! oh ja !
« Harri ! dit-elle, oh hu ! oh he ! oh ah !
Lo creu tou fâ marchâ en cauco boumbounado.
Elle croit tout faire marcher avec quelques bourdonnements.
Lo s’en-one d’obor campâ sur lou timou ;
Elle s’en alla d’abord camper sur le timon ;
Oprei lo vai pied lou nâ dô poustillou ;
Puis elle va piquer le nez du postillon ;
O châcun dô chovau lo balio so fissado ;
À chacun des chevaux elle donne son coup d’aiguillon ;
     E, commo un générau d’armado.
      Et, comme un général d’armée,
Lo vai, lo ve, lo brun, dovan, dorei, pertou.
Elle va, elle vient, elle bourdonne, devant, derrière, partout,
     Lo brandino soun-oguliou.
      Elle brandit son aiguillon.
O là fi, quan lo veu deimora l’otolage,
À la fin, quand elle voit démarrer l’attelage,
« Ah ! di-lo, ce que qu’ei que d’avei dô courage !
« Ah ! dit-elle, ce que c’est que d’avoir du courage !
     Ma pertan qu’ei tou fia pèr me ;
     Mais pourtant c’est tout fait par moi ;
   « Degu m’aido dô bou dô de.
 « Personne (ne) m’aide du bout du doigt.
      Lou moueine dijio soun breviâri ;
      Le moine disait son bréviaire ;
Mai, mo fe, di queu ten, quêrio plo necessâri !
Mais, ma foi. dans ce temps, c’était bien nécessaire !
      Là fennâ dijian no chanson ;
       Les femmes disaient une chanson ;
S’ogîchio-co d’un-ér mai de soun recoursou ?
S’agissait-il d’un air et de son refrain ?
Pertan, lôva cho Di ! nen sai vengudo o bou.
Pourtant, loué soit Dieu ! (j’)en suis venue à bout.
        Qu’ei vrai que sai touto eilenado ;
       C’est vrai que (je) suis toute hors d’haleine ;
Mâ, de beu de trobai, lo vituro ei sôvado,
Mais, à force de travail, la voiture est sauvée,
Et de queu meichan pâ me sonlo l’ai tirado.
Et de ce méchant pas moi seul (je) l’ai tirée.
Ça, MESSIEURS loû chovau, pouen de machici, mânei ;
Ça, Messieurs les chevaux, point de mais si, mais non ;
Poyâ me tanquetan lo peno que i’ai prei. »
Payez-moi sur-le-champ la peine que j’ai prise. »

Veiqui plo coumo fan qui fodar d’impourtanço,
Voilà bien comme font ces farauds d’importance,
         Que van toujour bouta lour nâ
         Qui vont toujours mettre leur nez
         Châ lour vezi, dî loû ofâ
         Chez leurs voisins, dans les affaires
Ente i n'entenden re, que loû regarden pâ
Où ils n’entendent rien, qui (ne) les regardent pas.
           Queu mounde soun commun en Franço.
           Ces gens sont communs en France.
Pèr lou bounur publique e coumo do rozou.
Pour le bonheur public et comme de raison,
Tou lou mounde deurian loû chossâ de pertou.
Tout le monde devrait les chasser de partout.

— Econ. rur. Cheval limousin. C’était le sang arabe, importé par l’invasion des Maures d’Espagne et par les chevaliers revenant des croisades, qui coulait dans les veines de l’ancienne race limousine. « Des anciennes races de France, dit M. Eug. Gayot, celle-ci a mérité le premier rang. Dans le passé, elle plane sur toutes et les domine ; de toutes, elle a été la plus accréditée en Europe ; on en avait fait une gloire nationale. Elle a donné pendant longtemps, à ce qu’il parait, le cheval de selle élégant, svelte, souple, docile, adroit, le cheval par excellence des routes difficiles, accidentées et ravinées, des chemins creux, rocailleux et impossibles d’un autre âge. On le voyait traverser avec hardiesse et franchir tous ces pays sauvages et perdus. Il semblait fait pour eux, tant il était ardent, ferme et pourtant avisé et précautionneux ; il se trouvait là dans son élément. Sa légèreté, sa finesse, sa petite taille, les proportions étroites, exiguës de toutes ses parties, son intelligence et jusqu’à ses défauts d’aplomb, telles étaient les qualités qui le mettaient si fort en relief. Par ailleurs, sa destination, son liant, sa noblesse en faisaient le cheval de la cour et des grands soigneurs ; il s’imposait comme un besoin et avait toutes les faveurs de la mode. » Ce type est perdu maintenant ; tous les efforts tentés par M. Eug. Gayot au haras de Pompadour n’ont réussi qu’à en donner une assez pâle copie ; encore cet essai de restauration a-t-il duré fort peu de temps. Pendant son passage à la direction générale des haras, M. Gayot, qui ne voyait d'amélioration possible que par le pur sang, avait résolu de former un pur sang français, anglo-arabe, qui eût été pour la régénération de nos races ce qu’est aux yeux des autres hippologues le pur sang anglais, une sorte de panacée universelle. L’œuvre est tombée en même temps qu’a cessé le pouvoir de l’homme éminent qui l’avait entreprise. Un peu de désarroi s’en est suivi ; aujourd’hui pourtant l’ordre semble renaître, l’élevage rentre dans des voies normales, où, s’il est fidèle aux principes d’une saine zootechnie, il ne peut tarder à faire d’immenses progrès. Sans doute, les nouveaux produits ne présenteront pas l’ancien type ; mais, nous l’avouons, cette perte nous touche médiocrement. Le cheval limousin d’autrefois n’a plus de raison d’être aujourd’hui ; quand de belles routes sillonnent les parties les plus reculées de notre pays, la sûreté du pied n’est plus la qualité que l’on doit principalement rechercher, c’est plutôt la force et l’ampleur du corps. Si la race dont nous parlons a disparu, c’est qu’elle n’a plus été utile. Ainsi détrônée, soit par des conditions physiques moins favorables, soit par des races mieux appropriées à la situation nouvelle, la race limousine nous laisse assez indifférents à sa perte ; bien plus, nous pensons que, si elle existait de nos jours, son prestige serait bien diminué. Cependant il est intéressant de savoir comment elle s’est affaiblie, comment en définitive elle a totalement disparu de la province dont elle avait été l’honneur pendant plusieurs siècles. Sous Louis XV, la race dont nous parlons s’était déjà notablement dégradée. Ce prince voulut la relever ; mais comme on employa à cette œuvre régénératrice plusieurs sangs différents, arabe, anglais, espagnol même, il en résulta une confusion par suite de laquelle la race appelée par nos pères race limousine perdit son caractère et n’eut plus sa pureté. Les chevaux arabes lui conservèrent la souplesse, les anglais lui donnèrent plus de taille, les espagnols la firent plus ardente et plus brillante, mais ils raccourcirent ses allures. Ces derniers, à bien dire, ont paralysé et détruit les améliorations dues aux premiers. Vint ensuite le fameux convoi arabe de M. Guerche, qui fit du bien et rendit aux chevaux limousins une partie des qualités qu’on avait tant prisées en eux ; mais survint la Révolution de 1789 et tout fut anéanti. Napoléon voulut réparer le mal. On envoya dans le Limousin des étalons ramenés d’Égypte pour la plupart. Ceux-ci n’étaient pas de race assez noble ; ils ne produisirent que des chevaux petits, fluets, minces et sans moyens. Ce genre de chevaux ne convenait plus à nos besoins, à nos habitudes ; Ils n’étaient plus du goût des amateurs du temps ; aussi furent-ils méprisés par les acheteurs. Autrefois on apprenait à monter à cheval, l’équitation était en honneur ; on chassait à courre, la France possédait peu de grandes routes, les autres moyens de communication étaient difficiles : il fallait donc que partout on se servit de chevaux de selle, de manège, de chasse, de promenade, de voyage même. Depuis le commencement du siècle, tout a changé sous ce rapport et sous bien d'autres : on n’a plus besoin de chevaux de selle proprement dits.’

Voici, d’après M. Eugène Gayot, l’état de la population chevaline dans le Limousin, aux beaux temps du haras de Pompadour : « Le poulain de la Haute-Vienne, dont la mère est généralement plus grande et plus forte que la limousine ordinaire, par la raison que le sang anglais domine dans ses veines, devient presque toujours cheval d’officier ou de cavalerie de ligne. Le poulain de la Corrèze, plein de gentillesse et de race, mais plus arabe qu’anglais, dépasse rarement les conditions du cheval de troupe légère. Le poulain de !a Creuse, plus gros et plus commun, produit mêlé des deux sangs, dans leur pureté quelquefois, mais plus souvent à l’état de demi-sang, prend moins de distinction que les autres, ne devient presque jamais cheval d’officier, mais donne d’excellents troupiers, durs au travail, résistants à la fatigue. Le poulain de la Haute-Vienne est plus cher, celui de la Corrèze moins recherché. À l’état de cheval fait, le premier rend plus à la vente, mais il faut qu’il soit net, qu’aucune tare ne le souille, car tout forme tache sur une nature aussi fashionable. Le second est plus facile à placer, il entre davantage dans le genre usuel. Il n’y a qu’un débouché possible pour l’autre, la remonte militaire. De tous, celui-ci est le plus difficile à vendre et le moins profitable à l’éleveur. » Ce tableau se rapporte aux années 1852 et suivantes. Depuis lors, des distinctions semblables ne paraissent plus subsister : l’élevage est devenu plus uniforme et parait moins s’attacher à la pureté du sang.

Bœuf limousin. Cette famille est un dérivé de la grande race garonnaise, dont elle se distingue par des caractères plus ou moins prononcés, suivant les différentes localités qu’elle habite. Bien qu’ayant son centre de production dans le Limousin, elle n’en est pas moins répandue dans le Périgord, le Quercy et la Saintonge. Dans toutes ces régions, le bœuf limousin a sa physionomie bien distincte et qui le classe à part dans l’ensemble de la population bovine française. Il est d’abord employé au travail, puis il est engraissé dans les herbages de la Vendée et de la Normandie. Avant d’arriver à cette période de sa vie, il a changé de maître presque tous les ans et a été l’objet de soins assidus. D’après M. Magne, la race limousine a pour caractères bien marqués : « Pelage jaune, plus pâle à la face interne des membres : yeux grands, doux et entourés, ainsi que le mufle, d’une auréole presque blanche ; peau généralement souple, douce, pour un bœuf de montagne ; taille moyenne, corps long, plutôt grand qu’épais ; côte souvent plate ; garrot élevé, tranchant ; train postérieur quelquefois mince ; encolure un peu longue ; tête moyenne, portant des cornes blanchâtres sur toute la longueur ou un peu brunes au sommet, très-grosses, presque toujours aplaties à la base, rarement bien contournées, mais dirigées en avant et souvent en bas. Comme dans le bœuf garonnais, on ampute une corne, quelquefois les deux, à 0m,10 ou 0m,12 de la tête, pour avoir plus de facilité à atteler les animaux. » Au point de vue de la production du lait, la race limousine est plus que médiocre ; mais, en revanche, elle possède une aptitude remarquable à prendre la graisse et à recevoir toutes les améliorations que comporte l’état actuel de l’élevage. Sous ce double rapport, la race limousine vient en second ordre avec la garonnaise, dont elle possède la plupart des qualités.