Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/juin s. m.

Administration du grand dictionnaire universel (9, part. 3p. 1095-1096).

JUIN s. m. (juain ― du lat. junius, proprement le mois consacré à Junon). Chronol. Sixième mois de l’année : Au mois de juin. À la mi-juin. Le six juin. En réalité, pour presque toute la France, le mois des roses est le mois de juin. (A. Karr.)

— Hist. Journées de juin, Insurrection qui eut lieu à Paris en juin 1848.

Encycl. Chronol. Juin, le sixième mois de l’année dans le calendrier moderne, était le quatrième de l’année instituée par Romulus.

Dans notre calendrier républicain, ce mois s’étendait à peu près du 13 prairial au 13 messidor.

Pendant le mois de juin, la température moyenne à Paris est de 19°,90, et la pression barométrique de 756mm, 63.

On sait que le 21 juin est le jour le plus long de l’année.

— Agric. Dans le midi, c’est en ce mois qu’on termine la fenaison. Dans le nord, où la culture des céréales tient la principale place, on se borne, au moins durant la première quinzaine du mois, à faire les préparatifs de la moisson. On achève de conduire les fumiers sur les terres en jachère, et sur celles qu’on destine au colza, aux navets, aux choux, aux betteraves et aux rutabagas. On fait parquer les moutons sur les trèfles et les luzernes, après la première coupe. Les récoltes semées à l’automne ou au printemps pour servir d’engrais vert peuvent être enfouies en juin. On sait que les plantes qui conviennent le mieux pour ce genre de fumure sont la moutarde blanche, le sarrasin et le colza d’été, soit seuls, soit mélangés. S’il se présente des jours de pluie, on en profite pour répandre du purin sur les trèfles et les prés fauchés, sur les betteraves, pommes de terre, maïs, etc. On cure les fossés et les mares quand l’eau est basse. On chaule les terres en jachère ou celles qui ont porté du trèfle incarnat ou des vesces fauchées en vert. On donne le second labour aux jachères dans les terres argileuses, le premier dans les terres peu compactes. Vers la fin du mois, on commence à écobuer les landes et les vieux gazons, on poursuit les défrichements commencés pendant l’hiver, enfin on entreprend des desséchements. La plupart des plantes dont les semailles ont été indiquées pour la fin de mai, notamment le chanvre, la navette d’été, le maïs, le millet, la moutarde blanche, peuvent aussi être semées au commencement de juin, C’est la meilleure époque pour semer les blés noirs et les navets. Le trèfle, la luzerne, le sainfoin, semés dans le sarrasin vers la fin du mois, réussiront mieux que dans toute autre récolte. On doit butter les pommes de terre et le maïs. On bine et on éclaircit les féveroles, les pavots, les betteraves. Dans la dernière quinzaine du mois, lorsque les gousses inférieures des féveroles commencent à paraître, on coupe les sommités des plantes, afin d’empêcher la venue de nouvelles fleurs ; on obtient ainsi une récolte beaucoup plus belle et dont la quantité n’est pas sensiblement diminuée. On coupe, dans le même but, la maîtresse tête et quelques-unes des plus petites sur les cardères repiquées l’année précédente.

C’est dans le mois de juin que l’on récolte et que l’on bat le colza d’hiver et la navette. On fauche le foin des prairies naturelles et celui de la plupart des fourrages artificiels.

Relativement aux animaux domestiques, il y a dans ce mois certaines précautions à prendre pour les conserver en bon état de santé. Au commencement des chaleurs surtout, les chevaux sont exposés à des refroidissements. On tiendra donc les écuries aérées, sans pourtant établir de courants d’air donnant directement sur les animaux. On leur mettra des caparaçons par-dessus les harnais ; on mettra chaque jour un peu de nourriture verte dans leur ration, et on remplacera, dans certains cas, l’avoine par du son. Il convient de sevrer en ce mois les poulains venus en mars. S’il est possible, on évitera de faire travailler les chevaux et les bœufs pendant la plus grande chaleur du jour. Ceux des animaux de l’espèce bovine qui vont au pâturage doivent y trouver à leur portée un peu d’ombre et de l’eau à discrétion. La tenue de la laiterie exige encore plus de soins à cette époque qu’à l’ordinaire, à cause de la fâcheuse influence que tend à exercer la température élevée, habituelle pendant ce mois. La tonte des moutons se fait quelquefois en juin, mais beaucoup plus souvent en mai. On peut sevrer les agneaux nés en février et mars ; il sera bon, dans ce cas, d’ajouter à leur nourriture un peu de son et d’avoine. C’est à la fin de ce mois que sévit d’ordinaire la funeste maladie connue sous le nom de sang de rate et qui produit chaque année tant de ravages parmi les bêtes ovines. Les porcs doivent être tenus à un régime rafraîchissant, à cause de la chaleur si généralement funeste à ces animaux. La volaille exige aussi de grands soins ; on peut encore laisser couver les poules qui en manifestent le désir, mais les poulets qui en résultent doivent être vendus à l’arrière-saison ; ils sont peu propres pour l’élevage. C’est le moment de donner à la vigne la seconde façon, en rejetant contre les ceps la terre qu’on a retirée précédemment. Aussitôt après, on commence l’ébourgeonnage, et, dès que la floraison est terminée, on donne le second soufrage. La cueillette des câpres se fait en juin ; on reconnaît qu’il est temps d’y procéder lorsque leur surface a perdu la matière cotonneuse qui les couvrait. Les éducations de vers à soie sont presque entièrement terminées ; c’est le moment de s’occuper de la production de la graine et de l’émondage des mûriers.

Pour les bois, il faut se hâter de terminer les travaux du printemps, tant à cause de la chaleur que par suite du manque d’ouvriers, C’est la saison des transports. Tous les bois façonnés sont enlevés du milieu des coupes et portés aux lieux de destination. On lie les écorces destinées à la tannerie. Il importe que cette opération soit faite par un temps sec, car la moindre humidité fait moisir l’écorce et lui fait perdre de sa valeur. La seconde quinzaine de juin est pour cela le moment favorable ; plus tard, la sécheresse devenue extrême ferait briser les écorces, empêcherait de les bien lier et par suite les rendrait difficilement transportables.

Comme la grande culture, la culture maraîchère exige la plus grande activité. On continue jusqu’au 15 à semer les légumes indiqués pour la mois de mai, tels que choux de Milan courts, choux de Vaugirard, brocolis, choux-raves, navets, laitues, escarole et chicorée de Meaux, pois de Clamart ridés, pois nains verts de Prusse, haricots. On fait à ombre des semis de cerfeuil, épinards, cresson alénois, parce que, ces plantes montant promptement en cette saison, il est nécessaire de les renouveler fréquemment. Du 8 au 15, on sème des choux-fleurs pour l’automne, et vers le 25 de la raiponce. Pendant tout le mois, on peut semer du poireau et de la ciboule pour l’hiver, ainsi que les fraisiers des quatre saisons et les variétés anglaises à gros fruit. On commence à arracher l’ail et l’échalote et à récolter certaines graines, telles que cerfeuil, mâche, cresson alénois. Les plantations ne doivent se faire que le soir, et encore faudra-t-il le plus souvent garantir les plantes contre l’ardeur du soleil pendant quelques jours. Toutes les terres dans lesquelles on aura fait des semis et des plantations devront être couvertes d’une couche de fumier pailleux court, afin de conserver la fraîcheur autour des racines. On multipliera les arrosements. Dans les serres, on donnera beaucoup d’air et on arrosera abondamment.

Les arbres fruitiers en plein air devront être maintenus par des pincements successifs, en vue de diriger la sève vers les points où elle sera le plus nécessaire. Sur quelques arbres, il faudra ménager des rameaux pour y établir des greffes dites herbacées. On commencera à éclaircir les fruits du pêcher, en supprimant ceux qui sont attachés au nombre de deux ou trois sur le même point. On supprime aussi les fruits sur les branches trop faibles et qu’on tient à conserver. Vers la fin du mois, on palisse en vert le pêcher. Depuis quelque temps, un certain nombre d’arboriculteurs remplacent cette opération du palissage, toujours fort délicate, par des pincements qui suffisent à contenir la sève dans les branches qu’on ne veut pas laisser croître. C’est aussi au mois de juin qu’on exécute le palissage des treilles. Les raisins destinés à la table sont ciselés dès qu’ils ont atteint la grosseur d’un pois, c’est-à-dire qu’on coupe avec précaution, au moyen de ciseaux à lames pointues et allongées, les grains qui s’annoncent mal ou qui seraient susceptibles de nuire au développement de ceux qui les touchent et qui sont mieux exposés. On retranche de même l’extrémité de la grappe où la sève n’arrive presque jamais avec assez d’abondance pour nourrir convenablement les grains qui y sont placés. On s’abstient généralement, pendant ce mois, de remuer la terre sous les figuiers, ainsi que Jd toucher à ces arbres, l’expérience ayant démontré que les orages et les pluies survenant dans ces circonstances amènent la coulure des fruits. Les arbres fruitiers en culture forcée demandent les mêmes soins que dans le mois précédent.

Quant aux arbres et arbustes d’ornement, c’est le moment d’utiliser la taille en vert pour leur donner la forme désirée. On peut greffer en écusson à œil poussant les lilas, les rosiers, etc. ; on ne peut avoir recours dans ce cas aux yeux des jeunes rameaux de l’année, mais on a pu conserver des rameaux de l’année précédente enfouis sous terre, et à leur défaut on peut encore utiliser les yeux inférieurs des rameaux de l’année précédente qui ne se sont pas développés. Il faut veiller à ce que la fraîcheur soit entretenue au pied des arbres nouvellement plantés et des plantes de serre mises au dehors. Il est encore possible de planter des arbres verts ou résineux, mais à la condition de les lever en mottes.

Les travaux de la floriculture sont nombreux. Le principal, celui auquel se rattachent tous les autres, est la formation des massifs. La première quinzaine de juin est l’époque la plus favorable pour les semis de roses trémières, lins vivaces de Sibérie, campanules, violettes marines, giroflées, cocardeaux, et autres plantes vivaces ou bisannuelles, employées pour garnitures de printemps. Dans la seconde partie du mois, le sol des massifs devra être couvert de fumier court ou ratissé et biné superficiellement.

En juin, toutes les plantes de serre tempérée peuvent être mises à l’air libre. Les seuls soins qu’elles réclament sont des arrosements et des seringages réitérés. Il faut surtout avoir soin d’empêcher la poussière de s’attacher à leurs feuilles. Les azalées de l’Inde qui ne redoutent pas le grand soleil seront mises en place dans les parties les plus aérées. On peut cesser entièrement le feu dans les serres chaudes et donner largement de l’air. Les orchidées ne doivent être bassinées qu’avec modération, mais on les tiendra dans un bon état de fraîcheur. On ne doit donner de l’eau plus abondamment que lorsque les pseudo-bulbes sont formés.

Les produits de juin en légumes et en fruits sont des plus variés. On peut dire qu’il est à peine un légume dont on ne puisse jouir abondamment pendant ce mois. Après les asperges, qui déjà sont rares, voici venir les pois. Après le chou d’York, le chou cœur-de-bœuf, et le chou cabus blanc, on a du céleri blanc, des artichauts et des choux-fleurs. L’épinard est moins commun, mais en le semant à mi-ombre et en l’arrosant abondamment on peut encore s’en procurer. Les haricots, les fèves de marais, différentes laitues, la chicorée d’été, les aubergines, les concombres élevés sur couche sont en plein rapport. Les fraisiers de toutes sortes, les framboisiers, les groseilliers, plusieurs cerisiers donnent abondamment leurs fruits. À la fin du mois, on voit mûrir les poires de petit muscat et d’amiré-joannet, ainsi que la prune myrobolan. Le fruitier présente encore d’ailleurs, parmi les poires, le bon chrétien d’hiver, l’impériale à feuilles de chêne, etc. ; parmi les pommes, le calville blanc, les reinettes franche et grise qui peuvent se conserver un an, et la pomme de Final, qui se garde dix-huit mois.