Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/chignon s. m.

Administration du grand dictionnaire universel (4, part. 1p. 99).

CHIGNON s. m. (ehi-gnon ; gn mil.— autre forme du mot chaînon, à cause des vertèbres cervicales qui forment une sorte de chaîne). Derrière du cou : Les emboîtements les plus remarquables sont ceux de l’épine du dos, qui règne depuis le chignon du cou jusqu’au croupion. (Boss.) Quand on recevait quelqu’un chevalier de l’ordre de Saint-Michel, celui qui le recevait tirait son épée et donnait un coup du plat sur le chignon du récipiendaire. (Sallentin.)

— Par ext. Partie de la coiffure des femmes formée par les cheveux ramassés et roulés ensemble sur le derrière de la tête :

Un petit peigne, orn< ! de diamants,
De son chignon surmontait la parure.

Voltaire.

Mademoiselle, en faisant froide mine,
Ne daigne pas aider à la cuisine ;
Elle se mire, ajuste son chignon.

Voltaire.

Encycl. Nous ne voulons pas, à propos des chignons, recommencer l’histoire des cheveux, qui a sa place a part ; mais nous devons seulement rappeler ici l’extension prodigieuse qu’a prise, dans ces derniers temps, le coir » merce des faux chignons, et l’ampleur démesurée que l’on donne aujourd’hui à cet appendice trompeur. Tout le monde sait cela ; mais tous les maris ne savent pas, heureusement, ce qu’il en coûte a ces dames pour compléter si largement les bienfaits de la nature. Sans entrer a cet égard dans des détails indiscrets, nous dirons seulement que l’Angleterre, c’est-à-dire les maris anglais, payent annuellement à la Fiance 1, 205, 605 fr. de chignons ! Tant pis pour eux 1 Mais nous avons une bonne nouvelle à donner aux maris français, dont nous ne voulons pas révéler les dépenses en ce genre. On fait de magnifiques chignons en crin végétal. Voici Ce que dit à ce sujet le Messager franco-américain, un journal véridique s’il en fut : « Nous.avons parlé, il y a quelque temps, de la découverte, faite par un industriel de San-Francisco, d’une certaine plante ligneuse qui remplace à s’y tromper les faux cheveux, et à laquelle on a donné le nom de soap root. Depuis cette découverte, toutes les Californiennes s’octroient des chevelures luxuriantes, et le chignon, dans cet Eldorado, a pris des proportions monumentales. Pour la modique somme de cinq à six cents, on peut se procurer une botte de soap root pesant jusqu’à 2 kilog., ce qui fait que toutes les Irlandaises sont ornées maintenant de waterfalls splendides. Mais voici le revers de la médaille : cette plante capillaire possède, paraît-il, des propriétés apéritives pour l’espèce des herbivores. Dernièrement, une dame de Sacramento, qui causait tranquillement avec une personne de sa connaissance, dans une des rues de cette ville, a éprouvé une stupéfaction facile à comprendre en voyant son chignon dévoré par le cheval d’une voiture d’express près de laquelle elle se trouvait. Depuis ce lamentable événement, la jubilation des porteuses de chignons végétaux a sensiblement diminué, et elles passent la meilleure partie de leur temps à éviter les approches des coursiers californiens. » La fin de l’article est assez triste, il est vrai, mais il en coûte si peu de réparer le dommage causé par le solipède, que le naïf journaliste range dans l’espèce des herbivores !