Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/chiffonner v. a. ou tr.

Administration du grand dictionnaire universel (4, part. 1p. 96).

CHIFFONNER v. a. ou tr. {chi-fo-né-rad. chiffon). Froisser comme un chiffon : Chiffonner du linge, des étoffes, du papier. Vénus, flambeau divin ! astre cher aux pirates, Astre cher aux amants ! tu sais que de cravates, Un jour de rendaz-vûus, chiffonne un amoureux. A. pe Musset.

— Froisser ; déranger la toilette de : On va nous chiffonner dans cette foule.

— Confectionner les chiffons, les différents objets qui servent à la toilette des femmes : Je sais que quelques-unes de mes lectrices ont le don d’être fées, et qu’elles chiffonnent leurs robes, leurs bonnets et leurs chapeaux elles-mêmes. (Journ.)

— Fam. Produire, faire avec prestesse et avec une certaine élégance légère : Alexandre Dumas dessine une scène aussi vite que Scribe chiffonne une pièce. (Mme e. de Gir.)

— Fig. Préoccuper, tracasser, chagriner : Cela le chiffonne. Cette nouvelle l’& beaucoup chiffonné. Ce départ-là me chiffonne. (Vadé.) M’interrompre a touteoup, c’est me chiffonner l’ame.

Poisson.

Chiffonner une femme, Se permettre avec elle des attouchements un peu libres :

Jamais garçon ne me chiffonnera.

***

Et sans nuire à sa toilette,

Je la chiffonne a mon gré.

Béiunger.

— v. n. ou intr. Ramasser des chiffons dans les rues : Le travail des chiffonniers commence à sept heures du soir : ils chiffonnent jusqu’à minuit. (E. Lassuilly.)

— Fam. Remuer, manier, placer, déplacer, confectionner, réparer des chiffons ou menus objets d’ajustement pour les dames : S’amuser à chiffonner. Les femmes aiment à chiffonnhr, ne fût-ce que pour avoir une contenance.

Se chiffonner v. pron. Être chiffonné, froissé : Prenez garde que votre robe ne se chiffonne. J’étais resté appuyé sur le vieux livre entr’ouvert dont les pages se chiffonnaient sous mon coude. (V. Hugo.)