Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/attenter v. n. ou intr.

Administration du grand dictionnaire universel (1, part. 3p. 891).

ATTENTER v. n. ou intr. (a-tan-té — lat, attentare, même sens ; formé de ad, à ; tentare, tenter). Commettre un attentat ; faire une tentative criminelle : Attenter sur une personne. Attenter à la vie de quelqu’un. Attenter à l’honneur d’une jeune fille. Il avait attenté à ses biens. C’est Attenter ouuertement aux libertés publiques. Un prince se rend odieux s’il essaye d’attenter au bien de ses sujets ou à l’honneur de leurs femmes. (Machiavel.) Attenter à la liberté d’un Français, et refuser de lui confronter ses délateurs, c’est violer la première loi de l’État. (Henri IV.) Il est aussi criminel d’attenter à la bonne foi des princes qu’à leur personne sacrée. (Mass.) Attenter à la liberté de son prochain me paraît un crime contre l’humanité ; c’est un pèche contre nature. (Volt.) La populace croit aller vers la liberté quand elle attente à celle des autres. (Rivar.) On doit s’abstenir d’attenter à la vie de son semblable, qui existe par la volonté de Dieu, comme nous. (Récamier.) Citez-nous un chrétien que le généreux mépris de la vie, inspiré par la religion, ait porté à attenter à ses jours. (La Luzerne.) Le peuple n’a pas le droit d’attenter à ses libertés, et de les vendre à un despote. (Chateaub.) L’homme qui attente à ses jours montre moins la vigueur de son âme que la défaillance de sa nature. (Chateaub.) Attenter à la liberté d’un seul, c’est attenter à la liberté de tous. (Ch. Ballot.) Celui qui attenterait au suffrage universel serait un ravisseur. (E. de Gir.) Qui entrave la pensée attente à l’homme même.’(V. Hugo.)

C’est attenter sur nous qu’ordonner de sa vie.

Corneille.

On a dix fois sur vous attenté sans effet.

Corneille.

De quel droit sur vous-même osez-vous attenter ?

Racine.

Attenter sur ses jours est le dessein d’un lâche.

Gresset.