Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/attaque s. f.

Administration du grand dictionnaire universel (1, part. 3p. 883-884).

ATTAQUE s. f. (a-ta-ke — rad. attaquer). Action d’attaquer, d’engager le combat : Vt’ue, rude attaque. Attaque soudaine. Attaque générale. Attaque à main armée. Commencer, soutenir /’attaque. Résister à une attaqub. Repousser une attaque. L’attaque des grenadiers fut décisive. (Acad.) Dès la première attaque, les ennemis lâchèrent pied. (Acad.) Ceux-ci, toujours en garde, craignent la surprise de quelque nouvelle attaque. (Boss.) Il abrège le temps des périls par ta vigueur des attaques. (Boss.) L’attaque te poussait vertement à notre gauche. (St-Sim.) Il Se dit particulièrement de l’assaut donné pour s’emparer d’une forteresse, d’une ville, d’un camp : Ordonner f attaque. Aller à f attaque. Donner une attaque. On fit trois attaques, deux véritables et une fausse. (Acad.) Durant huit jours et à quatre attaques différentes, on vit tout ce qu’on peut soutenir et entreprendre à là guerre. (Boss.) I) Fausse

attaque, Attaque simulée sur un point pour y appeler l’attention do l’ennemi et en favo, — ; riser une réelle sur un autre point.

— Par anal. Agression, incrimination : Les attaques de la critique, de la calomnié. Les attaques contre ta société. C’est une attaque contre le gouvernement établi. Il faut repousser énergiouement toute attaqub dirigée contre notre honneur. Dans ce débat, /*att*que fui moins spirituelle que la déjense. Lés attaques que le monde livrait à sa. foi vont.enfin être terminées. (Mass.) J’oppose à la fausseté de vos attaques la vérité de mes défenses. (Beanmarch.) Quelquefois, le silence du mépris ne répond point assez aux attaques, de la calomnie. (J. de Maistre.) Les journaux sont plus propres à /’attaque qu’à la défense. (De. Bpr nald.) Les grands hommes cèdent quelquefois aux plus légères attaques. (Villers.) Gastronomie n’étant pas suffisante pour détruire la chronologie de l’Écriture, on revient à /’attaque par l’histoire naturelle. (Chateaub.)

Vous se

— Par ext. Atteinto : Les attaques du temps. Les attaques de l’hiver, de la gelée. Les attaques de la douleur, de la mort. Les attaques des passions. La mort se déclare ; on ne tente plus de remèdes contre ses funestes attaques. (Boss.) La seule précaution contre les attaques de la mort, c’est l’innocence de la vie. (Boss.) Il y a tel de ces arbres qui a résisté aux attaques de cent hivers. (La Font.) Cette nouvelle attaque de la fortune n’a servi qu’à me faire sentir encore mieux le prix de mon bonheur. (Volt.) Presque toujours c’est par les yeux que la volupté commence ses attaques. (Descuret.)

— Paroles prononcées pour connaître la pensée de quelqu’un, ou pour le piquer pu en obtenir quelque chose : // n’osait ^expliquer ouvertement, mais il lui faisait tous les jours quelque attaque. (Trév.) On lui a donné une légère attaque sur ses procédés. (Lav.) Je n’ai que deux mots à vous dire sur tes petites attaques que vous me donnez sur ma fortune. (Bussy-Rab.) Le ladre a été ferme à toutes mes attaques. (Mol.) ’// me donne mille attaques sur l’attachement que j’ai pour vous. (Mmc de Sév.) n Ce sens a vieilli.

— Art milit. Travaux qu’on fait pour s’approcher d’une place assiégée : Faire une attaque, faire plusieurs attaques^ Avancer les attaques. Régler les attaques. Lier les attaques par des tranchées ou des galeries de communication, u -Brusquer les attaques, So porter soudainement et vivement contre l’ennemi ou contre les ouvrages.

— Escrim. Se dit d’un ou plusieurs mouvements que l’on fait pour’ ébranler son adversaire, afin de le frapper pendant son

désordre.

— Manég. Coups d’éperon dont l’application varie suivant la manière d’être du cheval : Les attaques appliquées au diaphragme assouplissent le cheval, le dominent, lui ramènent ta tête ; appliquées plus en arrière, les attaques mobilisent la croupe, provoquent la détente des jarrets.

— Chass. Chien d’attaque. Chien destiné à faire lever le gros gibier, à le lancer.

— Mus. Action de commencer très-vivement une partie, un morceau, un-trait, après un repos, avec précision et hardiesse, u Chef d’attaque, Choriste chargé do faire les’attaques : Dans les chœurs des théâtres, il y a des chefs d’attaque qui guident les autres chanteurs lorsque ceux-ci ne sont que des musiciens médiocres. (Fétk.)

— Patbol. Invasion soudaine, accès subit d’une affection périodique, ou d’un mal sujet à des retours plus ou moins fréquents : Attaque de goutte. Attaque de paralysie. Attaque d’apoplexie. C’est ramasser toutes ses forces, c’est unir tout ce que la mort a de plus redoutable que de joindre, comme elle fait, aux plus vives douleurs, /’attaque la plus imprévue. (Boss.) il Attaque de nerfs, Spasme nerveux, particulier aux tempéraments délicats ou très-irritables, et souvent accompagné de mouvements convulsite, de larmes et de cris : Si votre fille lit des romans à quinze ans, elle aura des attaques de nerfs à vingt ans. (Tissot.)

— Syn, Aitaquo, agre..lon. V. AGRESSION.

— Antonymes. Défenae, défensive, résistance, riposte.

— Encycl. Art mil. Dans son acception la plus générale, le mot attaque signifie tout effort que fait un corps de troupes pour en forcer un autre ou pour se rendre maître d’une position fortifiée. Dans un sens plus restreint, il désigne l’ensemble des travaux exécutés devant une partie des fortifications d’une place assiégée. On appelle alors point d’attaque la partie de ces fortifications sur laquelle l’assiégeant a décidé de diriger ses coups, et l’on dit que l’attaque est simple, quand elle a lieu sur un bastion et deux demi-lunes, et qu’elle est double, quand c’est sur une demi-lune et deux bastions. L’attaque d’une place peut se faire de plusieurs manières, par surprise, par bombardement, par escalade, par blocus, mais une seule est soumise à des règles ou formes scientifiquement déterminées ; aussi l’appellet-on attaque régulière ou attaque dans le$ formes. Dans ce système, l’assiégeant commence ses travaux a partir du point où le feu fie l’assiégé ne peut l’inquiéter, et il les pousse peu à peu, en s emparant successivement des ouvrages détournés, des ouvrages avancés et des dehors, jusqu’il ce qu’il arrive au corps de place. Ces travaux sont de plusieurs espèces. Les principaux sont : les tranchées’ou cheminements, les parallèles, les batteries, les cavaliers de tranchée, l’es descentes de fossé et les mines. (V. ces mots.) On appelle aussi attaque l’ensemble des tranchées cjui se dirigent sur Un saillant, et, dans un siège, if y a autant d’attaques que de saillants attaqués. En termes de Fortification, on donne le nom de terrain des attaques au terrain occupé par les fortifications a’une place, et à celui qui est en avant dans un certain rayon. V. Siège pour plus de développements.