Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/atrament s. m.

Administration du grand dictionnaire universel (1, part. 3p. 876).

liantes de la famifle des renonculacées, voisin des clématites, auxquelles plusieurs auteurs le réunissent. Il renferme trois ou quatre espèces, qui sont des arbustes grimpants ou traînants, acres et vénéneux : £’atragbne 'se cultive comme arbuste d’ornement. (Spach.) atrament s. m. (a-tra-man — lat. atra-, mentum, même sens ; formé do ater, atra, noir). Antiq. rom. Encro des Romains ; liqueur noire dont les anciens se servaient pour écrire, pour vernir et pour teindre, il On dit aussi, et même plus souvent, atra-

Encycl. On distinguait trois espèces principales d'atramentum :’atramentum librarium, ou scriptorium, qui n’était autre chose que l’encre ; l’atramentum sutorium, ou des cordonniers, et l’atramentum tinctorium ou pictorium, à l’usage des peintres. L’atramentum sutorium était une espèce de cirage qui servait aux cordonniers à noircir leurs cuirs ; il contenait différents ingrédients toxiques, entre autres de l’huile de vitriol. Quant à l’atramentum tinctorium, c’était vraisemblablement quelque vernis à l’usage des peintres. Nous donnerons ici. À propos du mot atramentum, quelques détails sur les différentes encres employées dans l’antiquité, et particulièrement chez les Grecs et les Romains. Le Scoliaste d’Aristophane nous apprend que les dikasteria, oucours dejustice.étaientilésignés chacun à Athènes par une des lettres de l’alphabet, alpha, bèta, gamma, delta, etc., et que la lettre caractéristique de chaque dikasiérion était inscrite sur la porte en encre rouge (pyrràbammati). L’encre égyptienne devait être évidemment d’une qualité supérieure, car la plupart des papyrus qui nous sont parvenus sont dans un remarquable état déconservation. Souvent les premiers ca « ictères de chaque page étaient écrits en encre rouge. Les deux plus anciens auteurs latins qui aient fait mention de l’encre sont Plaute et Cicéron. Pline nous donne une des recettes qu’on employait pour la fabriquer, et qui consistait à mélanger de différentes manières de la suie avec de la résine ou de la


poix ; pour obtenir de la suie en quantités suffisantes, on construisait des fourneaux particuliers qui ne permettaient pas à la fumée de s’échapper. Quelquefois aussi on employait la lie de vin bouillie. Les détails rapportés par Vitruve concordent généralement avec la description de ce procédé. On utilisait aussi, pour l’atramentum, la matière noire fournie^par le poisson connu sous le nom de sépia ; c’est, —du s apprennent Cicéron, et Ausone. Cependant Aristote, lorsqu’il parlide la sépia et de la liqueur colorée qu’elle se tait sur l’usage qu’on en faisait. Pline fait remarquer que l’encre dans laquelle on avait fait infuser de l’absinthe, préservait les manuscrits de la dent des souris. L’encre antique semble avoir été plus grasse et plus onctueuse que celle dont nous nous servons aujourd’hui, et s’être par la rapprochée de l’encre d’imprimerie. Un encrier découvert à Herculanum contenait encore de l’encre, qui était aussi dense que de l’huile, fet avec laquelle il était encore parfaitement possible de tracer des caractères. Quelquefois certains auteurs anciens se sont plaints de cette trop grande densité de l’encre, qui a de la difficulté a couler de la pointe de la plume. Tout le monde connaît les deux vers de Perse sur l’écrivain en train de composer, — et cherchant des idées rebelles : Tune queritur crassus calaroo quod pendeat humor ; Nigra quod infusa vanescat sepia lympha.

Pour obvier à cet inconvenant, les anciens ajoutaient, comme nous, de l’eau à l’encre trop épaisse. Il semblerait résulter d’une phrase de Démosthène que la matière colorante était obtenue par l’écrasement d’une substance solide, à peu près comme nos bâtons d’encre de Chine. Les anciens’avaient évidemment des encres de diverses couleurs. Nous avons déjà parlé plus haut de l’encre rouge dos Grecs ;

s Romains la connaissaient aussi, et la fabriquaient

très-probablement avec du’mùtt’um ou du vermillon ; on s’en servait pour les titres et les commencements des livres (Ovide, Tristes, I, liv. 7), comme on le fit plus tard pour les manuscrits du moyen âge, et comme c’est encore l’habitude dans la calligraphie musulmane. Cette encre rouge portait aussi, à cause de sa couleur, le nom de rubrica, et c’est pour ce motif que le mot de rubrique devint synonyme de loi, texte, et, cheznous, de titre, parce que les en-tètes des lofs étaient écrits avec de la rubrica. Il existait aussi une encre rouge très-précieuse avec laquelle l’empereur avait coutume de tracer sa signature, et dont l’usage était interdit par un édit à tout autre qu’aux fils et aux proches parents de l’empereur. Dion Cassius nous apprend que sur les étendards tristement célèbres de Crassus il y avait des inscriptions en lettres pourpres. Les lettres dorées et argentées n’étaient pas non plus inconnues ; ainsi, les poëmes que Néron se piquait de si bien réciter étaient écrits en lettres d’or, et consacrés à. Jupiter Capitolin. Les anciens paraissent avoir même connu quelque chose d’analogue a notre encre sympathique. Ainsi, Ovide, dans son Art d’aimer, conseille aux jeunes amants qui veulent correspondre en secret d’écrire avec du lait frais, et de saupoudrer l’écriture avec de la poudre de charbon pour— la faire apparaître. Ausone indique un procédé analogue. Pline pense que le suc laiteux et visqueux de certaines plantes pourrait servir au même usage. L’atramentum était contenu dans de véritables encriers qui souvent même présentaient beaucoup d’analogie avec les nôtres. Quelquefois ils étaient doubles et pouvaient, par conséquent, contenir ainsi de l’encre de deux couleurs différentes. Ils affectaient des formes assez variées ; ils étaient le plus généralement ronds ou hexagonaux. Ils avaient des couvercles destinés à préserver de la poussière le liquide qui —y était contenu. Pour plus de détails, on peut consulter les ouvrages suivants : Caneparius, De Atramentis cujusque generis ; Beckmann, History of Inventions, etc.