Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/atrabile s. f.

Administration du grand dictionnaire universel (1, part. 3p. 876).

ATRABILE s. f. (a-tra-bi-le — du lat. ater, atra, noire ; bilis, bile). Ane. méd. Bile noire ; humeur épaisse et acre qui passait pour être sécrétée par les capsules surrénales et pour causer la mélancolie, l’hypocondrie : L’existence de Z’atrabile est considérée aujourd’hui comme entièrement hypothétique. (Acad.) Ce qu’on a dit de I’atrabilb ne peut s’entendre que de la bile elle-même, qui offre quelquefois, dans les maladies, une couleur très-foncée. (Nysten.)

— Encycl. L’invention de l’atrabile ou bile noire paraît remonter à Hippocrate. Galien a consacré un de ses ouvrages à cette humeur, à laquelle il faisait jouer un grand rôle dans’ sa physiologie et dans sa pathologie. Il supposait qu’elle est formée par la rate, qu’elle est versée par les vaisseaux courts dans l’estomac, où elle vient concourir a la chylification. Il admettait quatre humeurs principales : le sang, la pituite, la bile et l’atrabile, correspondant aux quatre éléments : air, eau, feu, terre, et produisant, par leur prédominance, quatre tempéraments ou crases. On voit qu’il affectionnait le nombre quatre. Ce nombre quatre a fait la longue fortune de l’atrabile, que personne ne voyait, mais à laquelle il fallait bien croire par amour de la symétrie et de la tradition. C’est ainsi que 1 atrabile s’est maintenue jusque vers la fin du xvue siècle. Les anciens attribuaient à l’atrabile les névroses, qui portent à la tristesse ; de là le nom de mélancolie ([iiXawa joVij, bile noire), donné encore aujourd’hui à la tristesse habituelle par la langue générale, à la folie à forme triste par la langue médicale. C’était aussi l’atrabile qui(formait la matière des vomissements noirs, qui produisait les anthrax, le cancer, les varices, la dyssenterie, etc. Il est inutile de faire remarquer que tout cela ne repose sur aucune observation sérieuse.

Tombée sous le ridicule dont Molière l’a couverte, l’atrabile a reparu de pos jours sous une autre forme et avec un autre nom ; Frerichs, en effet, a restitué a la rate quelque chose qui rappelle cette humeur hypothétique ; il a démontré que la rate produit et verse dans le torrent de la circulation une matière

tion hépatique anormale, hémorragies intestinales intermittentes, diarrhées, vomissements, hydropisies aiguës du péritoine, céphalalgie, vertiges, délire, albuminurie, etc.