Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/atmosphère s. f.
ATMOSPHÈRE s. f. (a-tmo-sfè-re — du gr. atmos, vapeur ; sphaira, sphère). Couche de fluide gazeux, de vapeurs, qui enveloppe le globe terrestre : Le poids de l’atmosphère. La pression de l’atmosphère. Cette pluie a rafraichi l’atmosphère. (Acad.) Les Grecs appelaient l’enveloppe qui nous environne atmosphère, la sphère des exhalaisons, et nous avons adopté ce mot. (Volt.) L’atmosphère a été départie à l’aigle. (Lacép.) Les aérostats s’élèvent dans l’atmosphère. (B. de St-P.) La plupart des oiseaux, et surtout de ceux qui volent dans une atmosphère élevée et pure, ont des paupières pour voiler la lumière. (B. de St-P.) Rien ne prouve que l’atmosphère terrestre de la période houillère fût plus riche en acide carbonique que celle de nos jours. (Figuier.) L’atmosphère est la masse entière de l’air qui nous entoure en couvrant toute la surface de notre globe. (A. Rion.) L’atmosphère est l’enveloppe gazeuze qui environne notre globe. (Arago.) L’atmosphère pourrait être, à plus juste titre que l’onde, prise pour type de la mobilité. (Blerzy.) La pression exercée par l’atmosphère varie presque à tous moments pour divers points du globe, et cette inégalité explique les différents courants qui s’établissent dans l’atmosphère. (Legrand.)
— Enveloppe gazeuse qui environne un corps céleste quelconque : On doute que la lune ait une atmosphère. (Acad.) L’atmosphère de la lune est vingt-neuf fois plus légère que l’atmosphère de la terre. (A. Liber.) Des savants avaient adopté l’existence d’une atmosphère dont le soleil est le centre. (Cuvier.) Un fluide rare, transparent, compressible et élastique, qui environne un corps en s’appuyant sur lui, est ce que l’on nomme son atmosphère. (Laplace.) Des expériences sur l’intensité de la lumière que nous envoient les différentes parties du disque du soleil, font présumer que la diminution de son éclat vers les bords est due à une atmosphère épaisse qui l’environne. (Lacroix.)
— Par anal. Gaz ou fluide impondérable dont un corps est enveloppé : Un corps électrisé est entouré d’une atmosphère d’électricité. Quelques auteurs ont admis une atmosphère nerveuse se propageant plus on moins loin, de manière que, quoiqu’un organe n’eût point de nerf, il suffisait qu’il fût dans l’atmosphère d’un cordon nerveux pour être le siège de sensations. (Bichat.)
— Par ext. Air d’un pays, d’un lieu, air dans lequel on vit habituellement : L’atmosphère glaciale du nord. L’atmosphère brillante du Midi. L’atmosphère brumeuse de Londres. L’atmosphère malsaine de certains ateliers. L’atmosphère méphitique des hôpitaux. L’atmosphère des cabarets, viciée par le vin et le tabac. Les apprentis respiraient les émanations de la rue avec une avidité qui démontrait combien l’atmosphère de leur grenier, était chaude et méphitique. (Balz.) Le vrai logis du paysan, c’est la campagne ; son toit, la voûte du ciel ; son atmosphère, l’atmosphère entière de ses vallons. (Lélut.) Il eût voulu voyager, changer d’atmosphère. (G. Sand.) || Gaz quelconque que l’on respire : Les animaux périssent en peu de temps dans une atmosphère d’acide carbonique. Il est des personnes qui vivent, sans en paraître incommodées, dans une atmosphère de fumée de tabac.
— Fig. Milieu dans lequel on vit, considéré comme exerçant une influence : Une atmosphère d’intrigues, de vices, de corruption. L’atmosphère des cours a quelque chose qui porte à la tête et change l’aspect des objets. (Chateaub.) L’esprit est l’atmosphère de l’âme. (J. Joubert.) Il y a autour de la femme pure je ne sais quelle indéfinissable atmosphère de candeur, qui ne trompe pas le sens exercé d’un homme. (G. Sand.) La douleur, de même que le plaisir, se fait une atmosphère. (Balz.) Les hommes auxquels nous devons des chefs-d’œuvre ont toujours étudié l’état de l’atmosphère des connaissances humaines. (Balz.) Quelle affreuse atmosphère on respire ici ! elle opprime mon cœur. (F, Soulié.) Madame de Staël, génie mâle dans un corps de femme, esprit remuant, passionné, audacieux, ne pouvait respirer dans cette atmosphère de lâcheté et de servitude. (Lamart.) Il y a des hommes dont l’atmosphère est le tourbillon des événements : ils ne respirent à l’aise que dans l’air agité. (Lamart.) L’âme de Marie-Antoinette était plus passionnée que pieuse : l’atmosphère du xviiie siècle qu’elle avait respirée, les distractions mondaines de ses habitudes, et plus tard les soucis du trône et les intrigues politiques, avaient fait évaporer souvent la religion de son âme. (Lamart.) La piété de ma mère, qui découlait de chacune de ses respirations, de chacun de ses actes, de chacun de ses gestes, nous enveloppait, pour ainsi dire, d’une atmosphère du ciel ici-bas. La pétition de principe est l’atmosphère nécessaire à l’ignorance. (Colins.) Nous apprenons tout d’abord qu’un notable changement s’opéra dans l’atmosphère théologique de Genève. (Ste-Beuve.) Les paroles de Portalis tombaient dans une atmosphère enflammée et s’y altéraient au gré des passions. (Ste-Beuve.) Il faut combattre tous ces systèmes odieux, nés, comme une multitude d’insectes, de la décomposition de tous les gouvernements, et remplissant l’atmosphère où nous vivons. (Thiers.) Il traverse d’un coup d’aile facile des atmosphères de bonheur indicible. (G. de Nerval.) La femme est l’atmosphère, l’élément de notre cœur. (Michelet.) Le christianisme avait enveloppé Sénèque de son atmosphère. (Troplong.) L’âme, dans l’atmosphère de la charité, se sent tellement à l’aise qu’à mesure qu’elle respire cet air, elle n’en veut point respirer d’autre. (Vinet.)
— Méc. Unité de force particulièrement adoptée pour les machines à vapeur, et égale au poids d’une colonne d’air atmosphérique à l’état normal, ayant pour base l’unité de superficie, c’est-à-dire 1 kilogr. 0336 par centimètre carré, ou 10,336 par mètre carré : Cette machine peut supporter quatorze atmosphères. Chauffer à huit atmosphères. Cette machine travaille à une, deux, trois, dix atmosphères.
— Gramm. Quelques savants ont employé atmosphère avec le genre masculin, ce qui est contraire à l’étymologie, au sentiment de l’Académie et à l’usage. Ce ne peut donc être que par licence poétique que M. de Lamartine a dit :
— Encycl. Au mot air, nous avons considéré le fluide gazeux ainsi nommé sous le rapport de sa nature propre et de tous les phénomènes chimiques, physiologiques, hygiéniques, etc., dont il est l’objet ou la cause. Ici, nous ne devons plus nous occuper que de l’air considéré en masse comme une enveloppe fluide, formant une couche plus ou moins épaisse au-dessus des parties solides ou liquides de la terre. Comme celles-ci, prises dans leur ensemble, affectent la figure d’un globe ou d’une sphère légèrement aplatie, leur enveloppe doit nécessairement affecter à peu près la même forme ; ainsi, la masse d’air qui s’attache aux flancs de la terre, et qui la suit dans tous ses mouvements astronomiques, est comme une sphère creuse qui lui sert d’étui, et c’est bien là ce qu’exprime le mot atmosphère, sphère de vapeurs, sphère fluide (ἄτμὂ;, σφαίρα). Cependant, comme l’atmosphère est entraînée dans le mouvement de rotation diurne auquel la terre est soumise, la force centrifuge doit exercer sur les molécules de l’air une action d’autant plus puissante que celles-ci sont plus éloignées de l’axe, et il en résulte nécessairement qu’il doit y avoir sous l’équateur un renflement considérable, et ce renflement est encore accru par la dilatation que produit au même point la chaleur surabondante due à l’influence du soleil. Il suit de là que la forme générale de l’atmosphère doit être un sphéroïde beaucoup plus aplati que ne l’est celui de la terre solide elle-même. D’après les calculs de Laplace, les diamètres de ce sphéroïde, mesurés dans le sens des pôles et dans le sens opposé, seraient entre eux comme 2 est à 3.
Hauteur de l’atmosphère. L’air est pesant ; on a vu que cela est surabondamment démontré par des expériences décisives et variées. On ne peut donc pas supposer que la couche atmosphérique ait une profondeur illimitée ; car être pesant, cela ceut dire graviter vers un centre, et si l’atmosphère terrestre se continuait jusqu’au point où la force d’attraction dela lune l’emporterait sur celle de la terre, l’air alors quitterait la terre pour graviter vers la lune, et l’atmosphère deviendrait lunaire. Mais il y a bien d’autres causes qui peuvent limiter, et qui limitent en effet, la hauteur de l’atmosphère terrestre : cette hauteur ne sera peut-être jamais connue d’une manière précise ; cependant les savants se sont souvent occupés de la question, et nous allons faire connaître sommairement les éléments qui leur ont paru les plus propres à la résoudre.
Si la densité de l’air restait la même à toutes les hauteurs, la solution n’offrirait aucune difficulté. Puisque, en moyenne, la colonne du mercure se soutient à une hauteur de 76 centimètres dans le tube barométrique, nous savons que la colonne d’air, tout entière, doit avoir un poids égal à celui d’une colonne de mercure de même base et haute de 76 centimètres ; or l’air, tel qu’il est à la surface de la terre, pèse 10470 fois moins que le mercure ; donc la colonne atmosphérique devrait être 10470 fois plus élevée que celle du mercure, ou, en d’autres termes, la hauteur de l’atmosphère devrait être égale à 10470 x 76 = 795720 centimètres, c’est-à-dire qu’elle serait à peu près de 7,957 mètres. Mais, à mesure qu’on s’élève dans l’atmosphère, la densité de l’air diminue ; c’est une conséquence nécessaire du principe connu sous le nom de loi de Mariotte. Car une masse d’air, prise en un point quelconque, supporte toujours la pression de l’air supérieur ; près de la terre, cette pression est égale au poids d’une colonne d’air ayant pour hauteur celle de l’atmosphère elle-même, 100 mètres plus haut la colonne supérieure pèse moins puisqu’elle a 100 mètres de moins ; à 1000 mètres, la colonne supérieure est considérablement raccourcie et son poids diminue d’autant ; dès lors la masse d’air, moins comprimée, est nécessairement moins dense. Si la densité de l’air allait diminuant selon une loi bien constante et bien connue, rien n’empêcherait encore de calculer la hauteur de l’atmosphère d’après son poids révélé par l’élévation du mercure dans le baromètre ; mais l’abaissement de température, observé par tous ceux qui se sont élevés dans l’air, est une cause qui doit influer considérablement sur sa densité, puis la force centrifuge due au mouvement de rotation de la terre doit aussi produire des effets sur lesquels nous ne pouvons que faire des conjectures ; il a donc fallu chercher d’autres moyens d’évaluation, et plusieurs physiciens ont cru les trouver dans l’observation de la lumière crépusculaire.
On sait que le phénomène du crépuscule se produit lorsque les rayons lumineux émanés du soleil viennent frapper les couches supérieures de l’atmosphère et sont réfléchies vers la terre ; on sait aussi que la fin du crépuscule arrive quand le soleil est descendu à 18 degrés au-dessous de l’horizon : ces données ont servi de base à des calculs que nous ne pouvons rapporter ici, et qui démontrent que les couches supérieures ne peuvent guère dépasser la hauteur de 70,000 mètres. D’après M. Biot, ce chiffre doit même être réduit à 47,000 mètres : et MM. Humboldt et Boussingault prétendent qu’il faut descendre à 43,000.
Température de l’atmosphère. Nous venons de dire que la température de l’air décroît à mesure qu’on s’élève au-dessus du niveau de la mer. Nous devons ajouter que cette décroissance est beaucoup moindre en hiver qu’en été, et que, d’après des observations qui paraissent très-dignes de foi, on est presque autorisé à penser que, dans les régions élevées de l’atmosphère, il ne doit y avoir que très-peu de différence entre l’été et l’hiver. Martins, dans les expériences qu’il a faites sur le mont Ventoux, en Provence, a reconnu qu’en été la température décroît d’un degré centigrade par 129 mètres d’élévation, tandis qu’en hiver il faut, pour obtenir le même résultat, s’élever de 168 mètres.
Pesanteur de l’atmosphère. Supposons un baromètre dont la colonne mercurielle ait pour base un cercle dont la surface soit égale à 1 centimètre carré ; cette colonne, s’élevant en moyenne à 76 centimètres, aura un poids égal à celui de 76 centimètres cubes de mercure. Or, d’après la pesanteur spécifique bien connue de ce métal, chaque centimètre cube pèse 13 gr. 598 millig., et le poids de la colonne tout entière = 13,598 x 76 = 1033 gr. 448 millig. C’est aussi le poids d’une colonne d’air atmosphérique ayant pour base 1 centimètre carré. D’après cela, il n’y a rien de plus facile que de calculer la pression de l’atmosphère sur un espace déterminé quelconque. Supposons, par exemple, qu’on veuille connaître la pression que supporte en tous sens le corps d’un homme de stature moyenne ; la surface de ce corps mesure à peu près 17,000 centimètres carrés ; multiplions donc 1033,448 par 17,000, et nous trouverons que le corps humain est soumis à une pression totale de 17,568 kilogrammes. Comment se fait-il que nous ne soyons pas écrasés par ce poids énorme, que même nous ne le sentions pas ? C’est que les fluides dont toutes les parties creuses de notre corps sont remplies, soumises à la même pression, y font équilibre par leur élasticité même, et nous ne sommes en réalité que le lieu où se réalisent continuellement deux pressions opposées dont l’une neutralise l’autre. La surface de la terre elle-même peut être évaluée à environ 500,000 milliards de mètres carrés ; un calcul très-simple montre donc que l’atmosphère exerce sur notre globe une pression générale qui peut être représentée par 5 sextillions de kilogrammes. À la vérité, ce sont là des considérations plus curieuses qu’utiles. Elles peuvent néanmoins faire comprendre combien les variations brusques que subit quelquefois la densité de l’air doivent avoir d’influence sur la santé de l’homme et des animaux, sur la végétation, sur toutes les conditions de la vie. Kaemtz a fait une série d’observations, d’une utilité plus pratique, sur les différences à peu près constantes auxquelles la pression atmosphérique est sujette dans les divers lieux de la terre. Voici les résultats qu’il a obtenus : au bord de la mer, la pression moyenne, évaluée par la hauteur du mercure dans le tube du baromètre, est de 761 millim., 35 ; à l’équateur, elle n’est guère que de 758 millim. ; jusque vers le 40e degré de latitude, elle atteint un maximum de 762 ou 764 millim. ; elle diminue ensuite jusqu’à 756 dans les contrées les plus septentrionales.
L’atmosphère considérée par rapport aux phénomènes météoriques. L’air a la triple propriété de réfléchir, de réfracter et quelquefois d’absorber la lumière. Si le soleil et les autres astres nous paraissent plus lumineux au zénith qu’à l’horizon, c’est en partie parce que, dans cette dernière position, les rayons lumineux ayant à traverser une couche d’air plus épaisse, il y en a un plus grand nombre qui se trouvent absorbés. Si la longueur du jour se trouve augmentée par le crépuscule du matin et du soir, c’est que, comme nous l’avons déjà dit, les rayons émanant du soleil, lorsqu’il est à plusieurs degrés au-dessous de l’horizon, rencontrent les couches supérieures de l’air et sont renvoyés vers la terre. Si même nous voyons cet astre quelques instants avant qu’il soit réellement élevé au-dessus de l’horizon, et quelques instants après qu’il est descendu au-dessous, c’est à la réfraction qu’est dû ce phénomène. Tous ces effets sont du domaine de l’optique et recevront ailleurs les développements convenables. Mais l’atmosphère est le siège de beaucoup d’autres phénomènes, tels que les nuages, les vents, la pluie, la foudre, etc. Tous ces phénomènes sont connus sous le nom de météores ; ils seront traités d’une manière générale au mot Météorologie, et chacun d’eux sera l’objet d’un article spécial où l’on trouvera tout ce que l’état actuel de la science permet de considérer comme certain. Nous nous bornerons à dire ici quelques mots d’un météore qui existe probablement, bien qu’il n’ait pu encore être constaté d’une manière bien certaine, et qui pourrait être désigné sous le nom de marées atmosphériques. Puisque l’air est pesant, puisqu’en outre ses molécules sont infiniment plus mobiles que celles de l’eau, il est presque certain qu’il doit être soumis, comme la mer, aux attractions du soleil et de la lune ; qu’il doit, par conséquent, être affecté d’une manière très-sensible par les mouvements combinés de ces deux astres. Quelques physiciens ont cru pouvoir attribuer à cette influence certaines variations diurnes observées dans les indications du baromètre. Mais Laplace croit que ces variations doivent s’expliquer d’une tout autre manière : selon lui, les marées atmosphériques, si elles existent, augmentent ou diminuent la hauteur de l’atmosphère, sans apporter aucun changement dans le poids total ; quand la colonne d’air s’allonge, elle se raréfie ; quand elle se raccourcit, elle se condense, afin que toutes les parties de l’atmosphère se trouvent toujours en équilibre, et comme le baromètre n’indique toujours que le poids total, il n’est influencé en rien par les marées.
Atmosphère des planètes en général. L’analogie seule donnerait presque le droit d’affirmer que tous les corps planétaires sont, comme la terre, enveloppés d’une atmosphère. Les astronomes ont pu d’ailleurs vérifier ce fait pour la plupart des planètes et par des observations capables de dissiper presque tous les doutes ; la lune seule, jusqu’ici, semble faire exception, mais on ne peut sans témérité affirmer que l’exception soit réelle. Tout porte à croire que les diverses atmosphères jouent, par rapport aux planètes qu’elles entourent, à peu près le même rôle que la nôtre pour notre globe. Les comètes ont aussi leur atmosphère ; quelques-unes même semblent presque n’être qu’une atmosphère, car la chevelure et la queue en sont des manifestations évidentes, et le noyau même de beaucoup d’entre elles semble n’être qu’une atmosphère un peu plus condensée. C’est en décrivant chacune des planètes en particulier que nous parlerons plus au long de leurs atmosphères.
— Phys. agric. Les plantes ne tirent pas toutes leur nourriture de la terre, elles empruntent aussi beaucoup à l’atmosphère. L’état de l’air qui nous environne doit donc à chaque instant influer sur leur végétation. Ainsi, les diverses alternatives de chaleur, de froid, d’humidité, produisent tantôt de bons, tantôt de mauvais résultats. Par exemple, pendant l’hiver, un froid, même assez rude, ne fait pas périr les récoltes, tandis qu’au printemps ou pendant l’automne, la moindre gelée détruit en un moment toutes les espérances du cultivateur. Par elles-mêmes, la chaleur et l’humidité sont les éléments indispensables de la vie des plantes ; mais, trop prolongées, elles deviennent extrêmement nuisibles. Les plantes languissent sur le sommet des plus hautes montagnes, tandis qu’à leurs pieds s’étale une végétation vigoureuse. On voit encore les végétaux dépérir lorsque la légèreté de l’air se conserve trop longtemps ; au contraire, ils prospèrent sous cette température étouffante qui se fait sentir aux approches d’un orage. Enfin, cet état trop prolongé devient nuisible à son tour. Ces différents résultats de l’influence atmosphérique sont importants à signaler ; ils constituent une part considérable des connaissances nécessaires à l’agriculteur. Mais l’influence de l’atmosphère n’est pas bornée aux végétaux ; elle s’exerce aussi sur l’homme et sur les animaux. On trouve autant de différence entre les robustes habitants d’une contrée montagneuse et la population étiolée de nos villes, qu’il y en a entre l’air vif et pur des montagnes et l’atmosphère chargée de miasmes délétères qui enveloppe nos grandes cités. Qui ne sait quels fâcheux effets les brusques changements de température exercent sur l’économie animale ? Ces effets se produisent avec tant de constance qu’on a remarqué que les mêmes conditions atmosphériques amènent régulièrement les mêmes maladies.