Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/antifébrine s. f. (supplément 2)

Administration du grand dictionnaire universel (17, part. 1p. 291).

ANTIFÉBRINE s. f. (an-ti-fé-bri-ne — du préf. anti, contre ; febris, fièvre). Médicament qui abaisse énergiquement la température exagérée de certaines maladies ai’ gués.

— Encycl. Chim. Uantifébrine est un dérivé de l’aniline ; elle résulte dé la substitution du radical acétyle à 1 des atomes d’hydrogène du groupe amidogène ; on l’appelle encore acétanilide ou phénylacétamide. Sa formule est

CBHSAzHCSHîO.

Elle se présente sous l’apparence d’un sel blanc, cristallin, sans odeur, insoluble dans l’eau froide, peu soluble dans l’eau chaude, très soluble dans l’alcool.

—Thérap. Avantderadministreràl’homme, on a étudié avec soin l’action de l’antifébrine sur les animaux. Cahn et Hepp en Allemagne, Aubert et Lépine de Lyon, Dujardin-Beauroetz de Paris (1886) ont fait de nombreuses expériences dont les résultats sont à peu près constants, à part quelques différences suivant les diverses espèces û animaux. À la dose de 0 gr. 30 par kilogramme d’animal, par ingestion ou par injection hypodermique, on obtient un abaissement considérable de la température générale, un peu de ralentissement du cœur et du pouls, avec augmentation de la tension artérielle, sueurs, et en général diminution de la quantité des urines. A dose double, les observateurs ont tué les animaux assez rapidement ; il suffit de 1 gr. 50 pour tuer un lapin de 1.500 grammes. Le sang des animaux intoxiqués est violacé ; la forme et le nombre des globules n’est pas changé, mais leur composition est altérée ; au spectroscope, on trouve la bande d’absorption caractéristique de la méthémoglobine. On peut donc conclura avec M. Beauinetz que l’antifébrine est un antithermique sanguin, et qu’il ne semble pas agir de préférence sur les centres nerveux régulateurs thermiques.

Comme ; médicament, on l’a administré chez l’homme dans l’érysipèle, le rhumatisme aigu et surtout dans la lièvre typhoïde, à la dose de o gr. 50,1 gramme, sans dépasser 2 grammes dans les 24 heures. L’effet est rapidement obtenu, sans malaise, sans nausées, sans diarrhée ni collapsus. Avec 0 gr. 50, au bout d’une demi-heure à une heure, la température tombe de 3 il 4 degrés et l’on observe, comme chez les animaux, la diminution de la fréquence du pouls, les sueurs, la diminution, des urines, et de plus une cyanose légère de la face et des extrémités dont le maximum correspond à la période d’apyrexie produite par le médicament. En somme, l’antifébrine est un très bon antithermiqus, quatre fois plus actif que l’antipyrine ; malheureusement, l’accoutumance est assez rapide, et au bout de deux ou trois jours l’effet n’est plus constant. Enfin calmer la fièvre, un symptôme,

ANTI

c’est bien ; s’adresser directement à la cause du mal, ce serait mieux.