Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/amphioxus s. m. (supplément 2)

Administration du grand dictionnaire universel (17, part. 1p. 239).

AMPHIOXUS s. m. (an-fi-ok-suss —dugr. amp/ii, des deux cotés ; oxus, aigu), Zool. Peiit poisson d’organisation très inférieure, vivant en diverses mers et représentant la forme la plus simple des animaux vertébrés.

— Encycl. Genre de poissons, sous-classe des Leptocardiens, à forme lancéolée, dépourvus de nageoires paires, présentant une corde dorsale persistante et un tube médulfaire simple, des troncs vaseulaires puisafils et un sang incolore. On parait jusqu’ici ne connaître qu’une forme de ce genre (amptiioxus lanceolatus Pallas), répandue dans presque toutes les mers du globe, aux environs îles côtes sablonneuses, et ayant reçu suivant les localités où on l’a rencontrée uutant de noms différents. Pallas décrivit l’amphioxus comme un mollusque et le rangea parmi les gastéropodes du genre Limace. D’autres naturalistes l’étudièrent successivement : Costa, J. et W. Millier, Yarell, Kowalesky, Langerhans, Hatsehek, Balfour, Owsjannikow, ont attaché leurs noms à des travaux sur l’anatomieetle développement de l’amphioxus lanceolalus, que Costa ; ivait nommé branchiostoma lubricum (fig. 1, 2 et 3).

L’amphioxus se présente sous l’aspect d’une sorte de fuseau lancéolé, long de i à 2 pouces ; de ses deux extrémités pointues, lune porte une sorte de nageoire caudale élargie, prolongement des nageoires anales et dorsales rudimentaires, membraneuses et non | soutenues par des rayons ; l’autre porte une bouche située en dessous, à la face abdominale, en forme de fente bordée par un cartiliige affectant la forme d’un fera cheval et munie de cirres. L’œil est remplacé ou représenté pur une tache oculaire, mais l’animal est aveugle, car cette tache n’est pas impressionnée par la lumière. On remarque à gauche une petite fossette olfactive, impaire, revêtue d’un épithélium vibratile, et dans laquelle se termine un bulbe olfactif nerveux. Tels sont les organes des sens. Le système nerveux n’a pas son grand axe cérébro-spinal inclus dans une colonne vertébrale : il n’existe pas de squelette. L’axe céphalo-rachidien est représenté par une corde dorsale, de nature gélatineuse et cartilagineuse, suivant en avant et en arrière le rétrécissement des extrémités du corps, où elle Unit en terminaison arrondie ; elle est composée d’un tissu réticulé et se laisse décomposer en une •*rie de disques (Claus) ; rien ne vient


indiquer une division de cet axe en crâne et en colonne vertébrale, aucune pièce osseuse ne vientsoutenir les parties molles. Au-dessus de la corde est située la moelle épinière, mais on ne voit pas d’encéphale ; il est important de remarquer que la capsule du crâne est représentée par le prolongement de la gaine squelettogène de la moelle épinière, qui présente un orifice antérieur. Des côtés de celle-ci partent des nerfs asymétriques, ceux d’un côté étant, d’après Owsiannikow, situés plus en arrière que ceux de l’autre, de façon a alterner avec eux ; mais ces masses nerveuses offrent une conformation assez uniforme sur toute la longueur du corps. Les fibres nerveuses ne se distinguent pas de celles de la plupart <j * animaux invertébrés. Les nerfs sensibles sont situés, à leur sortie du tube médullaire, dans les cloisons intermusculaires, et les nerfs moteurs, remarquables par leur brièveté et leur naissance séparée, pénètrent directement dans les muscles, excepté les deux paires antérieures, pouvant être considérées comme crâniennes, qui sont symétriques et se ramifient dans la peau de 1 extrémité antérieure du corps : en arrière de la première paire existe un bulbe olfactif se terminant dans la fossette olfactive. • Si nous considérons, dit Claus, cette fossette comme l’équivalent de l’organe

l’ig. t.

« Amphioxus lanceolalus, de grandeur naturelle. (D’après nature.)

de l’odorat des cyclostomes, la portion antérieure élargie du tube médullaire correspondra non seulement à l’amère-eerveau et au cerveau postérieure, mais encore renfermera

AMPH

les éléments du cerveau antérieur et par suite des cerveaux intermédiaire et moyen. ■ Le système nerveux sympathique a peut-être, d’après le même auteur, ses éléments contenus dans les racines dorsales des nerfs rachidiens, si l’on peut toutefois reconnaître, comme le dit très justement Gegenhaur, une distinction dans les nerfs qui partent de ce tube médullaire qui se comporte d’une manière uniforme dans toute sa longueur. On peut dire d’une manière générale que les ramifications nerveuses intestinales font office de sympathiques.

L’appareil musculaire est formé de lames fibrillaires striées, dont la disposition à li suite les uns des autres rappelle les métamères des arthropodes et des vers. Schneider a reconnu soixante-deux segments séparés par des ligaments, dont le trente-quatrième porte le pore abdominal, et le cinquante -neuvième l’anus. Ces lames fibrillaires s« nomment myomères ou rnyocommates.

L’appareil circulatoire se compose de gros troncs vaseulaires contractiles remplaçant le cœur absent, et l’amphioxus est le seul vertébré qui présente cette disposition offerte par tant d’invertébrés. On distingue une artère branchiale longitudinale située au-dessous du sac branchial, se répandant en nombreuses ramifications dans les branchies, ramifications dont les origines sont animées de contractions rythmiques, et une aorte formée par la paire antérieure de ces ramifications, disposée en un arc contractile placé derrière la bouche et dont les deux branches se rejoignent au-dessous de la corde dorsale ; dans cette aorte se déversent les autres artères (Mùller). D’après Schneider, il existe un riche système de vaisseaux et de cavités lymphatiques débouchant dans le système sanguin et situées dans la substance conjonctive cartilagineuse, au-dessous de la tunique péritonéale et tapissées par un endothélium ; dans ces cavités passe le sang veineux qui se rend


Fig. 2. — Coupe sagittale du même montrant l’organisation Intérieure. (D’après Claus.]

ensuite dans le cœur lymphatique débouchant dans l’artère branchiale. Le tronc veineux sous-branchial passe au-dessus du cœcum hépatique et c’est en lui que circule le sang

veineux revenant des organes ; celui qui provient du canal intestinal passe dans une veine hépatique se ramifiant sur le cœcum hépatique. Un second tronc contractile (veine

Fig. 3. — Schéma ou coupe idéale du même. (D’aprê3 G. Philippon.)

1. Bouche, orifice commun à l’air et aux aliments. — S. Anus. — 3. Pore abdominal servant ; l’expulsion de l’eau qui a passé & travers le sac respiratoire fenestré (4) dans la cavité générale (p).'a. Corde dorsale. — c. Système nerveux.

cave) ramène le sang dans le tronc longitudinal sous-branchial.

L’appareil respiratoire consiste en un sac pharyngien allongé et vaste dont l’entrée est limitée par deux replis et munie de chaque côté de trois bourrelets ciliés et digités, ce qui le rend comparable au sac branchial des ascidies, ressemblance augmentée par la présence sur la face ventrale de ce sac d’une gouttière ciliée formée par des replis saillants de la muqueuse soutenus par deux crêtes longitudinales (Claus). Ce sac, sur sa surface interne, est revêtu de cils vibratiles, et ses parois pont soutenues par un grand nombre de petits arcs cartilagineux entre lesquels on remarque des fentes donnant accès à l’eau qui sortira par le pore abdominal. Le tube digestif continue ce sac branchial qui lui sert de vestibule, et se divise en deux portions, l’antérieure étant munie d’un cœcum très allongé : en avant de son origine on remarque des replis des bourrelets longitudinaux de l’épithélium de la cavité branchiale, replis considérés comme des reins. Les organes

fénitaux sont composés dans les deux sexesovaires et de testicules ayant le même aspect et s’étendant à droite et à gauche dans toute la longueur et au-dessus de la cavité péribranchiale ; d’après de Quatrefages, les produits sexuels arrivés à maturité passent dans la cavité branchiale et sont expulsés par le pore abdominal, ce qui, selon Clans, ne paraît possible qu’après déhiscence préalable de l’épithélium cetodermique environnant de la cavité branchiale, ainsi que de la tunique cellulaire péritonéale ; au contraire, d’après Kowalesky, ce serait par la bouche que l’amphioxus donnerait issue aux produits sexuels, peut-être à l’aide de la goûttière ventrale s’étendant du pore abdominal jusqu’à elle. L’amphioxus est ovipare, et ses œufs, dont le développement a été étudié par Kowalesky, subissent un fractionnement total ; à la fin, l’évolution se caractérise par une asymétrie très apparente de la bouche,

de l’anus, etc., et par la métamorphose particulière de l’appareil branchial.

— Bibliogr. O.-G. Costa, Histoire du Branchiosloma lubricum (Naples, 1843) ; J. Mul-Ier, Sur la structure et les phénomènes vitaux du Branchiostoma lubricum (Acad. Berlin, 1842), De Quatrefages, Mémoire sur le système nerveux... de l’Amphioxus (« Annales des sciences naturelles », 3« série, vol. II, 1845) ; Kowalesky, Développement de l’Amphioxus lanceolatus (Saint-Pétersbourg, 1857) ; Balfour, Sur les nerfs spinaux de l’Amphioxus (’ Journal d’anatomie et de physiologie » recueil anglais, tome X, 1876).