Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/abolition s. f.

Administration du grand dictionnaire universel (1, part. 1p. 24).

ABOLITION s. f. (a-bo-li-si-on — lat. abolitio, même sens). — Action d’abolir, suppression, anéantissement : Abolition de l’esclavage, du duel, de la peine de mort, de la dîme. Abolition de l’ordre des Templiers. L’établissement de la religion chrétienne est l’abolition du judaïsme. (Pasc.) L’abolition des tournois est de l’année 1560. (Volt.) L’abolition des spectacles serait une idée plus digne du siècle d’Attila que du siècle de Louis XIV. (Volt.) L’abolition des corvées est surtout un bienfait que la France n’oubliera jamais. (Volt.) La pâleur du visage, le froid du corps, la roideur des extrémités, la cessation des mouvements, et l’abolition des sens externes, sont des signes très-équivoques d’une mort certaine. (Buff.) Certaines facultés donnent le pouvoir de franchir l’espace avec une telle vitesse que leurs effets équivalent à son abolition. (Balz.)

— Droit anc. Pardon que le prince accordait de sa propre autorité pour un crime : Abolition d’une peine. Obtenir une abolition.

— Dans un sens religieux, Effacement, remise : L’absolution équivaut à l’abolition des fautes, des péchés.

Encycl. Jurispr. On appelait droit d’abolition le droit attribué au roi, en vertu de la plénitude de sa puissance, d’effacer ou d’éteindre un crime, et de soustraire le coupable à la peine portée par la loi. L’abolition diffère de la grâce en ce que celle-ci n’intervient qu’après la sentence prononcée, tandis que l’abolition n’attend pas la condamnation du coupable, mais le soustrait aux poursuites, et les anéantit si elles sont déjà commencées. Le droit d’abolition n’existe plus dans notre législation, qui n’accorde au chef de l’État que le droit de grâce et de commutation de peine. Les constitutions des Pays-Bas, du Wurtemberg et de la Bavière ont conservé le droit d’abolition. On donnait le nom de lettres d’abolition à l’acte par lequel le souverain exerçait le droit d’abolition, et celui de porteur d’abolition à celui qui avait obtenu des lettres d’abolition. On nommait lettres d’abolition générale celles que le roi accordait quelquefois à une province, à une ville, pour un crime contre l’autorité royale. En 1660, des lettres d’abolition furent accordées en faveur de Louis de Bourbon, prince de Condé, et de ceux qui avaient suivi son parti. — En droit romain l’abolition était l’annulation d’une procédure. Elle différait de l’amnistie en ce que, malgré une précédente abolition, une accusation pouvait toujours être reprise, tandis qu’une amnistie en détruisait le corps même à jamais.

Syn. Abolition, absolution, grâce, pardon, rémission. Le pardon s’applique à un offenseur : La morale des philosophes avait mis le pardon des offenses au nombre des vertus (Mass.) ; l’absolution, à un accusé : Il aurait fallu vous disposer par l’amendement à l’absolution de vos crimes. (Mass.) La grâce est un acte de clémence du souverain : La grâce est un bien auquel celui qui le reçoit n’avait aucun droit. (Ducl.) L’abolition est un acte de clémence absolu qui ne laisse aucun vestige du crime. La rémission est un acte de clémence partielle : Quelles précautions M. Le Tellier n’avait-il pas accoutumé de prendre dans les rémissions et les grâces qu’il accordait ! (Fléch.)